Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Perspective émotionnelle

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Chapitre 4 : Perspective émotionnelle

Partie 1

Roxy

J’avais entendu un petit bruit et mes yeux s’étaient ouverts. Tout ce qui m’entourait était sombre et étroit. Oui, c’est vrai, cet endroit était étroit. Après avoir été téléportée de nombreuses fois, ce fut ici que j’étais arrivée, dans un espace pas plus grand qu’un berceau. Il y avait juste assez de place pour qu’un seul humain, ou peut-être deux, puissent s’allonger. Le plafond était aussi bas, à peine plus haut que ma tête.

Tant que je me trouvais dans cette petite zone exiguë, aucun monstre ne pouvait venir s’y téléporter. Je m’étais assise au bord de l’espace et m’étais appuyée contre le mur, regardant ce qui se trouvait devant moi.

Un cercle magique, émettant une lumière pâle. Un cercle de téléportation. Si je posais un seul pied dessus, il m’enverrait quelque part. Très probablement dans l’antre d’un monstre. Dans un endroit grouillant de dizaines de monstres. Vers ma mort.

Il y avait un mois à peine, j’avais trébuché. Je pouvais trouver l’excuse que ce n’était pas ma faute; j’esquivais une attaque dirigée vers moi, je reculais d’un pas, quand j’avais trébuché sur un rocher. J’avais perdu l’équilibre et mon pied tomba sur un cercle magique. Et bien que j’avais passé en revue l’emplacement des pièges avant de nous lancer dans la bataille, j’avais quand même facilement marché sur l’un d’eux.

L’endroit où je fus téléportée grouillait de monstres. Il y en avait vingt, non, trente. J’étais une magicienne, et une assez bonne magicienne si je pouvais me permettre. Je ne pouvais pas lancer des sorts sans incantations, mais je pouvais les raccourcir, ce qui me permettait de lancer la magie plus rapidement que la plupart des autres mages. Faire face à des ennemis en grand nombre n’était pas nouveau pour moi. Même si j’étais encerclée, je n’avais pas paniqué. Je n’avais pensé qu’à éradiquer mon ennemi, et c’était ce que j’avais fait.

Mais peu importe combien j’en avais vaincu, ils continuaient d’arriver. Monstre après monstre, à perte de vue.

Les bêtes de ce labyrinthe savaient exactement où menaient les cercles de téléportation. C’était après tout leur repaire. Les pièges avaient été posés pour que les bêtes puissent se régaler sur les aventuriers sans méfiance. J’étais prête à mourir.

Je les avais tous vaincus, mais mon mana n’était pas infini. Je finirais par en manquer. Je savais que ce serait fini à ce moment-là. Même si mon mana diminua à vingt pour cent, la vague d’ennemis ne cessa pas. Les corps s’accumulaient, mais de nouvelles bêtes se pressaient.

J’étais complètement coincée. Les secours n’arrivaient pas. Peut-être m’avaient-ils abandonnée. Si j’étais à leur place, je ne prendrais pas non plus la peine de sauver une empotée comme moi. Peu importe la quantité de mana que vous aviez, si vous étiez assez folle pour marcher sur un piège, vous n’étiez qu’un poids mort.

Non, j’étais sûre qu’ils n’étaient pas du genre à m’abandonner. Peut-être que lorsque j’avais activé le piège, ils s’y étaient également laissés prendre et que nous nous étions tous retrouvés à des endroits différents. Ou peut-être qu’ils manquaient de force de combat en mon absence, et qu’ils avaient dû se retirer temporairement.

Quoi qu’il en soit, l’aide ne venait pas.

Même si je sentais les larmes menacer de couler, je me battais désespérément. Même si je sentais que mon mana commençait à diminuer.

Ce fut alors que j’aperçus une lumière : six cercles magiques contenus dans une pièce spacieuse. Des monstres apparaissaient dans tous les cercles sauf un. Peut-être était-ce parce qu’il n’y avait pas de monstres à l’autre bout.

Je devais choisir, ou mourir. J’avais utilisé le reste de mon mana pour vaincre la horde, puis j’avais sauté sur le cercle, ce qui m’avait amenée là où j’étais actuellement assise.

D’une manière ou d’une autre, j’avais réussi à survivre. Ma chance ne m’avait pas quittée.

Je pouvais faire autant d’eau que nécessaire avec la magie, et j’avais de la nourriture dans mon sac à dos. Je pourrais récupérer mon mana ici et ensuite trouver un moyen de m’échapper. Avec cette pensée en tête, j’avais passé le reste de ma journée là-bas.

