Chapitre 13 : Bazaar
Table des matières
***
Chapitre 13 : Bazaar
Partie 1
Lors de notre huitième jour sur le continent de Begaritt, nous étions descendus de la plate-forme rocheuse et nous nous étions dirigés vers Bazaar.
De notre point d’observation, la ville ressemblait un peu à un beignet. Le grand lac rond au milieu était entouré d’un anneau de « glaçage » blanc, tentes et bâtiments, et d’une petite zone verte à la périphérie. En y réfléchissant, je n’avais pas mangé de sucré depuis un moment maintenant.
« Nous sommes enfin arrivés. Je dois dire que c’était une sacrée randonnée. », soupira Elinalise.
« Oui. J’ai l’impression qu’on a couvert beaucoup de terrain en une semaine. »
« Je suppose que les monstres l’ont fait paraître encore plus longue qu’elle ne l’était. »
Le sol dans cette zone n’était pas seulement fait de sable. Il y avait de la vraie terre ici, bien que sa couleur brun-rougeâtre suggérait qu’elle n’était pas particulièrement riche, et les plaines étaient parsemées de gros rochers et de quelques plantes éparses. En fait, cela me rappelait un peu le Continent Démon. Il était au moins plus facile de marcher dessus. Et la température était beaucoup moins extrême ici. Il y avait une grande différence de climat par rapport au désert de l’autre côté de ce plateau rocheux.
Lorsque nous avions atteint la périphérie de Bazaar, c’était déjà le soir, et les chauves-souris commençaient à voleter dans le ciel. Elles ne s’étaient pas précipitées pour nous attaquer et aucune Succube ne les accompagnait. C’était juste des chauves-souris ordinaires. Pourtant, il pourrait y avoir d’autres monstres qui rôdaient, même si nous étions maintenant proches de la ville. Nous étions restés vigilants pendant que nous nous approchions de la ville.
Au moment où nous nous étions rapprochés, un cri perçant retentit dans les environs. Reconnaissant le cri d’un Gryphon, nous nous étions tous les deux instantanément crispés.
« Est-ce qu’il vient pour nous ? »
« Non, je ne pense pas. Ne vois-tu pas qu’ils se battent là-bas ? »
Elinalise regardait quelque chose devant nous, mais je n’arrivais pas à savoir ce qu’elle regardait.
« Qui est-ce ? »
« Je ne saurais dire. »
Nous avions avancé prudemment en direction de la ville. Assez rapidement, j’avais repéré un petit groupe de personnes combattant une meute de Gryphons devant nous. Il y avait quatre humains et cinq monstres. Enfin, il y avait six humains, mais deux d’entre eux gisaient immobiles sur le sol. Sur les quatre survivants, un était accroupi et se tenait la tête plutôt et ne se battait pas.
En d’autres termes, c’était trois contre cinq. Les humains, en infériorité numérique, repoussaient les Gryphons à l’aide de sabres de taille importante. C’était un groupe bien coordonné, mais il était évident qu’ils commençaient à être fatigués.
« Devrions-nous les aider, Elinalise ? »
Elle haussa les épaules sans se sentir concernée.
« Je te laisse le choix. »
« Dans ce cas, faisons-le. »
Les abandonner me laisserait probablement un mauvais goût dans la bouche. Je ne voyais aucune raison de ne pas aller à leur secours.
« Très bien. Couvre-moi ! »
« C’est bon ! »
Elinalise se précipitait déjà en avant. Et alors qu’elle s’approchait, j’avais tiré une onde de choc sur un Gryphon qui se trouvait dans les airs.
Mon sort fit mouche : le monstre s’était concentré sur les ennemis qui se trouvaient devant lui. L’explosion n’avait pas suffi à le tuer sur le coup, mais elle le fit tomber au sol en projetant des plumes dans toutes les directions. Elinalise sauta sur la bête tombée et la poignarda dans le cou avec son épée.
J’avais tiré d’autres sorts de vent en succession rapide. Ma deuxième cible tomba d’un seul coup, mais la troisième réussit à échapper à mon sort. Les créatures étaient conscientes de mes attaques à ce stade, mais elles avaient aussi des guerriers armés devant elles, et Elinalise leur bloquait le chemin vers moi. J’étais libre de lancer autant de sorts que je voulais sans craindre de représailles. C’était comme tirer sur des poissons dans un tonneau.
« Kyeeeaaah ! »
Après avoir éliminé quatre des monstres, le dernier tenta de s’enfuir. Je l’avais achevé avec un canon de pierre dans le dos. Laisser une bête blessée et désespérée s’enfuir n’était pas vraiment une bonne idée.
La bataille terminée, Elinalise et moi avions rengainé nos armes et nous étions approchés du groupe de guerriers.
« C’est fini ?! »
L’homme qui était accroupi et tremblait leva finalement le visage. Après avoir regardé nerveusement la zone, il sourit, visiblement soulagé. Les guerriers qui combattaient les Gryphons s’étaient retournés et s’étaient approchés de lui.
