Mushoku Tensei (LN) – Tome 4 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Port Venteux

Partie 2

Une mission de rang B sur le continent des démons vous permettait d’amasser entre cinq et dix pièces de ferraille, ce qui faisait 150-200 pièces de monnaie en pierre. Si les missions du Continent Millis classées B valaient la peine, supposons cinq grosses pièces de cuivre, cela représenterait 1 500 pièces de pierre. C’était donc dix fois plus. Il valait mieux se faire de l’argent sur le Continent Millis.

Cela dit, si nous avions le temps de faire des quêtes avant que notre navire soit prêt, nous prendrions probablement l’un des emplois ici. En général, on ne prenait que des missions de rang B. Non seulement les missions classées A et S étaient dangereuses, mais la plupart d’entre elles duraient plus d’une semaine. Si nous voulions un revenu quotidien constant, les emplois de rang B étaient notre meilleure option. C’est aussi la raison pour laquelle je n’avais pas l’intention d’élever notre groupe au rang S, car cela signifierait que nous ne pourrions plus accepter de missions de rang B.

En fait, en tant que groupe de rang A, vous pourriez entreprendre de toute façon des missions classées S. J’avais d’abord mis en doute la nécessité d’avoir un rang S dans le système de classement des groupes. Quand j’avais interrogé un membre du personnel de la guilde à ce sujet, il m’avait dit qu’il y avait des avantages spéciaux si vous passiez au rang S. Je n’avais pas cherché plus loin, mais j’avais deviné que cela signifiait obtenir des rabais plus importants pour l’hébergement, se voir attribuer des emplois de guilde de meilleure qualité, ou l’assurance qu’ils fermeraient les yeux sur certains agissements douteux d’un groupe. Quelque chose comme ça.

Ceux qui bénéficiaient le plus de ces avantages étaient principalement les aventuriers qui allaient plonger dans des labyrinthes. Notre groupe n’avait pas de tels plans. C’était dangereux et il fallait des jours pour terminer une telle entreprise. Nos missions étaient principalement de rang B, et nous n’avions pas l’intention de passer au rang S dans un avenir proche.

Éris, bien sûr, n’était pas d’accord sur ce point.

Pour en revenir au point principal, nous étions des aventuriers dont le principal motif était de gagner de l’argent, donc si aller au Continent Millis était le moyen le plus rapide de le faire, embarquer immédiatement sur un bateau était dans notre meilleur intérêt.

« Au fait, d’où partent les bateaux ? » avais-je demandé.

« Du port, bien sûr. »

« Oui, mais dans quelle partie du port ? »

« Demande à quelqu’un », dit Ruijerd.

« Oui, monsieur. »

Je m’étais approché du guichet. Derrière, il y avait une femme humaine. En fait, la plupart des membres du personnel étaient en général des femmes et, pour une raison ou une autre, elles avaient tendance à être généreusement dotées, probablement à des fins esthétiques.

« J’aimerais aller sur le Continent Millis, savez-vous ce que je devrais faire pour y arriver ? », ai-je expliqué.

« Veuillez poser vos questions au poste de contrôle. »

« Poste de contrôle ? »

« Une fois à bord d’un bateau, vous serez au-delà des frontières de notre pays. »

En d’autres termes, la guilde n’avait aucune juridiction sur les voyages internationaux, donc son personnel n’avait pas la responsabilité de me guider sur ce sujet. Hm. Dans ce cas, il était temps de se diriger vers le poste de contrôle. Puis, au moment où j’allais demander une explication plus approfondie…

« Hé, toi ! »

Une voix forte résonnait dans la pièce. Quand j’ai regardé en arrière, Éris avait frappé un homme humain. Il semblait que notre ogive nucléaire se sentait particulièrement explosive aujourd’hui.

« Qui et où crois-tu avoir touché !? »

« C’était un accident ! De toute façon, qui voudrait toucher un cul comme le tien ? »

« Je m’en fiche si c’était un accident ou pas ! Tes excuses ne le sont pas ! »

Éris était devenue très compétente en langue démoniaque. Plus elle se débrouillait, plus elle se battait souvent. Après tout, le fait qu’elle comprenne ce que l’autre parti disait n’était clairement pas une si bonne chose.

« Gahahahaha ! Qu’est-ce que c’est, une bagarre !? »

« Allez, attrapez-les ! »

« Allez, ne laisse pas un gamin te botter le cul ! »

Les bagarres entre les membres de la guilde étaient si fréquentes que la guilde n’avait même pas pris la peine de s’impliquer. En fait, certains membres du personnel avaient même participé en faisant des paris.

