Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : Le cercle magique du sixième étage

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Chapitre 7 : Le cercle magique du sixième étage

Partie 1

Le sixième étage était rempli de Démons dévorants.

Les Guerriers en Armure avaient entièrement disparu, laissant seulement les ennuyeux rampants au plafond. Les combats se déroulaient sans problème grâce à l’encens, mais ils étaient encore beaucoup trop nombreux. Tellement, en fait, qu’il fallait se demander pourquoi ces choses étaient si nombreuses ici.

La raison en était devenue évidente au fur et à mesure que l’on empiétait sur les parties les plus profondes du sixième étage.

Là, dans la pièce menant au prochain cercle magique, se trouvait un nid. Un essaim de bêtes se pressait à l’intérieur, et d’innombrables œufs étaient posés sur les bords de la zone. C’étaient des formes sombres et oblongues, enduites de liquide, un peu comme les cafards de mon monde. J’avais des frissons dans le dos rien qu’en les regardant.

Peut-être qu’il y avait une reine quelque part et qu’elle utilisait Zenith pour aider à la naissance de ses œufs. Cette idée m’avait traversé l’esprit, mais rien n’indiquait que les Démons dévorants aient de telles habitudes. Ils se regroupaient, mais ils ne semblaient pas avoir de reine. Comme les cafards.

Quoi qu’il en soit, d’où venaient tous ces parasites, et quel était leur but ? Comment pouvaient-ils être si nombreux alors qu’il n’y avait pas de source de nourriture équivalente pour les faire vivre ?

« Professeur, que mangent des bêtes comme ça ? », avais-je demandé à Roxy.

« Bonne question. Il existe de nombreuses théories, mais j’ai souvent entendu dire qu’elles se nourrissaient de mana. »

« Mana ? »

Les forêts et les grottes avaient une forte concentration en mana, en plus d’être pleines de monstres. En y réfléchissant, Nanahoshi avait bien mentionné que cette énergie magique pouvait être trouvée dans toutes sortes de choses à travers ce monde. Le mana, cependant, ne pouvait pas être vu à l’œil nu, alors comment confirmer cette théorie ?

Attendez, il y a l’œil ressentant le pouvoir magique, ce qui voudrait dire que c’était vrai.

Pourtant, s’ils se nourrissaient vraiment de mana, alors ne serait-il pas logique qu’ils engloutissent mes sorts ? Le fait qu’ils ne puissent pas le faire devait signifier qu’il existe deux types de puissance magique : celle qui pouvait être consommée et celle qui ne le pouvait pas.

Maintenant que j’y pense, Paul m’avait dit il y a longtemps que les monstres étaient attirés par le cristal imprégné de magie au cœur d’un labyrinthe. Les cristaux étaient-ils vraiment si attirants pour les monstres ? Ceux d’ici n’essayaient même pas de creuser plus profondément. Tout ce qu’ils avaient fait était de créer un nid et de commencer à habiter l’endroit.

Eh bien, réfléchir à ce mystère ne me mènerait à nulle part pour le moment. Il y avait d’autres monstres, comme le Guerrier en armure, qui ne consommaient rien pour survivre. Je laissais les questions d’écosystème des monstres aux experts.

« Bon, peu importe ce qu’ils consomment, ça ne change rien au fait qu’ils attaquent les humains à vue. Détruisons ces œufs là où nous les trouvons, ou ils deviendront une épine dans notre pied lors de notre prochain retour », dit Roxy en s’attaquant froidement à leurs œufs.

Elle n’utilisa pourtant pas de la magie pour les empaler un par un, mais une épée courte. Son expression était la définition même de l’indifférence. J’aimais bien ce côté d’elle, moi aussi.

En tout cas, les monstres produisaient des œufs, hein ? Je m’étais demandé si les Guerriers en armure avaient aussi une progéniture. Je m’étais imaginé une version miniature d’eux, aussi grande qu’une poupée de feutre, portant une épée en jouet et se dandinant partout. J’imaginais leur maman blindée et leur papa blindé veillant sur eux avec bonheur. Puis, soudainement, des bruits de pas — un intrus. La maman et le papa en armure ordonnent à leur fils de se cacher alors qu’ils se rendaient sur le champ de bataille. Paul apparaît devant eux, son visage étant celui d’un démon. Il tua brutalement les parents avec une épée courte particulièrement efficace pour transpercer leur armure, un peu comme un pesticide contre les insectes. L’enfant en fut témoin et apprit ainsi que les humains étaient ses ennemis. Il grandit et se transforma en une bête qui attaquait les humains à vue.

