Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 8

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Chapitre 8 : Vie paisible dans le village de Doldia

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Chapitre 8 : Vie paisible dans le village de Doldia

Partie 1

Pour avoir sauvé les enfants et protégé le village de l’attaque de Gallus, nous avions été accueillis dans le village de Doldia en héros. Ils voulaient qu’on passe la saison des pluies avec eux.

Gyes s’était aussi officiellement excusé auprès de moi pour avoir ignoré les ordres, m’avoir déshabillé et m’avoir jeté dans une cellule. Et aussi pour l’eau glacée qu’on m’avait jetée dessus. Il s’était avéré que, pour les hommes bêtes, la façon unique de se prosterner était de s’allonger face vers le haut, l’estomac exposé. Au début, je pensais qu’il se moquait de moi, mais tout le monde était très sérieux à ce sujet. La seule chose qui me venait à l’esprit alors que je regardais son pack de six poilus et musclés étant la jalousie, j’avais accepté les excuses en toute hâte.

Éris, cependant, ne l’avait pas fait. Elle était furieuse quand elle avait appris ce que j’avais vécu et donna un coup de poing boréal au ventre exposé de Gyes avant de lui verser de l’eau sur la tête. Une fois qu’il avait l’air d’un rat noyé, elle le regarda fixement et lui dit :

« Maintenant, on est quitte. »

Éris n’avait jamais cessé de m’impressionner.

◇ ◇ ◇

En ce moment, nous étions dans la maison de Gustav. C’était la plus grande du village, construit bien au-dessus du sol parmi les arbres. Haute de trois étages et construite en bois, elle donnait l’air de s’effondrer instantanément à chaque tremblement de terre. Pourtant, elle était suffisamment solide pour qu’un adulte courant à l’intérieur ne puisse pas provoquer un seul tremblement.

Nous étions huit ici : Éris, Ruijerd et moi-même, ainsi que le chef de tribu Doldia Gustav et son fils Gyes, le chef des guerriers. Une des filles que j’avais sauvées des contrebandiers, Minitona, la fille cadette de Gyes, était également présente. Sa fille aînée, Linianna, étudiait apparemment dans un autre pays. Et puis il y avait une autre fille que nous avions sauvée qui appartenait à la tribu Adoldia : la fille cadette du chef de la tribu Adoldia, Tersena. C’était la fille aux oreilles de chien qui était assez bien développée pour son âge. Elle avait prévu de rentrer chez elle, mais son plan était tombé à l’eau lorsque la saison des pluies commença. Elle allait donc passer les trois prochains mois ici.

Les filles avaient une conversation animée, avec des woof et des miaulements, de la façon dont elles avaient failli être enlevées.

« Je suis si contente de ne pas avoir été enlevée. J’ai entendu dire qu’il y a une famille noble malade et tordue à Asura qui n’est sexuellement intéressée que par les hommes bêtes. Qui sait ce qui m’arriverait. »

Gallus parla également de la façon dont une certaine famille noble avait particulièrement bien payé pour obtenir un homme bête ayant du sang Doldia. Ceux qui étaient faciles à former semblaient se vendre aux prix les plus élevés.

« Il n’y a pas de place parmi les nobles d’Asura pour ce genre d’ordure ! »

Et il y avait Éris, qui parlait comme si cette conversation n’avait rien à voir avec elle ou sa famille, même s’il était très probable que cette noble famille avait un certain nom dans le domaine. Celui qui commençait par la lettre G.

Je n’avais jamais demandé d’où venaient les bonnes de la maison d’Éris, mais peut-être que certaines d’entre elles avaient été enlevées. Le grand-père d’Éris, Sauros, était un homme bon, mais sa vision du monde avait des aspects étranges. Eh bien, je me tairais. Il y a des choses qu’il vaut mieux taire.

Éris semblait se souvenir de quelque chose parce qu’elle leur montra soudain la bague à son doigt.

« Au fait, tu connais Ghislaine ? Cette bague lui appartient. »

Éris ne connaissait pas la langue du Dieu Bestial, elle parlait avec eux dans la langue humaine. Parmi les personnes présentes, mis à part moi et Ruijerd, seuls Gustav et Gyes étaient capables de comprendre la langue.

« Ghislaine… ? »

Le visage de Gyes se plissa.

« Elle est… toujours en vie ? »

« Hein ? »

Sa voix était pleine de dégoût. Il cracha les mots comme s’ils laissaient un goût amer sur sa langue.

« Ce n’est qu’un fléau de notre tribu. »

Ce n’était que le début des attaques de Gyes contre Ghislaine. Il parlait dans la langue des hommes pour qu’Éris puisse comprendre. Le frère aîné s’était ainsi mis à parler de sa sœur cadette. Il n’arrêtait pas de parler des erreur que Ghislaine avait commises en tant que personne. Sa voix était pleine d’émotion.

