Mushoku Tensei (LN) – Tome 2 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Le jeune Maître a 10 ans

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Chapitre 5 : Le jeune Maître a 10 ans

Partie 1

Une autre année s’était écoulée.

L’éducation d’Éris progressait bien. Son jeu d’épée était si impressionnant qu’elle avait atteint le niveau Intermédiaire avant son dixième anniversaire. Cela signifiait qu’elle pouvait faire face à un épéiste moyen.

Ghislaine avait dit que, même si elle n’avait que neuf ans, elle pourrait passer au niveau Avancé dans quelques années encore. Notre Jeune Maîtresse était une vraie génie.

Quant à moi ? Si on me le demandait directement, j’éviterais votre regard. Il semblerait que je n’étais pas un génie de l’épée.

La capacité d’Éris à lire et à écrire était, au moins, fonctionnelle. Ghislaine, qui avait été trompée de nombreuses fois et même vendue comme esclave parce qu’elle ne savait pas lire, tenta désespérément de tout mémoriser.

Malheureusement, Éris avait pris du retard en matière d’arithmétique. C’était son point faible. Mais il n’y avait pas de raison de paniquer. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle allait faire en grandissant, mais les mathématiques très avancées n’étaient pas nécessaires dans ce monde. Elle n’avait plus qu’à maîtriser les quatre principes en cinq ans. C’était suffisant.

Les leçons de magie se déroulaient à un rythme soutenu, mais nous avions l’impression d’être dans une légère impasse. En incantant, les deux pouvaient exécuter la plupart des sorts de base. Éris avait maîtrisé à peu près toutes les écoles de magie en dehors de la terre, mais Ghislaine ne pouvait faire que des sorts de feu. Je m’interrogeais sur la différence de leurs capacités, car elles suivaient toutes les deux le même cours. Ghislaine avait-elle simplement aucune affinité avec la magie d’eau, de vent et de terre ? Ce que j’avais observé semblait l’indiquer, mais je ne pouvais pas en être sûr.

Quoi qu’il en soit, il était clair que le simple fait de chanter des sorts du manuel de magie n’était pas suffisant pour leur permettre de surmonter ce problème. Chanter différentes écoles de magie m’était venu tout naturellement à moi donc je ne savais pas comment les aider. Je leur avais fait pratiquer l’incantation silencieuse récemment, mais les résultats étaient loin d’être satisfaisants. Sylphie était capable de le faire facilement, alors je m’étais demandé si c’était une question d’âge. Ou peut-être que Sylphie était juste particulièrement douée.

Peut-être que c’était juste un effort futile. Il vaudrait peut-être mieux passer aux sorts intermédiaires. Mais Éris et Ghislaine étaient toutes les deux des épéistes, alors il vaudrait mieux qu’elles maîtrisent les sorts de base, car elles seraient ainsi plus polyvalentes. Finalement, j’avais décidé de garder mes leçons telles qu’elles étaient. Je voulais croire qu’un jour, elles seraient capables de lancer des sorts sans chanter.

◇ ◇ ◇

Le dixième anniversaire d’Éris approchait. Le dixième anniversaire d’une personne était un anniversaire spécial. Il était de coutume pour la noblesse de préparer de grandes fêtes pour un enfant à leur cinquième, dixième et quinzième anniversaire.

Le jour de l’anniversaire d’Éris, la grande salle de réception et la cour commune avaient été ouvertes pour la fête. Les cadeaux affluaient de partout et tous les nobles de Roa étaient invités à y assister. Comme Sauros était un type militaire grossier, le plan initial était de faire un buffet en libre-service, jusqu’à ce que Philip intervienne et en fasse une fête dansante pour faciliter la participation des nobles locaux, moins riches.

Le manoir était animé d’un mouvement frénétique. Les servantes aux oreilles de chien se précipitaient dans les couloirs. Les femmes de ménage n’étaient pas censées courir en général, mais apparemment on les laissait faire lorsqu’il y avait énormément de tâches à accomplir. Certains faisaient même un sprint, assez rapidement pour envoyer sur la lune un élève transféré tournant au coin de la rue.

Je restais au bord du couloir. Je ne me mettais pas en travers de leur chemin. Je n’avais pas de véritable destination en tête, j’allais me promener. C’était ça, une promenade.

Je n’avais rien à voir avec cette agitation frénétique. En ce moment, Éris se préparait pour son rôle principal dans la fête en prenant des leçons spéciales d’étiquette, nos cours avaient été donc annulés. Philip avait demandé à Éris de « s’assurer qu’elle se comporte au moins comme une enfant de dix ans sans se faire honte ». Apparemment, elle ne satisfaisait pas à cette norme, parce qu’Edna, avec un regard d’épuisement, demanda une augmentation drastique du nombre de leçons avec Éris.

J’avais honoré la demande d’Edna, et c’était ainsi que des jours vinrent où Edna gardait Éris du matin au soir pour ses leçons spéciales. Cela m’avait laissé complètement inoccupé.

Bien sûr, j’assistais à la fête en tant qu’invité de la maison, car c’était vraiment la fête d’Éris. Je n’avais rien d’autre à faire que de rester dans un coin et de manger. Rien de spécial n’était exigé de moi.

J’avais pensé que je devrais peut-être pratiquer l’étiquette pendant mon temps libre, mais si je passais chaque jour à m’entraîner, je m’épuiserais. De plus, je voulais faire le tour du manoir pendant que tout le monde était occupé avec les préparatifs. Ce serait le premier grand événement auquel j’assisterais. Il y avait sûrement quelqu’un dans le coin qui avait besoin de mon aide. Bien que la seule chose que je pouvais vraiment faire, ce soit un test de goût.

« Maintenant que j’y pense, est-ce que l’on prépare des gâteaux pour les anniversaires ? »

Ce n’était pas le cas au village de Buena, mais les gâteaux existaient apparemment ici. Je n’en avais jamais vu, mais parfois quelqu’un voulait manger quelque chose de sucré.

