Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 8

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Chapitre 8 : L’auberge des aventuriers

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Chapitre 8 : L’auberge des aventuriers

Partie 1

Quand nous avions quitté la guilde, il commençait à faire nuit dehors. Le ciel était encore lumineux, mais les rues de Rikarisu semblaient étrangement sombres. Au bout d’une seconde, j’avais réalisé que c’était un effet secondaire de son emplacement, les hauts murs du cratère avaient jeté la ville dans l’ombre bien avant que le soleil ne se couche réellement. Il fera nuit noire en un rien de temps.

« Je suppose qu’on devrait trouver une auberge tout de suite. »

Éris me regarda d’un air perplexe.

« Ne peut-on pas camper à l’extérieur de la ville ? »

« Oh, allez. Autant passer une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit quand on est en ville, non ? »

« Tu crois ? »

D’une façon ou d’une autre, Ruijerd ne semblait pas avoir d’opinion. Quand nous campions dehors, il s’occupait souvent tout seul de la garde de nuit, car il pouvait sentir s’il y avait des ennemis en approche même quand il était à moitié endormi. Je m’étais réveillé quelques fois au milieu de la nuit au son d’une explosion, pour me rendre compte que Ruijerd venait de découper un malheureux monstre. Ce n’était pas vraiment propice à un repos relaxant.

Quoi qu’il en soit, une auberge s’imposait. Dans un premier temps, j’étais affamé. Nous pourrions probablement acheter quelque chose en ville, mais il nous restait encore une tonne de viande séchée de l’autre jour. C’était probablement plus intelligent de terminer cela et de réduire nos dépenses pour l’instant, mais j’avais assez faim pour au moins avoir envie de m’asseoir quelque part et de me goinfrer en paix.

« Hé, Rudeus ! Regarde ça ! »

La voix d’Éris était pleine d’excitation. Curieux de savoir ce qu’elle avait vu, je levais les yeux pour constater que les parois intérieures du cratère avaient commencé à briller faiblement, la lumière semblait arriver à la seconde.

« C’est incroyable ! Je n’ai jamais rien vu de tel ! »

Au coucher du soleil, les murs du cratère illuminaient brillamment les bâtiments de pierre et d’argile de la ville. C’était comme si on était tombés dans un parc d’attractions éclairé.

« Wôw. C’est vraiment quelque chose, n’est-ce pas ? »

Bien sûr, j’avais passé ma vie antérieure dans un endroit qui ne s’était jamais complètement obscurci à aucun moment, donc je n’étais pas aussi impressionné qu’Éris. C’était tout de même un spectacle magique. Pourquoi les murs brillaient-ils comme ça ?

« Ah. Ce sont les systèmes d’éclairage. »

« Hm ? Tu sais quelque chose, Raiden ? »

« Raiden ? C’est qui, lui ? Hm. Y avait-il un Dieu de l’épée avec ce nom il y a quelques générations… ? »

Naturellement, la référence était totalement inconnue pour Ruijerd. Il n’y avait probablement pas une seule personne dans ce monde qui l’aurait compris. C’est un peu déprimant.

« Désolé. Je connaissais quelqu’un de ce nom, et il connaissait toutes sortes de choses bizarres, alors… C’était juste un lapsus. »

« Je vois. »

Ruijerd s’était penché vers moi et m’avait tapoté doucement la tête, comme un homme réconfortant un enfant qui se souvient d’un parent décédé.

Pour info, Raiden n’est pas le nom de mon père. Mon père s’appelle Pat ou Pablo ou quelque chose comme ça. Un père plutôt décent, un être humain plutôt merdique.

« Bref, c’est quoi ces trucs illuminateurs ? »

« C’est une variété de pierres magiques. »

« Comment ça marche ? »

« Ils absorbent la lumière pendant la journée, puis la libèrent comme ça une fois qu’il fait sombre. Ils brillent cependant moins de la moitié du temps que dure la journée. »

Il s’agissait donc essentiellement de lampes à énergie solaire ? Je n’avais rien vu de tel à Asura. Il était surprenant qu’ils n’eussent pas été utilisés à plus grande échelle, compte tenu de leur aspect pratique.

« Alors pourquoi les gens n’utilisent-ils pas ça partout ? »

« Pour la simple raison que ces pierres sont plutôt rares. »

« On dirait qu’ils en ont plein ici… »

Il avait fallu un grand nombre de ces choses pour éclairer une ville entière comme celle-ci, n’est-ce pas ?

« La Grande Impératrice Démoniaque les aurait fait venir ici au plus fort de son pouvoir. Tu vois ça là-bas ? »

Ruijerd désigna la forteresse brisée au centre de la ville, qui brillait légèrement à la lumière des pierres.

« C’était pour que son château brille dans la nuit. »

« Wôw. Ça semble un peu… excessif. »

Une image de l’Impératrice Démoniaque m’était venue spontanément à l’esprit. C’était Éris dans une tenue dominatrice, criant : « Plus de lumière ! J’ai besoin de plus de lumière, pour que le monde connaisse ma beauté ! »

« Personne n’essaie de les voler ? »

« J’ai entendu dire que c’est interdit, mais je ne connais pas les détails. »

C’est vrai. C’était aussi la première fois que Ruijerd venait à Rikarisu. Les pierres semblaient être placées assez haut sur les murs du cratère, alors c’était peut-être difficile de s’y rendre à moins de pouvoir voler.

