Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : La magicienne indomptable

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Chapitre 5 : La magicienne indomptable

Partie 1

Roxy était exactement comme dans mon souvenir d’il y a tant d’années. Elle avait la même apparence et le même comportement, même si le fait d’être enfermée dans le labyrinthe depuis un mois l’avait considérablement affaiblie. Ses joues étaient émaciées et il y avait des cernes sous ses yeux. Ses tresses s’étaient défaites et son corps tout entier était couvert de saleté, ce qui lui donnait l’air d’une gamine des rues. Malgré tout cela, elle n’avait pas du tout perdu son esprit.

Après avoir vu son état, Geese nous avait immédiatement demandé de nous retirer. C’était une décision prudente. Talhand porta donc Roxy sur son dos et nous nous étions dirigés vers la surface. J’avais bien sûr proposé de porter Sa Sainteté, mais nous ne passerions pas le deuxième étage sans mes capacités offensives, alors j’avais dû abandonner l’idée. Je m’étais demandé intérieurement s’il était acceptable de laisser une brute aussi grossière porter Roxy, mais personne d’autre n’avait protesté, y compris l’intéressée.

« Je suis désolée, Monsieur Talhand, d’avoir causé tant de problèmes », avait-elle dit.

« Ne t’en fais pas. Je dois aussi donner un coup de main parfois. »

« Je ne pue pas, hein ? Je me dis que ça doit être grave pour que Rudy ait vomi comme ça. »

Le nain s’esclaffa : « Ha ha ! Si je ne pouvais pas supporter ça, je ne pourrais pas m’appeler un aventurier ! »

J’écoutais par-derrière pendant que nous marchions. On m’avait dit que ces deux-là avaient voyagé ensemble pendant longtemps. À en juger par leur façon de parler, je pouvais dire qu’ils se faisaient profondément confiance. Une pointe de jalousie avait surgi en moi. Poussé par cette jalousie, j’avais pris la parole.

« Professeur, tu sais que ce n’est pas parce que je pensais que tu étais puante que j’ai vomi. »

Roxy me lança un regard avant de détourner rapidement les yeux.

« Alors pourquoi as-tu vomi ? » a-t-elle demandé.

« J’étais pris entre le bonheur de te revoir enfin et le désespoir que tu ne te souviennes pas de moi, et mon estomac s’est noué. »

« Ce n’est pas comme si je t’avais oublié. C’est juste que je n’arrivais pas à faire le lien entre l’adorable Rudy d’il y a longtemps et le toi actuel », marmonna-t-elle en réponse avant de se taire.

« … »

La conversation avait été courte, mais entendre sa voix pour la première fois depuis longtemps m’avait rempli d’une telle joie que j’aurais pu m’envoler jusqu’au ciel.

Notre groupe à l’auberge s’était réjoui du retour de Roxy, probablement parce que c’était la première bonne nouvelle qu’ils avaient depuis qu’ils avaient commencée à fouiller le labyrinthe. D’accord, nous n’avions fait que combler le trou qu’ils avaient eux-mêmes creusé, mais je n’allais pas dire ça. Quelles que soient les circonstances, c’était un événement heureux.

Lilia avait immédiatement attiré Roxy dans le bain. Espérant qu’il y aurait quelque chose que je pourrais faire pour elle en attendant, j’étais resté à l’extérieur de sa chambre, mais Vierra m’avait repoussé. Elle avait dit que c’était impoli de s’approcher de la chambre d’une fille pendant qu’elle prenait son bain. Bien sûr, je n’avais aucune arrière-pensée. Je voulais juste faire tout ce que je pouvais pour elle.

Je le pensais vraiment. Vraiment.

OK, oui, j’avais déjà commis une infraction auparavant. Mais cette fois, c’était complètement innocent !

J’avais pensé me défendre, mais j’avais décidé de laisser tomber. C’était bien. C’était moi, après tout. Si je jetais soudainement un coup d’œil sur le côté et que je voyais ses vêtements posés là, il n’y avait aucune garantie que ma main ne glisserait pas et n’empocherait pas le petit tissu blanc niché dessus. Je ne pouvais pas donner cette opportunité quant à mon côté pervers. Pour l’instant, mes sentiments étaient encore innocents. Donc, vraiment, c’était bien.

