Mushoku Tensei (LN) – Tome 2 – Chapitre 8

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Chapitre 8 : Le tournant décisif

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Chapitre 8 : Le tournant décisif

Partie 1

Le royaume de Shirone.

Roxy Migurdia regarda par la fenêtre avec ses sourcils froncés. La couleur du ciel était étrange. Brun, noir, violet et jaune. C’était un changement de couleur qu’on ne voyait pas d’habitude. Et pourtant, elle avait déjà vu ces couleurs quelque part auparavant.

« Je me demande ce que c’est ? »

Les nuances lui étaient familières, mais elle n’avait jamais vu le ciel comme ça auparavant. La seule chose qui était claire, c’est que ce n’était pas un phénomène naturel.

L’explication la plus probable était la magie qui, pour quelque raison que ce soit, était devenue incontrôlable. Son échelle était telle qu’elle pouvait le voir tourbillonner même de loin.

Puis elle s’en était souvenue. La façon dont cela se passait, elle l’avait déjà vu à l’Université de Magie. La lumière avait l’air de faire appel à la magie.

« Cette direction… à l’est. Le royaume d’Asura ? Ne me dites pas que c’est Rudeus ? »

Elle se souvint du garçon qu’elle avait un jour pris comme élève. Ce garçon qui, à l’âge de cinq ans, pouvait produire une tempête alors qu’il était tout à fait calme. Maintenant, il avait dix ans. À la moitié de son âge, il avait le contrôle total de son incroyable niveau de mana, il était donc possible qu’il fasse quelque chose comme ça.

Dans sa lettre la plus récente, il parlait de ses difficultés qu’il avait à utiliser la magie d’invocation. Peut-être avait-il obtenu un livre à ce sujet, ou peut-être avait-il trouvé un professeur.

« Tu es pleine d’ouverture ! »

Tandis qu’elle pensait profondément, quelqu’un lui lança ses bras par-derrière. Alors que ses seins étaient saisis, elle sentit quelque chose de dur presser contre ses cuisses.

« Hnnngh... »

Roxy en avait marre. Peu importe la façon dont il l’avait tripotée, l’épaisseur de ses robes masquait tout. D’ailleurs, même s’il prenait du plaisir à faire ça, la seule chose qu’elle ressentait était du mécontentement.

« Que des flammes déchaînées brûlent mon corps sur place ! »

« Gyaah ! »

La force des flammes qui couvraient son corps fit voler la personne derrière elle. Elle ne pouvait toujours pas lancer d’incantations silencieuses, mais elle avait considérablement raccourci la durée de ses sorts au cours des cinq dernières années. Lorsqu’elle apprit que Rudeus enseignait à ses propres élèves à lancer des incantations silencieuses, elle décida de s’entraîner à raccourcir ses propres incantations. Ça n’avait pas été facile. Qu’est-ce que ce petit génie attendait-il de ses élèves ? Tout le monde n’avait pas autant de talent que lui.

Roxy se retourna et regarda le garçon s’effondrer sur le sol.

« Votre Altesse, tu ne peux pas te mettre derrière une femme et commencer à peloter sa poitrine. »

« Roxy ! Essayais-tu de me tuer !? Je te ferai jeter en prison ! »

Le septième prince du royaume de Shirone, Pax Shirone, était un enfant avec une mauvaise attitude qui venait d’avoir quinze ans. Son mauvais comportement était attachant au début, mais dernièrement, il avait développé un réel intérêt pour le sexe et faisait des avances sexuelles à Roxy tous les après-midi.

« Mes excuses. Je ne savais pas qu’une attaque aussi faible serait fatale. Tu dois avoir la constitution d’un insecte. »

« Grrr ! Quel irrespect criminel ! Je ne pardonnerai pas ça ! Si tu veux mon pardon, alors roule ta robe et laisse-moi voir ta culotte ! »

« Je passe mon tour. »

Il avait déjà mis la main sur de multiples servantes, laissant le roi préoccupé par la façon de gérer la situation. Maintenant, il semblait qu’il s’était tourné brusquement vers son professeur de magie.

Que pouvait-il trouver de si attrayant dans cette fille aussi impolie ? Roxy ne comprenait pas. Elle n’avait aucune raison d’obéir à ses ordres, même s’il s’en prenait à elle. Selon le contrat qu’elle avait passé avec le parti au pouvoir dans le pays, peu importait les exigences égoïstes du prince, elle était libre de le traiter comme elle le voulait.

