Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 8 – Partie 4

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Chapitre 8 : Adieux

Partie 4

J’étais immédiatement retourné voir Elinalise.

Nous pouvions donc faire ce voyage beaucoup plus rapidement que prévu. C’était une nouvelle fantastique. Elle en serait bien sûr ravie. Mais nous devions aussi modifier complètement nos plans. Le voyage ne devait plus durer qu’un mois et demi. Nous pourrions même être en mesure d’amener Cliff avec nous pour cela !

En me frappant les joues pour m’empêcher de sourire comme un idiot, j’avais ouvert la porte du laboratoire de Cliff… et j’avais été accueilli par quelque chose qui ressemblait à une peinture Renaissance de Vénus.

« Je suis désolé, Rudeus ! Je ne peux finalement pas y aller ! »

Elinalise se prélassait, vêtue seulement d’une couverture. Et elle avait apparemment perdu tout son sang-froid.

Ses membres fins et élégants et sa poitrine drapée avec goût avaient certes un certain charme classique, mais je n’avais aucune envie de l’exposer dans un musée. Je n’avais jamais été un grand amateur d’art. Il m’était néanmoins venu à l’esprit qu’elle ferait une figurine plutôt sexy.

Cliff était assis, affalé dans un coin de la pièce, ressemblant un peu à une momie égyptienne. Il avait un grand sourire sur le visage, mais il était visiblement dans les vapes. En fait, il ressemblait plus à un chef-d’œuvre qu’à son petit ami. Quel titre donnerais-tu à une statue comme celle-ci ? La mort bienheureuse ?

« Je ne peux pas supporter d’être séparée de Cliff pendant deux ans ! Je sais que c’est horrible de ma part, mais je ne le ferai pas ! », glapit Elinalise.

Hmm. Bon. On dit que les femmes sont davantage guidées par leurs émotions, non ?

« Je veux dire, si tu y vas, alors il n’y a pas besoin que je t’accompagne aussi. Ton père et moi ne sommes même pas en bons termes. Il ne voudrait probablement pas voir mon visage ! Ne devrais-je plutôt pas rester pour protéger ma petite-fille enceinte ? », bredouilla-t-elle.

« … »

Il était difficile de se rappeler que c’était la même femme qui m’avait sévèrement dit que je devais attendre ici pendant qu’elle s’occupait de tout. J’avais fait de mon mieux pour ne pas la juger trop sévèrement. Elle revenait à la réalité après un séjour au paradis, c’est tout.

« Bon, d’accord, Elinalise. Le truc, c’est que je viens de trouver un moyen de faire l’aller-retour en seulement trois mois, mais… »

« Hein ?! »

Elinalise s’était figée un instant, me fixant d’un air incrédule.

« De quoi parles-tu, Rudeus ? »

J’avais vérifié que Cliff dormait toujours, puis je m’étais penché pour chuchoter à l’oreille d’Elinalise.

« Donc en fait, Nanahoshi — »

« Ah ! Non, pas mes oreilles ! Elles sont sensibles… »

« Peux-tu vraiment faire attention, s’il te plaît ? »

« Je plaisantais, mon cher. »

J’avais montré le journal à Elinalise et lui avais donné une explication rapide, en insistant sur le fait que Nanahoshi nous avait fait jurer de garder le secret. Elle l’avait feuilleté plusieurs fois, sans pouvoir cacher son étonnement.

« Est-ce qu’on peut vraiment y arriver aussi vite… ? »

« C’est vrai. Si on fait comme ça, je pourrais même revenir à temps pour voir naître mon enfant. »

« … Cela pourrait marcher. »

Un voyage de six semaines était loin d’être aussi long. Elinalise semblait s’être remise en mode planification, à en juger par le sérieux avec lequel elle scrutait le journal.

« Oh, très bien. Dans ce cas, je vais quand même venir. », dit-elle après un moment.

Encore un changement d’avis soudain, hein ?

J’avais cependant bien compris où elle voulait en venir. Deux ans, c’était vraiment long.

« Vu que cette route est plus rapide, nous pourrions emmener Cliff », avais-je dit.

