Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : Le troisième tournant

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Chapitre 7 : Le troisième tournant

Partie 1

Il y a des cas où la vie vous tombe dessus rapidement.

Par un agréable matin d’été, je faisais ma routine d’entraînement habituelle et je me sentais plutôt bien. Je n’avais pas vu Badigadi depuis des mois, mais je n’étais pas trop inquiet. L’homme étant de nature impulsive, il n’y avait donc pas lieu de s’inquiéter pour lui.

C’était d’ailleurs ce qu’Elinalise disait toujours. Et cela s’était avéré exact jusqu’à présent.

Lorsque j’avais terminé et que j’étais rentré dans la maison, j’avais trouvé Aisha et Sylphie dans le couloir avec des expressions sérieuses sur le visage. Elles s’étaient retournées pour me regarder au moment où j’avais franchi la porte.

« Oh… »

« Rudy… »

Quelque chose dans l’atmosphère qui régnait ici me rendait nerveux. Avions-nous un problème à régler ?

« Err… Haha, wow. Ça me rend plus nerveuse que je ne le pensais… », dit Sylphie en se grattant l’arrière de ses oreilles avec un sourire gêné.

« Il n’y a aucune raison d’hésiter, Sylphie ! Vas-y ! Sois courageuse ! », dit Aisha

Ma femme s’était avancée. Après un moment d’hésitation, elle croisa ses mains devant son ventre et parla.

« Eh bien, Rudy. En fait, ça fait… deux mois maintenant. Depuis mes dernière, euh, tu sais… »

Ses dernières… ? Oh. Oh, wôw.

« Et, eh bien, je ne me sentais pas très bien ces derniers temps, et je commençais à me demander. »

Je n’avais pas pu m’empêcher de regarder le ventre de Sylphie. Il n’avait pas l’air différent en ce moment. Était-ce vraiment en train de se passer ?

« Alors je suis allée avec Aisha chez le médecin du quartier, et… ils ont dit, euh, félicitations. »

« Oh… Ohhh… »

Ma voix tremblait. Tout comme mes mains. Et mes jambes, d’ailleurs.

Félicitations ? Elle était enceinte ? On allait vraiment avoir un enfant. Ce n’était pas un rêve ?

Je me fis un pincement de ma joue expérimental qui me fit grimacer. Cette théorie avait donc raison.

J’avais avalé bruyamment.

Mais oui, bien sûr. Pourquoi ne serait-elle pas enceinte ? J’étais un homme qui pouvait faire bouger les choses quand je m’y mettais vraiment. Cela avait toujours fait partie du plan. Je ne m’attendais pas à ce que ça arrive si vite, puisque tout le monde disait que les elfes avaient du mal à tomber enceintes.

J’étais un peu surpris, c’est tout.

« Uhm, Rudy… une idée ? »

Sylphie me regardait avec anxiété. Je n’étais pas sûr de ce que je devais dire. Tout ça était si soudain.

« Je peux, euh… toucher ton ventre ? »

« Huh ? Err, bien sûr. Vas-y. »

Je m’étais baissé et j’avais caressé le ventre de Sylphie. Il était encore mince, sans graisse supplémentaire que je pouvais sentir. Sa peau était chaude au toucher et étonnamment douce. En d’autres termes, c’était comme d’habitude. Mais en me concentrant bien, j’avais eu l’impression de sentir un léger soupçon de bosse.

C’était probablement juste mon imagination, non ? L’enfant ne serait pas encore si grand.

« Bien… Notre enfant est ici… »

Lorsque j’avais prononcé ces mots à voix haute, j’avais senti une soudaine poussée d’émotion monter en moi. Quel était ce sentiment ? J’avais dû réprimer l’envie de me mettre à crier de façon incohérente.

Mon enfant était en cours de création. J’allais être papa.

Ça ne semblait pas encore réel. Mais ça me rendait quand même incroyablement heureux.

Est-ce que « heureux » était le bon terme ? Le mot semblait si inadéquat. Qu’est-ce que je ressentais en ce moment ? Pourriez-vous même l’exprimer avec des mots ?

« Mon cher frère ? N’y a-t-il rien que tu veuilles dire à ta femme ? »

Les mots d’Aisha m’avaient ramené à la réalité.

« Muh ? »

Quelque chose que je dois dire ? Comme quoi ? Des félicitations ? Non, ça ne peut pas être ça.

Je devrais peut-être la remercier. Oui, ça sonne mieux.

« Merci, Sylphie. »

« Huh ? »

Sylphie avait souri, mais elle avait l’air un peu perplexe. Avais-je mal deviné ? Quelle était la réponse, alors ? J’avais cherché un indice dans ma mémoire. Qu’avait dit Paul à Zenith, quand nous avions découvert que Norn allait arrivée ? Quelque chose comme « Bien joué », non ? Ou peut-être « Beau travail ! »

Je n’aimais pourtant pas beaucoup ces options. Pensait-il que les femmes ne tombaient enceintes que si elles essayaient vraiment fort ou quelque chose comme ça ? Peut-être. Peut-être qu’il était aussi stupide.

