Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 2 – Partie 2

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Chapitre 2 : La bonne et l’élève du pensionnat

Partie 2

« Aisha, je ne récompense pas Norn pour quoi que ce soit. J’ai juste réfléchi, et je suis arrivé à la conclusion que vivre dans les dortoirs pourrait être ce qu’il y a de mieux pour elle. »

« Mais… »

« Norn ne connaît encore personne dans cette ville, et malheureusement… je pense également qu’elle n’aime pas beaucoup être près de moi. Je ne veux pas la garder enfermée dans cette maison si elle doit y être malheureuse. »

« Mais papa… papa a dit que nous étions censés vivre ensemble ! »

Hm. C’était un bon point. Maintenant, je me sentais un peu tenter de tout reprendre.

Non, non, ça ne serait pas bien. Mon travail ici n’était pas de suivre aveuglément mes ordres. Paul avait fait beaucoup d’erreurs lui-même, non ? Mon jugement n’était pas parfait, bien sûr, mais je devais lui faire confiance pour le moment.

« Je vais toujours prendre soin d’elle, bien sûr. Vous êtes toutes les deux de ma famille, et je suis là pour vous quoi qu’il arrive. Mais il semble que Norn ne soit pas heureuse ici, et je pense que vivre dans les dortoirs pourrait l’aider à trouver son équilibre. »

« … »

Maintenant, c’était au tour d’Aisha de baisser sa tête dans un silence maussade. Pour une raison quelconque, il y avait des larmes dans ses yeux.

« Es-tu plus gentil avec elle parce que ma mère n’est que la maîtresse ? », avait-elle dit.

La question m’avait pris complètement par surprise. Dès que j’avais entendu le mot « maîtresse », j’avais su que nous étions en territoire dangereux.

« Lilia n’est pas une maîtresse, Aisha. Qui t’a dit qu’elle l’était ? Était-ce papa ? J’espère que ce n’était pas Norn. »

« Maman l’a dit elle-même ! Et… la grand-mère de Norn l’a aussi dit… »

Les larmes coulaient sur son visage maintenant.

Lilia et la grand-mère de Norn… C’était donc la famille de Zenith.

Que Lilia se rabaisse elle-même était une chose. Je savais qu’elle se sentait toujours coupable de tout ça. C’est pourquoi elle avait consciemment continué à jouer le rôle de la bonne de la famille, plutôt que d’agir comme l’égale de ma mère. Il était peut-être naturel qu’elle attende d’Aisha qu’elle se comporte de la même manière avec Norn, la fille de Zenith. Je devais supposer que Paul traitait ses deux filles de la même façon. Mais dans l’esprit de Lilia, au moins, les deux n’étaient pas égales.

Quant à la famille Latria… D’après ce que j’avais entendu, c’était une maison aristocratique avec une histoire riche. Je n’avais rencontré que ma tante, Thérèse, qui n’était pas une mauvaise personne, mais en tant que groupe, ils avaient probablement des idées très arrêtées sur l’adultère et le statut social. Ils s’étaient probablement occupés de Norn tout en ignorant complètement Aisha. Ils n’étaient après tout pas liés à elle par le sang.

Logiquement, il était difficile pour moi de les blâmer ou de blâmer Lilia pour leurs actions.

« Tu la préfères… parce que je suis juste ta demi-sœur… ? Hic… »

Aisha sanglotait maintenant, frottant ses poings contre son visage froissé.

Mais, quelles que soient leurs raisons, ils avaient quand même blessé une enfant innocente.

Je m’étais trompé dans mes hypothèses. Aucune de mes sœurs n’allait être facile à gérer.

« Aisha, je n’ai jamais considéré Lilia comme la maîtresse de mon père. Et en ce qui me concerne, toi et Norn êtes purement et simplement toutes les deux mes sœurs. »

« Mais je… j’ai étudié si dur pour ce test… j’ai essayé si dur…et Norn a juste… juste réussi à… »

Entre deux reniflements, Aisha balbutia d’autres plaintes.

Elle avait donc bachoté secrètement pour le test. Ça avait dû être… stressant. Je ne l’avais après tout prévenue qu’une semaine à l’avance. Elle avait évidemment gagné ce score parfait.

