Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : La guilde des aventuriers

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Chapitre 7 : La guilde des aventuriers

Partie 1

La guilde des aventuriers était un lieu de rassemblement pour certains des clients les plus difficiles de la ville. Certains étaient physiquement puissants, d’autres étaient des magiciens chevronnés et expérimentés. Certains préféraient l’épée. D’autres utilisaient des haches, des douelles ou même leurs mains nues au combat. Certains se vantaient haut et fort de leurs prouesses, tandis que d’autres se moquaient silencieusement des fanfaronnades. Il y avait des guerriers vêtus d’armures lourdes, mais aussi des sorciers légèrement vêtus. Il y avait des hommes qui ressemblaient à des cochons et des femmes-serpents, des hommes aux ailes d’insectes et des femmes aux jambes de chevaux. Toutes sortes de gens de toutes sortes de races formaient une seule foule grouillante.

C’était ainsi que les choses se passaient habituellement dans les guildes du Continent Démon. La succursale de Rikarisu ne faisait certainement pas exception à la règle.

Soudainement, quelqu’un déplaça ses immenses portes battantes qui s’ouvrirent d’un coup sec.

Beaucoup de ceux qui se trouvaient à l’intérieur tournèrent leurs yeux vers l’entrée, curieux. Il n’était pas inhabituel pour les gens d’ouvrir ces portes de façon spectaculaire, mais les raisons pour lesquelles ils l’avaient fait variaient. Est-ce qu’un groupe venait de rentrer victorieux ? Peut-être qu’un groupe de monstres lançait une attaque et que les gardes à la porte avaient appelé à l’aide ? Ou était-ce juste le vent qui jouait des tours à tout le monde ? Bien sûr, il y avait aussi eu des rumeurs selon lesquelles Dead End errait dans cette zone récemment, mais sûrement…

Avant que quelqu’un ne puisse suivre ce cheminement de pensée jusqu’à sa conclusion, trois personnes avaient franchi la porte ouverte.

Le premier dans la file était un garçon avec un sourire étrangement confiant sur son visage. Il portait des vêtements crasseux, mais d’allure chère et portait un bâton enveloppé dans du tissu. Malgré sa jeunesse évidente, la foule d’adultes à l’intérieur de la guilde, marquée par les combats, ne semblait pas l’intimider le moins du monde. Qui diable était ce gamin ? se demandaient beaucoup de gens. Il n’avait pas l’air à sa place ici. Appartiendrait-il à une race démoniaque qui avait l’air plus jeune qu’il ne l’était vraiment ?

Suivait de près cet étrange garçon, comme pour se cacher dans son ombre, une autre jeune personne. Celui-ci semblait être une fille. Son visage était caché par un capuchon, mais ses yeux brillaient à l’intérieur. Il y avait quelque chose dans ses mouvements qui suggéraient qu’elle savait comment utiliser cette épée à sa hanche. Quelques vétérans à l’intérieur de la guilde l’avaient tout de suite cataloguée comme une combattante habile.

Le dernier du groupe à entrer était un homme grand et imposant, avec une gemme rouge sur le front et une cicatrice en diagonale sur le visage. C’était les mêmes traits distinctifs que l’infâme monstre connu sous le nom de Dead End, certains aventuriers avaient failli donner l’alarme, pour remarquer au dernier moment que les cheveux de cet homme étaient bleus et non verts. Ce devait être quelqu’un qui ressemblait beaucoup au meurtrier superd.

Au final, ces trois-là formaient un groupe étrange. Étrange… et troublant. Il n’y avait pas un seul aventurier ordinaire parmi eux trois. Personne ne pouvait deviner ce qu’ils faisaient ici.

Le trio s’était soudainement arrêté et le garçon cria sur la foule vigilante :

« Hé, allez ! Pourquoi nous regardez-vous fixement tout en étant bouche bée, les amis !? Vous ne savez pas qui est cet homme. »

Euh non. Pourquoi le saurions-nous ? pensa tout le monde en même temps.

« C’est l’infâme monstre superd, Ruijerd lui-même ! Ne restez pas plantés là, idiots ! Faites pousser des cris et fuyez pour sauver vos vies ! »

Allez, crois-tu vraiment qu’on va gober ça ? pensait tout le monde à l’unisson. Tout le monde savait que les cheveux des Superds étaient d’un vert vif et non d’un bleu sale.

« Peux-tu croire ces péquenauds de la campagne, Patron ? Ils ne savent même pas reconnaître le visage de la terreur quand ils le voient ! C’est une blague. Toutes ces rumeurs qui circulent, mais nous sommes entré ici et personne ne t’a reconnu ! »

Apparemment, ce gamin est déterminé à prétendre que son pote est un diable vicieux et sanguinaire. Plus ils y pensaient, plus sa petite tirade aiguë semblait hilarante. L’aura troublante que ce petit groupe avait projetée jusque-là s’était dissipée presque instantanément.

Le « Patron » du gamin avait le bijou rouge sur le front, bien sûr. Et aussi la cicatrice sur son visage. Ces deux choses avaient même l’air assez convaincantes. Mais il s’était trompé sur des détails fondamentaux.

« Sniff… »

À ce moment-là, un aventurier anonyme avait laissé échapper le premier rire de l’après-midi.

« Hé, c’est quoi ton problème !? » cria férocement le garçon, se tournant dans la direction du son.