… Enceinte, hein ? Oui. Sylphie est enceinte. J’ai mis cette douce et belle fille enceinte. Je l’ai fait, moi.

Plus j’y pensais, plus mes émotions menaçaient de me submerger. Je commençais à avoir les larmes aux yeux.

« Je suis désolé… Je ne, euh… pense pas savoir quoi dire. Désolé, Sylphie… »

« Oof ! Uhm, Rudy ? »

Au lieu de continuer, j’avais jeté mes bras autour de Sylphie. Je voulais la soulever dans les airs et la faire tourner plusieurs fois pour faire bonne mesure, mais ce n’était pas le moment pour ça. Elle avait un bébé dans son ventre. Je devais être très, très doux avec elle.

« Hehehe. Tu voulais vraiment des enfants, non ? »

Ma femme m’avait également entouré de ses bras et avait commencé à me taper dans le dos.

Je l’avais serrée encore une fois doucement, puis je l’avais finalement relâchée. En reculant, j’avais regardé dans ses yeux. Je pouvais voir mon visage s’y refléter, et ce n’était pas beau à voir. Des larmes coulaient sur mes joues.

Sylphie ferma les yeux. Je l’avais embrassée et j’avais caressé ses cheveux, appréciant la douceur de ses lèvres. Voilà à quoi ressemblait l’amour, non ?

« Ahem. »

Aisha s’était raclé la gorge, me rappelant que nous n’étions pas seuls dans la pièce. J’avais commencé à tripoter les seins et les fesses de Sylphie sans même m’en rendre compte.

« Mon cher frère, nous devons être doux avec la maîtresse de maison pendant un moment. Tu vas devoir t’abstenir de… rapports sexuels pour le moment. »

Elle a raison. Méchant Rudeus ! Méchant !

Peu importe à quel point ma femme était adorable, je devais me contrôler à partir de maintenant. Mais bon… elle était enceinte de moins de deux mois, non ? Et on l’avait fait tous les trois jours jusqu’à maintenant. Ça ne ferait probablement pas de mal de continuer un peu…

Non ! Non. Reste concentré, mec.

« Oui, bien sûr. »

Aisha sourit et souleva l’ourlet de sa jupe légèrement vers le haut.

« Si tu es désespéré, je suis toujours disponible pour prendre le relais. »

« Pas la moindre chance, ma petite. »

Elle fit alors une petite moue à ce sujet. C’était gentil de sa part de proposer et tout, mais même en mettant de côté toutes les questions morales, je n’étais tout simplement pas attiré par elle. Et ça me convenait bien. La dernière chose dont j’avais besoin était de détruire mon mariage en jouant avec la bonne.

« Dans ce cas, c’est réglé, cher frère, je vais aller informer la Princesse Ariel de ce développement. Je pense que Mlle Sylphie devra mettre son travail en suspens pendant un certain temps. »

Je n’y avais même pas pensé, mais elle avait raison. Vous ne voudriez pas qu’une femme enceinte travaille comme garde du corps. Sylphie allait avoir besoin d’un congé.

« Je vais y aller. Je devrais vraiment expliquer la situation moi-même. », avais-je dit.

Aisha m’avait regardé en soupirant : « Rudeus, tu dois vraiment rester avec Sylphie pour le moment. Vous avez beaucoup de choses à vous dire, non ? »

C’est vrai ? Oh, oui. Je suppose que oui. Après tout, cette nouvelle change tout.

« Ceci étant réglé, je vais y aller maintenant. »

« D’accord. Ok. Merci, Aisha. »

Ma petite sœur quitta la maison de bonne humeur, nous laissant seuls, Sylphie et moi.

Quelques minutes plus tard, nous étions tous les deux assis l’un à côté de l’autre sur le canapé.

J’avais prudemment tendu la main pour prendre celle de Sylphie. Elle serra la mienne en retour et appuya sa tête contre mon épaule. Nous n’avions rien dit pendant un moment.

Et honnêtement, je ne savais pas trop par où commencer.

Les seuls mots qui me venaient étaient des variantes de « J’assumerai la responsabilité de mes actes ». Mais comme on était déjà mariés, ça n’avait pas beaucoup de sens.

« Uhm, Sylphie… »

« Oui, Rudy ? »

« Je sais que ça va être dur, mais… on va le faire ensemble. »

« Eh bien, je pense que je vais faire le plus gros du travail. »

En riant doucement, Sylphie s’était allongée sur le canapé et avait posé sa tête sur mes genoux. J’avais utilisé ma main libre pour lui caresser la tête et frotter derrière ses oreilles.

« Hey, Rudy. »

« Oui ? »

« Tu veux un garçon ou une fille ? »

La question m’avait pris par surprise. J’avais presque oublié qu’il y avait deux sortes de bébés.

