Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 14 – Partie 2

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Chapitre 14 : Le début de notre voyage

Partie 2

« Enfin et surtout, rapportez ! Les détails peuvent souvent être importants, mais vous pouvez rester simple si vous le souhaitez. Prévenez-moi quand quelque chose ne va pas… ou quand quelque chose va bien. »

Techniquement, j’étais toujours le chef de ce groupe. J’avais besoin d’agir comme tel.

« Des questions pour l’instant ? »

« Aucune. Continue, s’il te plaît. »

Ruijerd secoua la tête, mais Éris leva la main.

« J’en ai une ! »

« Oui, Éris ? »

« On va se consulter tous les trois, mais c’est toi qui prends la décision finale, non ? »

« Eh bien, au final, je suppose que je le ferai. »

« Pourquoi ne prends-tu pas toutes les décisions tout de suite ? »

« Il y a une limite à ce que je peux penser tout seul. »

« Mais je n’aurai jamais d’idées que tu n’auras pas imaginées, Rudeus ! »

C’était gentil de sa part de dire cela, mais pour être tout à fait honnête, je voulais aussi être rassuré. Je voulais avoir l’occasion de leur présenter mes plans et d’entendre quelque chose comme : « Ça devrait bien marcher » ou « Tu vas y arriver, pas de problème. »

« Même si c’est vrai, tu peux dire quelque chose qui m’amène à penser différemment et me diriger vers une meilleure idée. »

« Tu crois… ? »

Éris n’avait pas l’air de bien comprendre le but de tout ça. Mais c’était probablement prévisible pour l’instant. L’important, c’était qu’on se serve tous les trois de notre tête.

« Eh bien… passons à autre chose. Pour l’instant, j’aimerais discuter de notre futur plan d’action. »

Notre voyage à travers le Continent Démon avait commencé brusquement, sans que nous ayons le temps de planifier ou de nous préparer. On allait devoir régler les choses à la volée du mieux qu’on le pouvait.

« Tout d’abord, parlons de notre destination. Notre but ultime est d’atteindre le Royaume Asura, à l’ouest du continent central. Je suppose qu’il n’y a pas d’objection ? »

Tous les deux acquiescèrent d’un signe de tête.

Bien sûr, atteindre le Continent Central était plus facile à dire qu’à faire. Nous ne pouvions pas passer directement du continent des démons jusqu’à lui, il n’y avait pas de route maritime qui les reliait. Les pêcheurs régnaient sur les mers de ce monde, et tous les autres ne pouvaient les traverser que sur un nombre limité de lignes prédéterminées.

« Ruijerd, comment atteindre le continent Millis ? »

« Les bateaux arrivent au Port Venteux, la ville la plus au sud du Continent Démon. »

Ce qui signifiait… qu’il nous fallait descendre jusqu’au sud du Continent Démon, arriver au Continent Millis, le traverser jusqu’à la côte ouest, et y prendre un bateau jusqu’à la côte est du Continent Central.

Techniquement, ce n’était pas notre seule option. Il y avait aussi une sorte de « voie détournée ». Vous pourriez voyager jusqu’au nord-ouest du Continent Démon, puis traverser le Continent Divin. Cela vous permettait d’atteindre le Continent Central sans descendre jusqu’à Millis. Théoriquement, cela pourrait réduire de plusieurs mois le temps de déplacement nécessaire.

Cependant, cet itinéraire n’était pas aussi simple qu’il n’y paraissait. Le Continent Divin était totalement encerclé par des parois rocheuses escarpées. À moins d’avoir des ailes, c’était impossible de monter là-haut. Ça voulait dire qu’on ramperait en bas des falaises. Il n’y avait pas de routes ni de stabilité. Il y avait aussi beaucoup, beaucoup de monstres. Apparemment, seulement une personne sur vingt qui avait risqué ce voyage avait survécu pour raconter l’histoire.

De plus, même si vous aviez réussi à survivre au Continent divin, la route maritime suivante vous menait au nord du Continent Central, qui était de loin sa région la plus inhospitalière. Seuls les criminels désespérés et les chasseurs de primes les pistant choisiraient cette option.

