Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Perspective émotionnelle

Partie 1

Roxy

J’avais entendu un petit bruit et mes yeux s’étaient ouverts. Tout ce qui m’entourait était sombre et étroit. Oui, c’est vrai, cet endroit était étroit. Après avoir été téléportée de nombreuses fois, ce fut ici que j’étais arrivée, dans un espace pas plus grand qu’un berceau. Il y avait juste assez de place pour qu’un seul humain, ou peut-être deux, puissent s’allonger. Le plafond était aussi bas, à peine plus haut que ma tête.

Tant que je me trouvais dans cette petite zone exiguë, aucun monstre ne pouvait venir s’y téléporter. Je m’étais assise au bord de l’espace et m’étais appuyée contre le mur, regardant ce qui se trouvait devant moi.

Un cercle magique, émettant une lumière pâle. Un cercle de téléportation. Si je posais un seul pied dessus, il m’enverrait quelque part. Très probablement dans l’antre d’un monstre. Dans un endroit grouillant de dizaines de monstres. Vers ma mort.

Il y avait un mois à peine, j’avais trébuché. Je pouvais trouver l’excuse que ce n’était pas ma faute; j’esquivais une attaque dirigée vers moi, je reculais d’un pas, quand j’avais trébuché sur un rocher. J’avais perdu l’équilibre et mon pied tomba sur un cercle magique. Et bien que j’avais passé en revue l’emplacement des pièges avant de nous lancer dans la bataille, j’avais quand même facilement marché sur l’un d’eux.

L’endroit où je fus téléportée grouillait de monstres. Il y en avait vingt, non, trente. J’étais une magicienne, et une assez bonne magicienne si je pouvais me permettre. Je ne pouvais pas lancer des sorts sans incantations, mais je pouvais les raccourcir, ce qui me permettait de lancer la magie plus rapidement que la plupart des autres mages. Faire face à des ennemis en grand nombre n’était pas nouveau pour moi. Même si j’étais encerclée, je n’avais pas paniqué. Je n’avais pensé qu’à éradiquer mon ennemi, et c’était ce que j’avais fait.

Mais peu importe combien j’en avais vaincu, ils continuaient d’arriver. Monstre après monstre, à perte de vue.

Les bêtes de ce labyrinthe savaient exactement où menaient les cercles de téléportation. C’était après tout leur repaire. Les pièges avaient été posés pour que les bêtes puissent se régaler sur les aventuriers sans méfiance. J’étais prête à mourir.

Je les avais tous vaincus, mais mon mana n’était pas infini. Je finirais par en manquer. Je savais que ce serait fini à ce moment-là. Même si mon mana diminua à vingt pour cent, la vague d’ennemis ne cessa pas. Les corps s’accumulaient, mais de nouvelles bêtes se pressaient.

J’étais complètement coincée. Les secours n’arrivaient pas. Peut-être m’avaient-ils abandonnée. Si j’étais à leur place, je ne prendrais pas non plus la peine de sauver une empotée comme moi. Peu importe la quantité de mana que vous aviez, si vous étiez assez folle pour marcher sur un piège, vous n’étiez qu’un poids mort.

Non, j’étais sûre qu’ils n’étaient pas du genre à m’abandonner. Peut-être que lorsque j’avais activé le piège, ils s’y étaient également laissés prendre et que nous nous étions tous retrouvés à des endroits différents. Ou peut-être qu’ils manquaient de force de combat en mon absence, et qu’ils avaient dû se retirer temporairement.

Quoi qu’il en soit, l’aide ne venait pas.

Même si je sentais les larmes menacer de couler, je me battais désespérément. Même si je sentais que mon mana commençait à diminuer.

Ce fut alors que j’aperçus une lumière : six cercles magiques contenus dans une pièce spacieuse. Des monstres apparaissaient dans tous les cercles sauf un. Peut-être était-ce parce qu’il n’y avait pas de monstres à l’autre bout.

Je devais choisir, ou mourir. J’avais utilisé le reste de mon mana pour vaincre la horde, puis j’avais sauté sur le cercle, ce qui m’avait amenée là où j’étais actuellement assise.

D’une manière ou d’une autre, j’avais réussi à survivre. Ma chance ne m’avait pas quittée.

Je pouvais faire autant d’eau que nécessaire avec la magie, et j’avais de la nourriture dans mon sac à dos. Je pourrais récupérer mon mana ici et ensuite trouver un moyen de m’échapper. Avec cette pensée en tête, j’avais passé le reste de ma journée là-bas.

Le jour suivant, j’avais marché sur le seul cercle magique de la pièce. L’endroit où il m’avait emmenée était un passage qui ne m’était pas familier. Apparemment, c’était un téléporteur aléatoire.

Je ne pouvais sentir personne dans les environs. J’avais cartographié la zone par moi-même et j’avais continué à avancer, avec l’intention de m’échapper de ce labyrinthe. J’avais envisagé d’attendre de l’aide, mais il était possible que Paul et les autres aient été éliminés eux aussi. Les pièges de téléportation aléatoires étaient juste mortels.

Je m’étais faufilée dans les tunnels, découvrant d’autres cercles de téléportation. J’avais laissé un symbole sur le sol à proximité pour moi et j’avais sauté dessus. Une fois de plus, j’avais été téléportée dans un passage inconnu. J’avais répété ce processus de nombreuses fois, le Labyrinthe de téléportations était conçu pour qu’il soit impossible d’aller quelque part sans faire quelque chose. J’avais fait attention à ne pas marcher sur des pièges, en faisant attention aux cercles qui pourraient être cachés sous des rochers, tout en continuant à avancer.

Je n’avais aucune idée si j’avançais ou si je retournais simplement sur mes pas. Il était impossible de s’orienter dans ce labyrinthe. Ça ne servait donc à rien de se fier à son sens de l’orientation ici. J’étais anxieuse, mais malgré tout, je devais continuer. Mes réserves de nourriture ne tiendraient pas éternellement, ni mon esprit. J’avais donc vaincu des monstres, mangé leur viande et continué.

Et pourtant, après m’être téléportée un nombre incalculable de fois, j’avais été de nouveau envoyée dans un repaire de monstres. J’avais combattu férocement, et j’avais trouvé un autre cercle d’où aucune bête n’était apparue.

Ce fut ainsi que j’étais revenue dans ce petit espace exigu. Combien de fois avais-je répété le cycle à ce stade ? Cinq fois, dix fois ? Le cercle devant moi m’envoyait toujours dans un endroit différent lorsque j’y mettais le pied, mais au final, je revenais toujours ici. Mon cœur et mon esprit étaient à leur limite. Mon corps était, sans surprise, épuisé. Selon mon horloge interne, environ un mois s’était écoulé.

Un mois et aucun progrès. Je ne faisais que tourner en rond.

Les combats n’étaient pas faciles non plus. J’avais été frappée un nombre incalculable de fois, et je me sentais défaillir à cause de la perte de sang. À un moment donné, les bêtes avaient commencé à essayer de bloquer le cercle pour que je ne puisse plus m’échapper. Malgré leur apparence, ces monstres étaient très intelligents. Il me faudrait tout ce que j’avais pour les percer.

Mes articulations me faisaient mal. Je n’avais plus de nourriture. Les monstres étaient durs et avaient un goût affreux. Leur chair était si toxique qu’il fallait utiliser la magie de désintoxication pour la manger, et je pouvais sentir que cela érodait mon endurance. La seule chose qui me restait en abondance était le mana.

Je me sentais complètement coincée. Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer ensuite. S’il y avait plus d’ennemis la prochaine fois, ou s’ils coordonnaient mieux leurs attaques, ils me déchireraient membre par membre et me dévoreraient une fois que j’aurais utilisé le reste de mon mana. Et même si j’étais assez chanceuse pour les dépasser, je me retrouverais ici.

Ces seules pensées m’avaient empêchée de remettre les pieds sur le cercle. Les bêtes avaient probablement remarqué ma présence. Elles savaient que j’étais ici, dans cet espace exigu. Elles savaient aussi que si j’utilisais le cercle devant moi, je me retrouverais directement dans leur repaire. J’étais sûre qu’ils attendaient ça. Ils attendaient anxieusement que je fasse une erreur fatale à cause de mon épuisement.

Je pouvais le sentir. Il n’y aurait pas de prochaines fois.

Pour la première fois, j’avais pris conscience de la mort.

Mon cadavre ne serait jamais retrouvé. Les bêtes ne laisseraient rien de moi. Je mourrais, et il ne resterait aucune preuve de mon existence.

C’était terrifiant. J’étais terrifiée. Avant de m’en rendre compte, je grinçais des dents. Poussée par l’envie de crier, j’avais serré mon bâton très fort.