« … Non, on le laisse derrière nous. »

« Es-tu sûre ? »

« Je doute qu’il puisse garder ça pour lui s’il apprend l’existence de ces cercles de téléportation. »

Vraiment ? Cliff n’était-il pas un gars raisonnablement digne de confiance ? Mais bon… il était probablement du genre à laisser échapper des secrets sans même le vouloir. Ouais, c’était probablement mieux de garder le moins de personnes possible au courant. Plus il y avait de gens dans le coup, plus il y avait de chances que le mot se répande.

De plus, des problèmes nous attendaient à Rapan. Nous voulions nous présenter avec un petit groupe d’élite de personnes expérimentées.

Si j’avais dû emmener quelqu’un d’autre, j’aurais préféré quelqu’un comme Ruijerd. C’était à la fois un combattant puissant et un homme très discret. Badigadi m’avait aussi traversé l’esprit. Il était vivant depuis des milliers d’années, il était donc très possible qu’il connaisse déjà les cercles de téléportation. Et comme il semblait bien connaître Orsted, il serait facile de lui expliquer la situation.

Malheureusement, je n’avais vu aucun de ces deux-là depuis un certain temps. Personne d’autre ne m’était venu à l’esprit comme candidat probable. Zanoba était peut-être fort dans une bagarre, mais il n’était pas un voyageur expérimenté.

… En y réfléchissant, si nous avions des problèmes là-bas, nous pourrions toujours revenir et obtenir plus d’aide. Il valait donc mieux jouer la sécurité pour le moment, puisque nous ne connaissions pas notre itinéraire. Mais une fois que nous aurions fait le voyage, il ne serait pas si difficile de revenir et d’aller chercher quelques alliés supplémentaires. Nous devrions leur parler des téléporteurs, mais c’était mieux que de ne pas atteindre notre objectif.

Le voyage n’était évidemment pas court. Mais même si nous devions attendre trois mois les renforts, c’était au moins une option viable.

« Très bien. On partira donc juste tous les deux. »

« D’accord. Finissons-en avec ça et rentrons chez nous aussi vite que possible. »

Au moins, Elinalise semblait être de nouveau à bord. Pour l’instant.

Finalement, j’étais rentré à la maison pour l’annoncer à Sylphie.

Après l’avoir réunie avec Aisha et Norn dans le salon, je lui avais tout de suite annoncé la nouvelle.

« Je pense que je vais quand même aller aider mes parents. »

Sylphie émit un petit son de surprise, et une expression anxieuse traversa son visage. Je l’avais apparemment prise au dépourvu.

Mais au bout d’un moment, elle secoua la tête comme pour la clarifier, puis hocha sérieusement la tête.

« OK, je comprends. Je vais m’occuper des choses ici. »

« Je suis désolé de disparaître comme ça si soudainement, même si j’ai promis de ne pas le faire », avais-je dit.

« Tu ne romps pas ta promesse, Rudy. Ce n’est pas soudain, et tu ne disparais pas. »

Sylphie m’avait souri, mais cela semblait forcé. Peu importe ce qu’elle disait, il était évident qu’elle avait du mal à accepter la situation. Ça me faisait mal au cœur rien que de la regarder.

« Uhm, combien de temps penses-tu être parti ? Environ deux ans, non ? »

« Non. Nanahoshi m’a montré un moyen d’y aller en utilisant un cercle de téléportation. Je pense que je devrais être de retour avant l’arrivée du bébé. »

J’avais déjà pris la décision de lui parler de la téléportation. Si je ne pouvais pas faire confiance à Sylphie pour garder un secret, je ne pouvais faire confiance à personne.

« Hein ? ! Tu vas te téléporter là-bas ? Est-ce sans danger ? »

Elle était visiblement effrayée. L’anxiété était visible sur son visage une fois de plus.

Il était somme toute logique qu’elle soit inquiète. Nous avions tous deux beaucoup perdu à cause de l’incident de déplacement.