Avec ces pensées en tête, je m’étais dirigé vers la cuisine. J’aurais pu poser des questions sur l’existence du gâteau, mais je voulais vraiment faire un tour. Si ma fortune était bonne, je pourrais aussi trouver des échantillons de nourriture pour la fête.

Ouais. J’avais aussi faim. N’était-ce pas encore l’heure du déjeuner ?

« Plus jamais ça ! »

La porte devant moi s’était ouverte et Éris en sortit en courant. Ses épaules étaient courbées alors qu’elle s’élançait dans le couloir à une vitesse impressionnante et disparut dans un coin du couloir.

Edna venait la pourchasser.

« Jeune Maîtresse ! »

Elle regarda des deux côtés et soupira quand elle ne vit aucune trace d’Éris. Elle commença à bâiller, ne me voyant qu’à mi-chemin.

Elle m’avait offert un faible sourire.

« Bonjour, Seigneur Rudeus. »

C’était un sourire qui me suppliait d’écouter. Une telle expression était rare chez Edna.

« Vous devez être épuisée, Mlle Edna. »

« Je suis désolée que vous ayez dû voir ça. »

Je levai la main en m’approchant d’elle, et Edna s’inclina d’un mouvement gracieux. J’avais mis ma main sur ma poitrine tout en lui rendant la pareille.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? », avais-je demandé.

« C’est un peu gênant, mais la Jeune Maîtresse s’est enfuie. »

Eh bien, oui, je le savais depuis que je l’avais vu passer. C’était assez incroyable. Elle était partie en quelques secondes. J’étais assez bon pour m’enfuir moi-même, mais j’étais lent comparé à Éris.

Edna avait l’air troublée alors qu’elle posait une main sur sa joue.

« Vous voyez, je lui ai appris à danser dernièrement, mais elle n’arrive pas à s’y prendre correctement. Maintenant, chaque fois que j’essaie de lui apprendre, elle s’enfuit. »

« Je vois, c’est troublant. Je comprends ce que vous ressentez. »

Surtout parce qu’elle me fuyait aussi. Éris était du genre à refuser de faire quelque chose qu’elle n’aimait pas. Edna avait eu la vie dure. Attraper Éris n’était pas facile.

« Il reste moins d’un mois avant son anniversaire. Si les choses continuent comme ça, elle aura honte devant ses invités. »

Edna avait dit ça comme si c’était une chose terrible. Mais n’était-ce pas un peu tard pour ça ? Éris avait déjà la réputation d’être une petite fille violente. Être incapable de danser lors d’une soirée dansante semblait assez loin en bas de la liste de la honte potentielle.

« C’est son dixième anniversaire. C’est spécial. Devenir la risée de tous ce jour-là me semble beaucoup trop cruel, pas vrai Seigneur Rudeus ? »

Elle n’arrêtait pas de me regarder.

Si elle voulait quelque chose de moi, je voulais qu’elle le dise explicitement.

« Alors qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? »

« Si ça ne vous dérange pas, Seigneur Rudeus, ne pourriez-vous pas la persuader pour moi ? Afin qu’elle revienne à ses leçons de danse. »

On y vient.

◇ ◇ ◇

Pourquoi avais-je accepté sa demande ? Je suppose que c’était parce que je n’avais rien d’autre à faire, mais aussi à cause de quelque chose qu’Edna a dit : « Devenir la risée de tous ce jour-là me semble beaucoup trop cruel. ».

Dans ce monde, il y avait une coutume de grandes célébrations pour vos cinquième, dixième et quinzième anniversaires, et seulement ces trois fois. Il était tragique d’imaginer qu’une journée si joyeuse ne rapporterait que des souvenirs douloureux. Avec un petit effort de ma part, la journée pourrait être vraiment agréable. Sans elle, il n’y aurait que de la tristesse.

Si j’avais étudié un peu plus sérieusement dans ma vie antérieure, j’aurais pu entrer dans un autre collège, alors ces choses horribles n’auraient peut-être jamais eu lieu. Je n’aurais peut-être jamais vécu en reclus. Non pas que je pensais qu’Éris ferait ça, mais elle pourrait finir avec des souvenirs terribles qui resteraient longtemps après.

C’était dans cet esprit que j’avais commencé à la chercher.

Heureusement, je l’avais immédiatement trouvée. Elle était derrière les écuries, couchée sur un tas de foin.

« Hmph. »

Elle avait expiré, me lançant un regard grossier quand elle me vit.

Je grimpais et je m’étais assis à côté d’elle.

« J’ai entendu dire que tu ne sais pas très bien danser… Whooooa ! »

Elle me poussa de la botte de foin avec un coup de pied. J’avais réussi à atterrir en toute sécurité et je m’étais retourné pour me protéger. Éris était du genre à toujours lancer une attaque de suivi. Si je n’étais pas préparé, j’aurais reçu un coup de pied tombé à l’arrière de ma tête non protégée.

C’était du moins ce que je pensais, mais le suivi n’avait jamais eu lieu. Elle était juste restée étendue sur le foin, regardant le ciel.

« … »

J’étais remonté et je m’étais assis à côté d’elle. Cette fois, je m’étais agrippé au foin pour ne pas être envoyé en vol. C’était mon plan initial, jusqu’à ce que je sente un impact sur ma tête.

« Aïe ! »

Son talon était perché sur le haut de ma tête. Il n’y avait pas assez de puissance derrière pour que ce soit considéré comme un coup de pied. Il semblait plutôt qu’elle se reposait juste là. Elle était de mauvaise humeur, mais ne semblait pas avoir beaucoup d’énergie.

« Ne veux-tu pas… retourner à l’entraînement ? »

« Je n’ai pas besoin de savoir danser. »

Je l’avais regardée. Elle regardait encore le ciel.

« Mais… »

« Je ne danserai pas non plus le jour de mon anniversaire », proclama-t-elle franchement.

Mais la star d’une soirée de danse ne pouvait pas renoncer à danser. Je n’y avais jamais participé, mais je savais qu’elle serait entraînée à danser devant tout le monde le jour venu.

« Pourquoi dois-je faire quelque chose pour lequel je ne suis pas douée ? », grogna-t-elle, ses lèvres faisant une moue.

Je comprenais ce qu’elle ressentait. Mais s’enfuir ne fera qu’empirer les choses pour l’avenir.

« Oui, quand tu le dis comme ça, c’est difficile de répondre. »

Qu’est-ce que j’avais à lui dire pour qu’elle comprenne ? Je savais qu’elle n’écouterait pas si je lui disais qu’elle le regretterait. C’était la logique d’un adulte ayant des regrets. Il fallait vivre l’émotion soi-même pour la comprendre.

« Tu ne comprends pas. Tu peux tout faire », dit-elle.

« Non, il y a certainement des choses que je ne peux pas faire. »

« Il y en a ? »

« Bien sûr. »

« Hmm. »

Elle ne m’avait pas demandé ce que c’était. Au lieu de cela, elle m’avait regardé avec une expression qui disait qu’elle ne me croyait pas du tout.

« Mais je pense que quand tu fais un effort maximum pour quelque chose où tu n’es pas doué, tu te sentiras plus accompli quand tu réussiras. »

« Tu penses que ce sera le cas ? »

Elle continua de regarder le ciel, sans être convaincue.

« Je t’aiderai aussi. Pourquoi ne pas donner une autre chance à la pratique de la danse ? »

« Je ne le ferai pas. »

Elle venait de tuer la conversation, là. Je n’avais pas trouvé d’autres mots à dire. Après tout, on aurait dit que c’était impossible.

J’aurais peut-être mieux fait de demander de l’aide à Ghislaine. Bien sûr, elle ne verrait probablement pas non plus le besoin d’apprendre à danser. Même moi, je ne l’avais pas vu. Les seules personnes qui l’avaient vu étaient probablement Edna et Philip. Je devrais peut-être demander à Philip ?

Alors que je réfléchissais, Éris enleva son pied de ma tête. Puis elle donna un coup de pied dans ma jambe en utilisant le recul pour se propulser hors du foin et sur le sol.

« Rudeus. »

« Oui ? »

« Je retourne à mes leçons de danse. Viens avec moi. »

Ce que j’avais dit avait-il marché ? Ou était-ce juste sa personnalité habituelle et capricieuse ? Quoi qu’il en soit, elle semblait avoir trouvé une certaine motivation, alors j’étais content.

« Très bien, jeune Maîtresse. »

Je l’avais suivie jusqu’à la salle de danse.

***

Partie 2

L’aider dans ses leçons signifiait que j’apprendrais moi-même à danser. Pour ce genre de choses, vous vous améliorerez plus rapidement en ayant un partenaire.

Cela dit, je n’avais jamais dansé un seul jour de ma vie. Mon expérience, au mieux, se limitait à jouer à des jeux de danse d’arcade pendant le collège, donc j’étais un peu inquiet.

« Merveilleux. Vous êtes vraiment doué pour ça. »

Contrairement à mes attentes, j’avais déjà maîtrisé certains des pas des débutants. Danser, c’était se souvenir de la routine et faire correspondre ses mouvements au rythme. Mon moi précédent avait peut-être souffert d’un manque total d’exercice, mais mon moi actuel était plutôt en forme. La plus simple des étapes ne demandait pas beaucoup de temps pour s’y habituer.

« Hmph. » 

Éris bouda quand Edna me complimenta.   

Elle avait passé des mois à travailler là-dessus pour finalement échouer, alors bien sûr, elle était amère de me voir le maîtriser si facilement. Mais je n’apprenais pas seulement à danser. J’observais Éris pour comprendre pourquoi elle avait du mal.

Il y avait deux raisons à cela. La première était qu’Edna était une enseignante médiocre. Eh bien, pas exactement un professeur médiocre, elle était probablement dans la moyenne. C’était sa façon de dire : « Faites-le comme ça », « Faites-le comme ça » et ces « Mémorisez simplement ce que je vous dis » qui était problématique. Elle n’avait jamais expliqué pourquoi ces choses étaient nécessaires.

La deuxième raison était l’échec d’Éris. Ses pas étaient trop rapides et trop aiguisés. Sa personnalité et ses mouvements étaient bien adaptés au Style du Dieu de l’épée, mais ils étaient désavantageux lorsqu’il s’agissait de danser. Là où elle aurait dû bouger légèrement les pieds au rythme de la musique, elle avait plutôt bougé rigidement son corps à toute vitesse, tombant en désaccord avec son partenaire. Éris avait son propre rythme et détestait instinctivement être interrompue. Elle l’entretenait de façon protectrice, peu importait les circonstances, pour que personne ne puisse perturber son écoulement. C’était une capacité incroyable sur le champ de bataille, mais cela ne faisait que la désavantager en danse. La danse avait pour but de faire correspondance avec votre partenaire.

Selon Edna, c’était la première fois qu’elle rencontrait une élève qui n’avait absolument aucune compétence en danse. Mais ce n’était pas le cas. Se déplacer si vite signifiait qu’il y avait une netteté dans ses mouvements. Dans une routine de danse qui l’exigeait, elle savait danser à merveille.

C’était la raison pour laquelle son style d’enseignement ne fonctionnait pas. Bien que blâmer Edna n’arrangerait pas les mouvements d’Éris. Pourtant, il y avait quelque chose que l’on pouvait faire.

Tandis que je regardais Éris se déplacer maladroitement à travers ses pas de danse, j’avais décidé d’essayer quelque chose.

« Éris, ferme les yeux et essaie de bouger ton corps à ton propre rythme. »

Elle me regardait d’un air dubitatif.

« Qu’est-ce que tu prépares ? Me faire fermer les yeux !? »

« Seigneur Rudeus… ? »

Le doux sourire d’Edna vacilla.

Non, ce n’est pas du tout ce que tu crois. Je n’essaie pas de l’embrasser, pensai-je sur la défensive. Comme c’est grossier de votre part d’accuser un gentleman comme moi !

