Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 4 – Partie 2

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Chapitre 4 : Les sentiments d’un frère

Partie 2

J’avais pris un siège au hasard et m’étais effondré sur la table. Cette fois, ça faisait vraiment mal.

Pour faire court, tout m’était revenu. Chaque fois que Norn avait perdu son sang-froid, c’était parce que quelqu’un avait mentionné mon nom ou l’avait comparée à moi.

La plupart des élèves de sa classe savaient que nous étions frères et sœurs. Ce n’était pas trop étrange en soi. Nous avions les mêmes parents, et nous nous ressemblions. Mais chaque fois que quelqu’un le mentionnait, Norn réagissait mal. Elle détestait être comparée à moi, mais elle était tout aussi contrariée lorsque quelqu’un faisait référence à moi pour la complimenter.

Ses camarades de classe n’étaient pas à blâmer pour tout cela. Aucun d’entre eux n’essayait délibérément de la contrarier. Certains d’entre eux essayaient même d’être gentils en lui disant qu’elle n’avait rien à voir avec son effrayant frère.

Le vrai problème était que presque tout le monde dans cette école me connaissait. Et donc, même sans le vouloir, ils avaient tendance à parler de moi quand ils étaient avec elle. Cela avait toujours été difficile pour Norn. Dans son ancienne école, elle était constamment comparée à Aisha, et jamais d’une bonne façon. Elle était la sœur la moins douée, et ils lui avaient mis le nez dedans tous les jours.

Elle était enfin dans une nouvelle école, vivant seule, sans Aisha pour lui faire de l’ombre. Mais avant qu’elle ait eu la chance de reprendre son souffle, tout le monde commença à la comparer à moi. Où qu’elle aille, elle avait été forcée de faire face au fait qu’elle était la membre la moins talentueuse de sa famille.

Ça avait dû être dur en soi. Et puis, pour couronner le tout, il y avait eu l’incident de la culotte.

Heureusement, personne n’avait été traumatisé par cette histoire. Ariel avait fait un excellent travail de suivi avec les victimes, et maintenant, la plupart d’entre elles pouvaient y repenser et en rire. D’après ce que j’avais compris, Linia n’avait pas forcé les filles à se déshabiller contre leur gré, mais les avait plutôt harcelées pour qu’elles échangent leurs sous-vêtements. Il semblerait que quelqu’un avait vu cela de loin et avait donné au conseil des élèves une version exagérée des événements.

Pourtant, je ne pouvais qu’imaginer ce que Norn avait ressenti quand elle l’avait appris. C’était déjà difficile de se sentir inférieur à son frère, mais se sentir inférieur à son frère totalement pervers doit être dix fois pire.

« Soupir… »

Mais c’était quoi mon problème au fait ? J’avais tiré des conclusions hâtives et fait irruption dans sa classe comme un idiot. Je n’étais pas un parent surprotecteur, j’étais un idiot surprotecteur.

« Désolé de vous avoir entraînées là-dedans, les gars. Je suppose que j’ai été un peu stupide. », avais-je marmonné en regardant mes fidèles subordonnées.

« Ce n’est pas vrai. Ce n’est jamais stupide d’essayer d’aider sa famille. »

« Elle a raison, patron. »

« Si la petite reste dans cette chambre trop longtemps, son cerveau va fondre en bouillie. »

« C’est vrai, miaou. »

« Elle pourrait même devenir aussi stupide que Linia. »

« Ouais, elle pourrait…rrrrrr !! »

Je n’avais même pas pu esquisser un sourire alors que Linia et Pursena se livraient à leur comédie habituelle. Je savais à quel point ce genre de situation pouvait être délicate. Les gens n’arrêtaient pas de sortir parce que c’est amusant. Il y avait toujours une raison pour laquelle ils ne pouvaient pas se résoudre à sortir, et les faire sortir de force de leur chambre n’y changeait rien. En fait, cela ne faisait qu’aggraver le problème.

Cela dit, ce n’était pas le genre de chose que nous pouvions simplement ignorer. Si Norn restait là trop longtemps, elle finirait par le regretter. Même un mois ou deux gaspillés pouvaient avoir de graves conséquences.

Je savais malheureusement tout cela par expérience. Mais ce n’était pas quelque chose que vous pouviez expliquer à un enfant qui était au milieu de tout ça.

Finalement, même les cas les plus têtus commençaient à souhaiter pouvoir revenir en arrière et faire les choses différemment. Mais il fallait beaucoup de temps pour en arriver là. Le vrai regret ne vous frappait pas avant qu’un an — ou deux, ou même dix — se soient écoulés. Et à ce moment-là, il était trop tard pour revenir sur les choix que vous aviez faits.

Je suppose que c’était en partie pourquoi tant de parents poussaient leurs enfants si fort. Tout le monde avait des regrets. Parfois, on reportait ces regrets sur les autres.