Le jour suivant, j’avais marché sur le seul cercle magique de la pièce. L’endroit où il m’avait emmenée était un passage qui ne m’était pas familier. Apparemment, c’était un téléporteur aléatoire.

Je ne pouvais sentir personne dans les environs. J’avais cartographié la zone par moi-même et j’avais continué à avancer, avec l’intention de m’échapper de ce labyrinthe. J’avais envisagé d’attendre de l’aide, mais il était possible que Paul et les autres aient été éliminés eux aussi. Les pièges de téléportation aléatoires étaient juste mortels.

Je m’étais faufilée dans les tunnels, découvrant d’autres cercles de téléportation. J’avais laissé un symbole sur le sol à proximité pour moi et j’avais sauté dessus. Une fois de plus, j’avais été téléportée dans un passage inconnu. J’avais répété ce processus de nombreuses fois, le Labyrinthe de téléportations était conçu pour qu’il soit impossible d’aller quelque part sans faire quelque chose. J’avais fait attention à ne pas marcher sur des pièges, en faisant attention aux cercles qui pourraient être cachés sous des rochers, tout en continuant à avancer.

Je n’avais aucune idée si j’avançais ou si je retournais simplement sur mes pas. Il était impossible de s’orienter dans ce labyrinthe. Ça ne servait donc à rien de se fier à son sens de l’orientation ici. J’étais anxieuse, mais malgré tout, je devais continuer. Mes réserves de nourriture ne tiendraient pas éternellement, ni mon esprit. J’avais donc vaincu des monstres, mangé leur viande et continué.

Et pourtant, après m’être téléportée un nombre incalculable de fois, j’avais été de nouveau envoyée dans un repaire de monstres. J’avais combattu férocement, et j’avais trouvé un autre cercle d’où aucune bête n’était apparue.

Ce fut ainsi que j’étais revenue dans ce petit espace exigu. Combien de fois avais-je répété le cycle à ce stade ? Cinq fois, dix fois ? Le cercle devant moi m’envoyait toujours dans un endroit différent lorsque j’y mettais le pied, mais au final, je revenais toujours ici. Mon cœur et mon esprit étaient à leur limite. Mon corps était, sans surprise, épuisé. Selon mon horloge interne, environ un mois s’était écoulé.

Un mois et aucun progrès. Je ne faisais que tourner en rond.

Les combats n’étaient pas faciles non plus. J’avais été frappée un nombre incalculable de fois, et je me sentais défaillir à cause de la perte de sang. À un moment donné, les bêtes avaient commencé à essayer de bloquer le cercle pour que je ne puisse plus m’échapper. Malgré leur apparence, ces monstres étaient très intelligents. Il me faudrait tout ce que j’avais pour les percer.

Mes articulations me faisaient mal. Je n’avais plus de nourriture. Les monstres étaient durs et avaient un goût affreux. Leur chair était si toxique qu’il fallait utiliser la magie de désintoxication pour la manger, et je pouvais sentir que cela érodait mon endurance. La seule chose qui me restait en abondance était le mana.

Je me sentais complètement coincée. Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer ensuite. S’il y avait plus d’ennemis la prochaine fois, ou s’ils coordonnaient mieux leurs attaques, ils me déchireraient membre par membre et me dévoreraient une fois que j’aurais utilisé le reste de mon mana. Et même si j’étais assez chanceuse pour les dépasser, je me retrouverais ici.

Ces seules pensées m’avaient empêchée de remettre les pieds sur le cercle. Les bêtes avaient probablement remarqué ma présence. Elles savaient que j’étais ici, dans cet espace exigu. Elles savaient aussi que si j’utilisais le cercle devant moi, je me retrouverais directement dans leur repaire. J’étais sûre qu’ils attendaient ça. Ils attendaient anxieusement que je fasse une erreur fatale à cause de mon épuisement.

Je pouvais le sentir. Il n’y aurait pas de prochaines fois.

Pour la première fois, j’avais pris conscience de la mort.

Mon cadavre ne serait jamais retrouvé. Les bêtes ne laisseraient rien de moi. Je mourrais, et il ne resterait aucune preuve de mon existence.

C’était terrifiant. J’étais terrifiée. Avant de m’en rendre compte, je grinçais des dents. Poussée par l’envie de crier, j’avais serré mon bâton très fort.