« Écoute, Aisha. »

« Qu-Quoi ? »

« C’est peut-être difficile pour moi d’expliquer ça, mais je comprends. Je sais que tu as travaillé très dur, et je suis fier de toi. C’est pourquoi j’ai accepté de te laisser faire ce que tu voulais. »

« Mais tu as dit… tu as dit que Norn pouvait aller vivre dans les dortoirs, et elle… »

Aisha renifla bruyamment à ce moment-là, laissant sa lèvre inférieure frémir. C’était une technique efficace, mais je n’avais pas reculé. Je n’étais pas vraiment injuste ici.

« C’est différent, Aisha. Je prends ça au cas par cas, d’accord ? Si tu me disais que tu voulais aller vivre dans les dortoirs maintenant, tu aurais ma permission de le faire. Mais si Norn disait qu’elle voulait rester ici et faire le ménage au lieu d’aller à l’école, je ne le permettrais pas. Tu as gagné le droit de le faire avec ton score à ce test. »

Aisha fronça les sourcils et s’était tue.

Et après une pause douloureusement longue, elle avait finalement répondu : « D’accord. »

Mes arguments ne l’avaient clairement pas satisfaite, mais elle avait fini par les accepter.

Norn regarda tranquillement, sans avoir l’air particulièrement heureuse.

J’avais l’impression de commencer à comprendre la situation. La famille de Zenith avait traité Aisha comme la fille illégitime de la maîtresse de Paul, et Aisha avait canalisé cela en essayant d’être meilleure que Norn en tout. Mon père ne les avait probablement pas traitées différemment, mais les circonstances avaient quand même creusé un fossé entre elles. Leur relation avait été déformée bien avant qu’elles ne m’atteignent.

Pourtant, la famille Latria était assez éloignée de nous maintenant. Personne dans cette ville n’allait se moquer d’Aisha à cause de qui était sa mère. Tant que je jouais mon rôle avec soin, ce problème finirait par s’estomper.

« Au fait, Norn, il y a une condition à cette offre. Je veux que tu viennes nous rendre visite ici une fois tous les dix jours au minimum. »

Norn fronça les sourcils à ce sujet.

« Pourquoi ? »

« Parce que je suis inquiet pour toi. »

J’avais aussi la responsabilité de garder un œil sur elle. Ce ne serait pas très agréable de dire à Paul que j’avais jeté sa fille chérie dans un dortoir et que je l’avais ensuite oubliée.

« … Très bien. »

Et bien qu’elle semblait extrêmement réticente, Norn était au moins d’accord.

*****

Maintenant que nous avions finalement élaboré un plan initial, il était temps pour nous de réorganiser nos vies pour l’adapter.

Je m’étais arrangé pour que Norn s’inscrive à l’Université de Magie, et j’avais fait une demande pour lui assurer une place dans les dortoirs. Bien sûr, j’avais aussi expliqué la situation à Sylphie et je lui avais demandé d’aider Norn si elle rencontrait des problèmes.

« Quoi ? Tu vas vraiment repousser Norn comme ça ? »

Sylphie avait d’abord critiqué mon plan. Sa première impulsion était de garder Norn dans notre maison pour que nous puissions la couvrir d’affection jusqu’à ce qu’elle commence à nous faire un peu plus confiance. Ce n’était pas une option déraisonnable, mais au vu de la façon dont Norn avait semblé mal à l’aise durant la première semaine, je n’arrivais pas à me convaincre que c’était notre meilleure chance.

« Je pense qu’Aisha et Norn feraient mieux de vivre séparément pendant un certain temps. Il semblerait que la famille de ma mère a dû faire passer un moment difficile à Aisha, car c’était la fille d’une “maîtresse”. Je ne veux pas repousser Norn, mais je pense qu’elles ont toutes les deux besoin d’espace en ce moment. », avais-je dit.

« Hmm… Eh bien, je ne savais rien de tout cela. Très bien, alors. Je suppose que je vais devoir garder un œil sur Norn chaque fois que je le pourrai. »

Sylphie ne sera pas là tous les jours, mais c’était mieux que rien. Espérons que tout se passera pour le mieux.

Aisha, pour sa part, avait rapidement assumé son nouveau rôle de femme de ménage.