« Je vais t’écraser sous mes pieds ! »

« Je suis désolé, j’admets ma défaite. S’il vous plaît, laissez-moi partir, ne saisissez pas ma jambe, stop ! »

Pendant que j’étais distrait, Éris avait jeté l’homme à terre. Dernièrement, elle était devenue une experte dans le blocage d’une personne contre un mur. Elle agissait sans prévenir et décimait son adversaire avec une précision incroyable. Et alors que je réfléchissais à ce qui avait pu si bien l’énerver, elle avait déjà son pied appuyé fermement dans le point sensible de son adversaire. Ces aventuriers classés C n’étaient pas de taille face à elle.

Chaque fois que ses querelles atteignaient un certain point, Ruijerd intervenait toujours.

« Stop », dit-il.

« Lâche-moi, je ne vais pas m’arrêter ! »

« Tu as déjà gagné. Laisse tomber. » Dis Ruijerd.

C’était le même spectacle que d’habitude. Je ne pouvais vraiment pas l’arrêter. Cela était dû au fait que ma façon de l’arrêter était de lui lancer mes bras par-derrière, et c’était à ce moment-là que ma vie serait en danger.

Quelqu’un avait crié : « Un chauve et une rousse féroce… ! Seriez-vous la Dead End ? »

Le silence était tombé de l’autre côté du couloir, et puis :

« Dead End… Veux-tu dire ce démon de la race des Superds… ? »

« Idiot ! Le nom du groupe. Ces fausses rumeurs ont fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps ! »

« J’ai aussi entendu dire que ces rumeurs étaient vraies. »

Oh ?

« J’ai entendu dire qu’ils sont brutaux, mais qu’ils ne sont foncièrement pas si méchants. »

« Tiens donc, il est brutal, mais il est gentil ? Allez, c’est un peu contradictoire. »

« Non, je voulais dire qu’ils ne sont pas tous brutaux. »

La guilde était tombée dans des murmures étouffés.

C’était la première fois que nous vivions quelque chose comme ça. Apparemment, notre groupe était devenu assez célèbre. Je suppose qu’on n’avait pas besoin de répandre la bonne réputation de Ruijerd ici, hein ?

« C’est un groupe de premier ordre ayant seulement trois membres. »

« Oui, c’est incroyable. Quoi qu’il en soit, ça doit être eux. »

« Le chien enragé Éris et le chien de garde Ruijerd, c’est ça ? »

Ils avaient tous les deux des surnoms ! Chien enragé et chien de garde, hein ? Je me demandais pourquoi ils étaient tous les deux des chiens. Et aussi, quel genre de chien serais-je, alors ? J’avais essayé de m’imaginer ça une minute. Ce ne sera certainement pas un chien de combat. Je n’avais rien fait d’assez grand pour mériter ce titre, et je n’avais pas non plus l’air vaillant. Au cours de la dernière année, j’agissais en tant que leader pour le groupe. Alors peut-être un nom plus intellectuel, comme chien fidèle.

« Alors ce nain là-bas doit être le maître du chenil Ruijerd ! »

« J’ai entendu dire que le maître du chenil est le plus méchant de tous. »

« Oui, il ne fait que des choses horribles. »

Qu’est-ce que c’est que ce bordel !

Non seulement le surnom était différent de ce que j’avais imaginé, mais ils ne se souvenaient même pas de mon nom ! Non, attendez, il est vrai que j’utilisais le nom de Ruijerd tout le temps, non ? Pourtant, chaque fois que je faisais quelque chose de bien, je proclamais toujours : « Je suis Ruijerd de la Dead End, et ne l’oublie pas ! » En attendant, chaque fois que je faisais quelque chose de mal, je gloussais fort et je disais : « Mon nom est Rudeus, bwahahahaha ! » Ils n’auraient pas dû confondre les deux, n’est-ce pas ?

Hmm. Après une année de dur travail, j’avais été un peu choqué de découvrir que les gens se souvenaient du nom de tout le monde sauf du mien. Eh bien… Il semblerait que j’avais une image négative attachée à moi, mais au moins les gens n’utilisaient pas mon vrai nom. En plus, maître du Chenil n’était pas un si mauvais titre. Je me demandais ce qu’Éris en penserait ?

