Chapitre 1 : La violence de la jeune maîtresse
Partie 2
Arrogante.
C’était ma première pensée quand je l’avais vue. Elle avait deux ans de plus que moi, ses yeux étaient vifs et étroits, et ses cheveux ondulés. Ces cheveux étaient d’un rouge si pur qu’on aurait dit que quelqu’un lui avait jeté un seau de peinture dessus.
Ma première impression d’elle était qu’elle était féroce. Je n’avais aucun doute qu’elle serait un jour une beauté, mais j’avais prédit que la plupart des hommes la trouveraient trop difficile à manœuvrer. Peut-être que si vous étiez un masochiste sérieux… Bon, d’accord, elle était peut-être pas si mal.
Quoi qu’il en soit, elle était dangereuse. Mon instinct me lançait des avertissements quand je m’approchais d’elle.
Mais ce n’était pas comme si je pouvais m’enfuir. Je l’avais donc saluée comme Philip me l’avait demandé.
« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Rudeus Greyrat. »
« Hmph ! »
Elle me regarda, ses narines s’évasèrent, comme celles de son grand-père. Elle avait les bras croisés fermement sur la poitrine alors qu’elle me regardait fixement, au sens figuré et au sens propre du terme, puisqu’elle était plus grande que moi. Son expression avait tourné au vinaigre quand elle a dit : « Qu’est-ce que c’est, il est plus jeune que moi ! Et pourtant, il est censé m’apprendre ? Arrêtez de plaisanter ! »
Je le savais, elle était très fière. Mais je ne pouvais pas reculer.
« Je ne pense pas que l’âge ait quoi que ce soit à voir avec ça », avais-je dit.
« Ah ouais !? Tu as un problème avec moi !? »
Sa voix était si forte que mes oreilles sonnaient.
« Ce que je dis, mademoiselle, c’est que je peux faire des choses que vous ne pouvez pas faire. »
Dès que j’avais dit cela, ses cheveux semblèrent se redresser, comme une manifestation physique de sa colère.
C’était terrifiant.
Merde, pourquoi ai-je peur d’une fille qui n’a même pas dix ans !
« T’es certainement imbu de toi-même, n’est-ce pas ! Pour qui me prends-tu ? »
J’avais calmé ma peur et je lui répondis.
« Vous êtes ma cousine germaine, c’est ça ? »
« Hein… ? Qu’est-ce que c’est que ça ? »
« Ça veut dire que mon père est le cousin de votre père. En d’autres termes, vous êtes la petite-fille de mon grand-oncle. »
« De quoi parles-tu !? Je ne comprends pas ! »
Peut-être que ce n’était pas la meilleure façon de le formuler ? Je devrais peut-être lui dire qu’on était parents.
« Vous avez entendu parler de Paul, n’est-ce pas ? »
« Bien sûr que non ! »
« Oh, d’accord. »
C’était inattendu. Apparemment, elle ne savait pas qui il était. Peu importe comment nous étions liés. C’était plus important de la faire parler. Après tout, lorsque vous démarrez un jeu vidéo pour la première fois, la meilleure façon d’établir une relation avec un PNJ était de lui parler à plusieurs reprises.
Alors que je pensais ça, elle leva la main et me gifla.
« Hein… ? »
C’était si abrupt. Elle me frappa juste au visage. Je lui avais demandé, un peu confus : « Pourquoi m’avez-vous frappé ? ».
« Parce que tu agis de façon si suffisante alors que tu es plus jeune que moi ! »
« Alors c’est comme ça. »
Ma joue était encore chaude là où elle m’avait giflé. Ça m’avait piqué. Ça fait mal, pensais-je.
Ma deuxième impression d’elle était qu’elle était violente.
Je crois que je n’avais pas d’autre choix.
« Très bien, alors je vais vous rendre la pareille. »
« Quoi !? »
Je n’avais pas attendu sa réponse, je l’avais giflée. Smack ! Ce n’était pas un son très agréable.
C’était probablement faible parce que je n’avais pas l’habitude de gifler les gens. C’est très bien. Au moins, elle a ressenti la douleur. Je m’étais rassuré.
« Maintenant, vous comprenez… »
C’est ce que j’essayais de dire, mais du coin de l’œil, j’avais vu ses cheveux se dresser et elle tira son poing en arrière. C’était exactement la même pose qu’une statue de Nio, l’un des gardiens divins et courroucés du Bouddha.
Juste comme je le pensais, son poing entra en contact avec moi. Sa jambe attrapa la mienne dès que j’avais commencé à trébucher. Puis sa main claqua contre ma poitrine, me forçant à m’effondrer. Quelques secondes plus tard, elle était perchée sur moi. Quand j’avais réalisé ce qui se passait, elle avait mes bras coincés sous ses genoux.
H-huh ? Je ne peux pas bouger ? J’avais paniqué.
« Hé, attendez ! »
Le son de ma consternation avait été noyé par ses hurlements.
« Contre qui crois-tu avoir levé la main !? Je vais te le faire regretter ! »
Son poing tomba sur moi comme un marteau.