C’était difficile pour moi de tout écouter, étant donné que Ghislaine m’avait déjà sauvé la vie. Il semblerait qu’elle avait fait des choses vraiment méprisables dans le village, mais tout cela était arrivé quand elle était enfant. La Ghislaine que je connaissais était maladroite, mais travailleuse. Elle avait changé, s’était réadaptée en tant que personne. Elle ne méritait pas qu’on parle d’elle comme ça. C’était une maître épéiste très respectable ainsi qu’une apprentie magicienne accomplie.

Alors, comment dire ça gentiment… ?, m’étais-je dit. Arrêtez ça.

« Cette bague aussi, c’est quelque chose que notre mère lui a donné pour qu’elle cesse de devenir folle sans raison. Non pas que cela ne lui ait jamais fait du bien. C’était juste une vaurienne destructrice. »

« Tu — », avais-je commencé à dire.

« Oh ferme-la! Est-ce que tu connais vraiment Ghislaine!? »

Éris me coupa en beuglant d’une voix assez forte pour diviser la maison en deux. Les autres étaient stupéfaits par son explosion. Après tout, seuls Gyes et Gustav pouvaient comprendre la langue.

J’avais peur qu’Éris devienne violente. Mais au lieu de cela, elle n’avait l’air que frustrée, les larmes aux yeux. Elle transforma ses mains en poings tremblants, mais elle ne les balança pas.

« Ghislaine est incroyable! Étonnamment incroyable! Si tu l’appelles au secours, elle viendra immédiatement! Elle est super rapide! Et super forte! »

Des mots auxquels Éris ne pensait probablement même pas sortirent de sa bouche. Même si les autres ne comprenaient pas ce qu’elle disait, le chagrin dans sa voix en disait assez long. Et elle exprimait aussi mes émotions.

« Ghislaine est… hic… heu… pas quelqu’un que tu peux juste… hic… »

Éris fit de son mieux pour ne frapper personne, même à travers ses larmes.

C’est vrai, elle ne pouvait pas frapper Gyes ici. Ghislaine avait été violente pendant son séjour dans ce village. Si Éris levait le poing ici, Gyes pourrait dire :

« Tu vois ? Elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. »

Je regardais Gyes, celui-ci semblait confus.

« Non, je ne peux pas… C’est incroyable. Ghislaine… est respectée ? Ça ne peut pas… »

En voyant ça, j’avais calmé ma colère.

« Arrêtons cette conversation ici », avais-je suggéré tout en mettant mes bras sur les épaules d’Éris.

Éris me regarda avec incrédulité.

« Pourquoi... Rudeus, détestes-tu Ghislaine ? »

« Non, j’aime bien Ghislaine. La personne que nous connaissons et celle qu’ils connaissent portent peut-être le même nom, mais ce sont deux personnes totalement différentes. »

J’avais regardé Gyes. Même lui reconsidérerait sa position s’il rencontrait Ghislaine maintenant. Le temps changeait les gens. Je le savais parfaitement bien.

« … Bien. »

Éris ne semblait pas satisfaite, mais au moins elle semblait soulagée par ce que j’ai dit.

« Attends, est-ce que Ghislaine est devenue maintenant une personne incroyable ? »

« C’est une personne que je respecte. »

Mes paroles poussèrent Gyes dans une profonde contemplation. Vu ce qu’on l’avait entendu dire, il avait dû se passer beaucoup de choses entre lui et Ghislaine. Il bouillonnait de colère à sa seule mention. Le fait d’avoir un lien de parenté par le sang empirait les choses.

« Alors, peux-tu t’excuser ? »

« … M’excuser. »

L’atmosphère est devenue un peu tendue par la suite. Peut-être parce que c’était la deuxième fois qu’on forçait Gyes à s’excuser ce jour-là.

Quant à Ghislaine, je l’avais complètement oubliée l’année dernière, mais elle avait probablement été déplacée aussi pendant l’incident. Je me demandais où elle était et ce qu’elle faisait. La connaissant, j’avais pensé qu’elle nous chercherait, Éris et moi. C’était frustrant que nous n’ayons pu recueillir aucune information durant notre séjour au Port Zant.

◇ ◇ ◇

Une semaine s’était écoulée. La pluie continua de tomber tout le temps. On nous donna une maison vide dans le village et nous y avions passé notre temps. On nous donnait de la nourriture, que nous ayons ou non contribué à quelque chose, puisque nous étions considérés comme des héros de la Grande Forêt. Le village était pourtant dans une situation désespérée après les dégâts causés par l’incendie.

La terre avait été inondée et le chaos éclata lorsqu’un enfant tomba à l’eau. Les gens étaient très choqués, mais reconnaissants lorsque j’avais utilisé ma magie pour le sauver. J’avais pensé que je devrais peut-être utiliser ma magie pour chasser les nuages de pluie, mais j’avais rapidement abandonné cette idée. Roxy l’avait dit elle-même : manipuler la météo n’était pas une bonne idée. Si j’arrêtais la pluie, il pourrait arriver quelque chose d’horrible dans les bois.

