Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 5 – Partie 1

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Chapitre 5 : La magicienne indomptable

Partie 1

Roxy était exactement comme dans mon souvenir d’il y a tant d’années. Elle avait la même apparence et le même comportement, même si le fait d’être enfermée dans le labyrinthe depuis un mois l’avait considérablement affaiblie. Ses joues étaient émaciées et il y avait des cernes sous ses yeux. Ses tresses s’étaient défaites et son corps tout entier était couvert de saleté, ce qui lui donnait l’air d’une gamine des rues. Malgré tout cela, elle n’avait pas du tout perdu son esprit.

Après avoir vu son état, Geese nous avait immédiatement demandé de nous retirer. C’était une décision prudente. Talhand porta donc Roxy sur son dos et nous nous étions dirigés vers la surface. J’avais bien sûr proposé de porter Sa Sainteté, mais nous ne passerions pas le deuxième étage sans mes capacités offensives, alors j’avais dû abandonner l’idée. Je m’étais demandé intérieurement s’il était acceptable de laisser une brute aussi grossière porter Roxy, mais personne d’autre n’avait protesté, y compris l’intéressée.

« Je suis désolée, Monsieur Talhand, d’avoir causé tant de problèmes », avait-elle dit.

« Ne t’en fais pas. Je dois aussi donner un coup de main parfois. »

« Je ne pue pas, hein ? Je me dis que ça doit être grave pour que Rudy ait vomi comme ça. »

Le nain s’esclaffa : « Ha ha ! Si je ne pouvais pas supporter ça, je ne pourrais pas m’appeler un aventurier ! »

J’écoutais par-derrière pendant que nous marchions. On m’avait dit que ces deux-là avaient voyagé ensemble pendant longtemps. À en juger par leur façon de parler, je pouvais dire qu’ils se faisaient profondément confiance. Une pointe de jalousie avait surgi en moi. Poussé par cette jalousie, j’avais pris la parole.

« Professeur, tu sais que ce n’est pas parce que je pensais que tu étais puante que j’ai vomi. »

Roxy me lança un regard avant de détourner rapidement les yeux.

« Alors pourquoi as-tu vomi ? » a-t-elle demandé.

« J’étais pris entre le bonheur de te revoir enfin et le désespoir que tu ne te souviennes pas de moi, et mon estomac s’est noué. »

« Ce n’est pas comme si je t’avais oublié. C’est juste que je n’arrivais pas à faire le lien entre l’adorable Rudy d’il y a longtemps et le toi actuel », marmonna-t-elle en réponse avant de se taire.

« … »

La conversation avait été courte, mais entendre sa voix pour la première fois depuis longtemps m’avait rempli d’une telle joie que j’aurais pu m’envoler jusqu’au ciel.

Notre groupe à l’auberge s’était réjoui du retour de Roxy, probablement parce que c’était la première bonne nouvelle qu’ils avaient depuis qu’ils avaient commencée à fouiller le labyrinthe. D’accord, nous n’avions fait que combler le trou qu’ils avaient eux-mêmes creusé, mais je n’allais pas dire ça. Quelles que soient les circonstances, c’était un événement heureux.

Lilia avait immédiatement attiré Roxy dans le bain. Espérant qu’il y aurait quelque chose que je pourrais faire pour elle en attendant, j’étais resté à l’extérieur de sa chambre, mais Vierra m’avait repoussé. Elle avait dit que c’était impoli de s’approcher de la chambre d’une fille pendant qu’elle prenait son bain. Bien sûr, je n’avais aucune arrière-pensée. Je voulais juste faire tout ce que je pouvais pour elle.

Je le pensais vraiment. Vraiment.

OK, oui, j’avais déjà commis une infraction auparavant. Mais cette fois, c’était complètement innocent !