Elle était très douée pour cela. Dès qu’elle avait commencé à prendre en charge les tâches ménagères, notre vie était devenue nettement plus facile. Elle s’occupait déjà du nettoyage et de la lessive, ce qui signifiait que toutes mes corvées avaient disparu. Je ne pouvais plus frotter mon visage contre les sous-vêtements sales de Sylphie, je devais donc faire du mieux que je pouvais.

Sylphie s’occupait toujours des courses et de la cuisine. C’était un rôle qu’elle voulait conserver. Mais Aisha était toujours là pour l’aider.

En dehors de ces tâches principales, ma nouvelle bonne avait également commencé à s’occuper d’un certain nombre de choses qui ne m’avaient jamais effleuré auparavant. Elle était allée par exemple saluer nos voisins, et s’était arrangée pour faire ramoner notre cheminée. Cette fille était très vive d’esprit et, en plus, elle travaillait dur. Elle excellait dans tout ce qu’elle entreprenait, et je ne l’avais jamais vue faire une erreur majeure. Je me doutais bien qu’il fallait faire beaucoup d’effort pour maintenir cette image de perfection.

Pour une raison ou une autre, il semblerait qu’elle voulait sérieusement faire de ce métier de femme de chambre son occupation à plein temps. Quand elle était au travail, elle laissa tomber son petit jeu de la sœur collante et se transformait en une professionnelle presque robotique. La formation de Lilia avait évidemment été très approfondie.

En général, Aisha passait la plupart de ses heures de travail en aidant autour de la maison. Quand nous rentrions à la maison, elle aidait Sylphie pour le dîner ou m’aidait à préparer le bain. Lorsque nous prenions un bain, elle nous préparait des vêtements de rechange, puis brossait les cheveux de Sylphie. Et les soirs où Sylphie repartait pour son service de nuit, elle apportait son manteau à la porte et l’accompagnait d’un salut poli.

Sylphie, qui n’avait pas l’habitude d’être chouchoutée de la sorte, réagissait maladroitement aux attentions d’Aisha. C’était toujours amusant de les voir interagir.

Lorsque nous avions des invités, Aisha s’assurait également de les rendre heureux et de les divertir. Mais ce n’était pas comme si cela arrivait très souvent. La seule personne qui s’était arrêtée récemment était Nanahoshi, cherchant à me remercier formellement pour mon aide antérieure. Elle avait apparemment commandé quelque chose pour moi en guise de récompense : le cercle magique pour un sort d’invocation spécifique qui pourrait m’être utile. Elle avait promis de me le remettre et de m’expliquer comment l’utiliser avant que nous passions à la deuxième étape de ses expériences.

Aisha avait sauté sur l’occasion pour prodiguer son hospitalité à notre invité. Elle avait fait couler un bain pour Nanahoshi, lui avait préparé des vêtements de rechange et l’avait même aidée à se laver.

Nanahoshi semblait exaspérée par toute cette attention. En partant, elle m’avait grommelé quelque chose à propos du « monstre » que j’étais pour « faire travailler ma propre petite sœur jusqu’à l’os ».

Je pense qu’elle préférait que ses bains soient paisibles, tranquilles et solitaires. Il faudrait que je dise à Aisha de lui laisser un peu d’intimité la prochaine fois.

Aisha ne se détendait même pas après le dîner. Quand je m’installais dans le salon, elle s’affairait à entretenir le feu ou à m’apporter des boissons chaudes. Pour être honnête, le fait de voir ma propre sœur qui agissait comme ma servante personnelle était vraiment bizarre. Mais comme Aisha semblait heureuse de cet arrangement, j’étais prêt à laisser les choses continuer ainsi pendant un certain temps. Je ne voulais pas la forcer à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas faire.

Cependant, après avoir atteint cette conclusion, je m’étais souvenu de ma théorie selon laquelle votre capacité de mana était partiellement déterminée par la quantité de magie que vous utilisez dans votre enfance. Si Aisha n’allait pas à l’école, je pouvais au moins lui donner un petit entraînement à la magie. À l’âge de dix ans, sa capacité de mana n’allait probablement pas beaucoup changer, mais elle n’était pas non plus figée. Et il serait préférable qu’elle connaisse au moins la magie offensive de niveau intermédiaire. Les sorts de débutant étaient suffisants pour une personne ordinaire vivant une vie paisible, mais les intermédiaires étaient plus utiles si vous aviez un jour besoin de vous défendre.

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