Tout en se levant, l’homme se mit immédiatement à leur crier dessus.
« Qu’est-ce que vous faites là ? Vous ! Sortez et commencez à chercher ! »
Le guerrier auquel il s’était adressé hocha la tête et s’enfuit immédiatement.
« Bon sang, quel désastre. Je me demande bien ce que faisait cette diable de meute de Gryphons ici ? », murmura l’homme.
Secouant la tête, il se retourna et s’approcha de nous avec les deux autres guerriers à ses côtés.
« Cela est très aimable à vous de nous avoir aider, voyageurs. Permettez-moi de vous exprimer ma gratitude. »
L’homme portait un turban et une robe rouge sous une sorte de fine robe jaune. Il y avait un petit point rouge au milieu de son front. Il avait une longue et fine moustache, mais cela ne lui donnait pas un air particulièrement imposant. Il m’avait paru plus timide, l’image même du marchand du désert stéréotypé. Ça me convenait.
« Eh bien, il semblait que vous aviez des problèmes. On ne pouvait pas vous abandonner. », avais-je dit.
« La plupart des gens l’auraient fait. »
L’homme parlait dans la langue du Dieu Combattant, j’avais donc répondu de la même façon. Heureusement, il semblait me comprendre parfaitement. C’était un signe d’espoir.
« Que les bénédictions du vent vous honorent, vous et les vôtres. »
Sur ces derniers mots, l’homme s’était promptement retourné vers ses compagnons tombés au combat. Il n’était pas du genre très expressif.
« … »
Les deux autres membres de son groupe étaient des combattants qui portaient une armure rouge et un vêtement épais, semblable à une jupe, autour de la taille. Ils étaient plus lourdement équipés que la moyenne des guerriers du Continent Central. Les armes à leurs hanches étaient de grandes épées incurvées avec des lames épaisses de plus d’un mètre de long. J’avais en fait souvent vu des cimeterres similaires sur le Continent Démon. Ils étaient probablement efficaces contre des monstres plus grands.
Pourtant, des armes et des armures aussi lourdes n’étaient pas idéales pour combattre des monstres agiles comme les Gryphons. C’était peut-être en partie la raison pour laquelle ils avaient eu du mal.
« On ne voit pas souvent de mages par ici. »
Celui qui parla en premier était un homme énorme avec un patch sur son œil gauche et un tatouage couvrant son visage. Il mesurait près d’un mètre quatre-vingt et devait avoir une quarantaine d’années. C’était manifestement un vétéran aguerri.
« Hey, Boss. Cette fille est-elle une Succube ? »
L’autre guerrier était une fille à la peau marron clair qui fixait Elinalise. Je n’avais pas pu voir grand-chose sous son armure, mais elle avait l’air musclée. Je pensais qu’elle avait une vingtaine d’années.
« Qu’est-ce qu’elle dit, Rudeus ? », demanda Elinalise en langue humaine, l’air un peu perdu.
Elle ne parlait pas la langue locale.
« Elle se demande si tu es une Succube », lui avais-je répondu, également en langue humaine.
« Eh bien, je suppose que c’est vrai. D’une certaine manière. »
« Wow. Elle l’admet. »
« Cela dit, je n’ai pas l’habitude de répandre des odeurs nauséabondes partout. »
« Je te le répète, elles sentent très bon pour moi. »
L’homme énorme se tourna vers sa compagne et lui asséna un coup sur la tête.
« Ne sois pas idiote ! Quel genre de succube voyage avec un homme ? Tu as du culot de les insulter alors qu’ils nous ont sauvé la vie ! »
La femme gémit pitoyablement en guise de réponse.
« Aïe ! Mais patron ! Vous avez dit qu’une fille qui se montre quand il y a des chauves-souris doit être une Succube ! »
Il m’avait fallu un certain effort pour comprendre ce qu’elle disait. Peut-être que son accent était vraiment fort ? Je pouvais comprendre les mots, mais ce n’était pas facile.
« C’est exactement pour ça qu’on t’appelle Gros bêta, gamine. »
L’homme, par contre, parlait plus clairement. Je ne savais pas s’il parlait plus couramment la langue du Dieu Combattant ou quoi, mais je le comprenais beaucoup mieux.
En soupirant, il s’était tourné vers Elinalise pour s’excuser.
« Désolé, mademoiselle. Nous ne voulions pas vous offenser. Carmelita est un peu idiote, c’est tout. »
Elinalise regarda maladroitement dans ma direction. Elle n’avait aucune idée de ce que l’homme était en train de lui dire.
« Qu’est-ce que c’est encore ? Il essaie de me draguer ou quoi ? », me demanda-t-elle.
« Non. Il s’excuse parce que la femme t’a traitée de Succube. »
« Ah, c’est tout ? Eh bien, dis-leur que je n’ai pas du tout été offensée. »
Elinalise montra son plus brillant sourire vers le grand homme, l’incitant à rougir férocement.
