Mushoku Tensei (LN) – Tome 11 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Faire face aux sœurs Greyrat

Partie 3

Je devais faire attention à ce que je faisais avec cette fille. Dans ma vie antérieure, j’aurais pu penser qu’elle avait un faible pour moi. Mais je n’étais plus vierge, bon sang ! