Mushoku Tensei (LN) – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : Une férocité inébranlable

Partie 2

Ghislaine était une excellente professeur. Elle me faisait remarquer chacun de mes défauts en détail et me donna des conseils. Paul vous dirait sur quelles parties vous aviez foiré, mais il ne vous dirait pas comment vous améliorer.

Aujourd’hui, elle donna à Éris et à moi une épée puis elle nous avait fait pratiquer le combat tout en nous guidant.

« Souviens-toi de ta position d’attaque, surveille bien ton adversaire. »

Éris repoussa mon épée de bois avec un bruit sourd.

« Si tu peux te déplacer plus vite que ton adversaire, lis ses mouvements et vise son épée. Si tu es plus lent qu’eux, déplace ton corps pour éviter la trajectoire de sa lame. »

Incapable de faire l’un ou l’autre, j’avais pris un gros coup de l’épée d’Éris. L’impact était assez fort, je l’avais senti à travers le rembourrage en coton de ma protection de cuir tanné.

« Observe la pointe des orteils de ton adversaire et prévois ses mouvements ! »

J’avais pris un autre coup.

« Rudeus ! Arrête d’utiliser ta tête ! Concentre-toi juste sur le fait d’avancer devant ton adversaire et de balancer ton épée ! »

Mais la mise au point nécessite d’utiliser ma tête, que dois-je faire alors !?

« Éris ! N’arrête pas tes attaques ! Ton adversaire ne s’est pas encore rendu ! »

« Oui ! »

La différence entre nous était évidente. Éris avait la liberté de répondre à Ghislaine là où je ne l’avais pas. Cette liberté lui avait aussi permis de continuer à me frapper jusqu’à ce que Ghislaine lui dise enfin d’arrêter. Elle ne retenait aucun de ses coups, comme si elle libérait toute la colère refoulée qu’elle ressentait pendant nos leçons d’arithmétique.

Putain de merde.

Cependant, en l’espace d’un mois, j’avais constaté une amélioration spectaculaire. J’étais heureux d’avoir une partenaire comme Éris, qui avait les mêmes capacités que moi. Comme dans n’importe quel autre domaine, le fait d’être entouré d’une personne aussi compétente stimulait votre propre croissance.

Bien qu’Éris soit vraiment un peu meilleure que moi. Mais ça n’avait rien à voir avec l’écart entre moi et Paul ou Ghislaine. Au moins, elle était encore à un niveau où je savais ce qu’elle faisait. Si je pouvais le comprendre, j’en tirerais des leçons. Par exemple, si elle me battait en utilisant une certaine technique, je deviendrais plus prudent pour que cela ne se reproduise plus. Ce genre de raisonnement était possible lorsque vous étiez sur un pied d’égalité avec votre adversaire.

Paul, d’autre part, était si habile qu’il était impossible de le contrer. Si vous ne pouviez pas comprendre ce que faisait votre adversaire, il vous battait avant que vous n’ayez la moindre idée de ce qui se passait.

Même recevoir des conseils d’une personne plus compétente pourrait être difficile en raison de la différence fondamentale entre ses capacités et les vôtres. Ça vous ferait juste douter de ce que vous faites.

Ghislaine était douée pour enseigner, alors c’était une autre histoire. Cependant, elle vous apprenait aussi à réagir aux attaques et à les contrer en même temps, de sorte que lorsque vous vous retrouviez à la réception d’une attaque, vous finissiez par hésiter parce que vous saviez comment la contrer.

Cependant, avec Éris comme adversaire, de petits tours ou le moindre changement de mouvement donnèrent un résultat tout à fait différent. Parfois, quelque chose qui fonctionnait la veille ne fonctionnait pas le lendemain, car Éris faisait quelque chose de complètement différent. Parfois, ce que je ne pouvais pas faire hier, je pouvais le faire aujourd’hui, et il en était de même pour mon adversaire. Parce qu’il n’y avait presque aucune lacune dans nos capacités, ça marchait. C’était ces petits changements et ces petites découvertes qui s’étaient accumulés et favorisaient la croissance.