J’avais vu la mort d’innombrables fois auparavant. En tant qu’aventurière, j’avais vu des gens mourir sous mes yeux. J’avais vu des monstres couper des guerriers robustes en deux aussi facilement que s’ils coupaient du beurre. J’avais vu de sages magiciens écrasés comme des tomates pourries. Des voleurs habiles et des épéistes rapides avaient été abattus devant moi.

Quand j’étais témoin de leur mort, je savais au fond de moi que ce serait mon tour un jour. Et pourtant, je croyais en même temps que j’étais capable de m’en sortir. Mais maintenant, face à la perspective très réelle de la mort, j’étais terrifiée.

Je n’avais toujours rien accompli. Il y avait encore tellement de choses que je voulais faire. J’avais un rêve. C’est vrai, un rêve. Je voulais devenir professeur. J’aimais enseigner aux gens. Je n’avais aucun talent pour ça, mais j’aimais ça. C’était pourquoi, une fois que tout serait terminé et que nous aurions sauvé Zenith, j’avais prévu de passer l’examen de professeur à l’Université de magie pour devenir professeur.

Mon maître, celui avec qui je m’étais disputée avant de partir, était à l’Université de Magie. Nous finirions peut-être par nous chamailler à nouveau, mais j’avais le sentiment que nous nous entendrions mieux maintenant. Il aimait être le centre d’attention, et le fait qu’il soit promu vice-principal pendant mon absence ne me surprendrait pas.

Je voulais goûter à un bonheur normal. Si je devenais professeur, je pourrais même me marier. Je pourrais tomber amoureuse d’un homme, l’épouser, et partager des nuits passionnées ensemble. En tant que démon, j’avais le petit corps trapu d’un enfant, mais malgré tout, je devais avoir une chance.

« Hah. »

Un rire d’autodérision s’échappa de mes lèvres. Je n’arrivais pas à croire que je me laissais aller à de tels fantasmes, même dans ces circonstances.

J’étais sur le point de mourir. Aucun de mes rêves n’allait se réaliser. Ma mort serait misérable. Il n’y avait personne pour me sauver maintenant. Je n’avais jamais entendu dire que quelqu’un dans une situation similaire avait été sauvé auparavant.

Je ne veux pas mourir, avais-je pensé.

J’avais fait un pas sur le cercle, parce que je voulais vraiment vivre.

Mon instinct était correct. J’avais été téléportée dans un passage inconnu, où j’avais laissé des symboles pour marquer des cercles non encore découverts. J’étais passée par de nombreux autres cercles, puis, comme si c’était prédéterminé, je m’étais retrouvée dans l’antre d’un monstre.

J’avais su au premier coup d’œil que c’était impossible. Les bêtes avaient entassé les corps de leurs congénères morts pour bloquer mon chemin de fuite, et il semblerait que l’espace à l’autre bout du cercle était trop exigu pour que les monstres, ou leurs cadavres puissent se téléporter. Je n’avais pas d’autre choix que de dégager le chemin si je voulais l’utiliser pour m’échapper.

« En faisant face à cette horde ? » m’étais-je demandé.

Ils étaient disposés en une formation impeccable, ramifiée autour de la montagne de cadavres qui bloquait ma fuite, la protégeant. La Chenille d’Acier directement devant moi bougeait comme s’il était dédié à la défense, tandis que les tarentules derrière elle commençaient à cracher leurs toiles pour bloquer mes mouvements. Encore plus loin, une grande forme humaine recouverte de boue — un Crâne de Boue — lançait des pierres dans ma direction.

Ils ressemblent presque à une armée, m’étais-je dit en commençant à tisser ma magie.

« Enveloppe-moi dans la magnifique armure de la terre. Forteresse terrestre ! »

J’avais créé un bouclier de terre autour de moi. Il s’était enroulé autour de moi, couvrant mon corps jusqu’à ma tête dans une forme de dôme. J’avais coupé le sort avant qu’il ne consume complètement mon corps. Tant qu’il s’élevait jusqu’à mon coup, il était suffisant pour empêcher la chenille de fer de charger.

« Disperse les gouttelettes qui tombent, recouvre le monde d’eau. Cascade d’eau ! »

D’innombrables sphères de liquide se formèrent autour de moi, se transformant en balles qui fusèrent dans l’air. C’était un sort extrêmement faible, adapté seulement pour les empêcher temporairement de bouger. Sachant cela, j’avais immédiatement commencé l’incantation suivante.

