Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 9 – Partie 2

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Chapitre 9 : La route de l’épée sacrée

Partie 2

« Hé, patron. Ne me regarde pas comme ça. Nous sommes amis, non? »

Geese avait sûrement remarqué le regard mécontent que j’avais sans doute alors que nous étions assis dans le chariot, roulant à toute vitesse sur la route. Il me sourit et se pencha près de mon oreille.

« Je n’en ai peut-être pas l’air, mais j’ai confiance en mes talents de cuisinier, tu n’as qu’à regarder ! »

Il avait un visage charmant et ce n’était pas non plus quelqu’un de méchant. Néanmoins, depuis l’incident avec Gallus, j’avais l’impression persistante qu’il y avait quelque chose de plus sombre derrière tout cela.

« Rudeus. »

« Oui, Maître Ruijerd? »

« Qui se soucie de savoir s’il y a des gens avec lui ? », dit-il.

« Maître Ruijerd! Je savais que tu comprendrais! Ahh, ça ne fait que confirmer ce que j’ai déjà pensé à toi. Tu es vraiment un homme parmi les hommes! », s’exclama Geese.

« Es-tu sûr de cela, Ruijerd? Cet homme est l’un de ces criminels que tu détestes tant. »

« Il n’est pas si mauvais que ça. »

Je n’avais aucune idée de la manière utilisée par Ruijerd pour mesurer cela. La venue Geese se passait bien, mais les doubles normes de Ruijerd étaient mauvaises. Non, c’était peut-être à cause de la conversation sereine entre Geese et lui. Ce bâtard de singe avait bien fait son travail.

« Heh heh. Je joue, mais je ne pense pas avoir jamais rien fait de vraiment méprisable pour une autre personne. Maître Ruijerd, tu as l’œil pour les gens. »

Franchement, j’avais une dette envers cet homme. Il m’avait donné sa veste quand j’avais froid, et il m’avait aussi aidé pendant le combat contre Gallus. Je n’étais pas sûr de ce qu’il prévoyait, mais je n’avais aucune raison de le repousser. J’étais juste un peu irrité par ses méthodes détournées, c’est tout.

« Ça ne me dérange pas si tu viens avec nous, bizut. Mais es-tu sûr de ne pas avoir peur des Superds ? »

J’avais parlé assez fortement pour que Ruijerd entende. Je ne savais pas encore s’il savait que Ruijerd était un Superd, mais s’il avait participé à leurs beuveries, il avait très bien pu l’entendre. Je ne voulais pas qu’il l’apprenne plus tard et qu’il dise à quel point c’était terrifiant d’être avec un Superd.

« Bien sûr. Tu pensais que je ne le serais pas ? Je suis un démon, après tout. J’ai entendu dire à quel point les Superds sont effrayants depuis que je suis gamin. »

« Oh vraiment ? Tu sais, Ruijerd n’en a peut-être pas l’air en ce moment, mais c’est un Superd. »

Quand Geese entendit ça, celui-ci plissa ses yeux.

« C’est différent. Il m’a sauvé la vie. »

Curieux de savoir ce que cela signifiait, je tournai mon regard vers Ruijerd, mais il secoua la tête comme s’il n’avait aucune idée de ce dont parlait Geese. Au moins, ce n’était pas quelque chose qui s’était produit au cours des trois derniers mois.

« Je suppose que tu ne te souviens pas, hein ? Après tout, c’était il y a trente ans. »

Geese se lança alors dans une explication. C’était une histoire épique qui comprenait une première rencontre, une séparation, un point culminant et une scène d’amour. Lorsqu’un héros incroyablement beau et dur à cuire disait qu’il allait partir en voyage, des centaines de femmes l’avaient supplié de ne pas y aller. Il quitta ainsi sa ville natale en dépit de ses attaches persistantes et rencontra une beauté mystérieuse quand il arriva à sa destination.

Pour résumer ce qui serait autrement une longue histoire, Ruijerd était intervenu pour le sauver lorsqu’il avait été attaqué par un monstre alors qu’il était encore un aventurier novice.

« Eh bien, c’était il y a trente ans. Je n’ai pas l’impression de lui être redevable pour ça ou quoi que ce soit d’autre », dit Geese.

« La tribu superd était effrayante, mais Ruijerd était différent », dit en riant.

Ruijerd s’était détendu quand il entendit ça. J’avais comme l’impression de comprendre le sens du mot karma après avoir entendu cette histoire. Tant mieux pour toi, Ruijerd, pensais-je.

« Eh bien, j’espère que tu me laisseras rester avec toi un moment, Senpai ~ ☆ »

Et c’est ainsi que la Dead End gagna un nouveau membre sous la forme d’un visage de singe — attendez, il n’était pas un nouveau membre. Il ne restait avec nous que jusqu’à ce que nous atteignions la prochaine ville, me rappelai-je. Geese avait dit qu’il portait la poisse. Quand il était dans un groupe de quatre personnes, il s’était passé quelque chose de terrible. Je ne savais pas comment il avait réussi à se faire jeter dans une cellule avec moi, malgré le fait d’éviter délibérément cet empoisonnement. En tout cas, le fait qu’il ne se joigne pas à notre groupe était une bonne chose.

C’est ainsi que nous avions commencé notre voyage avec un voyageur supplémentaire qui nous accompagnait.

◇ ◇ ◇

Le chariot nous emmenait à travers la route qui traversait la Grande Forêt. C’était vraiment une route droite, une route qui s’étendait ininterrompue jusqu’à l’horizon, continuant jusqu’à la capitale du Saint Pays. Il n’y avait pas un seul monstre, il n’y avait pas d’eau non plus sur la route.

J’avais des doutes sur la façon dont un tel chemin se fut formé, mais Geese me l’expliqua. Cette route avait été créée par Saint Millis, le fondateur de la foi Millis, la plus grande dénomination religieuse du monde. D’un seul coup d’épée, Saint Millis avait coupé en deux les montagnes et les forêts, divisant en deux un roi démoniaque sur le Continent Démon. La route avait été baptisée route de l’épée sacrée avec cette histoire à l’esprit.

Même si il ne croyait pas un seul mot de cette histoire, le mana de Saint Millis était toujours là. Le fait que nous n’ayons pas rencontré de monstres jusqu’à présent en était la preuve. Le chariot ne s’était pas non plus enlisé dans la boue. Nous avancions en douceur. Ce n’était rien de moins qu’un miracle.

Je pouvais comprendre maintenant pourquoi leur religion détenait tant de pouvoir. En même temps, je craignais l’impact négatif possible que beaucoup de mana pourrait avoir sur le corps. Le mana était une chose utile, mais une abondance de mana pouvait être terrifiante. Cela pourrait aussi faire des choses terribles, comme transformer des animaux en monstres et transporter des enfants du Continent Central au Continent Démon. Bien que dans notre cas, ne pas être attaqué par des monstres avait rendu notre voyage plus facile.

Il y avait à intervalle fixe le long de la route des endroits où l’on pouvait faire du camping. C’est là que nous avions passé nos nuits. Ruijerd traquait des animaux dans la forêt pour le dîner, donc nous ne manquions pas de nourriture. À l’occasion, des gens d’une colonie voisine venaient vendre leurs produits, mais nous n’avions pas besoin d’approvisionnements alimentaires supplémentaires.

Il y avait aussi une grande abondance de plantes, comme on pouvait s’y attendre d’une forêt. Les fleurs qui pouvaient être utilisées comme épices poussaient abondamment sur le bord de la route. J’utilisais ce que j’avais appris de l’Encyclopédie des plantes que j’avais lue quand j’étais enfant, et j’avais rassemblé quelques ingrédients pour assaisonner nos aliments. Je n’étais pas un cuisinier très doué, mais je m’étais quelque peu amélioré au cours de la dernière année, même si je ne faisais que passer de terrible à moins horrible.

La Grande Forêt fournissait des ingrédients de bien meilleure qualité que ceux du Continent Démon. Pas seulement en termes de bêtes, mais aussi en termes d’animaux normaux. Les lapins et les sangliers étaient assez délicieux rôtis sans assaisonnement, mais ce n’était pas assez bon pour moi. Comme nous avions les ingrédients à portée de main, je voulais manger des plats plus succulents. J’étais plus avide que jamais dans ma quête de bonne nourriture.