« Ai-je dit quelque chose de drôle, voyou !? »

C’était trop ridicule. Les rires étouffés avaient commencé à se répandre dans la foule. Après un long moment, quelqu’un avait finalement offert une réponse.

« Sniff… Héhé. Juste un conseil, gamin… les Superds ont les cheveux verts… »

Avec cela, une explosion d’hilarité remplit la salle de la guilde d’un bout à l’autre.

◇ ◇ ◇

À en juger par les éclats de rire qui nous secouaient de tous côtés, notre numéro avait bien démarré.

Au premier coup d’œil, la guilde des aventuriers semblait être un endroit encore plus difficile que ce à quoi je m’attendais. La foule était incroyablement diversifiée, même si c’était probablement typique de n’importe quel lieu de rassemblement aussi profond dans le Continent Démon. J’avais remarqué un homme avec une tête de cheval, un type avec les bras du genre faux d’une mante religieuse, une femme avec des ailes de papillon, et une fille qui avait la forme d’un serpent de la taille vers le bas. Ils étaient pour la plupart d’apparence humaine, mais il y avait toujours au moins une caractéristique étonnamment inhabituelle à trouver. Même les gens qui n’avaient pas de parties de corps d’animaux n’étaient pas des êtres humains normaux. J’avais vu des gens avec des épines pointues qui poussaient sur leurs épaules, et d’autres avec une peau totalement bleue, il y en avait même quelques-uns avec quatre bras ou deux têtes. D’après ce que je voyais, les Migurds et les Superds étaient probablement les démons les plus humanoïdes, en termes d’apparence.

« Stupides crétins ! Ne vous moquez pas de notre boss ! Il a abattu toute une bande de monstres qui nous attaquaient dans les terrains sauvages… tout seul ! »

Plutôt que de broncher sous l’œil attentif de la foule, je m’étais aventuré plus loin dans le hall, essayant d’agir avec une furie convaincante.

« Vous entendez ça, les gars ? Dead End sauve des enfants perdus apparemment ! »

« Ahahahah ! Merde, je ne savais pas qu’il était si tendre ! »

« Sérieusement ? Peut-être qu’il viendra sauver mon bacon un jour aussi ! Gahahaha ! »

Normalement, j'aurai bloqué face à toutes ces moqueries, mais cette fois, ça ne m’atteignait pas vraiment. Était-ce parce que je ne jouais qu’un rôle ? Parce que la foule autour de moi était si… surréaliste ? Ou peut-être… que je devenais un être humain plus confiant ?

Non, ne nous emballons pas.

Ils se moquaient surtout de Ruijerd, pas de moi. Il n’y avait aucune raison de me féliciter jusqu’à ce que je puisse me défaire de la cruauté qui me visait.

Un rapide tour d’horizon de la pièce m’avait permis de constater que personne ne soupçonnait Ruijerd d’être un véritable Superd. Cela signifiait qu’il était temps pour moi de sortir la scène A, l’un des morceaux de dialogue que nous avions préparés.

« J’en ai assez de ces crétins ! Allez, boss, donne-leur une leçon ! »

« Hmph… Laisse les idiots rire s’ils le veulent. »

D’ailleurs, nous avions aussi répété une scène B, au cas où il n’y aurait pas eu de rires avant.

« Laisse ces idiots rirent… Oh mec, quel dur à cuire ! »

« Bordel de merde, il se comporte déjà comme un gros bonnet ! »

« Gahaha ! Pauvre gars ! Je veux presque m’excuser… »

Tu serais probablement en train de t’excuser si tu savais la vérité, mec. Et avec des larmes qui couleraient sur ton visage.

« Hmph ! Bande d’idiots, vous avez de la chance que notre patron ait un si grand cœur ! » avais-je annoncé, puis m’étais rapidement tourné pour examiner la pièce.

À notre gauche, il y avait un énorme tableau d’affichage recouvert de morceaux de papier. À notre droite, il y avait quatre comptoirs en bois, occupés par une poignée de commis qui nous regardaient avec étonnement. Ça ressemblait à notre destination initiale.

Je m’étais dirigé avec confiance vers le côté droit du hall d’entrée avec mes compagnons me suivant… pour me rendre compte qu’ils utilisaient de sacrés comptoirs assez hauts.

J’avais fait un signe de tête à Ruijerd, celui-ci m’avait rapidement hissé.

« Hé, toi là-bas ! Nous voulons nous inscrire comme aventuriers ! »

J’avais délibérément parlé assez fort pour que toute la foule entende. Il y avait eu une autre explosion de rires immédiats.

« Dead End est un putain de débutant, hein !? »

« Hack, wheeze… Agh, mon estomac me fait mal ! »

« Oh mec ! Vais-je devoir montrer les ficelles du métier à Dead End !? »

« Ça, c’est quelque chose que je vais écrire à la maison ! »

Ok, je pense que s’en est assez pour l’instant.

« Vous allez la fermer !? Je n’entends pas le greffier ! »

Après que je leur aie crié dessus, la foule commença à se calmer, bien que les sourires sur leurs visages ne montraient aucun signe d’atténuation.

« Bien sûr, petit. Pas de problème… »

« Il faut faire attention aux règlement et tout, hein… ? Rire… »

« Hehehehe... »

J’entendais encore des ricanements silencieux derrière mon dos, mais ce n’était pas vraiment un problème.