Le gain de temps potentiel n’était que théorique. Cela prendrait probablement beaucoup plus de temps si nous l’essayions vraiment. Il n’y avait pas beaucoup de raison de nous mettre en danger mortel en échange d’une petite différence dans la durée de notre voyage.

Ce qui voulait dire… que notre seule vraie option était d’aller vers le sud.

« Sais-tu combien nous coûtera notre voyage au total ? »

« Aucune idée. »

« Combien de temps nous faudra-t-il pour aller jusqu’au Sud ? »

« Je pense que cela prendra du temps. Si on restait tout le temps sur la route… peut-être six mois ? »

Six mois même en marchant constamment ? Ça va être une vraie randonnée…

« Est-ce qu’il y a un moyen d’y arriver plus vite ? Comme un cercle de téléportation ? »

« L’utilisation des cercles de téléportation a été interdite après la Seconde Grande Guerre. Certains peuvent rester intacts, mais il serait difficile de les utiliser. »

Huh. Je n’étais pas trop sérieux, mais je suppose qu’il y a vraiment des cercles de téléportations là-bas.

« Nous sommes donc coincés à marcher sur le sol? »

« C’est exact. »

Il n’y avait apparemment pas d’options de transport à grande vitesse à proprement parler. Voyager pendant six mois d’affilée m’avait semblé… assez intimidant.

Peut-être que j’y avais juste pensé de la mauvaise façon. En fait, nous n’allions pas rester sur la route pendant des mois à la fois, nous allions avancer petit à petit, en sautant d’une ville à l’autre. Lentement mais sûrement. Un voyage de mille kilomètres commençait par un seul pas.

« D’accord. Eh bien, pensons à court terme. Si nous commençons à nous diriger vers le Port Venteux, combien de temps nous faudra-t-il pour atteindre la prochaine ville ? »

« Nous devrions arriver dans une grande ville dans deux semaines. »

Deux semaines, hein ? Je suppose que c’était quelque chose auxquels j’aurais du m’attendre.

« Sais-tu s’il y a une guilde des aventuriers ? »

« Je suppose que oui. »

Selon Ruijerd, dans le passé, les races démoniaques créaient toutes leurs propres petits villages, et les villes se développaient comme des lieux centraux où elles pouvaient commercer, se mélanger et échanger des informations entre elles. Par conséquent, il n’existait pas vraiment de « villes » de taille modeste sur ce continent, et on pouvait s’attendre à ce que n’importe quelle ville ait une guilde qui emploie des guerriers des populations locales.

À l’origine, avant l’existence de la guilde, les villes étaient protégées par des guerriers choisis pour représenter les différentes races vivant dans la région. Parfois, un peuple plus guerrier envoyait des combattants supplémentaires au nom d’une race qui se battait rarement. Les Superds et les Migurd avaient apparemment eu une relation comme celle-là à un moment donné. Dès le début, les mariages entre différents peuples étaient également courants, comme moyen de renforcer ces liens entre les villages. Pas étonnant qu’il y avait une telle variété de démons… Tout le continent était probablement rempli de gens métis.

Oups. J’étais un peu hors sujet là.

« Très bien. Je pense donc qu’on devrait aller vers le sud en voyageant à travers les villes ayant des guildes. »

Après avoir atteint une nouvelle ville, on y resterait une semaine ou deux. À moins de perdre notre statut d’aventuriers, nous pourrions assumer des tâches de guilde et faire passer le mot sur la Dead End. Une fois que nous avions réuni assez d’argent pour acheter des fournitures pour notre voyage vers la prochaine ville, nous reprendrions la route.

« … C’est le schéma général que j’ai en tête. Avez-vous des questions ou des opinions à ce sujet ? »

Ruijerd leva la main.