« À l’époque, le projet a été largement condamné comme un gaspillage égoïste, mais je suppose qu’au final il s’est avéré utile. »

« Peut-être que l’Impératrice l’a fait pour le bien de ses citoyens. »

« J’en doute fortement. Cette femme était tristement célèbre pour sa décadence et sa complaisance. »

Ooh. J’aime le son de ces mots. Si cette dame est encore en vie quelque part, j’aimerais la rencontrer. On parle bien d’une succube sexy, là.

« Hé, parfois la vérité est plus étrange que la fiction, non ? »

« Est-ce une sorte de proverbe humain ? »

« Ouaip. Penses-y de cette façon. Les Superd n’ont pas une bonne réputation non plus, mais ce sont des gens bienveillants, n’est-ce pas ? »

Ruijerd me tapota affectueusement la tête. Je n’étais pas sûr de ce que je ressentais à l’idée d’être caressé comme ça à mon âge, mais… réfléchissons un peu, d’accord ? Oui, j’avais la quarantaine, mentalement parlant. Mais ce type avait 560 ans. Il suffit de couper un chiffre si c’est trop difficile de s’y faire. Maintenant, nous avons l’équivalent d’un enfant de quatre ans caressé par un enfant de cinquante-six ans. C’est agréable et réconfortant, non ?

« Hé, Rudeus ! Pourquoi n’irions-nous pas voir cet endroit ? », dit Éris, pointant du doigt le château en ruines, noir de jais, qui avait une mine sinistre dans le ciel nocturne.

« Pas ce soir, Éris. Trouvons une auberge. », lui avais-je répondu

« Oh, allez ! On peut juste jeter un petit coup d’œil ! »

Eh bien, maintenant je l’ai fait bouder. C’était assez charmant pour être assez tenté de lui faire plaisir, mais d’après ce que Ruijerd avait dit plus tôt, cette lumière n’allait pas durer éternellement. La dernière chose dont nous avions besoin était de nous retrouver plongés dans l’obscurité totale au moment où nous atteignions le château.

« Je me sens un peu épuisé ces derniers temps, Éris. Je préférerais aller dans une auberge. »

« Hein ? Tu vas bien ? »

Je ne mentais pas. C’est probablement dû au fait que je n’avais pas l’habitude de voyager, mais je me sentais un peu léthargique ces derniers jours. Je pouvais encore me déplacer très bien pendant un combat, donc ça n’avait pas encore été un problème majeur. Pourtant, il semblerait que je me fatigue plus vite que d’habitude. Peut-être que le stress m’atteignait.

« Je vais bien, Éris. Ce n’est rien de trop grave. »

« Vraiment ? Bon, d’accord… Je suppose que je vais devoir être patiente. »

C’est une phrase que je ne m’attendais pas à entendre de la part de Mlle Éris Boreas Greyrat. La fille avait vraiment fait beaucoup de chemin ces dernières années, pas vrai ?

◇ ◇ ◇

Nous nous étions installés dans un endroit appelé auberge Wolfclaw. Il y avait au total douze chambres et le tarif était de cinq pièces de monnaie en pierre par nuit. Le bâtiment lui-même avait connu des jours meilleurs, mais ils accueillaient ouvertement les aventuriers débutants, et le prix était certainement juste. Pour une pièce de monnaie en pierre supplémentaire, ils fournissaient les repas du matin et du soir, et si vous étiez un groupe d’aventuriers avec plus de deux personnes dans une seule chambre, ils renonçaient complètement à ces frais. Dans le cadre de cette stratégie favorable aux débutants, le taux était demeuré le même, peu importe le nombre de lits que vous aviez utilisés.

Leur hall d’entrée servait également de petite taverne, avec une poignée de tables et quelques tabourets. Lorsque nous fûmes entrés, l’une des tables était occupée par un groupe de trois jeunes aventuriers, ce qui ne me semblait pas surprenant.

Bien sûr le mot « jeune » était relatif ici. Ils étaient probablement plus vieux que moi, peut-être de l’âge d’Éris. C’était tous des garçons, et tous nous regardaient fixement sans essayer de le cacher.

« Qu’est-ce qu’on fait ? », dit Ruijerd en me jetant un coup d’œil. Il demandait probablement si nous allions faire un autre spectacle.

« Ne le faisons pas », répondis-je après un moment de réflexion.

« C’est ici qu’on dort, non ? Je préfère pouvoir me détendre ici. »

On ne savait pas combien de nuits nous allions passer dans cette auberge en particulier, mais ces garçons étaient encore des enfants selon les critères de Ruijerd. Si nous restions longtemps sous le même toit, ils apprendraient naturellement que c’était un homme de cœur.

« Nous sommes trois. On sera là au moins trois jours. »

« Oui, très bien. Voulez-vous les repas ou non ? »

L’aubergiste ici n’avait pas l’air d’être des plus amical.