« Je ne peux pas encore en être sûr. Mais Nanahoshi semble avoir utilisé ces cercles personnellement dans le passé, donc je pense que tout ira bien. », dis-je.

« O-ok… »

Sylphie semblait toujours inquiète. Je l’avais donc attirée contre moi et j’avais murmuré la suite à son oreille.

« Ne t’inquiète pas. Je reviendrai, quoi qu’il arrive. »

« Bien sûr. »

« Désolé pour tout ça. »

« C’est bon… »

En tournant la tête, j’avais parlé à l’une de mes sœurs, qui se tenait à proximité.

« Aisha. »

« Euh, oui… ? »

Son expression était encore plus incertaine que celle de Sylphie en ce moment.

« Puis-je te confier les choses ici ? »

« Je… pense que oui. Maman m’a appris à m’occuper des femmes enceintes. »

« Si ça devient trop pour toi, demande de l’aide à tous ceux que tu peux. Ne sois pas timide, et n’essaie pas de tout faire par toi-même. Tu es une enfant talentueuse, mais tu es encore inexpérimentée. Tourne-toi vers les adultes quand tu as besoin de conseils. »

« D’accord. »

Aisha hocha la tête sérieusement. C’est vrai que je me sentais un peu nerveux à ce sujet, mais tout se passerait probablement bien. Il n’y avait pas de solution parfaite ici.

« Norn. »

« Oui, Rudeus ? »

« Si Sylphie et Aisha sont débordées, essaie de les aider, s’il te plaît. Peut-être, simplement leur parler quand elles se sentent stressées. Tu sais à quel point c’est dur de faire face à ce genre de choses tout seul, hein ? »

« Bien sûr ! »

« Et essaie de suivre tes études pendant que je ne suis pas là. »

« Je ferai de mon mieux ! »

Norn semblait très déterminée à jouer son rôle correctement. Espérons qu’elle n’aura pas à se battre avec Aisha.

Eh bien, alors. Qu’est-ce que ça laisse ? Y a-t-il autre chose que je dois leur dire ?

« … Oh, c’est vrai. Peut-être que nous devrions décider d’un nom pour l’enfant avant que je ne parte. »

J’avais prévu de rentrer à temps, mais on ne savait jamais ce qui peut arriver. Ça ne pouvait pas faire de mal de régler ça à l’avance.

Quel genre de nom serait le mieux ? Les gens ont tendance à aimer les noms « cool » ici, donc… hmm. Si c’était une fille, peut-être Ciel ou Sion… Si c’était un garçon, peut-être Nero ou Wallachia…

Nan, ce n’était pas un jeu vidéo.

On s’appelait Rudeus et Sylphie, donc on pouvait combiner des parties de nos noms. Peut-être quelque chose comme Sirius si c’était un garçon, ou Lucie pour une fille. Mais ça faisait un peu cliché… Je devrais peut-être demander conseil à Paul.

Après avoir réfléchi à tout cela pendant quelques secondes, j’avais finalement remarqué que tout le monde me regardait avec des expressions étranges sur le visage.

« R-Rudy… tu veux donner un nom au bébé ? »

« Pourquoi dis-tu une chose pareille ? »

« Rudeus… »

Elles semblaient sincèrement choquées. Aisha avait même des larmes qui montaient aux yeux. L’idée était-elle si étrange ? Je ne me souvenais d’aucune règle interdisant de nommer les enfants avant leur naissance.

« Si tu nommes un enfant avant de partir en voyage, tu ne reviendras jamais à la maison… »

Sylphie avait l’air plus anxieuse que jamais. Apparemment, j’avais trébuché sur un « drapeau de la mort » propre à ce monde. Un de ceux dont je n’avais aucun souvenir.

Non, attends. Je m’en souvenais maintenant. C’était à propos de ce truc de l’histoire de Perugius ?

Un des compagnons de Perugius était un mage de feu de niveau empereur nommé Feroze Star, connu sous le nom de « l’homme chanceux ». Feroze décida de donner un nom à son fils à naître avant de partir au front, au cas où il ne reviendrait pas sain et sauf, et choisit de donner son propre nom au garçon. Dans la bataille qui suivit, Feroze fut vaincu par le Roi-Démon Ryner Kaizel, et il mourut en pensant à l’enfant qu’il ne rencontrerait jamais. Son fils, héritant de l’héritage de son célèbre père, devint à son tour un magnifique magicien.