J’avais pensé me défendre, mais j’avais décidé de laisser tomber. C’était bien. C’était moi, après tout. Si je jetais soudainement un coup d’œil sur le côté et que je voyais ses vêtements posés là, il n’y avait aucune garantie que ma main ne glisserait pas et n’empocherait pas le petit tissu blanc niché dessus. Je ne pouvais pas donner cette opportunité quant à mon côté pervers. Pour l’instant, mes sentiments étaient encore innocents. Donc, vraiment, c’était bien.

Nous allions nous reposer quelques jours pour donner à Roxy le temps de récupérer ses forces. Cela dit, c’était une aventurière. Elle n’avait pas de blessures majeures, elle était encore assez forte pour marcher sans aide. Elle jurait même qu’avec de la bonne nourriture et un lit douillet dans lequel elle dormirait profondément, elle serait de retour à la normale d’ici peu. Tout semblait aller pour le mieux.

Mais je n’arrivais pas à me remettre du fait que j’avais fait une erreur et que je m’étais comporté de manière honteuse devant elle. J’espérais qu’elle n’était pas désillusionnée par moi. Le vomissement était irrespectueux, mais j’étais tellement choqué. Je n’avais jamais cessé de penser à elle pendant toute la période où nous étions séparés. Penser qu’elle ait pu m’oublier… c’était accablant.

En y réfléchissant, Sylphie avait dit qu’elle avait été stupéfaite, elle aussi, quand j’avais agi comme si nous nous rencontrions pour la première fois. Je m’étais demandé si elle avait ressenti la même chose à l’époque. Je devrais m’excuser auprès d’elle quand je rentrerais à la maison.

Roxy dormit une journée entière. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, étant donné qu’elle avait passé un mois dans un labyrinthe infesté de monstres. Étant donné que je voulais être le premier à lui souhaiter le bonjour à son réveil, j’avais flâné devant sa porte, mais Lilia m’avait repoussé. J’avais jeté un coup d’œil en arrière et j’avais pu apercevoir son visage alors qu’elle dormait paisiblement. J’avais décidé d’en rester là, en espérant qu’elle se remette vite.

Le deuxième jour, Roxy sauta du lit. C’était juste à l’heure du déjeuner. Elle s’était dirigée vers notre table pendant que nous mangions, se déplaçant aussi raide qu’un robot.

« Bonjour, professeur. »

« Oui. Bonjour Rudy, je veux dire, Monsieur Rudeus. »

Nous étions quatre, moi compris, à la table. Les autres étaient Elinalise, Paul et Talhand. Geese et les trois autres étaient actuellement en train de faire des courses. La composition de notre groupe était telle que le groupe du labyrinthe passait tout son temps à se reposer pendant qu’il était en ville, et que le groupe d’attente faisait des courses pendant ce temps. Geese faisait partie du groupe du labyrinthe, mais pour une raison quelconque, il prenait le commandement du groupe d’attente. Il était vraiment un travailleur acharné. Peut-être qu’il devrait arrêter d’être un aventurier et devenir un administrateur à la place.

« Tout le monde… »

Toutes les personnes présentes avaient tourné leurs regards vers Roxy.

Doucement, elle avait balayé son regard sur chacun d’entre nous, puis avait incliné la tête.

« Je suis désolée de vous avoir causé des problèmes, mais je vais vraiment bien maintenant. »

Les réactions des gens étaient variées. L’un d’entre eux passa un bras autour de son épaule et dit : « Ne t’inquiète pas pour ça. ». Un autre hocha la tête et dit : « Pas de problème ». Un autre prit une gorgée d’alcool avant de pousser une bouteille dans sa direction. Et enfin, il y avait moi, qui étais submergé par l’émotion à son retour.

« Eh bien, si tu veux remercier quelqu’un, remercie Rudy. S’il ne s’était pas mis à bafouiller : “Père, je sens Dieu tout près”, et à courir en avant en traversant les murs, on ne t’aurait pas trouvée. »

Paul me fit passer pour un fou vu la manière dont il le disait, mais j’avais en quelque sorte su exactement où était Roxy pendant que nous nous frayions un chemin à travers le troisième étage. J’avais aussi le sentiment qu’elle avait des ennuis. Sachant que la situation exigeait de la rapidité, je m’étais précipité vers le son de sa voix sans me soucier du danger potentiel d’effondrement des tunnels. Dès que je me heurtais à un mur, je le traversais sans hésiter.