« Je veux dire, ce n’est pas comme si nous pouvions vraiment choisir », ajouta Sylphie en souriant doucement.

Hmm. Lequel serait le mieux ?

Peut-être qu’un garçon serait bien, juste pour avoir un héritier dans la famille ? Mais ce n’était pas comme si j’étais à la tête d’une sorte de clan féodal. Nous pourrions tout transmettre à une fille tout aussi facilement… même si nous n’avions pas beaucoup de fortune à hériter pour le moment.

Dans mon ancienne vie, j’aurais probablement dit « Une fille ! » avec un sourire effrayant sur le visage. J’aurais peut-être même suggéré que nous prenions des photos d’elle tous les jours pour enregistrer sa croissance vers l’âge adulte. Quel homme stupide j’étais !

Mais pour l’instant, je ne trouvais aucune raison de préférer l’un à l’autre. Tant que c’était un enfant heureux et en bonne santé, j’étais satisfait de l’un ou l’autre.

« Tu sais, Rudy, je suis un peu soulagée. »

« Pourquoi ? »

« J’ai l’impression d’être vraiment ta femme maintenant. »

« … »

Tout comme dans mon ancien monde, avoir des enfants était la raison majeure pour laquelle les gens se mariaient ici. Sylphie avait probablement été un peu anxieuse à ce sujet, puisqu’il était plus difficile pour son peuple de tomber enceinte. Bon, ce n’est évidemment pas comme si je l’aurais quittée pour quelque chose comme ça.

« Quoi qu’il en soit, je suppose que ça va être un peu dur pour toi aussi, hein ? Puisqu’on ne peut pas, euh, le faire pendant un moment. », dit-elle.

« Hey, je vais surmonter ça. »

Je pourrais supporter une période de sécheresse dans ces circonstances. Contrairement à certains vieux hommes que je pourrais mentionner.

« N’hésite pas à me virer de la maison pour de bon si je vais coucher avec une autre femme, d’accord ? Je le mériterais », avais-je dit.

« … Oh, je ne pense pas que je serais si en colère. Peut-être un peu triste. Mais je comprendrais. »

Vraiment ? Ça semblait être une réaction terriblement douce. Je n’allais cependant pas la trahir. Je savais que je me sentirais comme une merde totale si elle me trompait.

« Pour être honnête, je pense que je serais contrarié si tu sortais avec un autre gars », avais-je avoué.

Sylphie s’était mise à rire doucement et à sourire. C’était une expression qu’elle ne portait que devant moi. Personne d’autre ne pouvait la voir. Et ça me rendait vraiment heureux.

Nous avions passé un moment tranquille ensemble.

***

Partie 2

Le soir, Aisha était revenue à la maison avec Norn à ses côtés.

« F-Félicitations, Sylphie », dit Norn en s’inclinant poliment.

« Merci, Norn », dit Sylphie en souriant et en lui tapant sur la tête.

Norn sourit à son tour. Elle n’avait pas l’air d’être dérangée par les caresses autant qu’on pourrait le croire. Peut-être qu’elle aimait ça, si cela venait de la bonne personne. En tout cas, c’était agréable de les voir s’entendre si bien toutes les deux.

« Tout le monde voulait venir te féliciter, mais je les ai convaincus de reporter leur visite de quelques jours », dit Aisha d’un ton calme.

Elle avait apparemment supposé que je voulais garder cette occasion familiale intime pour aujourd’hui.

Je ne me rappelais pas avoir suggéré quoi que ce soit de ce genre, mais cela semblait assez raisonnable. Sylphie serait probablement un peu gênée ou accablée d’avoir beaucoup de gens qui la félicitent tous en même temps. Il valait mieux lui laisser quelques jours.

« La princesse Ariel a indiqué que Mlle Sylphie devrait prendre une pause de ses fonctions pendant au moins deux ans. Elle a également dit qu’elle s’arrangerait pour obtenir un congé de l’école. La grand-tante Elinalise s’est portée volontaire pour assumer les fonctions de garde du corps de Sylphie pendant cette période. »

« Est-ce que grand-mère va vraiment s’en sortir ? Je veux dire, elle a cette malédiction et tout… »

« Elle m’a assuré qu’elle pouvait s’en sortir, Madame. Je ne m’inquiéterais pas pour elle. »

Elinalise savait comment prendre soin d’elle, et elle avait cet outil magique maintenant. De plus, elle pouvait toujours attirer Cliff dans une salle de classe ou une salle de stockage vide si elle avait besoin de s’occuper pendant les heures de cours.