« Tu n’as pas besoin de parler de moi à qui que ce soit. C’est en partie pour ça que je me suis coupé les cheveux. Pour l’instant, je ne suis même pas un Superd. »

« Eh bien, on ne va pas s’écarter de notre chemin. On fera ce qu’on peut tout en accomplissant nos tâches. »

Après avoir vu ce que Jalil et Vizquel avaient accompli, je m’étais rendu compte que nous n’avions rien à faire de trop fantaisiste. Nous ferions juste notre travail poliment et complètement et présenterions « Dead End Ruijerd » au client si tout se passait bien. Et si quelque chose tournait mal, c’était « Rudeus » qui s’en chargerait. C’était simple et agréable. À partir de maintenant, c’était moi qui serai associé aux faux pas et aux méfaits de la Dead End.

J’avais prévu de garder cette dernière partie secrète pour Ruijerd.

Qu’est-ce que tu dis ? « Ne viens-tu pas de décider que tu devrais parler de tout en groupe ? »

Ne sois pas si bête, mon pote.

« Des questions précises sur ce qu’on va faire en restant dans les villes ? »

« Oui ! »

« Vas-y, Éris. »

Le fait de la voir lever la main comme ça m’avait rendu un peu nostalgique. J’avais presque l’impression que nous étions de retour en classe.

« Allons-nous regarder autour de nous pour voir ce que les magasins font payer pour des trucs, comme tu le faisais avant ? »

« Oh, veux-tu dire mon étude de marché… ? »

Hrm. En y repensant, je m’étais laissé aller à ça à Rikarisu. J’avais vraiment couru partout sans réfléchir tout à l’heure. Si j’avais pris la peine d’étudier le marché local à l’avance, j’aurais peut-être réussi à obtenir notre lézard tout terrain à un meilleur prix.

« Oui, faisons-le. Connaître les prix locaux est après tout la première étape pour dépenser l’argent judicieusement. Quelque chose d’autre vous vient à l’esprit ? »

Ruijerd et Éris se regardèrent en silence. La réponse semblait être « non ».

C’était probablement suffisant pour notre première réunion. Nous allions sans doute rencontrer des problèmes plus épineux à mesure que nous allions de l’avant. L’important était de leur parler lentement au lieu de se disputer avec eux.

« Très bien alors. C’est un plaisir de travailler avec vous ! »

Sur ce, j’avais incliné la tête et j’avais terminé.

À partir de ce moment, notre voyage avait finalement commencé sérieusement.

◇ ◇ ◇

Nous avions atteint la ville voisine sans que personne ne se rende compte que Ruijerd était un Superd.

Pour être honnête, il s’était rasé tous ses cheveux, même ses sourcils, et sur le continent des démons, les gens ne faisaient généralement rien de trop dramatique avec leur coupe de cheveux. J’avais l’impression que la plupart d’entre eux étaient fiers de leur apparence naturellement distinctive.

Les gardes à la porte nous avaient accueillis chaleureusement.

Honnêtement, Ruijerd ne ressemblait à rien d’autre qu’un voyou de la mafia ou un skinhead à ce stade, mais… peut-être qu’il y avait des tonnes de types avec des visages effrayants par ici ? Le fait que nous étions habillés comme des aventuriers cette fois-ci avait probablement aussi fait une différence. Ils semblaient vraiment heureux de nous avoir. Lorsque nous étions entrés dans la ville, Ruijerd mentionna qu’il n’avait jamais reçu un accueil aussi chaleureux auparavant avec un petit sourire sur le visage.

Alors que nos apparences n’étaient apparemment plus un problème, quand nous nous étions annoncés comme « Dead End » à la guilde, pas mal de personnes avaient posé des questions du genre : « Es-tu sûr que ce soit une bonne idée ? »

Quand j’avais répondu que ce n’était pas un problème puisque nous avions l’homme lui-même avec nous, la plupart d’entre eux rirent aux éclats. C’était bien de voir que ce tour fonctionnait encore. J’étais presque reconnaissant pour le nom tristement célèbre de la « Dead End ». C’était un excellent brise-glace.