Oui c’est vrai, c’était une pensée ridicule.

« Rudy, qu’est-ce que tu fais ? Aide-moi, s’il te plaît. », dit Roxy.

« Oh, d’accord. »

J’avais fait ce qu’on m’avait demandé, et j’avais commencé à casser les œufs.

Les trois autres pièces liées à celle-ci étaient également remplies de ces choses. Il n’y avait aucun signe d’éclosion, mais si c’était le cas, la larve essaierait de s’accrocher à n’importe quel humain qu’elle voyait.

Notre nettoyage s’était terminé assez tranquillement après ça, sans qu’une seule larve nouvellement éclose sorte pour essayer de s’accrocher à l’entrejambe de Roxy.

*****

Nous étions enfin arrivés dans les profondeurs du labyrinthe, l’endroit même dont il était question dans les dernières pages de notre livre. C’était une pièce spacieuse et carrée construite en pierre. Il y avait trois cercles magiques près de l’un des murs qui faisaient face à l’entrée de la pièce.

Si c’était tout, l’endroit n’aurait pas semblé spécial. Mais la pièce était absolument vide, à l’exception des cercles. Dans la pièce précédente, il y avait un essaim virtuel de Diables dévorants, et plus d’une centaine de leurs œufs par-dessus le marché. Pourtant, il n’y avait que ces cercles ici, comme s’il s’agissait d’une terre sainte où ni les œufs ni les bestioles qui les avaient engendrés n’osaient entrer. Un seul mot pouvait décrire suffisamment ce phénomène : anormal.

« C’est le boss » : dit Elinalise.

Paul est d’accord : « C’est vrai que cela dégage une drôle d’aura. »

« Restez vigilant », avait prévenu Roxy.

Tous les trois tenaient leurs armes près d’eux pendant qu’ils parlaient. Peut-être était-il courant que la pièce située juste avant la tanière du boss dégage une aura inquiétante.

« Eh bien, lequel ça va être ? »

Geese tenait notre guide dans une main et examinait chaque cercle. Tous les autres se tenaient à l’entrée en attendant.

« Je vais aider. »

J’avais proposé de me joindre à lui, en tant que personne ayant déjà assisté à la création de cercles d’invocation.

« Oui, ce serait génial », dit Geese.

Pour une raison quelconque, Roxy s’était glissée derrière moi. Sa présence sera au moins une source de réconfort.

« Comment ça se présente ? », avais-je demandé.

« Exactement comme le dit le livre. »

Un par un, j’avais vérifié chacun des cercles devant nous par rapport à ce qui était transcrit dans le livre. Le livre, d’ailleurs, disait ceci :

Il y a trois cercles magiques. Nous avons immédiatement su que deux d’entre eux étaient des cercles de téléportation aléatoires, nous avons donc utilisé une pierre pour marquer celui qui nous semblait correct, et nous avons sauté dessus. Cependant, c’était un piège. J’ai été transporté dans un espace inconnu, et je me suis retrouvé piégé entre des corps noirs et visqueux serrés les uns contre les autres. C’est ça, un nid de Diables dévorants. Dès qu’ils m’ont vu…

Je vous épargne la scène de combat qui suivit.

J’avais immédiatement repéré la pierre qu’ils avaient utilisée comme signe. C’était une pierre de la taille d’un poing, magnifiquement polie. Le nombre six était gravé sur sa surface. Nous n’avions rien vu de tel aux étages précédents.

« La voir ici m’émeut un peu. »

Geese fronça les sourcils.

« Tu crois ? Je dis que c’est juste de la malchance. Écoutez, patron, les choses comme ça, les objets laissés par un mort, ça porte la poisse. »

« La poisse ? »

« Oui, c’est ça. La poisse. »

« D’accord. Mais ce n’est pas comme si tout leur groupe avait été anéanti. », avais-je dit.