Il n’y avait pas beaucoup de gens dans ce château qui obéissaient directement à ses ordres. En plus, c’était le septième prince. Il était bas dans la ligne de succession, donc il n’avait presque aucune autorité. En fait, si vous regardiez les privilèges qui leur étaient accordés, Roxy était dans une position beaucoup plus élevée en tant que magicienne de la cour impériale.

Le prince essaya une approche différente.

« Roxy, je le sais déjà. Je sais que tu as un amant ! »

« Je vois, et quand ai-je réussi à faire quelque chose d’aussi incroyable que de trouver un amant ? », répondit-elle soudainement à son charabia tout en inclinant la tête.

Un amant ? Elle en voulait un à un moment donné, mais elle n’avait pas encore trouvé son homme idéal. Même si elle le faisait, avec son apparence typique d’un membre de la race de Migurd, il n’aurait sûrement pas à lui rendre la pareille. Elle avait déjà abandonné.

Le prince était lui-même bizarre. C’était probablement pour cela qu’il voulait goûter à son corps, même si ce n’était qu’une fois. Mais Roxy n’avait pas l’intention de se laisser séduire si facilement.

« Eheheheh, je me suis glissé dans ta chambre et j’ai trouvé toutes ces lettres que tu avais empilées au fond de ton étagère ! Je ne sais pas quel genre de paysan des bois il est, mais avec mon pouvoir je pourrais le faire écraser ! Si tu ne veux pas qu’il soit confronté à une exécution cruelle, tu ferais mieux de devenir ma femme ! »

C’était donc son autre méthode. Il prenait en otage l’amant de la personne qui l’intéressait, puis exigeait que l’objet de son affection lui soit soumis pour protéger son amant. Après cela, il l’emmenait devant son amant juste pour qu’il puisse se sentir plus fort en dominant une autre personne.

Il n’avait pas cette autorité. Néanmoins, il restait encore le prince de ce pays. Il avait ses propres troupes avec lesquelles il pouvait faire ce qu’il voulait, et on disait qu’il avait déjà pris en otage l’amant d’une servante.

Quel mauvais goût ! Tout ce qu’il fait, c’est me faire flipper, pensa Roxy. Je suis contente de ne pas avoir d’amant. Toutes ces lettres venaient de Rudeus. Rudeus, qui était un élève respecté et non son amant.

« N’hésite pas à le faire », lui avait-elle dit.

« Quoi !? Je vais vraiment le faire, tu sais !? Si tu veux t’excuser, fais-le maintenant ! Si tu le fais maintenant, tu n’auras qu’à me donner ton corps ! »

Le prince n’avait clairement pas réfléchi. Il ne savait même pas où se trouvait Rudeus. D’après son attitude, il n’avait pas non plus lu le contenu de ces lettres.

« Si tu réussis à faire quelque chose à Rudeus, alors tu pourras t’en prendre à mon corps. »

« Pourquoi es-tu si confiante ? Tu devrais savoir quel genre de pouvoir j’ai ! »

Bien sûr qu’elle le savait. Elle savait que le peu de pouvoir qui lui était accordé en tant que prince de la famille royale ne valait pratiquement rien.

« Rudeus est sous la protection de la famille Boreas, une puissante famille noble du royaume Asura. »

« Boreas… ? Comme si des nobles pouvaient tenir tête à l’autorité d’un membre de la famille royale ! »

Il ne connaissait même pas les noms des puissantes familles nobles du royaume Asura. Cette prise de conscience provoqua un soupir de Roxy. Les autres tuteurs lui avaient-ils appris quelque chose ?

Comme les quatre grands seigneurs du seigneur régional, les familles Notos, Euros, Zepiroth et Boreas étaient de grande renommée. Quand le royaume d’Asura était entré en guerre, c’était eux qui se tenaient sur les lignes de front. Ils étaient militaires depuis des générations. En outre, des membres de ces puissantes familles nobles pouvaient parfois se rendre à Shirone dans le cadre d’engagements diplomatiques. Ces noms valaient vraiment la peine qu’on s’en souvienne.

« Le royaume d’Asura est dix fois plus grand que celui de Shirone. Pour prendre l’enfant d’une puissante famille noble sur un soupçon sans fondement et l’escorter à la potence, il faudrait posséder un énorme pouvoir politique et des compétences stratégiques. Ce qui est impossible pour toi, Votre Altesse. »

« Je vais le faire assassiner ! J’enverrai mes gardes impériaux ! »

Gardes impériaux ? Roxy soupira intérieurement. Il n’y pensait vraiment pas du tout.

