Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 2 – Partie 2

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Chapitre 2 : Confirmer la situation

Partie 2

Paul, Lilia et moi avions dormi dans la même chambre cette nuit-là. Geese l’avait arrangé par considération pour nous, disant que la famille devrait avoir le temps d’être seule ensemble. Cela dit, je n’avais pas passé beaucoup de temps avec Lilia en tant que famille. Jusqu’à la naissance d’Aisha, elle avait juste été la bonne, et je ne pouvais la voir que comme ça même aujourd’hui. Paul la considérait comme sa femme, mais au final uniquement comme la seconde épouse. Zenith était toujours la première sur la liste des priorités de Paul, Lilia la deuxième, Norn la troisième. Aisha était donc quatrième, je supposais donc que j’étais dernier.

« C’est la première fois que nous partageons notre chambre, n’est-ce pas, Seigneur Rudeus ? »

« Effectivement. »

La façon dont Lilia se comportait si respectueusement suggérait qu’elle ne voyait Paul que comme son employeur. À cause de son influence, je m’étais retrouvé à parler de façon un peu rigide.

« Si les ronflements du maître vous dérangent, n’hésitez pas à le pousser », plaisantait-elle tout en gardant les choses étonnamment légères.

« Oui, d’accord… »

Je n’étais pas en mesure de lui offrir la même chose. Je n’avais aucune idée de ce que je devais dire. Comment avais-je parlé à Lilia dans le passé ? Je croyais me souvenir que nos interactions au village de Buena étaient plutôt professionnelles.

Paul m’observait depuis un moment déjà sans dire un mot. Je me demandais pourquoi. Il avait une drôle d’expression sur le visage. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était un sourire enjôleur, mais il avait l’air détendu.

« Si je peux poser une question, Seigneur Rudeus », dit Lilia.

« Oui, qu’est-ce que c’est ? »

« Est-ce qu’Aisha s’en sort bien ? »

C’était grâce à sa question que j’avais pu enfin avoir une réponse à la mienne. C’est vrai, la famille. Nous étions après tout une famille. On pouvait donc simplement parler de ça.

« Oui. Elle travaille très dur. »

« Elle ne vous a causé aucun problème ? »

« Pas du tout. Elle est d’une grande aide. Elle a fait toutes les tâches ménagères pour nous. », avais-je dit pour la rassurer.

« Vraiment ? J’espère juste qu’elle ne fait pas de demandes égoïstes. »

« Personnellement, ce serait plus facile pour moi si elle était un peu plus exigeante. »

Lilia sourit doucement au moment où j’avais dit ça, l’air soulagé.

« Qu’en est-il de Maîtresse Norn et Aisha ? Elles ne se battent pas ? »

« Eh bien… les choses sont un peu tendues entre elles, mais il n’y a pas eu d’affrontements majeurs pour l’instant. En fait, leurs petites querelles sont plutôt attachantes. »

« Je lui ai toujours dit de montrer de la déférence pour Maîtresse Norn. Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle leur relation a dévié ainsi », dit-elle en soupirant.

« Ce n’est pas quelque chose que vous pouvez contrôler. De plus, Aisha est encore une enfant. Ne pensez-vous pas que la chose la plus importante en tant que parent est de les aimer toutes les deux de la même manière ? », avais-je dit pour la rassurer.

« Vous avez peut-être raison. Aisha est mon enfant, mais c’est aussi la fille du maître, alors… »

« Le sang n’a rien à voir là-dedans. Nous sommes une famille », avais-je insisté.

« Merci. »

Paul ne s’était pas inséré dans la conversation. Il s’était contenté de regarder notre interaction avec la même expression profondément émotionnelle qu’il portait depuis le début.

« C’est quoi ce regard ? Tu as souri tout ce temps. », avais-je demandé tout en le regardant.

« Ahh, tu sais, c’est juste agréable à regarder. »

Paul s’était gratté l’arrière de la tête, les joues rouges de gêne.

« Qu’est-ce qui est agréable ? »

« Voir le petit garçon dont je me souviens, grandir et parler à Lilia comme ça. »

En d’autres termes, voir son fils adulte interagir avec sa femme. Lilia n’était pas ma mère, mais pour Paul, nous étions tous deux de la famille. Peut-être que c’était profondément émouvant pour lui. Je comprendrais peut-être ce qu’il ressentait quand mon propre enfant grandira.

« Ah oui, Rudy, tu as dit que tu t’étais marié. »

« Oui, il y a environ six mois. »

« Mon petit garçon… C’est difficile à croire. Tu n’étais pas plus grand que ça la dernière fois que je t’ai vu. »

Paul fit alors un geste de la main.

« Oui, j’ai beaucoup grandi ces deux dernières années. »

Comme sortie de nulle part, ma taille était devenue à peu près la même que celle de Paul. Il était encore un peu plus grand, mais j’avais probablement encore du chemin à faire. Je m’étais dit que je finirais par le rattraper.

« Quand on rentrera à la maison, il faudra faire une grande fête », dit Paul.

« En effet. Et n’oublie pas que ce sera ton premier petit-enfant. Tu seras grand-père. », lui avais-je rappelé.

« Oh, arrête ça. Je ne suis pas encore si vieux que ça », avait-il dit, n’ayant pas l’air aussi mécontent que ses mots pourraient le laisser croire.

Puis, soudainement, il sourit : « C’est vrai, tu vas avoir un enfant. Ce qui signifie que tu l’as fait, n’est-ce pas ? »

« Monseigneur, je ne suis pas sûr que des questions aussi crues soient vraiment appropriées », objecta Lilia alors que Paul arborait son sourire de vieillard ringard.

