Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Un démon dans l’entrepôt

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Chapitre 4 : Un démon dans l’entrepôt

Partie 1

Le tracé du port Zant était similaire à celui du port Venteux. Il y avait un certain nombre de collines vallonnées en son sein, et un port qui était plus animé que la ville elle-même. La guilde des aventuriers était plus proche du port que du centre de la ville.

Cela dit, il y avait des contrastes. Il y avait ici beaucoup plus de bâtiments en bois qu’à Port Venteux. Ils avaient également été peints dans des multitudes de couleurs, peut-être pour protéger la matière de l’air salin de la mer. Des arbres bordaient la route, et on pouvait voir une forêt au-delà de la limite de la ville.

Le vert était partout. C’était un contraste frappant avec le Continent Démon, qui était tout blanc, tout gris et tout brun. Un océan était tout ce qui séparait les deux continents et pourtant c’était comme des mondes différents.

J’aurais dû m’y attendre puisque c’était le Continent Millis, mais il n’y avait plus ce mélange bizarre de différentes tribus de démons parmi les gens qui erraient dans les rues comme auparavant. Au lieu de cela, il y avait des races bestiales, des elfes, des nains et des hobbits, des races de gens qui ressemblaient tous beaucoup aux humains.

Avant d’aller nous chercher une auberge, j’avais dû vérifier l’état de nos finances. Dans la monnaie du Continent Démon, nous avions deux pièces de minerai vert, dix-huit pièces de fer en acier, cinq pièces de ferraille et trois pièces de pierre. C’était tout ce que j’avais à dire. Lorsque nous l’avions échangé, nous avions reçu trois pièces d’or Millis, sept grandes pièces de cuivre Millis et deux pièces de cuivre Millis. C’était moins que ce que je pensais, mais je m’en doutais. C’était à cause des frais de transaction. Si nous avions eu recours à une entreprise de change qui n’avait pas été agréée par la guilde, ils en auraient sûrement pris plus. Cette valeur se situait toujours à l’intérieur d’une fourchette acceptable.

« On devrait rester dans une auberge près de la guilde, non ? »

« Oui, nous avons besoin d’assumer des missions », avait convenu Éris.

Cela dépendait de la tournure des événements de ce soir. En supposant que tout se passe bien, nous prendrions des quêtes de la guilde tout en répandant simultanément la bonne réputation de la Dead End. Jusqu’à présent, il semblerait que ce nom ne soit pas très connu sur le continent Millis. Le jour où ce nom perdra toutes ses terribles associations pourrait bientôt être proche de nous.

C’était dans cet esprit que nous avions commencé à chercher une auberge près de la guilde. Mystérieusement, il ne restait plus de chambres dans toutes les auberges à prix avantageux. C’était la première fois que j’en faisais l’expérience. Bien sûr, on nous avait déjà refusés parce que l’auberge était pleine, mais je n’aurais jamais imaginé que la plupart d’entre eux seraient comme ça.

Y avait-il un festival ou quelque chose comme ça ? Quand j’avais demandé, un des propriétaires de l’auberge me répondit :

« La saison des pluies est presque arrivée. Presque toutes les bonnes auberges seront pleines à craquer. »

La saison des pluies était un phénomène météorologique propre à la Grande Forêt, une pluie continue qui durait trois mois. Le déluge rendait la Grande Forêt, ainsi que la route, impraticable. En conséquence, il y avait beaucoup de personnes qui avaient réservé de longs séjours dans les auberges.

Généralement, la plupart des gens évitaient de rester coincés dans un endroit comme celui-ci pendant la saison des pluies, mais apparemment, à cause aux pluies qui les rejetèrent vers la ville, certains monstres n’apparaissaient que pendant cette période. Les matériaux récoltés de ces monstres valant beaucoup d’argent, beaucoup d’aventuriers étaient venus en ville et restèrent pendant cette saison.

Quand j’entendis ça, je décidais de changer mes plans. Si nous passions les trois mois suivants à ratisser diligemment de l’argent comptant ici, nous pourrions gagner suffisamment pour couvrir toutes nos dépenses pour le reste du voyage. Nous pourrions aussi faire connaître le nom de Ruijerd en même temps. Décider d’un plan d’action rendrait le reste de notre voyage sur le continent Millis plus agréable et relaxant.