« Mais il est plutôt petit. »

« Je parie que c’est ce gamin là-bas, vu qu’il est tout petit ! »

« Hé, hé ! Si tu commences à l’appeler gamin, il te lâchera ses chiens ! »

« Gahahahaha ! »

Avant que je ne réalise ce qui se passait, ils commencèrent à se moquer tous de moi pour quelque chose qui n’avait aucun rapport. Dommage pour eux, j’étais encore en pleine croissance (et je m’en sortais bien, en plus), donc oui, je n’étais peut-être qu’une pousse de bambou pour l’instant. Mais le jour où je deviendrais un arbre magnifique et robuste n’était pas loin.

Ah, oublions ça. Si on se moquait de nous comme ça, Éris retournerait en mode rage démoniaque… c’était du moins ce que je pensais. Au lieu de cela, elle n’arrêtait pas de me jeter des regards avec ses joues rouge vif et rougissantes. Aww, comme c’est adorable !

« Éris, qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Ce n’est rien ! »

Heh heh heh heh. Si ça t’intéresse tant que ça, jette un coup d’œil pendant que je prends ma douche ce soir. Ne t’inquiète pas, je vais tout expliquer à Ruijerd. Si tu veux, on peut même se laver ensemble. Bien sûr, une main, une jambe, un corps ou même une langue pouvaient glisser dans le processus…

Bref, trêve de plaisanterie. Il était temps pour nous de passer au poste de contrôle. Je partirais d’ici avec toute la dignité que l’on attendait d’un « maître de chenil ».

« Mlle Éris, Monsieur Ruijerdoria ! Allons-nous-en ! »

« Pourquoi fous-tu en l’air mon nom comme ça… ? »

« Hmph ! »

Nous étions partis tout en ayant attiré l’attention de la plupart des membres de la guilde placés sur nous trois.

◇ ◇ ◇

Nous étions arrivés au point de contrôle. Cette ville était située sur le Continent Démon, mais le bateau que nous voulions prendre nous emmènerait au Saint pays de Millis. Si vous transportiez des bagages, vous devriez payer des impôts et même l’entrée au pays vous coûterait de l’argent. Il s’agissait soit de prévenir la criminalité, soit simplement d’une opportunité de profit. Ma curiosité mise à part, nous paierions s’ils disaient qu’il le fallait.

« Combien ça coûterait pour nous ? Notre groupe est composé de deux humains et un démon. »

« Cela fera 5 pièces de fer pour les deux humains. Quelle tribu de démons ? »

« Superd. »

L’officier du poste de contrôle lança automatiquement son regard vers Ruijerd. Quand il avait réalisé qu’il était chauve, il poussa un grand soupir, comme s’ils s’adressaient à nous.

« Il vous en coûtera 200 pièces de minerai vert pour le Superd. »

« D,deux cents !? »

Maintenant, c’était à mon tour d’être celui qui était sous le choc.

« Pourquoi est-ce si haut !? »

« Je suis sûr que vous connaissez déjà la réponse. »

Bien sûr que je le savais ! J’avais voyagé avec Ruijerd l’année dernière, comment ne le saurais-je pas ? Il y avait un tel mépris envers la tribu superd que tous ses membres avaient été persécutés sans fondement. Malgré tout, ces frais étaient trop élevés.

« Mais pourquoi une somme aussi élevée ? »

« Ne me le demandez pas. Demandez à la personne qui a pris la décision. »

J’avais continué.

« Pourquoi pensez-vous que c’est si élevé ? »

« Pour prévenir le terrorisme, au cas où quelqu’un en apporterait un comme esclave et le relâcherait sur le Continent Millis. »

Du moins, c’était son interprétation. En d’autres termes, ils traitaient le Superd comme s’il s’agissait d’une bombe à retardement.

« Vous êtes ce groupe, Dead End, c’est ça ? Le faux Superd. Quand vous embarquerez, ils vérifieront quelle sous-race vous êtes. Ne jouez pas les durs et ne falsifiez pas sa race afin de ne pas dépenser deux cents pièces de minerai vert ici, car ils s’en rendront compte sur le bateau de toute façon. »

Les paroles d’avertissement de l’officiel étaient une bénédiction déguisée. Cela signifiait que nous ne pourrions pas prétendre que Ruijerd appartenait à la tribu des Migurds parce que nous serions de toute façon découverts.

« Si nous mentons au sujet de la tribu, aurons-nous à payer une amende ? »

« Oui. Cela sera juste de l’argent que vous aurez gaspillé en mentant à ce sujet. »

Autrement dit, tant qu’on versait l’argent comme il nous l’avait dit, tout irait bien. Le pouvoir de l’argent était impressionnant.

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