« Ouais. Repas inclus, s’il vous plaît. »

J’avais donné assez de pièces pour couvrir nos trois premiers jours d’avance. La nourriture gratuite était vraiment un joli bonus. Il nous restait donc une pièce de fer, trois pièces de ferraille et deux pièces de pierre… l’équivalent de 132 pièces de pierre.

« Hey, es-tu aussi une aventurière débutante ? »

Pendant que j’écoutais l’aubergiste m’expliquer les règles, l’un des nouveaux arrivants se promenait et parla à Éris. C’était un enfant aux cheveux blancs avec une corne qui sortait de son front. Vous auriez probablement pu le classer parmi les « jolis garçons » si vous vous sentiez généreux.

Les deux autres… je suppose qu’ils n’étaient pas mal non plus. L’un d’eux était un homme musclé, d’allure robuste, avec quatre bras, et l’autre avait un bec à la place de la bouche et des plumes à l’endroit où ses cheveux devraient être. Ils étaient tous relativement beaux, bien que de différentes manières. Si l’homme à la corne était un Prettymon de type normal, l’homme au quatre bras était un Prettymon de type combattant, et l’homme oiseau était un Prettymon de type volant.

« En fait, nous sommes des aventuriers novices nous-même. Veux-tu venir manger avec nous ? »

Oh wôw. En fait, il la drague. Ce petit voyou était plutôt précoce, hein ? Dommage que sa voix tremblait. C’était adorable, en quelque sorte.

« On peut probablement te donner des conseils sur le choix des boulots et tout ça, vois-tu ? »

« … Hmph. »

Comme seule réponse à l’offre du garçon, Éris détourna son visage. Bien jouée, ma fille ! Mets un terme à ce petit flirt !

Elle ne peut même pas comprendre ce qu’il dit.

« Allez, juste un moment ? Ton petit frère là-bas peut venir aussi. »

« … »

Alors que je sentais que je devais intervenir, Éris jeta un coup d’œil abrupt dans la pièce et commença à s’éloigner du garçon. J’avais bien sûr reconnu la technique. C’était quelque chose qu’elle avait appris dans les leçons d’étiquette d’Edna… un geste fondamental de l’Art d’éviter les aristocrates ennuyeux ! Alors, comment le gamin allait réagir à ça ? À ce moment-là, un gentleman ferait passer le message et s’en irait gracieusement…

« Hé, ne m’ignore pas. »

L’homme à la corne n’était manifestement pas un gentleman. Clairement irrité, il avait tendu la main et attrapa le fond du capuchon d’Éris. Le gamin tira Éris en arrière, mais elle avait assez de force dans le bas du corps pour garder son équilibre. Comme on pouvait s’y attendre d’un aventurier, il semblait lui-même relativement fort.

Malheureusement, il y avait un morceau de tissu bon marché pris au milieu de cette lutte de pouvoir. Avec un horrible bruit de déchirure, le capuchon d’Éris céda.

« … Hein ? »

Éris baissa les yeux pour voir les dégâts. Il y avait de minuscules déchirures tout le long du bord inférieur du capuchon, là où les coutures s’étaient détachées.

Je crois que je l’ai entendue craquer.

« Qu’est-ce que tu crois faire !? »

***

Partie 2

Un cri strident, assez fort pour secouer l’auberge jusqu’à ses fondations, servies de clochette de départ. En tournoyant, Éris lui envoya un uppercut à la Boreas. Ce fut un coup dur qu’elle avait appris de Sauros et perfectionné au cours de sa formation avec Ghislaine, le pauvre enfant ne l’avait jamais vu venir. Son poing lui toucha au visage, et sa tête rebroussa chemin si loin qu’il semblait presque qu’elle lui avait brisé le cou.

Le gamin tomba en tournant vers l’arrière, se cogna la nuque contre le sol avant d’instantanément s’évanouir.

J’étais un amateur total, mais même moi, je pouvais dire que ce coup avait un sérieux pouvoir destructeur en lui. On pouvait presque entendre le plus fort condamné à mort du monde murmurer : « Quel coup de poing ! » C’est bien fait pour toi, tu étais si arrogant, mec. J’espérais que le gamin avait retenu la leçon et qu’il ne ferait plus jamais rien d’aussi téméraire que de parler à Éris. Parfois, l’éducation peut être un processus douloureux.

Quoi qu’il en soit, ses deux amis allèrent probablement se ruer ici à ce moment-là. J’avais probablement besoin d’intervenir…

« Pour qui te prends-tu !? Tu as du culot de me toucher ! »

Mais à ma grande surprise, Éris n’avait pas encore fini. Cette fois, elle envoya un coup de pied Boreas… une autre technique très sophistiquée qu’elle avait apprise de Sauros et perfectionnée sous Ghislaine. Son pied heurta le plexus solaire de sa deuxième victime.

« Gah ! »

Quatre bras gémirent d’agonie et s’agenouillèrent. Éris avait rapidement enfoncé son genou dans son menton, l’envoyant en arrière.

