Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 12 – Partie 2

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Chapitre 12 : Traversée du désert

Partie 2

Mais c’était peut-être la voie la plus sûre. Si elle pouvait les retenir pendant quelques instants, je pourrais les éliminer un par un. Ça ressemblerait un peu plus à notre schéma habituel…

Mais nous n’avions pas élaboré de plan à cet effet à l’avance. Elle m’avait dit de m’occuper de celui-là. Donc si je ne le tuais pas, elle serait prise par surprise.

À ce moment-là.

Le Gryphon se tenait debout, le corps penché en avant, le bec entrouvert, et me regardait férocement. Il n’était pas loin de moi, et il semblait être une créature agile. Il pourrait être capable d’esquiver mon Canon de pierre, ou même de l’ignorer. Je voulais être absolument sûr de tuer cette chose.

Il avait des ailes, mais je n’étais pas sûr de la distance qu’il pourrait parcourir avec. Mon Quagmire ne serait probablement pas non plus très efficace. Il ne me restait donc plus que ma magie du vent.

Les pattes arrière du Gryphon s’étaient soudainement tendues. Je n’avais plus le temps de penser. S’élançant vers l’avant avec un puissant coup de pied, le monstre s’était précipité sur moi, les pattes tendues comme un tigre qui bondissait.

Je m’étais baissé et j’avais lancé le sort avancé Hérisson de Terre sur le sol. Un cercle de pics de terre de trois mètres de long éclata tout autour de moi.

« Kyeeaah ! »

Le Gryphon avait instantanément battu des ailes. Mais mon Œil de Prévoyance avait eu la gentillesse de me montrer ce qu’il prévoyait.

Il ajuste sa trajectoire en plein vol, esquive sur le côté et tente de prendre ses distances.

Avec ma main gauche en avant, j’avais lancé un sort de vent, créant une onde de choc dans l’air qui priva le Gryphon de sa mobilité. Il tourna sur lui-même pendant un instant, mais avant que je puisse poursuivre, il s’était tordu avec une agilité de chat, essayant de se préparer à un atterrissage en douceur.

J’avais tiré un canon de pierre sur l’endroit vers lequel il tombait. Le projectile siffla dans l’air et fit mouche, traversant le corps de la créature avec un craquement humide. Le Gryphon tituba en arrière de quelques pas, puis s’effondra bruyamment sur le sol.

La chose semblait déjà morte, mais je l’avais achevée avec un sort de feu afin d’en être absolument sûr, puis je m’étais retourné pour voir comment Elinalise s’en sortait.

Heureusement, elle allait bien. Je l’avais vue repousser les coups du Gryphon avec son bouclier tout en le frappant avec sa rapière. Les pattes avant du Gryphon étaient rouges de sang, elle les avait manifestement visées avec insistance, pour essayer de réduire sa capacité d’attaque.

« Attention, Elinalise ! Canon de pierre ! »

« … ! »

Après un cri d’avertissement, j’avais tiré un autre projectile mortel. Elinalise l’avait esquivée avec agilité.

Le Gryphon ne l’avait pas suivie. Il m’avait remarqué et essayait d’esquiver dans les airs. Mais Elinalise sortit sa rapière, frappant la patte avant du Gryphon d’un coup sec qui le fit retomber.

La pierre aiguisée toucha le Gryphon au niveau du cou et déchira son corps, sectionnant sa colonne vertébrale au passage. Il s’écrasa au sol la tête la première et commença à convulser. Elinalise s’avança et poignarda la créature à la tête pour mettre fin à ses souffrances. J’avais commencé à brûler son corps avec la magie du feu.

Nous avions tous les deux pris quelques instants pour regarder autour de nous à la recherche d’éventuels renforts supplémentaires avant de finalement laisser échapper un soupir de soulagement.

« Désolée pour ça, Rudeus. J’ai été un peu négligente. »

« Nan, c’est moi qui ne regardais pas au-dessus de moi. »

Après nous être excusés mutuellement pour nos dérapages, nous avions porté notre attention sur la route à suivre. Le sommet de la plate-forme rocheuse avait une couche de sable ici et là, mais pour l’essentiel, c’était de la pierre solide. Au moins, nous n’aurions pas à nous inquiéter de ce qui se cache sous la surface.

« Assurons-nous de surveiller les cieux à partir de maintenant. »

« Oui, allons-y. »

Après cette brève analyse de la bataille, nous étions repartis.

Le sixième jour, nous avions compris que la plate-forme rocheuse était un lieu de nidification du Gryphon. De multiples créatures semblaient avoir divisé la zone en leurs propres territoires, à en juger par le rythme régulier des attaques auxquelles nous étions confrontés.

