Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 7 – Partie 3

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Chapitre 7 : La guilde des aventuriers

Partie 3

Une fois notre inscription terminée, nous nous étions tous les trois dirigés vers le tableau d’affichage pour y jeter un coup d’œil. Malheureusement, cela signifiait que nous devions nous frayer un chemin à travers un paquet d’aventuriers souriants. Presque tout le monde nous regardait comme si nous étions une bande de singes dans un zoo. Mais il y en avait quelques-uns dans la foule qui semblait plus hostiles qu’amusés. C’était ceux-là qu’il fallait que je surveille.

J’avais dit à Ruijerd qu’il avait le droit d’abandonner s’il le fallait, mais je n’attendais pas grand-chose de sa part en tant qu’acteur. Il n’y avait aucune garantie que nous pourrions tourner les problèmes à notre avantage comme je le voulais. Tout compte fait, je ne voulais pas me battre aujourd’hui.

« Euh… »

Tout d’un coup, une jambe s’était étirée de l’autre côté de l’allée où nous descendions. La cuisse en question appartenait à une grenouille… ou à un homme grenouille. Il avait un corps bleu avec des taches noires et le visage le plus suffisant que je n’avais jamais vu. Ses joues bombées se gonflaient et se dégonflaient rapidement, il était évident qu’il réfrénait son envie de rire.

Le type nous invitait à trébucher sur sa jambe ou quoi ? Cela m’avait rappelé des souvenirs désagréables, mais je les avais poussés hors de mon esprit tout en marchant prudemment sur l’obstacle.

« Gyahahahahaha ! »

« Eeheeheeheeheehee ! »

« Ghuh, ghuh, ghuh, ghuh ! »

Pour une raison ou une autre, tout le monde autour de moi éclata de rire. J’avais légèrement bronché devant le bruit, ce qui ne faisait que les faire rire plus fort. Reste calme. Ce n’est pas grand-chose. Ils allaient se moquer de toi, quoi que tu fasses. J’avais vécu exactement la même chose dans ma vie antérieure. C’était de l’intimidation à l’emporte-pièce classique.

Suivant mon exemple, Éris essaya de passer par-dessus la jambe de l’homme-grenouille, mais il l’avait soudainement secoué vers le haut, la touchant par le bout de ses orteils.

« Gah ! » 

Éris s’élança en avant, mais réussi à se rattraper au dernier moment en frappant violemment son pied contre le sol. Bien sûr, cela provoqua des rires plus bruyants de la part de tout le monde dans les environs.

Son visage rouge vif, Éris fixa furieusement la grenouille, avec ses poings fermés et ses dents grinçantes.

« Ooh. Je suis vraiment désolé, gamine ! Mes jambes sont si longues et minces que je peux à peine les contrôler ! »

L’homme s’était en quelque sorte excusé. Mais elle n’en avait pas compris un mot. Merde. Est-ce que ça va se transformer en bagarre ? Si elle donne le premier coup de poing, les choses peuvent vite dégénérer…

Mais à ma grande surprise, Éris renifla hautainement, retourna sur ses talons et s’approcha pour me rejoindre. Son visage était terrible à voir, mais elle avait réussi à se contrôler. Éris, brave fille ! Bien joué, tu as montré que tu étais la seule adulte de la pièce ! Je te donne le prix de la combativité ! Tu viens de recevoir 100 points bonus !

Malheureusement, c’était maintenant au tour de Ruijerd d’affronter la menace de la patte de grenouille. Tendre sa jambe comme ça lui avait permis de bloquer le chemin, comme elles étaient longues et maigres. Devrait-il vraiment s’aventurer dehors avec de tels bâtons comme jambes ? Peut-être que cela lui avait permis de sauter très haut ou quelque chose du genre… ?

Concentre-toi, s’il te plaît. Qu’est-ce que Ruijerd va faire ici ?

Levant le pied en l’air, Ruijerd commença à franchir l’obstacle sur son chemin. Comme avec Éris, l’homme grenouille secoua la jambe pour le faire trébucher…

« Qu-quoi !? »

Celui qui avait fait la chute fut notre ami visqueux, et non Ruijerd. Celui-ci avait glissé un pied sous la jambe de la grenouille lorsqu’il l’avait soulevée, puis il donna un coup de pied pour le déséquilibrer complètement. Retombant de sa chaise, l’homme avait atterri à plat sur le ventre dans la pose classique de la grenouille écrasée.

Une fois de plus, tout le monde autour de nous éclata de rire.

« Ghuh, ghuhuhuhuhuh ! »

« Cette manière de se faire renverser par un novice, mec ! »

« C’est ce qui arrive quand on s’en prend à un Superd ! Hilarant ! »

Le visage bleu vif de l’homme grenouille changea immédiatement de couleur pour une nuance de rouge vif. Très intéressant. Avait-il vraiment du sang froid ?

