Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : Urgence incendie

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Chapitre 7 : Urgence incendie

Partie 1

« C’est un feu ! », avais-je crié tout en sautant des épaules de Geese.

« Mmm ? Attendez juste un hey ! »

Geese sauta vers la lucarne et jeta un coup d’œil.

« Tu ne plaisantais pas ! Qu’est-ce qu’on fait, patron ? »

Qu’est-ce qui se passait ici ? J’avais prévu de partir le lendemain, et maintenant si je n’agissais pas, nous serions cuits comme deux gâteaux.

« On s’en va d’ici, bien sûr ! Et nous utiliserons le chaos pour nous échapper ! », avais-je déclaré.

« Mais comment va-t-on sortir !? Tu sais que la porte est fermée à clé ! »

« Ne t’inquiète pas. Pas de problème ! », avais-je dit.

Je m’approchais vers la porte et je sortis la clé que j’avais cachée pour la déverrouiller.

« Whoa ! Quand as-tu eu le temps de voler une clé ? »

« C’est juste quelque chose que j’ai préparé au cas où quelque chose comme ça arriverait, au moment où j’ai commencé à planifier ma fuite ! »

« Je vois, tu es le genre de criminel qui attend que tout le monde soit distrait par une crise avant de frapper. »

Comme c’est grossier. Ce n’était pas comme si j’avais volé quoi que ce soit. J’avais juste fait une copie de l’original, c’est tout. Quoi qu’il en soit, j’avais enfoncé la clé dans la serrure et je l’avais tournée jusqu’à ce qu’elle s’enclenche. La porte s’était ouverte. Et maintenant, le défi de l’évasion !

« OK, allons-y ! »

« Ouais ! », dit Geese.

La porte s’était ouverte et une vague d’air chaud nous avait giflés au visage. Les flammes dansaient violemment tandis que l’incendie, brillant et féroce, dévorait la forêt d’une faim vorace. Les maisons sur la cime des arbres étaient englouties, menaçant de s’effondrer.

« C’est vraiment mauvais », murmura Geese.

Sans blague. J’avais acquiescé de la tête.

On avait probablement interdit aux gens d’allumer des feux dans cette forêt, mais il ne faisait aucun doute qu’un petit malin avait décidé de s’asseoir dans son lit et de fumer, causant ainsi tout cela. Je ne savais pas qui il était, mais grâce à lui, nous pouvions nous échapper, alors je n’allais pas me plaindre.

« OK, bizut, par où est le Port Zant ? »

« Quoi ? Comment le saurais-je ? » me cria-t-il en regardant autour de lui.

« Comment ça, tu ne sais pas ? N’as tu pas dit que tu connaissais le chemin ? », avais-je répondu en criant.

« Pas quand nous sommes entourés de feu de tous côtés ! »

Hmm… eh bien, maintenant qu’il le mentionnait, il avait raison. Après tout, l’expression « écran de fumée » n’aurait aucun sens si vous pouviez voir directement à travers la fumée noire et les flammes pourpres.

Alors que faire ? Éteindre les flammes ? Non, nous avions besoin de la confusion des flammes pour nous échapper. Si on les éteignait, on nous trouverait immédiatement. De plus, on pourrait nous prendre pour des incendiaires. Et si on s’enfuyait temporairement hors de portée de l’incendie pour chercher un moyen de rentrer en ville ? Attendez… est-ce qu’on pourrait même s’échapper sans éteindre le feu ?

« Qu’est-ce qu’on va faire !? On n’a plus d’issues de secours ! »

Nous ne savions même pas quelle était la taille de l’incendie. Même si nous courions dans toutes les directions, il y avait une possibilité que nous ne puissions pas nous échapper de la zone sinistrée.

« Hé, patron ! Regarde ! »

Geese pointa quelque chose.

Il désignait un enfant. Un petit enfant aux oreilles de chat. Il se frottait les yeux et toussait en titubant dans notre direction, après avoir inhalé un peu de fumée. Tout près, le feuillage d’un arbre s’était enflammé, craquelait et menaçait de s’effondrer. L’enfant regarda l’arbre, mais tout s’était passé si soudainement qu’il ne pouvait que regarder, stupéfait.

« Attention ! », avais-je crié, libérant instantanément la magie du vent pour jeter l’arbre hors du chemin.

La fumée avait brouillé leur vue, mais l’enfant nous avait vus et s’était approché.

« Aidez… moi… »

Je l’avais pris dans mes bras et j’utilisais la magie de l’eau pour nettoyer leurs yeux. Il avait aussi des brûlures sur le corps, alors j’avais aussi utilisé la magie de guérison. Je n’étais pas sûr de ce que je devais faire, mais j’espérais que cela m’aiderait au moins pour le moment. Mais qu’est ce que cet enfant faisait ici ? N’avaient-ils tout simplement pas réussi à s’échapper ?

« Ne me dites pas que les villageois n’ont pas encore été complètement évacués ? »

« C’est tout à fait possible. Les incendies sont assez rares à l’approche de la saison des pluies… whoa ! », a dit M. Geese.

Un autre arbre s’était effondré. Une petite maison qui était au-dessus de nous s’effondrait aussi, éparpillant des morceaux de flamme comme de la poudre. Il semblait qu’aucun effort n’était fait pour éteindre l’incendie. Si je continuais à m’attarder, je serais aussi en danger. Mais je ne pouvais pas laisser cet enfant et m’enfuir.

« Très bien… »

J’avais pris ma décision.

« Bizut, sais-tu où est le centre du village ? »

« Ouais, je sais où c’est… mais qu’est-ce que tu vas faire ? »

« Je vais leur faire une faveur pour qu’ils se sentent redevables envers moi ! »

Après avoir dit cela, Geese sourit, prit l’enfant dans ses bras et se mit à courir.

« D’accord, c’est par là. Suis-moi ! »

Je m’étais mis à le suivre… mais je m’étais souvenu de mes vêtements. Ils étaient peut-être encore cachés dans cette petite prison. J’avais rapidement utilisé ma magie de l’eau pour engloutir le bâtiment dans la glace avant de suivre Geese.

