Mushoku Tensei (LN) – Tome 3 – Chapitre 13 – Partie 3

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Chapitre 13 : Échec, chaos et résolution

Partie 3

L’esprit enfin décidé, j’avais commencé à rassembler de l’énergie magique dans mes mains… puis j’avais remarqué le regard sur le visage de Nokopara.

« Quoi… ah… ah… »

Tout à coup, il était devenu blanc comme un linge et ses genoux tremblèrent. Mais il ne me regardait pas, il regardait quelque chose derrière moi.

Je m’étais retourné. Ruijerd était là, debout, l’air très… mouillé. Une cruche à eau que j’avais remarquée derrière l’auberge gisait sur le sol à côté de lui.

« Ruijerd… ? »

Ses cheveux brillaient d’une teinte vert émeraude à la lumière du soleil. Ils étaient trempés. Il avait jeté l’eau sur sa tête et enlevé la teinture bleue. Il avait aussi défait son capuchon pour exposer la « gemme » rouge sur son front.

« C’est un… S-S-S-Superd… »

Nokopara était tombé en arrière, atterrissant sur ses fesses.

« Je suis Ruijerd Superdia, aussi connu sous le nom de Dead End. Il semblerait que mon identité ait été révélée. Je suppose que je vais devoir tous vous tuer maintenant. »

Ruijerd avait prononcé ses mots dans un monotone rigide et contre nature. Cet homme n’était pas fait pour être acteur. Pourtant, la rage dans ses yeux était réelle.

« Aaaaaaaaah ! »

Quelqu’un poussa un cri perçant.

Soudainement, tout le monde dans la rue se mettait à crier, filles, jeunes hommes et personnes âgées. Ils laissèrent tomber tout ce qu’ils portaient et s’enfuirent pour sauver leur vie.

Alors que le chaos s’étendait, Jalil avait été le premier à nous trahir. En criant : « Ils m’ont menacé ! Je ne savais rien ! Je ne suis pas de leur côté ! ». Il se retourna et se mit à courir, emmenant Vizquel.

Les jambes de Kurt avaient lâché sous lui. Peut-être se souvenait-il à quel point il avait parlé à Ruijerd l’autre jour… Son visage était d’une pâleur mortelle, et il avait l’air de se pisser dessus.

Pourquoi étaient-ils tous si terrifiés tout d’un coup ? C’était toujours Ruijerd. Sa couleur de cheveux avait juste changé, c’est tout. Je n’arrivais pas à comprendre.

Vous vous comportiez normalement jusqu’à maintenant, alors pourquoi ? Allez, Kurt. Tu parlais de Ruijerd comme s’il était une sorte de superhéros. Te souviens-tu d’avoir dit que tu voulais être comme lui un jour ? Tu le regardais avec un tel respect dans tes yeux ! Alors pourquoi ? Pourquoi as-tu si peur de lui maintenant que ses cheveux sont verts ? Regarde Éris, mec. Elle n’a aucune idée de ce qui se passe, mais elle reste calme, non ? Elle est là, les bras croisés, les pieds écartés et le menton en l’air. Regardant tranquillement tout cela les yeux grands ouverts.

Alors pourquoi tout le monde panique-t-il ?

Beaucoup de gens autour de nous fuyaient dans une panique aveugle. D’autres étaient assis dans la rue. Quelques-uns avaient sorti leurs armes, mais leurs jambes vacillaient. Il y avait eu beaucoup de gens différents dans le coin, mais ils tremblaient tous maintenant.

Tout ça à cause d’un type aux cheveux verts ?

Je savais que les gens d’ici craignaient la Dead End. Mais je ne savais pas qu’ils le craignaient autant. Je ne savais pas à quel point leur terreur était viscérale.

Hah.