Pour être honnête, je voulais juste que ça s’arrête vite pour qu’on puisse passer à autre chose. Mais encore une fois, elle ne devrait s’arrêter qu’après trois mois. Je devrais donc prendre mon mal en patience.

Il pleuvait quand j’avais décidé de me promener dans le village. Étant donné qu’il ne s’agissait que d’un village, il n’y avait ni armurier, ni forgeron, ni aubergiste d’aucune sorte. Dans la plupart des cas, il s’agissait de logements et d’entrepôts privés, ou de maisons de garde pour leurs guerriers. Tout cela avait été construit au-dessus des arbres.

Ce village était réellement en 3D ! C’était vraiment fascinant. Mon cœur s’était emballé d’excitation rien qu’en me promenant. Il y avait un endroit où vous n’aviez pas le droit d’aller plus loin. Apparemment, il y avait un endroit spécial au-delà de ce point. Je n’avais pas l’intention de m’en mêler.

Au cours de ma promenade, j’étais tombé sur un sentier qui se croisait sur deux niveaux. J’attendis sur la plus basse en espérant qu’une fille passerait au-dessus de moi, mais ce fut Geese qui le traversa.

« Yo, bizut ! Alors tu es aussi sorti, hein ? »

Celui-ci me fit signe, il semblait vraiment heureux. Il avait également reçu une amnistie pour ses contributions lorsque le village était en difficulté.

« Ouaip. “Ne recommencez jamais”, avaient-ils déclaré. Ce sont tous des imbéciles. Bien sûr que je vais le refaire. »

« Yo tout le monde! Avez-vous entendu cela? Ce mec n’a pas appris sa leçon! »

« Ho! Allez, arrête ça. Je ne peux pas partir maintenant, pas avant la fin de la saison des pluies. »

En d’autres termes, il prévoyait de répéter son erreur. Honnêtement, quel cas désespéré !

« Aussi, permets-moi de te rendre ton gilet. »

« Je t’ai dit de ne plus avoir ce putain de ton poli. Prends juste le gilet », dit-il.

« Es-tu sûr ? »

« Il fait encore froid en cette saison. »

Pourtant, il ne semblait pas du tout totalement méchant. La façon dont il était gentil sans rien attendre de moi me rappelait Paul. Paul… Je me demandais s’il allait bien.

***

Partie 2

Deux semaines passèrent, et la pluie ne s’arrêtait pas.

J’avais appris que les Doldia avaient leur propre magie secrète. Cela leur permettait de trouver des ennemis en poussant un hurlement d’une grande portée, et avec leurs voix spéciales, ils pouvaient faire perdre le sens de l’équilibre à leurs adversaires. La façon dont Gyes m’avait paralysé avec sa voix était de ce type de magie. D’après ce que j’avais entendu, c’était une magie qui manipulait le son.

Quand j’avais demandé à Gustav : « J’aimerais que tu m’apprennes », celui-ci accepte de bon cœur. Malheureusement, peu importe combien de fois il me faisait la démonstration, je ne pouvais pas l’imiter parfaitement. La magie semblait dépendre des cordes vocales uniques des Doldia.

Bien sûr que je ne le peux pas, m’étais-je dit amèrement. Selon toute vraisemblance, je ne pourrais pas utiliser la plus grande partie de la magie unique que les tribus individuelles possédaient. Le fait que les Hommes Bêtes et d’autres races puissent utiliser la magie humaine si facilement me semblait injuste. Je savais que l’élément clé était de canaliser le mana dans ma voix, mais peu importe comment je le faisais, le résultat était toujours inférieur. Le mieux que je puisse faire, c’était de faire trembler mon adversaire pendant un moment. Après tout, il semblerait que je ne serais pas un Wagan.

Sur ce point, Gustav avait été très choqué par la façon dont j’utilisais la magie sans chanter.

« Les écoles de magie enseignent-elles ça aussi de nos jours ? »

« C’est parce que mon maître m’a très bien enseigné », expliquai-je, louant Roxy sans raison apparente.

« Oh ? Et d’où vient ton maître ? »

« De la tribu des Migurd, de la région de Biegoya du Continent Démon. Sa magie… Je pense qu’elle a appris dans l’Académie de Magie. »

Quand j’avais dit à Gustav que j’avais aussi l’intention d’aller à l’Académie de magie, il avait semblé impressionné. Il m’avait dit ceci :

« Wôw, tu es déjà à ce niveau et pourtant tu es toujours motivé pour t’améliorer ? »

Ça m’avait fait me sentir bien.

◇ ◇ ◇

Trois semaines s’étaient écoulées.