Nous allions nous reposer quelques jours pour donner à Roxy le temps de récupérer ses forces. Cela dit, c’était une aventurière. Elle n’avait pas de blessures majeures, elle était encore assez forte pour marcher sans aide. Elle jurait même qu’avec de la bonne nourriture et un lit douillet dans lequel elle dormirait profondément, elle serait de retour à la normale d’ici peu. Tout semblait aller pour le mieux.

Mais je n’arrivais pas à me remettre du fait que j’avais fait une erreur et que je m’étais comporté de manière honteuse devant elle. J’espérais qu’elle n’était pas désillusionnée par moi. Le vomissement était irrespectueux, mais j’étais tellement choqué. Je n’avais jamais cessé de penser à elle pendant toute la période où nous étions séparés. Penser qu’elle ait pu m’oublier… c’était accablant.

En y réfléchissant, Sylphie avait dit qu’elle avait été stupéfaite, elle aussi, quand j’avais agi comme si nous nous rencontrions pour la première fois. Je m’étais demandé si elle avait ressenti la même chose à l’époque. Je devrais m’excuser auprès d’elle quand je rentrerais à la maison.

Roxy dormit une journée entière. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, étant donné qu’elle avait passé un mois dans un labyrinthe infesté de monstres. Étant donné que je voulais être le premier à lui souhaiter le bonjour à son réveil, j’avais flâné devant sa porte, mais Lilia m’avait repoussé. J’avais jeté un coup d’œil en arrière et j’avais pu apercevoir son visage alors qu’elle dormait paisiblement. J’avais décidé d’en rester là, en espérant qu’elle se remette vite.

Le deuxième jour, Roxy sauta du lit. C’était juste à l’heure du déjeuner. Elle s’était dirigée vers notre table pendant que nous mangions, se déplaçant aussi raide qu’un robot.

« Bonjour, professeur. »

« Oui. Bonjour Rudy, je veux dire, Monsieur Rudeus. »

Nous étions quatre, moi compris, à la table. Les autres étaient Elinalise, Paul et Talhand. Geese et les trois autres étaient actuellement en train de faire des courses. La composition de notre groupe était telle que le groupe du labyrinthe passait tout son temps à se reposer pendant qu’il était en ville, et que le groupe d’attente faisait des courses pendant ce temps. Geese faisait partie du groupe du labyrinthe, mais pour une raison quelconque, il prenait le commandement du groupe d’attente. Il était vraiment un travailleur acharné. Peut-être qu’il devrait arrêter d’être un aventurier et devenir un administrateur à la place.

« Tout le monde… »

Toutes les personnes présentes avaient tourné leurs regards vers Roxy.

Doucement, elle avait balayé son regard sur chacun d’entre nous, puis avait incliné la tête.

« Je suis désolée de vous avoir causé des problèmes, mais je vais vraiment bien maintenant. »

Les réactions des gens étaient variées. L’un d’entre eux passa un bras autour de son épaule et dit : « Ne t’inquiète pas pour ça. ». Un autre hocha la tête et dit : « Pas de problème ». Un autre prit une gorgée d’alcool avant de pousser une bouteille dans sa direction. Et enfin, il y avait moi, qui étais submergé par l’émotion à son retour.

« Eh bien, si tu veux remercier quelqu’un, remercie Rudy. S’il ne s’était pas mis à bafouiller : “Père, je sens Dieu tout près”, et à courir en avant en traversant les murs, on ne t’aurait pas trouvée. »

Paul me fit passer pour un fou vu la manière dont il le disait, mais j’avais en quelque sorte su exactement où était Roxy pendant que nous nous frayions un chemin à travers le troisième étage. J’avais aussi le sentiment qu’elle avait des ennuis. Sachant que la situation exigeait de la rapidité, je m’étais précipité vers le son de sa voix sans me soucier du danger potentiel d’effondrement des tunnels. Dès que je me heurtais à un mur, je le traversais sans hésiter.

Je n’avais aucune idée de comment je savais qu’elle avait des problèmes. Je le savais, c’est tout. J’étais certain que c’était mon lien avec Roxy qui nous attirait l’un vers l’autre. Oui. Il y avait une petite chance que l’Homme-Dieu soit intervenu, mais je n’en tenais pas compte. Il n’y avait qu’un seul dieu en qui je croyais.