« Tes gardes ne peuvent pas traverser la frontière du pays. Et même s’ils le pouvaient, et la chance serait d’un sur un million, la famille Boreas a invité l’épéiste de rang Roi Ghislaine dans sa maison en tant qu’invitée. Crois-tu vraiment qu’ils puissent se faufiler dans la Citadelle de Roa, dans le manoir de Boreas, échapper à la vigilance de Ghislaine, et assassiner un maître magicien ? »

« G-grrr ! »

Le prince broya ses dents et piétina ses pieds.

Roxy laissa échapper un autre soupir devant ses lèvres. Ah, je n’arrive pas à le croire. Il a déjà quinze ans et il ne sait même pas faire la distinction entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.

Roxy avait entendu dire que l’élève de Rudeus, Éris, avait été un animal sauvage incontrôlable il y a trois ans, mais s’était récemment affiné. Pendant ce temps, son élève était dans ce triste état.

Il y a des années, elle l’avait trouvé attachant et avait même reconnu son talent pour la magie. Malheureusement, dès qu’il avait réalisé quel genre de pouvoir il avait, sa volonté de s’améliorer disparut et il passa la majeure partie de ses leçons à dormir. Elle ne voyait plus aucun potentiel en lui.

« De toute façon, je vais bientôt quitter mon poste de tuteur alors tu n’arriveras pas à temps, même si tu envoyais des assassins sur le champ. »

Dès qu’elle avait dit cela, il éleva la voix en état de choc.

« Qu’est-ce qu’il y a !? Je n’ai pas entendu un mot à ce sujet ! »

« Alors, tu ne dois pas t’en souvenir. »

Dès le début, l’accord était qu’elle travaillerait comme son tuteur jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge adulte. À l’époque, elle avait envisagé de demander à rester au-delà de son contrat. Cependant, il y en avait beaucoup dans le palais royal qui s’indignaient de sa présence. Partir était la chose la plus sage à faire.

« C’est aussi une bonne occasion », avait-elle ajouté.

« Une bonne occasion pour quoi ? »

« Il y a quelque chose d’étrange dans le ciel de l’ouest. Maintenant, je peux aller le voir par moi-même. »

« Qu’est-ce que… »

Elle n’avait pas dit que c’était parce qu’elle voulait voir le visage de Rudeus après tout ce temps. Ça ne ferait qu’enrager le prince si elle le faisait.

« J’ai toujours besoin de toi ! On est toujours en plein milieu de nos leçons, hein ! »

« Hors de propos. Tu dors durant toute la leçon. »

« C’est de ta faute si tu ne m’as pas réveillé ! »

« Oh, vraiment ? Alors, en tant que mauvais professeur, je devrais partir rapidement. N’oublie pas d’engager quelqu’un qui te réveillera la prochaine fois. Je ne suis pas intéressée. »

Ce prince m’est incompatible, pensa Roxy. Je n’arrête pas de le comparer à Rudeus. Tout ce que j’avais à faire, c’était d’enseigner une chose à Rudeus et il l'apprenait, l’étudiait et apprenait dix ou vingt nouvelles choses. Peut-être que je ne peux plus être professeur après avoir rencontré un étudiant comme ça.

Et ainsi, Roxy quitta Shirone et partit en voyage. Elle avait été accostée par le septième prince et ses gardes personnels en sortant, mais les avait rapidement repoussés.

Par la suite, le septième prince insista obstinément pour qu’elle soit appréhendée et traduite devant lui pour répondre de l’acte de violence impardonnable qu’elle avait commis contre lui. Cependant, le roi refusa d’écouter ses réclamations. Au lieu de cela, le prince avait été réprimandé et sévèrement puni pour avoir été incapable de convaincre la magicienne d’eau de rang Roi, Roxy Migurdia, de rester.

◇ ◇ ◇

Roxy n’était pas la seule à avoir remarqué le changement de ciel. Chaque personne, dans le monde entier, avait remarqué à la fois son anomalie et de la soudaineté de son apparition. Même les plus renommés en avaient pris note.

Les monts de la Wyrm Rouge

Le Dieu Dragon Orsted regarda le ciel à l’ouest.