C’était bien d’avoir un rival. Parfois, elle me devançait, et parfois je la dépassais. Et même si nos progrès se faisaient petit à petit, nous nous étions relayés pour prendre de l’avance et, à la fin, il y avait eu d’énormes améliorations. En un rien de temps, ces progrès s’accumulèrent et nous étions devenus beaucoup plus forts.

Pourtant, Éris apprenait plus vite que moi. Même si un lion et un cerf s’entraînaient de la même façon, il était évident que le lion deviendrait plus fort. C’était un peu dur à avaler puisque je m’entraînais avec Paul depuis mon enfance.

« Rudeus a un long chemin à parcourir, hein !? »

Éris croisa les bras et me regarda, m’effondrant sur le sol.

Ghislaine l’avait grondée.

« Ne va pas trop vite, Éris. Tu tiens une épée depuis plus longtemps que lui, et tu es plus âgée. »

Ghislaine ne disait pas « Mademoiselle » que lorsque nous pratiquions l’épée. Elle avait dit que c’était nécessaire.

« Je le sais ! En plus, il peut utiliser la magie ! »

« C’est exact. »

Mes pouvoirs magiques étaient la seule chose dont elle m’attribuait le mérite.

« Bien qu’il soit étrange qu’il ne ralentisse que lorsqu’il est attaqué », nota Ghislaine.

« C’est parce que c’est effrayant d’affronter un adversaire qui vous attaque pour de vrai. »

Dès que j’avais dit ça, Éris me frappa à la tête.

« Qu’est-ce que c’était que ça !? Comme c’est pathétique ! C’est pour ça que les gens te méprisent ! »

« Non, c’est simplement un magicien. C’est normal. »

Dès que Ghislaine dit cela, Éris hocha la tête avec arrogance.

« Oh, vraiment ? Alors je suppose que je ne peux pas lui en vouloir ! »

Alors pourquoi ai-je encore reçu un coup de poing ?

« Désolé, mais je ne sais pas comment traiter ton tremblement. Tu devras le faire toi-même. », dit Ghislaine.

« D’accord. »

Pour l’instant, peu importe qui était mon adversaire, je m’étais figé. J’avais encore un long chemin à parcourir.

« Mais j’ai au moins l’impression d’être devenu beaucoup plus fort depuis que tu me donnes des leçons. »

« C’est parce que Paul est du genre instinctif. Ça ne fait pas de lui un bon professeur. »

Le type instinctif ! Ah, je supposais qu’il y avait aussi ces types dans ce monde.

« C’est quoi, le genre instinctif ? », demanda Éris.

« Le genre de personne qui peut juste faire des choses sans être capable d’expliquer comment elle a appris à le faire. »

Elle fit la moue à la fin de mon explication, probablement parce qu’elle était le même genre de personne.

« Y a-t-il quelque chose de mal à ça ? », demanda Éris.

Je ne savais pas trop comment répondre. Comme nous étions en pleine leçon, j’avais décidé de laisser Ghislaine prendre le relais. J’avais dirigé mon regard vers elle.

« Il n’y en a pas. Mais peu importe le talent que tu as. Tu ne seras pas plus fort si tu n’utilises pas ta tête, et tu ne seras pas non plus capable de bien enseigner les gens. »

« Pourquoi n’est-il pas capable de bien enseigner aux gens ? »

« Parce que tu ne comprends même pas ce que tu fais. En plus, si tu ne peux pas comprendre tout ça, tu ne pourras pas t’améliorer. »

Il semblait, pour un épéiste de rang Roi comme Ghislaine, que la clé pour atteindre un niveau de compétence avancé était d’être capable d’appliquer les bases dans la pratique. Si vous maîtrisiez l’essentiel, vous seriez en mesure de l’utiliser dans n’importe quelle situation donnée. Ce n’est qu’à ce moment-là que vous seriez considéré comme un épéiste de niveau Saint.