J’avais vu la mort d’innombrables fois auparavant. En tant qu’aventurière, j’avais vu des gens mourir sous mes yeux. J’avais vu des monstres couper des guerriers robustes en deux aussi facilement que s’ils coupaient du beurre. J’avais vu de sages magiciens écrasés comme des tomates pourries. Des voleurs habiles et des épéistes rapides avaient été abattus devant moi.

Quand j’étais témoin de leur mort, je savais au fond de moi que ce serait mon tour un jour. Et pourtant, je croyais en même temps que j’étais capable de m’en sortir. Mais maintenant, face à la perspective très réelle de la mort, j’étais terrifiée.

Je n’avais toujours rien accompli. Il y avait encore tellement de choses que je voulais faire. J’avais un rêve. C’est vrai, un rêve. Je voulais devenir professeur. J’aimais enseigner aux gens. Je n’avais aucun talent pour ça, mais j’aimais ça. C’était pourquoi, une fois que tout serait terminé et que nous aurions sauvé Zenith, j’avais prévu de passer l’examen de professeur à l’Université de magie pour devenir professeur.

Mon maître, celui avec qui je m’étais disputée avant de partir, était à l’Université de Magie. Nous finirions peut-être par nous chamailler à nouveau, mais j’avais le sentiment que nous nous entendrions mieux maintenant. Il aimait être le centre d’attention, et le fait qu’il soit promu vice-principal pendant mon absence ne me surprendrait pas.

Je voulais goûter à un bonheur normal. Si je devenais professeur, je pourrais même me marier. Je pourrais tomber amoureuse d’un homme, l’épouser, et partager des nuits passionnées ensemble. En tant que démon, j’avais le petit corps trapu d’un enfant, mais malgré tout, je devais avoir une chance.

« Hah. »

Un rire d’autodérision s’échappa de mes lèvres. Je n’arrivais pas à croire que je me laissais aller à de tels fantasmes, même dans ces circonstances.

J’étais sur le point de mourir. Aucun de mes rêves n’allait se réaliser. Ma mort serait misérable. Il n’y avait personne pour me sauver maintenant. Je n’avais jamais entendu dire que quelqu’un dans une situation similaire avait été sauvé auparavant.

Je ne veux pas mourir, avais-je pensé.

J’avais fait un pas sur le cercle, parce que je voulais vraiment vivre.

Mon instinct était correct. J’avais été téléportée dans un passage inconnu, où j’avais laissé des symboles pour marquer des cercles non encore découverts. J’étais passée par de nombreux autres cercles, puis, comme si c’était prédéterminé, je m’étais retrouvée dans l’antre d’un monstre.

J’avais su au premier coup d’œil que c’était impossible. Les bêtes avaient entassé les corps de leurs congénères morts pour bloquer mon chemin de fuite, et il semblerait que l’espace à l’autre bout du cercle était trop exigu pour que les monstres, ou leurs cadavres puissent se téléporter. Je n’avais pas d’autre choix que de dégager le chemin si je voulais l’utiliser pour m’échapper.

« En faisant face à cette horde ? » m’étais-je demandé.

Ils étaient disposés en une formation impeccable, ramifiée autour de la montagne de cadavres qui bloquait ma fuite, la protégeant. La Chenille d’Acier directement devant moi bougeait comme s’il était dédié à la défense, tandis que les tarentules derrière elle commençaient à cracher leurs toiles pour bloquer mes mouvements. Encore plus loin, une grande forme humaine recouverte de boue — un Crâne de Boue — lançait des pierres dans ma direction.

Ils ressemblent presque à une armée, m’étais-je dit en commençant à tisser ma magie.

« Enveloppe-moi dans la magnifique armure de la terre. Forteresse terrestre ! »

J’avais créé un bouclier de terre autour de moi. Il s’était enroulé autour de moi, couvrant mon corps jusqu’à ma tête dans une forme de dôme. J’avais coupé le sort avant qu’il ne consume complètement mon corps. Tant qu’il s’élevait jusqu’à mon coup, il était suffisant pour empêcher la chenille de fer de charger.

« Disperse les gouttelettes qui tombent, recouvre le monde d’eau. Cascade d’eau ! »

D’innombrables sphères de liquide se formèrent autour de moi, se transformant en balles qui fusèrent dans l’air. C’était un sort extrêmement faible, adapté seulement pour les empêcher temporairement de bouger. Sachant cela, j’avais immédiatement commencé l’incantation suivante.

« Déesse bleue, descendant des cieux, brandis ton bâton et couvre ce monde de givre ! Champ de glace ! »

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

  2. merci pour le chapitre

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