« Le Mana se regroupe ? Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce qui a causé cette folie ? » grogna-t-il avec suspicion.

« Peu importe. Je le saurai quand je l’aurai vu par moi-même. »

Il se dirigea droit vers l’ouest, passant sur le cadavre de la wyrm rouge qu’il venait de tuer en une seule attaque. D’autres wyrms rouges envahissaient la région comme un groupe d’insectes, mais aucun ne tenta de s’impliquer. Ils savaient comment on marchait au-dessous d’eux. Ils savaient que même s’ils se regroupaient pour attaquer, ils ne seraient que tués. Ils savaient aussi que s’ils restaient à l’écart, ils seraient en sécurité.

Cet être était le Dieu Dragon, un être qui existait en dehors des règles de ce monde. Un être qu’ils ne pouvaient pas toucher.

Plein d’orgueil, un autre jeune wyrm qui ne comprenait pas sa place dans le monde s’était abattu sur Orsted. En une fraction de seconde, il ne resta plus qu’un morceau de viande.

Les wyrms rouges étaient des créatures terriblement fortes qui résidaient sur le continent central. Ce n’étaient pas seulement leurs prouesses au combat qui les rendaient redoutables, mais aussi leur intelligence. C’est pourquoi ils savaient qu’il était l’homme le plus fort du monde, et qu’ils ne pouvaient espérer vaincre un adversaire, même si leur nombre les favorisait.

Orsted descendit lentement la montagne alors que les wyrms rouges l’observaient. Ses intentions étaient un secret qu’il était le seul à connaître.

La forteresse flottante

Le dragon blindé Perugius, l’un des trois héros légendaires, regardait le ciel du nord.

« Qu’est-ce que c’est ? On dirait la lumière émise quand le Grand Empereur du Monde des Démons se réveille. »

À proximité se tenait une femme avec un masque de corbeau blanc sur le visage, un membre du peuple du ciel qui possédait des ailes noires.

« Le niveau de mana est différent. », chuchota-t-elle

« En effet. Au contraire, elle ressemble à la couleur d’une invocation. »

« Oui, mais cela dit, je n’ai jamais vu autant de lumière pour une invocation auparavant. »

« C’est comme quand on a créé Briseuse de Chaos. »

Perugius se devait d’agir.

Il avait passé sa journée, comme tous les autres, assis au sommet de son trône dans Briseuse de Chaos, en présence de ses douze disciples, continuant à surveiller la surface. Il n’avait qu’un seul objectif, vaincre son ennemi détestable, le Dieu Démon Laplace, dès qu’il se sera réveillé. Il attendait dans le ciel le moment où le sceau se détacherait.

« Se pourrait-il que le Grand Empereur du Monde des Démons essaie de desceller Laplace ? »

« C’est possible. L’Empereur a été d’un calme troublant au cours des 300 ans qui se sont écoulés depuis son réveil », répondit-elle.

« Très bien. Arumanfi ! »

« Je suis là. »

Un homme revêtu de blanc et portant un masque jaune apparut et s’agenouilla devant Perugius.

« Faites des recherches immédiatement, je suis sûr que celui qui est derrière tout ça doit être en train de préparer quelque chose. Si vous voyez quelqu’un de suspect qui semble être impliqué là-dedans, tuez-le. »

« Compris. »

Le dragon blindé Perugius se mit à l’action, ses douze serviteurs derrière lui. Tout ça pour venger les quatre amis qu’il avait perdus. Cette fois, c’est sûr qu’il portera un coup fatal au Dieu Démon Laplace.

***

Partie 2

La terre sainte des épées

Le dieu de l’épée, Gal Farion, leva les yeux vers le ciel du sud.

« Quel est le problème avec le ciel ? Aussi… »

Au moment où il se concentrait sur autre chose, deux de ses élèves bien-aimés l’attaquèrent en même temps.

« Ne te lance pas sur moi alors que je porte mon attention sur autre chose. »

Son calme était revenu. En comparaison, ses deux élèves bien-aimés étaient à bout de souffle.