C’était du moins ce qu’on racontait. J’avais aussi entendu une version où le gamin s’avérait être un bon à rien. Quoi qu’il en soit, l’histoire était si connue que tout le monde pensait désormais que donner un nom à un enfant à naître avant de partir en voyage entraînerait un terrible désastre. Ce n’était pas comme si cette décision avait réellement causé la mort de Feroze, bien sûr, mais les gens pouvaient être superstitieux sur ces choses.

« Euh, ok, alors. Tu penses qu’on devrait attendre que je revienne ? »

« Je-je ne sais pas… Peut-être… »

« Mais je veux avoir en quelque sorte mon mot à dire, tu sais ? Et il y a toujours le pire des scénarios… »

« Ne parle même pas de ça, Rudy. »

« C’est vrai. Désolé. »

On parlait quand même de mon premier enfant. Ça ne semblait pas encore tout à fait réel, mais je voulais au moins participer au choix du prénom.

« Ahem. »

Aisha s’était éclairci la gorge de manière significative. Elle était clairement venue avec une sorte de proposition.

« Que dis-tu de ça, cher frère ? Si l’enfant naît avant ton retour, nous l’appellerons temporairement Rudeus Junior. Une fois que tu seras rentré, tu choisiras un nom plus approprié. On peut faire de Rudeus son deuxième prénom, comme le célèbre Dieu du Nord Kalman. »

Rudeus Junior, hein ? Eh bien, il n’était pas trop inhabituel de donner à un enfant le nom de ses parents dans ce monde. Et si on choisissait Lucie, ça donnerait quelque chose comme Lucie Rudeus Greyrat…

Ça ne me paraissait pas si mal. Il était vrai que c’était un peu gênant, car j’associais toujours ce genre de noms aux aristocrates fortunés, mais cela semblait plus courant ici.

Hm ? Eh, Attendez une seconde.

Et si c’était une fille, et que je ne revenais jamais ? Elle serait coincée avec Rudeus Junior pour toujours ? Et si on se moquait d’elle ? Si elle devenait un petit monstre furieux qui devait battre tout le monde pour défendre son nom stupide ?!

J’avais essayé de me convaincre que c’était peu probable. Le monde n’avait pas besoin d’un autre « chien fou ».

… Eh bien, peu importe. C’était une raison de plus pour rentrer à la maison sain et sauf.

« Je suppose que c’est bon. Sylphie… ? »

« Oui ? »

« Uhm… »

J’avais l’impression d’avoir plus à lui dire, mais je n’arrivais pas à trouver les bons mots. J’avais l’impression que tout ce que je pourrais dire aurait l’air étrangement sinistre.

« Viens ici. »

Au lieu de ça, je m’étais approché d’elle et j’avais mis mes mains sur ses épaules.

« Huh ? Ah… »

Après un moment de confusion, celle-ci ferma les yeux, leva son menton et croisa ses mains devant sa poitrine. En fait, elle tremblait un peu. Ce n’était pas exactement une première pour nous, mais je n’étais pas sûr que nous l’ayons déjà fait de manière aussi cérémonieuse.

J’avais jeté un coup d’œil à mes sœurs. Aisha se penchait en avant avec impatience. Norn avait couvert son visage avec ses mains, mais regardait quand même entre ses doigts.

Je leur avais adressé un rapide clin d’œil. Norn avait instantanément fermé ses mains sur ses yeux, mais Aisha m’avait répondu par un clin d’œil heureux. Quelle petite coquine. Voulait-elle vraiment voir une scène de baiser à tout prix ?

Eh bien, ça ne pouvait pas faire de mal de lui faire plaisir juste pour cette fois. C’était une occasion spéciale.

J’avais embrassé Sylphie profondément tout en écoutant ma petite sœur couiner doucement de plaisir.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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