Mushoku Tensei (LN) – Tome 2 – Chapitre 1 – Partie 1

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Chapitre 1 : La violence de la jeune maîtresse

Partie 1

Quand j’étais arrivé dans la ville de Roa, il faisait nuit.

Le village de Buena et la ville de Roa étaient à une journée de distance en calèche, c’était un trajet de six à sept heures. Juste la bonne distance, ni trop près ni trop loin. Roa est une ville animée, l’une des plus grandes de la région.

La première chose qui attira mon attention, c’était les murs de la citadelle. Les murs étaient solides, et mesuraient sept à huit mètres. Ils s’enroulaient autour de la ville. Des voitures tirées par des chevaux arrivèrent et passèrent par la porte gigantesque. Alors que notre carrosse passait à travers, j’avais vu des rangées de stands de marchands.

La première chose qui m’avait accueilli à l’intérieur de la ville était une écurie et une auberge. Une foule de gens se bousculait : marchands, citadins, et même des guerriers en armure. C’était vraiment comme dans un roman fantastique.

J’avais jeté un coup d’œil à ce qui ressemblait à une salle d’attente, où les gens s’asseyaient avec de grandes quantités de bagages. De quoi s’agissait-il ? C’était ce que je me demandais.

« Ghislaine, sais-tu ce que c’est ? », avais-je demandé à la personne qui était avec moi.

Elle avait, comme un animal, des oreilles et une queue. Elle avait une peau brun foncé que son armure de cuir clairsemée montrait en larges bandes. C’était une grande et musclée épéiste.

Il y avait sept niveaux dans le style du Dieu de l’épée et Ghislaine Dedoldia était au troisième rang à partir du haut. Elle avait des compétences si impressionnantes qu’elle était connue comme un Roi de l’épée. Ce sera elle qui m’enseignera l’art de l’épée.

Elle était comme un second maître pour moi.

« Toi… »

Elle s’était tournée vers moi, irritée.

« Essayes-tu de te moquer de moi ? »

Elle grogna férocement, j’avais sursauté.

« Non, je me demandais ce que c’était. Je ne le savais pas, alors j’espérais que tu me le dirais. »

« Oh, désolée. C’est ce que tu voulais dire. »

Elle vit que j’étais au bord des larmes et s’empressa de m’expliquer.

« C’est la salle d’attente pour la diligence. C’est ce que les gens utilisent normalement pour voyager entre les villes. L’autre option est de payer un colporteur pour voyager avec lui. »

Au fur et à mesure que le voiturier avançait, Ghislaine continuait à me montrer chaque endroit et à me l’expliquer. C’est la forge d’armes, c’est le bar, c’est une branche de la Guilde des aventuriers, et un autre endroit qu’il fallait mieux ne pas visiter. Ghislaine avait un visage sévère, mais elle était gentille.

L’atmosphère changea lorsque nous étions passés devant un coin de rue. Il y avait des rangées de magasins destinés aux aventuriers, une forge d’armes et une forge d’armures, et plus loin, des rangées de magasins pour les habitants de la ville. Les maisons d’habitation étaient construites au fond des ruelles.

Si vous y pensiez, les intrus devraient attaquer la ville de l’extérieur vers l’intérieur. Il était alors évident que la ville était construite de telle sorte que plus on s’enfonçait vers l’intérieur, plus les maisons devenaient grandes et plus les magasins de marchandises étaient luxueux. Plus tu vivais près du centre, plus tu étais riche.

Un gigantesque bâtiment était placé en plein milieu de la ville.

« C’est le manoir du seigneur », dit Ghislaine.

« On dirait plus un château qu’un manoir. »

« C’est une ville fortifiée, après tout. »

Roa était une ville ancienne au passé noble. Il y a 400 ans, c’était le dernier bastion de défense dans la guerre contre la race des démons. C’est pourquoi il y avait un château dans le centre de la ville. Cela dit, malgré sa puissante histoire d’origine, les nobles de la capitale impériale ne voyaient aujourd’hui Roa que comme un simple marécage rempli d’aventuriers.

« Le fait que nous soyons venus ici signifie que la Jeune maîtresse que je vais enseigner est d’un statut social élevé. »

Ghislaine secoua la tête.

« Pas tout à fait. »

« Hein ? »

Il y avait le manoir du seigneur juste devant nous. À mon avis, les seules personnes qui vivaient ici devaient être des gens de haut rang social. Ma théorie était-elle fausse ?

Alors que j’étais en train de faire ce genre de réflexion, le cocher fit un petit signe de tête au gardien du manoir du seigneur.

