Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 8 – Partie 3

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Chapitre 8 : L’auberge des aventuriers

Partie 3

Éris regardait par la fenêtre de notre chambre la ville qui devenait de plus en plus sombre. Ce château en ruines était assez captivant. On pourrait croire que la fille était une touriste ou quelque chose comme ça. On avait toutes sortes de choses à gérer en ce moment, n’est-ce pas ? Elle s’attendait à ce que je m’occupe de tout seul ou quoi ?

OK, c’est bon. J’avais besoin d’arrêter d’être si négatif. Éris me faisait confiance, c’était pour ça qu’elle ne pensait pas trop à ces choses en ce moment. Ce n’était pas comme si elle était une enfant gâtée. Si seulement elle arrêtait de se battre inutilement…

J’étais retombé sur mon lit, j’avais levé les yeux vers le plafond et j’avais réfléchi à ce qui allait suivre.

Le point essentiel était le suivant, nous avions besoin d’argent. Cette pièce nous coûtait quinze pièces de monnaie par nuit pour nous trois. Nous devions gagner au minimum au moins autant par jour. Mais d’après ce que j’avais vu plus tôt, les emplois de rang F étaient rémunéré environ cinq pièces de pierre, et même les emplois de rang E n’étaient payé qu’environ une pièce de ferraille. En tant qu’aventurier solitaire, vous pourriez probablement simplement vous attaquer à un emploi de rang F par jour pour couvrir le coût de votre logement, puis commencer à économiser de l’argent une fois que vous auriez un rang vous donnant droit à un travail plus lucratif. Les emplois des rangs F et E étaient principalement des petits boulots dans toute la ville, mais à partir du rang D, on commençait à recevoir plus de demandes pour recueillir du matériel, etc. Fondamentalement, le système avait été mis en place pour que vous puissiez économiser de l’argent en faisant un travail facile, puis acheter de l’équipement pour faire des tâches plus dangereuses.

C’était bien pensé, mais… nous étions trois.

Si l’on tenait compte du coût du déjeuner et des articles de tous les jours, on aurait besoin d’une vingtaine de pièces de monnaie en pierre par jour en moyenne. Si nous nous occupons d’une tâche par jour, nous nous dirigions probablement vers une perte nette de dix à quinze pièces de pierre. Et il nous en restait 132 à ce stade…

On serait fauchés en moins de deux semaines. Ce n’était pas du tout une marge suffisante. Nous devrions effectuer au moins trois travaux par jour pour ne pas être dans le rouge.

Si nous pouvions nous séparer, il serait possible de gagner plus d’une vingtaine de pièces de monnaie en pierre pour des travaux simples. Mais si nous laissions Ruijerd seul, il y avait un risque que sa véritable identité soit révélée. Et Éris ne parlait même pas la langue locale, alors elle avait du mal à se débrouiller seule. Elle avait aussi un tempérament colérique… Elle pourrait finir par se disputer avec ses clients.

Plus importants encore, nous ne pouvions pas faire passer le mot sur Ruijerd si nous ne travaillions pas en tant que groupe.

Une fois que nous nous serons classés, l’argent sera beaucoup moins un problème. Ruijerd et Éris s’occuperaient de tuer des monstres. Et une fois qu’on aura pu le faire, on sera bien financièrement en un rien de temps.

Cela dit, les emplois de ce genre étaient tous de rang C ou supérieur. En gros, si nous parvenions à atteindre le rang D dans les deux prochaines semaines environ, tout irait probablement bien. Mais ce ne serait pas possible si nous n’avions qu’une seule tâche par jour. J’avais oublié de demander combien d’emplois il fallait pour que vous puissiez être promu, mais… au minimum, la guilde ne vous laissait clairement pas gravir les échelons simplement parce que vous étiez un puissant combattant. Ils s’attendaient à ce que tout le monde progresse pas à pas.

Le fait que je ne sois pas dans la meilleure condition possible en ce moment n’aidait pas non plus. Ce n’était probablement rien de grave, mais il y avait une chance qu’Éris ou moi ayons une maladie que je ne pourrais pas guérir avec des sorts de désintoxication de base.

De plus, il était difficile de savoir combien nous devrions dépenser pour des achats irréguliers. Nous devrions par exemple continuer à acheter périodiquement de la teinture pour cheveux pour Ruijerd.

Et puis il y avait nos vêtements. On ne pouvait pas porter les mêmes éternellement. Nos tenues étaient faites de matériaux durables et de haute qualité, et ils ne prenaient pas trop de temps à nettoyer quand j’utilisais la magie pour les sécher. Mais le faire de cette façon était mauvais pour le tissu, et ils finissaient par se déchirer. Le plus tôt sera le mieux, le mieux ce sera. Ce serait bien aussi d’avoir du savon. Éris et moi venions de nous essuyer avec un chiffon imbibé d’eau chaude pendant un moment.

Il y avait probablement toutes sortes d’autres fournitures de base dont nous aurions aussi besoin. L’argent allait être un problème.

Oh, c’est vrai. Peut-être qu’on pourrait faire un prêt ou quelque chose comme ça ? Il doit bien y avoir au moins deux prêteurs sur gages quelque part dans cette ville, non ?

Non. Nous ne voulions probablement pas nous endetter si nous pouvions l’éviter. Au moins pas avant qu’on ait un moyen clair de payer. Je supposais que je pourrais toujours vendre Aqua Heartia, mais… c’était mon dernier recours. Je ne voulais pas perdre le cadeau d’anniversaire qu’Éris m’avait offert.

Wôw, regardez-moi en train de m’angoisser pour le budget familial. Je n’aurais jamais cru que ce jour viendrait…

Si je me rappelais bien… dans mon incarnation précédente, quand il y avait une question relative à l’argent, j’étais connu pour repousser toutes les tentatives de discussions de mes parents en frappant mes poings sur le sol comme un tout-petit en pleine croissance. Tu parles d’un souvenir nauséabond. Je devrais faire un effort pour l’oublier.

Je m’étais aussi souvenu de la tête de Paul quand je lui avais demandé de nous payer Sylphie et moi pour aller à l’école ensemble. C’était aussi un peu embarrassant quand j’y repense. J’avais vraiment été un peu trop désinvolte au sujet de l’argent dans le passé.

D’accord, c’est bon. Ce n’est pas le moment d’apprendre de précieuses leçons de vie. Concentrons-nous, s’il vous plaît.

Quelle allait être la façon la plus efficace pour nous de gagner de l’argent ? Devrions-nous essayer d’accomplir le plus grand nombre de travaux par jour possible ? Honnêtement, il serait peut-être plus facile d’aller dans les plaines et de chasser les monstres pour leurs matières premières. Je n’avais pas besoin d’être trop obsédé par ce truc d’aventurier.

Mais si nous prenions cette voie, nous n’aurions pas beaucoup d’occasions de bâtir la réputation de la Dead End dans la ville. Gravir les échelons en tant qu’aventuriers serait la meilleure façon d’y parvenir. Atteindre un rang élevé faciliterait les choses à l’avenir… et nous obtiendrions probablement un meilleur prix pour les matières premières par l’entremise de la Guilde.

Pourrions-nous nous établir avant que notre argent ne soit épuisé ? Peut-être serait-il plus intelligent de mettre Ruijerd en attente jusqu’à ce que notre situation soit relativement stable ?

Putain. Tout ce que je fais, c’est de tourner en rond…

Je n’avais pas trouvé de réponse claire ici. Gagner de l’argent et améliorer la réputation de Ruijerd en même temps n’allait pas être facile.

J’espérais pouvoir trouver une solution…

Mais rien ne m’était venu à l’esprit avant que je ne m’endorme.

◇ ◇ ◇

J’étais en train de rêver. Dans mon rêve, je m’étais retrouvé dans un vide blanc pur. J’avais l’impression d’être redevenu une version plus terne et plus pathétique de moi-même.

Pas encore ça. Soupir…

Un petit con à l’air vaguement obscène était apparu devant mes yeux.

Qu’est-ce que c’est cette fois ? avais-je demandé. Pouvons-nous conclure aussi vite que possible, s’il te plaît ?

« Je vois que tu es plus hostile que jamais. Mon conseil pour compter sur Ruijerd a marché pour toi, n’est-ce pas ? Il t’a emmené dans la ville la plus proche, sain et sauf. »

Ouais, je suppose. Mais connaissant Ruijerd, il nous aurait probablement suivis et protégés à distance même si nous l’avions fui.

« Bonté divine. On dirait que tu lui fais confiance. Pourquoi es-tu encore si méfiant envers moi ? »

Ne connais-tu vraiment pas la réponse à cette question ? As-tu oublié la partie où tu t’es présenté comme un dieu ?

« Eh bien, je suppose que ça n’a pas vraiment d’importance. J’ai d’autres conseils à te donner, Rudeus. »

Très bien, très bien. Veux-tu bien en finir, s’il te plaît ? Je déteste le son de ta voix, et je déteste aussi être ici. Je déteste avoir l’impression que le temps que j’ai passé comme Rudeus n’était qu’un rêve. Je déteste avoir l’impression d’être redevenu un loser inutile et pathétique. Si tu veux que je t’écoute, j’aimerais que tu dises ce que tu as à dire.

« Quelqu’un est terriblement soumis aujourd’hui. »

Je vais finir dans la paume de ta main quoiqu’il arrive, non ?

« Ne sois pas bête, Rudeus. Tous tes choix sont entièrement les tiens. »

Peux-tu arrêter de jacasser et aller droit au but ?