Pour l’instant, tout allait bien.

◇ ◇ ◇

Ainsi, après environ quarante-quatre ans de lutte acharnée, j’avais finalement réalisé mon rêve de longue date : mettre les pieds dans un bureau de placement… en quelque sorte.

J’avais dans ma manche mes « références » de magicien d’eau de rang saint, un nouveau compagnon de confiance qui n’avait pas travaillé depuis des siècles à mes côtés, et une petite femme un peu gâtée derrière moi pour laquelle je devais subvenir à ses besoins. Au bout du compte, un homme doit travailler s’il veut manger…

Mais de toute façon. Commençons tout de suite.

« Je suis désolé pour l’agitation, mademoiselle. Pouvez-vous nous aider ? »

La commis de l’autre côté du comptoir, en face de moi, avait les cheveux oranges et une paire de crocs frappants dépassant de sa bouche. Son haut présentait un assez gros décolleté, et il se trouvait qu’elle avait trois seins, ce qui signifie un double décolleté. Quelle innovation efficace !

« Hein ? Oh, bien sûr. Vous voulez… vous inscrire comme aventuriers, c’est ça ? »

La greffière semblait un peu décontenancée par mon ton qui devenait soudainement beaucoup plus poli. Pourtant, il n’était probablement pas sage d’essayer de maintenir l’acte de belligérance éternellement, il serait beaucoup trop facile de faire une erreur et de me trahir à un moment donné. Elle supposerait que j’avais juste essayé de montrer à la foule que je n’étais pas une fripouille.

« C’est exact. En fait, on est totalement novice sur ce sujet. »

« Dans ce cas, pourriez-vous commencer par remplir ces formulaires ? »

La greffière, qui se tenait sous le comptoir, récupéra trois feuilles de papier et trois minces bâtonnets de charbon de bois, qu’elle m’avait remis. Les formulaires étaient tous identiques. Il y avait une ligne pour votre nom, une ligne pour votre profession et un texte décrivant la guilde et résumant ses règles.

« Je peux le lire à haute voix pour vous, si vous ne pouvez pas le lire vous-même », déclara la greffière, au moment même où je commençais à me demander comment un guerrier analphabète d’un village de campagne allait faire face à tout cela.

« Merci, mais cela devrait aller. »

J’avais pris l’un des formulaires et je l’avais lu à voix haute dans la langue humaine pour qu’Éris puisse comprendre.

◇ ◇ ◇

  1. Utilisation de la guilde des aventuriers

L’inscription auprès de la Guilde des aventuriers (« la guilde ») vous donne droit à l’utilisation de ses services.

  1. Services de la Guilde

Les aventuriers inscrits peuvent se rendre dans n’importe laquelle de nos succursales, situées dans le monde entier, pour accepter des emplois, être payés pour le travail accompli, vendre des matières premières et échanger des devises.

  1. Votre dossier d’inscription

Toutes les informations relatives à votre inscription à la guilde seront enregistrées exclusivement sur votre Carte d’Aventurier, dont vous êtes personnellement responsable.

Si votre carte est perdue ou détruite, une nouvelle carte peut être émise. Cependant, votre rang sera réinitialisé à F, et des frais spécifiques à la région vous seront imposés.

  1. Quitter la guilde

Les aventuriers inscrits peuvent se retirer de la guilde dans n’importe quelle succursale.

La réinscription à une date ultérieure est permise, mais votre rang sera rétabli à F.

  1. Conduite interdite

Il est strictement interdit aux aventuriers de :

  • Violer des lois locales

  • De mener toute action portant gravement atteinte à la réputation de la guilde

  • D’entraver un autre aventurier dans l’exécution de ses tâches

  • D’acheter ou de vendre des emplois de guilde

Toute violation de cette politique entraînera l’imposition d’une amende et la révocation de votre statut d’aventurier.

  1. Rupture de contrat

Tout aventurier ne parvenant pas à terminer un travail qu’il entreprend est tenu de payer un cinquième de la récompense indiquée à titre de pénalité pour rupture de contrat.

Cette taxe doit être payée en totalité dans un délai de six mois. Le défaut de paiement dans ce délai entraînera la révocation de votre statut d’aventurier.

  1. Rang

Les aventuriers sont classés en sept niveaux en fonction de leur expérience et de leurs capacités, en commençant par le rang F jusqu’à atteindre le rang S. En règle générale, les aventuriers ne peuvent entreprendre des emplois cotés qu’à un seul grade de leur rang actuel.

  1. Promotion/Rétrogradation

En remplissant un nombre prédéfini d’emplois (en fonction de leur rang actuel), les aventuriers peuvent obtenir une promotion à un rang supérieur.

Si un aventurier ne se sent pas prêt à prendre un rang plus élevé, il peut refuser une promotion.

De plus, le fait de ne pas remplir un certain nombre d’emplois consécutifs peut entraîner une rétrogradation à un grade inférieur.

  1. Obligation et responsabilité

Si les autorités locales demandent de l’aide en cas d’attaque de monstre ou d’une crise similaire, tous les aventuriers sont obligés d’offrir leur aide.

De plus, les aventuriers sont tenus d’obéir aux ordres de leur guilde locale en cas d’urgence.