Mais le plus important était le travail assidu et le talent.

Bien sûr, au bout du compte, ce n’est qu’une question de talent, pensai-je.

« J’étais aussi du genre instinctif, mais une fois que j’ai commencé à utiliser ma tête et à penser logiquement, je suis passé au rang Roi », dit Ghislaine.

« C’est incroyable. »

J’avais été honnêtement impressionné. Elle avait changé sa façon de faire pour réussir. C’était incroyable.

« Tu es un magicien de l’eau de rang Saint toi-même, Rudeus. »

« Je suis aussi du genre instinctif. Mais la magie est différente de l’épée. Vous pouvez faire n’importe quoi tant que vous avez assez de pouvoirs magiques », dis-je.

« Si tu le dis… Mais de toute façon, les bases sont importantes, comprends-tu ? » Ghislaine avait continué.

« Je comprends. Mais dans ce cas-ci, c’est parce que ma maîtresse était si douée que j’ai atteint le rang Saint. »

Mais maintenant que nous parlions de l’importance des fondamentaux… je m’étais concentré uniquement sur l’exécution de la magie sans lancer de sorts. Qu’est-ce que cela signifiait de ne pas avoir les bases de la magie ? Les leçons de Roxy étaient moins portées sur la maîtrise des bases que sur la progression. Peut-être qu’elle, étant elle-même une prodige, ne s’inquiétait pas autant des fondamentaux.

Hmm.

« Je n’ai pas peur de devenir si forte, donc ça n’a rien à voir avec moi ! » déclara fièrement Éris alors que j’étais perdu dans mes pensées.

J’avais souri ironiquement à ses paroles. En tant qu’élève de collège dans ma vie antérieure, j’avais dit quelque chose de semblable.

« Ce n’est pas comme si j’essayais d’être le numéro un », dirais-je, excusant mon manque d’effort.

J’allais la réprimander pour son attitude, mais elle continua.

« Mais je ferai de mon mieux pour être aussi bonne que vous deux ! »

Tant pis pour ça. Elle avait un but. Elle était différente de mon moi du passé.

◇ ◇ ◇

Nous avions du temps libre après les leçons du matin et la pratique de l’épée de l’après-midi. Aujourd’hui, j’allais à la bibliothèque. Ghislaine et Éris possédaient toutes les deux des manuels de magie, alors j’avais pensé qu’il y avait peut-être un grimoire. J’avais une bonne avec des oreilles de chien qui me guidait, car je ne connaissais pas le chemin.

« Ah ! »

On était passés devant Hilda, la femme de Philip. Elle avait les mêmes cheveux pourpres profonds qu’Éris, avec une poitrine ample. Je m’attendais à ce qu’Éris tienne d’elle en grandissant. On m’avait présenté à elle, mais nous n’avions que peu de contacts. Euh, voyons voir, je suppose que je suis censé mettre une main sur ma poitrine…

« Madame, il semble qu’aujourd’hui c’est ma chance… »

« Tch »

Elle claqua sa langue sur moi et ignora mon salut.

J’étais là, figé, la main encore serrée contre ma poitrine.

« Seigneur Rudeus… »

« Non, c’est bon », répondis-je en levant la main pour couper la tentative de la bonne de m’apaiser.

Mais cela avait été un peu rude. Est-ce qu’elle me détestait ? Je ne pensais pas avoir fait quelque chose de mal.

Maintenant que j’y pensais, elle n’avait pas d’autres enfants à part Éris ? Non, ne posons pas cette question. Si c’était le cas, j’avais l’impression que quelqu’un d’encore pire qu’Éris apparaîtrait et multiplierait ma charge de travail par trois ou quatre. C’était une possibilité qu’il valait mieux laisser de côté.

Quand j’étais arrivé à la bibliothèque, Philip était là.

« Oh, tu es intéressé par la bibliothèque ? »

Philip avait une lueur d’excitation dans l’œil.

Excité à propos de quoi ? Me demandais-je.

