Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 8 – Partie 1

***

Chapitre 8 : Adieux

Partie 1

Le Continent de Begaritt était une île massive, il fallait donc traverser la mer pour l’atteindre. Et ma destination spécifique, la Cité-Labyrinthe de Rapan, était située près de la côte est.

Il y avait deux routes possibles que je pouvais prendre. La première consistait à me rendre à Port Est, la principale ville portuaire du Royaume du Roi Dragon, et à y prendre un bateau. Ce ne serait pas la route la plus directe, mais elle me permettrait d’entrer dans Begaritt par l’est, réduisant ainsi le nombre de voyages que j’aurais à faire sur ce continent. C’était l’option la plus sûre.

L’autre possibilité était de prendre un bateau depuis le Royaume d’Asura, ce qui m’amènerait sur la côte nord du continent. Cela impliquerait de couper à travers le territoire de Begaritt, ce qui rendrait le chemin plus dangereux, mais cela me permettrait de gagner du temps.

D’après mes estimations, le premier plan me prendrait 18 mois et le second environ 12 mois. Même le plan le plus efficace ne me permettrait pas de faire l’aller-retour dans les sept prochains mois. Je manquerais la naissance de mon enfant, quoi qu’il arrive.

Mais c’était évidemment loin d’être ma seule préoccupation.

Pour une fois, j’allais ignorer les conseils de l’Homme-Dieu. Le connaissant, il devait savoir que je n’allais pas être d’accord avec lui, mais je n’avais jamais fait exactement le contraire de ce qu’il recommandait auparavant. C’était comparable à… comme si j’avais entièrement évité le Royaume de Shirone en traversant le Continent Central. Lilia et Aisha seraient toujours captives là-bas, et je n’aurais jamais rencontré Aisha. Je suppose que cela m’aurait quand même empêché de rencontrer Orsted.

Où serais-je maintenant si les choses s’étaient passées ainsi ? Nous aurions probablement atteint le camp de réfugiés sans trop de problèmes. Mais les choses auraient quand même pu se terminer aussi mal avec Éris. Et dix ans plus tard, j’aurais peut-être découvert où étaient Lilia et Aisha, à mon grand regret.

Oui. Il avait dit que je regretterais ça aussi. Il l’avait répété les deux fois où j’en avais parlé avec lui.

En se basant sur ça, les raisons n’avaient probablement rien à voir avec mon timing. Peu importe quand j’allais à Begaritt, je finirais par avoir de nouveaux regrets. Mais je ne pouvais pas dire ce qu’ils seraient. Je pouvais imaginer toutes sortes de possibilités. Je pourrais finir par perdre quelque chose. Comme une de mes mains, peut-être… ou un de mes parents.

Il n’y avait pas de raison de perdre du temps à y penser. Si je n’y allais pas, je serais coincé ici à attendre anxieusement pendant au moins deux ans. Au final, je pourrais apprendre que quelqu’un que j’aimais est mort. Paul ou Geese pourraient se montrer, meurtris et blessés, et me reprocher de les avoir abandonnés.

Tout pouvait arriver, mais je devais y aller. Même si je savais que je le regretterais.

Mais avant toute chose, j’avais décidé de parler de ma décision à Elinalise. Si je commençais par Sylphie et qu’elle fondait en larmes, ma détermination pourrait vaciller. Je voulais m’endurcir en annonçant d’abord la nouvelle à mes amis.

J’avais demandé à Elinalise de me rejoindre dans une salle de classe vide sur le campus.

Quand je lui avais dit ce que je prévoyais, celle-ci fit une grimace de mécontentement.

« Écoute, Rudeus. Ne t’ai-je pas dit de rester ici ? »

« Si, tu l’as fait. Mais je… »

« Tu sais, il y a toujours une chance que Geese ait sautée aux conclusions. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Tu connais l’homme, Rudeus. Il réfléchit rarement avant d’agir. Ce ne sont que des pressentiments et des intuitions avec lui. »

Eh bien, elle n’avait pas tort à ce sujet. Geese aimait aussi garder les faits pour lui, et il n’était pas au-dessus de la manipulation des gens.

