Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 14 – Partie 4

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Chapitre 14 : Guerriers du désert

Partie 4

Balibadom la regarda pendant un moment, puis soupira.

« Vous deux, désolé pour ça. »

« Uhm, c’est bon… »

« C’est juste que… Carmelita a eu un enfant avec Tont. »

« Huh ?! »

« Donc, eh bien… Je pense que tu peux comprendre ce qu’elle ressent. Elle s’est juste défoulée. »

Ces deux-là avaient eu un enfant ?

J’avais supposé que les guerrières de ce continent ne s’attachaient pas émotionnellement à un homme en particulier, mais ce n’était pas toujours le cas. Peut-être que c’était différent quand elles avaient un bébé avec quelqu’un.

Alors que je ne savais pas quoi dire, Elinalise rengaina sa rapière et se retourna pour me faire face.

« Tu n’as aucune raison de te sentir déprimé, Rudeus. »

« … Aucune raison ? »

« Il y a des aventuriers qui mettent un point d’honneur à ne jamais tuer un autre être humain. Pas beaucoup d’entre eux, certes, mais ils existent. Et tu vas bientôt devenir père. Je peux comprendre que tu hésites à prendre tant de vies. »

Ses tentatives pour me réconforter étaient un peu à côté de la plaque. Mais bien sûr, elle ne savait pas ce que Balibadom venait de me dire.

Pour être honnête, je n’avais pas du tout hésité. L’idée de tuer ces hommes ne m’avait même pas effleuré l’esprit, malgré le danger mortel auquel nous étions confrontés.

Bien sûr, quelques cavaliers avaient probablement perdu la vie en fonçant tête baissée dans ces murs que j’avais érigés dans la brume. Je n’avais pas non plus ressenti de culpabilité à ce sujet. Mais l’idée d’utiliser la magie pour tuer quelqu’un directement me mettait mal à l’aise.

… Et c’était franchement un peu pathétique.

« Merci, Elinalise. »

Je l’avais quand même remerciée d’avoir essayé de me remonter le moral. En y repensant, elle avait couru à mes côtés pendant toute la course, quand j’avais perdu l’équilibre, elle était là pour me soutenir. On aurait dit qu’elle s’était positionnée pour me protéger des flèches perdues.

J’avais l’impression qu’elle se considérait comme mon garde du corps, plus qu’autre chose.

« Pas besoin de me remercier, mon cher. Je veillerai toujours sur mon petit-fils. », dit-elle tout en me tapotant l’épaule.

Ton petit-fils, hein ? Hmm.

Le temps que nous rentrions à la maison, le ventre de Sylphie serait très gros. Ce bébé allait être l’arrière-petit-fils d’Elinalise. J’étais sûr qu’elle voulait que son arrivée soit un événement heureux. Ou peut-être ne voulait-elle pas que Sylphie lui demande en larmes pourquoi elle n’avait pas réussi à me protéger.

Dans tous les cas, la solution était assez simple. Il fallait juste qu’on se remette ensemble.

« Uhm, Elinalise… »

« Qu’il y a-t-il ? »

« Merci. Vraiment. »

Cette fois, j’avais mis plus de sentiments dans mes mots.

En réponse, Elinalise m’avait juste tapé sur les épaules.

*****

Malgré l’atmosphère gênante, notre groupe continua à avancer.

Balibadom était étonnamment calme et posé, si on considérait que nous venions de perdre un autre de ses hommes. Sa première préoccupation était de retravailler notre formation. Loin de s’arrêter pour pleurer son camarade, il n’avait même pas prononcé le nom de Tont. Il resta le même, un garde du corps professionnel et concentré tel qu’il avait toujours été. Cela semblait un peu froid, mais c’était probablement la façon dont les choses se passaient dans son métier.

Son peuple était habitué à cela. La mort était un compagnon constant pour eux, une seule erreur ou un peu de malchance suffisait à mettre fin à leur vie. Rétrospectivement, c’était aussi une attitude commune sur le Continent Démon. C’était une façon de penser que je ne pouvais pas vraiment comprendre.

Quelques jours sans histoire plus tard, nous avions atteint l’oasis qui marquait le milieu de notre voyage. Tout comme Bazaar, il s’agissait principalement d’un marché entourant un petit lac central. Je ne l’avais pas remarqué auparavant, mais tous les autres groupes armés que nous avions croisés avaient au moins une femme parmi eux. C’étaient probablement aussi tous des guerriers du désert.

Galban et les autres montèrent nos tentes dans un coin dégagé de la petite ville. Pendant que nous étions dans l’oasis, au moins, les gardes du corps pouvaient apparemment dormir également à l’intérieur.

« Balibadom, penses-tu que nous devons engager quelqu’un pour remplacer l’homme que tu as perdu ? », demanda Galban.

