Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Notre entrée dans le labyrinthe

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Chapitre 3 : Notre entrée dans le labyrinthe

Partie 1

À première vue, le Labyrinthe de téléportations n’était rien de plus qu’une grotte. Il n’avait rien de spécial à l’extérieur, si ce n’est les toiles d’araignée qui recouvraient les murs, grâce aux araignées résidant dans la région. Mais c’était à peu près tout. À part ça, cela ressemblait juste à un trou dans le flanc d’une falaise. Si vous en aviez vu une photo, cela n’aurait probablement pas piqué votre curiosité.

Néanmoins, le voir en personne était tout autre chose. Quelque chose me donnait l’impression qu’un labyrinthe s’y cachait. Une sorte d’aura étrange s’y dégageait, et c’était justement cette aura étrange qui provoquait ma curiosité. Je me demandais si tous les labyrinthes avaient une aura similaire.

« OK, Rudy, on va faire comme on a dit. C’est compris ? »

« Compris », avais-je dit.

Paul me tapa sur l’épaule et hocha la tête.

Nous nous étions mis en formation comme nous en avions discuté la veille, et nous étions entrés. C’était ma première exploration de labyrinthe, mais je n’avais pas ressenti beaucoup d’excitation. Juste le poids de savoir que nous ne pouvions pas nous permettre d’échouer.

« Soyez prudent, mon seigneur », dit Lilia.

« S’il vous plaît, soyez prudent, tout le monde. »

Lilia, Vierra et Shierra retournèrent à la ville à cheval. Lorsque de grands clans pénétraient dans un labyrinthe pour l’explorer, leurs membres de soutien établissaient un camp et attendaient dehors. Heureusement, Rapan n’était qu’à un jour, ou une demi-journée si on était pressé, de distance. Il n’était pas nécessaire qu’elles établissent un camp devant la grotte.

« Eh bien, allons-y. »

Il faisait sombre à l’intérieur, mais pas complètement. Il y avait une faible lueur à l’intérieur. Une si faible visibilité n’était pas idéale. Cela pourrait être fatal.

« Je vais éclaircir les lieux », avais-je dit.

« Vas-y », répondit Paul.

Dès que nous étions entrés, j’avais utilisé le parchemin spirituel que Nanahoshi m’avait donné. Une boule de lumière brillante en jaillit, tournant autour du sommet de ma tête. Geese activa également le même parchemin pour lui-même. Il faisait office d’éclaireur pour nous, il avait donc besoin de sa propre source de lumière.

Ces parchemins pouvaient être utilisés par n’importe qui. Bien sûr, ils dureraient le plus longtemps si quelqu’un ayant une énorme réserve de mana, comme moi, les utilisait, mais apparemment ils ne coûtaient pas beaucoup de mana. Geese et Paul étaient ravis au moment où je leur avais montré les parchemins, disant : « Maintenant, nous n’avons plus besoin de porter des torches ».

Il semblait qu’avoir une main occupée par une torche était vraiment un inconvénient. La lumière de ces esprits était plus brillante qu’une torche, et même quelqu’un avec peu de mana pouvait l’entretenir pendant un certain temps. Si ces parchemins devenaient populaires, les torches pourraient disparaître complètement du marché.

« Paul, ton enfant apporte vraiment des trucs pratiques, hein ? », dit Talhand.

« Je suis fier de l’appeler mon fils pour une bonne raison. »

Paul gonfla sa poitrine, ce qui lui valut un soupir exaspéré de la part du nain.

« Mais tu n’es certainement pas un parent dont il peut être fier. »

« Ah, laisse tomber. Je me sens déjà assez mal comme ça. »

Paul parla dans un demi-soupir, ses épaules s’affaissant.

« Allez, on y va. »

Sous les encouragements de Geese, nous nous étions avancés dans la grotte.

Au premier étage, nous naviguions dans ce qui ressemblait à une fourmilière. Des toiles de soie étaient tendues sur les murs et les plafonds, et plus loin à l’intérieur se trouvait un cercle magique d’où émanait une lumière pâle. L’esprit s’était déplacé au-delà de ce point, éclairant la zone comme une lampe fluorescente.