Cela dit, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, pas vrai ? Nous n’avions pas beaucoup d’argent, et nous ne pouvions pas non plus trouver une auberge où rester. Les seuls endroits ayant des chambres disponibles étaient soit bien au-dessus de notre budget, soit excessivement merdiques.

Vous ne pouviez pas payer avec l’argent que vous n’aviez pas, alors nous n’avions qu’une seule option : prendre résidence dans un terrain insalubre et rester dans ce qui était, franchement, un bidonville. La nuit coûtait trois grosses pièces de cuivre et il n’y avait pas d’autres services offerts, y compris les repas. Au moins, c’était bon marché, et suffisamment décent si on ne l’utilisait que pour dormir. Nous étions restés dans des endroits bien pires sur le Continent Démon. Bien que cela vaille la peine d’aller ailleurs une fois qu’on aura réussi à économiser de l’argent.

« Hmm, je suppose que ce n’est pas si mal ! »

Éris était la fille d’une famille noble, mais elle n’émit aucune plainte quant à l’état de délabrement de l’édifice ou à son manque de services.

En fait, c’était moi qui émis le plus de plaintes.

« Personnellement, j’aimerais un logement plus agréable. »

« Tu agis comme un gros bébé. »

Même si je voulais lui répondre par : « Ah oui ? C’est toi qui le dis », je n’avais pas pu. Je m’étais souvenu que cette jeune fille « noble » dormait profondément sur une botte de foin dans une écurie infestée de gardons qui puait le fumier de cheval. Elle n’était pas comme moi. J’aspirais toujours à la chaleur d’un bon lit, même après ma réincarnation.

J’avais décidé de ne pas « agir comme un gros bébé ». Tout ce que j’avais pu faire, c’était utiliser la magie pour créer un vent chaud qui annihilerait tous les acariens, puis nettoierait rapidement la pièce. Je n’étais pas forcément un accro de l’hygiène. Honnêtement, j’aimais que les choses soient un peu en désordre, mais parfois, dans des auberges comme celles-ci, les gens qui passèrent avant nous oubliaient certaines de leurs affaires. Il pouvait y avoir des pièces de monnaie sous le lit ou une petite bague tombée sous une armoire. Nous pouvions empocher tout l’argent que nous trouvions, mais parfois, s’il l’on trouvait une bague ou quelque chose de semblable, il y avait une demande à la guilde pour cela. Cela pourrait nous valoir un peu d’argent, quel que soit le rang de la demande. Généralement, on ne gagnait que quelques piécettes, mais parfois, cela pouvait vous rapporter une grosse somme. C’était la raison pour laquelle j’avais soigneusement nettoyé la chambre.

Pendant ce temps, Éris emprunta une pièce pour faire une simple lessive. Puis elle effectua rapidement des entretiens de routine sur son équipement. Le temps que nous ayons fini tous les deux, le soleil commençait à se coucher.

« Éris, il est temps pour nous d’aller chercher Ruijerd. »

Je m’étais tout de suite souvenu où se trouvait notre auberge. Les bidonvilles étaient proches, ce qui signifiait que la sécurité publique n’était pas une garantie.

Une fois, on avait dormi dans une auberge près des bidonvilles. Un cambrioleur s’était introduit dans notre chambre pendant qu’on travaillait. Ruijerd avait suivi les traces de l’escroc et l’avait sévèrement puni, mais les biens qu’il nous avait volés avaient déjà été transmis à quelqu’un d’autre et nous ne les avions jamais récupérés. Les articles n’étaient pas particulièrement importants pour nous à l’époque.

Je n’avais donc pas l’intention de laisser quoi que ce soit de précieux dans cette chambre d’hôtel pendant notre absence. Néanmoins, il serait prudent de mettre en place des mesures préventives contre le crime. Cela m’avait aussi donné un bon prétexte pour ne pas emmener Éris avec moi.