« Oh, d’accord… Écoute attentivement, jeune Rudeus. Accepte la mission : retrouver l’animal perdu. Tu te retrouveras bientôt avec beaucoup moins de soucis à te faire… »

Les dernières paroles de l’Homme-Dieu résonnant dans mes oreilles, je me sentais glisser à nouveau dans l’endormissement.

◇ ◇ ◇

Quand je m’étais réveillé, on était encore au beau milieu de la nuit. Tu parles d’un cauchemar.

Pour être honnête, j’en avais assez de ces messages divins. Le timing ici était incroyablement suspect. Face de pixel avait choisi le moment parfait pour profiter de mon incertitude. Des trucs classiques de dieu maléfique, en fait. On avait tout un problème sur les bras.

En soupirant doucement, je regardai sur ma gauche.

Ruijerd dormait. Pour une raison quelconque, il avait choisi de s’appuyer contre le mur du fond avec ses bras autour de sa lance, plutôt que de dormir dans son lit.

J’avais regardé à ma droite… et j’avais réalisé qu’Éris était aussi réveillée. Elle était assise sur son lit, à genoux, regardant l’obscurité.

Je m’étais levé tranquillement, je m’étais approché, je m’étais assis à ses côtés et j’avais regardé par la fenêtre avec elle. La lune était sortie. Ce monde n’en avait qu’une aussi.

« Impossible de dormir, hein ? »

« Oui », répondit Éris après une pause momentanée.

Elle n’avait pas quitté la fenêtre des yeux.

« Hé, Rudeus ? »

« Oui ? »

« Crois-tu qu’on va rentrer à la maison… ? »

Tout d’un coup, sa voix était douloureusement anxieuse.

« Oh… »

J’avais honte de mon ignorance. Je pensais qu’Éris était comme d’habitude. Je pensais qu’elle n’était même pas nerveuse. Je pensais qu’elle aimait simplement cette situation… notre « aventure ».

Mais ce n’était pas vrai du tout. Elle avait peur aussi. Elle me l’avait caché. Le stress avait dû s’accumuler en elle pendant des jours. Pas étonnant qu’elle se soit disputée comme ça tout à l’heure. J’aurais dû le ressentir tout de suite, si je n’avais pas été un crétin.

« Oui. Absolument. »

J’avais doucement enroulé un bras autour des épaules d’Éris, et celle-ci mit rapidement sa tête contre mon épaule.

Elle n’avait pas pris un bon bain depuis des jours, alors la légère odeur qui s’échappait de ses cheveux était nouvelle pour moi. Mais ce n’était pas désagréable. Pas du tout. Ce qui était un peu problématique, c’était que mon petit copain turbulent commença à menacer d’agir à nouveau.

Contrôle-toi, Rudeus… Jusqu’à ce qu’on rentre à la maison, tu es un protagoniste insensible.

Ce n’était pas comme ce qui s’est passé avec Sylphie. Il y avait une raison, aussi fragile soit-elle, pour laquelle j’avais besoin de me retenir. Et de toute façon, seule une ordure profiterait d’une fille qui se sentait aussi anxieuse et vulnérable.

« Rudeus… tu trouveras vraiment quelque chose, hein… ? »

« Ne t’inquiète pas. Je te ramènerai à la maison, quoi qu’il en coûte. »

Oh mec, cette petite dame est trop mignonne quand elle est toute douce. Pas étonnant que Sauros l’ait gâtée. Je me demande ce qui est arrivé au vieil homme. Ce flash de lumière couvrait toute la région de Fittoa, donc je suppose que…

Non, n’y pensons pas pour l’instant. J’ai les mains chargées avec mes propres problèmes.

« Concentrons-nous sur ce qu’on peut faire pour l’instant, d’accord ? Tu devrais dormir aussi, Éris. Demain sera une autre journée chargée. »

J’avais tapoté Éris sur la tête, je m’étais levé et j’étais retourné dans mon propre lit. Juste au moment où je l’atteignais, mes yeux rencontrèrent ceux de Ruijerd. Il avait apparemment entendu notre conversation. C’était… un peu embarrassant.

Au bout d’un moment, il avait fermé les yeux sans un mot.

Mec, quel gentil garçon ! Paul aurait probablement commencé à me taquiner impitoyablement sur le champ. Ruijerd était vraiment un amour. Ce serait une erreur de mettre ses problèmes entre parenthèses.

En parlant de Paul, je me demande s’il s’inquiète pour moi. Je devrais vraiment lui envoyer une lettre lui disant que j’étais en vie et en bonne santé. Même si c’était difficile de savoir s’il pourrait la recevoir.

Quoi qu’il en soit. Demain, je suppose que nous traquerons l’animal de compagnie de quelqu’un.

Les motifs de l’Homme-Dieu n’étaient toujours pas clairs pour moi. Mais pour cette fois, j’étais prêt à suivre ses conseils sans trop y penser.

Notre première nuit en tant qu’aventuriers s’était terminée dans le calme, et l’air de notre petite pièce était encore empli d’anxiété.

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