« Tu as dit d’être prudent parce que certains des cercles magiques ne s’allument pas, correct ? »

« C’est exact, Rudy. Assure-toi de suivre précisément les empreintes de Geese. », dit Paul.

Geese avait une bonne dizaine de pas d’avance sur nous. Il portait une paire de bottes spéciales. Des plaques d’acier en forme de croix étaient montées sur les semelles, laissant des traces en forme de croix partout où il marchait. Il ne s’agissait pas d’un objet magique, mais d’un produit de la sagesse des aventuriers. C’était un équipement pratique qui empêchait le porteur de glisser, tout en laissant une trace dans son sillage.

Il était facile de découvrir les cercles de téléportation au premier étage. Le monstre principal de cet étage était la tarentule conduisant à la mort, mais il y avait une variété d’arachnides beaucoup plus petite et moins mature qui se baladait sur le sol. C’était la principale proie de la tarentule conduisant à la mort. La vue aurait fait s’évanouir une personne arachnophobe. Ce fut au milieu de ces essaims que l’on pouvait apercevoir des espaces complètement vides, de forme circulaire ou carrée. C’étaient les pièges. Si vous posiez votre pied dans cet espace vide pour éviter le crissement des araignées sous vos pieds, vous seriez immédiatement téléporté quelque part.

Ainsi, nous n’avions pas d’autre choix que d’écraser les petites araignées là où nous marchions. Ce n’était pas agréable, mais que pouvions-nous faire d’autre ?

Quant aux bêtes de rang B, les tarentules conduisant à la mort, elles n’apparaissaient pas dans notre passage. De temps en temps, une ou deux apparaissaient, mais dès que Geese les repérait, Paul les éliminait immédiatement. Je n’avais pas besoin de faire quoi que ce soit pour le moment.

« Hah, eh bien, c’est du gâteau. »

Paul avait une épée dans chaque main et marchait d’un pas rapide. Parmi ces deux épées, l’une était la lame qu’il maniait tout le temps chez lui, sa partenaire. Bien qu’elle ne donnait pas l’apparence d’être une arme particulièrement puissante, il était capable de couper proprement en deux les tarentules conduisant à la mort. Mais j’étais convaincu que c’était moins à cause du tranchant de la lame qu’à cause de l’habileté de Paul.

L’épée dans sa main gauche avait une forme que je n’avais jamais vue auparavant : une sorte de lame courte, mais ni assez courte pour être appelée épée courte, ni assez longue pour être appelée épée longue. La garde enveloppait toute la main du manieur. Elle avait une lame légèrement incurvée, à double face. Il y avait un trou au milieu de la lame, probablement pour empêcher les choses de s’y coller.

Cela dit, il n’utilisait pas beaucoup cette arme. Paul se battait généralement avec sa seule main droite. Je m’étais demandé à quoi servait son épée gauche. Ou était-il juste un nerd dans sa forme finale ?

« C’est comme prendre des bonbons à un bébé ! »

Non pas que ce soit pertinent, mais quand il battait quelque chose, Paul me regardait.

Comme c’est ennuyeux. Il voulait probablement montrer à quel point il était cool.

OK, ok, j’ai compris, papa. Tu as l’air cool, mais s’il te plaît ne baisse pas ta garde.

« Paul ! Garde ta tête en avant ! »

Et ouais, c’était ça : Elinalise lui faisait la leçon.

« Allez, c’est bon. On a déjà fait le premier étage des dizaines de fois. Je ne vais pas me planter aussi facilement. », dit Paul

« Baisser ta garde comme ça peut te coûter la vie », avait-elle prévenu.

« Oui, oui, je le sais déjà. »

« En plus, » continua Elinalise, « tu es allé trop loin devant tout ce temps. C’est moi qui suis devant, non ?! »

« C’est le premier étage. Ce n’est pas comme si ça faisait une grande différence. »

Et c’était ainsi que leurs chamailleries commencèrent. J’entendais Talhand derrière moi, qui poussait un soupir en disant : « Beurk, les revoilà. »

« Moi mis à part, c’est la première fois que Rudeus entre dans un labyrinthe, et en tant qu’adulte, tu devrais donner le bon exemple ! »

Paul répliqua : « C’est pour ça que je cherchais une occasion d’engager la conversation avec lui, pour l’aider à se détendre les nerfs. »

« Quelle absurdité ! Tu sembles aussi étourdi maintenant que tu l’étais lorsque Zenith a rejoint notre groupe. », s’était-elle moquée.