« Hein ? Quoi ? Hein !? »

Il ne semblerait pas que l’homme oiseau ait encore complètement traité ce qui se passait, mais comme Éris se précipitait vers lui, il s’était penché par réflexe pour prendre l’épée à sa hanche. Cela semblait un peu exagéré, alors j’avais rapidement essayé d’intervenir avec la magie.

Mais il s’était avéré qu’Éris était la seule à vraiment exagérer ici. Avant même que l’homme oiseau n’ait pu tirer son arme, elle avait violemment enfoncé son poing dans son menton. Je n’avais jamais vu les yeux d’un oiseau se retourner dans sa tête auparavant, mais apparemment il y avait une première fois pour tout.

En quelques secondes, Éris avait totalement immobilisé ses trois adversaires.

Elle traqua jusqu’à l’endroit où l’homme cornu gisait inconscient et lui donna un coup de pied dans la tête comme un ballon de football. Le premier coup réveilla le garçon, mais il n’avait rien pu faire d’autre que de se recroqueviller en position fœtale. Éris continua à lui donner des coups de pied.

« C’était… le… premier… vêtement… que… Rudeus… m’a… achetée ! »

Oh mon Dieu ! Mlle Éris ! Est-ce que je compte tant que ça pour toi !? C’était juste une petite chose bon marché pour couvrir tes cheveux, tu sais… Bon sang, tu vas faire rougir ce vieil homme !

Éris donna un coup de pied au garçon sur le dos et se tendit vers le bas pour saisir l’une de ses jambes. Son visage était tordu de rage.

« Tu le regretteras jusqu’au jour de ta mort ! Je vais transformer ton truc en bouillie ! »

De quelle chose parlait-elle, vous vous demandez peut-être ? J’avais trop peur de demander.

L’homme cornu ne savait pas ce qu’elle disait, bien sûr, mais il semblait comprendre ce qu’elle avait l’intention de faire. Il s’était mis à crier des excuses, à mendier de l’aide et à essayer désespérément de s’éloigner en se tortillant. Mais ses paroles n’avaient aucun sens pour Éris, et cela n’aurait fait aucune différence de toute façon. Éris finissait toujours ce qu’elle commençait. La fille faisait toujours les choses minutieusement. Ce gosse était sur le point de subir le même sort que j’aurais pu subir trois ans plus tôt, si je n’avais pas réussi à échapper à sa colère.

« Arrête, Éris ! »

C’est alors que j’ai finalement réussi à m’interposer afin d’intervenir. Tout s’était passé si vite que j’avais été trop surpris pour réagir immédiatement.

« C’est bon, ma fille ! C’est bon ! Calme-toi ! »

« C’est quoi ton problème, Rudeus !? Pourquoi m’arrêtes-tu !? »

J’avais attrapé Éris par-derrière, mais elle se débattait encore dans mes bras, essayant de mettre le pied sur la chose du garçon. Quelle partie du garçon en particulier, pourrait-on se demander ? La réponse était trop horrible pour être envisagée.

« On peut réparer le capuchon ! Je vais te le recoudre, d’accord ? Alors, lâche-le un peu ! Tu vas beaucoup trop loin actuellement ! »

« Oh, peu importe ! Hmph ! »

Heureusement, mes supplications désespérées avaient finalement été entendues par Éris. Elle arrêta de se battre et retourna vers Ruijerd, la furie pouvait encore se voir sur son visage.

Ruijerd, soit dit en passant, était assis sur une chaise au comptoir et regardait tout cela se dérouler avec un petit sourire sur son visage.

« Ruijerd, allez ! Ne reste pas assis là la prochaine fois que ça arrivera ! »

« Hm ? Ce n’était qu’un combat d’enfants, n’est-ce pas ? »

« Ouais, mais les adultes sont censés arrêter ça ! »

Surtout quand il y a une telle différence de force…

◇ ◇ ◇

« Est-ce que ça va ? »

« Oui, je suis en pleine forme… »

Sentant un peu de sympathie pour eux malgré moi, j’avais lancé un sort de guérison sur le garçon battu et je l’avais aidé à se relever.

« Désolé pour tout ça. Elle ne peut pas parler la langue du Dieu Démon. »

« Qu’est-ce qu’elle m’a foutu la trouille… Mais de toute façon, pourquoi s’est-elle énervée ? »

« Elle n’aime pas être harcelée, et je pense que ce capuchon est très important pour elle. »

« D’accord… Euh, pourrais-tu lui dire que je suis désolé ? »

Je jetais un coup d’œil à Éris. Elle avait enlevé son capuchon et regardait l’énorme déchirure qu’il présentait tout en grinçant des dents furieusement. Elle était définitivement dans son mode « ne pardonne jamais, n’oublie jamais » en ce moment. Je ne l’avais pas vue comme ça depuis le premier jour de notre rencontre. Je m’attendais à voir des petits nuages de fumée de dessin animé sortir de ses oreilles.

« Désolé, mais si je lui parlais maintenant, je pense qu’elle me frapperait aussi. »

« Euh, wôw. Elle est mignonne, mais un peu effrayante, hein… »

Honnêtement, je pensais que la fille était devenue plus civilisée récemment, mais ce n’était peut-être qu’un numéro. C’était un peu déprimant, puisque je me vantais du chemin qu’elle avait parcouru.