« Bâtard ! »

Sautant sur ses pieds d’une manière très grenouille, notre nouvel ami sorti un couteau de sa hanche et le pointa de façon menaçante vers Ruijerd.

Hein ? Sérieusement ? Veux-tu vraiment faire un combat à la vie à la mort pour ça ?

« T’as du culot de te foutre de moi comme ça, mon pote ! »

« … Tu devrais reculer maintenant, si tu sais ce qui est bon pour toi. »

Ruijerd. S’il te plaît. C’est ce qu’on dit quand on veut se battre. Ce type a un couteau, non ? C’est un peu… Hmm. Cela peut encore être qualifié comme un bout de ferraille ? Juste à peine… ?

« Hé. Allez, Perutko. Laisse tomber. »

Un homme à tête de cheval sorti soudainement de la ligne de touche pour interférer.

« S’en prendre aux débutants n’est plus à la mode depuis des années, mec. »

« Mais ce type… »

« Tu as perdu l’équilibre et tu es tombé, c’est ça ? »

« Allez, Nokopara, ce salaud est en train de me toiser… »

« Tu as perdu l’équilibre et tu es tombé. Pas vrai ? »

Quand l’homme cheval se répéta, l’homme grenouille s’arrêta, fit une pause, fit un claquement de langue amer, puis sortit directement de la guilde. La foule des spectateurs s’était rapidement désintéressée et commença à se disperser en groupes de deux ou trois.

Franchement. J’avais réfléchi à la possibilité que nous nous battions ici, mais c’était plus angoissant que prévu.

Cette crise étant passée, j’avais fait demi-tour et me dirigeais devant le tableau d’affichage de la guilde… totalement inconscient du regard sinistre d’un certain homme à la tête de cheval.

◇ ◇ ◇

Le tableau était entièrement recouvert de dizaines de feuilles de papier. Il y avait une montagne de travail à faire apparemment.

En tant que nouveau groupe, cependant, nous ne pouvions accepter que des emplois classés F ou E, et il n’y avait pas de quêtes particulièrement épiques dans ces catégories. La majorité d’entre elles n’étaient que des petits boulots dans la ville, comme organiser un entrepôt, aider dans la cuisine de quelqu’un, tenir la comptabilité de base, chercher un animal perdu, et exterminer les insectes.

Aucune d’entre elles ne semblait particulièrement difficile, mais les récompenses étaient également faibles.

Les formulaires réels ressemblaient à ceci, par exemple :

Mission de rang : F

Mission : Organisation de l’entrepôt

Transport d’objets lourds.

Localisation :

Ville de Rikarisu, maison numéro 12, un entrepôt avec une porte rouge

Durée de la mission :

une demi-journée — journée entière

Date Limite :

Pas de date limite

Commanditaire :

Dogamu de la race des Orute

Récompenses : 

5 pièces de monnaie en pierre

Notes :

Il y a beaucoup de choses à déplacer et pas assez de mains. Quelqu’un m’aide. Plus il y a de mains, mieux c’est.

Mission de rang : F

Mission : Assistant de préparation de cuisine

Laver la vaisselle et apporter les plats.

Localisation :

Ville de Rikarisu, maison numéro 4, rez-de-chaussée

Durée de la mission :

journée complète

Date Limite :

Jusqu’à la prochaine pleine lune

Commanditaire :

Shinitora de la race des Kanade

Récompenses : 

6 pièces de monnaie en pierre

Notes :

Prendre des réservations pour les clients lorsqu’ils entrent. L’aide est nécessaire. En outre, des essais de dégustations aideraient aussi.

Mission de rang : E

Mission : Recherche d’un animal perdu

Recherche d’un animal de compagnie qui a disparu. Le capturer.

Localisation :

Ville de Rikarisu, maison numéro 2, maison de Kiribu, chambre 3

Durée de la mission :

Jusqu’à ce qu’il soit trouvé

Date Limite :

Pas de date limite

Commanditaire :

Meiseru de la race des Houga

Récompenses : 

1 pièce de ferraille

Notes :

Notre animal de compagnie a disparu et n’est pas revenu. J’ai économisé mon allocation et fait une demande d’emploi. S’il vous plaît, que quelqu’un m’aide à le retrouver.

Cela n’avait pas l’air d’être le genre de travail que vous feriez en tant que groupe. On aurait dit que les emplois de bas niveau étaient pour la plupart des « quêtes en solo ». Tout travail que nous accomplissions comptait pour nous tous dans le but d’obtenir une promotion… Aux grades inférieurs, peut-être que les gens avaient tendance à accepter tout un tas d’emplois en tant que groupe, puis à répartir le travail entre les membres.

