Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Arrivée

Partie 3

« Désolé, j’étais juste un peu choqué. Je savais que Geese était parti de son côté et avait envoyé cette lettre. J’ai juste pensé qu’il faudrait un certain temps avant que vous ne veniez. »

« On s’est dépêchés aussi vite qu’on a pu », avais-je dit.

Paul força alors un sourire.

« Se dépêcher est un euphémisme. »

Un mois et demi. Du point de vue de Paul, un peu plus de six mois s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient envoyé leur lettre. Était-ce considéré comme rapide ? Je suppose que oui. Normalement, il nous aurait fallu un an de plus pour arriver ici. Paul avait probablement pensé qu’ils avaient encore dix mois à attendre.

Il avait soudainement porté une main à son menton, se creusant visiblement la tête. Il avait l’air nerveux quand il me demanda, d’une voix lente et déterminée : « Alors, tu viens de dire quelque chose à propos d’avoir un enfant ? »

Oh oui, je l’ai dit. Ce n’était pas quelque chose que j’avais l’intention de lui cacher, mais peut-être était-il en colère contre moi, pensant : Pourquoi est-ce que tu t’amuses autant alors que je suis ici en train de me battre ?

J’avais construit ma réponse avec soin.

« Eh bien, si tu veux tout savoir, je me suis mariée pendant que j’étais à l’Université de Magie. »

Les sourcils de Paul s’étaient froncés : « Marié ? Avec qui ? Ah, peut-être Éris ? »

« Non, Sylphie. On s’est revus à l’université. », avais-je dit pour le corriger.

« Sylphie ? Tu veux dire celle du village de Buena ? Alors, elle était vivante, hein ? »

« Oui, mais elle a aussi eu des moments difficiles. »

Paul se caressa le menton, l’air toujours surpris. Je lui avais envoyé plusieurs lettres, mais apparemment, il ne les avait pas reçues.

« Pourrais-tu me dire exactement ce qui a conduit à ce mariage ? »

« Euh, bien sûr. Oui. Je devrais probablement aller de l’avant et faire ça. »

J’avais décidé d’expliquer ce qui s’était passé après avoir envoyé la première lettre. Comment je m’étais inscrit à l’université, et tout ce qui s’était passé depuis, jusqu’à mon mariage. J’avais choisi mes mots avec soin. Honnêtement, je n’avais que de bons souvenirs de mon passage à l’école. Il y eut des moments difficiles, mais il n’était pas exagéré de dire que j’y avais vécu les meilleurs moments de ma vie. Je m’étais fait des amis, j’avais trouvé ma femme et je m’étais beaucoup amusé.

J’avais essayé de rester aussi objectif que possible dans mon récit des événements, mais je ne pouvais pas le cacher. Je ne pouvais pas nier que j’avais passé un bon moment là-bas.

« Je vois. Donc… un enfant. Mon petit-fils… »

Je m’attendais à ce qu’il me gronde. Après tout, le fait d’avoir un enfant signifiait que j’avais fait l’acte qui avait mené à sa création à un moment où Paul travaillait désespérément pour essayer de sauver Zenith. Ce serait normal qu’il soit contrarié. Le plaisir était censé être partagé, et Paul vivait une vie d’abstinence.

Au moment où je pensais cela, la tête de Paul s’était affaissée.

« Je suis désolé. Tu es sur le point de devenir père, et pourtant il fallait que tu viennes ici parce que je ne vaux rien. »

Des excuses. De la part de Paul, en plus !

« Non, en fait, c’est moi qui me sens mal. On n’a même pas encore trouvé maman, et je continue à vivre ma vie. »

« Non, je ne peux pas du tout t’en vouloir pour ça. Après tout, j’ai aussi couché avec Lilia une fois. »

Après tout, ils étaient mari et femme, je ne voyais donc pas vraiment où était le mal.

« Je voulais attendre qu’on ait sauvé Zenith. Je suis vraiment pathétique. »

Paul baissa les yeux, comme s’il allait encore pleurer. Il était si fragile. Comme de la porcelaine.

Lilia ajouta soudainement : « On a été attaqués par une succube. On n’avait pas le choix. »

« Quand même, tu… Ahh, merde. »

Paul s’était pris la tête dans les mains tandis que les souvenirs lui revenaient.