« Eh bien, oui, elle est vraiment mignonne. Et c’est pourquoi tu ne devrais probablement pas lui parler à moins d’avoir une bonne raison, OK ? »

« Bien sûr… »

« Aussi, si jamais tu ressens le besoin d’essayer de te venger, je te le déconseille. Je suis intervenu aujourd’hui, car ce n’était qu’un accident, mais la prochaine fois, tu pourrais mourir. »

Pas vraiment subtil, mais je voulais m’assurer qu’il savait où était sa place.

Les yeux du garçon s’élargirent et il se frotta le nez, puis il vérifia s’il y avait des bosses à l’arrière de la tête. Après quelques instants, il semblait se calmer.

« Je m’appelle Kurt. C’est quoi ton nom ? »

« Je m’appelle Rudeus Greyrat. Oh, et voici Éris. »

À ce moment, les deux autres qu’Éris avait punis pour les méfaits de leur ami vinrent aussi se présenter. Le musclor à quatre bras se nommait Bachiro, et le vrai nom de l’homme oiseau était Gablin.

Une fois que nous avions fini d’échanger nos noms, ces deux-là avaient pris position de part et d’autre de Kurt, et le petit groupe prit une pose dramatique.

« Ensemble, nous sommes… les Coriaces du village de Tokurabu ! »

« … »

Ces gamins essayaient de faire une exclamation d’Athéna ou quoi ? Tu parles d’une nullité. Et vous vous dites « coriaces » ? Sérieusement ? Vous êtes quoi, un gang de motards d’il y a 50 ans ou quoi ? En fait, est-ce que cet endroit Tokurabu est sur toutes les cartes ?

« Nous sommes sur la bonne voie pour atteindre bientôt le rang D ! On pensait qu’il était temps de trouver une fille magicienne pour compléter le groupe, vois-tu ? C’est pour ça que je suis venu. »

« Une fille magicienne… ? »

Ça n’avait pas beaucoup de sens. J’étais le seul magicien de notre groupe. Ce n’était pas comme si Éris portait une robe de sorcier ou quoi que ce soit… oh. Attends une seconde…

« As-tu supposé qu’Éris était magicienne à cause du capuchon qu’elle portait ? »

« Eh bien, oui. Seuls les magiciens portent ce genre de choses, hein ? »

« Tu sais, elle porte une épée… »

« Hein ? Oh, wôw. Tu as raison. »

Apparemment, Kurt ne l’avait même pas remarqué. Il avait l’air du genre à ne voir que ce qu’il voulait voir.

« Mais tu es magicien, non ? Je veux dire, tu peux utiliser des sorts de guérison et tout. C’est plutôt génial. »

« Ouais, en gros je ne fais que lancer des sorts. »

« Hé, alors pourquoi ne pas te joindre à nous tous les deux ? »

Attends, tu crois qu’on va rejoindre ton gang ? Sérieusement ? N’as-tu rien appris de l’épisode de tout à l’heure ?

« Juste pour que tu saches… si je m’engageais, ce type là-bas viendrait aussi. »

J’avais pointé du doigt Ruijerd, qui était occupé à donner des leçons à Éris sur un sujet ou un autre, elle avait l’air un peu boudeuse, mais elle hochait la tête à ses paroles.

« Hein ? Ce type est aussi dans ton groupe ? »

« Oh, absolument. Il s’appelle Ruijerd. »

« Ruijerd… ? Comment s’appelle ton groupe ? »

« Dead End. »

Les garçons me regardèrent d’un air perplexe et non déguisé. Ils se demandaient ce qu’ils devraient en penser.

« Est-ce vraiment une bonne idée d’utiliser un nom comme ça ? »

« Eh bien, nous avons eu l’approbation de l’homme lui-même. »

« Bien sûr… »

Ouais, je sais que ça a l’air d’une blague, mais en fait je disais réellement la vérité ici…

« C’est juste un nom, non ? Le fait est qu’Éris et moi sommes déjà pris, donc on ne peut pas vous rejoindre. »

De toute façon, il était difficile d’imaginer qu’on obtiendrait quoi que ce soit en faisant équipe avec ces enfants. On n’était pas là pour jouer à faire semblant.

« Ah ouais ? Je suppose que tu as fait le mauvais choix. Sais-tu qu’on va faire des vagues dans cette ville ? Ne viens pas nous supplier de te laisser entrer dans le groupe une fois que nous serons célèbres. »

Il est sérieux ? Il n’y avait rien de mal à ce qu’une bande de jeunes gens au visage frais se dirigeaient vers la grande ville avec la tête pleine de rêves, non ? Quand ces vétérans grisonnants seront rencontrés à la Guilde des aventuriers, ils allaient probablement accueillir ces enfants avec des sourires chaleureux et indulgents.

« Pour quelqu’un qui vient de se faire botter le cul par une gamine, tu es bien sûr de toi… »

« Hé ! Elle m’a pris par surprise, mec. »

« Vas-tu aussi sortir cette excuse quand un monstre te tendra une embuscade dans la nature ? »

« Gah... »

Ouais, je crois que j’ai gagné celle-là. Ça fait du bien, mec. Difficile de contester l’image mentale d’un Coyote Pax qui vous arrache la gorge, non ?

