Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 2 – Partie 5

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Chapitre 2 : Rencontre manquée

Partie 5

Son poing m’avait touché au milieu du visage. Ma tête heurta le sable de la plage tout en tombant au sol. J’avais été laissé allongé là, face contre terre.

J’avais tendu la main pour vérifier s’il n’y avait pas de blessures. J’allais bien, n’est-ce pas ? J’espérais qu’il n’abîmerait pas complètement mon beau visage. Je n’avais pas un visage détruit maintenant, n’est-ce pas ?

« Te rends-tu ? »

Je pouvais sentir que c’était au moment où il me le demandait.

« Oui, j’admets ma défaite. »

Je pensais que je pouvais gagner quand j’avais vu la première vision, mais les choses n’étaient pas si simples.

« Mais maintenant, tu comprends, n’est-ce pas ? »

J’avais pris la main qu’il m’avait tendue et je m’étais levé.

« Non, pas du tout. Le futur que j’ai vu s’estompait. Comment as-tu fait ça ? »

« Je n’ai aucune idée de ce que tu as vu, mais j’avais décidé que si tu essayais de te défendre avec ta main, je l’attraperai et si tu ne le faisais pas, je te frapperais. C’était tout ce qui m’était passé par la tête. »

En d’autres termes, tant qu’il pouvait deviner ce que j’allais faire ensuite, il pouvait y réagir. Il y avait une telle lacune dans nos niveaux de compétences que ma capacité de voir une seconde dans l’avenir ne signifiait finalement rien. On pourrait dire que c’était semblable au shogi. Même si un novice pouvait voir un coup d’avance, il ne lui était toujours pas possible de battre un maître.

Les habitants de ce monde étaient, à un degré inhabituel, hautement qualifiés. Il y en avait probablement beaucoup d’autres qui pouvaient se battre comme Ruijerd.

« Plus important encore, j’ai déjà combattu quelqu’un avec le même œil de démon. Depuis, je me bats avec l’idée que tout le monde a les mêmes capacités. Toi et moi avons différents niveaux d’expérience. »

« C’est vrai. »

Il avait donc utilisé son expérience pour combattre l’Oeil de la Clairvoyance. Peut-être que les styles d’épées de ce monde avaient aussi des moyens de contrer le pouvoir d’un œil de démon, par exemple, la longue épée de lumière du Style du Dieu de l’Épée. J’avais eu l’impression que même si vous pouviez le voir, vous ne pourriez pas l’éviter.

« On dirait que j’ai pris un peu d’avance sur moi-même. »

Il semblerait que les faiblesses de l’œil du démon étaient déjà établies de longue date, comme trouver un moyen de bloquer la vision du possesseur, utiliser un bouclier, attaquer par-derrière, ou même combattre dans le noir.

Tout cela mis à part, cet œil avait toujours son attrait. J’avais après tout battu Éris. Rien que de penser à la façon dont je pourrais l’utiliser à partir de maintenant me faisait battre mon cœur. J’avais prédit tout ce qu’Éris ferait. C’était un revirement complet de la façon dont les choses se déroulaient avant. En d’autres termes, avec de la pratique, je pourrais même être capable de prédire les mouvements de Ruijerd.

C’est alors que l’ermite était apparu avec un pouf dans ma tête, avec sa tête chauve et ses lunettes de soleil.

« Maintenant, tu n’as plus besoin de te faire frapper tout le temps pour voir jusqu’où tu es allé », dit-il.

Très bien, alors. Merci, ermite aimant les seins. Hmm. En pensant à toutes les façons dont je pourrais utiliser cet œil, mon cœur s’était envolé!

◇ ◇ ◇

Quand j’étais rentré à l’auberge, l’air rêveur, je trouvais Éris perchée sur le lit, les genoux serrés contre sa poitrine. Oh, c’était vrai, je l’avais oubliée. Elle était déprimée. Pendant ce temps, mon ermite intérieur avait sauté sur sa tortue et avait disparu ailleurs.

« Euh, Éris ? »

« Que veux-tu ? »

Après notre bataille, Ruijerd m’avait dit ce qu’ils avaient fait la semaine dernière. Apparemment, c’était un entraînement spécial. Pas du genre pervers, bien sûr. Pour se fortifier, Éris se consacrait chaque jour à la pratique de l’épée. En conséquence, elle avait réussi à le battre une fois.

Elle avait battu Ruijerd une fois. C’était extraordinaire. Je n’y arriverais probablement jamais de toute ma vie. Apparemment, Éris était devenue assez arrogante à cause de ça. C’était pour ça que Ruijerd m’avait utilisé pour dégonfler son ego.