Des monstres étaient également apparus dans ce village. L’un d’entre eux était un marcheur sur eau. Il surfait rapidement sur l’eau en contrebas pour ensuite sauter soudainement et attaquer. Un autre ressemblait à un serpent d’eau qui glissait le long des arbres. Le village était gardé par sa bande de bêtes guerrières, mais leurs nez impressionnants et leurs voix en forme de sonar n’étaient d’aucune utilité sous la pluie, les monstres se faufilaient souvent sous leur regard vigilant et infestaient le village.

Alors qu’Éris et moi nous promenions, l’un des enfants des hommes bêtes avait failli se faire attraper par un reptile caméléon juste devant nous. Je l’avais aussitôt abattu avec mon canon de pierre. L’enfant ayant adorablement agité la queue en me remerciant.

J’étais étrangement populaire parmi les enfants de ce village, sans doute parce que j’étais le héros qui les avait sauvés quand ils étaient dans le besoin. Parfois, ils venaient me lécher la joue ou me montrer leur collection de glands qu’ils avaient rassemblés avant le début de la saison des pluies. J’étais pratiquement une célébrité.

Éris, dans une véritable démonstration de l’infamie de sa famille, n’avait pas pu contenir son excitation quand elle vit un si grand rassemblement de tant d’adorables enfants ayant des oreilles et des queues. Elle ennuyait les enfants en respirant de façon erratique, en leur tapotant la tête et en leur touchant la queue.

Nous ne pouvions pas rester les bras croisés pendant que de telles créatures adorables étaient attaquées par des monstres. C’est pourquoi j’avais proposé que Ruijerd aide à la défense du village, mais il s’y était opposé.

« Les guerriers d’ici sont fiers de leur rôle dans le village », dit-il.

Protéger ce village était leur devoir. Tant qu’ils n’avaient pas demandé l’aide d’un étranger, ce n’était pas notre affaire de nous imposer. De toute façon, c’était la croyance de Ruijerd, et je n’y comprenais rien du tout.

« Mais la sécurité des enfants n’est-elle pas plus importante que ça ? »

Ruijerd s’arrêta et réfléchit quelques secondes avant de se tourner vers Gyes pour demander son avis.

Gyes accueillit la demande favorablement.

« Oh, Maître Ruijerd, vous allez nous prêter votre aide ? Ça m’aiderait beaucoup ! »

L’enlèvement ayant considérablement réduit le nombre de leurs guerriers. Gyes avait donc offert d’indemniser Ruijerd pour son aide au nom de la bande de guerriers.

C’est ainsi que tous les monstres du village avaient été exterminés. Ruijerd les trouvait et j’utilisais ma magie pour les vaincre. Nous récupérions leurs corps, les dépouillions de leur matériel utile et les vendions à Gyes. C’était du donnant donnant.

Ruijerd avait raison sur une chose. Les guerriers du village nous avaient d’abord désapprouvés. Ce n’était que lorsque nous avions impitoyablement annihilé tout monstre qui entrait dans le village qu’ils réalisèrent que la saison des pluies passerait sans faire de victimes qu’ils avaient fini par sourire.

« Je pensais que leur tribu était plus fière que ça. C’est honteux de confier la protection de leur village à une autre race. »

Ruijerd était le seul à être dérangé par ça. Il semblerait que les hommes bêtes d’il y a plusieurs centaines d’années étaient très différents de leurs homologues modernes.

◇ ◇ ◇

Un mois s’était écoulé.

La force de la pluie diluvienne semblait s’estomper, mais ce n’était probablement que mon imagination. Éris, Minitona et Tersena étaient devenues amies. Elles semblaient aimer voyager ensemble malgré la pluie. Je me demandais ce qu’elles faisaient.

Il s’avérait qu’Éris leur apprenait la langue humaine. Oui, vous m’avez entendu. Éris enseignait une langue aux autres ! Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour moi de faire irruption et d’essayer de l’aider, je ne ferais que détruire son image. J’étais après tout un homme qui savait rester à sa place.

C’était la première fois qu’Éris avait des amies de son âge. J’étais fier de la voir si bien s’entendre avec les filles. Les cheveux roux, les oreilles de chat, les oreilles de chien… Les voir toutes s’ébattre joyeusement m’était plus que suffisant.

Bien qu’Éris devrait faire attention à ne pas enrouler ses bras autour d’elles de façon irréfléchie comme ça. Elles pourraient mal comprendre ses intentions, comme ils l’avaient fait avec moi. En fait, Monsieur Gyes regardait. Comment se sentirait-il en tant que parent, voyant Éris avec ses narines évasées, jetant ses bras autour de sa fille ?

« Ah, Dame Éris, j’apprécie que vous vous entendiez si bien avec ma fille. »

Qu’est-ce que… ? C’était une réaction totalement différente de celle qu’il m’avait donnée ! Il aurait dû sentir l’excitation qui rayonnait sur Éris, alors pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Était-ce juste la différence entre les hommes et les femmes, devinais-je. Ouais, ça doit être ça. Bien sûr que ça l’était.