Pendant que nous parlions, j’avais continué à inspecter le cercle devant nous. Il ressemblait exactement aux cercles à double sens que nous avions utilisés pour aller et venir de nombreuses fois jusqu’à présent, et pourtant celui-ci était différent. Si vous marchiez dessus, il vous téléportait de manière aléatoire. Ou peut-être que vous n’aviez même pas besoin de marcher dessus, peut-être qu’une fois activé, il déformait tout ce qui se trouvait dans la pièce.

Cela signifiait que l’un des deux autres doit être la bonne option. Pourtant, les deux avaient très clairement les caractéristiques d’un cercle de téléportation aléatoire.

« Rudy, peux-tu dire lequel est le bon ? », demanda Roxy.

J’avais secoué la tête.

« Non, je n’en sais rien. Nanahoshi le saurait peut-être si elle était là. »

« Nanahoshi ? Qui est-ce ? »

« Une fille qui étudie la téléportation, ou plutôt l’invocation, à l’université. Elle en sait beaucoup sur les cercles magiques, donc elle pourrait être en mesure d’intervenir. »

« Pourrait-elle être… ton amante ? »

« Nanahoshi ? Pas possible. »

J’avais ri de sa question. Ce faisant, je m’étais dit Si seulement Nanahoshi était là. Ou Sylphie, ou même Cliff. Les deux premières auraient été impossibles, mais peut-être que j’aurais dû peut-être amener Cliff. Peut-être que je devrais retourner le chercher ? Mais ça prendrait trois mois pour faire l’aller-retour. Peut-être même quatre mois. Cliff n’était pas habitué à voyager autant.

Nah. Même si j’allais le chercher, il pourrait dire, « Je ne sais pas non plus. »

« En fait, j’ai fait des recherches sur la téléportation à l’université, mais je suis gêné de dire que je n’y comprends rien. », avais-je dit.

« Tu as fait des recherches sur la téléportation ? » demanda Roxy, surprise.

« Oui. »

« Je vois. J’aurais dû m’y attendre de ta part, Rudy. Tout le monde ne peut pas penser à cerner un problème à sa source plutôt que de chercher aveuglément des réponses. »

Elle semblait avoir mal compris. J’avais juste suivi les conseils de l’Homme-Dieu. Mais ce n’était pas comme si je pouvais vraiment partager cela avec Roxy, puisque mes motifs pour le faire étaient impurs. Il valait mieux ne pas dire certaines choses.

« Eh bien, c’est une conclusion évidente, en tant qu’élève du grand professeur Roxy. »

« Tu peux me féliciter si tu le veux, mais tu n’obtiendras rien en retour. »

Nous avions terminé notre examen des cercles.

« Eh bien, patron, vous avez trouvé quelque chose ? », demanda Geese.

« Non, rien. »

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Partie 2

Et de toute façon, ma connaissance des cercles magiques venait principalement du livre. Si la bonne réponse n’était pas dans ses pages, alors elle était en dehors de mon domaine d’expertise. J’avais fait quelques recherches supplémentaires sur la téléportation, bien sûr, mais cela me dépassait toujours.

Il y avait une chose que je savais : les trois cercles devant nous étaient anormaux. J’avais aidé Nanahoshi avec suffisamment de cercles magiques dans le passé pour pouvoir le dire. Un changement dans les parties les plus petites et les plus complexes d’un cercle altérait ses effets. C’était pourquoi je pouvais dire avec confiance qu’aucun de ces cercles n’était normal.

« Si ce que dit le livre est vrai, l’un de ces deux-là est le bon cercle », avais-je dit.

« … Ce que vous voulez dire, c’est que vous ne le savez pas non plus ? », clarifia Geese.

« Exactement. »

Nous étions retournés à l’entrée de la pièce, nous asseyant à l’intérieur dans la formation circulaire que Paul et les autres avaient prise en se reposant. Là, nous avions rapporté les détails de notre recherche aussi précisément que nous le pouvions.

Paul fit claquer sa langue : « Tch, deux choix, hein ? ».

Elinalise marmonna : « Oh là là, deux choix… »

Et Talhand rouspéta : « Zut, deux, hein ? ».

Aucun d’entre eux n’avait l’air ravi de la nouvelle.

« Deux options, ça va vraiment nous desservir. Ce serait mieux si on en avait trois. »

En regardant le plafond, Geese me rappela un certain personnage d’anime de la mafia italienne qui porte un étrange chapeau sur la tête. On dirait qu’ils avaient de mauvais souvenirs associés au choix entre deux options, ce qui ne m’avait pas surpris.