Les flammes n’avaient pas encore atteint le cœur du village. Pourtant, je ne m’attendais pas à ce que je voyais. Les hommes bêtes essayaient de fuir. Ils étaient paniqués, ils criaient et hurlaient pendant qu’ils couraient dans tous les sens. Je m’y attendais, mais pour une raison ou une autre, il y avait aussi des humains en tenue de combat qui pourchassaient les hommes bêtes. Plus loin, j’avais pu voir ce qui ressemblait à des guerriers d’hommes bêtes se battre avec des humains. Plus loin encore, j’avais vu des hommes à l’allure robuste portant un enfant sous l’un ou l’autre bras, essayant probablement de le transporter quelque part.

Qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce qui se passait, bon sang ?

« Hmm, je pensais que quelque chose de louche se passait… », dit Geese

« Bizut, tu sais ce qui se passe ? » avais-je demandé.

« Juste ce à quoi ça ressemble. Ces types attaquent les hommes bêtes. »

Oui. C’est exactement ce à quoi ça ressemblait.

« J’imagine que ce sont eux aussi qui ont allumé les feux », ajouta Geese.

Ils avaient donc attaqué en mettant le feu. Presque comme des bandits. Il y avait vraiment des gens cruels. D’un autre côté, les hommes bêtes m’avaient emprisonné pendant une semaine alors que j’étais innocent de tout crime. Les gens disaient que les malédictions étaient comme des poulets : ils sont rentrés à la maison pour se percher.

« Quand même, c’est… un peu trop. »

Les filles étaient traînées par des hommes. Un enfant criait, appelant sa mère, qui essayait de les pourchasser, mais elle avait été abattue. Les guerriers hommes bêtes avaient essayé d’empêcher les enlèvements, mais leurs mouvements avaient été ternis. La fumée gênait leur vision et leur odorat. Les humains les avaient submergés par le nombre. Les hommes s’étaient retrouvés encerclés, forcés à une lutte acharnée.

Terrible, c’était vraiment terrible.

« Alors… patron. »

« Que veux-tu ? »

« De quel côté vas-tu te ranger ? »

Je jetais encore un coup d’œil sur la scène de crime. Un autre guerrier homme bête était tombé. Des hommes humains étaient entrés de force dans l’immeuble que le guerrier protégeait et en sortirent en traînant un enfant par les cheveux.

On pouvait facilement voir qui était au côté de la justice. Mais lequel était mauvais pour moi ?

Je n’avais aucune idée de qui étaient ces humains. Étant donné qu’ils enlevaient des enfants, ils travaillaient très probablement avec des marchands d’esclaves ou des contrebandiers, à qui j’avais une dette. Ils avaient fait traverser la mer à Ruijerd pour moi. Bien qu’on les ait compensés en tuant tout le monde dans cette base, j’avais donc pensé qu’on était quittes.

En comparaison, les hommes bêtes m’avaient faussement accusé et jeté en prison. Ils n’avaient rien écouté de ce que j’avais dit. Ils m’avaient déshabillé et jeté de l’eau glacée. Ils m’avaient laissé dans ma cellule. Sur le plan émotionnel, j’avais une mauvaise impression d’eux.

Et pourtant. Cette scène avant moi… était tout de même nauséabonde.

« Les hommes bêtes, bien sûr », avais-je finalement dit.

« Haha ! Maintenant, tu parles ! » me dit Geese avant de lever l’épée du cadavre le plus proche et de prendre position.

« D’accord, laisse-moi la ligne de front ! Je ne suis peut-être pas très doué avec une épée, mais je peux au moins être ton bouclier ! »

« Oui, je compte sur toi pour me protéger », dis-je en levant les deux mains vers le ciel.

D’abord, je devais éteindre ces flammes. J’avais utilisé Tempête, un sort de magie d’eau de niveau avancé. J’avais canalisé le mana dans ma main droite, évoquant des nuages gris dans le ciel. Je m’étais assuré que la portée et la puissance du sort étaient grandes. Je n’avais aucune idée de la distance à laquelle le feu s’était propagé, mais je pourrais probablement en éteindre la plus grande partie si j’étendais mon sort autant que possible. J’avais aussi augmenté le taux de précipitations pour que celle-ci descende comme une pluie diluvienne.

J’avais manipulé les nuages comme j’avais appris à le faire avec Cumulonimbus. J’avais comprimé mon mana jusqu’à ce qu’il forme un nuage, puis j’avais gonflé ce nuage de plus en plus sans laisser une seule goutte de pluie tomber. Personne ne m’avait remarqué. J’étais debout là, les bras levés vers le ciel. Et grâce à la fumée noire, ils n’avaient pas remarqué non plus les nuages qui poussaient au-dessus.

« Parfait ! »

Une fois les nuages assez gros, j’avais lâché l’emprise que mon mana avait sur eux.

« Whoa… »

Tout en réfléchissant, Geese regarda vers le haut alors que la pluie commença à nous tomber dessus comme une chute d’eau.

C’était un déluge qui frappa tout le monde. En quelques secondes, la zone avait été inondée. Les flammes sifflaient au loin alors qu’elles se dissipaient. Les gens regardaient le ciel, certains se méfiaient de la pluie soudaine. Bientôt, ils remarquèrent que je me tenais debout, les deux mains levées. L’homme le plus proche sortit son épée et se mit à courir vers moi.

« H-hey, qu’est-ce que tu vas faire, patron, ils arrivent ! »

« Quagmire ! »

Pendant que je prononçais le nom du sort, une fosse boueuse s’était ouverte en dessous d’eux. Incapables d’y marcher, les hommes perdirent l’équilibre et s’essoufflèrent.

« Canon de Pierre ! »

Je jetais le sort suivant sans un instant de retard, je les martelais avec mon sort de terre et je les assommais. C’était du gâteau. Ces types n’avaient rien de spécial.