« Je ne peux pas dire grand-chose quand tu le dis comme ça. Mais j’aimerais bien savoir ce qui se passe avec toi ? Tu es devenue une vraie casse-pieds. »

« Mais bien sûr que oui. Tu es comme un fils pour moi. Alors je te gronde comme il faut ! », répondit Elinalise d’un ton hautain.

Paul s’esclaffa : « Qu’est-ce qui te prend de me traiter de fils ? Tu as passé tellement de temps avec Rudeus que tu as aussi développé un faible pour moi ? Allez, ça suffit. Le fait que tu t’appelles toi-même ma mère me donne la chair de poule. »

« Oh là là, Rudeus ne t’a vraiment rien dit ? », demanda-t-elle, moqueuse.

« Me dire quoi ? »

« Sylphie est ma petite-fille. Puisque Rudeus l’a épousée, cela fait aussi de lui mon petit-fils. Dans ce cas, en tant que parents de mon petit-fils, toi et Zénith êtes comme des enfants pour moi. »

Paul s’était figé. Lentement, il s’était retourné et marcha à nouveau vers moi. Notre formation étant brisée, tous les autres s’étaient aussi arrêtés.

« Hé, de quoi parle-t-elle, Rudy ? Pourquoi Elinalise prétend-elle que Sylphie est sa petite-fille ? »

Ah, oui. Je ne lui avais pas encore dit, hein ?

« Il se trouve que Laws était le fils d’Elinalise », avais-je expliqué.

Paul avait l’air sceptique : « Laws était quoi ? Il ne m’a jamais dit un mot de tout ça. »

« Eh bien, il s’est passé beaucoup de choses dans le passé, alors il semble qu’il voulait garder l’identité de Mlle Elinalise secrète », avais-je dit.

« Ahh, je vois. Je peux comprendre ça. », dit Paul.

« Plus importants encore, nous devrions continuer tout en faisant attention à ne pas baisser la garde. », dis-je.

« O-oui. »

Paul avait l’air d’avoir compris cette fois. Il était retourné à l’avant-garde, marmonnant en chemin : « Sérieusement ? Elinalise est liée à notre famille maintenant ? Je n’arrive pas à y croire… »

Il semblerait que la nouvelle lui avait fait un sacré choc.

Le premier étage fut un jeu d’enfant. Ils avaient dû parcourir ce chemin de nombreuses fois, comme l’avait dit Paul. Nous avions continué à descendre le couloir, en faisant des pauses de temps en temps, jusqu’à ce que nous débouchions dans une pièce grouillante de tarentules conduisant à la mort. Se débarrasser d’essaims comme celui-ci était mon devoir en tant que mage.

Mais avant que nous n’entrions dans la grande salle, Talhand me donna quelques avertissements.

« Écoute bien : Pas de magie de feu. »

« Pourquoi ça ? »

« Le feu remplit de poison une pièce fermée. Il faut être particulièrement prudent à ce sujet lorsque nous nous enfonçons plus profondément. », expliqua le nain.

« Et la magie de désintoxication ? », avais-je demandé.

« Ça ne marche pas. »

Il faisait probablement référence à l’empoisonnement au monoxyde de carbone. Si vous utilisiez du feu dans un espace clos, il brûlait l’oxygène jusqu’à ce que vous perdiez conscience. Le fait que le feu était par la magie ne changeait rien à ce fait.

« Aussi, ne va pas frapper le plafond avec tes attaques. Tu peux deviner pourquoi, hein ? »

« Parce que ça pourrait détruire la grotte entière ? »

Il hocha la tête : « C’est ça. C’est aussi pour ça que tu ne dois pas utiliser la magie de l’eau. Utilise la glace autant que tu peux. »

« Compris. »

Si vous utilisiez de grandes quantités d’eau, ça détacherait la terre. Quand même, un peu ne devrait pas faire de mal. Je pourrais aussi utiliser la magie de Terre, mais si je ne faisais pas attention, je pourrais finir par utiliser la terre du labyrinthe plutôt que de conjurer la mienne. Si cela perturbait la structure interne de la grotte, cela pourrait déclencher un effondrement. Utiliser le type de magie qui m’avait été recommandé était l’option la plus sûre ici. Ce sera donc la glace.