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Partie 2

Je venais juste de lire la moitié de la liste qu’Éris en avait de plus en plus marre. Ce genre de lecture rigide et formelle n’était pas vraiment son point fort. Je n’avais également pas beaucoup aimé ça, mais ce truc me semblait important. Je n’avais pas encore remarqué de problèmes particuliers, mais…

« Euh, mademoiselle ? J’ai une question… »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Pouvons-nous remplir ce formulaire dans une autre langue ? »

« Une autre langue ? Comme… ? »

« La langue humaine, peut-être ? »

« Ah. Dans ce cas, ce ne sera pas un problème. »

D’après sa première clause, cela aurait pu être un problème si nous avions voulu utiliser un langage plus inhabituel. Bien évidemment, le japonais était définitivement proscrit. J’avais décidé d’opter pour la langue du Dieu Démon, cela m’avait semblé une bonne idée. Je pourrais leur donner l’impression que j’étais une sorte de démon à l’air juvénile, plutôt qu’un enfant humain.

« Vas-y, Éris. Tu devrais aussi remplir le tien. »

J’aurais probablement pu le faire pour elle, mais il était généralement préférable de signer personnellement des documents comme celui-ci.

Quoi qu’il en soit, toutes les conversations à l’intérieur de la guilde jusqu’à présent avaient eu lieu dans la langue du Dieu Démon. C’était probablement la seule raison pour laquelle Éris avait fait une moue silencieuse au lieu d’entrer dans la foule. Si elle avait vraiment compris ce qu’ils disaient, elle aurait pu sortir son épée afin de s’occuper de quelqu’un.

« Ce n’est pas qu’on ait l’intention de le faire, mais… que se passerait-il si on utilisait un faux nom là-dessus ? »

« Nous n’avons pas de règles particulières à ce sujet. Utilisez n’importe quel nom que vous voulez enregistrer. »

« Les criminels ne s’inscrivent pas sous des pseudonymes inventés ? »

« Eh bien, la définition d’un “criminel” n’est pas la même sur le Continent Démon que dans d’autres endroits. Tant que quelqu’un ne cause pas d’ennuis à la guilde, ce n’est pas vraiment un problème. Cependant, si vous êtes dépouillé de votre statut d’aventurier, il vous sera impossible de vous réinscrire… au moins sur ce continent. »

« Ça semble très… indulgent. »

« Ça nous cause des problèmes, c’est sûr. Mais beaucoup de personnes sur ce continent n’ont pas été nommées à la naissance, et une politique plus stricte les empêcherait de s’enregistrer. »

Intéressant. On aurait dit que la Guilde de ce continent avait un certain degré d’indépendance par rapport à l’organisation plus large si elle pouvait établir ses propres politiques de cette façon. J’avais imaginé toute cette histoire de « Royce » au cas où ils ne laisseraient pas s’enregistrer sous le nom de Superd, mais il semblerait que cela ne posait pas de problème.

« Si je m’inscris ici et que je me rends sur un autre continent, devrai-je me réinscrire auprès de la guilde là-bas ? »

« Ce ne sera pas nécessaire. »

Je m’en doutais, mais c’est bon à savoir.

« Si vous avez fini avec ce formulaire, posez votre main là-dessus. »

Cette fois, la greffière avait sorti un tableau transparent de la taille et de la forme d’une boîte de jeu érotique, avec un cercle magique gravé en son centre. Je pouvais voir une petite carte en métal sous sa surface.

Hmm. Qu’est-ce que c’est que tout ça ?

« Comme ça ? »

Tandis que j’appuyais ma main à plat contre le centre de la plaque, la greffière appuya sur le bouton sur son bord le plus éloigné.

« Nom, Rudeus Greyrat. Profession, Magicien. Rang F. »

Après avoir lu le contenu de mon formulaire d’une voix plate et régulière, elle appuya une seconde fois sur le bouton, et le cercle magique s’alluma légèrement en rouge pendant un court instant.

« La voilà. C’est votre carte d’aventurier. »

La carte en métal d’apparence ordinaire était maintenant marquée de lettres à peine brillantes :

Pour une raison quelconque, tout était écrit dans la langue humaine.

Ah, je vois. C’est une sorte de presse à imprimer magique, hein ? Hmm. Ne serait-il pas vraiment pratique de l’utiliser aussi pour les livres ? S’ils en avaient dans des établissements publics comme celui-ci, je me demandais pourquoi ils n’y en avaient pas partout…

D’un autre côté, peut-être que la plaque supérieure et la carte elle-même étaient aussi des objets spéciaux. On aurait dit que la greffière avait entré manuellement mon nom, mon grade et ma profession, mais l’appareil semblait avoir détecté ma race, mon âge et mon sexe à partir de ma main. C’était un peu dommage en fait. J’aurais voulu cacher le fait que j’étais un humain. Eh bien, peu importe. Je n’aurais qu’à m’y faire.

Pendant une seconde, j’avais sérieusement craint que cette chose puisse révéler que Ruijerd était vraiment un Superd, mais sa carte était accompagnée du mot vague « Démon ». C’était définitivement un soulagement. L’appareil avait exposé son âge réel, mais la greffière semblait l’accepter avec enthousiasme. Peut-être que les durées de vies absurdement longues n’étaient pas si rares chez les démons.