« La lettre pourrait être l’un de ces cas. Pour ce qu’on en sait, il y a déjà une autre lettre en route vers nous, qui dit : “Ne tenez pas compte du dernier message, Zénith est en sécurité”, ou quelque chose du genre. », poursuivit Elinalise.

« Oui. L’idée m’a traversé l’esprit. »

Il y avait une chance que nous allions là-bas pour découvrir que Paul avait déjà sauvé ma mère. On pourrait même se rater sur la route. C’était possible, mais…

« Réfléchis-y une seconde. N’est-ce pas étrange que Geese sache où me trouver ? », avais-je dit.

« … Quoi ? »

« J’ai envoyé une lettre à Paul il y a un an et demi, lui disant où je vivais. Geese était sur le Continent Begaritt il y a six mois, au moins. Quand a-t-il appris que nous étions dans cette ville maintenant ? Comment nous a-t-il envoyé ces lettres ? »

Se rendre à Begaritt prenait environ un an à un voyageur, et même les lettres ne se déplaçaient pas aussi rapidement. Ce n’était pas comme les textos sur votre téléphone. Il fallait compter six mois minimum, même avec un service de livraison express. Les dates ne correspondaient pas.

« Le seul moyen pour que Geese puisse savoir où je suis est qu’il ait rencontré mon père et les autres. Ils ont dû lui dire où nous étions. »

« Alors pourquoi est-ce Geese qui nous a écrit, et pas Paul ? »

« Soit Geese a décidé d’envoyer la lettre tout seul, soit la fierté obstinée de mon père s’y est opposée. »

« Oh. Je vois… »

Elinalise porta une main à son menton, en réfléchissant à la question.

Dans la dernière lettre de Paul, il m’avait assuré qu’il pouvait s’occuper tout seul du sauvetage de Zénith. Il lui aurait été plus difficile de me demander de l’aide, même s’il en avait eu besoin.

Elinalise m’avait étudié pendant quelques instants et avait laissé échapper un « Hmm » réfléchi. Mais finalement, elle hocha la tête.

« Très bien, alors. Je suppose que nous irons ensemble. »

Je ne savais pas exactement à quoi elle avait pensé, mais son sourire était un peu triste. J’avais eu le sentiment qu’elle s’attendait à moitié à ce que les choses se terminent ainsi.

Nous allions voyager ensemble sur le continent de Begaritt, tous les deux.

Une heure plus tard, on s’était retrouvés.

« Bien. Commençons par décider de notre itinéraire, d’accord ? »

Elinalise était retournée brièvement dans sa chambre pour récupérer une grande carte du monde. Elle l’avait probablement achetée il y a quelques jours pour préparer son voyage. Tous deux l’avaient étalée sur une table, puis s’étaient penchés dessus pour examiner nos options.

La carte était assez grossière. Elle n’indiquait pas les noms de routes spécifiques ou l’emplacement de nombreuses villes. Elle indiquait simplement la forme des continents, les principales chaînes de montagnes et d’autres caractéristiques géographiques de base.

Elinalise avait manifestement passé du temps à étudier les routes possibles. De petites marques sur la carte indiquaient l’emplacement approximatif de Rapan et les lieux importants que nous devions traverser en chemin. Comme je l’avais prévu, il y avait deux approches possibles.

« Pour commencer, je pense que nous voulons arriver à Rapan le plus rapidement possible. »

Elinalise désignait la route la plus courte, qui nous mènerait d’Asura au côte nord du continent.

« Mais la route du nord est plus dangereuse, non ? », avais-je demandé.

Cette approche comportait toutes sortes de risques. Nous ne connaissions pas les routes de Begaritt, et nous devions parcourir presque toute la longueur d’un Continent dangereux. J’avais confiance en ma capacité à tuer des monstres, mais une terre inconnue pouvait encore receler de nombreux dangers.

« Je crois me souvenir que tu peux parler la langue du Dieu Combattant, Rudeus. »

« Huh ? Eh bien, oui. Mais je ne suis pas vraiment à l’aise. »

« Dans ce cas, nous pouvons simplement engager un guide et des gardes du corps une fois arrivés. »

« Ah, je vois… »

Grâce aux nombreuses années d’expérience d’Elinalise sur la route, nous nous étions rapidement mis d’accord sur notre itinéraire de base. Cela fait, nous étions passés à la planification des détails de notre voyage.