« Au fait, je suis vraiment désolé pour le problème avec Ghislaine. Nous ne nous sommes pas vus depuis très longtemps, alors je l’ai peut-être mal comprise. Il semble que ma petite sœur a un peu grandi depuis qu’elle est dans le monde. »

Il inclina la tête. Il avait l’air d’y avoir fait face le mois dernier. C’était bien, ça.

« Bien sûr qu’elle l’a fait. Ghislaine est une épéiste de rang Roi ! Et tu sais quoi d’autre ? Ghislaine peut aussi maintenant utiliser la magie », se vanta Éris.

« Hahahaha, Ghislaine utilise la magie ? Dame Éris, vos blagues sont très fines. »

« Je suis sérieuse. Rudeus lui a appris la lecture, l’arithmétique et la magie. », insista Éris.

« Le Seigneur Rudeus a fait… ? »

Après ça, Éris commença à se vanter de Ghislaine et moi. Elle parla de mes leçons quand on était à Fittoa. Elle avait commencé par dire à quel point Ghislaine et elle avaient mal appris, et combien elle me respectait d’être resté avec eux deux et de leur avoir enseigné jusqu’à la fin. J’étais gêné de l’écouter.

Gyes avait dit à quel point il était impressionné, et quand le trio s’était finalement séparé, il était venu vers la boîte en bois dans laquelle j’étais caché pour écouter.

« Alors, dites-moi, qu’est-ce qu’un professeur respectable fait dans un endroit comme celui-ci ? »

« Observer les gens est un de mes passe-temps », avais-je bégayé.

« Ah, oui, ça semble être un passe-temps très noble à avoir. Au fait, comment avez-vous appris la lecture à Ghislaine ? »

« Rien de spécial, vraiment. Je l’ai fait comme d’habitude. »

« La façon normale… ? Je n’arrive pas à l’imaginer », dit M. Gyes.

« Quand elle était une aventurière, elle a connu beaucoup de difficultés parce qu’elle n’était pas instruite. C’est logique que vous ne puissiez pas l’imaginer. »

« Voilà donc l’histoire. Quand elle était petite, ma sœur n’était jamais heureuse à moins qu’elle ne puisse frapper quelqu’un quand quelque chose qu’elle n’aimait pas lui arrivait. »

À en juger par ce qu’il disait, Ghislaine avait l’air d’être comme Éris quand elle était jeune fille. Plus précisément, le fait qu’elle se batte avec les gens et que, parce qu’elle était forte, peu pouvaient l’arrêter. Gyes avait dû se faire brûler plusieurs fois par ce feu. Il n’était pas un très bon grand frère s’il était plus faible que sa petite sœur.

En parlant de grands frères, j’en étais un aussi. Je me demandais si Norn et Aisha allaient bien. Je voulais leur écrire une lettre, mais j’avais oublié. Une fois la pluie arrêtée, nous nous dirigerons vers la capitale du Pays Sacré de Millis, et là j’enverrais une lettre au village de Buena. Si j’en avais envoyé une du Continent Démon, il ne l’aurait probablement jamais reçu, mais il ne devrait sûrement pas y avoir de problème si je l’envoyais de Millis.

« Au fait, Maître Rudeus. »

« Oui ? »

« Combien de temps comptez-vous rester dans cette boîte en bois ? »

Jusqu’à ce qu’elles viennent ici pour se changer, bien sûr. Après tout, c’était presque la nuit. Pour l’instant, elles allaient aller jouer dans l’eau, mais ensuite, elles devaient se mettre en chemise de nuit.

« Sniff, sniff… Je peux sentir l’excitation sexuelle sur vous. »

« Quoi!? En aucune façon. C’est absurde. Peut-être que quelque part, il y a une certaine fille aimant les races bestiales et qui a l’air extatiques maintenant qu’elle est rassurée? »

Pendant que j’essayais de faire l’idiot, les sourcils de Gyes tremblèrent.

« Maître Rudeus. Je vous suis reconnaissant pour ce que vous avez fait avant. Je m’excuse aussi, même maintenant, de vous avoir mal compris. »

Son ton changea brusquement.

« Mais si vous posez votre main sur ma fille, ce sera une tout autre histoire. Si vous ne sortez pas de cette boîte tout de suite, je vais la jeter dans l’eau. »

Il était sérieux. Je n’avais pas hésité. J’étais sorti de cette boîte en un éclair, à la même vitesse qu’un de ces Tomy Pop-up Pirates.

« Je suis un protecteur de ce village. Je ne veux pas avoir à vous le dire, mais… retenez-vous un peu. »

« Oui, monsieur. »

Ouais, eh bien, je m’étais un peu trop emporté. Je l’admets.

◇ ◇ ◇

Un mois et demi s’était écoulé.

Ruijerd et Gustav s’entendaient à merveille. Ruijerd se rendait fréquemment chez les Dedoldia, et les deux hommes buvaient ensemble et se racontèrent des histoires de leur passé. Les histoires étaient pleines de choses violentes, mais elles étaient en fait assez intéressantes à écouter. C’était presque comme si j’écoutais un ex-membre d’un gang de motards exagérer sur le fait qu’il était un dur à cuire dans sa jeunesse. Sauf ce que Ruijerd et Gustav racontaient ce qu’il s’était probablement passé.