Les Gryphons étaient des monstres de rang B. Ils n’utilisaient pas de magie, mais ils étaient physiquement puissants et avaient des capacités de vol limitées. Cette mobilité supplémentaire les rendait beaucoup plus difficiles à cibler pour un magicien comme moi. La plupart du temps, nous les rencontrions seuls, mais parfois, il y avait de petits groupes familiaux de deux à cinq personnes. Les créatures étaient intelligentes et pouvaient organiser des attaques coordonnées et des embuscades, donc en groupe, elles étaient considérées comme une menace de rang A.

Elles n’étaient cependant pas de taille pour nous sans l’élément de surprise.

La nuit était tombée, mais aucun Succube n’était apparue pour nous harceler. Ils avaient probablement évité le territoire des Gryphons. Et vu comment se présentaient les choses, les Gryphons étaient plutôt territoriaux. Une fois que vous aviez battu les locaux, il n’y avait pas beaucoup de risque qu’un autre groupe débarque pour vous attaquer le même jour.

En d’autres termes, nous étions en sécurité ici pour le moment. Pour la première fois depuis longtemps, nous avions fait un feu de camp et fit rôtir de la viande de Gryphon pour le dîner.

Le dernier groupe que nous avions battu était composé d’un mâle, d’une femelle et de leur enfant, nous avions donc choisi le plus jeune des trois. Les jeunes animaux avaient tendance à être plus tendres et plus savoureux. Je me sentais un peu en conflit, en tant que personne qui allait devenir père dans peu de temps, mais nous faisons ce que nous devions faire pour survivre. Les gens n’étaient finalement que des créatures égoïstes.

Heureusement, j’avais appris quelques trucs pour cuisiner la viande de monstre, comme emporter mes propres épices avec moi. Les lézards n’avaient pas été particulièrement savoureux, mais le Gryphon était en fait mi-oiseau, mi-mammifère, alors j’avais de meilleurs espoirs cette fois-ci.

Pour l’assaisonnement, j’avais utilisé une part de noix de Kokuri moulues pour deux parts de graines d’Awazu et de feuilles d’Abi. Après les avoir mélangés et broyés, j’avais testé le mélange en me léchant le doigt. Mmmm. Agréable et épicé.

J’avais frotté l’assaisonnement uniformément sur la surface du morceau que nous avions dépecé de la bête, en prenant soin de bien le faire pénétrer. Après avoir ajouté une pincée de sel, j’étais passé à la partie cuisson. Une fois la surface terminée, j’avais éloigné un peu la viande du feu pour faire baisser la chaleur et j’avais attendu un peu plus longtemps. Une fois que la graisse cessa de grésiller de manière audible, nous étions prêts à le manger.

En essayant de ne pas me brûler la langue, j’avais pris une première bouchée prudente.

La viande était à la fois tendre et juteuse. Elle avait une saveur légèrement étrange, mais les épices l’avaient presque entièrement masquée. Vu la façon dont j’avais fait les choses, elle n’était pas complètement cuite. Mais ce n’était pas un problème — et une fois que vous mâchiez la surface, vous pouviez simplement saupoudrer un peu plus d’assaisonnement.

« Ah, ça me ramène en arrière. Geese avait l’habitude de transporter des petites bouteilles d’épices comme ça. »

« Oui, ça semble assez courant chez les voleurs, non ? »

Après qu’Éris m’ait largué, j’avais passé plusieurs années à vivre la vie d’aventurier. Naturellement, j’avais passé une partie de ce temps à travailler dans des groupes. J’avais l’impression qu’il y avait toujours un gars dans chaque groupe qui faisait ses propres épices et les transportait partout. Pour une raison ou une autre, il était généralement du genre à manier la dague, à crocheter les serrures et à désarmer les pièges. J’avais souvent remarqué qu’ils mettaient de côté des noix et des feuilles pour plus tard.

Les produits de la cueillette n’étaient pas uniquement utiles pour la cuisine. Parfois, vous rencontrez un monstre qui reculait devant les goûts et les odeurs forts de certaines plantes. Certaines plantes pouvaient également servir d’insectifuge en cas de besoin. J’avais même vu un type qui jetait une sorte de poudre dans les yeux de ses ennemis pour les aveugler.

« J’aime beaucoup la façon dont tu assaisonnes ça, Rudeus. »

« Eh bien, c’est bon à entendre. »

Elinalise léchait ouvertement la graisse de ses doigts. En général, on ne la surprenait pas à faire ça quand elle mangeait dans une taverne quelconque. Sauf si elle essayait de séduire quelqu’un.