« Ça ne devrait pas être nécessaire, Galban. Ces deux-là sont plus utiles que la moyenne des guerriers. Je pense qu’il est plus intelligent d’aller à Rapan avec notre groupe actuel, puis d’engager de nouvelles personnes là-bas. Nous ne devrions de toute façon plus rencontrer de bandits. »

« Je vois. Très bien alors, faisons cela. Quand même, c’est dommage qu’on ait perdu ce chameau… »

« Ce sont des choses qui arrivent. On a eu de la chance de s’en tirer à si bon compte, vu leur nombre. »

Balibadom et Galban semblaient être en bons termes. En toute honnêteté, on aurait presque dit qu’ils étaient partenaires en affaires.

« Qu’y a-t-il, Rudeus ? Ai-je quelque chose sur le visage ? »

Sentant mon regard, Galban s’était retourné pour me regarder.

« Ce n’est rien, vraiment. Je me disais juste que vous et Balibadom semblez bien vous entendre. »

« Ah, oui. Et bien nous travaillons ensemble depuis l’époque où je n’étais qu’un jeune marchand. Je lui fais confiance plus que quiconque. »

Intéressant. S’ils avaient passé autant de temps ensemble, peut-être que Balibadom avait toujours été plus proche de Galban que Tont, son compagnon de guerre. Après des années et des années à servir comme garde du corps principal, il était possible qu’il ait commencé à voir ses hommes et ses femmes comme jetables. Ou du moins interchangeables, vu la régularité de leurs allées et venues.

Nous nous étions arrêtés à l’oasis le temps de nous reposer et de nous réapprovisionner en denrées périssables, puis nous étions partis vers le nord.

Carmelita ne s’était plus disputée avec moi, mais elle n’était pas non plus plus amicale que nécessaire. Nous ne nous parlions plus pendant nos quarts de nuit.

J’avais essayé de ne pas me laisser abattre. De toute façon, nous allions prendre des chemins différents une fois arrivés à Rapan. Pourtant, je devais compatir à ce qu’elle traversait. Je ne pouvais pas imaginer ce que c’était que de perdre le père de son enfant si soudainement.

Je savais à quel point ça me ferait mal si Sylphie mourait dans mes bras. J’avais été submergé par la joie quand j’avais appris qu’elle était enceinte. Si je la perdais soudainement, le désespoir serait encore plus intense.

« … Et je suppose que je vais le regretter, hein ? »

En supposant que l’Homme-Dieu soit franc avec moi, ce voyage vers le Continent Begaritt allait me créer des regrets d’une manière ou d’une autre.

Il me l’avait dit pour la première fois quand j’avais rencontré Elinalise à l’âge de quinze ans. J’avais passé un certain temps à Ranoa, mais le raccourci de Nanahoshi signifiait que je n’arriverais pas à Rapan beaucoup plus tard que si j’étais parti quand j’avais rencontré Elinalise. Je devais supposer que le danger qui m’attendait à Rapan n’avait pas changé pendant ce temps.

Si c’était vrai, cela signifiait probablement qu’aucun mal ne serait fait aux personnes que j’avais laissées derrière moi à Ranoa. Après tout, si j’étais parti tout de suite pour Begaritt, je n’aurais pas rencontré Sylphie ni appris à connaître mes autres amis. Je n’aurais eu aucune raison de « regretter » un quelconque désastre qui se serait produit là-bas.

Mais maintenant que j’y pense, peut-être que les regrets qui m’attendaient étaient différents maintenant. Les choses pourraient se passer sans problème de mon côté, mais mal à la maison. Quelque chose pourrait arriver à Sylphie, ou au bébé.

« As-tu dit quelque chose, Rudeus ? »

« Non, ce n’est rien… »

Je devais arrêter de spéculer sur ce sujet. On pouvait devenir fou en pensant à toutes les façons dont les choses pouvaient mal tourner. Et un gars comme moi allait toujours faire des erreurs, peu importe à quel point il essayait.

On ne pouvait pas dire ce que l’avenir nous réservait.

C’était la première fois que j’allais directement à l’encontre des conseils de l’Homme-Dieu. Jusqu’à présent, je m’étais bien débrouillé en suivant ses conseils. Cela signifiait-il que ce choix allait se terminer en désastre, peu importe ce que j’essayais ?

Nah. Je n’y croyais pas. Je savais qu’il y avait du danger devant moi, il devait donc m’être possible de l’éviter. Pourtant, il y avait un risque réel que quelqu’un que j’aimais finisse comme Tont. Si je voulais éviter cela, je devais rester vigilant. Et s’il y avait quelqu’un dehors qui voulait nuire à ma famille, alors…

Arrête. C’est inutile.

Je pouvais me dire tout ce que je voulais, je n’avais aucune raison de croire que j’étais capable de meurtre. Je devais juste faire tout ce que je pouvais pour garder ma famille en sécurité.

Ça, au moins, je pouvais me le promettre.

Deux semaines plus tard, nous avions finalement atteint la cité-labyrinthe de Rapan.

Nous étions arrivés à destination. Les choses sérieuses allaient maintenant commencer.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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