« Oui, un peu. »

« Alors tu devrais prendre ton temps pour regarder autour de toi. »

Je l’avais pris au mot et j’avais parcouru la bibliothèque. Malheureusement, je n’avais pas trouvé ce que je cherchais. J’espérais obtenir un grimoire comme celui de Roxy, mais tout ce que j’avais trouvé, c’étaient des volumes coûteux qui ne pouvaient pas être sortis de la bibliothèque. Il semblerait qu’il n’y avait qu’un nombre limité de grimoires dans le monde, et les gens ne les laissaient pas traîner.

Je supposais que je ne pouvais pas être aussi chanceux. Au final, j’avais reçu quelques livres sur l’histoire de ce monde. Je pourrais au moins les étudier quand je serais libre.

◇ ◇ ◇

À la fin de chaque journée, je passais du temps dans ma chambre à préparer les leçons du lendemain. Il s’agissait pour l’essentiel de créer des fiches d’exercices de lecture, d’écriture et d’arithmétique. Enfin, je révisais mon manuel de magie.

Il n’y avait pas de programme scolaire. J’avais gardé un rythme tranquille pour ne pas manquer de choses à enseigner pendant cinq ans. Mon principe de base était la pratique répétitive pour m’assurer qu’Éris et Ghislaine comprenaient bien le cours. J’avais fait la même chose quand j’avais enseigné à Sylphie.

L’étude de la magie était également importante. Normalement, je ne chantais pas de sorts pour faire de la magie, alors j’oubliais souvent les mots. Les seuls sorts que j’avais vraiment mémorisés étaient ceux pour la guérison et la magie empoisonnée de base. Je n’avais jamais pensé prendre la peine de mémoriser des sorts offensifs.

Ce manuel de magie était le même que celui que j’avais à la maison. Éris et Ghislaine avaient aussi leurs propres exemplaires. Il avait été publié pour la première fois il y a près de mille ans et c’était devenu un best-seller avec de nombreuses rééditions. Avant qu’il n’existe, il fallait trouver un maître pour vous enseigner la magie. La plupart d’entre eux ne connaissaient que les bases de chaque école, tant de gens étaient devenus des étudiants pour n’apprendre à peu près rien.

Bien que le livre soit maintenant considéré comme un best-seller, il n’y avait pas beaucoup de copies faites au moment où il avait été écrit. Même avec suffisamment d’exemplaires pour qu’il puisse bien circuler, ceux qui ne s’intéressaient pas à la magie l’auraient simplement ignoré. Ce n’était que 500 ans plus tard qu’il avait finalement commencé à être distribué en masse.

Soudain, n’importe qui pouvait mettre la main sur un manuel de magie à peu de frais, de sorte que le nombre de magiciens avait considérablement augmenté. Ce n’était pas comme si le nombre de magiciens avait soudainement explosé dans ce monde, mais au moins, dans le royaume d’Asura, la magie était devenue une partie du programme d’études pour beaucoup de familles nobles.

Pourtant, pourquoi le nombre de manuels de magie avait-il soudainement augmenté ? Comme je me le demandais, j’avais regardé au dos du livre. Il s’y trouvait cette ligne : Publié par l’Université de Magie de Ranoa. Aha, quel plan de marketing intelligent !

De cette façon, mes jours en tant que tuteur passèrent en un clin d’œil.

◇ ◇ ◇

NOM : Éris B. Greyrat

OCCUPATION : Petite-fille du seigneur féodal de Fittoa.

PERSONNALITÉ : Féroce

NE FAITES PAS ÇA : N'écoute pas ce que les gens disent

LECTURE/ÉCRITURE : Peut écrire les noms des membres de sa famille

ARITHMÉTIQUE : Ses compétences en soustraction ne sont pas fiables

MAGIE : Elle pense qu’elle fera de son mieux.

ESCRIME : Style du Dieu de l’épée — Niveau débutant

ÉTIQUETTE : Peut saluer normalement

LES GENS QU’ELLE APPRÉCIE : Grand-père, Ghislaine

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chapitre.

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