« Alors, elle doit être la fille du Seigneur. »

« Non. »

« Elle ne l’est pas ? »

« Pas tout à fait. »

J’avais l’impression qu’il y avait un sens caché derrière ses mots. Qu’est-ce que ça pourrait être ?

La voiture s’était arrêtée.

Lorsque nous étions entrés dans le manoir, un majordome nous avait conduits dans ce qui semblait être une salle de réception. On nous montra deux canapés alignés ensemble.

Ce sera mon premier entretien. Je devrais la jouer cool.

« Veuillez vous asseoir là. »

Pendant que je m’asseyais sur le canapé, Ghislaine s’éloignait silencieusement et montait la garde dans le coin de la pièce. Je parie qu’elle a choisi cet endroit pour pouvoir inspecter toute la pièce, pensais-je. Dans ma vie antérieure, je l’aurais prise pour une collégienne intello qui regardait trop d’anime.

« Le jeune maître devrait bientôt revenir. Attendez ici jusqu’à ce qu’il arrive. »

Le majordome versa ce que j’imaginais être du thé dans une tasse à l’aspect coûteux. Puis il se retira et se tint près de l’entrée de la pièce.

Je pris une gorgée de la boisson fumante. Pas mal. Je n’étais pas particulièrement versé dans les thés, mais il me semblait qu’il s’agissait d’un thé onéreux. Comme l’homme n’en avait pas versé pour Ghislaine, il était clair que j’étais le seul à être traité comme un invité.

« Où est-il !? »

Une voix retentit de l’extérieur de la salle, accompagnée de bruits de pas furieux et tonitruants.

« Ici !? »

Les portes s’ouvrirent violemment et un homme musclé et bien bâti entra dans la pièce. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Il avait l’air dans la fleur de l’âge de sa vie, en dépit de quelques cheveux blancs dans ses cheveux bruns foncés.

Je posai la coupe, me levai et m’inclinai profondément.

« Enchanté de vous rencontrer. Je m’appelle Rudeus Greyrat. »

Ses narines se sont évasées.

« Hmph, tu ne sais même pas comment te présenter ! »

« Maître, le Seigneur Rudeus n’a jamais quitté Buena Village. Il est encore jeune, je suis sûr qu’il n’a pas encore eu le temps d’apprendre les bonnes manières. Vous pouvez sûrement oublier un peu de son… »

« Et toi, la ferme ! »

Cette réprimande réduisit immédiatement le majordome au silence.

Si c’était le maître de maison, ça signifiait qu’il était mon employeur, non ? Il était certainement en colère. Il devait y avoir quelque chose qui lui manquait chez moi. J’avais essayé d’être aussi poli que possible quand je m’étais présenté, mais l’étiquette des nobles était peut-être différente ici.

« Hmph. Alors je suppose que Paul n’a même pas jugé bon d’enseigner les bonnes manières à son propre fils ! »

« On m’a dit que mon père déteste les formalités, c’est pourquoi il a quitté la maison de son père. Je suppose que c’est aussi pour ça qu’il ne m’a rien appris. »

« Déjà avec les excuses ! Tu es comme lui ! »

« Mon père a-t-il vraiment trouvé tant d’excuses ? »

« Oui ! Une excuse chaque fois qu’il ouvrait la bouche. S’il a mouillé son lit, une excuse ! S’il s’est battu, une excuse ! S’il a fait l’école buissonnière, une excuse ! »

Il était vraiment en train de s’énerver pour ça.

« Même toi ! Si tu voulais apprendre les bonnes manières, tu aurais pu le faire ! La seule raison pour laquelle tu ne l’as pas fait, c’est parce que tu n’as fait aucun effort ! »

Une partie de moi était d’accord avec lui. J’étais tellement préoccupé par la magie et mon style à l’épée que je n’avais pas essayé d’apprendre autre chose. J’avais peut-être été trop étroit d’esprit.

La meilleure réponse avait été de reconnaître mon erreur.

« Vous avez raison. C’est de ma faute si je n’ai pas appris les bonnes manières. Je m’en excuse. »

Quand j’avais baissé la tête, il avait tapé du pied si fort que le sol avait grincé.

« Cependant ! Je reconnais que tu as fait un effort courageux au lieu d’être sur la défensive face à ton manque d’éducation sur l’étiquette ! Je t’autorise donc à rester ici ! »

Je n’étais pas sûr de ce qui se passait, mais au moins il avait dit que je pouvais rester.

Sur ce, le maître de maison se retourna et sortit de la pièce, les épaules raides et fermes.