« Le prince Zanoba a dit qu’il nous rendrait visite dans cinq jours, dans la soirée. Il veut dîner avec nous, alors je vais préparer les choses pour cela. La princesse Ariel passera dans dix jours, également le soir, mais elle a indiqué qu’elle ne dînerait pas avec nous. Cliff et grand-tante Elinalise nous accompagneront lors de cette visite. Mademoiselle Linia et Mademoiselle Pursena ont indiqué qu’elles passeraient un jour, mais je n’ai pas de détails sur la date de leur visite. Mlle Nanahoshi vous a adressé un bref message de félicitations à tous les deux. Je n’ai pas pu trouver le Seigneur Badigadi, mais j’ai laissé un message pour lui. »

Aisha avait énuméré toute la liste de nos amis rapidement et efficacement, d’un ton stable. C’était comme si nous avions une secrétaire personnelle ou quelque chose comme ça. Cette fille était vraiment bonne dans son travail.

« Entendu. Merci de l’avoir fait savoir à tout le monde, Aisha. »

« Bien sûr, cher frère. »

Aisha regarda Norn avec un sourire fier sur le visage. Norn rencontra son regard avec un froncement de sourcils.

Aisha semblait toujours prendre un certain degré de joie malicieuse à montrer sa sœur comme ça. Il y avait un conflit persistant entre elles concernant leurs positions dans la famille. Je disais toujours à Aisha qu’elle était une membre de la famille à part entière, et que cela n’avait pas d’importance si elle avait une mère différente… mais elles se disputaient toujours constamment, pour les choses les plus mineures.

On disait que se disputer avec quelqu’un pouvait être un signe de la proximité de l’autre. C’était probablement bien de laisser faire les choses, tant que cela ne se transformait pas en une guerre froide. De plus, elles ne se disaient jamais rien de vraiment cruel quand elles se disputaient.

« Je dois cependant dire que Papa va probablement être choqué quand il va arriver et découvrir que j’ai un enfant qui arrive. », avais-je murmuré.

« Oh, oui ! », dit Norn, son visage s’illuminant à la mention de Paul.

Elle aimait vraiment son père. Je la voyais bien mettre « épouser mon papa » sur sa liste de rêves pour l’avenir.

« Je ne peux pas attendre. J’aimerais tant voir la tête qu’il fera ! »

« Il est du genre à gâter ses petits-enfants, alors je parie qu’il sera ravi. Il était aussi très gentil quand vous êtes nées. », avais-je dit.

Aisha et Norn avaient l’air un peu déconcertées pendant un moment. Aucune d’entre elles n’avait de souvenirs de cette époque.

« Eh bien, de toute façon ! J’ai vraiment hâte d’y être, Rudeus ! », annonça Norn.

Ces mots inhabituellement gais firent naître un sourire sur tous les visages.

Sylphie et moi étions heureux en ménage. Paul, Zénith et Lilia seraient bientôt avec nous. Et mes petites sœurs étaient aussi là. C’était la vie dont j’avais rêvé à l’époque du village de Buena, et elle était à portée de main.

La mauvaise nouvelle était arrivée deux mois plus tard.

J’avais reçu une lettre, datée de six mois dans le passé. Elle avait été envoyée par courrier express. L’expéditeur s’appelait Geese. Et le contenu, comme d’habitude avec les lettres express, était très bref.

« On a des difficultés à secourir Zénith. Demande de l’aide. »

À l’instant où je vis ces mots, le monde devant moi devint tout blanc.

*****

Quand j’étais revenu à moi, je m’étais retrouvé dans un espace blanc pur. J’étais redevenu l’immonde personnage que j’étais auparavant, et j’avais senti une vague de colère et de ressentiment m’envahir.

J’avais fixé d’un air renfrogné la figure qui se trouvait devant moi. C’était l’Homme-Dieu souriant, dont le visage n’était rien d’autre qu’un flou.

« Hé, toi. »

Qu’est-ce qui se passe, bon sang ?

« De quoi parles-tu ? »

Cette lettre. Celle de Geese. Il dit que le sauvetage ne se passe pas bien. C’est quoi le problème ?

« Eh bien, je suppose que ça veut dire que le sauvetage ne se passe pas bien. Qu’est-ce que tu veux de moi ? »

Mais ce n’est pas ce que tu m’as dit ! Tu as dit que je le regretterais si j’allais sur le continent de Begaritt ! Qu’est-ce que c’était, alors ? Est-ce que tu m’as menti ? !

« Non, bien sûr que non. Tu le regretteras si tu vas sur le continent de Begaritt. C’était vrai à l’époque, et c’est toujours vrai maintenant. »

Ah, maintenant je vois. J’ai compris. Je le regretterais si je me rendais sur le continent de Begaritt, mais je le regretterais aussi si je ne m’y rendais pas. Est-ce ça que tu voulais dire depuis le début ?

« Oh, je n’en sais rien. Tu n’étais pas trop malheureux de ta vie hier, non ? Tu t’es fait beaucoup d’amis ici. Tu as rencontré beaucoup de gens intéressants, et tu as beaucoup grandi. Ta maladie a été guérie, tu t’es lié d’amitié avec tes petites sœurs, tu t’es même marié ! Et maintenant, tu as un enfant qui arrive. »

… Oui, ma vie n’est pas si mal en ce moment. Mais ce n’est pas la question ! Tu m’as dit de ne pas aller à Begaritt ! Tu m’as trompé !