Comme d’habitude, les deux n’avaient aucun sens, pensa-t-il. Ils étaient trop confiants après avoir obtenu le titre d’épéiste de rang Empereur, mais c’est tout. Quel tas de connerie ! La renommée n’avait pas sa place dans le jeu d’épée. Tout ce que tu devais faire était de devenir plus fort. La seule chose que la célébrité t’apportera est l’argent et le pouvoir politique. Il n’y avait aucune valeur en cela. Tout le monde peut obtenir ces choses. Aussi grand qu’il fût, il pouvait couper ces ordures en un seul coup. Si vous étiez fort, vous pourriez avoir les choses à votre façon. Avoir des choses à votre façon était la façon dont vous devez vivre votre vie.

Ghislaine le comprenait mieux, mais elle s’était ramollie. C’est pourquoi elle était coincée au niveau d’épéiste de rang Roi. Ceux qui avaient une forte soif de vivre étaient naturellement forts, même s’ils étaient physiquement faibles ou incapables de manier une épée. Mais ceux qui étaient devenus forts pourraient perdre cette force motrice. C’est pourquoi Ghislaine s’était égarée. Elle n’était pas assez égoïste.

Ce n’était pas comme si les élèves avant elle étaient particulièrement doués. C’était leur cupidité obscène qui les rendait forts. L’appétit insatiable d’un couple qui vivait sur un champ de bataille à la vie ou à la mort.

« Hé, hé, viens vers moi. Battez-vous contre moi puis battez-vous à mort pour que l’un de vous puisse s’appeler épéiste de rang Divin ! Vous aurez assez d’argent pour jouer pendant une centaine de vies ! Vous pourrez aligner des femmes, des esclaves aux princesses, et faire ce que vous voulez avec elles ! Votre nom mettra les gens à genoux dans la peur ! Un pas en avant et des foules de gens se sépareront pour faire place à vous ! »

« Je n’ai pas commencé à apprendre l’épée pour quelque chose comme ça ! »

« Maître ! S’il vous plaît, ne nous insultez pas comme ça ! »

C’était ça. Ils allaient apprendre à être plus honnêtes avec eux-mêmes. Car s’ils le faisaient, ils pourraient facilement écraser quelqu’un comme lui et s’appeler épéiste de rang Divin.

Le dieu des épées, Gal Farion, avait déjà oublié le ciel du sud.

Quelque part sur le continent démoniaque

Le grand empereur du monde démoniaque, Kishirika Kishirisu, leva les yeux vers le ciel oriental.

« Hmph, quand tu es devenu aussi grand que moi, peux-tu voir les choses même si tu fais face à la direction opposée ? Comment ça !? Incroyable, n’est-ce pas ? »

Il n’y avait personne pour lui répondre. Pas une seule personne n’était présente.

« Donc, tu m’ignores ! Mwahaha ! Très bien, très bien ! Je te pardonnerai, humain ! Ou plutôt, personne ne m’approchera à cause du traité de paix, alors je n’ai d’autre choix que de te pardonner ! Mwahahaha, mwahahaha, mwaha — gurgh… »

Kishirika était seule.

Au moment où elle était revenue de la mort, elle s’était écriée :

« Moi, le Grand Empereur du Monde des Démons, Kishirika, je suis revenue à la vie ! Je dois vous avoir tous fait attendre ! Mwahahaha! »

Mais personne n’était là. Elle décida d’aller en ville et de répéter sa déclaration, pour que les gens la regardent comme si elle était une enfant pitoyable. Depuis lors, personne ne lui avait prêté attention.

Elle avait essayé de rendre visite à l’un de ses anciens amis, mais ils lui dirent simplement :

« Les choses sont pacifiques en ce moment, alors tiens-toi bien. »

« Que font même ces devins humains ? Quand je vivais dans le passé, ils commençaient à trembler de peur, babillaient des choses étranges, puis sautaient de leurs fenêtres. Sans cette première partie, il me semble que mon réveil n’a aucune valeur. Hah, honnêtement, les jeunes de nos jours… »

Elle donna un coup de pied dans une pierre et leva les yeux vers la magie qui se rassemblait dans le ciel occidental. Un autre nom du grand empereur du monde des démons était l’empereur démon aux yeux démoniaque. Elle en possédait plus de dix, et d’un seul coup d’œil, elle pouvait dire ce qui se passait, peu importe la distance. Avec ces yeux, elle vit le mana puissant, la lumière familière de la magie d’invocation et la personne qui la contrôlait.

Ou du moins, elle aurait dû pouvoir.