« Éris, tu restes ici et tu surveilles nos bagages. »

« Tu me laisses ici ? Je ne peux pas venir avec toi ? »

« Ce n’est pas ça, c’est juste que l’endroit où l’on se trouve n’est pas vraiment sûr. »

« Qu’importe, ce n’est pas comme si ce que nous avions possédait une valeur quelconque. »

J’étais sous le choc. Éris n’avait pas réalisé l’importance de la prévention du crime. Nous serions en difficulté si on nous volait nos biens quotidiens, car nous n’avions pas l’argent pour les remplacer. Je devrais profiter de cette occasion pour lui inculquer l’importance de se protéger contre les voleurs potentiels.

« Ne le comprends-tu pas ? Quelqu’un pourrait voler les sous-vêtements que tu viens de laver. »

« La seule personne qui volerait quelque chose comme ça, c’est toi ! »

J’avais gémi intérieurement devant cette remarque.

… Mais tu sais, Éris, je n’ai jamais essayé de voler tes sous-vêtements après que tu les aies lavés. Pas même une seule fois.

◇ ◇ ◇

Je marchais dans la ville la nuit, seul. Éris avait mis du temps à se laisser convaincre. Mais la prévention du crime était vraiment importante.

On nous avait demandé de faire notre travail de nuit, mais notre employeur n’avait jamais précisé l’heure. Après le coucher du soleil, tout allait bien tant qu’on sauvait les captifs. Nous étions libres d’opérer sur notre temps libre. Cependant, avec la saison des pluies qui approchait, les contrebandiers seraient impatients de déplacer leur navire le plus rapidement possible, de sorte que nous ne pouvions pas traîner.

À l’heure actuelle, Ruijerd était traité comme un esclave. Ils auraient fait le strict minimum pour le garder en vie, mais il avait peut-être subi des traitements sévères la semaine dernière. Ils ne lui avaient sûrement rien donné de décent. Il devait avoir faim. Et quand les gens avaient faim, ils se mettaient en colère. C’était pour ça que je devais me dépêcher.

Avec la lance de Ruijerd dans une main, je m’étais dirigé vers le quai, puis vers la jetée sur le bord. Il y avait quatre grands entrepôts en bois. Je m’étais glissé à l’intérieur de celui étiqueté « Entrepôt Trois. »

À l’intérieur, il y avait un homme seul qui nettoyait tranquillement. Il avait l’une des coiffures les plus courantes au début du siècle, un mohawk. Je m’approchai de lui et lui demandai :

« Yo, Steve. Comment va Jane, tu sais, celle qui vit près de la plage ? »

C’était notre mot de passe.

Mohawk me jeta un regard perplexe.

« Hé gamin, qu’est-ce que tu fais là ? »

Oh merde, est-ce que je m’étais trompé ? Non, ce n’était pas ça. Peut-être qu’il ne m’avait pas cru parce que j’étais un enfant.

« Je fais une course pour mon maître. Je viens chercher de la cargaison. »

L’homme semblait comprendre une fois que j’avais dit ça. Il hocha la tête doucement et dit : « Suis-moi. ».

Il alla ensuite plus loin dans l’entrepôt.

Je l’avais suivi en silence. Au fond de l’entrepôt se trouvait une boîte en bois assez grande pour accueillir cinq personnes. Mohawk tira une torche de l’intérieur et la boîte bougea. Un escalier était apparu en dessous. Mohawk bougea son menton comme s’il me disait de descendre.

Comme je le fis, je réalisais que nous étions dans une grotte humide. Mohawk suivait derrière moi avec sa torche allumée et continua sa route. Je l’avais suivi, en faisant attention à l’endroit où je posais mes pieds afin de ne pas glisser.

Nous avions continué à marcher pendant près d’une heure. Finalement, nous avions quitté la grotte et nous nous étions retrouvés au milieu de la forêt. Apparemment, nous étions maintenant à l’extérieur de la ville. Nous avions continué à marcher jusqu’à ce que nous découvrions un grand bâtiment caché parmi des rangées d’arbres. Il ne ressemblait pas du tout à un entrepôt, mais plutôt à une villa d’homme riche.

C’était donc leur zone de stockage.