Grâce à ces conversations, j’avais pu mieux comprendre ce qu’étaient les hommes bêtes. « Hommes bêtes » était un terme générique pour les tribus qui vivaient dans la Grande Forêt. Il y en avait beaucoup qui venaient d’ici, mais qui étaient passé vers le Continent Démon et qui étaient considéré maintenant comme des démons. Une caractéristique extérieure de ces tribus était qu’une partie de leur corps conservait un aspect animal. Chaque tribu avait également un des cinq sens améliorés. Au sens large, Nokopara et Blaze faisaient également partie des hommes bêtes.

Les Doldia étaient particulièrement spéciaux parmi ces tribus. Une seule tribu avait maintenu la paix dans la forêt tout en protégeant la Bête Sacrée. C’était les Doldia.

Puis il y a eu la race féline des Dedoldia et la race canine des Adoldia. Il s’agissait des deux principales familles qui avaient été divisées en une douzaine de clans. En d’autres termes, c’était la royauté de la Grande Forêt. Bien qu’ils ne faisaient pas grand-chose pour mériter le titre, c’était eux qui menaient le bal lorsque le besoin s’en faisait sentir.

Il y avait aussi des elfes et des hobbits qui vivaient dans la Grande Forêt. Ils étaient concentrés dans la partie septentrionale, ils n’avaient donc pas beaucoup de contact avec les races bestiales. Cependant, toutes les tribus se réunissaient une fois par an et participaient à un festival près du Grand Arbre Sacré. Selon Gustav, bien que leurs tribus aient des différences, elles vivaient toutes comme des amies dans la Grande Forêt.

Quant aux nains, ils ne vivaient pas dans la Grande Forêt mais plus au sud, au pied des montagnes de la wyverne bleu. Les dragons bleus survolaient le monde et ne retournaient dans la chaîne de montagnes pour y nicher que lorsqu’ils pondaient des œufs ou élevaient leurs petits, comme les oiseaux migrateurs. Contrairement aux oiseaux migrateurs, cependant, ils ne revenaient qu’une fois tous les dix ans.

Depuis des temps immémoriaux, les hommes et les bêtes traversèrent ensemble les temps de guerre et les temps de paix. Une guerre, qui était plutôt une petite compétition, avait eu lieu il y a à peine cinquante ans. Gustav nous avait régalés avec des histoires de son implication et de la façon dont la bande de guerriers la plus forte des hommes bêtes avait détruit un groupe de soldats humains qui avaient erré dans la forêt. C’était assez dramatisé, mais entendre la façon dont les choses se déroulaient du point de vue des hommes bêtes était tout à fait nouveau et divertissant.

Pour contrer cela, Ruijerd sortit son atout, l’histoire du Clan des Superds pendant la guerre de Laplace. Les deux s’échangeaient des plaisanteries comme s’ils étaient en compétition, mais étant donné qu’ils étaient tous les deux des vieillards, cela s’était plus ou moins transformé en un sermon sur le bon vieux temps.

« Les guerriers de nos jours sont une honte. »

« Je comprends parfaitement ce que tu veux dire, Maître Ruijerd. Beaucoup d’entre eux sont faibles et lâches. »

« Exactement. Dans ma jeunesse, les hommes étaient durs et forts. », dit Ruijerd

C’était littéralement des âmes sœurs. C’était peut-être un monde différent de mon précédent, mais la camaraderie des vieillards était certainement la même.

« Tu as tout à fait raison. Gyes dirige peut-être les guerriers maintenant, mais il manque de jugement. Il est bon pour diriger les gens, mais s’il pouvait mieux évaluer les situations, alors Maître Rudeus n’aurait pas traversé tout cela », dit Gustav.

Ruijerd n’était pas d’accord.

« Non, Rudeus est un guerrier. Il aurait dû comprendre que s’il avait baissé sa garde en territoire ennemi, il courait le risque d’être capturé et retenu en captivité. Pourtant, il baisse toujours sa garde. S’il avait pris les choses au sérieux, il aurait pu battre quelqu’un comme Gyes. C’était son propre échec. »

Aïe. Il avait peut-être entièrement raison, mais ça faisait mal. Ruijerd avait foi en moi, c’est pourquoi il m’avait laissé y aller seul. Pourtant, je m’étais fait prendre si facilement. D’une certaine façon, j’avais trahi sa confiance.