« Elle dit que ça ne la dérange pas », avais-je ajouté.
« Sans blague ? Elle ne parle pas notre langue ou quoi ? »
« Non. Mais je peux cependant interpréter pour elle. »
Le grand homme regardait ouvertement Elinalise maintenant. Il n’était pas difficile de deviner ce qu’il pensait : c’est une belle femme, ou quelque chose de ce genre. Il était peut-être dommage qu’elle ait une poitrine plate. Elinalise n’avait pas eu l’air de s’offusquer de ce regard. Au contraire, elle avait l’air plutôt fière d’être reluquée. Je suppose qu’elle y était habituée maintenant.
Détournant son regard d’Elinalise, l’homme me regarda de nouveau.
« … Je m’appelle Balibadom. Merci encore pour votre aide, étranger. »
« Je m’appelle Rudeus Greyrat, et voici Elinalise. »
« Compris. Si jamais vous avez besoin de quelque chose… »
« Hé ! Qu’est-ce qui se passe, vous deux ? Nous devons trouver cette cargaison maintenant ! », cria l’homme moustachu à qui nous avions parlé plus tôt, interrompant le guerrier au milieu de sa phrase.
« Oups, désolé. Je dois y aller. Je suis sûr que notre employeur vous récompensera aussi plus tard. »
Balibadom et Carmelita s’étaient précipités vers leur patron. Ils eurent tous les trois une brève discussion, puis se séparèrent en deux groupes et partirent en courant dans des directions différentes. Ils disparurent en un instant.
« Quoi, ils partent comme ça ? Je m’attendais à un peu plus de gratitude », dit Elinalise.
Je pouvais comprendre ce qu’elle ressentait, mais nous n’avions pas agi dans l’espoir d’une récompense.
« On dirait qu’ils ont aussi laissé leurs blessés derrière eux… »
J’avais baissé les yeux vers les combattants tombés au combat, prêt à lancer un ou deux sorts de guérison.
« Oh. Ils sont morts. »
En y réfléchissant, les survivants n’avaient même pas essayé de les aider après la bataille. Ils avaient probablement été bien conscients qu’ils étaient morts.
« Celui-là était encore très jeune, le pauvre… »
L’un des morts était une adolescente, peut-être dix-huit ans. Il y avait un trou béant dans son front, là où le bec acéré d’un Gryphon l’avait frappée. Elle avait dû mourir sur le coup.
« Je me demande si laisser les morts là où ils sont tombés est une tradition sur ce continent ? »
« Aucun aventurier décent ne ferait une telle chose. »
« Eh bien, ces gens n’avaient pas l’air d’être des aventuriers… »
Comme leur groupe avait disparu, j’avais brûlé les corps avec ma magie et je les avais enterrés moi-même. La façon dont ils les avaient laissés ici me semblait un peu cruelle.
Ce Balibadom avait promis que nous serions récompensés plus tard, mais nous ne connaissions même pas le nom de ce type à moustache. Et comment étaient-ils censés venir nous trouver s’ils ne savaient pas qui nous étions ? Ils s’attendaient à ce qu’on les retrouve et qu’on exige une sorte de paiement ?
… Eh bien, peu importe. Ce n’était pas comme si j’étais intervenu dans l’espoir d’obtenir un gros paiement. Je devais me satisfaire d’avoir fait ma bonne action de la journée.
« Je suppose qu’on va aussi y aller. »
« Très bien. »
Nous nous étions dirigés tous les deux vers Bazaar.
***
Partie 2
Lorsque nous avions atteint la ville proprement dite, le soleil s’était couché. Cependant, l’endroit était étonnamment bien éclairé. Il y avait de grands feux de joie tout autour, comme ceux que l’on voyait lors d’un festival. Le sol autour de ces feux était couvert d’une sorte de tapis. Les gens s’y asseyaient en groupes, mangeant joyeusement et s’amusant entre eux. Cela m’avait fait penser à un grand pique-nique pour admirer les cerisiers en fleurs.
Tout le monde semblait avoir des turbans sur la tête. Les couleurs et les motifs de leurs vêtements étaient très différents, mais beaucoup d’entre eux me rappelaient les vêtements tribaux que j’avais vus sur le Continent Démon. Elinalise et moi allions nous faire remarquer. Mais ça n’avait pas vraiment d’importance.
« J’ai un peu faim, tu n’as pas faim ? »
« Je suppose que oui. »
Voir tout le monde festoyer autour de nous fit gronder nos estomacs assez rapidement. Mais nous devions d’abord trouver un endroit où loger.
Alors que je cherchais une auberge, un homme s’était approché et nous avait appelés.
« Hé, vous deux ! Vous cherchez un repas ? Je peux vous faire entrer pour seulement trois Cinsha en ce moment ! »
D’après ce qu’on entendait, son groupe vendait les portions excédentaires d’un énorme repas qu’ils avaient préparé. Nous avions décidé d’accepter son offre. On ne pouvait vraiment pas réfléchir avec un estomac vide.