« Qu’est-ce que c’est ça ? Je ne vois pas celui qui fait ça ? Je me demande s’il y a une barrière. Tu dois être timide de cacher ton visage après avoir causé un tel désordre. »

Les yeux de Kishirika n’étaient pas tout-puissants. C’est pourquoi elle n’était que le Grand Empereur du Monde Démon, et ne serait jamais appelée un Dieu Démon, peu importe le temps, qui passait. Bien qu’elle ne soit pas particulièrement dérangée par ça.

« Ce serait bien s’ils pouvaient au moins convoquer un héros. Mais dernièrement, pour tout le monde, ce n’est que Laplace ceci et Laplace cela. Kishirika ? Qui est-ce ? Donc, ce n’est pas comme si cela importait. J’imagine que même les héros préféreraient les jeunes hommes avec une belle apparence comme Laplace. Je veux aussi revenir un peu sous les projecteurs. Je veux être assailli par l’attention et qu’on me fasse défiler ! »

Elle soupira en partant en voyage. Un voyage sans destination particulière.

Au même moment — le point de vue de Rudeus

Nous étions allés sur une colline à la périphérie de la Citadelle de Roa. Comme je l’avais promis le jour de mon anniversaire, j’allais montrer à Ghislaine à quoi ressemblait la magie de l’eau de rang Saint. Éris, bien sûr, l’avait suivie.

J’avais sorti mon bâton et enlevé le tissu que j’avais enroulé autour du cristal juste au cas où. Aussi embarrassant que cela puisse paraître, c’était mieux que de montrer aux voleurs potentiels à quel point j’avais un objet coûteux. Je l’avais enveloppé pour qu’il ressemble à un chiffon rempli de mana pour amplifier la magie du bâton. C’était au moins préférable que de penser que je cachais un joyau énorme.

J’avais décidé de tester le bâton avec un tir d’entraînement avant d’essayer la magie de l’eau de rang Saint. J’avais concentré la même quantité de mana que d’habitude pour créer une Boule d’eau, mais le résultat était incroyable, c’était plus grand que je ne l’avais jamais vu auparavant.

« Whoa, c’est énorme ! »

Quand j’essayais de comprimer la balle, elle était devenue si petite qu’on ne pouvait même pas la voir. J’avais lentement fait des ajustements. Après trente minutes d’essais, j’avais compris que ce bâton avait multiplié par cinq les effets de ma magie de l’eau. Cela signifiait que ma magie offensive était plus puissante et que je pouvais produire le même niveau de puissance avec un coût en mana réduit.

Pour représenter cela avec des chiffres :

Sans le bâton : Coût du mana 10, Puissance 5

Avec le bâton : Coût du mana 10, puissance 25

Avec le bâton : Coût du mana 2, Puissance 5

Quelque chose comme ça. En d’autres termes, il fonctionnait comme une loupe ou un microscope. Il était difficile de faire des ajustements complexes en ce moment, mais ça irait probablement bien une fois que j’aurais pris l’habitude d’utiliser le bâton.

« Ça se passe comment ? »

Éris avait l’air nerveuse.

Ne t’inquiète pas, je suis officiellement obsédé par mon nouveau jouet, pensai-je.

« C’est difficile de faire des ajustements, mais c’est vraiment incroyable. »

« Vraiment ! Je suis contente ! »

J’avais continué de le tester et j’avais découvert que la magie du feu était amplifiée deux fois tandis que la terre et le vent étaient amplifiés trois fois chacun. Utiliser le bâton pour combiner différents types de magie, cependant, semblait difficile. Ou était-ce aussi une question d’habitude ?

« Très bien, alors, voici ce que vous attendiez toutes. Moi, Rudeus Greyrat, je vais vous montrer ma grande et toute puissante technique cachée ! »

« Super ! »

Éris applaudit de joie. Ghislaine semblait aussi très intéressée. Je me sentais aussi excité. Il est temps de leur montrer à quel point j’étais cool !

« Bwahahaha ! »

J’avais levé mon bâton vers le ciel en chantant mon sort de magie de l’eau de rang Saint.

« Mana, rassemble-toi à moi ! Magnifique Esprit de l’Eau, lève-toi vers les cieux… Hein ? »

C’est là que je l’avais remarqué.

« Hm ? »

« Qu’est-ce que c’est ? »

Les deux autres suivirent mon regard et levèrent les yeux.

« Je ne sais pas, mais c’est une quantité incroyable de mana ! »

Pour qu’elle puisse voir le mana avec son œil. Après trois ans, j’avais enfin connu son vrai pouvoir… un œil de démon.