« Je suis sûr que tu le sais déjà, mais tu ferais mieux de garder cet endroit secret. Si tu ne le fais pas… »

« Oui, je sais. »

***

Partie 2

J’avais fait un signe de tête ferme. Si je le disais à quelqu’un, il me traquerait et me tuerait, non ? Gallus me l’avait déjà dit à Port Venteux. Ils auraient mieux fait de me faire signer avec du sang plutôt que s’en tenir à une promesse uniquement verbale. Alors pourquoi ne l’avaient-ils pas fait ? Parce qu’il y avait des races qui n’avaient pas d’empreintes digitales. En outre, il était probable que personne ne voulait s’engager à écrire quelque chose comme ça. Cela ne laisserait que des preuves de leurs actes répréhensibles.

« … »

Mohawk frappa à la porte d’entrée. Bang, bang, bang. Bang, bang, bang. Il devait y avoir une règle sur la façon de la frapper.

Au bout d’un moment, un homme aux cheveux blancs et à l’uniforme de majordome apparut de l’intérieur. Il vérifia nos deux visages avant de dire sèchement : « Entrez. »

C’est ce qu’on fit. Devant nous, un escalier conduisait au deuxième étage. De chaque côté se trouvait un autre ensemble qui menait au sous-sol. Il y avait des portes à droite et à gauche. Franchement, ça ressemblait à un hall d’entrée d’un manoir. Dans un coin, des hommes à l’air louche avaient les coudes croisés sur une table ronde.

J’avais commencé à me sentir nerveux.

C’est alors que le majordome aux cheveux blancs me regarda, des soupçons dans ses yeux, en me demandant : « Et qui tu as envoyé ? »

« Ditz. »

C’était le nom que Gallus nous avait dit de dire.

« Lui, hein ? Pourtant, je ne m’attendais pas à ce qu’il utilise un enfant pour ça. Il est vraiment prudent. »

« Telle est la nature des marchandises que nous manipulons. »

« Hm, en effet. Prends-le vite, alors. C’est terrifiant et au-delà de notre pouvoir. »

Le majordome sortit un anneau de clés de sa poche de poitrine et en passa une à Mohawk.

« Chambre 202. »

Le Mohawk hocha tranquillement la tête. Nous avions commencé à marcher.

J’entendais le grincement du plancher sous ses pieds, ainsi que le bruit de quelqu’un qui gémissait quelque part dans le bâtiment. L’odeur d’un animal s’échappait parfois. C’est alors que j’avais remarqué qu’il y avait une pièce adjacente à la zone principale avec des barres de fer en travers. J’avais jeté un coup d’œil à l’intérieur. Dans la faible lumière qui filtrait, je pouvais voir un cercle magique sur le sol. Dans ses limites se trouvait une grande bête enchaînée et étalée. Il faisait trop sombre pour en être certain, mais je n’avais jamais vu ce genre de créature sur le Continent Démon auparavant. Ça devait être quelque chose d’indigène sur le Continent Millis.

Où étaient ces esclaves qui avaient été emmenés captifs ? On nous avait dit de les libérer, mais on ne nous avait pas dit où ils se trouvaient. Peut-être que Ruijerd le saurait.

Mohawk descendit des escaliers situés plus profondément à l’intérieur du manoir. Le majordome avait dit chambre 202, alors j’avais supposé qu’elle ce situerait à l’étage, mais il semblerait qu’elle se trouvait au sous-sol.

« Elle est donc au sous-sol, hein ? »

« Le deuxième étage n’est qu’un leurre pour tromper les gens. »

Cela signifiait donc que les objets du deuxième étage ne posaient aucun problème si quelqu’un les trouvait. Les marchandises qui étaient fortement taxées ou qui, si elles étaient passées en contrebande, seraient passibles d’une peine sévère étaient gardées au rez-de-chaussée.

« Ça y est. »

Mohawk s’arrêta devant une porte avec une plaque qui disait « 202 ». Quand je jetais un coup d’œil à l’intérieur, j’avais vu Ruijerd avec les mains menottées derrière le dos, des brins de cheveux d’émeraude commençant à apparaître sur sa tête. Il n’était pas surprenant qu’après l’avoir laissé comme ça pendant une semaine, il avait maintenant l’air d’avoir de la mousse qui poussait sur le dessus de sa tête.