Après nous être installés dans nos logements dans une auberge locale, nous avions rapidement tenu une autre réunion d’équipe. Éris avait donné le coup d’envoi en annonçant :

« Rudeus reniflait mes sous-vêtements en faisant la lessive, et je veux qu’il arrête », avec une expression parfaitement sérieuse sur son visage.

On m’avait immédiatement interdit de toucher à nouveau la culotte d’Éris. Mais c’était un problème, car seul Ruijerd était maintenant capable de faire notre lessive. Je n’allais pas donner les sous-vêtements de ma chère Éris à un vieux pervers qui ne pouvait s’empêcher de caresser chaque enfant qu’il voyait sur la tête. Par conséquent, nous avions appris à Éris comment faire la lessive, et c’était devenu l’une de ses responsabilités à l’avenir.

Mais très vite, je l’avais vue renifler furtivement mes sous-vêtements. Bien sûr, je n’avais pas soulevé d’objection. Un homme devait avoir l’esprit ouvert à ce genre de choses.

La collecte d’informations ne s’était pas avérée trop difficile. J’avais pu trouver presque tout ce que j’avais besoin de savoir à la Guilde des Aventuriers. Tout ce que j’avais à faire était d’agir comme un enfant et de demander innocemment aux autres aventuriers. Ça s’était si bien passé que j’avais failli vouloir rester un enfant pour toujours.

Finalement, je m’étais un peu emporté et j’avais demandé à une aventurière avec un joli corps quel était son état civil, mais Éris me renversa avant de s’asseoir sur moi dans un style jiu-jitsu.

Malheureusement, le concept de « flirt » était un concept étranger dans ce monde.

Nous nous étions déplacés d’une ville à l’autre, suivant le même schéma général, nous nous étions ainsi dirigés régulièrement vers le sud. Un mois s’était écoulé, puis deux…

Un jour, Éris décida qu’elle voulait commencer à apprendre la langue du Dieu Démon.

Sans le dictionnaire de Roxy, je ne pourrais pas vraiment élaborer un programme détaillé. Pourtant, elle avait à la fois Ruijerd et moi pour apprendre, et semblait apprendre les bases rapidement. Quand nous étions dans le royaume d’Asura, elle refusait d’apprendre à lire et à écrire sa propre langue, mais je suppose que les circonstances pouvaient changer une personne. Cela avait dû être très stressant d’être la seule personne qui n’avait aucune idée de ce que les gens disaient la plupart du temps.

« Mon n-nom est… Éris Boreas Greyrat. »

« C’est exact. Tu as compris, mademoiselle. »

« Vraiment !? »

Elle était encore loin d’être prête à avoir une vraie conversation, mais…

Rappelons-nous les paroles de Yamamamoto Isoroku.

« Montrez-leur, dites-leur, faites-les faire, puis félicitez-les, sinon les gens ne feront rien. Parlez-leur, écoutez-les, reconnaissez-les et donnez-leur des responsabilités, sinon ils ne grandiront jamais. Regardez-les travailler avec gratitude et montrez votre foi en eux, sinon, ils ne s’épanouiront jamais vraiment. »

Il y avait là des tonnes d’instructions, mais pour l’instant, je m’étais concentré sur la partie « encourage-les ».

« Vraiment splendide, mademoiselle ! Superbe travail ! Tu m’as donné des frissons ! »

« … Tu te moques de moi ? »

« Non, non ! Pardonne cette pensée ! »

Ouais, d’accord, j’ai peut-être un peu exagéré… Je suppose qu’il faut aussi savoir les louer, hein ?

« Hmm. Tu sais, on va bientôt quitter le Continent Démon, non ? »

« C’est le plan. On va à Millis après. »

Le mot « bientôt » était un peu optimiste. Nous avions encore un très long chemin à parcourir.

« Peut-être qu’il ne sert à rien que j’apprenne la langue de Dieu Démon… »

« Eh bien, tu finiras peut-être par revenir ici un jour, n’est-ce pas ? »

Bien qu’elle y ait été conduite par nécessité dans ce cas, il semblait clair que la jeune fille n’aimait toujours pas beaucoup étudier.

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