« Est-ce aussi une poisse ? », avais-je demandé.

« Oui, c’en est une. Quand on n’a que deux choix, on doit laisser Ghislaine choisir. Ou quoi qu’on fasse, ça se terminera par un échec », expliqua Geese.

Paul et les autres hochèrent la tête en signe d’accord.

Ghislaine, hein ? Ce nom me rappelait des souvenirs. En tant que homme-bête, elle avait certainement un assez bon sens de l’odorat pour flairer la bonne réponse.

« Ghislaine… Si seulement elle était là maintenant », dit Paul avec nostalgie.

Elinalise ajouta : « Elle n’a jamais été aussi utile que dans des moments comme celui-ci. »

« Elle n’écoutait jamais les instructions pendant la bataille et fonçait tête baissée, comme si elle ne comprenait pas un mot de ce qu’on lui disait. Elle ne savait ni lire, ni écrire, ni faire de l’arithmétique, et elle s’énervait dès qu’on parlait de quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Mais au moins, quand on n’avait que deux options, elle était bizarrement capable de choisir la bonne », dit Talhand.

Wôw, ils disaient vraiment des choses cruelles sur elle. Pauvre Ghislaine. J’espérais qu’ils s’arrêteraient à ça. Après tout, elle était l’un des professeurs que je respectais.

« S’il vous plaît, laissez-la tranquille. Elle sait maintenant lire, écrire et calculer. », avais-je plaidé.

Ghislaine avait travaillé dur. Elle trébuchait encore quand il s’agissait d’additionner des nombres, mais elle s’était cassé le cul pour apprendre la division.

« Hmph, Paul m’a déjà raconté ça, mais je ne serai pas dupe. Il n’y a aucune chance que ce chiot puisse fonctionner comme une personne normale. », dit le nain.

« J’ai entendu la même chose, mais pour être honnête, je ne peux pas non plus y croire », approuva Elinalise.

Ils étaient tous les deux sceptiques. Et ce n’était pas comme si je ne les comprenais pas, Ghislaine avait certainement été une tête de mule.

Mais c’était étrange. Tous les anciens membres du groupe de Paul étaient réunis ici, sauf Ghislaine. La même femme qui avait été la seule membre du groupe à rester en contact avec Paul après leur brouille. La seule qui connaissait le village de Buena parmi tous ceux qui étaient réunis ici.

Oui, c’est étrange.

« Oublie ça, qu’est-ce qu’on va faire ? », demanda Geese en revenant au point initial de notre conversation.

Il y avait deux cercles. Par lequel allions-nous passer ?

« Rudy, même toi, tu n’as pas été capable de le dire, hein ? », demanda Paul.

« Malheureusement, non. Je les ai même étudiés à l’école avant de venir. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage. », dis-je en secouant la tête.

« Alors c’est comme ça… »

Paul croisa ses bras sur sa poitrine, ferma les yeux et se mit à réfléchir. Après même pas une minute, il releva la tête.

« Faisons un vote à la majorité et voyons où cela nous mène. Ceux qui sont en faveur du cercle de téléportation de droite, levez la main droite. Ceux en faveur du gauche, levez votre main gauche. »

Chaque personne leva sa main à son commandement. Paul, Elinalise et Roxy avaient tous voté pour aller à droite, tandis que Geese, Talhand et moi avions voté pour aller à gauche. Nous étions divisés en deux.

« Tch, on n’arrive même pas à se décider », dit Paul en crachant.

« Hum, Père. Je dois dire que je ne suis pas très sûr de pouvoir décider de quelque chose comme ça à la majorité des voix. », avais-je dit.

« Oui, oui. Quelqu’un d’autre a une idée brillante ? »

Quand Paul le demanda, Elinalise leva la main.

« Et si on envoyait une personne dans chacun d’eux en même temps ? »

« Tu proposes qu’on sacrifie quelqu’un ? »

« Toi ou moi, nous pourrions brûler de l’encens et nous frayer un chemin à travers les démons s’il le fallait », dit-elle avec assurance.

Une personne entrerait dans chacun des deux cercles en même temps, et la personne qui aurait vu juste reviendrait vers nous. Nous partirions alors immédiatement à la recherche de l’autre personne et le problème serait (peut-être) résolu.