Je quittais les « Coriaces du village de Tokurabu » afin qu’ils soignent leur ego meurtri.

◇ ◇ ◇

Après le dîner, nous nous étions dirigés vers notre chambre, où trois lits de fourrure nous attendaient.

« Ouf… »

En soupirant doucement, j’avais pris place sur mon lit. La journée d’aujourd’hui avait été épuisante. Je n’étais pas dans la meilleure condition pour commencer, et nous avions rencontré tant de gens, entendu beaucoup de rires et enduré tant de moqueries. Même lorsque vous jouiez consciemment un rôle, ce genre de chose avait un impact sur vous.

***

Partie 3

Éris regardait par la fenêtre de notre chambre la ville qui devenait de plus en plus sombre. Ce château en ruines était assez captivant. On pourrait croire que la fille était une touriste ou quelque chose comme ça. On avait toutes sortes de choses à gérer en ce moment, n’est-ce pas ? Elle s’attendait à ce que je m’occupe de tout seul ou quoi ?

OK, c’est bon. J’avais besoin d’arrêter d’être si négatif. Éris me faisait confiance, c’était pour ça qu’elle ne pensait pas trop à ces choses en ce moment. Ce n’était pas comme si elle était une enfant gâtée. Si seulement elle arrêtait de se battre inutilement…

J’étais retombé sur mon lit, j’avais levé les yeux vers le plafond et j’avais réfléchi à ce qui allait suivre.

Le point essentiel était le suivant, nous avions besoin d’argent. Cette pièce nous coûtait quinze pièces de monnaie par nuit pour nous trois. Nous devions gagner au minimum au moins autant par jour. Mais d’après ce que j’avais vu plus tôt, les emplois de rang F étaient rémunéré environ cinq pièces de pierre, et même les emplois de rang E n’étaient payé qu’environ une pièce de ferraille. En tant qu’aventurier solitaire, vous pourriez probablement simplement vous attaquer à un emploi de rang F par jour pour couvrir le coût de votre logement, puis commencer à économiser de l’argent une fois que vous auriez un rang vous donnant droit à un travail plus lucratif. Les emplois des rangs F et E étaient principalement des petits boulots dans toute la ville, mais à partir du rang D, on commençait à recevoir plus de demandes pour recueillir du matériel, etc. Fondamentalement, le système avait été mis en place pour que vous puissiez économiser de l’argent en faisant un travail facile, puis acheter de l’équipement pour faire des tâches plus dangereuses.

C’était bien pensé, mais… nous étions trois.

Si l’on tenait compte du coût du déjeuner et des articles de tous les jours, on aurait besoin d’une vingtaine de pièces de monnaie en pierre par jour en moyenne. Si nous nous occupons d’une tâche par jour, nous nous dirigions probablement vers une perte nette de dix à quinze pièces de pierre. Et il nous en restait 132 à ce stade…

On serait fauchés en moins de deux semaines. Ce n’était pas du tout une marge suffisante. Nous devrions effectuer au moins trois travaux par jour pour ne pas être dans le rouge.

Si nous pouvions nous séparer, il serait possible de gagner plus d’une vingtaine de pièces de monnaie en pierre pour des travaux simples. Mais si nous laissions Ruijerd seul, il y avait un risque que sa véritable identité soit révélée. Et Éris ne parlait même pas la langue locale, alors elle avait du mal à se débrouiller seule. Elle avait aussi un tempérament colérique… Elle pourrait finir par se disputer avec ses clients.

Plus importants encore, nous ne pouvions pas faire passer le mot sur Ruijerd si nous ne travaillions pas en tant que groupe.

Une fois que nous nous serons classés, l’argent sera beaucoup moins un problème. Ruijerd et Éris s’occuperaient de tuer des monstres. Et une fois qu’on aura pu le faire, on sera bien financièrement en un rien de temps.

Cela dit, les emplois de ce genre étaient tous de rang C ou supérieur. En gros, si nous parvenions à atteindre le rang D dans les deux prochaines semaines environ, tout irait probablement bien. Mais ce ne serait pas possible si nous n’avions qu’une seule tâche par jour. J’avais oublié de demander combien d’emplois il fallait pour que vous puissiez être promu, mais… au minimum, la guilde ne vous laissait clairement pas gravir les échelons simplement parce que vous étiez un puissant combattant. Ils s’attendaient à ce que tout le monde progresse pas à pas.

Le fait que je ne sois pas dans la meilleure condition possible en ce moment n’aidait pas non plus. Ce n’était probablement rien de grave, mais il y avait une chance qu’Éris ou moi ayons une maladie que je ne pourrais pas guérir avec des sorts de désintoxication de base.

De plus, il était difficile de savoir combien nous devrions dépenser pour des achats irréguliers. Nous devrions par exemple continuer à acheter périodiquement de la teinture pour cheveux pour Ruijerd.