Je n’avais aucune idée de comment je savais qu’elle avait des problèmes. Je le savais, c’est tout. J’étais certain que c’était mon lien avec Roxy qui nous attirait l’un vers l’autre. Oui. Il y avait une petite chance que l’Homme-Dieu soit intervenu, mais je n’en tenais pas compte. Il n’y avait qu’un seul dieu en qui je croyais.

Attendez, ça veut dire que Dieu m’avait guidé là ? Dans ce cas, il n’y avait rien d’étrange à cela !

Alors que j’étais préoccupé par de telles pensées, Roxy se tourna vers moi et inclina de nouveau la tête.

« Hum, Monsieur Rudeus, ce que je veux dire c’est, euh… merci. »

Pourquoi avais-je eu l’impression que Roxy était froide et distante ? Non, je connaissais cette sensation. Je l’avais appris à l’école.

C’était mon nom. La façon dont elle avait appelé mon nom. Elle m’appelait « Monsieur », comme si j’étais une sorte d’étranger.

« Ne t’en fais pas. J’ai seulement fait ce que n’importe qui aurait fait. Plus important encore, s’il te plaît, appelle-moi Rudy. », avais-je dit.

Roxy baissa les yeux et marmonna : « M-mais est-ce que ça ne donne pas l’impression que je suis trop familière si je t’appelle comme ça ? »

« Quoi ? Mais nous sommes proches. Si mon professeur m’appelle “Monsieur Rudeus”, autant que mon père fasse de même. »

« Hein, pourquoi diable ferais-je ça ? »

J’avais ignoré la protestation de Paul.

« J’aimerais que tu m’appelles “Rudy”, aussi affectueusement que tu l’as fait autrefois. Peu importe le nombre d’années qui passent… je te vénérerai toujours, Roxy Migurdia, comme mon professeur. »

Roxy cligna des yeux plusieurs fois. Pour une raison quelconque, ses joues étaient rouges. Avait-elle de la fièvre ? Elle se tapa alors soudainement les joues.

« Oui. Tu as raison… Rudy. »

« Voilà, c’est parfait. »

Elle fit un sourire d’autodérision en me regardant. Ses joues étaient encore un peu roses.

« Tout ça mis à part, tu as vraiment grandi. »

« Je suis après tout un humain. Tu n’as pourtant pas l’air d’avoir changé. », lui avais-je rappelé.

« Oui, toujours aussi petite. »

« Je ne pense pas que tu sois aussi petite que tu le crois. »

« Oh vraiment ? »

Ça me rappelait tellement de souvenirs. Si je fermais les yeux, je pourrais tous les évoquer : le premier jour où elle m’avait appris la magie, le jour où j’avais obtenu mon objet de culte, le jour où elle m’avait appris la magie de rang Saint, le jour où nous nous étions dit au revoir, et les jours que nous avions passés à échanger des lettres. Chaque souvenir était précieux pour moi.

« En tout cas, c’était une magie spectaculaire. On dirait que tu as bien suivi ton entraînement en mon absence. C’était de la magie de l’eau de niveau Empereur ? », dit Roxy.

« De quelle magie parles-tu ? », avais-je demandé, même si j’étais presque sûr de ne pas avoir utilisé de magie de niveau Empereur.

« La magie que tu as utilisée quand tu m’as sauvée. Cette puissance, cette vitesse, et la portée. C’était une magie incroyable. C’était la magie de niveau Empereur dont j’ai entendu parler, Zéro Absolue, non ? »

Non. C’était juste un simple Nuage Glacé. Nous traversions le deuxième étage lorsque Talhand m’avait parlé de la magie utilisée par Roxy et de son efficacité. Je l’avais simplement imitée.