« Ah, allez. J’ai toujours voulu avoir ce genre de discussion avec lui avant. »

« Quand bien même… », commença-t-elle.

« Quoi, tu n’es pas curieuse aussi ? », dit Paul en la défiant.

Lilia fronça les sourcils : « C’est une question injuste à poser. »

« Alors, qui était ta première partenaire ? Je suppose que c’était Sylphie ? Ou c’était Éris ? Je crois me souvenir que tu as dit que vous vous étiez séparés, mais n’y avait-il vraiment rien entre vous quand c’est arrivé ? »

Apparemment, il voulait se lancer dans une discussion de vestiaire. Une partie de moi se demandait si c’était vraiment approprié, étant donné les circonstances, mais je pouvais aussi comprendre d’où cela venait. Il était probablement lui-même de bonne humeur, puisque c’était la première fois que nous nous voyions depuis un moment. C’est juste qu’il n’avait pas voulu révéler cette facette de lui-même devant tout le monde. J’étais également plutôt heureux de le retrouver.

À partir de demain, nous entrerons dans le labyrinthe. Nous n’aurions plus l’occasion de faire ce genre de choses. Au moins pour ce soir, nous pourrions nous détendre et échanger des histoires de sexe.

« Je me sens assez confiant quand il s’agit de sexe. Tu peux me demander n’importe quoi. Je n’en ai peut-être pas l’air maintenant, mais je m’amusais pas mal quand j’étais plus jeune. », dit Paul.

On dirait que je n’avais pas d’autre choix. J’imagine que j’allais devoir le suivre. J’avais toujours voulu avoir quelqu’un avec qui je puisse avoir des conversations ouvertes sur le sujet.

« Très bien, il y a quelques questions que j’aimerais poser », avais-je commencé.

« Honnêtement, Seigneur Rudeus. Je ne peux pas croire que vous soyez d’accord avec ça. », coupa Lilia, exaspérée

Paul dit alors : « Elle parle comme ça, mais elle est plutôt agressive au lit. »

« Monseigneur ! », dit Lilia en protestant.

« Ah oui, tu as bien dit que c’était elle qui t’avait abordé auparavant. Pourquoi ne pas expliquer cela un peu plus en détail ? », avais-je dit en me souvenant.

« Seigneur Rudeus ! Pourriez-vous tous les deux vous arrêter ? Mon Dieu. »

Lilia jeta un coup d’œil entre nous deux avant de parler, en soupirant. Pourtant, elle avait un sourire sur le visage.

Nous avions continué à parler après cela, jusque tard dans la nuit.

À minuit, nous avions éteint les lumières et nous nous étions installés dans nos lits. Je m’étais demandé si Paul et Lilia étaient déjà endormis. Je pouvais entendre les sons rythmés de leur respiration alors qu’ils étaient allongés tout près. Apparemment, ils n’attendaient pas que je m’endorme pour faire l’amour. Paul avait dit qu’il allait se restreindre jusqu’à ce qu’on trouve Zenith, alors peut-être qu’il tenait vraiment sa parole.

Je n’arrivais pas à dormir, peut-être parce que j’étais un peu excité par notre conversation. Je n’avais jamais rêvé qu’un jour viendrait où je pourrais expérimenter l’échange d’histoires de sexe. La vie était vraiment imprévisible.

Bref, assez parlé de ça. Il était temps de se concentrer sur ce qui se passe actuellement. Peut-être que je dansais vraiment dans la paume de la main de l’Homme-Dieu. J’en avais vraiment l’impression. Maintenant que je m’arrêtais pour y penser, la seule raison qui m’avait permis de mettre la main sur ce livre était due au fait que j’étais allé à l’université. S’il ne m’avait pas dit d’y aller et de faire des recherches sur l’incident de téléportation, je n’aurais jamais trouvé ce livre, et nous aurions dû affronter le Labyrinthe de téléportations sans son aide.

Les mots de l’Homme-Dieu semblaient toujours avoir un sens plus profond, et ceci ne faisait pas exception. Il m’avait dit que je regretterais d’être allé à Rapan et que je devrais me mettre avec Linia ou Pursena. C’était comme s’il avait fait exprès de dire des choses qu’il savait susceptibles de m’énerver. S’il ne m’avait pas dit ça, ou s’il m’avait dit d’aller sur le Continent de Begaritt, il y aurait eu de très fortes chances pour que je sois resté chez moi. J’étais rebelle avec l’Homme-Dieu, et si je relativisais, Sylphie était tout aussi importante pour moi. Bien sûr, je ne me serais pas contenté de fuir mes responsabilités. J’aurais envoyé Ruijerd, Badigadi, ou même Soldat à ma place.

Peut-être que l’Homme-Dieu avait pris tout cela en compte avant d’agir. Après tout, il m’avait envoyé dans cette école pour rassembler tout ce qui était nécessaire au sauvetage de Zenith. Qui était-il, au juste ? Et qu’est-ce qu’il voulait que je fasse ? Se pourrait-il qu’il ait vraiment aimé me regarder ?

Comme d’habitude, je n’avais aucune idée de ce qui se passait dans sa tête. Mais le fait qu’il soit mon allié n’était pas une erreur.

Je m’étais demandé s’il allait réapparaître dans mes rêves cette nuit. Son timing était toujours bien trop parfait. Si les choses se passaient bien cette fois, je devrais lui faire une sorte d’offrande. Je n’avais aucune idée de ses préférences, je ne pouvais donc pas être sûr que cela lui plairait.

Alors que je réfléchissais à toutes ces choses, je m’étais finalement endormi.

L’Homme-Dieu n’était pas apparu dans mes rêves cette nuit-là.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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