Sérieusement, c’était quoi cette histoire ? C’était sa propre erreur et pourtant ce guerrier loliconique m’avait fait nettoyer son bordel. Pourtant, c’était efficace. Son ego avait tellement gonflé après avoir revendiqué la victoire contre un adversaire qu’elle n’avait jamais battu auparavant (Ruijerd), pour se faire ensuite percer en perdant contre un adversaire qui ne l’avait jamais battue auparavant (moi).

Cela dit, je ne pensais pas que c’était la bonne façon de procéder. Je savais ce que c’était de commencer enfin à penser ainsi, et peut-être que j’avais compris le problème. Vous vous sentiez complètement malheureux, comme si tout ce que vous aviez fait jusqu’à présent n’avait servi à rien.

Bien sûr, peut-être que ça l’avait aidée à se rafraîchir la tête. Peut-être qu’elle ne ferait plus de grosses erreurs maintenant. Mais Éris était probablement dans une période de croissance rapide. Je ne pensais pas que vérifier son ego était la bonne réponse. Au lieu de cela, il était préférable de la laisser monter aussi haut pour qu’elle puisse se développer encore plus vite. Ensuite, vous pourriez souligner ses lacunes et les corriger par la suite.

« Tu es vraiment devenue très forte, Éris. »

« C’est bon, tu n’as pas besoin de me réconforter. Je savais que je ne pouvais pas te battre, de toute façon. »

Toujours irritable, elle se mordit la lèvre inférieure.

Hmm, que pouvais-je lui dire ? Je n’avais pas de bonnes phrases pour ces moments-là.

Ruijerd n’était pas revenu dans la chambre avec moi. C’était de sa faute si son ego était devenu incontrôlable, alors j’avais souhaité qu’il fasse quelque chose, même s’il était vrai que c’était moi qui avais vraiment fait éclater sa bulle.

Mais si je pouvais la réconforter correctement, son compteur d’affection s’élèverait sans aucun doute. Elle tomberait follement amoureuse de moi, et nous resterons collés l’un l’autre, joue contre joue, dans une parade nuptiale. Ruijerd avait dû supposer que c’était ce qui allait arriver, et c’était pour ça qu’il nous avait laissés seuls.

« Ne perds pas toute ta confiance. J’ai entendu dire que tu as réussi à battre Ruijerd une fois. C’est incroyable, non ? »

J’avais pris place à côté d’elle pendant que je parlais. Quand je l’avais fait, Éris appuya son corps contre le mien. Le doux parfum de sa sueur me remplissait les narines. C’était une bonne odeur, mais j’avais dû me retenir. J’avais besoin d’être un gentleman dans cette situation.

« C’est de la triche, Rudeus. Tu as obtenu un œil de démon pour toi-même pendant que je me cassais la gueule… »

J’avais frémi. Ma tête s’était engourdie instantanément. Mon loup intérieur s’était rétracté, la queue fermement repliée entre ses pattes. Je n’avais rien pu répondre.

Elle avait raison. Qu’est-ce qui me rendait si heureux ? C’était de la triche. Ce que j’avais fait était malhonnête. Le pouvoir de l’œil du démon n’était pas quelque chose pour lequel j’avais travaillé durement afin de l’obtenir. C’était juste tombé sur mes genoux. Tout ce que j’avais fait, c’était d’acheter de la nourriture dans un stand et errer dans les ruelles. C’est vrai, il m’avait fallu une semaine pour maîtriser ses pouvoirs. Mais c’était tout. Je n’avais pas du tout lutté. Qu’est-ce que je faisais en utilisant ce pouvoir et en faisant semblant d’être heureux d’avoir battu Éris quand elle avait passé une semaine entière à travailler dur, trempée de sueur ?

« Je suis désolé. »

« Ne t’excuse pas. »

Éris était devenue complètement silencieuse après ça. Mais elle ne s’était pas éloignée de moi. Mon cœur battait normalement face à son odeur ou la chaleur de son corps, mais cette fois-ci, ce n’était pas le cas. Au lieu de cela, j’avais juste eu honte, comme si sa chaleur et l’odeur de sa transpiration me critiquaient. L’air était lourd.

Peut-être qu’il était préférable pour moi de ne pas utiliser l’œil du démon à moins que ce ne soit absolument nécessaire. Sa commodité pourrait entraver ma croissance. Je l’avais compris après avoir combattu Ruijerd.

