Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 11 – Partie 1

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Chapitre 11 : L’écosystème du désert

Partie 1

Notre traversée du désert commença le lendemain matin.

L’attaque de cette Succube m’avait au moins réveillé aux dangers auxquels nous étions confrontés ici. J’avais passé les dernières années dans une ville universitaire agréable et sûre, et cela avait pu émousser mes instincts. Ils n’étaient pas si aiguisés que ça, mais j’étais devenu un peu trop détendu.

Nous étions sur le Continent de Begaritt maintenant. Cet endroit était loin d’être aussi sûr que le Continent Central. Il fallait que je me mette dans le bain, sinon on allait se faire tuer tous les deux.

« Essayons de rester couverts pour l’instant. Assure-toi également de t’hydrater. Fais-moi savoir si ta gourde est à sec. », avais-je suggéré alors que nous nous mettions en route.

« Bien sûr. »

Nous portions tous les deux des manteaux et avions des foulards sur nos têtes. Exposer la moindre peau pouvait être dangereux par ici. Si nous avions emmené Cliff, j’avais le sentiment qu’il se serait plaint d’être si bien emmitouflé par cette chaleur.

Bien que nous soyons au milieu d’un désert, je pouvais remplir notre réserve d’eau avec de la magie chaque fois que c’était nécessaire. Cependant, ni moi ni Elinalise n’avions l’expérience de ce genre de terrain et nous ne pouvions pas savoir ce que nous trouverions sur la route qui nous attendait. Il y avait par exemple un risque que je prenne un coup de chaleur et que je me retrouve incapable d’utiliser un quelconque sort. Nous devions être prudents.

« Je mets donc le cap au nord ? », dit Elinalise.

« Oui, s’il te plaît. »

La carte de Nanahoshi indiquait que la ville la plus proche se trouvait dans cette direction, même si elle était au mieux approximative.

Elinalise n’avait pas besoin de boussole pour nous orienter. C’était une capacité elfique relativement connue. Ils n’avaient jamais perdu leur sens de l’orientation, même dans des forêts si épaisses qu’on ne pouvait pas voir le soleil. Avec cette capacité, ainsi que les compétences qu’elle avait acquises au fil des ans, j’étais sûr qu’elle nous garderait sur la bonne voie, quels que soient les obstacles que nous rencontrerions.

En y réfléchissant, j’avais rencontré pas mal de gens qui pouvaient trouver leur chemin sur un terrain difficile en n’utilisant rien d’autre qu’une carte de base. Je suppose que c’était une compétence que l’on développait avec suffisamment de pratique.

« Il fait cependant vraiment chaud ici… », dit-elle en soupirant.

« Je pourrais essayer de faire tomber une pluie battante autour de nous, si tu veux. »

« N’essayons pas, mon cher. Cela attirerait probablement des hordes de monstres. »

Les animaux du désert étaient toujours à l’affût de sources d’eau. Cette pensée me rappelait les hordes de lézards qui avaient émergé pendant la saison des pluies dans la Grande Forêt. Pourtant, j’avais entendu dire que les monstres de ce continent ne supportaient pas le froid. Si jamais nous étions envahis, je pourrais essayer de geler l’air autour de nous… à condition de ne pas blesser Elinalise par accident.

Mais pour l’instant, je me contentais de la suivre.

C’était la première fois que je marchais dans un désert. J’avais l’impression que mes pieds s’enfonçaient dans le sol à chaque pas. Heureusement, j’avais l’habitude de me déplacer dans la neige dans les Territoires du Nord. Ce n’était pas exactement la même chose, mais ma capacité à marcher légèrement était toujours utile. J’avais l’impression que je pourrais continuer toute la journée sans trop m’épuiser.

Cet optimisme initial s’était cependant avéré être un peu erroné. Quelques heures plus tard, j’étais de plus en plus épuisé. Le soleil qui nous frappait était le principal problème… Ça et les vents brûlants qui me soufflaient au visage. Je pouvais voir que ma température était élevée, et je commençais à me sentir un peu étourdi.

Je me réhydratais aussi souvent que possible, mais cette sensation de fatigue augmentait toujours rapidement. J’aurais peut-être dû finalement faire apparaître un ou deux nuages au-dessus de nous.

En comparaison, Elinalise était encore étonnamment en bonne forme.