Une fois que nous nous étions installés sur le tapis, l’homme qui nous avait conduits là nous tendit la main.
« Je vais devoir vous demander de payer d’avance, les gars. Comme vous le voyez, nous avons déjà préparé la nourriture. »
J’avais sorti trois pièces de bronze et les avais remises.
Il les examina avec méfiance.
« Qu’est-ce que c’est que ces trucs ? »
« Des pièces de bronze du royaume d’Asura. »
« Le royaume de quoi maintenant ? Je ne peux pas utiliser ces trucs, mon pote. »
Comme je le craignais, l’argent du Continent Central n’était pas utilisable ici. C’était logique. J’avais prévu d’échanger ma monnaie quelque part, mais nous n’en avions pas encore eu l’occasion.
« Alors, que dites-vous de ça ? »
Alors que je réfléchissais à ce que je devais faire, Elinalise déposa quelque chose d’autre dans la main de l’homme. C’était un petit anneau doré. Il le tint et l’examina attentivement, puis il hocha la tête avec joie et partit chercher un autre client.
« Il est préférable de faire du troc dans ce genre de situation », expliqua Elinalise.
C’était encore l’instinct du vétéran qui faisait son œuvre. Elle avait trouvé la bonne solution presque instantanément.
« Je suis content de t’avoir avec moi, Elinalise. Tu connais vraiment ton affaire. »
« Tu n’as pas besoin de flatterie, mon cher. »
Nous nous étions installés sur le tapis pour attendre notre repas. Cela m’avait rappelé de très vieux souvenirs de ma vie précédente au Japon. Je ne m’étais pas beaucoup assis par terre ces derniers temps.
« Voilà, les amis ! »
Nous n’avions pas passé une sorte de commande, mais notre nourriture était quand même arrivée. Le plat principal était une soupe de haricots blancs épaisse avec des morceaux mystérieux dedans, mais nous avions de la viande épicée à la vapeur sur le côté. Il y avait aussi un étrange fruit tropical au goût légèrement acide, qu’ils avaient recouvert d’une sorte de sauce sucrée.
La soupe sucrée, la viande épicée et le fruit acide formaient une combinaison intéressante. Le repas semblait manquer un peu de glucides, mais une fois que j’avais commencé, je l’avais beaucoup apprécié. La soupe était particulièrement bonne. Les mystérieux morceaux blancs qui flottaient dedans se sont avérés être du riz, et non pas de la viande. C’était donc une sorte de gruau de riz ?
Je ne m’attendais pas à trouver du riz dans un endroit comme celui-ci. Il ne pouvait pas y avoir de rizières dans ce climat, ils devaient donc le cultiver dans un sol sec. J’avais entendu dire que c’était possible, mais plus difficile à réaliser. Ce fut une agréable surprise, et j’avais fini par engloutir la soupe en un rien de temps.
Mon amour pour le riz ne faisait que croître au fil des ans. Le simple fait d’en avoir une tasse dans le ventre me donnait l’impression d’être invincible, comme si j’étais prêt à conquérir le monde. Je devais voir s’il était possible de cultiver du riz dans les Territoires du Nord. Si j’apprenais à Aisha les bases de la culture, elle pourrait peut-être créer un petit champ dans notre jardin…
Mais encore une fois, il ne serait probablement pas bon de transformer ma petite sœur en ouvrière agricole pour mon propre plaisir.
« Oh ? Tu ne te plains pas de la nourriture pour une fois, Rudeus. C’est inhabituel. »
« Eh bien, c’était franchement mieux que ce à quoi je m’attendais. »
J’avais même fini par demander du rab. Que l’on soit clair sur ce point, je ne m’étais jamais plaint de la cuisine de Sylphie… mais le riz avait vraiment une place spéciale dans mon cœur. Si seulement j’avais des œufs et de la sauce soja pour l’accompagner, tout serait parfait.
Je pourrais toujours piller un nid de Garuda pour obtenir des œufs, non ? Ce n’était rien d’autre que des poulets géants. Il ne restait plus que la sauce soja. Peut-être que ce continent allait encore me surprendre, et que j’en trouverais en vente au marché.
« Voyons maintenant si nous ne pouvons pas trouver une auberge. »
Mais bien sûr, nous n’étions pas ici en vacances. Si nous avions un peu plus de temps après avoir sauvé Paul, je pourrais peut-être poursuivre ce petit projet parallèle. Ce n’était pas le moment.
« Bon, je pense qu’il est préférable de remettre à demain la recherche d’un guide. », dit Elinalise.
La plupart des marchands autour de nous étaient déjà en train de fermer boutique et de rentrer chez eux. Les feux de joie s’éteignaient les uns après les autres, et les gens semblaient se préparer à aller se coucher. Cela me semblait un peu tôt, mais il était clair que nous n’allions pas pouvoir embaucher quelqu’un ce soir.