« C’est le seigneur de la région de Fittoa, Sauros Boreas Greyrat. Il est aussi l’oncle de Maître Paul », dit le majordome.

C’était donc le seigneur féodal. Son intensité m’avait fait craindre à quel point il soit un bon gouverneur. Il y avait beaucoup d’aventuriers par ici, alors peut-être qu’il vous fallait une personnalité forte pour être un vrai seigneur féodal.

Attendez. Le majordome avait dit Greyrat et oncle ? En d’autres termes, ça voulait dire…

« C’est donc mon grand-oncle ? »

« Oui. »

Je le savais.

Paul avait ainsi utilisé son lien avec un membre de sa famille, même s’il en était éloigné. Je n’aurais jamais imaginé qu’il venait d’une famille aussi noble. Il avait eu une éducation privilégiée.

« Que se passe-t-il, Thomas ? Tu as laissé la porte grande ouverte. »

Quelqu’un apparut dans l’embrasure de la porte : un homme mince et léger aux cheveux bruns et lisses.

« On dirait que papa est d’humeur joyeuse. S’est-il passé quelque chose ? »

Parce qu’il avait appelé le seigneur père, j’avais cru que c’était le cousin de Paul.

Le majordome dit : « C’est le jeune maître. Pardon, excusez-moi. Il y a un instant, le Maître a rencontré le Seigneur Rudeus. Il semble qu’il était content de lui. »

« Ah-ha. S’il est le genre de personne que mon père aime… peut-être que j’ai mal choisi ? »

Il s’était assis sur le canapé en face de moi.

Oh, oui, je devrais me présenter, je m’en étais souvenu.

« Ravi de faire votre connaissance. Je m’appelle Rudeus Greyrat. »

Comme je l’avais fait il y a un instant, je m’étais incliné profondément tout en baissant la tête.

« Ah oui, et je suis Philip Boreas Greyrat. Les nobles se saluent en posant leur main droite sur leur poitrine et en inclinant légèrement la tête. Vous avez dû mettre mon père en colère à cause de votre approche incorrecte, n’est-ce pas ? »

« Comme ça ? »

J’avais suivi son exemple et j’avais légèrement baissé la tête.

« Oui, c’est ça. Bien que votre tentative il y a un instant ne soit pas mauvaise. C’était toujours poli. Je suis sûr que si un ouvrier saluait mon père comme ça, il serait content. Maintenant s’il vous plaît, asseyez-vous. »

Il se retourna sur le canapé avec un bruit sourd et fort.

J’avais suivi son exemple et j’avais pris mon siège. L’entretien allait maintenant commencer.

« Que vous a-t-on dit ? »

« On m’a dit que si je passais cinq ans ici à enseigner à la Jeune Maîtresse, on me donnerait assez d’argent pour couvrir les frais de scolarité à l’Université de Magie. »

« C’est tout ? »

« Oui. »

« Je vois. »

Il posa la main sur son menton et regarda la table comme s’il était perdu dans ses pensées.

« Aimez-vous les filles ? »

« Pas autant que mon père. »

« Oh, vraiment ? Alors vous passez. »

Attendez, quoi ? N’était-ce pas un peu rapide ?

« Pour l’instant, les seules personnes que cette fille aime, c’est Edna, sa professeure d’étiquette, et Ghislaine, son entraîneuse d’épée. J’ai déjà congédié plus de cinq personnes. Parmi eux, il y avait un homme qui enseignait dans la ville impériale. »

J’avais compris qu’il insinuait que ce n’était pas parce que quelqu’un enseignait dans la ville impériale qu’il était bon à cela.

« Et en quoi ça a un rapport avec le fait que j’aime ou non les filles ? »

« Aucun rapport. C’est juste que Paul était le genre d’homme qui travaillerait aussi dur qu’il le pourrait si c’était pour une jolie fille. Alors j’ai pensé que vous étiez probablement le même. », dit-il en haussant les épaules.

C’était moi qui aurais dû hausser les épaules. Ne nous mets pas dans la même catégorie.

« Je vais être honnête, je n’attends pas grand-chose de vous. Je me suis dit que puisque vous êtes le fils de Paul, je ferais aussi bien d’essayer. »

« Vous avez raison, c’était très honnête », avais-je dit.

« Quoi, vous voulez dire que vous êtes sûr de pouvoir le faire ? »

Non, pas du tout. Bien que ce ne soit pas quelque chose que je puisse dire dans cette situation.