« Tu n’as pas autant d’endurance que je le pensais, Rudeus. »

« Le sable n’est pas un gros problème, puisque j’ai l’habitude de marcher dans la neige… mais cette chaleur est vraiment brutale. »

« Pour être honnête, je suppose que Cliff ou Zanoba se seraient déjà effondrés. Ne pas les emmener avec nous était la bonne décision. »

Je n’avais jamais cessé de m’étonner de la résistance monstrueuse des guerriers de ce monde. Peut-être que cette endurance anormale avait quelque chose à voir avec cette aura de combat ? J’étais plus qu’un peu jaloux.

En tout cas, cette chaleur était une mauvaise nouvelle. J’avais l’impression que la sueur s’évaporait avant même de pouvoir couler sur mon visage.

Dans les Territoires du Nord, le froid était le principal problème. À l’époque, je pouvais générer une poche de chaleur autour de moi en utilisant la magie, une application pratique du sort Brûler sur place. Peut-être y avait-il une variation qui rendrait cet endroit plus tolérable.

« Oh, c’est sympa et cool. As-tu fait quelque chose, Rudeus ? », dit Elinalise.

« Oui, j’essaie de faire baisser un peu la température autour de nous. »

Après quelques essais et erreurs, j’avais réussi à refroidir les choses d’environ cinq degrés Celsius. Mais il faisait toujours aussi chaud. Le soleil était trop puissant. J’avais une épaisse capuche, mais j’avais toujours l’impression que le sommet de ma tête était en feu. Peut-être aurions-nous dû apporter des parasols.

Pour l’instant, j’avais complété mon sort de refroidissement en gelant magiquement l’eau contenue dans l’une de mes gourdes et en la glissant dans mes vêtements. Je pourrais la recongeler quand la glace fondrait.

Ces ajustements avaient rendu les choses un peu plus tolérables. Ce n’était pas confortable, mais je pouvais supporter la chaleur.

Nous avions rencontré de nombreux monstres ce premier jour.

La première créature que nous avions rencontrée était un scorpion géant d’environ deux mètres de long. Sa queue était divisée en deux, et il pouvait fouetter les deux côtés indépendamment l’un de l’autre. Elinalise m’avait dit par la suite qu’on l’appelait le scorpion de la mort jumelle. Sa piqûre dégageait un poison très dangereux qui ne pouvait être soigné que par une magie de désintoxication de niveau intermédiaire. Le fait d’avoir pris le temps d’apprendre ce niveau me rendit alors heureux.

La créature avait une carapace relativement solide, mais elle n’était pas très agile. Elinalise l’immobilisa et je l’abattis avec un canon de pierre en deux secondes environ. Cette chose était censée être un monstre de rang B, mais elle ne représentait aucune menace pour nous. On avait bien travaillé ensemble.

Mais si Elinalise avait été seule ici, elle aurait eu plus de mal. Je n’étais pas sûr que ses attaques puissent faire beaucoup de dégâts sur un ennemi lourdement protégé.

« Ouf. C’est vrai qu’elles sont grosses, ces choses-là, non ? », dit Elinalise.

« Je ne sais pas. Ça m’a paru assez normal. »

« C’était à peu près de la même taille que les monstres du Continent Démon, non ? »

« Oui, je suppose que tu as raison. »

Les monstres du Continent de Begaritt n’étaient pas censés être comparables à ceux du Continent Démon. Et le fait que le premier qu’on ait rencontré soit si grand était étrange. Je m’attendais à quelque chose de la moitié de cette taille.

« Peut-être que les scorpions sont juste anormalement grands ? », se risqua Elinalise.

« Bien sûr, peut-être. Parfois, on tombe tout de suite sur les monstres les plus dangereux, non ? »

« Je dirais que ce n’est pas la normalité. »

« Hmm. Peut-être que les monstres de cette région sont plus forts. »

« Cela semble un peu plus probable. »

Malgré tout, nous avions continué à avancer à notre rythme habituel.

Le prochain monstre que nous avions rencontré était un Tréant, un ennemi commun cette fois. Mais ce n’était pas une sorte d’arbre ambulant. Il s’agissait d’un Cactus Tréant vert hérissé. C’était un monstre de rang C capable de tirer des aiguilles sur ses ennemis et d’utiliser la magie de terre de base. Mais une fois de plus, il ne nous posa pas beaucoup de problèmes.