Ça m’avait donné envie de rire. Quel était donc l’intérêt de tous mes plans et intrigues ? Ils avaient jeté un coup d’œil à sa vraie couleur de cheveux, et voilà ce qu’on obtient. Est-ce que je pensais vraiment que mon petit plan de relations publiques allait changer quelque chose ? Comme c’était ridicule. J’avais peut-être supposé que tout le monde finirait par le comprendre, comme l’avaient fait Éris et les Migurds. Mais cela n’aurait jamais été possible.

Il ne s’agissait pas de contrer quelques vilaines rumeurs. Pour ces gens, les Superds étaient la terreur incarnée. Et je voulais changer ça ? C’est une blague. C’était sans espoir depuis le début.

Alors que l’enfer se déchaînait autour de lui, Ruijerd se dirigea lentement vers Nokopara.

« Toi, là-bas. Tu t’appelles Nokopara, pas vrai ? »

Saisissant l’homme-cheval par le cou, il le souleva du sol. Le corps de Nokopara semblait lourd, mais Ruijerd le souleva sans effort.

« Ruijerd ! Ne le tue pas ! »

Même maintenant que j’en étais arrivé là, je m’étais retrouvé à crier cet avertissement. S’il tuait Nokopara dans ces circonstances, sous les yeux de tous, le nom « Dead End » serait entachée à jamais.

Honnêtement, ça ne l’était pas déjà ? Ça ne servait à rien de se retenir maintenant.

Non, pas vraiment. Oublie ça. Vas-y, Berserker !

« Je suis désolé ! Je ne savais vraiment pas que vous étiez le vrai Dead End ! S’il vous plaît, ne me tuez pas ! S’il vous plaît ! »

Le visage de Ruijerd était enragé. Nokopara tremblait comme une feuille.

« Hé, qu’est-ce qui se passe ? » siffla Éris, un peu énervée.

« Nous sommes au milieu d’un scénario catastrophe », répondis-je lentement.

« Alors pourquoi ne fais-tu rien !? »

« Parce qu’il n’y a rien que je puisse faire. Désolé. »

« Eh bien, je suppose qu’on n’a vraiment pas eu de chance ! »

La fille avait abandonné assez vite. Pour sa défense, j’avais déjà fait la même chose il y a un moment. Il n’y avait pas moyen de réparer ce désordre. Et tout était de ma faute. J’avais supposé que nous pourrions toujours « trouver quelque chose », même si quelqu’un s’en rendait compte. Je me laissais croire qu’on pouvait improviser pour se sortir d’un problème inattendu. Et ce désastre en avait été le résultat.

Maintenant que les événements étaient arrivés aussi loin, la seule vraie façon pour moi d’intervenir était de réaliser mon idée originale et de repartir à zéro.

Comme, lancer un raz-de-marée magique. C’était une bonne idée, n’est-ce pas ? Hahahaha.

« S’il vous plaît, vous devez avoir pitié de moi ! J’ai trois… non, sept enfants affamés à la maison ! »

Nokopara plaida pour sa vie d’une manière quelque peu incohérente. Il était assez évident que ces enfants n’existaient pas. Même moi, j’aurais pu trouver quelque chose de plus convaincant.

« … je quitte cette ville. Et tu vas oublier que tu m’as rencontré. »

Mais Ruijerd l’avait tout de suite libéré. Je supposais que la référence aux enfants avait probablement joué son rôle.

« D’accord, d’accord ! Merci beaucoup ! »

Le soulagement était visible sur le visage de Nokopara… pour un instant au moins.

« Cependant, tu ferais mieux d’espérer que notre statut d’aventuriers ne soit pas révoqué d’ici à ce que nous atteignions la prochaine ville. »

Ruijerd frappa son trident vers l’avant et fit une seule entaille peu profonde sur la joue de Nokopara. Une tache humide s’était répandue à l’avant du pantalon de l’homme-cheval, et quelque chose s’était épanoui à l’arrière.

« Ne présume pas que tu seras en sécurité dans les murs de cette ville… »

Nokopara hocha la tête vigoureusement et à plusieurs reprises.