« Déesse bleue, descendant des cieux, brandis ton bâton et couvre ce monde de givre ! Champ de glace ! »

***

Partie 2

Les gouttelettes d’eau qui avaient auparavant plu sur le visage des créatures crépitaient maintenant en gelant. Il s’agissait de Nova de givre, une combinaison des sorts Cascade d’eau et Champ de givre, et elle gelait toute la ligne de front de l’ennemi sur place. À partir de là, j’avais continué à les bombarder de ma magie.

« Roi du givre, chef suprême des terres arctiques, souverain enveloppé de blanc dont le froid glacial dérobe toute chaleur. Gèle ton ennemi, ô roi glacial qui gouverne la mort ! Blizzard ! »

J’avais terminé mon incantation raccourcie. J’utilisais généralement ce sort pour libérer des lances gelées autour de moi, mais là, elles se déployaient radialement, survolant ceux que j’avais gelés et embrochant les bêtes qui les attendaient. Je n’allais pas vraiment vaincre la ligne de front, c’étaient des statues gelées qui serviraient de mur entre moi et le reste de leurs semblables pendant que je martelais ceux qui étaient derrière eux avec ma magie avancée.

C’étaient les mêmes tactiques que j’avais utilisées lorsque j’avais traversé le labyrinthe près de Shirone. Elles garantissaient la victoire. Cependant, dès que ceux de l’arrière étaient morts, d’autres monstres affluèrent à travers les cercles magiques de la pièce, passant juste à côté de leurs camarades morts. L’endroit s’était à nouveau rempli de bêtes en un clin d’œil.

Mon cœur débordait aussi, mais de désespoir.

« Je suppose que c’est vraiment sans espoir. »

Si je ne déplaçais pas ces cadavres, je n’arriverais pas à sortir d’ici. Mais il y en avait trop pour que je puisse m’en occuper seule.

« Grr ! »

Des Crânes de Boue lancèrent des rochers sur moi à distance. Ils avaient déjà fait voler en éclats une partie de ma forteresse terrestre, et les Chenilles d’Acier, très lentes, s’approchaient.

Un frisson me parcourait l’échine. Je pouvais sentir une sueur froide arriver.

« Prends ta lame brûlée et transperce ton ennemi ! Tranche de flamme ! »

Une épée enflammée vola dans l’air, brûlant la carapace du ver. La créature se tordit de douleur avant que la mort ne l’emporte.

Les Chenilles d’Aciers étaient vulnérables au feu. Utiliser la magie du feu dans une grotte pouvait signer son propre arrêt de mort, mais malgré cela, je n’avais pas le choix.

« Enveloppe-moi dans la magnifique armure de la terre. Forteresse terrestre ! »

Une fois de plus, j’avais créé un mur de terre. Mon mana diminuait, et je commençais à paniquer. Que dois-je faire ? Comment étais-je censée sortir d’ici ?

Réfléchis, m’étais-je dit.

Je m’étais creusé la tête, même si je continuais à lancer de la magie et à faire exploser mes ennemis. Mais rien ne me venait à l’esprit. Étais-je piégée ? Était-ce la fin ? Allais-je vraiment mourir ici ? Mon corps s’était mis en mode pilote automatique, détruisant mes ennemis pour moi tandis que je nourrissais ces pensées.

« Ah ! »

Mes pieds trébuchèrent. Mon esprit était confus. Je pouvais sentir mon mana se vider. Il ne me restait plus que quelques sorts en moi avant de m’évanouir.

« Non… »

J’avais resserré ma prise sur mon bâton.

Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais pas mourir.

J’avais senti ma vie entière défiler devant moi.

Mon premier souvenir était celui du regard déçu de mes parents lorsqu’ils avaient réalisé que j’étais la seule personne de notre village tranquille qui ne pouvait pas converser mentalement avec quelqu’un d’autre. Ils m’avaient appris à parler parce qu’ils avaient pitié de moi.

Quant à la magie… J’avais commencé à apprendre la magie après qu’un magicien itinérant soit passé par notre village et m’avait laissée une profonde impression. Équipée d’un niveau de base en magie de l’eau, j’avais quitté mon village pour rencontrer les trois garçons qui allaient former mon premier groupe. Nous étions devenus des aventuriers et avions voyagé ensemble pendant plusieurs années, jusqu’à la mort de l’un d’entre nous et la dissolution du groupe.