« Ooh… c’était incroyable, patron ! »

J’ignorais les louanges de Geese et j’avançais. Les humains étaient ici, là et partout. J’avais commencé à les frapper avec mon canon de pierre. Je poursuivais cet assaut graduel et je reprenais les enfants qui avaient été enlevés. Si Ruijerd et Éris étaient là pour poursuivre les voyous, le travail aurait été beaucoup plus rapide, mais je devais être prudent puisque j’y allais seul.

***

Partie 2

Eh bien, pas tout à fait. J’avais Geese avec moi. Bien qu’il semblait plutôt inutile au niveau des compétences, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit d’une grande aide.

« Hé, il y a un magicien ici ! Il a éteint le feu ! »

« Bordel de merde ! C’est quoi ce bordel !? »

« Tuez-le ! Utilisez notre surnombre et ne le laissez pas incanter ! »

Comme j’étais distrait, des guerriers humains étaient venus me charger dessus, l’un après l’autre.

« Canon de Pierre ! »

J’avais tourné ma main vers eux et je les avais frappés avec mon sort. Un, deux, trois… Oh merde, non seulement ils avaient maintenant un leader, mais leur nombre était écrasant.

« Putain de merde ! Allons-y, alors ! Je ne vous laisserai pas mettre la main sur mon patron ! » Geese cria vaillamment, bien qu’il se retirait progressivement sur le côté. Inutile.

Qu’en était-il de moi ? Devrais-je aussi me replier ? Me demandais-je.

À ce moment précis, une ombre brune vola devant moi.

« Je ne sais pas qui vous êtes, mais merci pour votre aide ! »

Il parlait dans la langue du Dieu Bestial. C’était un homme bête ayant une queue de chien touffue et qui avait déjà dégainé son épée. Il avait abattu l’un des hommes qui venaient vers nous. Son attaque avec son épée avait tranché proprement et avait fait voler la tête de l’humain.

« Nous ne serons pas vaincus par ceux de votre espèce, maintenant que la pluie a nettoyé mon visage et que mon nez fonctionne correctement ! »

Oh, comme c’est héroïquement dit ! Mais cela s’était passé comme il l’avait dit : Tous les hommes bêtes de la région firent un retour en force.

« Petit magicien ! Aidez-nous à rassembler nos guerriers et à reprendre nos enfants ! »

« Compris ! »

L’homme bête devant moi semblait un peu surpris que je puisse répondre dans la langue du Dieu Bestial, mais il hocha la tête vigoureusement et hurla au loin. Plusieurs autres bêtes sautèrent des arbres ou des fourrés pour se joindre à nous. D’autres qui avaient vaincu leurs ennemis s’étaient précipités vers nous en courant.

« Gunther, Gilbad, venez avec moi. Nous allons travailler avec ce magicien pour sauver les enfants. Les autres, protégez cette zone. »

« Woo! »

Ils hochèrent tous la tête et se dispersèrent. J’avais aussi bougé, perdant de vue le guerrier qui s’était d’abord présenté devant moi. Geese m’avait suivi.

Les guerriers couraient en grande partie droit devant sans interruption, levant parfois le nez pour renifler l’air. Si nous rencontrions un humain en chemin, ils le tuaient rapidement.

C’était alors que nous avions entendu un cri strident qui ressemblait à celui d’un chien.

En regardant là-bas, nous avions trouvé un homme bête poussé dans un coin par trois humains. Les humains semblaient jouir de leur avantage numérique injuste, comme des chats qui tourmentaient une souris. Cela signifiait aussi que leur garde était baissée.

J’avais immédiatement assommé l’un d’eux avec un canon de pierre. Le guerrier qui courait à mes côtés sauta en avant et attaqua l’un des autres. Le dernier humain, paniqué par le fait que ses camarades avaient été tués si soudainement, avait été abattu par l’homme bête qu’ils avaient torturé.

« Laklana ! Tu vas bien !? »

« O-Oui, guerrier Gimbal ! Tu m’as sauvée ! »

L’homme bête qui avait été pris au piège était une femme. Une guerrière. À cause de son combat, elle était couverte de blessures.

J’étais sur le point de lui jeter un sort de guérison quand j’avais soudainement réalisé que je la connaissais.

Elle avait également été effrayée quand elle me regarda.

« Gimbal! Ce garçon est… »

« Pas notre ennemi. Il a invoqué la pluie il y a un instant. Il est habillé un peu bizarrement, mais il nous aide. »

« Quoi ? » sursauta-t-elle.

Sa confusion n’était pas seulement due au fait que seul un gilet de fourrure couvrait mon corps nu (ou plutôt à moitié nu). Je la connaissais. Je venais juste de découvrir son nom, mais je connaissais ses seins généreux et ses mains expertes en cuisine. C’était elle qui avait gardé notre cellule.

Son regard passa de Gimbal à moi, son visage devenant pâle. Elle s’était probablement souvenue du mauvais traitement qu’elle m’avait infligé et s’était rendu compte de l’erreur qu’elle avait commise.

Ne t’inquiète pas. Je ne t’en veux pas vraiment. Il arrive que les gens ne se comprennent pas bien et commettent des erreurs. Je suis Rudeus, l’éclairé et compatissant !, pensai-je.

Cela mis à part, elle avait besoin de me laisser lui jeter un sort de guérison sur elle.

Elle avait l’air en conflit alors que je m’apprétais à la guérir, se demandant ce qu’elle devait faire, si elle devait s’excuser ou non.

Avant que j’aie pu finir de la guérir, Gimbal cria : « Laklana, tu dois rentrer et garder la Bête Sacrée ! »

« D’accord… ! »

Elle ne m’avait pas remercié. Il semblerait pourtant qu’elle avait quelque chose à dire, même si elle avait suivi les ordres de Gimbal et s’était mise à courir au loin.