« Je ne l’ai pourtant vraiment pas fait. Laisse-moi me répéter une fois de plus : si tu vas sur le continent de Begaritt, tu le regretteras certainement. »

Quoi ? Mais ma famille a des problèmes ! Dis-moi au moins pourquoi !

« Je ne peux pas faire ça, j’en ai peur. »

Ce n’est pas vrai ! J’aurais dû m’en douter. Tu es toujours comme ça !

« Tu es terriblement dur aujourd’hui. Mes conseils ont toujours été utiles, non ? »

Peut-être, mais ça ne change rien au fait que tu m’as trompé cette fois. Écoute, peux-tu au moins me donner quelques détails ? Qu’est-ce que je vais finir par regretter ? Je ne peux pas prendre cette décision sans connaître les risques et les récompenses !

« La plupart des gens doivent pourtant prendre leurs décisions à l’aveugle. Tu es terriblement exigeant. »

Je m’en fiche si je suis déraisonnable. Je ne veux pas regretter mes choix.

« Eh bien, si tu y réfléchis vraiment, quelques-unes des conséquences devraient être évidentes. Tu as passé la dernière année et demie en tant qu’étudiant, non ? Et tes petites sœurs ont passé un an à voyager jusqu’ici. Si tu étais allé à Begaritt à la place, tu n’aurais rien eu de tout ça. »

Quoi ? Mais Paul a envoyé mes sœurs ici parce qu’il a vu ma lettre. Si je ne lui avais pas écrit, elles seraient restées à Millis ou auraient attendu à Port Est.

« Ce n’est pas vrai. Même s’il n’avait pas reçu ta lettre, Paul aurait envoyé ses enfants au Royaume d’Asura. Tu te rappelles que Lilia a de la famille là-bas ? »

… Bien sûr. Je suppose que tu as raison.

« Les choses ne sont franchement pas si différentes maintenant. Disons que tu pars en voyage demain. Qu’est-ce qui arrive à Sylphie et à ton enfant ? Tu prévois de la laisser ici, toute seule, pendant que tu te balades à l’autre bout du monde ? »

Donc en gros, j’aurai des regrets quoi que je fasse.

« Naturellement, j’ai bien peur qu’il soit impossible d’éviter d’avoir des regrets. Si tu vas à Begaritt, tu vas rater au moins une occasion en or. De mon point de vue, il vaut mieux rester sur place. »

Tch.

Eh bien… si tu es si sûr de toi, je pense que je vais probablement finir par le regretter. Bon…

« Bon. Bien, alors, tu veux entendre mon conseil ? »

Oui, bien sûr. Je suppose que ça ne peut pas faire de mal.

« Ahem. Rudeus, reste à Ranoa jusqu’à la prochaine saison des amours. Linia et Pursena te poursuivront de manière agressive. Choisis l’une d’elles et entame une relation avec elle. Tu seras plus heureux au bout du compte. »

C’est quoi ce bordel ? Tu me dis de tromper ma femme maintenant ?! Je suis heureux avec Sylphie ! Et ces deux-là ne sont que de bons amis, bon sang !

Ses derniers mots résonnant dramatiquement dans l’air, l’Homme-Dieu disparut. Et j’étais retombé dans l’inconscience.

*****

Je m’étais réveillé et je m’étais retrouvé dans mon lit. Sylphie me regardait avec de l’inquiétude sur le visage.

« Oh, Rudy ! Tu vas bien ? Tu gémissais dans ton sommeil. »

« Oui, je vais bien… »

Que s’était-il passé après que j’ai reçu cette lettre ? Je ne me souvenais plus très bien des détails. Je me rappelais avoir fixé la page avec stupeur, mais rien d’autre que mon rêve.

Les choses s’étaient passées trop facilement ces derniers temps. Je suppose que le choc m’avait frappé de plein fouet.

La lettre de Geese était alarmante. Quelque chose avait manifestement mal tourné. Pourtant, j’avais les mots de l’Homme-Dieu à considérer. Si je me mettais en route maintenant, il y avait une chance que ma famille et moi nous croisions sur la route et que je perde quelques années de ma vie.

C’était peut-être trop optimiste, mais… il y avait une chance que Geese ait juste envoyé cette lettre dans un moment de panique. Je veux dire, ce n’était pas Paul qui m’avait écrit. C’était Geese. Mon compagnon de cellule à tête de singe.

Pourquoi m’aurait-il écrit une lettre comme celle-là ? Parce qu’il essayait aussi de sauver Zénith ? Mais Paul ne l’avait pas mentionné dans sa dernière lettre. Il semblait probable que Geese ait trouvé Zenith tout seul.

La lettre avait été écrite il y a six mois. Il était possible qu’il ait été seul et se soit senti impuissant à l’époque, mais qu’il ait rencontré Paul et les autres depuis. Peut-être avait-il même envoyé une lettre similaire à Paul. Ils avaient peut-être uni leurs forces et sauvé ma mère quelques semaines plus tard.