Le nom « Ruijerd Superdia » n’avait pas beaucoup entraîné de réactions. Elle avait probablement supposé que c’était un pseudonyme. En le disant grossièrement… Je lui avais juste dit qu’on n’avait pas l’intention de les utiliser. Mais peut-être que ce n’était pas de notoriété publique que le vrai nom de Dead End était « Ruijerd. » J’avais entendu les mots « Dead End » par-ci par-là, mais pas son vrai nom.

D’ailleurs, sa carte était écrite dans la langue du Dieu Démon…

Mais celle d’Éris avait aussi été écrite dans la langue humaine.

« Y a-t-il une raison pour que sa carte soit dans une langue différente de la nôtre, mademoiselle ? »

« Oui. Ça change en fonction de votre race. »

Ah. Donc les humains ont la langue humaine par défaut, quoi qu’il arrive.

« Que se passe-t-il si vous êtes métis ? »

« Parfois, il peut utiliser un peu des deux langues, mais typiquement, il vous épinglerait dans la race d’où viennent le plus grand nombre de vos ancêtres. »

« Hmm. Mais si vous êtes un humain qui ne peut parler que la langue du Dieu Démon ou quelque chose comme ça ? »

« Dans ce cas, vous pouvez poser votre doigt contre le centre de la carte et dire le nom de la langue que vous préférez. »

Pour l’essayer, j’avais posé mon doigt sur ma carte et j’ai dit : « Langue du Dieu Bestial. »

Les mots sur ma carte changèrent instantanément.

C’est plutôt amusant. « Langue du Dieu démon. Langue de Dieu Combattant… »

« Essayez de ne pas le faire trop souvent. Vous utiliserez l’énergie magique de la carte plus rapidement. », s’exclama la greffière.

« Et s’il n’y en a plus ? »

« Vous aurez besoin de le faire recharger dans une filiale de la guilde. »

Donc la carte elle-même était certainement un instrument magique. Il devait probablement y avoir quelque chose comme un minuscule cristal à l’intérieur.

« Les informations enregistrées disparaîtraient-elles ? »

« Non, heureusement. »

« Si vous continuez à utiliser la même carte pendant longtemps, la batterie se décharge-t-elle plus vite ? »

« La batterie… ? Si vous parlez de son énergie magique, alors non. L’approvisionnement peut tenir pendant environ un an, mais nous la réapprovisionnerons chaque fois que vous vous arrêterez pour signaler une tâche achevée, de sorte qu’elle ne sera généralement jamais à sec. »

« Combien coûte ce service ? »

« Eh bien, ce service n’engendrera aucuns frais… »

OK, alors pourquoi m’as-tu grondé pour avoir joué avec ça ? Hmm. Peut-être que les gens étaient connus pour se précipiter et crier après les employés quand leurs cartes manquaient de jus ? Les emplois du service relation client étaient toujours nuls, peu importe dans quel monde tu te trouvais.

« D’accord, j’ai compris. Je ferai plus attention à partir de maintenant. »

Je ne savais pas vraiment qui avait pu inventer ces choses, mais c’était un petit système intéressant. J’avais l’impression qu’il y avait probablement toutes sortes d’autres applications pour les outils magiques « rechargeables »… Mais peut-être que la guilde monopolisait la technologie ?

Ah eh bien. Inutile d’y penser maintenant.

« Hehe... »

Pendant ce temps, Éris regardait depuis un certain temps déjà sa petite carte avec un grand sourire sur son visage.

Je sais que tu es heureuse, mais ne perds pas ce truc, d’accord ?

« Voudriez-vous aussi enregistrer un groupe ? », demanda la greffière.

« Un groupe ? Oh ! Oui. S’il vous plaît. »

D’une façon ou d’une autre, cette partie m’avait complètement échappé, probablement parce qu’il n’y avait rien à ce sujet dans les documents initiaux. Dès le début, nous avions l’intention de nous organiser en groupe. Mais…

« Avant ça, pourriez-vous nous donner un aperçu du système des groupes ? »

D’un signe de tête poli, la greffière commença à expliquer les petits détails :

  • Un groupe peut compter un maximum de sept membres.

  • Seuls les aventuriers au plus d’un rang du chef du groupe peuvent s’y joindre.

  • Le rang de votre groupe est la moyenne des rangs de tous ses membres.

  • Dans le but d’obtenir une promotion, tous les membres du groupe reçoivent un crédit pour tout travail accompli en tant que groupe.

  • Les membres individuels du groupe peuvent toujours occuper d’autres emplois, indépendamment du groupe.

  • Pour se joindre à un groupe, il faut l’approbation du chef du groupe et de la guilde.

  • Pour quitter un groupe, il suffit d’obtenir l’approbation de la guilde.

  • Le chef du groupe a le droit d’expulser tout membre de son groupe.

  • Si le chef du groupe meurt, son groupe est automatiquement dissous.

  • Deux ou plusieurs groupes peuvent s’unir pour former un clan.

  • Les clans les plus performants sont éligibles pour recevoir une variété de récompenses spéciales de la guilde.

Les détails relatifs aux clans ne semblaient pas particulièrement pertinents pour le moment. Nous allions être un groupe agissant à petite échelle dans l’immédiat.

« Alors, quel nom voulez-vous utiliser pour votre groupe ? »

« Nous le nommerons Dead End. »

Le visage de la greffière avait un peu tremblé, mais elle avait réussi à retrouver le sourire en un rien de temps. Cette femme était clairement une pro.