Notre poursuite continua. Nous avions ainsi quitté le village et nous étions entrés dans la forêt. À ce moment-là, un des guerriers m’avait laissé monter sur son dos parce que j’étais trop lent. De cette position, j’étais devenu une machine à lancer des canons de pierre.

Équipement d’épaule : Rudeus.

Une pièce d’équipement qui, en rencontrant un ennemi, détournera toute attaque en utilisant l’Oeil de la Clairvoyance, et abattra aussi automatiquement les ennemis.

Certes, j’avais mis assez de puissance pour assommer ces hommes, mais l’homme bête pouvait donner le coup de grâce si nécessaire.

« C’est le dernier ! »

Le dernier humain s’était arrêté au moment où nous l’avions rattrapé, larguant sa cargaison pour qu’il puisse dégainer son épée. La cargaison était un jeune garçon ayant un sac sur la tête et les mains liées derrière lui. À en juger par la mollesse avec laquelle il était tombé au sol, il était probablement déjà inconscient. L’homme s’agenouilla à ses côtés et mit une épée au cou de l’enfant. Un otage, hein ?

« Grrrrrr… ! »

Gimbal et les autres hommes bêtes grognèrent et encerclèrent le guerrier, maintenant leur distance.

L’homme semblait imperturbable en scrutant la scène, jusqu’à ce que ses yeux tombent enfin sur moi.

« Maître du chenil, qu’est-ce que tu fous ici ? »

J’avais reconnu son visage barbu. C’était Gallus. L’homme qui avait fait traverser la mer à Ruijerd pour moi, celui qui nous avait confié un travail. Celui qui travaillait pour cette organisation de contrebande.

« Eh bien, il s’est passé beaucoup de choses… et toi, Monsieur Gallus, pourquoi es-tu ici ? »

« Pourquoi ? C’était mon plan depuis le début. »

Gimbal et les autres nous regardèrent tous les deux, se demandant si nous étions des connaissances ou des camarades.

Je ne voulais pas vraiment en parler ici, mais je ne pouvais pas non plus me taire.

« Que veux-tu dire par là ? »

Gallus me répondit tout en crachant.

« Je n’ai pas besoin de te le dire. »

Eh bien, c’était vrai. Mais c’était un peu bizarre.

« C’est toi qui nous as demandé de sauver les enfants des hommes bêtes. Tu as dit que cela pourrait te causer des ennuis à l’avenir. Mais tu les kidnappes… alors quelles sont exactement tes intentions ? »

Gallus sourit et regarda autour de lui. Même s’il était entouré de trois guerriers hommes bêtes, de moi et de Geese, il semblait toujours détendu.

« Oui, les gosses étaient une chose, mais s’ils enlevaient aussi la bête sacrée de Doldia, ça nous attirerait vraiment des ennuis. »

Apparemment, ce chiot était le problème. J’aurais aimé qu’il le dise depuis le début. Il aurait pu au moins me dire de relâcher le chien.

« Je pensais qu’on avait un bon plan. On avait bien chronométré et divulgué des informations à la bande de guerriers de Doldia pour que vous vous rencontriez. Puis, pendant que le Superd les massacrait tous, nous nous faufilions, attaquions leur village et volions le reste de leurs enfants. »

« … »

« Il serait trop tard pour que leurs guerriers réalisent qu’il y a eu une attaque sur le village. Une fois la saison des pluies arrivée, ils seraient incapables de bouger et n’auraient plus qu’à pleurer pour s’endormir la nuit puisqu’ils ne pourraient pas nous pourchasser. »

Pendant la saison des pluies, la plupart des gens ne pouvaient pas quitter le village. Les contrebandiers avaient dû penser qu’ils pouvaient arrêter leurs poursuivants en choisissant le bon moment.

« Tu t’y prends de manière très indirecte », avais-je dit.

« Je te l’ai dit, nous ne sommes pas une organisation unie. Je ne peux pas laisser mes camarades me devancer. »

Comme c’était vulgaire. Il avait prévu de faire libérer les esclaves de ses camarades, puis il vendrait les siens. Il obtiendrait ainsi un énorme profit alors qu’ils n’obtiendraient même pas un sou. Son rang s’élèverait tandis que celui de ses camarades ayant échoué s’effondrerait. Après avoir soigneusement semé ses graines, Gallus en récoltait les fruits.

« Le sais-tu, maître du chenil ? Ces gamins Doldia se vendent à un prix exceptionnellement élevé. Une famille noble perverse du royaume Asura les adore et ces types paieront beaucoup d’argent pour eux. »

Ah, oui. Je crois savoir de quelle famille il parlait.

« Ça ne s’est pas exactement passé comme prévu, mais ton Superd a gardé le groupe de guerriers Doldia attaché au Porc Zant. Alors, pourquoi es-tu ici ? »

« J’ai tout fait foirer et je me suis fait prendre. »

« Ah ouais, alors pourquoi ne te joins-tu pas à moi ? »

À ces mots, Gimbal tourna son regard vers moi. Il semblait comprendre la langue des hommes jusqu’à un certain point, et il me regardait avec méfiance. J’aurais vraiment préféré qu’il ne fasse pas ça.

« Monsieur Gallus… Désolé, mais quand je sauve des enfants, je ne suis pas le maître de chenil Ruijerd. Je suis Ruijerd de la tribu superd. Et Ruijerd ne pardonne jamais ceux qui veulent vendre des enfants comme esclaves. »

« Hah, donc la Dead End aime faire semblant d’être du côté de la justice, hein ? »

« C’est ce que j’aimerais que les gens croient. »

Les négociations avaient échoué.

Gallus garda son épée sur le cou de l’enfant alors qu’il se tenait debout. Il jeta un coup d’œil autour de Gimbal et de ses hommes, qui essayaient d’encercler Gallus, et gloussa.

« Je vois… Eh bien, Maître du chenil, tu as fait une erreur. »

Je viens de te dire que je ne suis pas le maître du chenil, je suis Ruijerd, pensais-je en me prenant la tête.

***

Partie 3

Deux hommes de Gimbal se glissèrent derrière Gallus, furtifs comme des chats, s’approchant de lui.