« Merci pour votre aide. »

Mohawk hocha la tête et prit son poste devant la porte d’entrée. Je supposais que c’était un guetteur.

« N’enlève pas ses menottes ici. Il n’y a rien qu’on puisse faire pour arrêter un Superd si ça devient incontrôlable. »

Mohawk avait l’air un peu pâle quand il dit ça.

Il semblerait que les cheveux de couleur émeraude, malgré le fait qu’il y en ait peu sur la tête de Ruijerd, étaient efficaces. Mohawk serait encore plus terrifié si j’enlevais les liens de Ruijerd et commençais à le commander. Non, il n’était pas nécessaire de faire un numéro comme ça, prétendant être le faible génie maléfique qui contrôlait le monstre.

Où ai-je mis la clé de ses menottes ? J’avais fouillé ma poche de poitrine, mais elle était introuvable. Je l’avais peut-être laissée à l’auberge. C’était trop dérangeant, alors j’avais décidé d’utiliser ma magie. En m’approchant de Ruijerd, j’avais remarqué un regard sinistre sur son visage.

Ouais, je le savais. Les gens s’énervent quand ils ont faim. Attends encore un peu et on te donnera à manger, pensais-je

« Rudeus, rapproche ton oreille », chuchota Ruijerd.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Alors que je rapprochais mon visage plus près du sien, Mohawk sembla paniquer et dit :

« H-hey ! Arrête ça ! Il va te l’arracher ! »

Non, ne t’inquiète pas. C’est de Ruijerd qu’on parle, il me laissera partir en un seul morceau, pensai-je en me penchant plus près.

« Ils ont kidnappé des enfants. Sept au total. »

Oh ? C’était plus que ce à quoi je m’attendais.

« Des enfants de races bestiales. Pris contre leur volonté. Je les entends pleurer, même d’ici. »

« C’est peut-être eux qu’on est censés sauver ? »

« Je ne sais pas. Mais il n’y a personne d’autre ici. »

Les enfants. Des esclaves, je suppose. Parmi eux se trouvait la personne dont Gallus disait qu’elle leur causerait des ennuis à l’avenir. Ou peut-être que c’était quelqu’un d’autre, quelqu’un d’important.

« Nous allons les sauver, bien sûr. Pas vrai ? »

« Eh bien, après tout c’est un travail que nous avons accepté », lui avais-je répondu.

Quoi qu’il en soit, on pourrait vérifier chaque pièce pour s’en assurer. Il ne restait qu’un seul problème.

« Il y a beaucoup de gardes du corps dans cette bâtisse. »

« Je le sais », dit-il.

« Alors qu’est-ce qu’on va faire d’eux ? »

Même si c’était de Ruijerd que nous parlions, il lui serait toujours difficile de passer inaperçu et de libérer tous ces esclaves.

« Tuons-les tous. »

Effrayant !

« Tuons-les tous, hein… ? »

« Ils ont kidnappé des enfants. »

Il avait un regard d’incrédulité sur son visage. Comme si je l’avais trahi.

Ce n’était pas comme si j’avais exprimé mon opposition. Gallus n’avait jamais précisé quelles méthodes nous pouvions et ne pouvions pas utiliser. À en juger par sa façon de parler, il avait probablement supposé que je laisserais Ruijerd les massacrer tous. Mais j’avais initialement prévu de le relâcher et de partir, puis de m’infiltrer furtivement afin de libérer les captifs. J’avais l’impression que mes plans étaient trop naïfs. Les tuer tous ne sera peut-être pas une manière d’honorer le nom de la tribu de Ruijerd, du moins à mon avis, mais nous n’avions pas le choix cette fois-ci.

« N’en laisse pas un seul vivant. »

Je n’avais pas dit ça pour être impitoyable ou cruel. Une organisation de contrebande récompenserait un client qui les avait trahis en envoyant des assassins qu’ils avaient élevés depuis leur naissance. La seule chose qui attendait les traîtres était une mort impitoyable.

Je n’étais pas sûr de ce que Gallus ferait après ça. Il pourrait envoyer des assassins à nos trousses pour nous faire taire. Tant que Ruijerd était avec nous, nous n’avions pas peur des assassins, mais nous ne pourrions pas dormir en paix. Rien ne garantissait non plus que Ruijerd soit toujours avec nous.

