Mushoku Tensei (LN) – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Arrivée

Partie 2

Geese tourna la tête pour chercher qui lui parlait. Il écarquilla les yeux quand il nous vit. Ce dernier marcha dans notre direction.

« Oh, hé ! Mais c’est Elinalise ! »

« Désolée de t’avoir fait attendre », dit-elle.

Geese émit un rire vide.

« Pas du tout, tu es en fait ici bien plus vite que je ne le pensais. »

Il se mit alors à sourire tout en lui tapant sur l’épaule.

« En fait, comment as-tu fait pour arriver aussi vite, hm ? Cela fait seulement six mois que j’ai envoyé cette lettre. Ahh, tu n’as pas dû la lire, hein ? J’ai dû te manquer pendant que tu voyageais. »

« Nous parlerons de ça plus tard. Qu’est-ce qui se passe avec Zénith ? », demanda Elinalise.

Son visage s’était assombri.

« Cela ne se passe pas très bien. Je t’ai envoyé cette lettre parce que je pensais que ce serait une affaire interminable. Mais, pour être honnête… On pourra aussi en parler plus tard. »

Apparemment, les choses ne se passaient pas bien, mais nous l’avions prévu. Mon espoir utopique consistant à penser qu’ils auraient tout résolu avant que nous arrivions ici s’était rapidement révélé faux.

Je les avais alors coupés : « Pour le moment, pourrais-tu nous guider vers l’endroit où est mon père ? »

Les yeux de Geese s’étaient ouverts au moment où il me regarda. Puis il commença à se gratter la lèvre supérieure.

« Oh, hey… c’est toi, n’est-ce pas, patron ? Tu as bien grandi. »

« Et tu n’as pas l’air d’avoir changé, Monsieur Geese. »

« Beurk, ça suffit. Ça me donne la chair de poule. Appelle-moi juste “le bleu” comme tu le faisais avant. »

Ahh, cet échange me rappela des souvenirs.

« Mon Dieu, vous avez l’air d’être proches tous les deux », commenta Elinalise avec amusement.

En entendant cela, Geese sourit : « Eh bien, nous avons partagé une cellule ensemble, hein, patron ? »

« En effet. Ça me rappelle des souvenirs. », avais-je dit

Ah, la nostalgie, le temps que j’avais passé complètement nu dans cette cellule du village de la tribu Doldia. C’était après avoir traversé la mer du Continent Démon au Continent de Millis, avoir été pris dans un incident de kidnapping, et traîné jusqu’à leur village. Chez les Doldia, ceux qui étaient confrontés à des crimes graves étaient dépouillés de leurs vêtements et jetés dans une cellule. On m’avait fait subir le même traitement pour le motif suivant : j’avais enlevé la Bête Sacrée et tenté de commettre des actes sexuels avec elle. C’était bien sur de fausses accusations. Qui diable essaierait d’avoir des relations sexuelles avec un chiot ? Bref, c’était là que j’avais rencontré Geese. Son crime était mineur, provoqué par sa propre cupidité. C’était un voleur très généreux.

« Ah, arrêtons de penser à ça pour le moment. Je vais vous emmener là où se trouve Paul », dit Geese tout en souriant à nouveau, alors que nous laissions la guilde des aventuriers derrière nous.

Paul logeait dans une auberge dans un coin de la ville. Le bâtiment était construit en terre et en pierre et s’adressait aux aventuriers de rang B, du moins selon les normes du Continent Démon. Il n’était ni somptueux ni délabré.

Une fois que nous étions arrivés à l’entrée, Geese nous déclara : « Écoutez bien, Paul est dans un sacré état en ce moment. Alors Elinalise, je sais que tu as beaucoup de choses à dire, mais garde-les pour cette fois. »

« Je ne peux rien promettre », avait-elle répondu en secouant la tête.

Geese força un sourire et haussa les épaules, laissant les choses en l’état. Pourtant, c’était bien d’Elinalise dont il s’agissait. Elle n’allait pas soudainement devenir hostile et agressive.

« Toi aussi, patron. Ne commence pas à te battre comme tu l’as fait la dernière fois, compris ? Je suis sûr que tu as beaucoup de choses à dire, mais… essaie de ne pas trop lui en vouloir, d’accord ? »

Pour que Geese se lance dans un si long préambule, il devait vraiment être dans un sale état. De plus, j’avais déjà vu Paul quand il était faible et qu’il fuyait ses problèmes. Je devais juste me préparer mentalement à quelque chose de similaire.