« Vous 5, vous n’avez aucune chance de me battre. »

Le trio lui sauta dessus presque instantanément. Par-derrière et à droite, le guerrier A arriva en coupant, et à gauche, le guerrier B arriva en rafale pour tenter de sauver l’enfant. Gimbal utilisa ce battement pour attaquer Gallus par l’avant.

Contre ces bêtes agiles, Gallus se déplaçait presque paresseusement. D’abord, il lança l’enfant à Gimbal. Gimbal attrapa le gamin dans ses bras tandis que le guerrier B, qui avait maintenant perdu sa cible, tâtonna pendant une fraction de seconde. À ce moment-là, en profitant de l’élan qu’il avait acquis en se débarrassant de l’enfant, Gallus pivota et frappa le guerrier A. Sa lame était un sabre long commun, qu’il utilisa pour dévier l’attaque qui venait avant de l’enfoncer dans le thorax du guerrier A.

Il sortit son épée tout en reculant vers le guerrier B au moment où ce dernier bafouillait son attaque. À ce moment-là, le guerrier B et Gimbal étaient tous deux en ligne directe devant Gallus, et comme les bras de Gimbal étaient bloqués par l’enfant qu’il avait récupéré, il ne pouvait pas bouger. De nulle part, Gallus tira une courte épée avec sa main gauche et l’enfonça profondément dans la poitrine du guerrier B. Puis il se servit du corps du guerrier comme bouclier et fonça droit sur Gimbal.

Gimbal glissa l’enfant sous son bras et essaya d’intercepter Gallus, mais il était déjà trop tard. Gallus déclencha son attaque entre les jambes de son bouclier, perçant Gimbal. Lorsque Gimbal laissa tomber l’enfant et commença à s’effondrer, Gallus avait instantanément passé sa lame à travers le cou de son adversaire.

Rapide, précis et terminé en quelques secondes. Je n’avais même pas eu l’occasion d’aider. Pendant que je regardais avec stupéfaction, les guerriers hommes bêtes versèrent du sang de leur bouche avant de s’effondrer là où ils se tenaient.

« Vous êtes sérieux ?, » avais-je dit, incrédule.

« H-hey, patron, c’est mauvais. Il n’a utilisé que le Style du Dieu du Nord. De plus c’est le style Atofe. Pas d’astuce intelligente, c’est juste un style de combat brut résultant de l’expérience de l’affrontement de plusieurs adversaires au combat. »

Gallus avait réagi à la voix paniquée de Geese tout en riant.

« Tu connais tes affaires, l’homme singe. C’est vrai, je suis le Nettoyeur, le Saint Gallus du Nord. », dit Gallus.

Celui-ci avait déjà récupéré son otage.

C’était mauvais. Je ne pensais pas qu’il soit aussi fort que Ruijerd, mais à ce rang, il était probablement encore trop fort que je puisse le gérer seul. Jusqu’à quel point pourrais-je le combattre avec mon Œil de la Clairvoyance ?

« Assez intéressant, n’est-ce pas ? Le Style du Dieu du Nord a même une tactique pour se battre en utilisant un otage. »

Je m’étais souvenu à quel point mon père dans ce monde, Paul, avait l’habitude de dénigrer longuement le style de Dieu du Nord. Maintenant, je comprenais mieux. Je pourrais comprendre pourquoi quelqu’un détesterait un style qui avait des tactiques de combat comme ça. C’était une honte. C’était vraiment sournois. Je voulais qu’il se batte loyalement.

« Eh bien, viens, maître du chenil. Ou n’es-tu qu’un lâche qui a perdu ses tripes ? Vas-tu me laisser partir maintenant ? »

Aucune critique mentale ne changera notre situation. Je devrais peut-être le laisser partir ? Je n’étais pas comme Ruijerd. Je n’avais pas un sens de la justice si fort au point de risquer ma vie pour sauver des enfants que je ne connaissais même pas. La seule personne qui valait le coup que je risque ma vie était Éris.

« Quoi ? Alors tu ne vas vraiment pas venir vers moi ? D’accord, c’est très bien. Faisons-nous une faveur à tous les deux. »

En revanche, Gallus semblait se méfier de moi. Peut-être qu’il m’avait vu utiliser la magie pour arrêter les feux de forêt. Je lui avais aussi montré que je pouvais utiliser la magie silencieuse. Il pourrait venir jeter un coup d’œil au moment où il verrait la moindre indication que j’allais lancer quelque chose.

Même si Gallus estimait mes capacités, je ne pouvais rien faire pour l’instant. Même si j’utilisais mon Œil de la Clairvoyance, vaincre un maître sabreur comme Gallus sans blesser l’otage était très probablement impossible. Si l’attaquer signifiait la perte de ma précieuse vie, je n’avais d’autre choix que de le laisser partir.

« D’accord », commença à dire Gallus.

« À plus tard, maître du chenil. Si on se revoit quelque part… »

« RAAAAAAH ! »

À ce moment-là, alors qu’il baissait sa garde pour prendre son otage dans ses bras, un flou blanc attaqua Gallus sur le côté. Il lui mordit dans la main qui maniait l’épée.

« Gaaaaah ! Qu’est-ce que c’est !? »

C’était un chien. Cet énorme Shiba Inu blanc avait soudainement sauté des buissons et mit ses crocs dans Gallus.

J’avais bougé de façon réfléchie, utilisant la magie pour créer une onde de choc entre Gallus et l’otage.

« Guh !? »

Cela créa un recul qui les força à s’éloigner l’un de l’autre. La Bête Sacrée avait également pris ses distances au moment de l’impact.

Gallus récupéra son épée et se tourna vers moi.

« Merde, maître du chenil ! Je savais que tu viendrais contre moi ! »

Ses yeux brûlaient de haine, comme si c’était moi qui avais lancé l’attaque initiale.