J’avais donc décidé d’utiliser la magie de glace de niveau avancé Tempête de Blizzard, un sort qui fit tomber des lances de glace. C’était ce que j’avais utilisé pour exterminer les monstres au fond de la pièce un par un, en faisant attention à ne pas toucher Paul et les autres.

« Oho, tu es vraiment l’apprentie de Roxy. Tu utilises aussi la même magie », je pouvais entendre Talhand marmonner derrière moi. Apparemment, Roxy utilisait aussi le même sort. Ça me fit plaisir de l’entendre.

« Et pas non plus d’incantations. Je comprends pourquoi elle est si fière de toi. »

Ces mots firent gonfler mon ego de fierté alors que nous éliminions les dernières araignées et allions de l’avant.

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Partie 2

Nous avions dépassé les nids d’araignées et avions sauté sur le cercle de téléportation situé plus loin. Il nous avait conduits au fond d’un passage, vers un autre nid d’araignées. Nous avions déjà répété ce processus cinq fois depuis que nous étions entrés dans ce lieu. À chaque fois, nous avions soigneusement recoupé les cercles avec ce qui était écrit dans le livre. Les autres avaient déjà cartographié où menait chaque cercle de téléportation au premier étage, mais cette vérification nous permit de vérifier l’exactitude du livre. Nous avions comparé la forme, la couleur et les caractéristiques des cercles, et une fois que nous avions été convaincus que tout correspondait au livre, nous avions poursuivi notre route.

Il avait fallu environ une heure pour arriver à chaque cercle magique. Comme nous l’avions déjà fait cinq fois, cela signifiait qu’environ cinq heures s’étaient écoulées. La dernière zone du premier étage était une pièce recouverte de toile, au fond de laquelle se trouvaient deux cercles alignés ensemble. Leur couleur était un peu plus intense que celle des autres que nous avions vus, et ils étaient aussi plus grands. Le bleu plus foncé menait à l’étage suivant, mais il y avait un cercle jumeau de la même forme juste à côté.

Pour les non-initiés, l’un ou l’autre pourrait être le vrai. Pourtant, il y avait un rocher avec un cercle inscrit dessus placé juste avant l’un des cercles. C’était quelque chose que Geese avait laissé derrière lui comme un signal pour signifier que c’était le bon. Une fois que nous avions référencé le livre et confirmé que tout était correct, nous avions sauté dessus.

De là, nous étions passés au deuxième étage.

Au deuxième étage, les araignées sur le sol disparurent et les nids de tarentules furent sévèrement réduits. On pouvait vraiment voir le sol maintenant. Au lieu des araignées, nous avions maintenant un énorme monstre, la Chenille d’Acier, qui se faufilait partout. Elle mesurait un mètre de haut et deux mètres de long, ce qui lui donnait un aspect plutôt court et robuste. La chose la plus proche à laquelle je pouvais la comparer était les Ohmu de Nausicaä. Comme leur apparence le suggérait, ces créatures étaient dures et robustes, mais contrairement à leur apparence, elles étaient plutôt rapides. Leur vitesse me faisait penser moins à une chenille qu’à un mille-pattes.

De plus, elles étaient copines avec les araignées, ces dernières lançant des toiles par l’arrière tout en utilisant les chenilles comme bouclier. Une fois que vous étiez pris dans ces toiles, la lourde chenille vous piétinait.

Les Chenilles d’Aciers étaient si résistantes que même Paul ne pouvait pas les vaincre en un seul coup. C’était là que j’intervenais. Je pouvais libérer deux types de magie en même temps pour frapper les Tarentules conduisant à la Mort à l’arrière avec mon Blizzard, puis vaincre les Chenilles de Fer une par une avec mon Canon de Pierre pendant que Paul et Elinalise les occupaient. Apparemment, les Chenilles étaient assez résistantes pour repousser un canon de pierre normal, mais je n’avais eu aucun problème à cet égard, car mes canons les traversaient. Mais comme c’étaient des insectes, si je ne les touchais pas correctement et ne les tuais pas à l’impact, elles commençaient à se tordre de douleur et à se débattre.