Attendez, ça veut dire que Dieu m’avait guidé là ? Dans ce cas, il n’y avait rien d’étrange à cela !

Alors que j’étais préoccupé par de telles pensées, Roxy se tourna vers moi et inclina de nouveau la tête.

« Hum, Monsieur Rudeus, ce que je veux dire c’est, euh… merci. »

Pourquoi avais-je eu l’impression que Roxy était froide et distante ? Non, je connaissais cette sensation. Je l’avais appris à l’école.

C’était mon nom. La façon dont elle avait appelé mon nom. Elle m’appelait « Monsieur », comme si j’étais une sorte d’étranger.

« Ne t’en fais pas. J’ai seulement fait ce que n’importe qui aurait fait. Plus important encore, s’il te plaît, appelle-moi Rudy. », avais-je dit.

Roxy baissa les yeux et marmonna : « M-mais est-ce que ça ne donne pas l’impression que je suis trop familière si je t’appelle comme ça ? »

« Quoi ? Mais nous sommes proches. Si mon professeur m’appelle “Monsieur Rudeus”, autant que mon père fasse de même. »

« Hein, pourquoi diable ferais-je ça ? »

J’avais ignoré la protestation de Paul.

« J’aimerais que tu m’appelles “Rudy”, aussi affectueusement que tu l’as fait autrefois. Peu importe le nombre d’années qui passent… je te vénérerai toujours, Roxy Migurdia, comme mon professeur. »

Roxy cligna des yeux plusieurs fois. Pour une raison quelconque, ses joues étaient rouges. Avait-elle de la fièvre ? Elle se tapa alors soudainement les joues.

« Oui. Tu as raison… Rudy. »

« Voilà, c’est parfait. »

Elle fit un sourire d’autodérision en me regardant. Ses joues étaient encore un peu roses.

« Tout ça mis à part, tu as vraiment grandi. »

« Je suis après tout un humain. Tu n’as pourtant pas l’air d’avoir changé. », lui avais-je rappelé.

« Oui, toujours aussi petite. »

« Je ne pense pas que tu sois aussi petite que tu le crois. »

« Oh vraiment ? »

Ça me rappelait tellement de souvenirs. Si je fermais les yeux, je pourrais tous les évoquer : le premier jour où elle m’avait appris la magie, le jour où j’avais obtenu mon objet de culte, le jour où elle m’avait appris la magie de rang Saint, le jour où nous nous étions dit au revoir, et les jours que nous avions passés à échanger des lettres. Chaque souvenir était précieux pour moi.

« En tout cas, c’était une magie spectaculaire. On dirait que tu as bien suivi ton entraînement en mon absence. C’était de la magie de l’eau de niveau Empereur ? », dit Roxy.

« De quelle magie parles-tu ? », avais-je demandé, même si j’étais presque sûr de ne pas avoir utilisé de magie de niveau Empereur.

« La magie que tu as utilisée quand tu m’as sauvée. Cette puissance, cette vitesse, et la portée. C’était une magie incroyable. C’était la magie de niveau Empereur dont j’ai entendu parler, Zéro Absolue, non ? »

Non. C’était juste un simple Nuage Glacé. Nous traversions le deuxième étage lorsque Talhand m’avait parlé de la magie utilisée par Roxy et de son efficacité. Je l’avais simplement imitée.

Mais maintenant, Roxy avait un regard qui semblait dire Eh bien ? J’ai raison, n’est-ce pas ? J’avais hésité à la corriger ou non. Elle était une spécialiste de la magie de l’Eau. Elle pourrait avoir honte de découvrir qu’elle avait mal interprété mon sort. Peut-être qu’un petit mensonge blanc était approprié ici ?

D’accord, je serais exposé immédiatement. Peut-être que le plus sage était de dire oui et de dire la vérité après, en secret. Mais si je faisais ça et qu’elle réagissait négativement ? Mon Canon de pierre avait apparemment le même niveau de puissance qu’un sort de niveau Empereur, mais il s’agissait d’une magie d’un niveau bien inférieur.

Hmm, comment dois-je répondre ?