« Tes manières à table ne sont pas les meilleures aujourd’hui, Elinalise. »

« Mon Dieu. Maintenant, on dirait Zenith. »

« Est-ce que maman te harcelait à ce sujet ? »

« Oh, oui. », dit-elle en rougissant et en sifflotant.

« Tu es une dame, Elinalise ! Essaie d’agir comme telle ! »

L’imitation de Zénith par Elinalise ne correspondait pas vraiment à la femme dont je me souvenais. Mais je suppose qu’elles s’étaient connues bien avant ma naissance.

Pendant un instant, je m’étais demandé où était Zénith, mais j’avais chassé cette idée de ma tête. Il n’y avait aucune raison de me rendre anxieux.

« Étais-tu aussi volage à l’époque ? »

« Volage ? C’est plutôt grossier, mais je suppose que je l’étais. Mais à l’époque, on dormait tous en sous-vêtements, ou nus. Au début, Ghislaine ne savait même pas ce qu’était un soutien-gorge ! Tu aurais dû voir la façon dont Paul la reluquait… »

C’était difficile d’imaginer Ghislaine aussi effrontée… mais peut-être qu’elle était juste désemparée. Cela correspondait à ce que je savais d’elle. Quant à Paul, eh bien… je ne voulais pas excuser son comportement, mais j’aurais probablement fait la même chose. Les femmes-bêtes avaient tendance à être assez impressionnantes au niveau de la poitrine.

« Tu sais, en y réfléchissant… je crois que Zénith avait à peu près ton âge quand je l’ai rencontrée », dit Elinalise.

« Vraiment ? Tu la connais depuis qu’elle est adolescente ? »

« Oui. C’était une petite fille innocente et désemparée. Paul l’avait ramassée dans la rue et l’avait entraînée dans notre groupe, le vaurien. »

Il y avait un regard affectueux et nostalgique dans les yeux d’Elinalise alors qu’elle se souvenait. En y réfléchissant, Geese et Ghislaine avaient l’air tout aussi heureux quand ils parlaient vaguement du passé. Ils avaient probablement passé de bons moments ensemble.

« J’ai l’impression que papa veut s’excuser auprès de toi pour quelque chose qui s’est passé à l’époque. Est-ce que je peux demander ce que c’était ? »

« … Il vaut mieux que tu ne saches pas, mon cher. Je ne pense pas que tu veuilles en entendre trop sur les histoires amoureuses de ton père ? », dit Elinalise tout en grimaçant maintenant.

« Oui, tu as raison. »

À vrai dire, j’avais un peu envie de savoir, mais je ne voulais pas lui mettre la pression. Parfois, un homme devait ravaler sa curiosité.

Au moins, sa réponse m’avait dit que ça avait un rapport avec sa vie amoureuse actuelle. Il avait apparemment eu une relation physique avec Ghislaine à un moment donné, alors je ne serais pas surpris qu’il ait aussi couché avec Elinalise. Et puis Zénith était tombée enceinte, faisant disparaître ainsi le groupe… Je pouvais facilement imaginer comment cela pouvait mener à un drame horrible.

« Une fois qu’on sera à Rapan, je suis sûr qu’il fera tout pour s’excuser », avais-je dit.

« … Je ne lui pardonnerai pas, quoi qu’il dise. »

Elinalise était de nouveau renfrognée. Ce qui s’était passé n’avait pas dû être très beau.

Paul était vraiment un bon à rien. Mais c’était exactement pour ça que je devais l’aider. Les gars comme lui et moi devions nous entraider.

Au pire, je n’aurais qu’à supplier moi-même Elinalise de lui pardonner.

Le septième jour avait commencé comme le sixième, nous avions progressé régulièrement vers le nord tout en combattant les Gryphons. Ce plateau rocheux s’étendait plus loin que je ne l’avais imaginé, peut-être s’agissait-il plutôt d’une montagne. Bien que le sommet soit en grande partie plat, nous ne pouvions pas voir loin dans toutes les directions à cause des blocs géants éparpillés au hasard sur sa surface.

De temps en temps, cependant, nous tombions sur une zone plus dégagée. C’était là que les Gryphons locaux nous attaquaient. On les battait, puis on allait de l’avant. Ce cycle se répétant alors de nombreuses fois.

« Oh. »

Mais alors, tout à coup, la zone rocheuse s’était terminée.

« Eh bien, il était temps… »

Le sol loin en dessous de nous n’était plus un désert stérile. Il y avait un peu d’arbres et de plantes en bas. Cela ressemblait à une savane, sans beaucoup d’herbe.

Au loin, il y avait un grand lac, entouré de toits blancs.

Nous avions trouvé la ville de Bazaar.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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