Bien que son apparence puisse suggérer le contraire, Paul n’était pas le plus résistant mentalement. Si quelque chose de grave arrivait, il sombrait immédiatement dans la dépression. Je n’irais pas jusqu’à le qualifier d’épave émotionnelle, mais il n’avait pas la résilience nécessaire pour faire face à de gros revers. Je pensais qu’il redeviendrait aussi sûr de lui que lorsque nous vivions au village Buena une fois que nous aurions trouvé Zenith, mais qui sait ?

C’était une étape essentielle. Je devais être suffisamment ouvert d’esprit pour que les gens m’appellent Bouddha Rudeus.

« OK, entrons », dit Geese.

Nous étions donc entrés.

Il n’y avait pas de porte, seulement un rideau qui séparait l’intérieur de l’extérieur. Le premier étage de l’auberge était comme tous les autres que j’avais vus, avec des tables pour manger. Les matériaux utilisés pour construire ces tables étaient différents, tout comme leur disposition, mais à part cela, c’était la même chose.

J’avais reconnu Paul en un coup d’œil. Sa moitié supérieure était renversée sur le dessus d’une table.

« Ah… ! »

Quelqu’un haleta lentement.

C’était Lilia, debout juste à côté de Paul. Même sur ce continent, elle portait toujours son uniforme de femme de chambre. Ses cheveux normalement soignés avaient poussé, et son visage était hagard d’épuisement. Pourtant, elle s’était éclairée lorsque nos regards s’étaient croisés. Elle s’était inclinée vers moi et avait immédiatement donné un coup de coude dans le dos de Paul.

La femme qui était assise juste en face de Paul s’était levée. Elle regarda mon visage et recula de plusieurs pas, puis baissa soudainement la tête. Son corps était recouvert d’une robe. Mais c’était qui déjà : Vierra ou Shierra ? J’étais presque sûr qu’elle était Shierra. Je l’avais rencontrée à Millishion, elle était comptable, non ?

Son visage était lourd d’épuisement. Tous les visages l’étaient.

J’avais pris son siège, me plaçant directement en face de Paul.

« Maître, le Seigneur Rudeus est venu », annonça Lilia.

« Hm… ? »

Amadoué par ses conseils, Paul leva lentement la tête. Il avait des cernes sous les yeux. Son corps tout entier était décharné et émacié. Il avait l’air terrible, mais il n’y avait pas de barbe autour de sa mâchoire et ses cheveux étaient plutôt bien entretenus. Et il n’était plus imprégné de la puanteur de l’alcool.

Pourtant, je pouvais dire qu’il était à bout de nerfs. J’étais finalement content d’être venu. En voyant l’état dans lequel il était, je me disais que c’était la bonne décision.

« Rudy… ? »

« Père. Ça fait longtemps. »

Il me regarda fixement, les yeux hébétés et non focalisés. Presque comme s’il n’était pas complètement réveillé. Non, peut-être qu’il avait dormi. Sombrant dans l’inconscience alors qu’il était affalé sur la table.

Cela faisait si longtemps que nous ne nous étions pas vus. La dernière fois, il avait crié et m’avait réprimandé. Même s’il s’était senti acculé à ce moment-là, je lui avais rendu la pareille, et ça avait fini en bagarre.

Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, j’étais le Bouddha Rudeus.

« Huh ? C’est bizarre, je vois Rudy. Ha ha, quoi de neuf, Rudy ? Ça fait si longtemps. Tu as l’air de bien te porter. Comment vont Norn et Aisha ? », demanda-t-il, le visage sombre et couvert.

Honnêtement, sa réaction n’était pas celle à laquelle je m’attendais. Je pensais qu’il serait comme avant, ivre et fuyant ses problèmes. Avec une flasque dans une main, me criant dessus.

« Euh, je me suis occupée d’elles. Elles vivent dans la Cité Magique de Charia en ce moment. Elles se portent bien. Et juste au cas où, je les ai laissés aux soins de personnes de confiance. »

« OK, oui, ça se comprend. Toujours aussi fiable, Rudy. Ah, comment vas-tu, au fait ? Vas-tu bien ? »

« Oh, oui… je suppose que oui. »

Il avait souri, désinvolte et insouciant. Un sourire qui ne correspondait pas aux circonstances, comme s’il avait perdu tout courage.