« Je vais utiliser la magie pour t’aider à danser. »

« Quoi ? Un sort pour ça existe !? »

« Non, j’ai dit magie. Il n’y a pas de sort. C’est plutôt un phénomène miraculeux. »

Elle avait incliné la tête, mais avait fait ce que je lui avais demandé.

Sa danse suivait le même rythme que j’avais vu tant de fois pendant nos leçons d’épée : rapide, détaillé, précis, mais toujours irrégulier. Ses mouvements étaient illisibles et perturbaient naturellement le rythme de son adversaire. Je ne pourrais jamais les imiter, même si je le voulais. C’était le rythme d’un égoïste naturel.

« Je vais taper dans mes mains maintenant. Essaye de faire correspondre ce rythme à tes pas, comme si tu esquivais une attaque ennemie. »

En disant cela, j’avais commencé à frapper mes mains l’une contre l’autre dans un battement régulier.

Éris s’adapta au rythme par des mouvements rapides et précis. Je l’avais répété pendant un moment, en le faisant à certains intervalles.

« Oui ! Oui ! »

C’était toujours juste avant que j’applaudisse. Éris attendait un moment puis réagissait dès qu’elle entendait mes mains se toucher.

« C’est… c’est ça ! »

Edna éleva la voix avec stupéfaction.

Éris avait bien dansé les pas. Elle était encore un peu trop rapide, mais au moins elle suivait le rythme.

Edna transforma ses mains en poings et, avec un sourire exceptionnellement excité, me dit en criant :

« Vous l’avez fait ! Vous avez réussi, jeune Maîtresse ! »

Éris ouvrit les yeux, tout sourire et joyeuse, et dit : « Vraiment !? »

J’avais continué mon instruction, j’essayais de ne pas casser l’ambiance.

« OK, OK, garde les yeux fermés. Tu dois te souvenir de ce que tu viens de faire. »

« M’en souvenir ? Je ne fais que regarder les feintes d’un adversaire et les esquiver ! »

C’est vrai. C’est ce que nous avions fait pendant nos leçons d’épée quand nous avions esquivé les attaques de Ghislaine. Chaque fois qu’elle faisait une feinte, elle criait « oui » pour que nous apprenions à n’esquiver que les attaques réelles.

Même les feintes de Ghislaine étaient pleines d’intentions meurtrières. En comparaison, c’était facile à dire par ma voix quand je feignais ou non. D’ailleurs, j’avais eu de meilleurs résultats pendant cette leçon qu’Éris. Éris était trop crédule, elle était tombée dans les feintes.

« Éris. Tu peux utiliser ce que tu apprends dans une leçon dans une autre. Quand tu te débats avec quelque chose, essaies de te demander si tu as fait quelque chose de semblable dans l’une de vos autres leçons. »

« OK. »

Contrairement à son comportement habituel, Éris ne déclara rien d’autre et hocha la tête, les yeux encore grands ouverts.

On dirait que le problème avait été résolu.

« Je ne devrais pas être surprise. Après tout, vous donnez des leçons d’arithmétique à la Jeune Maîtresse depuis plus d’un an. », dit Edna.

Elle semblait très impressionnée, elle me regardait avec des yeux pleins d’émotion.

Ça ne devrait pas être surprenant, hein ? C’était donc le niveau de désespoir associé à l’enseignement de l’arithmétique à Éris. Eh bien, j’avais eu beaucoup de mal. Je devais la moitié du mérite à Ghislaine. Je ne pouvais pas laisser cela me monter à la tête.

« Ce fut une expérience d’apprentissage incroyable pour moi. On dirait que le jeu d’épée et la danse ont quelque chose en commun. »

Edna avait l’air d’avoir vu quelque chose d’incroyable. Comme : Oh, Mon Père qui êtes aux cieux, j’ai été témoin d’un miracle, ou quelque chose comme ça. C’était totalement exagéré.

« Eh bien, il y a des danses qui utilisent des épées. La danse et le jeu d’épée sont étroitement liés. », dis-je.

« Une danse qui utilise des épées ? Est-ce que quelque chose comme ça existe vraiment ? » demanda-t-elle avec émerveillement.

La danse à l’épée semblait être de notoriété publique pour mon intellect de collégien, mais peut-être qu’elle n’existait pas dans ce monde.

« Oui, mais je n’ai lu ça que dans les livres », avais-je dit.

« Eh bien, dans la littérature que vous lisez… d’où vient cette danse ? »

« On aurait dit qu’il venait d’un pays désertique. »

« Désert… alors, le continent Begaritt ? »

« Je ne sais pas. Aussi improbable que cela puisse paraître, il se pourrait que des races de démons sur le continent des démons dansent de cette façon. J’ai entendu dire qu’ils ont beaucoup de petits clans, alors peut-être que quelqu’un de là-bas danse avec des épées », répondis-je avec incertitude.

« Je vois, c’est donc cet ensemble de connaissances de diverses choses qui vous donne une telle sagesse, Seigneur Rudeus », dit-elle, souriant gentiment pendant qu’elle me complimentait. On dirait qu’elle s’en était convaincue.

« C’est vrai, Rudeus est incroyable ! »

Pour une étrange raison, Éris s’interposa fièrement.

C’est ça, félicite-moi encore un peu, pensai-je. Je suis du genre à me nourrir d’éloges. Bwahahahahaha !

◇ ◇ ◇

Le jour de la soirée dansante.

Éris était toute pomponnée et assise comme une princesse quand Sauros rugit pour que les festivités commencent. Je m’étais accroupi dans un coin et j’avais observé de là.

Lors de la cérémonie d’ouverture de la fête, Philip et son épouse avaient habilement géré les plus pauvres et les plus petits nobles qui grouillaient autour de la famille. Ils s’étaient comportés de façon si impressionnante que personne n’avait pu trouver d’ouverture pour s’y faufiler.

