Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Les sentiments d’un frère

Partie 1

J’avais pris connaissance de la situation alors que je me rendais à l’école avec Sylphie un matin.

Linia et Pursena m’attendaient devant le portail. Dès qu’elles nous virent nous approcher, elles avaient accouru et m’avaient expliqué que Norn s’était enfermée dans sa chambre la veille et qu’elle refusait d’en sortir.

« Je vais aller jeter un coup d’œil ! »

Sylphie était partie en courant vers le dortoir des filles presque instantanément.

De mon côté, j’étais figé sur place. J’aurais probablement dû suivre ma femme, mais la nouvelle m’avait fait paniquer. Je suppose que le mot enfermé avait des connotations très lourdes pour moi.

« Tu n’y vas pas aussi, patron ? »

« Vas-tu ignorer ça ? »

Je ne savais pas quoi dire.

Qu’est-ce que j’allais faire ? Qu’est-ce que j’étais censé faire ? J’avais l’esprit vide. Dans mon cas, tout était fini à la minute où je m’étais enfermé dans ma chambre. J’étais resté enfermé toute ma vie.

Pourquoi n’en étais-je jamais sorti ? Parce que je pensais que le monde extérieur était un endroit dangereux, plein de gens qui voulaient me faire du mal. Je pensais que je serais à nouveau malmené si je retournais à l’école. Oui, tout avait commencé par de l’intimidation. Je savais qu’ils me rendraient malheureux encore une fois si j’essayais de sortir de mon isolement.

Je devais m’attaquer à la cause du comportement de Norn si je voulais qu’elle change. Avant d’essayer de l’amadouer, je devais trouver la raison pour laquelle elle se cachait dans sa chambre.

Un souvenir de mon passé m’avait traversé l’esprit. J’étais à la cafétéria de mon ancienne école, faisant patiemment la queue. Mais alors que c’était enfin mon tour, une bande de voyous effrayants avait fait irruption devant moi. Empli d’une juste colère, j’avais stupidement décidé de me défendre. Je les avais sermonnés assez fortement pour que tout le monde entende, même s’ils me ricanaient et me disaient d’aller me faire foutre.

Je pouvais voir d’autres étudiants commencer à nous regarder. De plus en plus fier de moi, je m’étais entêté, exigeant des excuses. Au lieu de cela, ils m’avaient battu vicieusement. Quand ça s’était terminé, je pensais qu’ils m’avaient estropié à vie.

Cette seule erreur avait transformé ma vie en un véritable enfer.

S’il y avait une chance que Norn traverse quelque chose de similaire en ce moment, je devais l’aider. Je battrais les brutes qui la harcelaient jusqu’à ce qu’elle se sente à nouveau en sécurité.

Leurs amis ou parents pourraient s’en prendre à moi plus tard, mais je m’occuperais d’eux aussi si je le devais. Je me fichais qu’ils soient de riches aristocrates, ou même de la royauté. Je les combattrais avec tout ce que j’ai. Je m’assurerais qu’ils vivent en regrettant de m’avoir contrarié.

Il y avait une possibilité que Norn ait déclenché le conflit initial. Mais quoi qu’ils lui aient fait en réponse, ils avaient manifestement dépassé les bornes.

Norn était ma sœur. Cela n’avait pas d’importance si elle nous détestait Aisha et moi, ou si elle ne voulait pas vivre avec nous. Elle faisait toujours partie de ma famille. C’était bien le travail du grand frère que de protéger ses frères et sœurs, non ?

Quelques minutes plus tard, j’avançais dans le couloir vers les salles de classe des premières années, suivi de près par Linia et Pursena. J’avais envisagé de faire ça tout seul, mais je ne pensais pas que mon visage était particulièrement intimidant. Au moins, avec ces deux-là à mes côtés, tout le monde devrait savoir que j’étais sérieux.

« Euh, patron… »

« Ne fais pas ça, Linia. Tu ne vois pas à quel point il est en colère ? C’est plutôt effrayant. »

Les deux filles semblaient un peu dubitatives à ce sujet. C’était compréhensible. Je les entraînais dans une situation sérieusement embarrassante. Mais pour l’instant, je n’allais pas laisser mon sentiment de honte m’arrêter. En ce moment, j’étais en mode parent surprotecteur.

Peu de temps après, nous avions atteint la classe primaire de Norn. La leçon était déjà en cours.

« Excusez-moi », avais-je dit tout en ouvrant la porte et en entrant directement.

« Euh, M-Monsieur Greyrat ? Nous sommes au milieu de… »

« J’aimerais que vous me laissiez un peu de temps, si vous le voulez bien. »

« Mais… »

« Ce ne sera pas long. »

En écartant le professeur, j’avais pris sa place derrière l’estrade.

Avant de commencer, j’avais regardé la classe. Tout le monde me regardait avec surprise. Mais quelque part dans cette foule, il devait y avoir une brute qui s’en prenait à ma petite sœur.

L’avaient-ils frappée ? Lui donner des coups de pied ? Peut-être qu’ils l’avaient seulement insultée pour le moment. Peut-être s’étaient-ils juste moqués d’une petite fille triste et seule, isolée dans une ville inconnue.