« OK, laisse-moi faire. »

Ouah, c’était exactement la réponse à laquelle je m’attendais, Ruijerd ! Ce sont des mots réconfortants.

« Je ne laisserai personne en vie. Pas une seule. »

Effrayant. Une veine bleue s’était formée sur son front. Dernièrement, je pensais qu’il s’était un peu adouci, mais aujourd’hui, il avait soif de sang. Qu’est-ce que ces contrebandiers avaient fait pour l’énerver à ce point ?

« Puis-je demander ce qu’ils ont fait à ces enfants ? »

« Tu le sauras quand tu les verras. »

Cela ne me disait vraiment rien

« Ne t’inquiète pas. Tu n’auras pas besoin de te salir les mains », dit Ruijerd, en comprenant mal mon comportement.

Mon corps s’était figé et je lui avais dit : « Non. » Ses paroles étaient comme une épine qui me piquait le cœur.

« Je vais… aussi le faire. »

C’était vrai qu’au cours de l’année écoulée, j’avais évité de prendre la vie de qui que ce soit. J’avais tué des bêtes sans me poser de questions, même celles qui étaient humanoïdes. Mais je n’avais pas commis de meurtre. En partie parce que je n’en avais pas besoin, mais il y avait aussi beaucoup de raisons pour que je ne le fasse pas. Je n’avais jamais eu l’envie de tuer quelqu’un.

Ce monde était impitoyable. C’était un monde où les gens se battaient quotidiennement à la vie à la mort. Un jour ou l’autre, je devrais tuer quelqu’un. C’était une situation que je vivrais un jour. Je pensais m’y être préparé mentalement, mais ce que j’avais fait n’était pas de la préparation mentale. Tout ce que j’avais fait, c’était de réduire la force de mon canon de pierre à un niveau tel qu’il ne pouvait tuer personne.

En fin de compte, j’avais des scrupules à prendre la vie de quelqu’un. Je pourrais prétendre le contraire si je le voulais, mais la vérité était que je ne voulais pas briser le tabou du meurtre. Je ne m’étais pas préparé, je ne pouvais pas me préparer. Ruijerd l’avait senti. C’était pour ça qu’il avait dit ce qu’il avait dit. Il veillait sur moi.

« Ne fais pas cette tête. Tes mains servent à protéger Éris. »

Eh bien… Je suppose qu’il avait raison. Ça ne servait à rien de me forcer à tuer. J’avais décidé aujourd’hui de laisser le travail à Ruijerd. S’il pouvait le faire tout seul, il valait mieux le lui confier. Peu importe si cela fait de moi une mauviette. Il valait mieux se concentrer sur ce que j’étais capable de faire que sur ce que je n’étais pas.

« Très bien alors. Je vais libérer les enfants. Sais-tu où ils sont ? »

« La porte d’à côté. »

« Très bien alors. Essaye de rassembler les cadavres. Nous les brûlerons tous après. »

« Compris. »

Sans plus tarder, j’avais enlevé ses menottes. La porte grinça lorsque Ruijerd se leva lentement.

« Hé, toi ! Comment diable as-tu pu enlever tes menottes !? », dit le Mohawk, paniqué.

« Ne t’inquiète pas. Il écoutera ce que je dis. »

« Vraiment ? »

Mohawk semblait un peu soulagé de m’entendre dire ça.

Je passais la lance à Ruijerd.

« Même s’il va quand même devenir fou, de toute façon. »

« Hein… ? »

Mohawk avait été la première victime. Ruijerd l’avait tué sans faire de bruit. Puis, tout aussi silencieusement, il courut vers les escaliers. Je m’étais déplacé dans la direction opposée à la pièce où les enfants étaient détenus.

« Gaaaaaah ! »

« Un Superd ! Il a enlevé ses menottes ! »

« Merde ! Il tient une lance ! »

« C’est un démon ! Aaaaah, c’est un démon, aaah ! »

Les cris au rez-de-chaussée commencèrent dès que j’avais atteint la porte.

 

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