***

Partie 3

Tout cela n’était, bien sûr, que des suppositions. Je n’avais absolument aucun moyen de savoir ce qu’il en était réellement. Pas à une telle distance.

Il fallait aussi penser à l’enfant de Sylphie. Quelle que soit la vitesse à laquelle on voyageait, il fallait une bonne année de voyage pour atteindre le Continent de Begaritt. Je connaissais la route menant à Port Est pour l’avoir empruntée lors de mon dernier grand voyage, il était donc possible de réduire considérablement la durée du trajet. Mais même si je parvenais à y arriver en six mois, je ne serais pas de retour à la maison avant au moins un an.

Ça n’allait pas marcher, hein ? Je ne pouvais pas laisser ma femme enceinte toute seule pour partir à l’aventure.

« C’est à propos de cette lettre, n’est-ce pas ? »

« … »

Je ne pouvais pas me résoudre à répondre. J’avais promis à Sylphie que je ne disparaîtrais pas à nouveau. Je lui avais donné ma parole.

Techniquement, ce ne serait pas « disparaître » si je lui expliquais tout avant. Mais c’était juste de la sémantique. Même si on en parlait avant - ou si je lui laissais une lettre détaillée — ce serait toujours angoissant pour elle d’être abandonnée.

« Euh, Rudy… tu n’as pas besoin de trop t’inquiéter pour moi, ok ? Aisha est là pour prendre soin de moi. »

Il y avait juste une pointe d’angoisse sur le visage de Sylphie. Elle était évidemment anxieuse. C’était sa première grossesse. Son ventre grossissait déjà de jour en jour. Tôt ou tard, il lui serait difficile de monter et descendre les escaliers. Et il y avait une chance que je puisse mourir pendant ce voyage. Je pourrais ne jamais lui revenir.

Elle avait combattu cette peur pour prononcer ces mots.

« … Je ne vais nulle part. Je reste avec toi, Sylphie », avais-je dit.

Au moment où j’avais dit ça, elle se mit à sourire, même si elle semblait encore un peu troublée.

Les mots de l’Homme-Dieu continuaient de s’attarder dans mon esprit. Quel que soit le choix que je fasse, avait-il insisté, je finirais par le regretter.

Les trois jours suivants avaient été longs et difficiles.

Chaque fois que je les voyais, Sylphie, Aisha et Norn avaient un air anxieux. Je leur avais déjà dit que je n’allais pas sur le Continent de Begaritt, mais plus j’y pensais, plus je me sentais incertain. J’étais déchiré entre mes deux choix, et il n’y avait pas beaucoup de personnes vers qui je pouvais me tourner pour avoir des conseils.

La première, Elinalise, avait hoché la tête lorsque je lui avais fait part de mes intentions.

« Je pense que c’est sage, Rudeus. Tu ferais mieux de rester derrière pour cette fois. »

La façon dont elle avait formulé cela m’avait surpris. Cela suggérait qu’elle avait d’autres plans.

« Tu vas y aller, Elinalise ? »

« Sylphie est ma petite-fille, Rudeus. C’est normal que j’accepte ce travail, pour son bien autant que pour le tien. »

Apparemment, elle avait elle-même reçu une lettre identique. Et contrairement à moi, elle était prête à partir, même si cela signifiait laisser sa vie ici derrière elle.

« N’es-tu cependant pas censée garder la princesse Ariel ? »

« Il y a très peu de danger réel pour sa vie tant qu’elle est inscrite dans cette école. En toute honnêteté, je ne faisais pas grand-chose. »

C’était probablement vrai la plupart du temps, mais on ne savait jamais quand les choses pouvaient prendre une tournure dangereuse. C’était tout l’intérêt d’avoir des gardes du corps. Mais bien sûr, c’était à Ariel de prendre cette décision, et Elinalise s’était essentiellement portée volontaire pour faire ce geste. Je doute que la princesse s’oppose à ce qu’elle fasse marche arrière.

« Et Cliff ? »

« Je vais devoir le quitter. Il risque de me détester à jamais, mais je n’ai pas vraiment le choix. »

« Pourquoi ne pas au moins lui expliquer la situation ? Je suis sûr qu’il comprendra. »

Elinalise secoua la tête avec un sourire mélancolique. Cela ne ressemblait pas vraiment à son rictus habituel.

« Cliff est un jeune homme au cœur pur. Il a du talent, de la volonté et une vision. Je ne serais pas surprise qu’il devienne le pape un jour. Il est préférable qu’il se souvienne de moi comme d’une simple aventure de jeunesse. »

Eh bien, ça me faisait sentir mal pour le gars.

Les membres de l’église de Millis devaient rester fidèles à une seule personne. Si Elinalise disparaissait, cela pourrait ébranler les fondations mêmes de la foi de Cliff. C’était quelqu’un de volontaire, mais il était difficile de savoir ce que la perte de sa religion pourrait lui faire.