« Je m’y oppose », avais-je dit.

« Oh, Rudeus ? Pourquoi ça ? », dit Elinalise, surprise.

« D’abord, il n’y a aucune garantie que l’un ou l’autre soit la bonne réponse. »

Selon toute apparence, les deux cercles semblaient être des télétransporteurs aléatoires. Ils pouvaient être tous les deux des pièges, ce qui signifiait que les trois cercles étaient des pièges. Il était possible que les bons cercles soient situés dans une autre pièce. Certes, cela semblait peu probable — le livre disait qu’ils avaient fouillé chaque pièce de chaque étage avant de passer à la suivante. Si je devais faire confiance à l’auteur, alors c’était notre destination.

Mais la position des cercles et leurs formes… Tout cela semblait délibéré. Trompeur.

Quelque chose clochait.

Pourquoi quelqu’un voudrait-il faire un piège qui avait une chance sur deux de réussir ? Ne serait-ce pas contraire à l’objectif d’un piège ? De plus, si la personne qui l’avait créé s’était donné la peine de préparer un faux cercle à double sens, la solution était-elle vraiment aussi simple. L’un des deux cercles restants était-il non piégé ? Si c’était tout ce qu’il y avait à faire, pourquoi s’embêter à créer trois cercles ?

Peut-être avions-nous manqué un indice quelque part ? Non, ce n’était pas un jeu d’évasion. Un labyrinthe n’était pas obligé de nous donner des indices.

« Eh bien, Rudeus, as-tu une suggestion ? », demanda-t-elle.

« Non. Mais puis-je vous demander d’attendre un peu plus longtemps avant de prendre une décision ? », avais-je admis

Cela me pesait. J’avais l’impression d’avoir oublié quelque chose. Et jusqu’à ce que je me souvienne de ce que c’était, le simple fait de marcher sur un de ces cercles en supposant qu’il y avait une chance sur deux était trop dangereux. Dès qu’une personne le ferait, il était possible que la pièce entière soit téléportée au hasard.

On ne pouvait traverser le Labyrinthe de Téléportations qu’en passant par des cercles magiques. Peut-être y avait-il des pièces que l’on ne pouvait atteindre sans marcher sur un cercle aléatoire.

« Je veux y réfléchir un peu plus longtemps », avais-je plaidé.

« OK, Rudy. On s’en remet à toi. »

Paul acquiesça avant que quiconque puisse répondre.

Je m’étais assis devant les cercles et j’avais commencé à réfléchir.

Mon postulat de départ était le suivant : ces trois cercles étaient tous des pièges. À partir de là, trois possibilités me traversaient l’esprit.

Premièrement, il était possible que ce ne soit pas le point final du labyrinthe.

Selon le livre, ce labyrinthe avait une règle interne qui lui était propre, et cette règle était que la route principale à travers le labyrinthe était composée uniquement de cercles à double sens. Suivant cette logique, ce devait être la destination.

Cependant, la zone dans laquelle Roxy s’était égarée auparavant était une section du labyrinthe inaccessible par les seuls cercles à double sens. Pour retrouver le chemin principal, il fallait se frayer un chemin à travers plus de trente cercles à sens unique dans la zone. En résumé, la véritable fin de ce labyrinthe pourrait se trouver au-delà d’un cercle à sens unique, bien que je pense que les chances que ce soit le cas soient minces.

Deuxième possibilité : À l’insu de l’auteur, l’un des autres membres du groupe avait déclenché un piège juste avant de franchir le portail. L’auteur avait supposé qu’ils marchaient sur le portail bidirectionnel, mais ce qui s’était passé en réalité, c’était que quelqu’un d’autre avait déclenché un portail aléatoire, téléportant toutes les personnes dans la pièce dans un endroit aléatoire. Ainsi, le portail bidirectionnel était en fait le bon.

Nah, ça ne pouvait pas être ça. Si un tel piège était présent, Geese l’aurait sûrement remarqué.

Troisièmement : le cercle à double sens était en fait un double cercle.

Les portails avaient beaucoup de formes différentes. Peut-être qu’il en existait un en forme de beignet. Si c’était le cas, le bon portail pourrait être entouré d’un portail en forme de beignet qui serait en fait un piège de téléportation. C’était possible, non ?