Mais maintenant, Roxy avait un regard qui semblait dire Eh bien ? J’ai raison, n’est-ce pas ? J’avais hésité à la corriger ou non. Elle était une spécialiste de la magie de l’Eau. Elle pourrait avoir honte de découvrir qu’elle avait mal interprété mon sort. Peut-être qu’un petit mensonge blanc était approprié ici ?

D’accord, je serais exposé immédiatement. Peut-être que le plus sage était de dire oui et de dire la vérité après, en secret. Mais si je faisais ça et qu’elle réagissait négativement ? Mon Canon de pierre avait apparemment le même niveau de puissance qu’un sort de niveau Empereur, mais il s’agissait d’une magie d’un niveau bien inférieur.

Hmm, comment dois-je répondre ?

« Nan, c’était un Nuage de Glace. Il avait juste plus de puissance que celle que tu utilises. »

Comme j’hésitais, Talhand en avait profité pour répondre à ma place. Comme c’était injustifié. Je ferais mieux de poursuivre avec quelque chose ou sinon…

« Oh, c’est donc ça. Toutes mes excuses. »

« Honnêtement, Roxy, tu n’as pas du tout changé. Même si je suis d’accord avec toi, ça ne me semblerait pas étrange que Rudeus utilise une magie de niveau Empereur. Après tout, il est considéré comme le plus puissant magicien de l’Université de la Magie. »

Elinalise était intervenue sans hésiter pour soutenir Roxy, bien que ce dernier commentaire n’était pas nécessaire.

Les regards de tous s’étaient portés sur moi. OK, c’était ma chance !

« Mes capacités actuelles sont toutes dues aux conseils de mon professeur », avais-je dit avec confiance.

Les yeux de Roxy s’étaient rétrécis avec suspicion.

« Rudy, je n’arrête pas d’entendre que tu prétends cela, mais penses-tu honnêtement que c’est vrai ? »

« Bien sûr que je le pense. »

Les enseignements de Roxy étaient ma base. « Sors et parle aux gens », « Essaie de t’entendre avec les autres sans préjugés » et « Donne toujours le meilleur de toi-même ». Ces mots avaient pris racine au plus profond de moi. C’est grâce à eux que j’avais pu établir par exemple la relation que j’avais avec Ruijerd.

Bien sûr, il y avait des moments où je n’étais pas à la hauteur de ces enseignements, mais c’était une autre affaire. Les humains n’étaient pas capables de vivre pleinement leur potentiel à chaque instant. Ce qui comptait, ce n’était pas de toujours réussir à vivre selon ses idéaux, mais d’en faire la clé dans sa façon d’appréhender le monde.

« Tu t’es amélioré par toi-même. Et pratiquement sans mon enseignement. »

Roxy fit alors un sourire d’autodérision.

« Tu es devenu un homme incroyable. Tout le contraire d’une empotée comme moi, qui s’est fait piéger dans un labyrinthe. »

Elle s’était affaissée sur la table avec un bruit sourd. Je pouvais voir la tache sur son cuir chevelu d’où les cheveux tourbillonnaient, ce qui était plutôt mignon.

« Le maître est incroyable, et l’élève aussi. Qu’est-ce qui pourrait être mieux ? », dit Paul.

Bien dit. C’était exactement ça. Je n’étais pas particulièrement spécial, mais Roxy était certainement une personne extraordinaire. Et si elle perdait contre son élève dans quelques catégories étroites ? Ce n’était pas un indicateur de sa valeur en tant que personne.

« Si tu n’avais pas été avec nous, nous ne serions pas ici. Aie un peu confiance. »

Les mots de Paul semblaient atteindre l’esprit de Roxy. Elle s’était alors assise et hocha la tête.

Geese était revenu après cela et nous avions poursuivi notre réunion. Nous nous étions assis serrés les uns contre les autres, le groupe d’attente inclus.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

  2. merci pour le chapitre

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