« Nan, c’était un Nuage de Glace. Il avait juste plus de puissance que celle que tu utilises. »

Comme j’hésitais, Talhand en avait profité pour répondre à ma place. Comme c’était injustifié. Je ferais mieux de poursuivre avec quelque chose ou sinon…

« Oh, c’est donc ça. Toutes mes excuses. »

« Honnêtement, Roxy, tu n’as pas du tout changé. Même si je suis d’accord avec toi, ça ne me semblerait pas étrange que Rudeus utilise une magie de niveau Empereur. Après tout, il est considéré comme le plus puissant magicien de l’Université de la Magie. »

Elinalise était intervenue sans hésiter pour soutenir Roxy, bien que ce dernier commentaire n’était pas nécessaire.

Les regards de tous s’étaient portés sur moi. OK, c’était ma chance !

« Mes capacités actuelles sont toutes dues aux conseils de mon professeur », avais-je dit avec confiance.

Les yeux de Roxy s’étaient rétrécis avec suspicion.

« Rudy, je n’arrête pas d’entendre que tu prétends cela, mais penses-tu honnêtement que c’est vrai ? »

« Bien sûr que je le pense. »

Les enseignements de Roxy étaient ma base. « Sors et parle aux gens », « Essaie de t’entendre avec les autres sans préjugés » et « Donne toujours le meilleur de toi-même ». Ces mots avaient pris racine au plus profond de moi. C’est grâce à eux que j’avais pu établir par exemple la relation que j’avais avec Ruijerd.

Bien sûr, il y avait des moments où je n’étais pas à la hauteur de ces enseignements, mais c’était une autre affaire. Les humains n’étaient pas capables de vivre pleinement leur potentiel à chaque instant. Ce qui comptait, ce n’était pas de toujours réussir à vivre selon ses idéaux, mais d’en faire la clé dans sa façon d’appréhender le monde.

« Tu t’es amélioré par toi-même. Et pratiquement sans mon enseignement. »

Roxy fit alors un sourire d’autodérision.

« Tu es devenu un homme incroyable. Tout le contraire d’une empotée comme moi, qui s’est fait piéger dans un labyrinthe. »

Elle s’était affaissée sur la table avec un bruit sourd. Je pouvais voir la tache sur son cuir chevelu d’où les cheveux tourbillonnaient, ce qui était plutôt mignon.

« Le maître est incroyable, et l’élève aussi. Qu’est-ce qui pourrait être mieux ? », dit Paul.

Bien dit. C’était exactement ça. Je n’étais pas particulièrement spécial, mais Roxy était certainement une personne extraordinaire. Et si elle perdait contre son élève dans quelques catégories étroites ? Ce n’était pas un indicateur de sa valeur en tant que personne.

« Si tu n’avais pas été avec nous, nous ne serions pas ici. Aie un peu confiance. »

Les mots de Paul semblaient atteindre l’esprit de Roxy. Elle s’était alors assise et hocha la tête.

Geese était revenu après cela et nous avions poursuivi notre réunion. Nous nous étions assis serrés les uns contre les autres, le groupe d’attente inclus.

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Partie 2

« J’ai dit que nous allions attendre de voir l’état de Roxy, mais je pense que nous allons y retourner dans trois jours », annonça Geese.

« N’est-ce pas un peu hâtif ? », demanda Paul.

Même si cela n’en avait pas l’air, la plongée en labyrinthe épuisait vraiment une personne. Surtout un labyrinthe comme celui de la téléportation, qui était truffé de pièges, vous obligeant à faire constamment attention où vous mettiez les pieds, même si vous étiez en plein combat. C’était déjà épuisant pour quelqu’un comme moi à l’arrière, mais l’avant-garde portait un fardeau encore plus lourd.

« Il est préférable pour Roxy de rentrer le plus vite possible. »

« Hm ? Ah, oui, je comprends ce que tu veux dire. Tu as raison, » dit Paul en acquiesçant.

Pourtant je n’étais pas tout à fait d’accord. Ne serait-il pas difficile pour elle de devoir réintégrer l’endroit où elle avait failli perdre la vie auparavant ?

« Ne pensez-vous pas qu’un peu plus de repos est nécessaire pour elle ? », avais-je demandé.

« Mm ? Ah. Vous ne le savez peut-être pas, patron, mais quand vous avez failli mourir dans un labyrinthe, vous devez y retourner rapidement ou vous serez maudit et ne pourrez plus jamais y entrer. », expliqua Geese.