J’étais alors partie pour le Continent Central, où j’avais rencontré de nombreuses personnes, et j’avais découvert l’Université de Magie, où je m’étais inscrite. C’était la première fois que je suivais des cours formels, et cela avait eu un impact durable. J’avais obtenu de bonnes notes, j’étais talentueuse et j’avais accompli beaucoup de choses, ce qui m’avait valu la jalousie de mon entourage. Au dortoir, mon ami et moi nous prélassions au lit, parlant de toutes sortes de choses.

J’avais rencontré mon maître après plusieurs années passées là-bas. C’est lui qui m’avait appris la magie de l’Eau de niveau Saint. Je l’avais apprise si facilement que je l’avais laissée me monter à la tête. Mon maître me gronda, ce qui me mit en colère, j’avais alors obtenu mon diplôme et j’étais parti sans lui dire un mot.

Après cela, j’étais partie pour la capitale du Royaume d’Asura, certaine qu’une personne aussi exceptionnelle que moi pourrait y trouver du travail. J’avais tort. Incapable de trouver un emploi, j’étais allée à la campagne, mais je n’avais pas non plus trouvé de travail. Je ne savais plus quoi faire au moment où j’avais trouvé une annonce de recrutement pour être professeur à domicile.

C’était ainsi que j’avais rencontré Paul et sa famille, y compris Rudy. Observer les nombreux ébats amoureux de Paul me titillait, le talent de Rudy me choquait. J’étais jalouse, mais je ressentais aussi un respect croissant pour lui, car, contrairement à moi, il ne s’était pas laissé aller. Avant de partir, je lui avais appris la magie de l’eau de Niveau Saint.

J’avais ensuite commencé à fouiller dans un labyrinthe près du Royaume de Shirone. Le Royaume de Shirone m’avait engagé pour enseigner la magie au Prince Pax une fois que j’aurais terminé, une tâche qui m’avait rappelé une fois de plus à quel point Rudeus était extraordinaire, ainsi que le peu de talent que j’avais en tant que professeur. Puis la lettre de Rudy arriva, me faisant travailler sans relâche à la rédaction d’un manuel sur la langue du Dieu Démon pour lui. Lorsque mon travail était devenu trop dégoûtant pour être supporté, j’avais quitté le Royaume de Shirone.

Ce fut alors que j’ai appris l’existence de l’incident de Téléportation. J’avais rencontré Elinalise et Talhand, deux personnes au comportement si effréné que j’en avais été choquée. Nous étions partis ensemble pour le Continent Démon, où j’avais retrouvé mes parents et confirmé qu’ils m’aimaient vraiment. Puis j’avais rencontré Kishirika. Et puis, après ça…

Tous ces souvenirs traversèrent mon esprit en un instant. Une Chenille d’Acier se dirigeait vers moi. En raison de ma magie du feu, la pièce s’était réchauffée, et les effets de la Nova de Givre se dissipaient.

Je ne peux pas faire ça. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir ! Non !, avais-je crié dans ma tête.

« Non, nooooon !!! »

J’avais balancé mon bâton en vain. Des toiles volèrent vers moi, s’enroulant autour de lui. En quelques instants, il avait été arraché de ma main.

« Je ne veux pas mourir, s’il vous plaît, quelqu’un, n’importe qui, aidez-moi… ! »

J’avais fait un pas en arrière, mais il n’y avait qu’un mur derrière moi. La Chenille d’Acier arrivait. Non, pas une, plusieurs.

Il n’y avait plus rien à faire pour moi. J’allais être mangée vivante, n’est-ce pas ? Non, tout sauf ça.

« Quelqu’un, s’il vous plaît… »

Oh. La Chenille d’Acier était déjà…

J’avais fermé les yeux face à l’avancée de la chenille.

Je suppose que je ne pourrai plus voir ma mère et mon père.

C’est la dernière pensée que j’eus.

*****

J’avais attendu un peu, mais la fin n’était jamais arrivée. Peut-être que j’étais morte sur le coup. Peut-être que c’était déjà fini. Non, ce n’était pas possible… Mais je n’entendais rien. Était-ce l’au-delà ?

Timidement, j’avais ouvert les yeux. Une vue inimaginable s’étendait devant moi.