« Comme la plupart d’entre vous le savent, un membre de cette classe était absent hier. »

Personne n’avait rien eu à dire à ce sujet.

« Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que c’est ma petite sœur. »

Ça avait fait réagir. J’avais entendu des murmures tout autour de la classe.

« Je n’ai pas encore entendu les détails de ma sœur, mais il n’y a pas beaucoup de raisons pour qu’une enfant de son âge arrête de venir en classe. Je pense que quelqu’un dans cette salle est probablement responsable. »

J’avais balayé la salle du regard en parlant, à la recherche d’une réaction. Un certain nombre d’élèves avaient baissé les yeux sur leur bureau lorsque j’avais établi un contact visuel avec eux. La plupart d’entre eux étaient des enfants à l’allure plus dure qui commençaient déjà à faire quelques entorses au code vestimentaire. Avaient-ils mauvaise conscience, peut-être ?

En regardant de plus près, j’avais réalisé que l’un d’entre eux était ce délinquant que j’avais rencontré quelque temps auparavant. Je n’arrivais pas à me souvenir de son nom. Cela pourrait-il être lui ?

Ralentis. Il est trop tôt pour commencer à sauter aux conclusions.

« Je n’attends pas grand-chose de ces responsables. Peut-être qu’ils ne faisaient que s’amuser, ou qu’ils essayaient d’apprendre à connaître ma sœur, et que les choses ont pris une tournure bizarre. Peut-être qu’elle les a en quelque sorte provoqués. », avais-je dit.

Je regardais tous les visages de la classe très attentivement maintenant.

Qui était-ce ? Qui la harcèle ? Est-ce ce gosse de riche là-bas ? Ou peut-être cet enfant démon renfrogné ? Non, ça pourrait tout aussi bien être une fille ordinaire. Les enfants ordinaires peuvent être parfois les plus méchants de tous les tyrans.

« J’apprécierais beaucoup que toutes les personnes impliquées se manifestent et l’admettent. Je ne vais pas vous crier dessus. Je veux juste que vous reconnaissiez ce que vous avez fait et que vous vous excusiez auprès de ma sœur. »

Et après ça, je vous réduirai en purée.

Certains des enfants dans cette pièce étaient à peu près aussi jeunes que Norn, mais la majorité était plus âgée. Certains étaient même à la fin de leur adolescence. Il y en avait probablement au moins quelques-uns qui avaient détourné le regard. Il y avait même une chance qu’ils aient tous été dans le coup. Plus j’y pensais, plus j’étais en colère.

Pendant quelques longs moments, personne n’avait dit un mot. Tout le monde me fixait, les yeux écarquillés par la surprise.

« Uhm… »

Finalement, une fille du groupe hésita à lever la main. Il m’avait fallu beaucoup de volonté pour m’empêcher de lui tirer dessus avec un canon de pierre.

C’était une homme-bête, âgée de treize ans, peut-être, qui ressemblait un peu à un chien viverrin. Elle avait un visage rond, des yeux timides, et une coupe de cheveux au carré. Ce n’était sûrement pas le type d’enfant qui aurait pu faire des brutalités. C’était plus facile de l’imaginer se faire intimider.

« J’étais en train de parler à Norn l’autre jour, et… »

« Tu lui as accidentellement dit quelque chose de méchant ? »

Tant que ce n’était que quelques mots méchants, peut-être que j’irais doucement avec elle.

« Non, non ! C’est juste que, euh… J’ai entendu beaucoup d’histoires sur vous, M. Greyrat. Mais Norn est plus une fille ordinaire, non ? J’ai juste fait remarquer que vous étiez assez différents l’un de l’autre, et elle s’est mise en colère contre moi… »

Ça n’avait aucun sens. Pourquoi Norn se serait-elle énervée pour ça ? Elle ne voulait pas être comme moi. Elle ne m’aimait même pas.

« Oh… »

La professeur qui se tenait sur le côté de la pièce semblait s’être souvenue de quelque chose. J’avais tourné mon attention vers elle. À première vue, la femme ressemblait à une magicienne ordinaire d’âge moyen. Il ne m’était même pas venu à l’esprit qu’un professeur pouvait être le coupable, mais les adultes pouvaient évidemment aussi être des brutes.

« Quelque chose vous est venu à l’esprit, Mademoiselle ? »

« Eh bien, je rendais à Norn ses devoirs hier, et… »

« Elle ne pouvait pas finir tous les devoirs que vous lui aviez donnés, alors vous l’avez fait se tenir nue dans le bureau de la faculté pendant une heure ? »

« Quoi ? N-Non, non ! Elle n’a pas très bien réussi son devoir, alors je lui ai dit d’apprendre de votre exemple et de faire un peu plus d’efforts la prochaine fois. »

« … »

« J’ai cru qu’elle allait pleurer pendant un moment, mais elle hocha ensuite la tête et dit qu’elle ferait de son mieux. »

Attendez, quoi ? Elle a failli pleurer ?

« Oh, attendez, je me souviens que… »

Tout d’un coup, il y eut plusieurs personnes qui s’exprimèrent de partout dans la classe. Et tous avaient des histoires similaires à partager.

Après avoir laissé la classe derrière nous, nous nous étions dirigés tous les trois vers le réfectoire. À cette heure de la journée, il était totalement désert.

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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