« Exactement comme le disaient les rumeurs ! Tu lâches vraiment tes chiens sur les gens. Quel tour de passe-passe ! »

Quel genre de rumeur était-ce !? Non, à part ça, le plus important, c’était que j’essayais d’aider Gallus là-bas.

« Grrrrrr… ! »

La Bête Sacrée était prête pour la bataille. Avant même que je ne m’en aperçoive, elle s’était mise à mes côtés, prenant une position de soutien avec son corps accroupi bas.

« C’est exactement ce que j’attendais de toi, patron. Prends soin de mes cendres pour moi après ma mort. »

Le nouveau, Geese, s’était placé juste un peu en face de moi, tenant timidement son épée à ma disposition.

Gallus n’avait pas laissé tomber sa garde un seul instant lorsqu’il avait pris position directement en face de moi. J’avais l’impression que je ne pouvais plus reculer, même si je le voulais. Eh bien… J’avais décidé de faire en sorte que la bête se sente redevable envers moi, alors pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ?

« Désolé, Gallus. Mais Ruijerd de la Dead End ne peut pas être le méchant. »

Les mots semblaient assez héroïques, mais ma situation n’était pas idéale. Nous étions actuellement trois contre un, mais les guerriers hommes bêtes d’avant, qui avaient certainement l’air plus forts que notre groupe actuel, avaient tous été massacrés instantanément. Pour l’instant, Gallus n’avait pas son otage, mais tout ce que nous avions, c’était un groupe de trois personnes peu fiables : un débutant, un chiot et moi. J’aurais bien aimé que Ruijerd soit parmi nous, mais… Non, c’était une bonne occasion pour moi de m’exercer.

« Patron… gagne-moi un peu de temps. »

Au moment où je me préparais mentalement, le nouveau me chuchota cela à voix basse. Avait-il un plan ?

« Comme c’est un épéiste du Style du Dieu du Nord, je crois que j’ai quelque chose qui va le faire trébucher. »

« … Ok. »

Je me mis directement devant lui. Cela voulait donc dire que j’allais affronter directement un épéiste de rang Saint ? Merde, mon cœur battait furieusement. Calme-toi, calme-toi, m’étais-je dit.

« Woof ! »

Comme pour me donner du courage, la boule de poils à côté de moi aboya.

« Graaah ! »

En guise de réponse, Gallus donna un coup de pied au sol. Il s’était précipité vers nous, et la Bête Sacrée s’était précipitée à sa rencontre.

Il va contourner et attaquer la Bête Sacrée d’en bas en lançant une attaque cinglante. Je pouvais le voir. Si j’utilisais mon canon de pierre… Non, la Bête Sacrée était dans ma trajectoire. J’avais besoin d’un sort différent. Que fallait-il utiliser ? Le nouveau m’avait dit d’attirer son attention, alors…

« Explosion ! »

« Gaaah ! »

Tout comme la Bête Sacrée avait surgi devant Gallus, j’avais lancé une petite explosion juste devant ses yeux.

« Pas assez bon ! »

Gallus fit tomber tout le poids de son corps afin de rouler. Il parvint à s’échapper par-dessous la Bête Sacrée, et après un tour, il commença à se tenir debout…

Juste au moment où il commencera à se tenir debout, il viendra me frapper d’en bas.

« Ha ! »

Je m’étais retiré pour échapper à l’attaque. Ce n’était pas loin. Si je n’avais pas eu l’Oeil de la Clairvoyance, je serais mort sur le coup.

« Tsk, tu as donc réussi à éviter celle-là ! », cria Gallus alors qu’il avançait de nouveau en fouettant sa lame dans les airs.

Il va me couper l’abdomen de côté, puis utiliser cet élan pour une entaille en réponse.

Si je pouvais le voir, je pourrais l’éviter. Il était plus rapide qu’Éris, mais il n’avait pas ce rythme unique qui la rendait si difficile à lire. Je ne vis aucune ouverture qui m’aurait permis de lancer une contre-attaque, mais j’avais vu la Bête Sacrée remonter à la périphérie de ma vision, afin qu’elle puisse venir mordre Gallus par-derrière.

Il va soudainement changer de main, puis il tournera son corps afin de sauter vers le haut.

Pendant un moment, je n’avais pas compris cela. Je ne comprenais pas ce que signifiaient les mouvements de Gallus.

« Gah... ! »

Par réflexe, je m’étais mis sur le côté au lieu de reculer. Quand j’avais réalisé ce qui se passait, son épée courte m’avait foncé dessus et me traversa le dessus du pied. Même à travers la douleur intense qui me traversa le corps, j’avais pu voir ce qui allait se passer ensuite.

Gallus brandit son épée, prêt à la balancer.

Mon cerveau avait lentement compris ce qui s’était passé. C’était son pied, il m’avait lancé son épée avec son pied. C’était probablement un atout caché ! Pouvoir voir l’avenir ne m’avait pas du tout aidé face à un adversaire comme lui. J’aurais dû m’en douter !

« C’est fini, maître du chenil ! »

« Graaah ! »

La Bête Sacrée lui sauta dessus et enfonça ses dents dans l’épaule de Gallus.

« Gwah ! Espèce de petit… ! »

« Yelp ! »

Le chiot hurla pendant qu’il s’écrasait violemment sur un arbre.

Profitant de ce moment, j’avais canalisé du mana dans ma main et j’avais lancé un canon de pierre.

« Tsk ! »

Mon sort s’était envolé vers lui à toute vitesse, mais Gallus l’avait coupé en deux en plein vol. Des étincelles s’échappèrent de la lame quand elle s’était détachée de la main de Gallus. Bien, maintenant je pourrais profiter de cette opportunité pour arracher l’épée courte de mon-

Gallus va prendre l’épée à ses pieds, et ce sera la fin.

Oh non. C’est alors que j’avais réalisé qu’à un moment donné, il avait réussi à m’envoyer à l’endroit où se trouvaient les corps de ces hommes bêtes. La lame à ses pieds leur appartenait. Il m’avait conduit ici.