Quand Ruijerd le lâcha, il s’écrasa par terre en produisant un bruit dégoûtant.

◇ ◇ ◇

Peu de temps après, Ruijerd fut chassé de Rikarisu. Prenant tout le blâme sur ses épaules, il s’était enfui dans le désert.

C’était une journée horrible et frustrante. Ruijerd s’était mis à courir tout seul, nous laissant derrière lui. Très vite, les gardes s’étaient précipités pour demander à tout le monde ce qui s’était passé, et j’avais insisté sur le fait que Ruijerd n’avait rien fait de mal. Mais à leurs yeux, bien sûr, je n’étais qu’un enfant. Ils pensèrent qu’il avait dû m’intimider pour que je dise ça.

Peu de temps après, tout le monde en arriva à la conclusion que Ruijerd avait planifié un complot maléfique ici, nous utilisant comme ses pions. Les détails de son plan n’étaient pas clairs, mais au moins il n’avait jamais eu l’occasion de le réaliser. Tout le monde autour de nous regardait Éris et moi avec de la pitié dans les yeux. Ils étaient convaincus que nous étions des enfants naïfs qui avaient été manipulés par un diable vicieux.

J’étais tellement en colère que j’aurais pu frapper quelqu’un. Qu’est-ce que Ruijerd avait fait de mal ? Tout ça, c’était de ma faute. Rien de tout ça ne serait arrivé si je n’avais pas été aussi complaisant.

Éris et moi étions retournés à l’auberge Wolfclaw, avions rassemblé nos quelques biens afin de la quitter pour de bon. On devait se dépêcher, sinon Ruijerd pourrait s’en aller quelque part. Ce n’était pas comme si nous pouvions rester dans cette ville nous-mêmes de toute façon. Nokopara était toujours en vie, tout comme ses prétendus alliés. Et le fait est que nous avions enfreint les règles de la guilde. Une fois que les choses se seraient un peu calmées, nous serions à nouveau coincés, et sans Ruijerd sur qui compter.

« Hé, Rudeus… »

Alors que nous sortions de l’auberge, Kurt s’était approché de nous avec une expression incertaine sur son visage. Je ne savais pas quoi lui dire honnêtement.

« Pourquoi voyagez-vous avec ce monstre ? »

« Ne le traite pas de monstre. Te rappelles-tu de la personne qui t’a sauvé dans cette forêt ? Comment peux-tu en arriver à te pisser dans ton pantalon à sa vue ? »

« Eh bien, euh… je suppose que tu as raison. C’est ma faute… »

OK, ça ne sert à rien de s’en prendre à Kurt. À ce moment-là, il a essayé de nous aider.

« Désolé, Kurt. Ce n’était pas juste. »

« Non, c’est bon. Ce n’est pas comme si tu avais tort. »

C’était vraiment un bon garçon. Bien qu’Éris le regardait encore avec ses poings serrés.

« J’ai une faveur à te demander. Je veux que tu nous remercies de t’avoir sauvé la vie. »

« D’accord, de quoi as-tu besoin ? » dit Kurt, son expression devenant plus sérieuse.

« Ruijerd n’est vraiment pas une mauvaise personne. Les gens ont peur de lui à cause de ce qui s’est passé il y a longtemps, mais c’est un type bien. Je veux que tu répandes ça dans toute la ville, même après notre départ. »

« Euh… d’accord. Compris. Après tout, je suppose que je lui dois la vie… »

Le gamin n’avait pas l’air entièrement convaincu.

Eh bien… Il avait l’air sérieux. Peut-être qu’il tiendra sa promesse.

Je m’étais arrêté à la Guilde des Aventuriers et j’avais exclu Jalil et Vizquel de la Dead End. J’avais aussi demandé à la greffière de leur transmettre un bref message : « Désolé d’en être arrivé là, mais merci pour votre aide. Vous avez aussi sa gratitude. »

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