C’était un monde de glace. Les Tarentules conduisant à la Mort, les Chenilles d’Aciers et le Crâne de Boue étaient tous devenus des statues d’un blanc pur. La dernière des trois était à l’arrière de la horde. J’avais entendu un craquement alors que son corps commençait à s’effriter. Le crâne humain, son noyau vital, avait heurté le sol et s’était brisé en éclats. Même l’intérieur du crâne était gelé.

L’écart de puissance entre ce sort et le mien était énorme. Ma propre Nova de Glace ne pouvait geler que la surface des choses. Mais ça… ça avait probablement tué tout ce qui se trouvait dans la zone.

« … Hein ? » Confuse, j’avais tendu la main pour récupérer mon bâton. « Eek ! » Une sensation de froid glacial parcourut mes doigts. Je le lâchais par réflexe. Il s’était alors écrasé sur le sol, résonnant dans le silence.

J’avais entendu une voix, peut-être en réaction au son.

« Oh, Dieu merci ! »

Un jeune homme était venu vers moi, se faufilant entre les statues de glace. Dès que je l’avais vu, mon cœur commença à battre. Je pouvais sentir le sang affluer à mon visage, réchauffant mes joues. Cet homme… était mon type idéal.

Il était grand, avec des cheveux soyeux et des traits doux. Il était drapé dans une robe grise et tenait un bâton, mais semblait bien bâti pour un magicien. Un air de soulagement se lisait sur son visage lorsqu’il s’était approché, me regardant fixement.

« Eh ? Huh ? »

Il m’enlaça avec ces bras bien construits, chauds et forts. Son odeur, familière, qui sentait la sueur, m’envahit le nez. Il s’était partiellement agenouillé et avait blotti son visage dans mon cou, apparemment submergé par l’émotion tandis qu’il inspirait profondément.

C’était alors que j’avais réalisé quelque chose. Je ne m’étais pas du tout lavée depuis un mois.

« Ah ! »

Dès que je l’avais réalisé, je l’avais repoussé.

« Huh ? »

Il avait l’air surpris.

Merde. J’avais fait quelque chose de terrible ! Après qu’il se soit donné la peine de me sauver ! Mais je ne voulais pas qu’il pense que je puais.

Oh, attendez, ce n’était peut-être pas le moment de s’inquiéter de ça… Hum, c’est le cas ? Je n’arrivais pas à réfléchir correctement.

« M-mes excuses. C’est juste que ça pue un peu… », avais-je dit.

« Je… je pue ? Je suis désolé. »

Choqué, il avait reniflé sa manche.

« Non, pas vous ! Mon corps. Ça fait un mois que je suis là-dedans. »

« Oh, c’est ce que tu voulais dire. Mais ça ne me dérange pas vraiment. »

Il avait l’air soulagé.

« Eh bien, ça me dérange. »

Oh, oubliez ça. Ça n’avait pas d’importance pour l’instant. Je devrais d’abord le remercier.

« Merci beaucoup de m’avoir sauvée. »

« Pas du tout. C’était tout à fait naturel. »

Naturel ? Je ne voyais pas en quoi il était obligé d’affronter cette horde pour me sauver.

Ah oui, son nom ! Je devais lui demander son nom.

« Ahem. C’est un plaisir de faire votre connaissance. Je m’appelle Roxy Migurdia. Si ça ne vous dérange pas, je peux aussi connaître votre nom ? », avais-je dit.

Son corps tout entier s’était raidi au moment où j’avais demandé ça. Avais-je dit quelque chose de bizarre ?

« Connaître mon nom… ? »

Confuse, j’avais dit : « Hein ? Oh, on s’est déjà rencontré quelque part ? Si oui, je dois m’excuser, j’ai peur de ne pas m’en souvenir. »

En y réfléchissant bien, j’avais l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Mais où ? Il ressemblait un peu à Paul, mais je n’aurais sûrement pas oublié quelqu’un comme lui.

« Tu ne te… souviens pas… »

Son visage était devenu pâle. L’avais-je mis en colère ? J’avais l’impression que nous nous étions déjà rencontrés quelque part. Son visage m’était familier, comme si je l’avais vu il y a longtemps…

« Je ne me… souviens pas… »

Il secoua un peu la tête et tituba en arrière. Soudainement, il s’était mis la main sur la bouche et puis…

« Bleeegh ! »

Il avait vomi.

Peu après, j’avais découvert que le jeune homme était Rudy-Rudeus Greyrat, devenu adulte. Paul et les autres, qui m’avaient rattrapée quelques instants plus tard, m’avaient prise en charge. J’avais ainsi échappé de justesse à la mort.

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