Et puis il y avait nos vêtements. On ne pouvait pas porter les mêmes éternellement. Nos tenues étaient faites de matériaux durables et de haute qualité, et ils ne prenaient pas trop de temps à nettoyer quand j’utilisais la magie pour les sécher. Mais le faire de cette façon était mauvais pour le tissu, et ils finissaient par se déchirer. Le plus tôt sera le mieux, le mieux ce sera. Ce serait bien aussi d’avoir du savon. Éris et moi venions de nous essuyer avec un chiffon imbibé d’eau chaude pendant un moment.

Il y avait probablement toutes sortes d’autres fournitures de base dont nous aurions aussi besoin. L’argent allait être un problème.

Oh, c’est vrai. Peut-être qu’on pourrait faire un prêt ou quelque chose comme ça ? Il doit bien y avoir au moins deux prêteurs sur gages quelque part dans cette ville, non ?

Non. Nous ne voulions probablement pas nous endetter si nous pouvions l’éviter. Au moins pas avant qu’on ait un moyen clair de payer. Je supposais que je pourrais toujours vendre Aqua Heartia, mais… c’était mon dernier recours. Je ne voulais pas perdre le cadeau d’anniversaire qu’Éris m’avait offert.

Wôw, regardez-moi en train de m’angoisser pour le budget familial. Je n’aurais jamais cru que ce jour viendrait…

Si je me rappelais bien… dans mon incarnation précédente, quand il y avait une question relative à l’argent, j’étais connu pour repousser toutes les tentatives de discussions de mes parents en frappant mes poings sur le sol comme un tout-petit en pleine croissance. Tu parles d’un souvenir nauséabond. Je devrais faire un effort pour l’oublier.

Je m’étais aussi souvenu de la tête de Paul quand je lui avais demandé de nous payer Sylphie et moi pour aller à l’école ensemble. C’était aussi un peu embarrassant quand j’y repense. J’avais vraiment été un peu trop désinvolte au sujet de l’argent dans le passé.

D’accord, c’est bon. Ce n’est pas le moment d’apprendre de précieuses leçons de vie. Concentrons-nous, s’il vous plaît.

Quelle allait être la façon la plus efficace pour nous de gagner de l’argent ? Devrions-nous essayer d’accomplir le plus grand nombre de travaux par jour possible ? Honnêtement, il serait peut-être plus facile d’aller dans les plaines et de chasser les monstres pour leurs matières premières. Je n’avais pas besoin d’être trop obsédé par ce truc d’aventurier.

Mais si nous prenions cette voie, nous n’aurions pas beaucoup d’occasions de bâtir la réputation de la Dead End dans la ville. Gravir les échelons en tant qu’aventuriers serait la meilleure façon d’y parvenir. Atteindre un rang élevé faciliterait les choses à l’avenir… et nous obtiendrions probablement un meilleur prix pour les matières premières par l’entremise de la Guilde.

Pourrions-nous nous établir avant que notre argent ne soit épuisé ? Peut-être serait-il plus intelligent de mettre Ruijerd en attente jusqu’à ce que notre situation soit relativement stable ?

Putain. Tout ce que je fais, c’est de tourner en rond…

Je n’avais pas trouvé de réponse claire ici. Gagner de l’argent et améliorer la réputation de Ruijerd en même temps n’allait pas être facile.

J’espérais pouvoir trouver une solution…

Mais rien ne m’était venu à l’esprit avant que je ne m’endorme.

◇ ◇ ◇

J’étais en train de rêver. Dans mon rêve, je m’étais retrouvé dans un vide blanc pur. J’avais l’impression d’être redevenu une version plus terne et plus pathétique de moi-même.

Pas encore ça. Soupir…

Un petit con à l’air vaguement obscène était apparu devant mes yeux.

Qu’est-ce que c’est cette fois ? avais-je demandé. Pouvons-nous conclure aussi vite que possible, s’il te plaît ?

« Je vois que tu es plus hostile que jamais. Mon conseil pour compter sur Ruijerd a marché pour toi, n’est-ce pas ? Il t’a emmené dans la ville la plus proche, sain et sauf. »

Ouais, je suppose. Mais connaissant Ruijerd, il nous aurait probablement suivis et protégés à distance même si nous l’avions fui.

« Bonté divine. On dirait que tu lui fais confiance. Pourquoi es-tu encore si méfiant envers moi ? »

Ne connais-tu vraiment pas la réponse à cette question ? As-tu oublié la partie où tu t’es présenté comme un dieu ?

« Eh bien, je suppose que ça n’a pas vraiment d’importance. J’ai d’autres conseils à te donner, Rudeus. »

Très bien, très bien. Veux-tu bien en finir, s’il te plaît ? Je déteste le son de ta voix, et je déteste aussi être ici. Je déteste avoir l’impression que le temps que j’ai passé comme Rudeus n’était qu’un rêve. Je déteste avoir l’impression d’être redevenu un loser inutile et pathétique. Si tu veux que je t’écoute, j’aimerais que tu dises ce que tu as à dire.

« Quelqu’un est terriblement soumis aujourd’hui. »

Je vais finir dans la paume de ta main quoiqu’il arrive, non ?

« Ne sois pas bête, Rudeus. Tous tes choix sont entièrement les tiens. »

Peux-tu arrêter de jacasser et aller droit au but ?