« Une malédiction ? Une telle chose existe ? », avais-je demandé, dubitatif.

« Oui. Je ne sais pas pourquoi, mais quand vous essayez d’entrer dans un labyrinthe après ça, votre cœur est tellement rempli de peur que vous ne pouvez rien faire. »

Ah, j’avais lu quelque chose comme ça dans un manga une fois. Un type de trouble panique, autrement connu sous le nom de DP. J’avais aussi entendu dire qu’un traitement efficace consistait à réessayer immédiatement ce à quoi on avait échoué. Apparemment, c’était la même chose dans ce monde.

« De plus, vous êtes un débutant, patron. Aller à un rythme lent et répétitif à plusieurs reprises sera une bonne expérience pour vous. »

« Je vois. Tu as raison. »

Après cet échange, les autres avaient commencé à intervenir.

« Je peux te donner quelques conseils pour doubler ton rôle de magicien guérisseur et offensif », déclara Roxy.

« Nous ne devrions pas répéter la méthode de Rudy qui consiste à frapper à travers les murs pour naviguer. Le risque d’effondrement est trop élevé », dit Paul.

« Si tu veux, je peux passer devant toi », dit Talhand.

« J’ai réfléchi… Et si Paul et moi échangions nos positions ? », suggéra Elinalise.

Geese nous permit de nous organiser tout en partageant nos réflexions sur l’aventure précédente, ainsi que sur la façon dont nous devrions aborder la prochaine. Tout le monde avait l’air très sérieux. J’avais pensé qu’ils seraient un peu plus joviaux, mais apparemment non. Bien qu’affaiblis, ils étaient encore un groupe de rang S.

Je n’avais pas eu grand-chose à dire lors de cette réunion, si ce n’était de répondre quand on me demandait ce que je pensais de mon premier labyrinthe. Ils étaient des pros. J’étais un amateur. Peu importe à quel point j’étais doué en magie, je ne pouvais pas oublier ces deux choses. Notre dernier voyage s’était bien passé, mais cela ne signifiait pas que celui-ci le serait aussi.

« Pour le moment, nous allons nous concentrer sur la cartographie du reste du troisième étage. En fonction de comment ça se passe, on peut au moins aller assez profond pour trouver le cercle du quatrième étage. Ça vous va ? », dit Geese.

« D’accord »

On avait répondu à l’unisson.

Généralement, une fois qu’un groupe découvrait les escaliers menant à l’étage suivant, il décidait s’il voulait aller plus profondément ou revenir temporairement à la surface. S’ils optaient pour cette dernière solution, ils empruntaient un chemin direct vers le bas pour reprendre au point où ils s’étaient arrêtés à leur retour. Il en allait de même pour nous, nous étions descendus directement au troisième étage la dernière fois. Si vous n’étiez pas rapide, il y avait une possibilité que le nombre de pièges augmente. La vitesse était cruciale.

« Oh oui, le livre dit que le quatrième étage est complètement différent de ce que nous avons vu jusqu’à présent. Une sorte de ruines ou quelque chose comme ça. », dit Geese.

« Dans ce cas, il pourrait y avoir deux niveaux inférieurs », dit Paul.

« Hmm. Eh bien, nous allons garder la réflexion sur le quatrième étage pour la prochaine fois. Pour l’instant, on se concentre sur le troisième étage. »

« Compris. »

Il y avait des cas de labyrinthes existant depuis longtemps qui se combinaient avec d’autres, formant un seul labyrinthe avec deux centres, deux cœurs avec des cristaux imprégnés de magie. On disait de ces types qu’ils changeaient de structure à mi-chemin. Le Labyrinthe de Téléportations avait ce genre de disposition, mais cela ne signifiait pas nécessairement qu’il avait deux centres. C’était une possibilité, rien de plus.

En fait, selon le livre, le Labyrinthe de Téléportations n’avait qu’un seul cristal magique. Cependant, il était toujours possible qu’il s’agisse à l’origine d’un labyrinthe ordinaire qui aurait ensuite fusionné avec ces vieilles ruines pour prendre sa forme actuelle. En parlant de ruines, il y avait aussi celles qui contenaient les cercles de téléportation que nous avions utilisés pour venir ici.

« Quel est ce livre dont tu parles ? », demanda Roxy, méfiante.