En d’autres termes, tant que nous marchions sur le centre plutôt que sur le périmètre, nous pouvions atteindre l’étage suivant.

Idiot. Pour qui tu te prends, une sorte d’as du détective ?, m’étais-je réprimandé.

***

Partie 3

La plus probable de ces trois possibilités devait être la première.

L’auteur n’avait généralement jamais marché sur des cercles à double sens. Même après avoir découvert les trois différents types de cercles au premier étage, il n’avait jamais marché sur un seul cercle aléatoire ou à sens unique en descendant les troisième et quatrième étages. Cela avait été suffisant pour l’amener jusqu’ici.

Peut-être qu’à partir de ce point, il fallait passer par des cercles à sens unique pour arriver à la fin. Mais si c’était le cas, alors peut-être que le chemin menant à l’étage suivant ne commençait pas ici. Peut-être étions-nous simplement dans une impasse. Et dans ce cas, le chemin à suivre pourrait commencer quelque part où nous étions déjà passés. Par exemple, il pourrait y avoir un cercle à sens unique au quatrième étage qui mènerait en fait au point final du donjon.

Bon sang. Les choses étaient devenues si compliquées.

De plus, dès le départ, la façon dont l’auteur avait divisé les « étages » était arbitraire. Il l’avait fait entièrement en fonction des monstres présents dans les environs et de l’aspect de la zone. La « règle » unique selon laquelle la route principale à travers le labyrinthe ne comporte que des portails à double sens pourrait être une pure coïncidence.

Notre meilleure option était-elle de nous frayer un chemin par la force brute, en essayant chaque option une par une ? Commencer à cet étage et passer par chaque cercle à sens unique, en battant tous les monstres que nous rencontrions, en essayant de trouver un autre chemin ? Cela semblait être le bon choix.

Mais regarde l’aura de cette pièce. Les membres vétérans de mon groupe étaient entrés et avaient immédiatement senti que le boss, ou plutôt le gardien, devait être proche. J’étais sûr que cet endroit devait être spécial. Que ce devait être la dernière pièce de ce labyrinthe.

Non, peut-être que c’était juste un des pièges du labyrinthe. Hmm…

« Il n’y a pas de fin aux possibilités, » m’étais-je murmuré en me levant.

C’était l’heure de la pause pipi.

« Père ? »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Paul leva alors les yeux.

« Je vais aller me soulager. »

« Tu vas pisser, hein ? Je vais aussi y aller. »

« “Pisser” ! », J’avais lâché un mot sous le choc.

« Tu ne peux pas utiliser un langage aussi inapproprié devant des dames… »

« Qui se soucie des bonnes manières dans un endroit comme celui-ci ? »

Allez, on est en face de Roxy. Je ne peux pas faire d’erreur ici !

Bon, d’accord, elle ne verrait probablement pas d’un bon œil que j’aille aux toilettes, mais quand même.

Paul m’accompagna hors de la pièce et retourna à l’endroit où se trouvaient les cadavres et les œufs écrasés des Diable. Là, nous avions fait le guet à tour de rôle pendant que les autres s’occupaient de leurs affaires.

« Tu as vraiment du mal avec celui-là », fit remarquer Paul pendant que je vidais ma vessie.

« Oui. Il m’est venu à l’esprit que peut-être cet endroit n’est pas la dernière pièce de cet étage. Qu’il y a peut-être un autre chemin. Une que nous devons prendre pour arriver au boss. »

« Nan, ce n’est pas possible. Cette pièce est à tous les coups le bon endroit. », dit-il en secouant la tête.

« Dis-tu ça en te basant sur quoi exactement ? »

« Rien. »

En d’autres termes, l’intuition. Tout de même, c’était l’intuition d’un vétéran. Ce n’était pas quelque chose que je pouvais prendre à la légère. Une intuition de ce genre pouvait sembler être une conjecture sans fondement, mais c’était en fait une déduction inconsciente basée sur l’expérience.

« Eh bien, pas besoin d’aller trop vite. Nous allons attendre. S’il y a quelque chose dont tu n’es pas sûr ou dont tu veux discuter avec nous, n’hésite pas. N’essaye pas de tout résoudre par toi-même, d’accord ? », dit Paul.