Repérant l’homme qui nous avait vendu notre repas plus tôt, je l’avais interpellé.
« Excusez-moi ! Y a-t-il des auberges dans le coin ? »
« Des auberges ? Qu’est-ce que vous racontez ? Vous pouvez dormir où vous voulez. »
Intéressant. Apparemment, les visiteurs de Bazaar qui n’avaient pas apporté leur propre tente dormaient simplement à la belle étoile. Nous pourrions quand même nous fabriquer un abri avec ma magie.
« Où est-ce qu’on s’installe ? », demanda Elinalise.
« On dirait que les gens se regroupent assez près de l’eau. »
« Très bien, mettons-nous un peu en retrait de la foule. »
Nous avions cherché notre chemin pendant un moment, puis nous avions trouvé un bel endroit dégagé à mi-chemin entre deux grandes tentes. Il y avait des gardes qui traînaient à l’extérieur, nous n’aurions donc probablement rien à craindre de voleurs.
J’avais fait notre abri du côté le plus grand cette fois. Il m’avait pris plus de temps à créer que d’habitude, mais nous aurions plus d’espace pour passer la nuit. Une fois le soleil levé, il fera probablement très vite très chaud ici, nous ne l’utiliserons donc pas plus longtemps que ça.
« Ouf. Eh bien, nous avons au moins réussi à venir jusqu’ici, non ? »
« Jusqu’ici, tout va bien. »
Déposant nos sacs sur le sol, nous nous étions permis de pousser un soupir de soulagement.
« Pourtant, nous ne sommes qu’à mi-chemin. Faisons en sorte de rester sur nos gardes. »
« Chaque chose en son temps. Demain, nous achèterons les provisions nécessaires et nous nous trouverons un guide. », approuva Elinalise.
Nous avions passé quelques minutes à passer rapidement en revue nos priorités. Avant tout, nous devions échanger notre argent, acheter des provisions, confirmer la route vers Rapan et engager un guide. Nous avions également pris un peu de temps pour entretenir notre équipement. Elinalise nettoya son épée et son bouclier, et j’avais vérifié que nos équipements de protection n’étaient pas endommagés. Cela faisait partie de notre routine quotidienne à présent.
Après quelques minutes, nous avions terminé et étalé les fourrures qui nous servaient de literie. Mais au moment où j’allais me coucher, Elinalise se leva.
« Bon, je vais sortir un petit moment. »
Quoi ? Elle va à l’épicerie ou quoi ?
« Euh… pour faire quoi ? »
Elinalise sourit à la question : « Pour draguer un homme. »
En d’autres termes, elle allait remettre à zéro le minuteur de sa malédiction.
« Il te reste encore un peu de temps, non ? »
La malédiction d’Elinalise passait à la vitesse supérieure toutes les deux à quatre semaines. L’outil magique de Cliff faisait plus que doubler ce délai, elle était donc bonne pour au moins un mois entre deux rencontres. Cela ne faisait que deux semaines que nous étions partis, et cela commençait probablement à avoir un certain effet sur elle, mais ce n’était pas encore urgent.
« C’est vrai. Mais je vais de toute façon engager quelqu’un pendant que nous sommes ici. »
« Bon… »
Ce voyage allait durer au moins trois mois. Compte tenu de l’incertitude qui régnait sur ce qui nous attendait, quatre mois étaient probablement une estimation plus probable. Même dans le meilleur des cas, Elinalise aurait besoin de coucher avec quelqu’un au moins une fois pendant cette période. Il n’y avait aucun moyen d’y échapper.
« Très bien. Je suppose que je te verrai plus tard. »
« Oui, je reviendrai éventuellement. Mais ne m’attends pas. Va dormir. »
« Bon, d’accord… mais tu ne parles pas la langue ici ? »
« Ce ne sera pas un problème. Ce genre de choses se passe de la même façon partout où tu vas. »
Sur ce, Elinalise quitta l’abri et se dirigea vers la ville.
Le lendemain matin, je m’étais réveillé en sursaut aux cris de « Attaque de fourmis ! » alors qu’une armée de fourmis Phalanx descendait sur la ville.
… Et puis je m’étais réveillé pour de bon.
Pour une fois, j’avais vraiment eu une nuit de sommeil complète, et mes rêves étaient pour la plupart agréables. Je me souvenais d’un rêve dans lequel Aisha et Norn me demandaient de les porter sur mes épaules. Quand je portais Norn, Aisha boudait, et quand je passais à Aisha, Norn commençait à brailler. Mais finalement, Sylphie était arrivée et saisit leur prix, mes épaules, pour elle-même.
Je l’avais gentiment réprimandée, lui expliquant que chacun devait se relayer, mais elle répondit : « Tant pis ! C’est mon siège maintenant ! Personne d’autre n’a le droit de l’utiliser ! »
Mes pauvres sœurs s’étaient bien sûr mises à gémir misérablement. Sylphie était adulte quand elle était apparue dans le rêve, mais elle s’était transformée en une version d’elle-même âgée de sept ans une fois que je l’avais mise sur mes épaules.