« Rudy l’a apporté. Il contient les notes d’un type qui a voyagé presque jusqu’au plus profond du Labyrinthe de Téléportations. Tu devrais aussi le lire. »

Geese lui passa le livre en question.

« Oh, je ne savais pas qu’une telle chose existait. Je comprends. Je le parcourrai attentivement demain. »

Roxy avait donc prévu de passer la journée de demain à lire. Dans ce cas, je resterais à l’auberge. J’avais envie de lui parler un peu plus, mais je ne savais pas trop à quel sujet. Si elle allait lire le livre, peut-être pourrions-nous discuter de son contenu ? Elle pourrait me poser des questions, et je ferais de mon mieux pour y répondre.

Oui, ça sonne bien. Super. Absolument parfait !

« Maintenant, à propos de notre formation. Secouons un peu les choses. Talhand ? », commença Geese.

Comme j’étais préoccupé par mes pensées, la conversation était passée au sujet suivant. Talhand s’était éclairci la gorge. En tant qu’homme le plus souvent tout à l’arrière, qui avait donc le plus longtemps observé la situation, il était chargé de décider de notre formation.

« Hmph, laisse-moi faire. »

Mais il empestait l’alcool. Il empestait toujours l’alcool. Geese s’abreuvait aussi de liqueurs la nuit, mais Talhand se tapait des chopes jusqu’à midi. Au moins, il était devenu complètement sobre au moment où nous avions commencé notre plongée dans un labyrinthe. Il avait une impressionnante capacité à activer et désactiver sa consommation d’alcool.

« Ce sera la même chose qu’avant. »

Il y avait sur la table un papier avec deux lignes dessinées dessus, ainsi que des petites pierres de différentes couleurs. Talhand posa la pierre bleue en premier.

« D’abord, comme avant, Roxy prendra l’arrière. »

« Compris. » dit Roxy en hochant la tête.

Puis il posa une pierre grise à côté de la précédente.

« Rudeus sera le soutien de Roxy. Elle est du genre à déraper quand quelque chose d’inattendu se produit, mais Rudeus a l’œil de la prévoyance. Il est aussi assez calme pour son âge, alors peut-être qu’il peut arrêter quelque chose avant que ça tourne mal. »

« D’accord. »

Il avait fait comme si Roxy manquait de sang-froid. Je voulais protester, mais c’était vrai qu’elle avait glissé et marché sur un piège de téléportation. Je ne ferais qu’attirer les ennuis si j’essayais. Mais, en y réfléchissant bien, l’œil de la prévoyance ne pouvait prédire que les choses que je pouvais voir. Cela signifiait que j’avais une bonne excuse pour garder mes yeux sur Roxy tout le temps que nous étions dans le labyrinthe.

Dit comme ça, ça ne semblait pas si mal. J’étais juste heureux de pouvoir la regarder.

« Essayons d’échanger Elinalise et Paul. Paul, tu vas devant. Elinalise, tu vas derrière lui », dit Talhand en avançant la pierre rouge représentant Paul et en reculant la pierre jaune représentant Elinalise.

En gros, ils étaient toujours côte à côte. Il s’agissait probablement d’un simple changement de rôle. Avant, Elinalise était le tank tandis que Paul était le soutien, mais cette fois, ce serait l’inverse. Paul serait notre tank principal et Elinalise le soutiendrait.

« Geese, tu seras là où tu étais avant. »

Il plaça la pierre brune loin devant le reste de la meute. Enfin, il plaça sa propre pierre au milieu.

« Je doute que nous en ayons besoin, mais il y aura plus de monstres au troisième étage. Je servirai de bouclier pour ceux qui sont derrière. »

SCOUT : Guese

AVANT : Paul, Elinalise

MILIEU : Talhand

ARRIÈRE : Rudeus, Roxy

C’était notre nouvelle formation. En excluant Geese, nous ressemblions à une tuile de mah-jong à cinq points.

« Un avis sur cette formation ? », demanda le nain.

J’avais immédiatement levé la main.

« Dois-je en déduire que mon rôle ne changera pas ? »

« Oui. Tu peux parler à Roxy des détails de ton travail d’équipe. »

En entendant cela, j’avais jeté un coup d’œil à Roxy. Elle retourna mon regard, semblant nerveuse. Elle avait dégluti.