« Mais Maître Ruijerd, n’est-ce pas un peu cruel ? Ton camarade a été victime d’une chose terrible. »

« En tant que guerrier, tu dois prendre la responsabilité de tes propres batailles. D’ailleurs, Rudeus aurait pu s’échapper tout seul à tout moment. J’apprécie qu’il me fasse confiance comme compagnon, mais ce n’est pas un enfant. Un guerrier ne force pas ses camarades dans une position difficile en se laissant prendre ! »

Ruijerd, tu es vraiment bourré. Tu pourrais peut-être t’échapper tout seul si tu te faisais prendre, mais essaies de ne pas trop attendre de moi. Mes pouvoirs ne sont pas illimités, d’accord ?, pensais-je.

***

Partie 3

Deux mois passèrent.

Chaque fois que j’étais dans ma chambre, la Bête Sacrée arrivait en marchant. La bête vivait plus profondément dans le village, le long des fleurs et des papillons, mais une fois par jour pendant sa promenade, elle errait librement dans le village. Son itinéraire préféré (et actuel) était là où je me trouvais.

« Si ce n’est pas la Bête Sacrée. Qu’est-ce que tu as à faire ici avec un obsédé sexuel comme moi ? »

« Ruff! »

« La vie est dure, hein ? »

« Ruff! »

Ce n’était pas vraiment une réponse.

Je n’étais pas sûr si la Bête Sacrée était mâle ou femelle, mais de toute façon elle s’était installée à côté de moi, au moment où je tenais dans mes mains le début d’une figurine. On aurait dit qu’il allait s’écouler un certain temps avant que la pluie ne s’arrête, alors j’avais décidé d’essayer d’en faire une.

Elle avait été modelée d’après Ruijerd. Vous vous demandez peut-être pourquoi je l’avais choisi, mais réfléchissez-y. Les Superds étaient des croque-mitaines sans visage. Les gens tremblaient de peur quand ils voyaient des cheveux verts, mais il n’y avait pas de couleur sur la silhouette que je faisais. C’était juste un personnage en pierre gris cendré. Peut-être que si c’était assez impressionnant, les gens l’accepteraient mieux.

D’abord la silhouette. Les cheveux passeraient en dernier.

« Woof. »

La Bête Sacrée pressa son corps contre ma cuisse et posa sa tête sur mon genou. J’étais perplexe, étant donné qu’aucun animal ne m’avait approché comme ça auparavant.

« Arf ? »

Il regarda mes mains comme pour me demander ce que je faisais. Le chiot était très calme malgré son jeune âge.

J’avais finalement décidé de lui caresser le cou.

« Je n’ai rien d’autre à faire, alors je crée quelque chose. »

« Woof. »

La bête me lécha la main tout en remuant la queue. Clairement, il ne me détestait pas. Il pleuvait encore dehors, donc il n’y avait probablement rien d’autre à faire. Il désirait probablement se défouler un peu.

« Veux-tu jouer ? »

« Woof ! »

Nous nous étions donc affrontés et malmenés tous les deux. J’avais pu profiter de sa fourrure douce et duveteuse, et la Bête Sacrée avait reçu une quantité modérée d’exercice. C’était une situation vraiment gagnant-gagnant.

Toc, toc. Quelqu’un frappait à la porte pendant que nous étions en train de jouer.

« Hm ? Entrez. »

« Excusez-moi. »

Une femme en tenue de guerrière était arrivée. C’était Laklana. C’était l’une des gardiennes de la Bête Sacrée, et elle venait la récupérer quand son temps de marche était presque terminé.

« Ravi de te revoir. »

« Moi aussi, Maître Rudeus. Et aussi, par rapport à cette époque… »

Chaque fois qu’elle me voyait, Laklana s’excusait pour le temps où elle me jetait de l’eau glacée. Les premières excuses avaient été plus que suffisantes.

« Cela mis à part, pourriez-vous arrêter d’être si attaché à la Bête Sacrée ? »

« De quoi parles-tu ? Je m’amuse juste un peu avec elle. »

Quoi, c’était une autre fausse accusation ? Elle ne s’était en fait jamais excusée, n’est-ce pas ? Si elle ne faisait pas attention à ce qu’elle disait, la prochaine fois, ce serait elle qui sera nue dans une cellule de prison et c’est moi qui verserais l’eau.

« Mais je peux sentir votre excitation. »

« … Ce n’est pas pour la raison à laquelle tu penses. »

La vraie raison était que chaque fois qu’elle venait et baissait la tête, mon pervers intérieur se mettait à chuchoter :

« Madame, si tu pouvais résoudre ça avec un simple désolé, nous n’aurions pas besoin d’appeler les flics, hein ? Si tu veux vraiment résoudre ça, tu sais ce que tu dois faire, non ? Allons dans la chambre ensemble. »

« La Bête Sacrée est extrêmement précieuse pour les Doldia. Je sais que vous l’avez sauvée, mais développer des sentiments pour elle est… »

« Sauf que je n’ai aucun sentiment pour ça. »

La Bête Sacrée était une sorte de bête magique née une fois tous les quelques centaines d’années. Il n’avait pas de nom propre. Depuis des temps immémoriaux, elle n’était apparue que lorsque le monde était en crise, et lorsqu’elle devenait adulte, elle se mettrait au côté d’un héros, utilisant sa grande puissance pour sauver le monde.