« Très bien. Donnez-moi vos cartes un instant, s’il vous plaît. »

Nous avions repris les cartes que nous venions de ranger et nous les avons remises à la greffière de l’autre côté du comptoir. Elle s’était mise à l’arrière pendant un moment, puis elle est revenue.

« Et voilà. S’il vous plaît, assurez-vous que tout est en ordre. »

J’avais regardé ma carte et je vis qu’une nouvelle ligne avait été ajoutée en bas :

Groupe : Dead End (F)

Le « F » était probablement le rang de notre groupe.

Pour une raison quelconque, c’était un peu gênant de voir les mots « Dead End » écrits comme ça. Cela semblait intimidant quand vous le disiez à haute voix, mais c’était certainement une histoire différente quand ce n’était qu’écrit.

« À ce stade, nous avons terminé le processus d’inscription. Félicitations. »

« Merci pour votre temps, mademoiselle. »

« Si vous voulez faire un travail, il vous suffit d’arracher le papier du tableau et de l’apporter à nos comptoirs de réception. »

« Compris. »

« Aussi, nous nous occupons des achats derrière l’immeuble, donc assurez-vous d’y retourner quand vous aurez quelque chose à vendre. »

« Dehors, derrière. Compris. Merci. »

Phew. Au moins, on en avait fini avec la paperasse…

***

Partie 3

Une fois notre inscription terminée, nous nous étions tous les trois dirigés vers le tableau d’affichage pour y jeter un coup d’œil. Malheureusement, cela signifiait que nous devions nous frayer un chemin à travers un paquet d’aventuriers souriants. Presque tout le monde nous regardait comme si nous étions une bande de singes dans un zoo. Mais il y en avait quelques-uns dans la foule qui semblait plus hostiles qu’amusés. C’était ceux-là qu’il fallait que je surveille.

J’avais dit à Ruijerd qu’il avait le droit d’abandonner s’il le fallait, mais je n’attendais pas grand-chose de sa part en tant qu’acteur. Il n’y avait aucune garantie que nous pourrions tourner les problèmes à notre avantage comme je le voulais. Tout compte fait, je ne voulais pas me battre aujourd’hui.

« Euh… »

Tout d’un coup, une jambe s’était étirée de l’autre côté de l’allée où nous descendions. La cuisse en question appartenait à une grenouille… ou à un homme grenouille. Il avait un corps bleu avec des taches noires et le visage le plus suffisant que je n’avais jamais vu. Ses joues bombées se gonflaient et se dégonflaient rapidement, il était évident qu’il réfrénait son envie de rire.

Le type nous invitait à trébucher sur sa jambe ou quoi ? Cela m’avait rappelé des souvenirs désagréables, mais je les avais poussés hors de mon esprit tout en marchant prudemment sur l’obstacle.

« Gyahahahahaha ! »

« Eeheeheeheeheehee ! »

« Ghuh, ghuh, ghuh, ghuh ! »

Pour une raison ou une autre, tout le monde autour de moi éclata de rire. J’avais légèrement bronché devant le bruit, ce qui ne faisait que les faire rire plus fort. Reste calme. Ce n’est pas grand-chose. Ils allaient se moquer de toi, quoi que tu fasses. J’avais vécu exactement la même chose dans ma vie antérieure. C’était de l’intimidation à l’emporte-pièce classique.

Suivant mon exemple, Éris essaya de passer par-dessus la jambe de l’homme-grenouille, mais il l’avait soudainement secoué vers le haut, la touchant par le bout de ses orteils.

« Gah ! » 

Éris s’élança en avant, mais réussi à se rattraper au dernier moment en frappant violemment son pied contre le sol. Bien sûr, cela provoqua des rires plus bruyants de la part de tout le monde dans les environs.

Son visage rouge vif, Éris fixa furieusement la grenouille, avec ses poings fermés et ses dents grinçantes.

« Ooh. Je suis vraiment désolé, gamine ! Mes jambes sont si longues et minces que je peux à peine les contrôler ! »

L’homme s’était en quelque sorte excusé. Mais elle n’en avait pas compris un mot. Merde. Est-ce que ça va se transformer en bagarre ? Si elle donne le premier coup de poing, les choses peuvent vite dégénérer…

Mais à ma grande surprise, Éris renifla hautainement, retourna sur ses talons et s’approcha pour me rejoindre. Son visage était terrible à voir, mais elle avait réussi à se contrôler. Éris, brave fille ! Bien joué, tu as montré que tu étais la seule adulte de la pièce ! Je te donne le prix de la combativité ! Tu viens de recevoir 100 points bonus !

Malheureusement, c’était maintenant au tour de Ruijerd d’affronter la menace de la patte de grenouille. Tendre sa jambe comme ça lui avait permis de bloquer le chemin, comme elles étaient longues et maigres. Devrait-il vraiment s’aventurer dehors avec de tels bâtons comme jambes ? Peut-être que cela lui avait permis de sauter très haut ou quelque chose du genre… ?

Concentre-toi, s’il te plaît. Qu’est-ce que Ruijerd va faire ici ?