« Eh bien, je suppose qu’on devrait commencer par quelque chose de simple et agréable… »

Pourtant, pourquoi la quête de l’animal de compagnie perdu a-t-elle un rang E ? Oh, c’est vrai. Je suppose que la ville est assez grande… Toute cette histoire de « jusqu’à ce qu’on la trouve » pourrait aussi être un peu gênante. Il y avait après tout une possibilité que l’animal soit mort. Mais cette histoire d’« argent de poche » devait signifier que la cliente était une adorable petite fille, n’est-ce pas ? Ce serait triste si personne ne l’aidait…

« Il n’y a pas de combat des dragons ou autre ? »

« Il y en a une, mais c’est de rang S. Par ici. »

« Ooh, vraiment !? Attends… Je ne peux pas lire ça. »

« Il est dit qu’un dragon errant s’est installé au nord de la ville. »

« Tu crois qu’on pourrait le tuer ? »

« Il vaut mieux ne pas essayer. Les dragons sont des ennemis redoutables. »

« C’est vrai, c’est vrai. J’ai quand même envie d’essayer de tuer quelque chose… »

« Les quêtes de chasse aux monstres commencent au rang C, j’en ai peur. »

« Il n’y en a pas de moins bien classés ? »

« C’est ce qu’il semblerait. »

« Mais j’ai entendu dire qu’il fallait commencer par combattre les gobelins et tout ça… »

« Tu ne trouveras pas de monstres aussi faibles sur ce continent. »

Pendant que je regardais les emplois de bas niveau, Éris avait une conversation quelque peu alarmante avec Ruijerd, qui s’occupait de toute la lecture pour elle. Ce type était vraiment patient, n’est-ce pas ?

« Whoa là, mes amis de Dead End ! C’est un peu, heu… heu… hehe… des tâches trop élevées pour vous les gars, n’est-ce pas ? »

Un individu s’était moqué de nous. C’était l’un de ceux de tout à l’heure et il s’était approché de nous avec un grand sourire sur son visage. C’était un homme musclé avec la tête d’un cheval… le même gars qui était intervenu pour mettre fin à ce combat il y a une minute.

J’avais vite réagi, j’avais réussi à me mettre entre lui et Éris avant qu’il ne s’approche trop.

« Occupe-toi de tes affaires ! On va prendre une quête de rang F ou E, comme on est censés le faire ! »

« Hé, calme-toi, mon pote ! Je voulais juste te donner un petit conseil, d’accord ? »

« Sans blague. Comme quoi ? »

« Tiens, tu vois ce boulot ? L’animal de compagnie perdu ? »

En me dépassant, l’homme cheval déchira le papier que j’avais regardé quelques instants auparavant.

« Oui, je l’ai vu celle-là. Ça a l’air un peu dur, vu que cette ville est si grande. »

« Huuuh ? Hé, allez, petit ! Ton patron n’est pas le seul et unique Dead End ? N’est-il pas un Superd ? »

« Et qu’est ce que cela change !? »

« Cet œil sur son front est-il là juste pour faire de la décoration ? Peu importe la taille de la ville ! Il retrouvera cette chose en une seule journée, pas de problème ! »

Oh. Maintenant que j’y pense, il marque un point. Ruijerd pouvait localiser les êtres vivants avec une précision extrême. Même si nous étions à la recherche de quelque chose comme un chat perdu, il s’en sortirait probablement très bien… Bien sûr, l’homme cheval ici présent était clairement convaincu que Ruijerd était un imposteur, ce qui voulait dire que son « conseil » réfléchi n’avait en fait pour but que de nous provoquer. Je devais réagir en conséquence.

« Tais-toi ! Laisse-nous tranquilles ! »

Il faudrait quand même que je garde à l’esprit ce boulot d’animal de compagnie disparu. C’était une bonne occasion de profiter des capacités de Ruijerd.

« Allons-y, Boss ! »

« Hm ? Ne va-t-on pas prendre de boulot ? »

« Oublie ça ! On reviendra quand il n’y aura plus cette bande d’abrutis qui attendent pour nous piéger. »

Le but de cette visite était de faire notre grande apparition et de nous faire enregistrer, j’avais seulement regardé le tableau pour avoir une idée du type d’emplois disponibles. On commencera sérieusement demain matin.

« Allez, viens. On en a fini ici. »

En quittant la guilde tous les trois, j’avais entendu un autre grand éclat de rire de l’intérieur.

« Ils rentrent chez eux sans même prendre un seul boulot !? »

« Dead End n’est pas pressée, mec ! Quel gars cool ! »

« Gyahahahahahaha ! »

Je pouvais voir la confusion sur le visage de Ruijerd. C’était difficile de lui reprocher de se demander si nous étions vraiment sur la bonne voie. En ce qui me concerne, l’après-midi avait été un succès. Les gens dans ce bâtiment riaient à l’écoute des mots Dead End au lieu de tressaillir ou de grimacer. Ce n’était pas encore la réalisation de notre objectif à long terme, mais c’était certainement un pas dans la bonne direction.

Au moins, j’en étais convaincu.

D’une façon ou d’une autre, nous étions tous les trois des aventuriers à part entière.

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