« Et aussi… C’est moi qui t’ai dit de rester ici la dernière fois. C’est donc à moi qu’il incombe de réparer ce désordre, tu ne crois pas ? »

Les mots d’Elinalise étaient si fermes et clairs que je m’étais retrouvé à ne plus savoir quoi dire.

Prenant apparemment cela pour un accord, celle-ci avait hoché la tête.

« Tu me laisses ça et tu attends ici, mon cher. Je veux voir un arrière-petit enfant heureux qui m’attendra à mon retour. »

Il était clair que rien de ce que je pourrais dire ne la ferait changer d’avis.

J’avais ensuite demandé conseil à Zanoba. Son expression n’avait même pas changé pendant que je lui racontais l’histoire.

« Je vois. Je suis sûr que tu vas régler cette affaire assez facilement et que tu seras de retour assez rapidement. Je vais rester ici et poursuivre mes recherches, mais j’espère que tu reviendras aussi vite que possible. », avait-il dit calmement.

« Je pensais que tu me demanderais de ne pas y aller, Zanoba, ou bien que tu exigerais que je t’emmène. »

Quand nous nous étions séparés au Royaume de Shirone, il avait pleuré et s’était accroché à moi. Une partie de moi avait espéré quelque chose de similaire. Mais cette fois, son attitude était très différente.

« Si tu souhaites que je t’accompagne, je ne pourrais refuser. Mais je ne suis pas habitué aux longs voyages, et je crains d’être un fardeau. Et bien sûr… Je ne pourrais pas emmener la petite dans un tel voyage. », dit-il en jetant un coup d’œil à Julie.

Julie était encore une jeune enfant. La laisser ici aux soins de Ginger était une option, mais cela signifiait mettre leurs études et leurs recherches en suspens. Et si elle venait à la place, il serait dangereux qu’elle continue à s’épuiser en utilisant tout son mana.

« Penses-tu que je devrais y aller, Zanoba ? »

« C’est à toi de décider, Maître. »

Il avait l’air presque dédaigneux maintenant. J’avais espéré un vrai conseil…

« Cependant, si je peux faire une observation ? », dit-il.

« Hmm ? »

« La naissance d’un enfant ne nécessite pas la présence d’un père. Si tu es inquiet pour tes parents, pourquoi ne pas leur venir en aide ? Je garantirai la sécurité de ta femme et de tes sœurs en ton absence. »

Il y avait une réelle conviction dans les paroles de Zanoba. Il était logique que la royauté ait un point de vue différent sur ce genre de choses. La plupart des rois ne se précipitaient probablement pas pour assister à l’accouchement de leurs concubines.

« Je préférerais bien sûr t’avoir constamment à mes côtés, mais le choix t’appartient. », dit-il.

« Tu as raison, Zanoba. Merci pour le conseil. »

Sylphie n’était pas seule ici. Elle avait Aisha, Zanoba, et la suite de la Princesse Ariel.

Elle n’était pas seule. Nous n’étions pas seuls.

Finalement, que devrais-je faire ? Rester ou partir ?

Elinalise voulait que j’attende ici pendant qu’elle partait seule à Begaritt. Zanoba voulait que je m’en aille, en laissant les affaires ici entre ses mains. Quel chemin avait le plus de sens ? Où avait-on le plus besoin de moi en ce moment ?

La logique de Zanoba semblait saine. Tant que Sylphie restait en bonne santé, tout irait bien. Ma présence n’allait pas faire de différence. Pourtant, cette attitude ne me convenait pas. Je n’étais pas un roi, et je ne voulais pas agir comme tel. C’était évidemment mieux pour Sylphie de m’avoir ici, pour lui apporter un soutien émotionnel.

Sylphie m’avait encouragée à y aller, et m’avait dit de ne pas m’inquiéter… mais c’était sa première grossesse. Au fond de moi, je savais qu’elle devait être terrifiée. Elle luttait probablement contre l’envie de s’effondrer et de me supplier de ne pas partir.

C’est moi qui lui avais dit que je voulais des enfants, encore et encore. Je n’étais peut-être pas si sérieux à l’époque, mais elle l’avait manifestement pris au sérieux. Et maintenant qu’elle était enceinte, je pensais la laisser derrière moi pendant que je voyageais à l’autre bout du monde. J’avais ressenti ça comme une sérieuse trahison.

D’un autre côté… je devais admettre que je repoussais ma responsabilité d’aider Paul depuis longtemps maintenant. J’avais fait passer mon propre bonheur en premier pendant des années. J’avais donné la priorité à la résolution de mes problèmes de « performance » plutôt qu’à la recherche de ma mère.

Peut-être que c’était un appel au réveil. Peut-être qu’il était enfin temps pour moi de payer les pots cassés.

… Je n’arrivais pas à me décider. Les deux options me coûteraient cher.