Ghislaine avait rapidement remis en place son cache-œil.

« Doit-on retourner en ville pour l’instant ? »

Je ne savais pas ce que ce ciel anormal annonçait, mais si quelque chose arrivait, je voulais avoir un toit sous lequel me réfugier. Nous aurions des ennuis si des lances commençaient à pleuvoir sur nous.

« Non, plus on se rapproche de la ville, plus le mana est concentré. Il vaudrait peut-être mieux prendre nos distances. »

« Mais nous devons retourner au manoir et au moins avertir tout le monde ! »

Il vaudrait mieux informer Philip et les autres et mettre les habitants en sécurité.

« Dans ce cas, j’irai à Rudeus ! Au sol ! »

Je m’étais accroupi de façon réfléchie. Quelque chose passa à toute vitesse à l’endroit même où j’avais la tête. Un frisson me parcourut la colonne vertébrale.

Qu’est-ce… c’était ? Qu’est-ce qui vient de se passer ?

« Toi ! »

À côté de moi, Ghislaine posa sa main sur son épée et sa silhouette s’estompa. L’instant d’après, elle était dans une pose, comme si elle venait de frapper avec son épée. Elle me l’avait déjà démontré à maintes reprises. La technique de rang Saint du style du Dieu de l’épée, longue épée de lumière. Une technique secrète du style du Dieu de l’épée, il avait été dit que si vous l’exécutiez parfaitement, la pointe de votre épée atteignait la vitesse de la lumière. Ghislaine m’avait dit que c’était cette technique qui avait fait du style du Dieu de l’épée le plus fort des trois styles.

« Hm. »

Les sourcils de Ghislaine étaient froncés. Elle avait dû rater sa cible. Son adversaire esquiva le coup fatal d’une attaque trop rapide pour être vue à l’œil nu. Le visage de Ghislaine s’était durci avec prudence alors qu’elle regardait fixement quelque chose derrière moi.

« … »

Je me retournai lentement pour voir qui avait essayé de m’attaquer et esquiver la contre-attaque de Ghislaine.

« Qui… ? »

Un homme se tenait là. Il avait les cheveux blonds et portait quelque chose qui ressemblait à un uniforme d’école blanc pur, attaché à l’avant. Il avait probablement un beau visage, mais il était caché derrière un masque jaune qui ressemblait à un renard. Dans sa main droite se trouvait un poignard.

Ça devait être ça. C’est ce qui m’était venu à l’esprit.

« Qui êtes-vous ? Dites-nous votre nom ! »

« … »

Dès que Ghislaine lui cria dessus, son visage se mit à briller. C’était une lumière si brillante qu’elle nous avait tous aveuglés pendant un instant. Je fermais immédiatement les yeux.

« Gaah ! »

J’avais entendu Ghislaine hurler. Puis un cliquetis de métal s’était heurté au métal. Puis vint le son d’un mouvement rapide.

Leurs lames s’étaient rencontrées deux fois, puis une troisième fois. Quand ma vision s’était rétablie, Ghislaine était devant moi avec son cache-œil retiré.

C’est comme ça qu’elle avait fait. Au moment où cette lumière avait pris notre vision, elle avait retiré son cache-œil sur le côté pour pouvoir voir avec son autre œil.

« Salaud, qui êtes-vous ? Êtes-vous un ennemi de la famille Greyrat ? »

« Arumanfi le Lumineux. C’est mon nom. »

« Arumanfi ? »

« Je suis venu mettre fin à ce phénomène étrange, sur ordre du Seigneur Perugius. »

Perugius. C’était un nom que j’avais déjà entendu. Un des trois héros légendaires qui avaient tué le Dieu Démon, et un des survivants de cette bataille. Un invocateur ayant douze familiers. Puis, comme une réaction en chaîne, je m’étais souvenu du nom Arumanfi. C’était l’un de ces douze familiers. Arumanfi le Lumineux.

« Sois prudente, Ghislaine. D’après ce que j’ai lu à son sujet, ce type peut se déplacer à la vitesse de la lumière. »

« Rudeus, prends la Jeune Maîtresse et replie-toi. »

Comme Ghislaine le demandait, j’utilisais mon dos comme bouclier et escortais Éris à bonne distance pour que nous ne soyons pas mêlés à la bataille. Je faisais attention de ne pas aller trop loin, en restant à la portée de la protection de Ghislaine.