« Oh, d’accord… Écoute attentivement, jeune Rudeus. Accepte la mission : retrouver l’animal perdu. Tu te retrouveras bientôt avec beaucoup moins de soucis à te faire… »

Les dernières paroles de l’Homme-Dieu résonnant dans mes oreilles, je me sentais glisser à nouveau dans l’endormissement.

◇ ◇ ◇

Quand je m’étais réveillé, on était encore au beau milieu de la nuit. Tu parles d’un cauchemar.

Pour être honnête, j’en avais assez de ces messages divins. Le timing ici était incroyablement suspect. Face de pixel avait choisi le moment parfait pour profiter de mon incertitude. Des trucs classiques de dieu maléfique, en fait. On avait tout un problème sur les bras.

En soupirant doucement, je regardai sur ma gauche.

Ruijerd dormait. Pour une raison quelconque, il avait choisi de s’appuyer contre le mur du fond avec ses bras autour de sa lance, plutôt que de dormir dans son lit.

J’avais regardé à ma droite… et j’avais réalisé qu’Éris était aussi réveillée. Elle était assise sur son lit, à genoux, regardant l’obscurité.

Je m’étais levé tranquillement, je m’étais approché, je m’étais assis à ses côtés et j’avais regardé par la fenêtre avec elle. La lune était sortie. Ce monde n’en avait qu’une aussi.

« Impossible de dormir, hein ? »

« Oui », répondit Éris après une pause momentanée.

Elle n’avait pas quitté la fenêtre des yeux.

« Hé, Rudeus ? »

« Oui ? »

« Crois-tu qu’on va rentrer à la maison… ? »

Tout d’un coup, sa voix était douloureusement anxieuse.

« Oh… »

J’avais honte de mon ignorance. Je pensais qu’Éris était comme d’habitude. Je pensais qu’elle n’était même pas nerveuse. Je pensais qu’elle aimait simplement cette situation… notre « aventure ».

Mais ce n’était pas vrai du tout. Elle avait peur aussi. Elle me l’avait caché. Le stress avait dû s’accumuler en elle pendant des jours. Pas étonnant qu’elle se soit disputée comme ça tout à l’heure. J’aurais dû le ressentir tout de suite, si je n’avais pas été un crétin.

« Oui. Absolument. »

J’avais doucement enroulé un bras autour des épaules d’Éris, et celle-ci mit rapidement sa tête contre mon épaule.

Elle n’avait pas pris un bon bain depuis des jours, alors la légère odeur qui s’échappait de ses cheveux était nouvelle pour moi. Mais ce n’était pas désagréable. Pas du tout. Ce qui était un peu problématique, c’était que mon petit copain turbulent commença à menacer d’agir à nouveau.

Contrôle-toi, Rudeus… Jusqu’à ce qu’on rentre à la maison, tu es un protagoniste insensible.

Ce n’était pas comme ce qui s’est passé avec Sylphie. Il y avait une raison, aussi fragile soit-elle, pour laquelle j’avais besoin de me retenir. Et de toute façon, seule une ordure profiterait d’une fille qui se sentait aussi anxieuse et vulnérable.

« Rudeus… tu trouveras vraiment quelque chose, hein… ? »

« Ne t’inquiète pas. Je te ramènerai à la maison, quoi qu’il en coûte. »

Oh mec, cette petite dame est trop mignonne quand elle est toute douce. Pas étonnant que Sauros l’ait gâtée. Je me demande ce qui est arrivé au vieil homme. Ce flash de lumière couvrait toute la région de Fittoa, donc je suppose que…

Non, n’y pensons pas pour l’instant. J’ai les mains chargées avec mes propres problèmes.

« Concentrons-nous sur ce qu’on peut faire pour l’instant, d’accord ? Tu devrais dormir aussi, Éris. Demain sera une autre journée chargée. »

J’avais tapoté Éris sur la tête, je m’étais levé et j’étais retourné dans mon propre lit. Juste au moment où je l’atteignais, mes yeux rencontrèrent ceux de Ruijerd. Il avait apparemment entendu notre conversation. C’était… un peu embarrassant.

Au bout d’un moment, il avait fermé les yeux sans un mot.

Mec, quel gentil garçon ! Paul aurait probablement commencé à me taquiner impitoyablement sur le champ. Ruijerd était vraiment un amour. Ce serait une erreur de mettre ses problèmes entre parenthèses.

En parlant de Paul, je me demande s’il s’inquiète pour moi. Je devrais vraiment lui envoyer une lettre lui disant que j’étais en vie et en bonne santé. Même si c’était difficile de savoir s’il pourrait la recevoir.

Quoi qu’il en soit. Demain, je suppose que nous traquerons l’animal de compagnie de quelqu’un.

Les motifs de l’Homme-Dieu n’étaient toujours pas clairs pour moi. Mais pour cette fois, j’étais prêt à suivre ses conseils sans trop y penser.

Notre première nuit en tant qu’aventuriers s’était terminée dans le calme, et l’air de notre petite pièce était encore empli d’anxiété.

***

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Un commentaire :

  1. Merci pour la traduction. Par contre parfois c’est pas évident de savoir qui parle comme il n’y a aucune info.

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