Si quelqu’un réussissait à passer, ils seraient confrontés à Sauros lui-même. Ils chercheraient alors rapidement des moyens de s’échapper une fois qu’ils se retrouveraient sous le choc de sa voix retentissante et de son ton irrationnel et unilatéral.

S’ils passaient devant lui, ils seraient enfin là où ils le désiraient, devant l’étoile elle-même : Éris. Éris, qui n’avait aucune autorité et ne comprenait rien à la politique. Elle s’était transformée en un robot qui répétait les mots « Dites-le à mon père, s’il vous plaît », chaque fois qu’on parlait de quelque chose.

Certains lui avaient présenté leurs fils, des hommes jeunes et d’âge mûr ayant une bonne éducation. Certains avaient notre âge, mais presque tous étaient bruyants et odieux. Ils avaient probablement vécu toute leur vie à la maison, sans avoir vécu un seul souci. C’était comme regarder mon passé.

Juste au moment où j’avais commencé à ressentir de la parenté avec eux, il était temps de danser.

Comme nous l’avions prévu dès le début, j’avais pris mon rôle de premier partenaire de danse d’Éris. C’était la danse la plus simple et la plus enfantine, mais parce qu’Éris était l’étoile que nous avions amenée au centre de la pièce. Nous avions juste besoin de faire comme à l’entraînement.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Alors que la musique commençait à jouer, Éris était devenue rigide et nerveuse. Il n’y avait aucun moyen de danser correctement comme ça. Oublie ça, elle pourrait même me botter le cul et partir en courant.

Hmm.

J’avais utilisé mon regard et mes pas pour ajouter quelques feintes à notre routine. Quand je l’avais fait, ses lèvres firent immédiatement la moue.

« C’est pour quoi faire ? » marmonna-t-elle encore, mais cette fois-ci, elle avait l’air moins nerveuse et ressemblait davantage à l’Éris actuelle. Après cela, elle m’avait marché sur le pied à quelques reprises, mais nous avions réussi à terminer la danse sans tomber.

« Vous avez bien fait, Seigneur Rudeus », cria Edna à la fin.

Apparemment, elle pouvait dire que j’avais calmé les nerfs de la Jeune Maîtresse, même de loin.

Quand elle m’avait demandé comment je m’y prenais, j’avais simplement répondu que j’avais fait la même chose que lors de l’entraînement. Edna avait l’air étonnée, mais quand je lui avais dit que c’était la même chose que l’épée, elle avait laissée échapper un rire.

Mes tâches étaient terminées, il était temps de me goinfrer de nourriture. Il y avait un choix inhabituellement grand aujourd’hui, y compris une sorte de tarte aux fruits aigre-douce bizarre, un plat de viande qui utilisait une tête de vache entière, et un gâteau magnifiquement arrangé.

En me bourrant le visage, j’avais aperçu Ghislaine qui montait la garde. Ses yeux ne suppliaient pas vraiment pour de la nourriture, mais elle avait de la bave qui coulait de son menton.

Heureusement, j’étais un homme qui savait lire l’atmosphère. J’enveloppais de la nourriture dans une serviette de table et je demandais à une bonne de l’apporter dans ma chambre. J’avais entendu dire que les gardes et les serviteurs auraient eux-mêmes un festin luxueux après cela, mais rien de comparable à la nourriture qu’on offrait ici.

Comme j’avais presque fini de me faire emporter la nourriture, mes yeux tombèrent sur une mignonne petite fille devant moi.

« C’est un plaisir de faire votre connaissance », dit-elle, avant de me donner son nom. Elle était la fille d’un des nobles mineurs. Son nom était si long que je ne me souvenais plus de tout.

« Ne voulez-vous pas partager une danse avec moi ? », demanda-t-elle.

J’avais expliqué que je ne connaissais que les bases avant de me rendre sur la piste de danse. Je pensais avoir plutôt bien dansé. Quand c’était fini, une autre fille était venue, et on m’avait de nouveau demandé de danser.

Qu’est-ce que c’est que ça ? Je suis plutôt populaire, hein ? Elles étaient venues les unes après les autres, dont une femme de plus de trente ans et une fille plus jeune que moi. Je les aurais refusées si notre différence de taille présentait un problème, mais en général, j’avais dit oui à toute personne qui me le demandait.

Ce n’était pas comme si j’étais un Japonais qui ne pouvait pas dire non. C’était juste qu’après avoir dit oui à la première fille, il était difficile de le refuser aux autres. J’avais peut-être une arrière-pensée, mais il y en avait tellement que je ne me souvenais plus de leur nom ou de leur visage, alors j’avais fait de mon mieux.

Une fois que ma popularité avait assez diminué, Philip s’était approché de moi et m’avait expliqué : « C’était l’œuvre de mon père ». Apparemment, lorsque les gens avaient demandé à Sauros qui était le garçon qui dansait avec Éris au début, il s’était vanté en disant que j’étais un membre de la famille Greyrat. En d’autres termes, tout était de la faute du vieux Sauros.

Ce n’est pas que je puisse lui en vouloir. On lui avait posé des questions sur moi :

« Ce garçon qui a dansé avec la Jeune Maîtresse au début, il a fait un excellent travail pour calmer ses nerfs. Pourrait-il être l’un de vos enfants illégitimes, Seigneur Sauros ? »

C’était apparemment suffisant pour le mettre de bonne humeur. Nous avions prévu de garder mon nom de famille secret, mais c’était peut-être inévitable puisque l’alcool était dans le mélange. Mais maintenant qu’ils connaissaient mon nom de famille, ils pouvaient supposer que j’étais un membre de la famille de la branche ou l’enfant d’une maîtresse. J’allais être quelqu’un d’important dans les deux cas, alors les nobles avaient envoyé leurs filles et leurs petites-filles à ma poursuite.

« N’aurait-il pas été plus logique de m’approcher dès la première danse ? », lui demandais-je.