« Je ne le saurai pas avant de l’avoir rencontrée. »

D’ailleurs, je pouvais imaginer le rire moqueur de Paul si j’échouais dans ce travail et que je devais en trouver un autre. Je le savais, tu n’es encore qu’un enfant, dirait-il. Ce n’était pas une blague. Je ne tolérerais pas d’être méprisé par quelqu’un qui était techniquement plus jeune que moi.

Hmm…

« Écoutez, je vais aller la rencontrer et si elle a l’air de me donner du fil à retordre… je peux essayer d’utiliser un de mes trucs. »

C’était l’occasion d’utiliser certaines connaissances de ma vie antérieure. La façon parfaite de faire en sorte qu’une fille gâtée et miteuse m’écoute.

« Un truc ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

Je lui donnais une explication simple.

« Voici les grandes lignes. Quelqu’un associé à votre maison nous kidnappera pendant que je suis avec la Jeune Maîtresse. Ensuite, j’utiliserai mes compétences en lecture, en écriture et en arithmétique, ainsi que ma magie, pour que nous puissions tous les deux nous échapper et revenir ici en toute sécurité. »

Philip me fixa, le regard distant, pendant un moment, mais il revint à lui même subitement et il hocha la tête.

« En d’autres termes, vous essayez de l’amener à étudier de son plein gré. Intéressant. Mais êtes-vous sûr que ça va marcher ? »

« Je pense que ça a plus de chance de marcher que si des adultes la forcent à le faire. »

C’était une intrigue fréquente dans les anime et manga : un enfant qui détestait étudier et qui avait besoin d’apprendre l’importance de l’éducation après avoir été pris dans quelque chose dont ils avaient besoin pour s’échapper. Ça n’avait pas vraiment d’importance si ceux qui l’orchestraient étaient sa propre famille, n’est-ce pas ?

« C’est quelque chose que Paul vous a appris ? Comme l’un des moyens pour qu’une fille tombe amoureuse de vous ? »

« Non. Mon père n’a pas besoin d’aller si loin pour être populaire auprès des femmes. »

« Populaire, hein… Pfft. »

Philip éclata de rire.

« C’est exact. Il a toujours été populaire. Il n’a rien à faire et les filles viennent le voir de toute façon. »

« Chaque personne qu’il m’a présentée a été l’une de ses maîtresses. Même Ghislaine. »

« Oui, je suis incroyablement envieux de lui. »

« J’ai peur qu’il ne mette la main sur l’ami d’enfance que j’ai laissé au village de Buena. »

L’anxiété m’avait frappé au moment où ces mots quittèrent mes lèvres. Dans cinq ans… Sylphie aura beaucoup grandi. Je détesterais rentrer chez moi pour découvrir qu’elle faisait partie du harem de mon père.

« Ne vous inquiétez pas. Paul ne s’intéresse qu’aux femmes adultes. »

Tandis que Philip disait cela, il regarda Ghislaine dans le coin de la pièce.

« Oh. »

J’avais compris ce qu’il voulait dire. Ghislaine avait à tous les coups une silhouette très… développée. En y repensant, Zenith et Lilia aussi. Qu’est-ce qui était si développé, demandez-vous ? Leurs seins, bien sûr.

« Ça devrait aller, ça ne fait que cinq ans. Elle peut mûrir un peu, mais je doute qu’elle puisse devenir si grosse, puisqu’elle a du sang d’elfe dans les veines. Même Paul n’est pas si démoniaque. »

Pouvais-je lui faire confiance ? D’ailleurs, comment savait-il que Sylphie était en partie elfe ? Peut-être que j’aurais mieux fait de supposer qu’il n’y avait rien de secret sur le temps que j’avais passé au village de Buena.

« Ce qui m’inquiète le plus est de savoir si vous séduirez ma fille. »

« Pourquoi ça vous inquiète alors que je n’ai que sept ans ? »

Bon sang, c’est impoli de dire ça. Je n’allais rien faire. Et si elle était tombée amoureuse de son plein gré, ce ne serait pas ma faute.

« Dans la lettre de Paul à votre sujet, il a dit qu’il vous renvoyait parce que vous passiez trop de temps à jouer avec les femmes. Je pensais que c’était juste une blague, mais après avoir entendu votre plan, je commence à en douter. »

« C’est seulement parce que je n’avais pas d’amis à part Sylphie. »

De plus, ce n’était pas ses affaires.

« Eh bien, nous ne ferons aucun progrès en parlant. Vous devez rencontrer ma fille. Thomas, amène-la-lui. »

Philip se leva.

Et ainsi, je l’avais finalement rencontrée.

***

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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