« Bon, eh bien, c’est bien. C’est le plus important. »

Il n’y avait pas de vie dans ses yeux. Peut-être que son esprit s’était éteint et qu’il n’était plus qu’une coquille vide. J’avais jeté un regard nerveux à Geese, mais il avait simplement hoché la tête de manière sinistre.

Sérieusement ? Voici ce qu’était devenu Paul maintenant ?

« Rudy… »

Paul s’était levé et tituba autour du bord de la table vers moi. Puis il me serra dans ses bras.

« Je suis… un salaud sans espoir. »

Je lui avais rendu son étreinte en silence.

Peut-être qu’il était sans espoir. Peut-être qu’il ne redeviendrait jamais ce qu’il était. J’avais du mal à y croire, surtout au moment où il avait un petit-enfant en route. Mais tout irait bien maintenant que j’étais là. Je ferais quelque chose pour réparer ça. C’était la raison pour laquelle j’étais venu.

« Je ne peux pas sauver ta mère. Je ne peux même pas tenir les promesses que j’ai faites. J’ai aussi complètement échoué en tant que père. Je suis vraiment un salaud sans espoir. »

« S’il te plaît, ne t’inquiète pas. Je suis là maintenant. Les choses vont s’arranger. »

« Argh… Rudy, tu es vraiment devenu grand, hein ? »

Il me serra les épaules très fort. Ça faisait un peu mal, mais je ne me plaignais pas.

« C’est vrai. Je vais bientôt avoir un enfant moi aussi. Alors, laisse-moi faire le reste et prends le temps de te détendre. »

« Hein ? Un enfant ?! »

Un cri étranglé s’échappa de la gorge de Paul et la lumière revint dans ses yeux.

« Q-Quoiiii ?! »

Il avait l’air complètement désemparé en tapotant ses mains contre mon visage.

« Attends, tu es vraiment mon fils ? »

« C’est bien moi. »

« Alors ce n’est pas un rêve ? »

« Et je ne suis pas non plus sorti de nulle part. », dis-je en plaisantant.

« Oui, c’est bien toi. »

Il cligna alors des yeux plusieurs fois, puis regarda autour de lui.

Les yeux de Lilia avaient rencontré les siens.

« Bonjour, Maître. »

« Oh, c’est toi, Lilia. Combien de temps ai-je dormi ? »

« Depuis que le Seigneur Talhand est parti faire des courses, donc environ une heure. »

« Bon, je suppose que je n’étais encore qu’à moitié réveillé. »

Il secoua la tête et s’étira.

Ah-ha, il était donc juste à moitié endormi, pensais-je. Ce n’était donc pas une coquille vide. Bien. J’étais trop jeune pour être coincé à veiller sur mon vieux père.

Paul reprit son siège et se tourna vers moi. Puis, comme si on refaisait toutes les retrouvailles, il demanda : « Rudy, pourquoi es-tu là ? »

« Je te l’ai déjà dit. Je suis venu pour aider. »

« Non, ce n’est pas ce que je veux dire. »

J’avais secoué la tête. J’avais anticipé cette question. Nous avions déjà eu une confusion de communication similaire et cela avait tourné à la dispute, mais cette fois, tout irait bien. J’avais vu sa lettre, et Norn et Aisha étaient sous ma responsabilité.

« Tout va bien. Norn et Aisha vont bien aussi. On s’occupe d’elles », avais-je dit, répétant ce que j’avais déjà dit il y a un instant.

« O-oh, ok. »

Paul semblait confus. Il tendit la main pour tapoter mon corps à nouveau, presque comme s’il vérifiait que j’étais bien là.

« Non, mais… je veux dire…, n’es-tu pas arrivé ici trop vite ? »

« Nous avons pris un moyen de transport assez unique. Je suis sûr que je devrai te l’expliquer quand il sera temps de rentrer à la maison. »

« Unique, hein ? Eh bien, te connaissant, je suppose que c’est possible. »

Paul avait l’air abasourdi en baissant les épaules, la bouche toujours béante.

« Eh bien, pour que tout soit clair, pourquoi ne me dis-tu pas ce qui s’est passé après que Geese ait envoyé cette lettre ? »

« Euh, non, attends. Je suis un peu perdu. »

« Très bien. Pourquoi ne pas boire un peu d’eau afin d’essayer de se calmer ? »

J’avais utilisé ma magie de terre pour conjurer une tasse, ma magie d’eau pour la remplir, puis je l’avais passée à Paul.

Il la prit volontiers et engloutit le liquide. Une fois qu’il eut terminé, il poussa un gros soupir.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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