« Aïe, aïe, ça fait mal ! Attendez, quoi, non, arrêtez ! »
J’avais pris cinq coups de poing avant de pouvoir utiliser ma magie pour m’échapper. Bien que mes jambes menaçaient de s’effondrer sous moi, je m’étais forcé à me redresser et à les plier pour porter une contre-attaque. Je l’avais frappée au visage avec une vague de magie du vent.
« … Tu ne vas pas t’en tirer comme ça. »
Mon attaque l’avait ébranlée, mais ça ne l’avait pas arrêtée un seul instant. Elle était venue en volant vers moi avec l’expression du diable sur son visage.
J’avais réalisé mon erreur dès que j’avais vu son expression. En trébuchant, je m’étais enfui. Elle n’était pas le genre de jeune maîtresse à laquelle j’étais habitué. Elle n’était pas du genre capricieux et égoïste, qui prenait des décisions en fonction de leurs sentiments du moment. Elle était plutôt la protagoniste délinquante d’un manga !
J’aurais peut-être pu la frapper avec ma magie, mais je doutais qu’elle m’écoute. Elle attendait son heure pour se rétablir, puis elle reviendrait pour se venger. Je pourrais la frapper avec de la magie à chaque fois, mais sa détermination ne faiblira jamais.
Contrairement à un protagoniste de manga, elle semblerait aussi être du genre à se battre salement. Elle pouvait me jeter un vase du haut de l’escalier ou venir vers moi dans l’ombre avec une épée en bois. Elle ferait n’importe quoi pour s’assurer qu’elle rende dix fois les dommages qu’elle avait reçus. Si l’occasion se présentait, elle ne cacherait rien.
Ce n’était pas une blague. Je ne pouvais pas utiliser la magie de guérison parce que je ne pouvais pas m’arrêter pour chanter le sort. Mais tant que l’on continuait comme ça, elle n’écouterait pas ce que j’avais à dire. J’allais devoir utiliser la force brute pour qu’elle m’écoute.
Mais c’était la seule décision que je ne pouvais pas prendre pour l’instant.
Voilà, maintenant elle était sur le point de m’attraper.
◇ ◇ ◇
Épuisée par sa poursuite, la Jeune Maîtresse finit par abandonner et retourna dans sa chambre. Elle n’avait pas réussi à me trouver, mais c’était proche.
Je me sentais engourdi quand cette démone rousse passa à côté de moi. Je n’aurais jamais imaginé être ainsi le protagoniste d’un film d’horreur. Totalement épuisé, j’étais retourné vers Philip, qui m’attendait avec un sourire amer sur son visage.
« Alors, comment ça s’est passé ? »
« Pas bien du tout », répondis-je au bord des larmes.
Quand elle me frappait, j’avais cru qu’elle allait me tuer. Quand je m’étais enfui, j’étais presque en larmes.
Ça faisait si longtemps que je n’avais pas ressenti ça. Pourtant, j’en avais déjà fait l’expérience. Non pas que je portais le traumatisme avec moi ou quoi que ce soit d’autre.
« Alors, vas-tu abandonner ? »
« Il en est hors de question. »
Comment pourrais-je ? Je n’avais rien accompli. Si je reculais maintenant, cela voudrait dire que j’avais été frappé pour rien.
« Je veux que nous puissions faire ce dont nous avons parlé tout à l’heure. »
J’inclinai la tête devant lui, la tête pointue et basse. J’allais apprendre à cette bête ce qu’était vraiment la vraie peur.
« D’accord. Thomas, fais les préparatifs. »
Juste à ce moment, le majordome prit congé. Philip avait dit : « Tu as vraiment des idées intéressantes. »
« Le pensez-vous vraiment ? »
« Effectivement. Tu es le seul professeur à être venu me voir avec un plan aussi ambitieux. »
« Mais je pense que ce sera efficace. »
J’étais quand même un peu nerveux. Est-ce que mon petit truc marchera vraiment sur quelqu’un ayant sa personnalité ?
Philip haussa les épaules et dit : « Ça dépendra du travail que tu feras. »
Naturellement.
C’était ainsi que nous avions commencé à travailler sur notre plan.
◇ ◇ ◇
J’étais entré dans la pièce qu’ils m’avaient donnée. C’était délicieusement meublé. Il y avait un grand lit et d’autres meubles lourdement décorés, de beaux rideaux et une bibliothèque toute neuve. Tout ce dont elle avait besoin, c’était d’un climatiseur et d’un ordinateur et ce serait un vrai paradis. C’était une belle chambre.
Ce devait être une chambre d’amis, plutôt qu’une chambre de domestiques, qui m’avait été donnée parce que je portais le nom de Greyrat. Pour une raison ou une autre, la plupart de leurs domestiques étaient des hommes bêtes. J’avais entendu dire qu’ils faisaient de la discrimination contre les démons dans ce pays, mais il me semblait que les choses étaient différentes.
« Ah, Paul, salaud. C’est un sacré endroit dans lequel tu m’as envoyé. »
Je m’étais couché sur le lit et j’avais mis ma tête palpitante dans mes mains. Probablement un effet persistant du coup de poing. J’avais murmuré un chant pour guérir mes blessures.