***

Partie 4

« Je t’avais dit que c’était la fin. Arrête de lutter, maître du chenil ! »

J’avais canalisé le mana entre mes deux mains, misant mes derniers espoirs là-dessus. Le temps semblait ralentir. Gallus prit position, l’épée baissée vers les hanches, sur le point de déclencher son attaque. Même si je déclenchais une onde de choc pour mettre de la distance entre nous, il était déjà trop tard. Au lieu d’utiliser un canon de pierre avant, j’aurais mieux fait d’arracher le couteau de mon pied ou d’utiliser l’onde de choc. J’avais fait le mauvais choix.

« Attaque originale du Style du Dieu du Nord, Bombe Pleureuse ! »

À ce moment-là, j’avais entendu la voix du débutant qui m’appelait par-derrière. Quelque chose s’était soudainement envolé au-dessus de ma tête, un sac noir ? De cette manière, ma vision de Gallus s’était brouillée.

Gallus va se déplacer pour couper le sac plein de poudre en deux, mais il hésitera et se couvrira le visage avec les deux bras à la place.

Le sac frappa le visage de Gallus. Une substance semblable à de la cendre lui explosa dessus. C’était un produit qui l’aveuglera, avais-je deviné. Mais malheureusement, cela avait échoué… Attendez, non, il s’était ouvert !

C’était à ce moment-là que j’avais terminé mon sort et que j’avais déclenché une explosion de feu dans l’espace qui nous séparait. Mon corps avait été projeté en arrière à une vitesse ridicule. Pendant une fraction de seconde, ma conscience m’avait quitté.

J’avais enduré la douleur qui avait ravagé mon corps et l’un de mes pieds et qui m’avait forcé à revenir conscient. La blessure sur mon pied était… bien. Apparemment, l’impact avait libéré le couteau. Tous mes orteils étaient encore intacts. Je pourrais utiliser la magie de guérison pour récupérer après cela. Pour être honnête, je ne pouvais pas marcher sans me faire assez mal, mais ce n’était pas le moment de se plaindre. Je devais me tenir debout maintenant et me battre. La bataille n’était toujours pas terminée.

« Hein… ? »

Gallus était déjà par terre, allongé face contre terre. Son corps ne bougeait même plus.

« … Woo-hoo ! On a réussi ! »

Quand j’avais jeté un coup d’œil de côté, j’avais vu Geese avec son poing en l’air.

« Dès que ces gars ayant le Style du Dieu du Nord entendent le nom de “Bombe Pleureuse”, ils se couvrent le visage à deux mains ! »

Je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait, mais apparemment ceux qui avaient été formés dans le style de Dieu du Nord avaient des habitudes bizarres. Quoi qu’il en soit, j’avais approché Gallus avec beaucoup de prudence.

« Hé, patron, fais attention ! »

Tout comme le novice me l’avait conseillé, j’étais toujours sur mes gardes pendant que je surveillais notre adversaire inconscient. J’avais ramassé son épée, qu’il avait laissée tomber tout près, et je l’avais jeté. Quand je le fis, la Bête Sacrée sauta en l’air et attrapa l’épée dans sa bouche avant de revenir vers moi, la queue remuant vigoureusement.

Oui, oui, tu es un bon garçon. Mais jouons au frisbee une autre fois, d’accord ?, pensais-je

« Bizut, prends ça. »

J’avais tapoté la tête du chiot plusieurs fois avant de lancer l’épée sur Geese. Puis je pris un bâton et je commençai à l’utiliser sur Gallus.

Il n’avait pas bougé. Même le fait de le passer autour des yeux ne l’avait pas fait sourciller. Je lui attachais les mains et les jambes et lui mis un bâillon dans la bouche, mais ses yeux restèrent fermés. Il semblait complètement inconscient.

« On a gagné. »

Tandis que les mots sortaient de ma bouche, la Bête Sacrée gémissait et Geese, qui avait enlevé le sac de la tête de l’otage, riait. Avions-nous vraiment gagné ? J’étais encore en train de me prélasser dans la lueur de la victoire quand l’enfant otage s’était réveillé et s’était mis à sangloter. Peu de temps après, les guerriers hommes bêtes arrivèrent enfin.

◇ ◇ ◇

C’était un cas unique d’enlèvement. L’organisation de contrebande avait préparé une opération à grande échelle. Ils avaient prévu de voler la Bête Sacrée, la divinité gardienne de Doldia. Leurs motivations exactes n’étaient pas claires, mais apparemment, beaucoup de gens désiraient la Bête Sacrée à cause de sa spécificité.

Cela dit, même le simple enlèvement de la Bête s’avérerait difficile. En supposant qu’ils y parviennent, les hommes bêtes, avec leur sens de l’odorat avancé, seraient sur la piste des contrebandiers et reprendraient immédiatement la Bête. C’était la raison pour laquelle l’organisation avait exécuté son plan juste avant la saison des pluies.

La saison des pluies durait trois mois. Chaque campement était occupé par les préparatifs et les guerriers de chaque village avaient les mains liées. Cela dit, il était impossible de naviguer sur un navire en pleine saison des pluies. Donc, juste avant le début des pluies, ils voleraient la Bête et l’emmèneraient sur le continent démon. De cette façon, ils pourraient s’en tirer facilement et les guerriers ne pourraient pas les poursuivre.

Les hommes bêtes étaient, bien sûr, vigilants. Pendant les préparatifs de la saison des pluies, il était interdit aux enfants de sortir et même les adultes étaient prudents. Il allait sans dire que la Bête sacrée était également bien gardée pendant cette période. L’organisation avait également pris cela en considération.

Ils avaient d’abord employé tous les ravisseurs de la région, puis ils avaient attendu patiemment. Au bon moment, ils attaquèrent chaque village et enlevèrent simultanément des femmes et des enfants. C’est à ce moment que les guerriers paniquèrent. L’organisation avait délibérément engagé ces personnes pour réduire les enlèvements au cours de l’année afin que les tribus bêtes abaissent par conséquent leur garde. Ensuite, les passeurs enlevèrent en une fois des femmes et des enfants de plusieurs camps.