Si c’était vraiment Arumanfi le Lumineux, une épée ne pourrait pas le toucher. J’étais sûr d’avoir lu quelque chose comme ça dans La légende de Perugius.

Cela dit, d’où venait-il ? Non, attendez, Arumanfi le Lumineux était supposé être l’esprit dirigeant la lumière. On disait qu’il pouvait parcourir n’importe quelle distance instantanément s’il était à portée de vue. À l’époque où j’ai lu cela, je pensais que ce n’était qu’une grosse blague, mais il était apparu derrière moi en un clin d’œil. Ghislaine ne baisserait jamais la garde, et il n’avait aucune raison de se cacher auparavant. Il devait avoir volé jusqu’ici, à la vitesse littérale de la lumière. C’était l’une de ses capacités, après tout.

« Femme, bouge. Cet étrange événement pourrait cesser si je tue ce garçon. »

Attendez, de quoi parlait-il ? Étrange évènement ? Voulait-il parler de cette chose dans le ciel ? Quel genre de malentendu était-ce ?

« Je suis l’épéiste de rang Roi Ghislaine Dedoldia. Ce truc dans le ciel n’a rien à voir avec nous. Retire-toi ! »

« Épéiste de rang Roi ? Comment puis-je croire ça ? Montre-moi une preuve. »

« Regarde ! C’est l’une des célèbres lames des sept dieux originaux de l’épée, Hiramune — Noyau plat. Ne me croiras-tu toujours pas après l’avoir vue ? »

Elle tendit son épée vers Arumanfi tout en la tenant fermement par la poignée.

Je ne savais pas que son épée portait ce genre d’inscription. Noyau plat… Noyau comme celui dans la poitrine ? Certainement pas un mot que j’aurais associé à la poitrine de Ghislaine.

« Jure-le sur les noms de ton maître et de ta famille. »

« Je jure sur le nom de mon maître, l’épéiste de rang Divin Gal Farion et l’honneur du peuple Dedoldia ! »

« Dedoldia, c’est ça ? Très bien. Si nous découvrons plus tard que tu n’es pas aussi innocente que tu le prétends, le Seigneur Perugius décidera de ton destin. »

« C’est bon pour moi. »

Arumanfi avait rangé son poignard. Je ne savais pas trop ce qui se passait, mais le problème était apparemment réglé. Pour moi, il me semblait évident que jurer que quelque chose était vrai ne signifiait pas que quelqu’un était honnête, mais apparemment c’était ainsi que les choses fonctionnaient dans ce monde.

Cela dit, le fait de jurer sur le nom de ces personnes lui avait-il vraiment donné autant de crédibilité ? Au même niveau que, disons, le Pape catholique romain jurant sur le nom de Dieu ?

« C’est bon, tant que vous n’êtes pas les responsables. »

« Et vous ne vous excusez même pas de nous avoir attaqués de nulle part ? »

« C’est de votre faute si vous avez fait quelque chose de suspect ici », dit-il en tournant le talon.

Calmons-nous et réfléchissons rationnellement, me suis-je dit. D’abord, quelque chose d’étrange se passait dans le ciel. Puis ce type s’était pointé, le familier d’un héros légendaire à l’histoire riche. Cette personne légendaire m’avait attaqué. Il pensait que c’était moi qui avais causé le phénomène dans le ciel. Ce n’était pas vrai, bien sûr, mais peut-être qu’il savait quelque chose sur ce qui se passait là-haut ? Non, il n’aurait pas pu, sinon il ne m’aurait pas attaqué.

« Hmm… » avais-je commencé à dire.

« Hm ? »

« Ah ! »

Juste au moment où j’appelais Arumanfi, le ciel était devenu blanc et un rayon de lumière s’était précipité vers le sol. Dès qu’il atteignit la terre, la lumière s’amplifia à une vitesse incroyable, avalant violemment tout sur son passage comme un raz-de-marée. Le manoir, la ville, la citadelle, les fleurs et les arbres. Tout avait été dévoré au fur et à mesure de son expansion.

Dès qu’Arumanfi vit ce qui se passait, il disparut dans un éclat de lumière dorée. Ghislaine courut vers nous, mais elle avait été avalée avant de pouvoir nous atteindre. Éris se figea dans la confusion, et j’enroulais mon corps autour du sien pour la protéger.

Ce jour-là, la région de Fittoa avait disparu.

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