Un succube, hein ? Dans ce cas, ce n’était pas vraiment sa faute. J’en avais rencontré moi-même, et on ne pouvait pas leur résister. Elles exposaient les coins les plus sombres de votre cœur… bien que leurs attaques puissent être annulées par une magie de désintoxication. Paul avait un guérisseur dans son équipe qui aurait dû être capable de le faire.

J’avais tourné la tête vers Shierra, qui paniqua dès qu’elle sentit mon regard sur elle.

« Je suis terriblement désolée. C’est juste que… j’étais tellement terrifiée par le capitaine. Je ne pouvais rien faire. »

« Rudy, s’il te plaît, ne la blâme pas. C’est moi qui suis en faute. »

Quand Paul était excité, il s’en prenait probablement aux femmes qui l’entouraient. Cela devait être effrayant de voir un homme comme lui submergé par la luxure — surtout si l’on considérait que Paul était le principal responsable des dégâts de leur groupe. La magie de désintoxication ne pouvait pas être exécutée à moins de toucher physiquement une personne. Ce n’était pas surprenant qu’ils n’aient pas été capables de l’immobiliser assez longtemps pour l’utiliser. Lilia avait dû s’avancer pour utiliser son corps afin de résoudre le problème.

« Oui, j’ai croisé des succubes en chemin. Je comprends à quel point elles sont terrifiantes. Tu n’aurais rien pu faire contre ça. »

« Mais Talhand n’a pas été affecté. J’étais le seul à ne pas pouvoir résister », se désespéra Paul.

En y réfléchissant, il y avait bien un autre homme dans leur groupe. Talhand était-il complètement résistant ? Comment cela avait-il pu se produire ? Difficile de croire qu’un homme puisse s’en sortir indemne. Peut-être que les ruses du succube ne fonctionnaient pas sur les nains ?

Alors que j’envisageais toutes les possibilités, Paul fixa son regard sur moi.

« Un problème ? », avais-je demandé.

Paul s’était gratté la lèvre supérieure.

« Rien, c’est juste que… Tu as l’air plus confiant et affirmé qu’avant. »

« Huh ? »

Je ne l’avais pas remarqué jusqu’à ce qu’il me le fasse remarquer. En y réfléchissant, quand avais-je commencé à parler si librement devant les gens ? J’avais l’intention de séparer mon discours décontracté de mes habitudes polies, mais apparemment, je m’y étais habitué en parlant avec Zanoba et les autres.

« Oh, oui, je m’excuse. Je serai plus prudent à l’avenir. »

« Non, ce n’est pas grave. Tu ressembles maintenant plus à un homme quand tu parles comme ça. », dit Paul en riant.

Des larmes avaient commencé à perler dans les coins de ses yeux. Elles tombèrent, puis une autre, et d’autres suivirent bientôt. Elles venaient sans prévenir, refusant de s’arrêter.

« Rudy… tu as vraiment beaucoup grandi. »

L’entendre dire cela me fit aussi pleurer. Nous étions une famille, et pourtant, nous ne savions même pas à quel point l’autre avait changé.

« Je suis désolé d’avoir été un si mauvais père. »

Silencieusement, j’avais enroulé mes bras autour de lui. Je n’avais même pas eu besoin de m’étirer, j’ai pu facilement atteindre ses épaules. À un moment donné, sans même que je m’en rende compte, nous étions devenus de la même taille.

Et juste comme ça, nous avions pleuré tous les deux ensemble.

Après un petit moment, nous nous étions éloignés. Nos retrouvailles étaient terminées. Maintenant, nous devions changer de vitesse. Il y avait encore une question à régler.

« Hmph. »

Elinalise s’était assise sur une chaise voisine, l’air complètement désintéressé. Paul s’était lentement tourné vers elle et leurs regards s’étaient croisés. Les yeux de Paul s’étaient rétrécis. Les sourcils d’Elinalise s’étaient froncés.

C’était mal parti.