« Au moins, c’est mieux que ce qui s’est passé dans ma vie antérieure. »
Bien sûr, la partie où j’avais été frappé et viré de la maison était la même. Mais cette fois, les choses seraient différentes. Je ne serais pas laissé pour compte dans le froid. Il y avait un monde de différence entre mon présent et mon passé.
Paul s’en assurerait. Il m’avait déjà préparé un travail et un endroit pour dormir. Il m’avait même donné de l’argent de poche. C’était plus que suffisant.
Si mon ancienne famille avait tant fait pour moi, j’aurais peut-être pu changer ma vie. S’ils m’avaient trouvé un travail, un endroit où vivre et veillaient sur moi pour s’assurer que je ne m’enfuyais pas…
Non, ça ne serait jamais arrivé. J’avais 34 ans et je n’avais pas d’antécédents professionnels. Ils m’avaient abandonné parce qu’ils ne pouvaient rien faire de moi.
De toute façon, je doutais que j’aie changé même s’ils l’avaient fait pour moi. Je n’aurais probablement même pas essayé de trouver du travail. S’ils m’avaient pris mon ordinateur, mon seul amour, je me serais probablement suicidé.
Les choses étaient différentes maintenant parce que j’étais différent. Parce que j’avais décidé cette fois de travailler et de gagner de l’argent. J’avais peut-être été forcé de me retrouver dans cette situation, mais le moment était parfait. J’avais peut-être mal compris Paul.
« Mais il n’avait pas besoin de m’envoyer ici pour gérer ça. »
De toute façon, c’était quoi cette créature enragée ? En quarante ans de vie, je n’avais jamais rien vu de tel auparavant. Terrifiant n’était pas assez fort pour décrire ça. C’était violent. Comme une cocotte-minute qui explosait. Assez pour te donner un TSPT. J’avais peut-être un peu mouillé mon pantalon. (NdT : Trouble de Stress Post Traumatique)
Alors que la plupart des lames japonaises avaient un côté émoussé, elle était comme une épée à double tranchant. Comme une bouteille de poison qui avait été renversée partout.
Maintenant, je comprends pourquoi elle a été virée de l’école.
Il y avait de l’expérience dans la façon dont elle me frappait avec ses poings. C’était des poings qui avaient l’habitude de frapper les gens. Des poings qui avaient battu des gens, qu’ils aient résisté ou non.
Elle n’avait que neuf ans et pourtant, elle savait si bien rendre ses adversaires impuissants. Pourrais-je vraiment enseigner à quelqu’un comme ça ?
J’avais parlé à Philip de notre plan.
D’abord, on la kidnappait et on lui donnait un avant-goût de ce que c’était que d’être impuissant. C’était à ce moment-là que je venais l’aider. De cette façon, elle apprendrait à me respecter et à suivre mes cours avec obéissance. Un plan simple, mais je savais comment ça devait se passer. Tant qu’elle réagissait bien, tout se passera bien.
… Mais est-ce que cela marchera vraiment ? Elle était bien plus violente que je ne l’aurais jamais imaginé. Elle mugissait et criait jusqu’à ce que son adversaire morde à l’hameçon, puis les battait à mort. Sa violence montrait clairement à quel point son désir de gagner était fort.
Était-il possible que, même après avoir été enlevée, elle ne soit pas du tout affectée ? Et que quand je serais allé l’aider, elle ne soit pas du tout surprise et dirait : « Tu en as mis du temps, sac à merde. »
C’était possible. Avec elle, c’était tout à fait possible.
Il était probable qu’elle réagirait d’une façon que je ne pouvais prévoir. J’avais donc besoin de me préparer mentalement à ça. L’échec n’était pas une option.
J’y avais réfléchi. J’avais essayé de trouver un plan qui me permettrait certainement de réussir. Pourtant, plus j’y pensais, plus mes pensées s’embrouillaient.
« S’il te plaît, mon Dieu, fasse que ce plan fonctionne. »
À la fin, j’avais prié. Je ne croyais pas en Dieu, et pourtant, comme tout Japonais, je m’étais tourné vers la prière quand j’étais en difficulté.
S’il te plaît, d’une façon ou d’une autre, faites que ça marche, j’avais prié.
C’était alors que j’avais réalisé que j’avais laissé ma culotte chérie dans le village de Buena. J’avais pleuré. Il n’y avait pas de Dieu (alias Roxy) ici.
◇ ◇ ◇
NOM : « Jeune maîtresse »
OCCUPATION : Petite-fille du seigneur féodal de Fittoa.
PERSONNALITÉ : Féroce
NE FAITES PAS ÇA : Écoute ce que les gens disent
LECTURE/ÉCRITURE : Peut écrire son propre nom
ARITHMÉTIQUE : Peut faire des additions à un chiffre
MAGIE : Aucune idée
ESCRIME : Style du Dieu de l’épée — Niveau débutant
ÉTIQUETTE : Peut faire le salut à la Boreas.
LES GENS QU’ELLE APPRÉCIE : Grand-père, Ghislaine
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Merci pour le chapitre.
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