Il me répondit qu’il avait remarqué que j’enveloppais des bonbons dans des serviettes de table et qu’il avait trouvé cela si attachant qu’il avait décidé d’attendre que j’aie fini. Les gens qui prêtaient attention remarquèrent vraiment chaque détail.

Quand je lui avais demandé ce que je devais faire pour les femmes qui m’avaient approché, il m’avait dit de m’engager librement avec elles. Il semblait que peu importe comment les choses se dérouleraient dans le futur, il n’avait pas l’intention que je m’engage dans la politique. Ou peut-être qu’il pensait que ce serait un avantage politique si je me retrouvais avec une de ces filles. Je ne m’intéressais pas du tout à l’exercice du pouvoir politique, alors pour moi, la courte période de célébrité d’aujourd’hui était comme un rêve passager.

Mais attendez, peut-être que si je deviens plus puissant, je pourrai avoir toutes les jolies filles que je veux. J’y avais cru un moment.

« Je te demande de ne pas suivre l’exemple de Paul en ne couchant pas avec toutes les femmes que tu rencontres, de peur de ternir le noble nom de notre maison. » Eh bien. Philip avait tué mes espérances dans l’œuf.

Éris était la dernière fille à m’approcher. Son esthétique vive et énergique habituelle avait été remplacée par une robe bleue. Ses cheveux étaient disposés en un chignon, avec un ornement floral qui y était caché. Elle était ravissante.

Il semblerait même qu’elle était épuisée après avoir assisté à sa toute première soirée de danse et avoir été approchée par tout un tas d’adultes qui ne lui était pas familier. Pourtant, elle semblait toujours excitée, peut-être parce qu’elle était la vedette d’une fête qui se déroulait si bien.

« Ne veux-tu pas danser avec moi ? »

Il n’y avait plus la voix forte habituelle, les jambes écartées et l’expression indomptée de l’Éris mal élevée que je connaissais. Elle se tenait aussi gracieusement que toutes les autres filles qui s’étaient approchées de moi.

« Avec plaisir. »

J’avais pris sa main et on était allés dans le couloir. Alors que nous nous déplacions vers le centre de la piste de danse, Éris regarda autour d’elle et gloussa légèrement, elle était bien sous tous rapports.

Soudain, une chanson au rythme irrégulier et rapide commença à être jouée, une chanson que nous n’avions jamais répétée auparavant. Peut-être que le musicien essayait d’être attentif aux invités.

« Euh, quoi… » Ce coup de poing métaphorique suffisait à déstabiliser Éris. Tout ça parce qu’elle agissait d’une manière un peu singulière.

Elle m’avait regardé d’un air suppliant, j’avais commencé à insérer des feintes au rythme de la musique. Celle-ci avait un rythme irrégulier, mais qui correspondait mieux au style d’Éris, même si ses pas étaient plutôt désorganisés. Si Edna la voyait, elle serait probablement en colère ou exaspérée.

Je lui avais tenu la main et j’avais fait des mouvements de va-et-vient, tout comme nous l’avions fait pendant l’entraînement à l’épée. Nous avions adapté nos mouvements à la musique, mais ils étaient toujours erratiques. Nous avions probablement l’air assez particuliers pour les spectateurs.

Éris s’amusait bien. Elle riait enfin comme une fille de son âge. Elle n’était plus maussade et boudeuse comme elle l’était habituellement. Rien que de voir ça, cela m’avait donné l’impression que ça valait le coup d’assister à cette fête.

Les applaudissements éclatèrent à la fin de la danse. Sauros arriva en courant, nous avait tous les deux portés sur ses épaules et courut autour de la cour en riant tout le long du chemin.

Ce fut une fête agréable.

 

***

Partie 3

À la fin de la fête, j’avais invité Ghislaine et Éris dans ma chambre. En vérité, j’avais l’intention d’inviter que Ghislaine, mais Éris était avec elle, alors j’avais aussi étendu l’invitation à Éris.

L’estomac d’Éris grogna quand elle vit la table pleine de nourriture. Elle devait être trop excitée et nerveuse pendant la fête pour manger quoi que ce soit.

Je m’étais mis à rire avant de sortir du vin bon marché que j’avais acheté en ville et que j’avais caché dans les profondeurs de ma commode. C’était pour Ghislaine, mais Éris voulait aussi en boire, alors j’en avais versé trois tasses. On cogna nos verres, puis on avait bu. L’âge légal pour consommer de l’alcool dans ce pays était de 15 ans, mais nous l’ignorions aujourd’hui. C’était bien de faire quelque chose de hors-la-loi de temps en temps.

Après avoir avalé mon dernier verre, quelque chose m’était venu à l’esprit. J’étais resté debout. « C’est le moment idéal pour mon cadeau », avais-je annoncé, tout en récupérant deux baguettes d’une étagère à côté de mon lit.

« Quoi ? Qu’est-ce que c’est ? »

« Je suppose qu’on peut appeler ça un cadeau d’anniversaire. »

« Sérieusement ? Je préférerais en avoir un comme ça. »

Éris m’avait montré les différentes répliques miniatures que j’avais faites récemment en pratiquant ma magie de Terre. Il y avait un dragon, un bateau et même une figurine de Sylphie alignés.

Je ne voulais pas me vanter, mais dans ma vie antérieure, dans ma vingtaine, j’avais vraiment aimé les figurines et les modèles en plastique. J’avais même fait un atelier en carton pour pouvoir les peindre à un moment donné. Malheureusement, les matériaux coûtaient très cher dans ce monde, et il n’y avait pas de peinture en bombe, alors elles n’étaient pas peintes. C’était quand même amusant, et j’adorais faire les pièces et les assembler. Elles étaient donc assez détaillées, même si c’était des créations d’amateurs.

J’avais vendu ma première figurine Roxy à l’échelle 1/8 à un colporteur pour une pièce d’or. Il était probablement en train de voyager à travers le monde en ce moment. Eh bien, laissons cela de côté.