Ils envoyèrent également des groupes de forces armées prêts à frapper ces villages, mais laissèrent le village de la tribu Doldia intact. Comme cela signifiait que les guerriers de Doldia étaient inoccupés, les autres villages leur demandèrent de l’aide. Les Doldia durent diviser leurs forces pour apporter de l’aide aux différentes colonies.

En conséquence, les défenseurs du village de Doldia avaient été laissés en sous-effectif. C’est à ce moment que l’organisation de contrebande utilisa ses forces d’élite pour attaquer. Ils réussirent à enlever non seulement la petite-fille du chef de tribu, mais aussi la Bête Sacrée. Il s’agissait d’une tactique de guerre éclair où des forces mineures distrayaient d’autres colonies alors que la force principale atteignait son véritable objectif.

L’attaque des forces armées, l’enlèvement d’enfants et l’enlèvement de la Bête Sacrée… Avec tout cela, peu importait à quel point les guerriers hommes bêtes étaient exceptionnels s’il n’y en avait pas assez. Le chef de tribu, Gustav, avait décidé d’abandonner les enfants. Il rassembla ses guerriers et renforça les défenses du village, puis se mit à la recherche de la Bête Sacrée. La Bête était un symbole important pour leur village.

Il semblerait qu’ils découvrirent la zone d’attente des contrebandiers par pur hasard. Ils avaient eu un bon tuyau et marchèrent sur le bâtiment en question. Pour l’instant, ignorons simplement que la source de cette information était une force distincte dirigée par Gallus.

C’est là que l’histoire que je ne connaissais pas débuta : l’histoire de ce que Ruijerd fit pendant la semaine où il m’avait laissé dans cette cellule.

Apparemment, Ruijerd s’était fâché ouvertement contre les contrebandiers quand il avait entendu parler de ce qui avait mené à tout cela. Il avait proposé d’attaquer leur navire avant qu’il ne quitte le port. Gustav, cependant, désapprouvait.

« Nous ne savons pas sur quel bateau sont les enfants, et ils savent comment supprimer notre odorat. »

C’est sur ce point que Ruijerd était intervenu. Il disait fièrement qu’il pouvait utiliser le cristal sur son front pour les chercher. Quant à Éris, elle n’avait pas participé, car elle avait pris sur elle de garder les enfants. Avec un grand sourire sur son visage, pourrais-je ajouter. C’était certainement dû au sang des Greyrat.

Quoi qu’il en soit, l’attaque de Ruijerd s’avéra être un succès. Malheureusement pour les contrebandiers, il découvrit leur navire et ne les captura qu’après les avoir tous battus à mort. Les enfants sortirent des profondeurs du navire en traînant les pieds. Ils étaient au moins une cinquantaine. Tout le monde avait été sauvé et c’était une belle fin heureuse, yay ! … Non.

Les responsables du port de Zant affirmèrent qu’il s’agissait d’une attaque contre le dernier voyage en partance de ce port avant le début de la saison des pluies. Il y avait des marchandises importantes stockées sur ce navire et l’attaquer était un crime grave.

Gustav, bien sûr, protesta. L’enlèvement et l’asservissement des Hommes bêtes étaient un crime pour le saint pays de Millis et les chefs tribaux de la Grande Forêt. Le fait d’être puni pour avoir arrêté cela sur leurs propres côtes semblait bizarre, dit-il. Cela ne fit qu’exaspérer les responsables du port de Zant. Ils insistèrent sur le fait qu’ils auraient dû être informés à l’avance. Mais ils venaient de maîtriser les contrebandiers en un rien de temps. Ils n’avaient donc pas eu le temps de s’expliquer. En plus, il y avait cinquante victimes. Pas cinq, pas dix, mais cinquante enfants ! Un ou deux avaient été enlevés dans chaque campement. Les responsables du Port de Zant n’avaient rien remarqué de tout cela. En fait, certains fonctionnaires avaient reçu des pots-de-vin pour prétendre qu’ils ne savaient rien.

C’était une violation du traité. Si on laissait cela tel quel, cela créerait une énorme fissure dans la relation entre les hommes bêtes et le saint pays de Millis. Dans le pire des cas, une guerre s’ensuivrait. C’est pour vous dire à quel point la situation était devenue désastreuse. Sous les ordres de Gustav, les guerriers furent appelés au port de Zant et se tinrent à l’entrée de la ville, face à sa garnison.

Finalement, le Port de Zant céda. Ils versèrent aux Hommes bêtes une grosse somme d’argent à titre d’indemnité. Il fallut environ une semaine pour que ces négociations aboutissent et que les enfants soient rendus à leurs parents. C’était la raison pour laquelle j’avais passé une semaine dans cette cellule. On s’était occupé de moi en dernier.

Il n’y avait pas d’autre choix. En fait, j’avais trouvé étonnant qu’ils aient réussi à accomplir autant de choses en seulement une semaine.

C’était là que Gallus profita de la situation. Les défenses du village de Doldia avaient été affaiblies lorsque Gyes appela sa bande de guerriers au port de Zant. Accompagné de ses troupes, Gallus prit d’assaut le village. Il l’avait fait pour la raison exacte qu’il avait mentionnée plus tôt. Lui et ses camarades en qui il avait confiance kidnapperaient les enfants, et c’était lui qui ferait du profit.

Gallus cibla la période juste avant le début de la saison des pluies. Il s’y était préparé en menaçant le chef des chantiers navals de lui construire secrètement un seul navire. Il avait dû planifier ça depuis un moment. Les choses ne s’étaient pas passées exactement comme il l’avait prévu, mais il avait été tout de même en capacité d’agir. Malheureusement pour lui, ses ambitions ne se réalisèrent pas. En fin de compte, son plan échoua et il fut remis aux responsables du port de Zant. La question avait donc été résolue, et nous avions eu notre fin heureuse.

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