Pour l’instant, le plus important n’était pas de savoir comment utiliser cet œil de démon. Au lieu de cela, j’avais besoin d’affiner ma capacité de combat. C’est vrai, j’étais un meilleur combattant quand j’utilisais l’œil. Mais mes compétences finiraient par plafonner si je comptais là-dessus. Compter sur une béquille ne reviendrait me hanter que plus tard. C’était dangereux. J’avais failli me laisser prendre au piège dans les projets de ce diable perfide, l’Homme-Dieu.

J’avais décidé de n’utiliser mon œil de démon qu’en ultime recours.

◇ ◇ ◇

Cette nuit-là, j’avais passé du temps à réfléchir par moi-même.

En fin de compte, nous n’avions pas encore trouvé le moyen de traverser l’océan. Avais-je foiré quelque part? J’avais assez bien suivi les conseils de l’Homme-Dieu, mais je n’avais gagné que l’œil du démon.

Était-ce censé aider d’une manière ou d’une autre? Comme avec le jeu? Mais les plaisirs comme le jeu n’existaient pas ici, sur le Continent Démon. Et s’ils existaient, ils seraient probablement en train de parier sur des bagarres entre deux personnes. Cela ne me rapporterait pas beaucoup d’argent. Nous pourrions utiliser Ruijerd comme gladiateur et facturer des frais de participation d’un fer brut avec une cagnotte de cinq pièces de minerai vert, mais il finirait par manquer d’adversaires.

Hmm. Peu importe à quel point j’y pensais, je ne pouvais trouver aucune solution. Nous étions toujours dans la même situation que lorsque nous avions reçu le conseil de l’Homme-Dieu. D’une certaine manière, nous avions perdu une semaine. Gaspillé une semaine entière.

« OK… je suppose que je vais devoir le vendre. »

Prononcer ces mots à voix haute m’avait aidé à renforcer ma détermination.

Heureusement, Ruijerd n’était pas là ce soir et Éris était déjà au bord de son lit avec son ventre découvert. Cela serait gênant si elle attrapait un rhume, alors j’avais mis une couverture sur elle.

Il n’y avait personne pour m’arrêter. Vraisemblablement, le prêteur sur gages de la ruelle était toujours ouvert, non? Après tout, les magasins qui traitaient d’articles suspects étaient toujours ouverts la nuit. Avec mon bâton dans une main, je quittais l’auberge.

Je n’avais descendu que trois marches à l’extérieur.

« Où vas-tu si tard dans la nuit? »

Ruijerd était sur mon chemin. Il n’était pas dans la chambre, alors j’avais pensé qu’il était ailleurs. Clairement, je m’étais trompé. Bon sang, qu’est-ce qu’il essayait de faire, espionner les gens? Je devais en quelque sorte le duper.

« Euh, j’allais juste dans l’un des bordels, afin d’aller m’amuser de manière sexy et dangereuse jusque tard dans la nuit. »

« Et tu as besoin de ton bâton pour coucher avec une femme? »

« Euh… c’est un accessoire pour des jeux sexuels. »

J’étais silencieux. Je savais que ça ne suffirait pas.

« As-tu l’intention de le vendre ? »

« … Oui. »

Sa question était si précise que j’avais dû avouer.

« Je vais te le redemander. Vas-tu vendre ce bâton ? »

« Oui. Ce bâton est fait de matériaux de très bonne qualité, donc il devrait se vendre assez cher. »

« Je ne parle pas de ça. Ce bâton n’est-il pas important pour toi ? Comme ce pendentif. »

Il avait tenu le pendentif de Roxy, pendu autour de son cou.

« Oui, c’est tout aussi important. »

« Si des problèmes similaires se produisaient à l’avenir, vendras-tu aussi ce pendentif ? »

J’avais fait une pause.

« Si c’était nécessaire. »

Il prit une grande inspiration. Je pensais qu’il allait crier, même s’il n’était pas du genre à élever la voix, à moins que cela n’ait quelque chose à voir avec les enfants. Mais il n’avait pas crié. Au lieu de cela, il poussa un soupir, me disant.

« Je n’abandonnerais jamais ma lance, même si j’étais accolé contre un mur. »

« C’est parce que c’est un souvenir de ton fils, non ? »

« Non, parce que c’est l’incarnation de l’esprit d’un guerrier. »

Un esprit de guerrier, hein ? C’était des mots élégants, mais ils ne nous feraient pas traverser l’océan.

Il y avait une tristesse dans les yeux de Ruijerd.

« Tu as dit qu’on avait trois options avant. »

« Oui », avais-je validé.

« Je ne me souviens pas t’avoir entendu dire que la vente de ton bâton était l’une de ces options. »

« Ça ne l’était pas. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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