Levant le pied en l’air, Ruijerd commença à franchir l’obstacle sur son chemin. Comme avec Éris, l’homme grenouille secoua la jambe pour le faire trébucher…

« Qu-quoi !? »

Celui qui avait fait la chute fut notre ami visqueux, et non Ruijerd. Celui-ci avait glissé un pied sous la jambe de la grenouille lorsqu’il l’avait soulevée, puis il donna un coup de pied pour le déséquilibrer complètement. Retombant de sa chaise, l’homme avait atterri à plat sur le ventre dans la pose classique de la grenouille écrasée.

Une fois de plus, tout le monde autour de nous éclata de rire.

« Ghuh, ghuhuhuhuhuh ! »

« Cette manière de se faire renverser par un novice, mec ! »

« C’est ce qui arrive quand on s’en prend à un Superd ! Hilarant ! »

Le visage bleu vif de l’homme grenouille changea immédiatement de couleur pour une nuance de rouge vif. Très intéressant. Avait-il vraiment du sang froid ?

« Bâtard ! »

Sautant sur ses pieds d’une manière très grenouille, notre nouvel ami sorti un couteau de sa hanche et le pointa de façon menaçante vers Ruijerd.

Hein ? Sérieusement ? Veux-tu vraiment faire un combat à la vie à la mort pour ça ?

« T’as du culot de te foutre de moi comme ça, mon pote ! »

« … Tu devrais reculer maintenant, si tu sais ce qui est bon pour toi. »

Ruijerd. S’il te plaît. C’est ce qu’on dit quand on veut se battre. Ce type a un couteau, non ? C’est un peu… Hmm. Cela peut encore être qualifié comme un bout de ferraille ? Juste à peine… ?

« Hé. Allez, Perutko. Laisse tomber. »

Un homme à tête de cheval sorti soudainement de la ligne de touche pour interférer.

« S’en prendre aux débutants n’est plus à la mode depuis des années, mec. »

« Mais ce type… »

« Tu as perdu l’équilibre et tu es tombé, c’est ça ? »

« Allez, Nokopara, ce salaud est en train de me toiser… »

« Tu as perdu l’équilibre et tu es tombé. Pas vrai ? »

Quand l’homme cheval se répéta, l’homme grenouille s’arrêta, fit une pause, fit un claquement de langue amer, puis sortit directement de la guilde. La foule des spectateurs s’était rapidement désintéressée et commença à se disperser en groupes de deux ou trois.

Franchement. J’avais réfléchi à la possibilité que nous nous battions ici, mais c’était plus angoissant que prévu.

Cette crise étant passée, j’avais fait demi-tour et me dirigeais devant le tableau d’affichage de la guilde… totalement inconscient du regard sinistre d’un certain homme à la tête de cheval.

◇ ◇ ◇

Le tableau était entièrement recouvert de dizaines de feuilles de papier. Il y avait une montagne de travail à faire apparemment.

En tant que nouveau groupe, cependant, nous ne pouvions accepter que des emplois classés F ou E, et il n’y avait pas de quêtes particulièrement épiques dans ces catégories. La majorité d’entre elles n’étaient que des petits boulots dans la ville, comme organiser un entrepôt, aider dans la cuisine de quelqu’un, tenir la comptabilité de base, chercher un animal perdu, et exterminer les insectes.

Aucune d’entre elles ne semblait particulièrement difficile, mais les récompenses étaient également faibles.

Les formulaires réels ressemblaient à ceci, par exemple :

Mission de rang : F

Mission : Organisation de l’entrepôt

Transport d’objets lourds.

Localisation :

Ville de Rikarisu, maison numéro 12, un entrepôt avec une porte rouge

Durée de la mission :

une demi-journée — journée entière

Date Limite :

Pas de date limite

Commanditaire :

Dogamu de la race des Orute

Récompenses : 

5 pièces de monnaie en pierre

Notes :

Il y a beaucoup de choses à déplacer et pas assez de mains. Quelqu’un m’aide. Plus il y a de mains, mieux c’est.

Mission de rang : F

Mission : Assistant de préparation de cuisine

Laver la vaisselle et apporter les plats.

Localisation :

Ville de Rikarisu, maison numéro 4, rez-de-chaussée

Durée de la mission :

journée complète

Date Limite :

Jusqu’à la prochaine pleine lune

Commanditaire :

Shinitora de la race des Kanade

Récompenses : 

6 pièces de monnaie en pierre

Notes :

Prendre des réservations pour les clients lorsqu’ils entrent. L’aide est nécessaire. En outre, des essais de dégustations aideraient aussi.

Mission de rang : E

Mission : Recherche d’un animal perdu

Recherche d’un animal de compagnie qui a disparu. Le capturer.

Localisation :

Ville de Rikarisu, maison numéro 2, maison de Kiribu, chambre 3

Durée de la mission :

Jusqu’à ce qu’il soit trouvé

Date Limite :

Pas de date limite

Commanditaire :

Meiseru de la race des Houga

Récompenses : 

1 pièce de ferraille

Notes :

Notre animal de compagnie a disparu et n’est pas revenu. J’ai économisé mon allocation et fait une demande d’emploi. S’il vous plaît, que quelqu’un m’aide à le retrouver.

Cela n’avait pas l’air d’être le genre de travail que vous feriez en tant que groupe. On aurait dit que les emplois de bas niveau étaient pour la plupart des « quêtes en solo ». Tout travail que nous accomplissions comptait pour nous tous dans le but d’obtenir une promotion… Aux grades inférieurs, peut-être que les gens avaient tendance à accepter tout un tas d’emplois en tant que groupe, puis à répartir le travail entre les membres.