« Selon mon maître, un professeur de magie devrait présenter une baguette à son apprenti. Je ne savais pas comment en faire une, et je n’avais pas l’argent pour acheter le matériel, donc il est un peu tard, mais j’espère que vous allez les prendre. »

Dès que Ghislaine entendit cela, elle s’était levée et avait posé respectueusement un genou devant moi. Ah, je savais ce que c’était. C’était la pose utilisée par un disciple du style du Dieu de l’épée pour rendre hommage à son maître.

« Oui, Maître Rudeus. Je l’accepterai avec plaisir. »

« Bien. »

Elle s’était présentée si humblement que j’avais dû la lui transmettre avec le plus de respect possible.

Elle la regardait avec bonheur.

« Maintenant, je peux m’appeler magicienne, non ? »

Ah, c’était donc de ça qu’il s’agissait ? Elle allait se nommer magicienne ? Roxy et moi n’en avions jamais parlé, mais… non. C’était juste un objet pour montrer que vous aviez commencé les leçons et rien de plus. Pourriez-vous vraiment vous appeler un magicien si vous aviez seulement commencé à apprendre la magie ? Hmm. Il me semblait que mon maître ne me l’avait pas suffisamment expliqué.

« Euh, alors Éris, c’est cela que tu veux ? »

J’avais essayé d’alléger l’ambiance en lui présentant la figurine de Sylphie, mais elle avait juste secoué la tête.

« Non ! Ça, je veux cette baguette ! »

« Très bien, la voilà. »

Elle me l’arracha des mains. Puis, comme si elle se souvenait de l’humilité avec laquelle Ghislaine s’était présentée, elle s’était corrigée et l’avait respectueusement prise à deux mains.

« Merci, Maître Rudeus. »

« Oui, assure-toi d’en prendre soin. »

Éris jeta un regard significatif sur Ghislaine.

De quoi s’agit-il ? Me demandais-je.

Ghislaine s’était figée un moment avant de détourner le regard.

« Je suis désolée, mais il n’y a pas une telle coutume dans ma race. Je n’ai rien du tout. »

C’était donc ça, Éris espérait un cadeau d’anniversaire.

Éris se retira sur le canapé, l’air déçu. Peut-être que dans ce monde les employés n’offraient pas de cadeaux à leurs employeurs, mais je me sentais quand même mal pour Éris, car elle n’avait rien reçu. Elle aimait Ghislaine et la voyait presque comme une grande sœur. Je pourrais au moins l’aider.

« Ghislaine. Tu n’as pas besoin de lui donner quoi que ce soit de spécial. Juste quelque chose que tu portes habituellement sur toi, quelque chose qu’elle pourrait considérer comme un talisman. Quelque chose comme ça. »

« Hm. »

Elle réfléchit un instant, puis retira l’une des bagues de son doigt. C’était une bague en bois, très usée avec des égratignures partout. Elle reflétait une légère lumière verdâtre. Je n’étais pas sûr si c’était dû à un moulage magique ou simplement à la matière dont elle était faite.

« Cette bague est un talisman transmis dans mon clan. Ils disent que ça protège le porteur de toute attaque de mauvais loups nocturne. »

« Puis-je vraiment l’avoir ? »

« Oui. Ce n’est que de la superstition. »

Éris le lui avait pris nerveusement. Après l’avoir glissé sur son majeur droit, elle avait serré les deux mains contre sa poitrine. « Je m’en occuperai bien. » Elle avait l’air encore plus heureuse que quand je lui avais donné cette baguette.

J’avais l’impression d’avoir perdu contre Ghislaine. Eh bien, c’était une bague. Éris était une fille, non ? C’était donc logique.

Quelque chose m’avait harcelé, alors j’avais exprimé mes soupçons.

« Superstition ? Ça veut dire que tu as été attaqué par des loups ? »

Ghislaine me fit une expression troublée.

« Oui. Il faisait si chaud que je n’arrivais pas à dormir cette nuit-là. Alors Paul m’a invitée à prendre une douche et… »

« J’ai changé d’avis, ça suffit. Je sais déjà ce qui se passera après ça. »

Il n’y avait rien à ajouter. Si nous poursuivions cette conversation, cela ne ferait qu’empirer ma réputation. Maudit soit ce Paul. Il se mettait toujours sur mon chemin.

« D’accord. Je ne veux pas demander de détails sur toi et mon père. »

« Ça m’a l’air bien. D’accord, mangeons, alors. La nourriture est froide, mais piochons dedans quand même. Et oublions toute la relation maître-apprenti pour l’instant. »

Et c’était ainsi que le dixième anniversaire d’Éris s’était terminé sans encombre.

◇ ◇ ◇

Quand je m’étais réveillé le lendemain, Éris était juste à côté de moi. Elle avait une personnalité si féroce, mais son visage endormi était si détendu et adorable.

« Wôw. »

Oh non, est-ce que je viens de perdre ma virginité !?

Bien sûr que non ! Je pouvais encore me souvenir clairement de ce qui s’était passé. Au milieu de la fête hier soir, Éris s’était endormie, alors elle s’était allongée sur mon lit. C’était à ce moment-là que Ghislaine avait dit qu’elle partait tout en me laissant Éris. Elle retourna dans sa propre chambre.

J’avais pensé que je pourrais lui jouer un tour.

Mais Éris dormait heureuse, serrant la baguette que je lui avais donnée sur sa poitrine avec la bague de Ghislaine à son doigt. Le méchant loup s’était retiré.

« On dirait que ton petit talisman a un certain effet, après tout », chuchotais-je.

Je glissais hors du lit sans perturber son repos.

Il était encore tôt le matin. Si vous regardiez dehors, vous verriez le ciel qui commençait à peine à s’éclaircir, mais tout était encore sombre. J’aurais pu rester et regarder Éris dormir, mais elle me frapperait probablement quand elle se réveillera. Au lieu de cela, j’avais décidé de faire une promenade. Je quittais donc mon lit et je sortis de la chambre sur la pointe des pieds.