C’était comme ça que s’était transmise la légende, en tout cas. C’était pourquoi la Bête Sacrée avait été élevée avec tant de soin, au cœur du village de Doldia, dans une zone restreinte où se dressait un grand arbre qu’on appelait l’arbre sacré. Donc, bien sûr, elle avait vécu une vie protégée. Ils veillaient à ne pas exposer le chiot au monde extérieur, qu’il connaissait peu. C’était quand même un chien, alors ils lui avaient laissé du temps pour se promener une fois par jour.

Il faudrait apparemment attendre encore cent ans avant que la Bête Sacrée n’atteigne l’âge adulte. Si les histoires étaient vraies, le monde connaîtrait alors la calamité. Pendant ce temps, Laklana supervisait la protection de la Bête Sacrée. Quant à l’Arbre sacré, il était situé au-delà du chemin bloqué que j’avais visité plus tôt.

« Se pourrait-il que… le Seigneur Rudeus soit le héros ? »

« Woof ! »

Le chiot avait aboyé.

Une expression choquée était visible sur le visage de Laklana.

« Quoi !? Qu’est-ce que vous dites ? »

Hm ? De quoi parlait-elle ?

« Arf ! »

« Je vois alors, mais… »

« Woof ! »

« … Je comprends. »

Pourquoi parles-tu à ce chien comme si tu avais une conversation normale ? pensais-je. Je l’entendais aboyer. Ce n’était certainement pas la langue de Dieu Bestial. Comment le comprenait-elle ? Utilisait-elle un traducteur spécifique aux langages des chiens ?

« La Bête Sacrée a dit que vous n’étiez pas le héros. »

« Je m’en doutais. » Bien que j’aurais aimé qu’elle en dise d’avantage.

« Mais la Bête Sacrée vous est très reconnaissante, semble-t-il. »

« Oh ? J’ai été laissé dans cette cellule tout le temps, alors j’ai pensé qu’elle m’avait oublié. »

« Woof ! »

« C’est regrettable, dit la Bête Sacrée, mais elle nous a demandé de vous donner à manger. Maître Rudeus, avez-vous aimé les repas que nous vous avons fournis ? »

En effet. Au moins, la nourriture était très bonne. J’avais aussi reçu du rab quand je les demandais. J’avais trouvé ça étrange pour une prison. Alors la Bête Sacrée avait arrangé ça pour moi ? Utiliser la nourriture comme une forme de gratitude ressemblait exactement à ce que ferait un chien.

« Bien que si tu devais faire ça, j’aurais préféré que tu me libères au moins de ma cellule. »

« Woof ! » (Ou apparemment, « Qu’est-ce qu’une cellule ? »)

« Un endroit où vous enfermez les méchants », avais-je expliqué.

« Arf ! » (« Mais je suis aussi enfermé. »)

Nous avions continué un petit peu, ayant ainsi une conversation avec Laklana comme interprète. Il semblerait que la Bête Sacrée ne connaissait pas tous les détails de ce qui s’était passé. Cela comprenait le fait de ne pas être conscient de l’odeur d’excitation qui, selon Gyes, était en train de m’échapper, ou de la raison pour laquelle Gyes m’avait alors mis en détention. Elle ne semblait pas non plus savoir grand-chose sur la signification de son enlèvement, au-delà de cela, c’était une expérience terrifiante. En d’autres termes, ce n’était encore qu’un enfant. Ce n’était pas bien d’exiger des réparations d’un enfant, alors j’avais renoncé à cela.

« J’ai pu vivre plus confortablement grâce à toi, alors merci. »

À ma gratitude, elle remua la queue et me lécha le visage.

Heh heh, tu es vraiment mignonne, pensai-je en lui caressant le cou, pour ensuite être poussé au sol. Aah, tu ne peux pas ! Pas dans un endroit où les gens peuvent nous voir… !

« Maître Rudeus, c’est la façon qu’a la Bête Sacrée de montrer son respect. Pourriez-vous essayer de contenir ton affection ? »

« Tu te méprends, ce que tu sens, c’est mon excitation à cause de toi. »

« Hein !? »

« C’était impoli de ma part, ignore ça. » Merde, merde. J’avais laissé échapper mes vrais sentiments.

« Bête Sacrée, il est temps de retourner à l’Arbre sacré. »

« Woof ! »

La bête se tourna docilement pour partir, comme on le lui avait dit. Tout se passa sans une seule plainte.

C’était devenu une réalité quotidienne. Mais gardons ce secret entre nous : quelques jours plus tard, Laklana s’était fâchée contre moi quand j’avais essayé d’apprendre à la Bête Sacrée à trembler.

Juste comme ça, sans que rien de très mouvementé ne se produise, trois mois s’écoulèrent. La pluie s’était arrêtée.

***

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