« Eh bien, je suppose qu’on devrait commencer par quelque chose de simple et agréable… »

Pourtant, pourquoi la quête de l’animal de compagnie perdu a-t-elle un rang E ? Oh, c’est vrai. Je suppose que la ville est assez grande… Toute cette histoire de « jusqu’à ce qu’on la trouve » pourrait aussi être un peu gênante. Il y avait après tout une possibilité que l’animal soit mort. Mais cette histoire d’« argent de poche » devait signifier que la cliente était une adorable petite fille, n’est-ce pas ? Ce serait triste si personne ne l’aidait…

« Il n’y a pas de combat des dragons ou autre ? »

« Il y en a une, mais c’est de rang S. Par ici. »

« Ooh, vraiment !? Attends… Je ne peux pas lire ça. »

« Il est dit qu’un dragon errant s’est installé au nord de la ville. »

« Tu crois qu’on pourrait le tuer ? »

« Il vaut mieux ne pas essayer. Les dragons sont des ennemis redoutables. »

« C’est vrai, c’est vrai. J’ai quand même envie d’essayer de tuer quelque chose… »

« Les quêtes de chasse aux monstres commencent au rang C, j’en ai peur. »

« Il n’y en a pas de moins bien classés ? »

« C’est ce qu’il semblerait. »

« Mais j’ai entendu dire qu’il fallait commencer par combattre les gobelins et tout ça… »

« Tu ne trouveras pas de monstres aussi faibles sur ce continent. »

Pendant que je regardais les emplois de bas niveau, Éris avait une conversation quelque peu alarmante avec Ruijerd, qui s’occupait de toute la lecture pour elle. Ce type était vraiment patient, n’est-ce pas ?

« Whoa là, mes amis de Dead End ! C’est un peu, heu… heu… hehe… des tâches trop élevées pour vous les gars, n’est-ce pas ? »

Un individu s’était moqué de nous. C’était l’un de ceux de tout à l’heure et il s’était approché de nous avec un grand sourire sur son visage. C’était un homme musclé avec la tête d’un cheval… le même gars qui était intervenu pour mettre fin à ce combat il y a une minute.

J’avais vite réagi, j’avais réussi à me mettre entre lui et Éris avant qu’il ne s’approche trop.

« Occupe-toi de tes affaires ! On va prendre une quête de rang F ou E, comme on est censés le faire ! »

« Hé, calme-toi, mon pote ! Je voulais juste te donner un petit conseil, d’accord ? »

« Sans blague. Comme quoi ? »

« Tiens, tu vois ce boulot ? L’animal de compagnie perdu ? »

En me dépassant, l’homme cheval déchira le papier que j’avais regardé quelques instants auparavant.

« Oui, je l’ai vu celle-là. Ça a l’air un peu dur, vu que cette ville est si grande. »

« Huuuh ? Hé, allez, petit ! Ton patron n’est pas le seul et unique Dead End ? N’est-il pas un Superd ? »

« Et qu’est ce que cela change !? »

« Cet œil sur son front est-il là juste pour faire de la décoration ? Peu importe la taille de la ville ! Il retrouvera cette chose en une seule journée, pas de problème ! »

Oh. Maintenant que j’y pense, il marque un point. Ruijerd pouvait localiser les êtres vivants avec une précision extrême. Même si nous étions à la recherche de quelque chose comme un chat perdu, il s’en sortirait probablement très bien… Bien sûr, l’homme cheval ici présent était clairement convaincu que Ruijerd était un imposteur, ce qui voulait dire que son « conseil » réfléchi n’avait en fait pour but que de nous provoquer. Je devais réagir en conséquence.

« Tais-toi ! Laisse-nous tranquilles ! »

Il faudrait quand même que je garde à l’esprit ce boulot d’animal de compagnie disparu. C’était une bonne occasion de profiter des capacités de Ruijerd.

« Allons-y, Boss ! »

« Hm ? Ne va-t-on pas prendre de boulot ? »

« Oublie ça ! On reviendra quand il n’y aura plus cette bande d’abrutis qui attendent pour nous piéger. »

Le but de cette visite était de faire notre grande apparition et de nous faire enregistrer, j’avais seulement regardé le tableau pour avoir une idée du type d’emplois disponibles. On commencera sérieusement demain matin.

« Allez, viens. On en a fini ici. »

En quittant la guilde tous les trois, j’avais entendu un autre grand éclat de rire de l’intérieur.

« Ils rentrent chez eux sans même prendre un seul boulot !? »

« Dead End n’est pas pressée, mec ! Quel gars cool ! »

« Gyahahahahahaha ! »

Je pouvais voir la confusion sur le visage de Ruijerd. C’était difficile de lui reprocher de se demander si nous étions vraiment sur la bonne voie. En ce qui me concerne, l’après-midi avait été un succès. Les gens dans ce bâtiment riaient à l’écoute des mots Dead End au lieu de tressaillir ou de grimacer. Ce n’était pas encore la réalisation de notre objectif à long terme, mais c’était certainement un pas dans la bonne direction.

Au moins, j’en étais convaincu.

D’une façon ou d’une autre, nous étions tous les trois des aventuriers à part entière.

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