« Compris. »

J’avais rangé mon copain dans mon pantalon et j’avais échangé ma place avec Paul. Maintenant que j’étais de garde, j’avais jeté un coup d’œil autour de moi.

« Oh, il y a aussi une autre chose dont je voulais te parler, Rudy. »

« Oui ? Qu’est-ce que c’est ? »

Un bref silence surgit.

« Ah, nah. Pas le temps pour ça maintenant. Je t’en parlerai quand nous serons de retour à l’auberge. »

« Qu’est-ce que c’est ? S’il te plaît, ne fais pas ça. Ça va me rendre nerveux si tu ne me le dis pas. C’est le genre de chose qu’on appelle un “drapeau de la mort”, tu sais. »

« Qu’est-ce que c’est que ça ? De toute façon, si je le dis maintenant, ça ne fera que saper le moral du groupe. »

J’avais incliné la tête en entendant sa voix filtrer par-derrière. Ça ne ferait qu’affecter notre moral ? De quoi diable voulait-il parler ? Était-ce de l’anxiété à propos de Zenith ? Ou quelque chose d’autre qui pourrait rendre les choses plus difficiles entre nous ?

« Une sorte de réprimande ? », avais-je fini par deviner.

« En gros, oui. Quelque chose comme ça. »

« C’est vrai, ça pourrait vraiment tout gâcher si je déprimais et que je ne pouvais pas rester concentré au combat. Tu pourras être aussi en colère contre moi quand ce sera fait. »

« Ah, eh bien, ce n’est pas comme si j’étais en colère. J’ai juste pensé que je devais te donner une chance de te préparer un peu. »

Une fois qu’on était rentré à l’auberge, hein ? J’espérais que nous serions en mesure de sauver Zenith avant.

« J’espère que maman est en sécurité », avais-je dit.

« … Oui, moi aussi. »

Avec juste ces quelques mots, l’air de la pièce était devenu oppressant.

Ce n’était pas bon. Paul devait se sentir désespéré. On était allés si loin et que nous ne l’avions toujours pas trouvée. Il était préférable de garder ce genre de pensées pour moi.

J’avais écouté le long filet d’eau de Paul qui se soulageait pendant que j’examinais la zone.

Il y avait une grande pièce et trois plus petites qui avaient été recouvertes d’œufs. Puis il y avait celle plus loin avec les cercles magiques. Toutes les petites pièces étaient reliées à la grande.

Quelque chose me dérangeait.

« Cette pièce est assez longue, non ? »

« Hm ? Je suppose que oui. Pourquoi ? », répondit Paul en grognant.

Elle était de forme oblongue, bien que suffisamment large et tellement encombrée de cadavres qu’elle paraissait presque carrée à première vue. Un examen plus approfondi révéla que sa longueur dépassait sa largeur. Elle était en fait rectangulaire. A chaque extrémité de cette longue étendue se trouvait une pièce annexe, bien que leurs tailles soient toutes différentes.

J’avais déjà vu ça auparavant. Récemment.

Et il manquait quelque chose.

« … Ah ! »

Cela m’était soudainement venu à l’esprit. C’est vrai — cela ressemblait exactement aux ruines des cercles de téléportation que nous avions utilisés pour venir ici.

« Ok ! Retournons maintenant dans la pièce… Euh, Rudy ? Qu’est-ce que tu fais ? »

Paul m’avait regardé avec méfiance.

Je lui avais jeté un regard en coin en me précipitant vers les autres membres.

Geese était assis, les fesses posées sur le sol, un peu comme la statue du Grand Bouddha, au moment où je l’avais interpellé : « Monsieur Geese, puis-je avoir ton aide ? ».

« Hm ? Avez-vous trouvé quelque chose ? »

« Dépêche-toi et viens avec moi. »

Je l’avais traîné avec moi jusqu’au centre de la pièce.

« S’il te plaît, cherche par ici et vois si tu peux trouver un escalier caché. »

« Huh… ? Attendez, je suppose que c’est possible. Nous n’avons rien vu d’autre que des pièges de téléportation jusqu’à présent, mais il se pourrait qu’il y ait une pièce cachée ou quelque chose comme ça. »

Geese, qui s’était convaincu sans que je lui dise quoi que ce soit, s’était mis à quatre pattes et commença à fouiller le sol. Il posa son oreille sur le sol, le visage tendu. Puis il retira son épée courte et commença à taper le pommeau contre le sol.