C’était maintenant le quatrième jour après l’arrivée de la lettre. J’avais passé la plupart de ce temps à ruminer mon dilemme. Je ne dormais pas bien, et je n’arrivais pas à me motiver pour faire ma routine d’entraînement habituelle ce matin-là. J’étais resté assis au premier étage, les yeux fatigués, à ne rien faire de particulier.

Les matinées étaient fraîches ici, même en été, et je me sentais vraiment léthargique. Pendant un moment, j’avais juste regardé le soleil se lever.

« … Oh ! »

Au bout d’un moment, j’avais entendu un petit cri de surprise derrière moi. En me retournant, je vis que notre porte d’entrée était ouverte, et que Norn se tenait devant. Elle avait un grand sac sur le dos, le même que j’avais utilisé à l’époque où j’étais un aventurier. Il était plein à craquer.

Elle se préparait manifestement à un long voyage. Mais comme elle n’avait que dix ans, on aurait plutôt dit qu’elle allait faire un pique-nique ou autre chose.

Pendant un long moment, je l’avais regardée en silence. Norn avait évité mon regard. Elle avait l’air d’une enfant qui venait d’être prise en flagrant délit de farce.

« Où est-ce que tu vas ? »

« … »

Norn n’avait pas répondu, alors je m’étais répété.

« Où vas-tu, Norn ? »

Se mordant la lèvre, elle me regarda finalement dans les yeux.

« Eh bien… si tu ne vas pas aider, Rudeus, je suppose que je dois y aller à la place. »

J’avais étudié son visage pendant un moment. Aller où ? Elle ne pouvait pas sérieusement parler du continent de Begaritt ?

Norn était encore si petite. C’était d’une enfant de dix ans dont nous parlions ici.

« … »

Il n’y avait aucune chance que ce sac contienne tout ce dont elle avait besoin pour ce voyage. Elle avait probablement de l’argent, mais savait-elle comment le dépenser intelligemment ? Savait-elle même quelle route elle allait prendre ? Comment comptait-elle faire face aux dangers qu’elle rencontrerait en chemin ? Elle pourrait se faire kidnapper par des esclavagistes à la minute où elle mettrait le pied hors de cette ville.

« Norn, je ne peux pas te laisser faire ça », avais-je dit.

« Mais je… je… Rudeus, s’il te plaît ! Maman et papa ont des problèmes ! »

Elle pleurait maintenant, mais elle gardait ses yeux fixés sur les miens.

« Pourquoi… pourquoi ne vas-tu pas les aider ? »

Pourquoi ? Eh bien, parce que j’allais bientôt avoir un enfant. Je devais penser à ma femme.

« Tu es bien plus fort que moi, Rudeus ! Tu sais comment voyager ! Pourquoi n’y vas-tu pas ?! »

Elle n’avait pas tort. Je n’étais pas aussi expérimenté qu’Elinalise, mais j’avais passé cinq ans sur la route en tant qu’aventurier. J’avais au moins le savoir-faire. Et même s’il y avait beaucoup de gens plus puissants que moi, je pouvais me défendre dans un combat.

Tel que j’étais aujourd’hui, je pourrais probablement réussir à traverser le Continent Démon même sans l’aide de Ruijerd.

« … »

C’était vrai. Je pouvais le faire si je le voulais.

Cela faisait des jours que je pesais le pour et le contre d’y aller, mais c’était parce que je pouvais me permettre de choisir. Norn n’avait pas eu ce choix. Elle voulait aller aider, mais elle ne pouvait pas. Moi, d’un autre côté, j’avais la capacité d’atteindre le Continent de Begaritt, d’aider nos parents, et de revenir sain et sauf.

C’était la raison pour laquelle Geese m’avait envoyé cette lettre et pas quelqu’un d’autre.

« Ok, Norn. Tu as raison. »

« R-Rudeus ? »

Il y avait d’autres personnes qui pouvaient s’occuper de Sylphie pour moi. Mais j’étais le seul à pouvoir aller sauver mes parents.

Ça devait être moi. Je pouvais traverser le Continent de Begaritt jusqu’à la ville de Rapan. Je pouvais résoudre les problèmes que Paul et les autres avaient rencontrés. Il n’y avait personne d’autre à qui je pouvais confier cette tâche.

« Je vais y aller. Peux-tu t’occuper de la maison pour moi ? »

Le visage de Norn s’était éclairé. Mais un instant plus tard, elle serra les lèvres et hocha la tête avec l’expression la plus sérieuse qu’elle pouvait avoir.

« Absolument ! »

« Ne te dispute pas avec Aisha. Et aide Sylphie quand tu peux, d’accord ? »

« Bien sûr ! »

« Très bien. Gentille fille. »

Je me sentais mal d’avoir fait ça à Sylphie et à notre bébé. Si elle me larguait pour ça, je ne lui en voudrais pas. Mais ce n’était pas comme ça que je devais penser à ça. Je devais faire confiance à ma femme.

« Je vais donc aller sur le Continent de Begaritt. »

J’avais pris ma décision maintenant. J’allais sauver mes parents.

***

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