« Je n’ai rien à faire, hein ? »

Pendant que je travaillais assidûment, Talhand se plaignait de s’ennuyer. Il était en attente à côté de moi, juste au cas où. Pour s’assurer que ses services n’étaient pas requis, nous nous conduisions tous, Geese inclus, de la manière la plus prudente possible. Ainsi, à partir de maintenant, il n’y avait rien à faire pour Talhand.

C’était une bonne chose. Au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les profondeurs, il était réconfortant de savoir que nous avions encore de la puissance de feu en réserve si cela devenait nécessaire.

Les tarentules conduisant à la mort crachaient leurs toiles sur nous. Je pensais que les tarentules ne faisaient pas de toiles d’araignée, mais ces gars-là étaient clairement différents. Leurs toiles venaient parfois droit sur moi, mais j’étais capable de les éviter grâce à mon œil de démon. Même si l’une d’entre elles me frappait, ce ne serait ni douloureux ni gênant, puisque je pouvais simplement utiliser la magie du feu pour m’en sortir.

« Gah, putain ! », grommela Paul.

Elinalise semblait d’accord : « Ugh, ces trucs sont tellement collants. »

Cela dit, l’avant-garde n’avait pas pu esquiver toutes les toiles, si bien qu’ils étaient tous les deux couverts de toiles.

« Tiens, prends ça. Mais ne le gaspille pas, tu entends ? », dit Geese.

Je pouvais les brûler pour m’en sortir, mais il avait apporté un liquide pour dissoudre les toiles, que les autres diluaient avec de l’eau et utilisaient. Il m’avait dit que c’était un remède unique, populaire sur le continent de Begaritt, et qu’il ne causait aucun dommage corporel. Bien qu’il ne soit pas dangereux, Elinalise s’était plainte de l’irritation de sa peau. C’était presque comme un détergent.

Je devrais peut-être en ramener chez moi pour essayer de faire la vaisselle avec, avais-je pensé.

« OK, faisons une petite pause ici. »

Geese nous appela après avoir fini de nous battre, et nous nous étions posés là où nous étions. Talhand et Elinalise s’étaient immédiatement levés pour monter la garde.

Paul avait immédiatement enlevé son armure et sa ceinture, puis commença à frotter le sang de bête qui les éclaboussait. Il essayait d’accélérer la vérification de son équipement dans le court laps de temps alloué pour notre pause. Le fait de voir à quel point ses mains étaient exercées me rappela qu’il était un pro dans ce domaine.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ferais mieux de te dépêcher aussi, Rudy. »

« Oh, oui. »

Après avoir reçu une réprimande sévère, j’avais porté mon attention sur mon propre équipement. Il n’y avait pas grand-chose à inspecter, vu que je tirais ma magie à distance.

Cela mis à part, Paul était terriblement calme. Au premier étage, il venait me voir quand on faisait des pauses, me demandant : « Alors, qu’est-ce que tu en penses ? » et des trucs comme ça.

Je suppose que c’était à prévoir, puisque c’était le deuxième étage, mais mon père « cool » était devenu soudainement sérieux.

« Tch, ce satané truc ne veut pas s’enlever. »

Paul commença à jurer en essayant désespérément de frotter les fluides corporels, ou quoi que ce soit d’autre, collés à son armure.

« Pourquoi n’essaies-tu pas le médicament que Monsieur Geese vient d’utiliser ? », avais-je dit.

« Celui pour enlever les toiles ? »

Malgré cela, il en appliqua sur son chiffon et reprit son frottement furieux. Après qu’il le fit, l’armure était redevenue d’un blanc étincelant, comme dans les publicités pour l’eau de Javel ! D’accord, ce n’était pas un blanc éclatant — c’était une armure, après tout — mais au moins elle était propre maintenant.

« Oh, c’est parti ! Merci ! »

« Ce n’est rien. »

C’était bien du détergent. En acheter un paquet avant de rentrer pourrait rendre Sylphie plutôt heureuse. Si cela était possible, ça ne me dérangerait pas de l’utiliser dans la maison.