« Hé… C’est ici. C’est ici ! Patron, il y a une grotte là-dessous ! », s’exclama-t-il

« Peux-tu l’ouvrir ? »

« Donnez-moi une seconde. »

Geese commença à tripoter le sol. Il se rendit alors vers le mur, ses mains effleurant la surface au fur et à mesure. Puis il se retourna vers moi.

« Pas bon. Je ne peux pas l’ouvrir. Sûrement le genre qu’on doit forcer pour l’ouvrir. »

« Alors, il n’y aura pas de problèmes si on le casse ? »

« Nah. Il n’y a pas de pièges. OK, patron, on y va. Visez ici », dit Geese en gravant un X dans le sol.

J’avais lâché mon canon de pierre sur la zone appropriée. Le projectile en terre fut dévié avec un clang retentissant, laissant le sol en dessous intact.

Me suis-je trop retenu ?

« Un peu plus fort que ça. Vous pouvez le faire, non ? », dit Geese.

« Oui. »

J’avais augmenté la puissance et visé un autre coup. Cette fois, une détonation beaucoup plus forte résonna dans les couloirs tandis que le sol s’effondrait, laissant un trou dans son sillage.

« OK, laissez-moi faire le reste ! »

Geese s’était immédiatement remis à quatre pattes pour déblayer les décombres.

Maintenant qu’il y avait un trou dans le sol, le reste était facile. Il ne lui fallut que peu de temps pour élargir la cavité, la transformant en une ouverture de forme carrée. En dessous, des escaliers descendaient en cascade dans l’obscurité.

« Incroyable ! Je vous laisse faire, patron. Je n’arrive pas à croire que vous ayez trouvé. »

« J’ai déjà vu ce genre de disposition une fois », avais-je admis.

Les ruines autour du cercle de téléportation que nous avions utilisé pour venir ici contenaient trois pièces vides et une autre avec un escalier. Je soupçonnais que la quatrième pièce ait été aussi simple que les autres. Peut-être que les escaliers qui menaient au cercle de téléportation avaient été cachés, tout comme ceux-ci. À l’époque où les ruines étaient encore utilisées, chaque pièce devait être meublée, rendant impossible le repérage de l’escalier caché d’un simple coup d’œil. Peut-être que la raison pour laquelle il était si visible maintenant était que le revêtement s’était affaibli avec les années, ou que quelqu’un l’avait détruit.

« OK, tout le monde, le patron a trouvé un escalier caché ! »

Au son de la voix de Geese, les autres membres s’étaient levés. Ils s’approchèrent et examinèrent les escaliers, haletant d’étonnement.

« Gahaha ! Je savais que tu pouvais le faire ! »

Talhand se mit à rire en me tapant dans le dos.

« Aïe. »

« C’est mon fils ! »

Paul le déclara bruyamment, suivant l’exemple du nain avec une claque de son propre chef.

« Aïe », avais-je encore dit.

« C’est logique. Je crois me souvenir que les ruines du cercle de téléportation étaient similaires. »

Elinalise me donna aussi une tape.

« Urgh… »

« Ne t’énerve pas trop. Il y a peut-être des pièges. Patron, passez-moi trois de vos parchemins. Et voilà ! »

Geese ponctua ses mots avec une claque.

« … »

Et au moment où j’avais jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule, j’avais vu Roxy avec sa petite main levée en l’air. Nos regards s’étaient croisés, le sien scrutant d’en bas, et sa main s’était arrêtée doucement contre mon dos, me frôlant à peine.

« Voilà. Tu as fait du bon travail. », avait-elle dit.

Son expression était teintée de déception, comme si elle n’arrivait pas à digérer le succès de son élève. Chacun de mes actes étant directement lié à elle, je ne voyais pas l’utilité de la contrarier.

C’est bon. Si ce moment se sait, je me vanterai en disant que c’est Roxy qui m’a donné le tuyau !, avais-je décidé

« Très bien, allons-y. Restez sur vos gardes, tout le monde », dit Geese.

« Oui ! »

Tout le monde hocha la tête ensemble.

Au pied de ces escaliers se trouvait un cercle de téléportation, un cercle à double sens. Un cercle qui était d’un rouge profond, rouge sang.

***

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