« Très bien. J’ai hâte de travailler avec toi, professeur. »

« Oui, et moi aussi. Je ferai de mon mieux pour ne pas te retenir. »

C’était tout le contraire. J’étais celui qui était le plus susceptible de la retenir.

J’aimerais qu’elle soit plus confiante.

Certes, je la battais peut-être en matière de capacité de mana et d’utilisation des sorts, mais la force des statistiques d’une personne n’était pas la somme de sa valeur. Ce n’était qu’avec l’expérience que l’on acquérait une véritable puissance, et je sentais que Roxy était en avance sur moi à cet égard. Elle avait passé un mois entier à se battre dans le Labyrinthe de téléportations. Et quelques jours après avoir été secourue, elle était suffisamment rétablie pour y retourner comme si rien ne s’était passé.

Si c’était moi, si je devais vivre une expérience aussi horrible, je jurerais probablement de ne plus jamais entrer dans ce labyrinthe. Comme le dit le proverbe japonais, un homme sage reste loin du danger. Vous pouviez me traiter de poule mouillée si vous vouliez, je savais que j’étais un lâche.

« Très bien, on en a fini avec ça. Passons maintenant au groupe d’attente. »

Après cela, Geese donna rapidement ses ordres au groupe d’attente. Il donna à Vierra une liste de fournitures à acheter, puis consulta Shierra sur la condition de Roxy. Il lui conseilla également de préparer tout le matériel médical qu’elle jugeait nécessaire en vue du sauvetage de Zenith. Enfin, il confia à Lilia la supervision de ces tâches.

Si Geese était le leader du groupe du labyrinthe, alors Lilia était la leader du groupe d’attente. Et Paul était le leader général de notre groupe. Il supervisait toutes les décisions définitives et gardait la trace de tout le monde.

« Très bien, tout le monde, préparons-nous pour partir dans trois jours à partir de maintenant. Rompez. »

Sur l’ordre de Paul, la réunion prit fin.

Le lendemain, j’avais passé mon temps à déambuler au premier étage de l’auberge, restant à proximité de Roxy pendant qu’elle lisait. Je voulais qu’elle me consulte s’il y avait quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Moi, spécifiquement — et personne d’autre.

« Um, Rudy ? »

« Oui ?! Qu’est-ce qu’il y a, Professeur ?! »

« Tu t’agites comme ça, c’est distrayant », avait-elle dit avec un sourire forcé.

« Mes excuses. »

J’avais baissé la tête et je m’étais décidé à partir.

C’est donc ça. Je la distrais. C’est logique. Je la gêne dans sa lecture.

Je ne pouvais pas lui causer de problèmes. Ce n’était pas mon intention, je voulais juste l’aider. Mais si j’étais une distraction, alors je ne pouvais rien y faire. Peut-être que je devrais juste aller ailleurs. Oui, peut-être que j’irais dans une taverne déserte quelque part. C’était bon de boire seul de temps en temps.

Oui, c’est ce que je vais faire.

Une voix m’avait appelé de derrière : « Rudy. Si tu as assez de temps pour te balader, il y a des choses dans ce livre que je ne comprends pas bien et j’aimerais que tu… »

« Ok ! »

Je m’étais immédiatement assis à côté d’elle. Je crois que j’avais battu le record de l’assise la plus rapide. Si j’étais un chien et que j’avais une queue, elle aurait fouetté l’air comme une hélice en ce moment.

« Qu’est-ce ? N’hésite pas à me demander n’importe quoi. »

Ahh, Roxy était vraiment minuscule, bien que je sois sûr que c’était en partie parce que j’avais tellement grandi. Si je la mettais sur mes genoux, je pourrais facilement l’entourer de mes bras. Bien que je sois sûr qu’elle serait énervée si j’essayais.

Comme je l’avais regardé, Roxy leva les yeux vers moi de côté.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? », avais-je demandé.

Elle détourna rapidement son regard vers le livre.

« Non, ce n’est rien. C’est cette partie juste là… »

Dans les années qui avaient suivi, ma taille avait dépassé la sienne. Peut-être s’était-elle sentie découragée par cela. Elle semblait être consciente de sa petite taille.

Telles étaient mes pensées alors que nous passions la journée ensemble, à lire.

J’étais satisfait.

 

 

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