« Père, Mlle Elinalise est venue de la Cité magique de Charia pour nous aider, sachant que notre famille avait des problèmes. Elle est venue même si elle ne voulait pas te voir. »

« … »

Paul s’était progressivement mis debout. Puis il s’était dirigé avec précaution vers Elinalise. Elle regarda, les mains serrées en poings, et s’était aussi levée.

« Elle s’inquiète aussi pour nous. Je sais qu’il a dû se passer beaucoup de choses dans le passé, mais par égard pour moi, pourrais-tu s’il te plaît laisser tout ça derrière toi ? »

Elinalise dévisagea Paul, elle qui était plus grande que lui d’une tête. L’air se chargea de tension. « Volatile » était le mot qui me venait à l’esprit.

Peut-être qu’ils allaient finir par se frapper. Non, peut-être qu’ils allaient essayer de se tuer ! Merde, leur relation était-elle vraiment si mauvaise ?

« Geese… »

J’avais cherché de l’aide auprès de lui, mais cet abruti s’était contenté d’un haussement d’épaules impuissant et d’un sourire exaspérant.

Cet homme ne sert vraiment à rien, avais-je pensé.

« Elinalise ? »

« Oui, qu’est-ce qu’il y a ? »

Paul se retourna vers moi, puis vers Lilia et Shierra. Il semblerait y avoir une signification derrière son regard, mais je n’arrivais pas à la comprendre.

Soudainement, il s’était mis à genoux. Puis il appuya son front contre le sol. Il rampait !

« Je suis désolé pour ce qui s’est passé à l’époque ! »

Elinalise refusa de le regarder. Elle tourna juste la tête sur le côté, fit une moue et dit, sans se moquer de lui : « Moi aussi, j’étais partiellement fautive à l’époque. »

C’était complètement inattendu. Honnêtement, j’avais pensé qu’elle allait commencer à lui lancer des malédictions.

Paul continua à se prosterner.

« Je t’ai causé beaucoup d’ennuis depuis l’incident de téléportation. Je suis vraiment désolé pour ça. »

« Ce n’est pas grave. J’avais aussi quelqu’un à chercher, c’était donc pratique. »

« Merci. »

« De rien, Paul. »

C’était la fin de tout ça. Juste comme ça. Ils avaient tous les deux un soupçon de sourire sur leurs visages. On aurait dit que le problème qui existait entre eux, quel qu’il soit, venait de disparaître. Sans effort, même si Elinalise avait auparavant longuement expliqué qu’elle ne pouvait pas lui pardonner.

« Ouf… »

Paul laissa échapper une longue inspiration, se souleva du sol et s’épousseta les genoux. Puis il leva les yeux vers Elinalise, qui lui rendit doucement son regard.

« L’âge n’a pas été tendre », dit-elle.

« Il l’a été pour toi. Tu es plus belle que jamais. », lui répondit-il d’un signe de tête.

« Oh, mon Dieu. Je dirai à Zenith que tu as dit ça. »

« Ça veut dire que je vais la voir être jalouse à nouveau. »

« C’est quelque chose que je vais certainement attendre avec impatience. »

Ils avaient tous les deux rigolé. C’était agréable de les voir comme ça. Ils peignaient une belle image ensemble : une superbe elfe et un épéiste épuisé d’âge moyen.

Je n’avais aucune idée de ce qui avait ébranlé leur amitié. Peut-être que c’était juste Elinalise qui était obstinée, et que l’affaire était en fait très banale. Ou peut-être que c’était quelque chose qui avait besoin de temps pour guérir. Quoi qu’il en soit, l’amitié était une belle chose.

« C’est quand même impressionnant que tu aies pu supporter le voyage jusqu’ici. C’est un long chemin depuis les Territoires du Nord jusqu’ici, non ? »

« Oui, ça l’est », avait-elle convenu.

« Que s’est-il passé avec ta malédiction ? Ne me dis pas que toi et Rudeus l’avez fait ensemble ? », demanda Paul sans perdre une seconde.

« Certainement pas. Je suis arrivée jusqu’ici grâce à l’outil magique de Cliff. »

Paul inclina la tête.

« Cliff ? Qui est-ce ? »

« Mon mari. »

« Ton quoi ?! »

Paul écarquilla les yeux. Puis sa voix était devenue plus forte à cause de la surprise.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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