« C’est presque rassurant de tomber sur un Tréant, non ? », dit Elinalise en essuyant sa lame après que nous ayons terminé.

« C’est vrai. Ils sont vraiment partout, n’est-ce pas ? Presque comme les slimes. »

« Hm ? Des slimes ? Mais ils ne vivent qu’au fond des grottes. »

« Désolé, ignore-moi. De toute façon, c’est dommage que ceux d’ici soient des cactus, pas des arbres. On ne peut pas vraiment utiliser leurs corps comme bois de chauffage. »

« Oui, et j’imagine qu’ils sont sûrement saturés d’eau. Ça pourrait être utile en soi, mais nous avons déjà notre magie. »

À présent, Elinalise pouvait elle-même utiliser des sorts de base de la magie de l’eau. J’avais supposé qu’elle séchait tous ses cours, mais je suppose qu’elle avait réussi à apprendre ce dont elle avait besoin.

La menace suivante était arrivée soudainement et sans prévenir.

« Nous sommes attaqués ! », cria Elinalise en bondissant à mes côtés.

Une fraction de seconde plus tard, quelque chose de gigantesque surgit du sol juste devant l’endroit où elle se tenait. C’était un ver. Un ver extrêmement grand, peut-être un mètre d’épaisseur et au moins cinq mètres de long. Il émit un étrange aboiement dans les airs, puis s’enfonça dans le sable et disparut.

« Mon Dieu, j’ai eu peur… », dit-elle.

« C’était quoi cette chose, Elinalise ? »

« Je suppose que c’est un ver des sables. Et un très gros. »

Les vers des sables étaient des monstres qui attendaient patiemment sous le sable, puis surgissaient pour attaquer lorsqu’une proie passait à proximité. Je n’en avais jamais vu auparavant, mais apparemment il y avait des créatures similaires dans la Grande Forêt. Leurs tailles étaient cependant très différentes. Les créatures de la forêt ne mesuraient que vingt à trente centimètres d’épaisseur et pouvaient, au pire, vous arracher une jambe.

« J’ai entendu dire qu’il y en avait aussi des gros sur le Continent Démon. Tu n’en as jamais vu ? », dit Elinalise.

« La plupart des monstres que j’ai croisés là-bas n’étaient que des serpents et des loups. Oh, ça et une espèce d’armure de marche bizarre. »

« Une armure de marche ? C’était quoi, un briseur d’âme ? »

« Non, ils appelaient ça un Bourreau. C’est celui avec la grande épée. »

« Ah, c’est une variété plus forte. Tu ne veux pas tomber sur l’un d’eux quand tu es seul. »

Il semblerait que les Vers des Sables ici étaient aussi inhabituellement grands. J’avais aperçu cinq mètres de son corps, mais le reste était encore sous terre; il pouvait faire jusqu’à dix mètres de long au total. Cela les rendait assez grands pour avaler un homme en entier. Si vous vous promenez sur l’un d’entre eux sans le remarquer, c’était comme si vous marchiez sur un piège mortel.

Pourtant, ils ne représentaient pas un grand danger tant que vous pouviez éviter leur attaque initiale.

J’avais baratté le sol où le Vers des Sables était enraciné, le découpant avec des lames de sable durci. Il était mort sans même pousser un cri. Une petite flaque de liquide s’était formée autour de la partie de son corps qui avait éclaté à la surface.

« S’il y a des vers aussi gros par ici, je me demande comment sont les papillons », avais-je pensé.

« C’est peut-être pour ça qu’on appelle les Succubes. Elles ressemblent un peu à des papillons de nuit, non ? »

« Ha ha. Ça veut dire que tu as commencé par être un insecte, Elinalise ? »

« Heh, eh bien… on a tous nos débuts difficiles, tu sais. »

Hmm. Elle ne niait donc pas qu’elle était une Succube. Maintenant, j’étais curieux à propos de ses années chenilles. Traînait-elle à la bibliothèque de l’école avec une grosse paire de lunettes ringardes ? Travaillait-elle dans les champs dans une paire de salopettes sales ?

Dans tous les cas, j’avais le sentiment que Cliff serait très excité s’il pouvait voir une photo. Ça faisait toujours plaisir à un homme de voir un côté inattendu de la fille qu’il aimait.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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