C’est à ce moment que Geese intervint. Comme il l’avait professé, il était un maître de la cuisine en plein air. À voir comment il prenait les noix et l’herbe sauvage que je ramassais et les transformait en assaisonnement, c’était presque de la sorcellerie. Il injectait les saveurs les plus délicieuses dans nos aliments.

« Je te l’ai dit. Je peux tout faire ! »

Ce n’était pas une plaisanterie. La viande était vraiment délicieuse.

« Incroyable, serre-moi dans tes bras ! »

J’avais jeté mes bras autour de lui sans y réfléchir. Ça avait dégouté Geese. Ça m’avait aussi dégoûté. Nos sentiments étaient réciproques.

◇ ◇ ◇

« Je m’ennuie », murmura Éris alors que nous préparions comme d’habitude notre repas quotidien.

Collecteur d’ingrédients : Ruijerd

Producteur d’eau et de feu : Moi

Cuisine : Geese

Notre travail était tellement au point qu’Éris n’avait rien d’autre à faire que de ramasser du bois de chauffage, mais elle l’avait terminé assez rapidement. Elle s’ennuyait donc.

Au début, Éris s’entraînait silencieusement avec son épée. Après avoir été forcée par Ghislaine et moi-même à faire des exercices répétitifs, elle avait pu continuer à balancer son épée pendant des heures. Mais ça ne voulait pas dire qu’elle trouvait ça amusant.

Ruijerd chassait, Geese faisait bouillir de la soupe, et je m’étais installé pour continuer à travailler sur ma figurine. Cette figurine de Ruijerd de la taille d’un dixième prenait pas mal de temps à compléter, mais j’étais sûr de pouvoir la vendre. J’y ajouterais aussi des options pour augmenter sa valeur. En utilisant ce modèle, je montrerais aux gens que le Superd ne devait pas être attaqué et qu’il pouvait se lier d’amitié.

Cela mis à part, Éris trouvait son ennui ingérable.

« Hé, Geese ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas, mademoiselle ? La nourriture n’est pas encore prête. »

Il se mit à goûter la soupe avant de jeter un coup d’œil en arrière sur elle.

Éris était debout dans sa position habituelle, les bras croisés et les jambes écartées.

« Apprends-moi à cuisiner ! »

« Je passe mon tour. »

Sa réponse avait été instantanée. Geese recommença à cuisiner comme si leur conversation n’avait jamais eu lieu.

Pendant un moment Éris resta là, stupéfaite, mais elle se remit vite et cria :

« Pourquoi pas !? »

« Parce que je ne veux pas. »

« Mais pourquoi !? »

Geese poussa un grand soupir.

« D’accord, mademoiselle. Un épéiste n’a qu’à penser à se battre. Cuisiner est une perte de temps. Tout ce que vous avez à faire, c’est manger. »

C’était un homme dont les talents culinaires allaient au-delà de la manière dont il se jugeait : « juste manger ». Il pourrait même ouvrir son propre restaurant. Il n’était pas assez bon pour faire tomber la mâchoire d’un certain roi gourmet et faire jaillir un rayon de lumière de sa bouche, mais il était au moins assez bon pour que son restaurant soit assez populaire dans son quartier.

« Mais, si je pouvais cuisiner… euh… eh bien, tu sais, non ? »

Elle hésitait à m’expliquer, envoyant des regards dans ma direction.

Qu’y a-t-il, Éris ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Heh heh, vas-y, dis-le, je l’avais intérieurement aiguillonnée.

« Non, je n’ai aucune idée. »

Geese était froid avec elle. Je ne savais pas pourquoi, mais il était anormalement dur. Il n’était pas comme ça envers Ruijerd ou moi-même, mais il avait toujours l’air détaché quand il interagissait avec Éris.

« Vous êtes douée pour l’épée, pas vraie ? Vous n’avez pas besoin de savoir cuisiner. »

« Mais… »

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