« Dites-moi, vous deux. Disons que vous êtes moins doués que vos frères et sœurs, et que les gens ne cessent de vous le rappeler. Quelle est la meilleure chose que vous puissiez faire pour y remédier ? »

Linia et Pursena s’étaient regardées et avaient haussé les épaules.

« Je ne sais pas, patron. On est de base toutes les deux assez douées. »

« Oui. On est douées pour tout. »

Attendez, je croyais que vous aviez été envoyées ici parce que vous étiez trop bêtes et paresseuses pour diriger votre tribu. Pas vrai ? Genre, ils voulaient vous remettre en forme avant de vous donner du pouvoir ?

Eh bien, peu importe. Leur manque total de conscience de soi ne leur avait pas fait de mal. Cette approche n’allait cependant pas fonctionner pour Norn. Ce n’était qu’une petite fille sensible, pas une narcissique à fourrure.

« Oh, je connais quelqu’un comme ça, pourtant ! Tante Ghislaine ! C’était une voyou qui passait tout le temps à se battre. Mais ensuite, elle a commencé à s’entraîner, et elle a fini par devenir un roi de l’épée ! », dit fièrement Linia.

« Hmm. Ok, ce n’est pas un mauvais exemple… »

Ghislaine était un cas exceptionnel, mais il y avait certainement une chance que Norn ait un talent inattendu que nous n’avions pas encore découvert. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle soit en compétition avec moi ou Aisha dans les domaines où nous étions bons. Si elle ne voulait pas être comparée à nous, elle pouvait simplement faire quelque chose qu’aucun de nous n’avait essayé. Je n’étais pas sûr de ce que ce quelque chose pouvait être, mais le monde était grand. Elle pourrait sûrement trouver un domaine qui l’intéressait, en dehors de la magie ou de l’épée.

Il y avait un risque qu’elle ne soit pas particulièrement douée dans ce qu’elle déciderait de faire de sa vie. C’était aussi arrivé à Zanoba. Mais malgré son manque de talent en tant qu’artisan, le prince semblait quand même profiter de la vie. Il pouvait fabriquer ses propres figurines, les collectionner et les apprécier. C’était suffisant pour le rendre heureux, et c’était tout ce qui comptait vraiment.

Néanmoins, il serait probablement difficile de convaincre Norn de cela. Aucun de ces arguments n’aurait fonctionné sur moi à l’époque.

« Mais comment suis-je censé lui parler de tout ça ? »

« Ne réfléchis pas trop, Patron. Fais irruption là-dedans et dis-lui franchement ! »

« Oui. Dis-lui juste de ramener ses fesses en classe. »

Elles avaient fait en sorte que ça paraisse simple… mais peut-être que je passais trop de temps à essayer de penser à tous ces détails. Norn n’avait après tout que dix ans. Peut-être qu’elle était juste en train de bouder.

Je voulais dire, c’était seulement son deuxième jour dans sa chambre, non ? Il était bien trop tôt pour la qualifier d’enfermée à ce stade. Passer quelques jours seul quand on se sentait mal n’avait rien d’inhabituel.

Cela dit, il était évident qu’elle avait du mal en ce moment. Je m’étais dit qu’elle avait probablement juste besoin d’espace, mais était-ce vraiment vrai ? Peut-être que j’avais juste évité le problème.

En tant que grand frère, j’aurais pu au moins essayer de soutenir activement Norn et l’aider à s’adapter. L’approche passive était peut-être plus facile, mais cela ne signifiait pas que c’était le meilleur choix. Ce serait peut-être une autre histoire s’il s’agissait d’un lycéen, ou même d’un collégien, mais Norn n’avait que dix ans. Lui donner plus d’attention qu’elle n’en voulait était probablement la bonne décision.

Avant que je ne le sache, j’avais établi un plan d’action.

« Bon, très bien. Je vais aller lui parler. »

« C’est l’esprit, Patron ! »

« Ouais. Va lui donner une petite claque sur la tête. »

Bien sûr, étant la cause directe des problèmes de Norn, il était donc très possible qu’elle n’écoute pas un mot de ce que j’avais à dire. Mais je n’allais pas me rendre fou en pensant à ça. Chaque chose en son temps : je devais aller la voir et entendre ce qu’elle avait à dire.

« Oh. Je ne sais pas trop comment je vais réussir à faire pour aller la voir… »

La chambre de Norn était dans le dortoir des filles. Je pouvais passer devant en toute sécurité ces jours-ci, mais cela ne signifiait pas qu’ils allaient me laisser me promener à l’intérieur.

« Tu vas juste te faufiler à l’intérieur, évidemment. »

« Il est temps de faire une opération secrète, patron. Laisse-nous nous occuper de la planification ! »

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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