C’était un beau rêve. Quand je m’étais réveillé et que je m’en étais souvenu, je m’étais surpris à sourire. J’avais l’impression qu’aujourd’hui allait être une bonne journée.
En me retournant, je vis Elinalise endormie, une expression de satisfaction sur le visage. On aurait dit qu’elle s’était amusée la nuit dernière. C’était bon à savoir, même si je me sentais un peu mal pour Cliff.
Au petit matin, le Bazar s’était complètement transformé. Le calme de la nuit avait laissé place à une explosion de commerce animé. Les marchands étalaient leurs marchandises à l’extérieur de leurs tentes et appelaient à grands cris tous ceux qui passaient par là.
« J’ai de gros melons juteux ici ! Dernière chance, les amis ! Il n’y en aura plus demain ! »
« Griffes de griffon ici ! Trente Cinsha si vous achetez maintenant ! »
« Quelqu’un a du tissu Nania ? J’ai des fruits de Tokotsu à échanger ! »
Les vendeurs criaient leurs prix, tandis que leurs clients potentiels leur répondaient par des offres tout aussi bruyantes. Certains échangeaient de l’argent, mais beaucoup faisaient aussi du troc. La foule du marché semblait s’étendre tout autour de nous à perte de vue. Ici et là, j’avais vu des bagarres ou des pugilats éclater, mais il semblerait s’agir de querelles entre marchands, plutôt que de quelque chose de vraiment dangereux.
« J’ai des bouteilles en verre de Vega ! Je ne les emmènerai pas plus loin à l’est ! Quelqu’un a besoin de s’approvisionner ?! »
Les produits en verre, en particulier, semblaient être un point central du commerce. Je devais supposer que c’était une industrie majeure dans cette région. Un marchand avait tout un tas d’étagères pleines de récipients rectangulaires avec des symboles complexes gravés sur leur surface. Cela ressemblait un peu à des bouteilles de whisky fantaisistes. Certains étaient de couleurs vives, mais ils étaient tous remarquablement lisses et clairs.
***
Partie 3
Le Continent Central avait aussi du verre, mais il était généralement fin et semi-transparent. J’avais entendu dire que les régions les plus riches d’Asura avaient des artisans qui fabriquaient du bon verre, mais cette région produisait probablement des objets de qualité.
Bien sûr, même ce verre n’était pas comparable à celui auquel je m’étais habitué au Japon, mais certaines de leurs pièces étaient manifestement fabriquées à la main avec soin. Je m’étais retrouvé à tenter d’acheter quelque chose en souvenir.
« Rudeus, nous ne sommes pas venus ici pour acheter des cadeaux. »
« Oui, je sais. »
Alors que le marché s’animait tout autour de nous, Elinalise et moi avions commencé à travailler sur notre liste de choses à faire de la veille. Tout d’abord, nous avions besoin d’argent. La monnaie utilisée ici semblait être le Cinsha, quelque chose qui ne m’était pas familier, ce qui était d’une certaine façon plutôt excitant. Sur le Continent Central, tout le monde avait tendance à utiliser des noms simples comme « pièces d’or ».
La monnaie elle-même n’était pas particulièrement différente des autres. Il s’agissait simplement d’une petite pièce d’or ronde avec un dessin mal imprimé sur sa surface. J’en avais déjà vu auparavant, en fait, lorsque j’étais de passage à Port Est avec Éris.
Nous avions vendu certaines des choses que nous avions apportées et nous avions mis la main sur une bonne quantité de cette monnaie locale. Il semblerait que le troc soit très courant ici, mais il était toujours bon d’avoir un peu d’argent liquide dans sa poche.
Les objets que nous avions ramenés du continent central se vendaient très bien. À ma grande surprise, quelques morceaux de viande séchée bon marché s’étaient vendus trois fois plus cher que ce que nous avions payé. Nous aurions pu les négocier encore plus cher si nous avions essayé. J’avais l’impression qu’il y avait une opportunité de gagner de l’argent en vendant de la viande ici et en achetant du verre pour le revendre à Ranoa… mais essayer de gagner de l’argent avec ce téléporteur, c’était chercher les ennuis.
Pour l’instant, nous nous étions assurés d’avoir 5000 Cinsha en poche pour payer nos besoins à court terme. Je ne savais pas combien nous aurions besoin, mais notre dîner d’hier n’avait coûté que 3 Cinsha. Nous pourrions probablement nous en sortir pendant un certain temps.
Une fois notre problème d’argent réglé, nous avions commencé à rassembler des informations sur Rapan. Et comme c’était apparemment une ville importante, ce ne fut pas très difficile. Comme Nanahoshi nous l’avait assuré, c’était apparemment à environ un mois de voyage vers le nord.
J’avais également posé des questions sur la route pour y arriver, juste pour avoir une idée de ce qui nous attendait.
« La route habituelle consiste à passer par la région de Nkots et de prendre le long chemin autour du désert, mais il y a beaucoup de bandits sur cette route récemment, alors ce n’est pas sûr. Les marchands les plus intelligents coupent directement à travers le désert d’Ucho ces jours-ci. Vous allez vers l’est jusqu’à ce que vous atteignez le marqueur, puis vous allez vers le nord jusqu’à l’oasis. De là, c’est une route sinueuse vers l’ouest pendant un moment. Une fois que vous verrez les montagnes Kara, vous les gardez sur votre gauche et allez vers le nord jusqu’à la prochaine oasis. De là, le désert est un peu moins brutal à l’est. Vous vous frayez un chemin à travers aussi vite que vous le pouvez, puis vous vous dirigez vers le nord-ouest pour rejoindre la route normale. »
C’était agréable de recevoir une réponse aussi détaillée, mais tout cela ne signifiait rien pour moi. Il y avait beaucoup de références à des endroits spécifiques que je ne connaissais pas, la plupart ressemblant à des montagnes ou des étendues de désert. Le message de base que j’avais reçu était qu’il y avait deux routes à choisir, mais que si nous essayions de suivre l’une ou l’autre, nous nous perdrions probablement.
« Y a-t-il des sortes de cartes de cette région en vente ? », avais-je demandé.
Les cartes n’étaient pas toujours fiables, mais elles étaient utiles. En général, on pouvait au moins avoir une idée générale de l’endroit où l’on se trouvait. C’était toujours rassurant.
« Des cartes ? Qui diable s’embêterait à faire quelque chose comme ça ? »
Il ne semblait pas que nous aurions beaucoup de chance sur ce front. Ce continent n’avait pas encore trouvé son Ino Tadataka. Nous devions donc clairement nous trouver un guide digne de confiance.
« Très bien. Savez-vous où on peut trouver quelqu’un qui pourrait nous guider jusqu’à Rapan ? »
J’avais supposé que ce ne serait pas un problème, mais…
« Je suis sûr qu’il y a des gens qui connaissent le chemin, mais vous ne trouverez pas de guides cherchant des clients ici. Cette ville est plus une station de passage sur la route. »
« Attendez, vraiment ? »
« Oui. Je veux dire, en général, vous voulez voyager entre les grands centres commerciaux, non ? »
« Ah, je vois… »
Maintenant que j’y pensais, cela semblait logique. Pourquoi n’avais-je pas réalisé que ça pouvait être un problème avant ?
Elinalise avait supposé que nous trouverions un guide assez facilement, mais son expérience ne s’appliquait pas vraiment ici. Lorsqu’elle visitait un pays inconnu pour la première fois, elle commençait toujours par les villes frontalières où les voyageurs étaient nombreux. Mais cette fois-ci, nous avions utilisé un téléporteur pour nous retrouver en plein milieu du continent. Cette différence nous avait déstabilisés.
Les choses ne se passaient déjà pas comme prévu.
Pourtant, il n’y avait pas de raison de paniquer. La vie nous envoie toujours des balles courbes. Nous n’étions là que depuis deux semaines, alors que le voyage aurait normalement pris une année entière. C’était un progrès impressionnant, quelle que soit la façon dont on le voyait.
« Que ferais-tu normalement dans une telle situation, Elinalise ? »
« Je passerais directement par le chemin le plus court possible. Mais pour être honnête, j’en ai assez de marcher dans le désert depuis un moment. »
« Oui, moi aussi. »
« Qu’est-ce que tu en penses ? »
« … Hmm. Peut-être que nous pourrions suivre un marchand en route pour Rapan ? »
« Ça ressemble à un plan. Voyons si nous pouvons en trouver un. »
Aisha avait réussi à atteindre Ranoa rapidement en faisant du stop avec des caravanes de marchands. Il n’y avait aucune raison pour que nous ne puissions pas utiliser la même astuce. Nous n’avions même pas besoin de nous presser. La seule chose qui comptait était d’arriver à destination en toute sécurité.
« Monsieur, connaissez-vous par hasard des marchands en route pour Rapan ? »
Il n’y aurait pas de caravanes cherchant activement des gardes ici, pour la même raison qu’il n’y avait pas de guides à trouver. Mais Elinalise était une aventurière de rang S, et j’étais un magicien d’Eau de rang Saint. Si nous proposions de l’argent et nos services, nous trouverions peut-être quelqu’un qui accepterait de nous emmener.
Malheureusement, l’homme nous avait dit qu’il n’y avait pas beaucoup de gens qui se rendaient à Rapan en général. La plupart des marchands voyageurs étaient en route pour un endroit appelé Kinkara à l’est.
Il y avait cependant un peu de trafic vers le nord. Rapan était célèbre pour ses labyrinthes, qui produisaient un flux constant d’objets magiques précieux, si vous en stockiez, vous pouviez les vendre plus cher dans d’autres villes. Certains marchands gagnaient leur vie de cette façon. La plupart d’entre eux transportaient des pierres et des cristaux magiques du sud-ouest jusqu’à Rapan, où ils vendaient leur cargaison et utilisaient les bénéfices pour acheter des objets magiques.
« Je ne sais vraiment pas s’il y a quelqu’un comme ça dans le coin en ce moment. On en aura certainement sûrement un paquet dans quelques mois. », conclut l’homme.
Ce n’était pas très rassurant. Je commençais à penser que nous ferions mieux de faire du stop pour aller dans cette ville à l’est. Nous ferions un détour, mais au moins nous atteindrions un centre commercial où nous pourrions trouver un guide.
J’avais quand même essayé de demander autour de la ville pendant un moment. Presque tout le monde se dirigeait vers Kinkara, et après une heure ou deux, je m’étais presque résigné à suivre cette route.
Mais alors que je m’apprêtais à abandonner, nous étions tombés sur une piste.
« Oh, Rapan ? Il faut donc vous rendre vers Galban. Je crois qu’il a planté sa tente sur la rive ouest de la rivière. Allez voir si vous pouvez le trouver. »
Elinalise et moi étions immédiatement partis à la recherche de ce Galban. Il avait apparemment fait fortune en parcourant la route entre Rapan et une ville appelée Tenorio, apportant des pierres magiques à Rapan et ramenant des objets magiques. On disait qu’il voyageait dans une caravane de six chameaux, ce qui signifiait qu’il gagnait bien sa vie.
Il ne nous avait pas fallu beaucoup de temps pour trouver la tente que nous cherchions. Elle n’était pas très grande, mais il y avait en fait six chameaux attachés devant.
Et alors que nous nous approchions, une femme à la peau brune émergea de l’intérieur de la tente. Elle portait une cuirasse et une sorte de jupe autour de la taille. On ne pouvait pas voir ses muscles sous l’équipement, mais elle semblait assez forte.
Il m’avait fallu quelques secondes pour réaliser qu’il s’agissait en fait de Carmelita, la même guerrière que nous avions rencontrée hier.
« Hey ! Vous êtes ces gens d’hier ! »
Apparemment, elle se souvenait aussi de nous, même si elle avait l’air surprise de nous voir. Il semblerait que le petit homme moustachu que nous avions sauvé hier était Galban lui-même. Une chance qu’on ait décidé de l’aider.
Galban nous accueillit avec un sourire chaleureux lorsque nous étions entrés dans sa tente.
« Mes excuses pour hier, mes amis ! Nous avons été surpris de voir que vous étiez déjà partis quand nous sommes revenus ! »
Apparemment, ils étaient partis à la recherche de leurs chameaux, qui s’étaient enfuis dans le chaos avec le précieux chargement qu’ils transportaient. Ils étaient ensuite retournés sur les lieux de la bataille, pour constater qu’on avait enterré les corps de leurs camarades et disparu. Galban prétendit avoir passé beaucoup de temps à essayer de nous trouver ce soir-là.
Vous auriez pu expliquer le plan avant de disparaître…
Mais peut-être que c’était juste du bon sens dans un endroit comme celui-ci. Votre cargaison passe en premier, et tout le reste peut attendre.
« Ce doit être le destin qui fait que vous nous avez trouvés comme ça. Voulez-vous rejoindre ma caravane comme gardes du corps ? »
D’après ce que j’avais entendu, il cherchait de toute façon à embaucher de nouvelles épées. C’était logique, puisqu’il en avait perdu quelques-unes hier.
« Que diriez-vous de 500 Cinsha pour aller à Rapan ? Qu’en dites-vous ? »
À en juger par la façon dont il avait enchaîné les compliments sur notre élégant combat contre les Gryphons, il avait cette idée en tête depuis le début. Je crois me souvenir qu’il s’était mis en boule pendant toute la bataille, mais peu importe. C’était exactement ce dont nous avions besoin.
« Entendu. Nous irons donc avec vous jusqu’à Rapan. »
« Ah, splendide ! C’est vraiment merveilleux. Je serais même prêt à vous signer un contrat d’exclusivité à long terme, si vous êtes intéressés. Je n’ai jamais vu un magicien de votre calibre auparavant ! Je ferais en sorte que ça en vaille la peine, je vous l’assure. Que diriez-vous de 10 000 Cinsha par an ? Non, attendez, Balibadom en ferait tout un plat. Est-ce que 8000 serait suffisant ? Je pourrais… »
Les offres commençaient à être un peu trop ambitieuses, alors j’avais fini par devoir les interrompre.
« Je suis désolé, mais nous devons nous occuper de quelque chose à Rapan. Nous garderons cependant cette offre en tête. »
Galban accepta assez facilement. On avait ainsi trouvé notre ticket pour Rapan. Tout était de nouveau sur les rails.
Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.