Paul rééquipa son armure dès qu’il eut fini de la nettoyer. Il dégaina ensuite son épée et se dirigea vers Elinalise. J’avais envisagé de me déconnecter moi-même avec Talhand, mais la voix de Geese m’arrêta.

« Patron, ne t’inquiète pas pour la vigie. »

« Tu es sûr ? »

« C’est bon. Ce vieil homme n’a pratiquement rien fait. D’ailleurs, il y a quelque chose qui se prépare et j’aimerais avoir votre avis. », dit-il.

« Je peux vraiment remplacer mon père sur ce sujet ? »

« Bien sûr. Vous êtes de toute façon bien plus intelligent que lui. », dit Geese avec désintérêt, sortant le livre et deux cartes de son sac.

Il étala les cartes côte à côte. L’une était magnifiquement dessinée, tandis que l’autre n’était encore que partiellement achevée.

« Nous serons bientôt au troisième étage. Ici, juste là, c’est là que Roxy fut séparée de nous. Si on se fie au livre et si on a de la chance, elle devrait encore être dans le coin. »

« Très bien. »

D’après le livre, les pièges de téléportation n’envoyaient les gens que dans des zones situées au même étage. Même s’il s’agissait d’un piège aléatoire, il ne vous transportait pas soudainement devant le boss du dernier étage. Roxy s’était téléportée au troisième étage. Nous n’avions aucune idée si le cercle sur lequel elle avait marché était un cercle de téléportation aléatoire ou un cercle à destination fixe, mais si elle était encore en vie, il y avait de fortes chances qu’elle soit au troisième étage. Si la chance lui souriait, elle aurait même pu atteindre le deuxième ou le premier étage.

Cependant, elle avait déjà traversé ces étages de nombreuses fois. Et vu la force de Roxy, si elle avait pu atteindre le deuxième étage par ses propres moyens, elle aurait déjà quitté le labyrinthe. Il était difficile d’imaginer qu’elle irait plus loin au quatrième étage.

« Il n’y a pas de magie qui peut aider à la trouver, n’est-ce pas ? », demanda Geese.

« Non, il n’y en a pas. »

J’avais essayé de penser à un moyen d’utiliser les sorts à ma disposition pour essayer de la retrouver, mais rien ne m’était venu à l’esprit sur le moment.

« Patron, utilisez votre intuition pour ça. Où pensez-vous que Roxy pourrait être ? »

« Mon intuition, hein ? »

J’avais alors caressé mon menton.

« On ne peut pas se permettre de passer tout ce labyrinthe au peigne fin. Donc si on doit la chercher, on va avoir besoin d’intuition. », dit Geese.

« D’accord, alors pourquoi pas cette zone ? »

Pour le plaisir, j’avais choisi au hasard une des zones vides sur la carte inachevée.

« À l’est de l’endroit où elle s’est téléportée, hein ? OK, alors commençons les recherches là-bas. »

Il était tout aussi désinvolte dans sa réponse. J’avais l’impression que se diriger vers l’est était la manière la plus efficace de procéder. Après tout, personne dans notre groupe n’avait les capacités d’analyse nécessaires pour la localiser. Et nous devions de toute façon fouiller les zones qu’ils n’avaient pas encore explorées.

« Franchement, sans Roxy, on n’a même pas pu atteindre le deuxième étage. Tout ça grâce à vous, patron. Ces Chenilles d’Aciers sont de méchantes bêtes. »

« J’en suis sûr. »

Les monstres de ce labyrinthe étaient résistants à l’école de magie préférée de Talhand. Paul était le principal responsable des dégâts du groupe, mais s’il était pris dans les toiles, il ne pouvait pas couvrir complètement leur front. Vierra n’était pas très fiable non plus, et elle ne pouvait pas couvrir les autres personnes aussi bien qu’Elinalise. Pour passer par ici, il fallait quelqu’un qui puisse utiliser la magie de glace ou de feu. Ce n’était pas étonnant qu’ils soient coincés sans Roxy. En fait, c’était un miracle qu’ils aient pu s’en sortir sans elle.

« Je pensais que nous pourrions nous débrouiller d’une manière ou d’une autre, mais il n’y a pas beaucoup de magiciens dans cette région, et pas un seul qui ait le cran de défier le Labyrinthe de Téléportation. »

Geese avait apparemment essayé de trouver une solution par lui-même. Maintenant que j’y pensais, il avait tenté de recruter quelqu’un quand on l’avait vu pour la première fois dans la guilde. Ça n’avait pas l’air de s’être bien passé.

« Il semble que nous vous ayons causé beaucoup d’ennuis, Monsieur Geese. »

« Eh, ne vous inquiétez pas pour ça. De plus, je vous ai dit de m’appeler “le bleu”, n’est-ce pas ? Vous me donnez la chair de poule quand vous parlez poliment comme ça. »

« Compris, le bleu. Je te présenterai à une gentille fille singe quand ce sera fini et tu pourras lui demander d’arracher les puces de ton dos. »

« Ooh, pas mal, puisque je ne peux même pas aller dans les quartiers pour adultes ici. »

Il fit alors une pause : « Hé, attendez ! Qui vous traitez de singe ?! »

Il y avait beaucoup de choses dont je voulais discuter avec Geese, mais j’en restais là pour l’instant.

Après ça, Geese et moi avions confirmé la route que nous allions prendre. La carte qu’il avait créée était facile à comprendre. Comparé au premier étage, parfaitement cartographié, il y avait plusieurs sections manquantes sur cette carte du deuxième étage. Roxy et Zenith ne seraient pas dans l’une de ces sections ? Continuer sans les vérifier me mettait un peu mal à l’aise, mais nous devions atteindre le troisième étage. Le meilleur endroit pour chercher n’était pas le plus proche, mais plutôt l’endroit où Roxy avait le plus de chances de se trouver.

« Geese, on est où en ce moment ? »

Elinalise s’était soudainement insérée dans la conversation.

Geese répondit en désignant un point sur la carte.

« Nous sommes à peu près ici en ce moment. »

« Alors on va bientôt dépasser le deuxième étage. »

« Oui, mais on aura toujours ces araignées et ces vers qui apparaîtront. »

« Des monstres qui changent de formation en cours de route. C’est certainement un labyrinthe désagréable », dit-elle.

« Tu peux le dire encore une fois », approuva Geese.

Elinalise passa une main sur ses cheveux. Ses fières boucles habituelles avaient l’air quelque peu négligées.

« Au fait, Geese, pourquoi tu appelles Rudeus “Patron” ? »

« Heh heh. Nous avons appris à nous connaître dans une prison de Doldia. »

« Une prison de Doldia ? Tu veux dire celle dont Ghislaine nous parlait ? Comment cela a-t-il pu se produire ? », avait-elle demandé.

« Je t’en dirai plus en rentrant à la maison. »

Geese avait souri et en était resté là.

Penser à la cellule de Doldia me rappelait des souvenirs. J’avais fait l’expérience de la vraie liberté à l’époque. Néanmoins, je ne pouvais plus me promener nu comme ça. Bon, d’accord, sauf au lit.

Et vu que je pouvais me permettre d’avoir des pensées de ce genre, cela montrait bien que je n’étais manifestement pas trop nerveux.

Ainsi donc, notre groupe était arrivé au troisième étage. Cela faisait probablement dix heures que nous étions entrés. Nous avancions assez rapidement.

« Je pensais qu’il nous faudrait plusieurs jours pour aller aussi loin. »

« Ce serait le cas si nous n’avions pas de carte », dit Paul en réponse à ma remarque désinvolte.

Tout cela était logique. Se lancer à l’aveuglette était bien différent que de suivre une carte.

Il n’y avait plus de petites araignées sur le sol. De temps en temps, nous découvrions une toile accrochée au mur, mais il y avait peu de signes de vie. Au lieu de cela, je pouvais sentir quelque chose de troublant dans l’air, rayonnant des profondeurs de la grotte.

Les choses sérieuses allaient commencer ici. D’abord, nous devions trouver Roxy.

« … »

Juste à ce moment-là, son odeur familière s’était répandue dans l’air. Non, ce n’était pas mon imagination. C’était vraiment son odeur, sa présence que je sentais. Je ne me tromperais pas. Je pouvais sentir mon cœur s’emballer.

Elle était ici. J’en étais certain.

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