« Allons-y. »

J’avais commencé à me demander où aller quand j’avais traversé les couloirs froids. Les portes du manoir ne s’ouvriront que plus tard dans la matinée, je ne pouvais donc pas sortir. Il n’y avait pas beaucoup d’options.

J’avais appris la disposition générale du manoir l’année où j’étais arrivé ici, mais il y avait encore beaucoup d’endroits où je n’étais jamais allé. Par exemple, la seule tour pour laquelle on m’avait dit de ne jamais approcher piqua mon intérêt. Je pourrais peut-être mettre la main sur quelque chose de bien, comme des sous-vêtements qui sèchent à l’ombre.

Avec cette pensée, je montais les escaliers jusqu’au dernier étage du manoir. Là, j’avais erré sans but jusqu’à ce que je trouve enfin des escaliers en colimaçon intéressants. Ça devait être l’entrée de cette tour. On m’avait dit de ne pas m’en approcher, mais hier, c’était l’anniversaire d’Éris. J’avais décidé que cela signifiait que je pouvais enfreindre les règles pour aujourd’hui. J’avais commencé à grimper.

La hauteur extérieure de la tour correspondait au nombre de marches qui s’enroulaient à l’intérieur. J’avais fait le tour, le tour, le tour et le tour en montant tellement de marches que je ne pouvais plus les compter. C’était alors que j’avais entendu une voix d’en haut.

« Miaou, miaou. »

J’entendis une voix séduisante qui ressemblait presque à celle d’un chat en chaleur. J’avais essayé de faire taire mes pas en grimpant le reste de l’escalier sur la pointe des pieds.

Au sommet, j’avais trouvé Sauros. Il était à l’intérieur d’une pièce si petite qu’à peine une seule personne pouvait entrer. Il s’occupait d’une des servantes aux oreilles de chat.

C’était pour ça qu’ils m’avaient dit de ne pas venir ici.

« Hm ? »

Sauros avait remarqué que j’étais là après avoir bien regardé.

La bonne m’avait remarqué avant lui. Cela semblait même l’exciter. Une fois l’acte terminé, la fille aux oreilles de chat m’avait frôlé en descendant les escaliers.

« Rudeus, hein ? »

La voix de Sauros était douce et calme. C’était différent de son comportement habituel.

Le mode du vieil homme sage.

« Oui, Seigneur Sauros. Bonjour. »

Il m’arrêta d’un geste lorsque j’avais déplacé ma main vers ma poitrine et que j’avais essayé de m’incliner.

« C’est assez. Pourquoi es-tu venu ici ? »

« Il y avait des escaliers, alors je les ai pris. »

« Aimes-tu les endroits élevés ? », demanda-t-il.

« Oui. »

Bien que si je regardais par la fenêtre, mes jambes gèleraient probablement. Aimer les endroits élevés et être en accord avec eux étaient deux choses très différentes. Même si j’avais conquis le monde entier et construit la plus haute tour jamais construite, j’aurais toujours ma chambre au dernier étage.

« Alors, qu’est-ce que vous faisiez ici ? », avais-je demandé.

« J’étais en train de prier ce joyau là-bas. »

Huh.

Cette maison avait une façon terriblement dégénérée de prier, mais je n’allais pas dire ça. Même si Sauros semblait normalement si strict, il faisait toujours partie de la famille Greyrat. Toutes les pommes viennent du même arbre.

« Quel joyau ? »

J’avais regardé par la fenêtre en saillie et je vis une unique pierre précieuse rouge planer dans le ciel. C’était peut-être la lumière, mais on aurait dit que quelque chose bougeait à l’intérieur. C’était incroyable. Flottait-elle là par magie ?

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Je ne sais pas. »

Il secoua la tête.

« Je l’ai trouvé il y a trois ans. Mais ce n’est rien de bien méchant. »

« Comment pouvez-vous dire ça ? »

« Il valait mieux voir les choses comme ça. »

J’ai compris, il avait raison. La gemme était hors de portée. Se convaincre soi-même que c’était quelque chose de mauvais n’aurait qu’un impact négatif sur sa santé mentale. Mieux valait plutôt penser que c’était quelque chose de bien et prier pour lui.

J’avais aussi prié.

« Rudeus, je vais faire une longue promenade. Viendras-tu ? »

« J’en serais honoré. »

Le vieil homme venait tout juste d’utiliser son arme, pour ainsi dire, mais il était encore énergique. Il était apparemment prêt à passer du temps avec moi aujourd’hui puisqu’il n’avait pas d’autres projets. « Yay ! » était probablement ce que j’aurais dû dire, mais tout ça avait l’air épuisant.

« Au fait », avais-je commencé à demander.

« Quoi ? »

« N’avez-vous pas de femme ? »

J’avais entendu un bruit de craquement. Quand j’avais réalisé que c’était Sauros qui grinçait des dents, un frisson m’a parcouru la colonne vertébrale.

« Elle est morte. »

« Oh, je vois. Je suis vraiment désolé d’entendre ça. »

Il s’était tellement bien amusé avec la fille aux oreilles de chat que je lui avais rappelé quelque chose de désagréable.

Dans ce cas, il valait mieux que je ne demande pas non plus si Éris avait des frères et sœurs.

« Très bien, alors allons-y. »

« D’accord. »

Aujourd’hui était un de nos jours de congé. Demain, Éris devra travailler dur à nouveau.

◇ ◇ ◇

NOM : Éris B. Greyrat

OCCUPATION : Petite-fille du seigneur féodal de Fittoa.

PERSONNALITÉ : Un peu, violente

FAIS : Écoutes proprement

LECTURE/ÉCRITURE : Pratiquement parfaite en lecture

ARITHMÉTIQUE : Peut faire des nombres jusqu’à 99

MAGIE : Peut incanter presque tous les chants basiques.

ESCRIME : Style du Dieu de l’épée — Niveau Intermédiaire

ETIQUETTE : Assez habile pour ne pas se mettre dans l’embarras lors d’une fête

LES GENS QU’ELLE APPRÉCIE : Grand-père, Ghislaine, Rudeus

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