Tout d’abord, nous avions acheté des chevaux ici à Ranoa et les avions chargés avec juste assez de provisions pour nous rendre au Royaume d’Asura. Nous ne voulions pas apporter trop de choses, car cela nous ralentirait. Nous remplacerons nos chevaux quand ce sera nécessaire et les conduirons aussi loin que possible jusqu’à ce que nous atteignions le port d’Asura.

Une fois là-bas, nous achèterions de l’équipement et des provisions. Les denrées alimentaires étaient difficiles à trouver à Begaritt, même quand on avait de l’argent à dépenser. Les prix à Asura étaient peut-être plus élevés, mais il était sage de faire des provisions quand on en avait l’occasion.

Et dès que nous aurions tout ce dont nous avons besoin, nous prendrions le prochain bateau pour Begaritt. Là, nous engagerons un guide, et éventuellement des gardes du corps si cela semblait prudent. Elinalise s’occuperait de ces négociations tandis que je ferais office d’interprète. Après cela, nous laisserions notre guide nous conduire à la ville de Rapan. Une fois là-bas, nous retrouverions Paul et les autres, nous sauverions Zénith, et nous prendrions le même chemin pour rentrer chez nous.

« J’ai fait le voyage jusqu’à Asura plus d’une fois, ce ne sera donc pas un problème. Le seul souci est de choisir ce que nous allons apporter avec nous à Begaritt… », dit Elinalise pensivement.

Nous ne pourrions pas transporter tout ce que nous voudrions. Un chariot aurait pu résoudre ce problème, mais Begaritt était apparemment couvert de déserts, et les roues des chariots ne sont pas très bonnes sur le sable. Nous aurions probablement dû acheter un destrier comme le lézard que j’avais utilisé sur le Continent Démon. Peut-être qu’ils avaient des sortes de chameaux.

« Je pense néanmoins que tu peux me laisser ces détails. J’ai plus d’expérience dans ce domaine », a-t-elle dit.

« La vieillesse a ses avantages, hein ? »

« Ne me provoque pas, s’il te plaît. »

J’avais passé cinq ans en tant qu’aventurier, mais comparé à un vétéran comme Elinalise, j’étais encore un jeune homme. J’avais fini par lui laisser la plupart des décisions difficiles à prendre.

« Heureusement, nous sommes toutes les deux en assez bonne forme. Nous devrions être capables de nous pousser à bout quand c’est nécessaire. », déclara Elinalise.

« Oui, je suppose que c’est vrai… »

J’étais persuadé qu’Elinalise pourrait marcher toute la journée dans le désert, mais pas tout à fait aussi certain que je serais capable de la suivre. J’avais continué à m’entraîner, mais il y avait une chance que je la ralentisse un peu.

Néanmoins, cela ne me semblait pas être trop problématique.

« En tout cas, c’est pratique qu’ils élèvent des chevaux pour les voyages longue distance dans cette région. Nous devrions être en mesure de trouver des options très appropriées. »

Notre objectif initial était d’atteindre le port d’Asura en deux mois. Il était difficile de dire combien de temps prendrait la traversée vers Begaritt, mais nous avions estimé à un mois. Aucun de nous n’était allé sur le continent lui-même, mais le terrain était apparemment difficile. Nous avions donc prévu six mois supplémentaires pour atteindre notre destination.

Au total, nous devions compter environ huit mois pour un aller simple.

C’était plus rapide que ce que j’avais estimé. Je sentais qu’il y avait peut-être moyen de réduire encore le temps en utilisant ma magie de manière créative, mais je ne voulais pas risquer de nous ralentir avec des expériences d’amateur. Le plus important était d’y arriver en un seul morceau.

Nous avions passé un peu plus de temps à discuter d’autres détails dont nous devions être conscients pendant notre voyage. Elinalise avait éclairci quelques points que je n’avais pas compris avec une précision remarquable et nous avait fait prendre plusieurs décisions à l’avance pour éviter tout désaccord sur la route. C’était agréable de savoir que nous n’allions pas perdre de temps à nous disputer sur ce qu’il fallait faire une fois en route.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

  2. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire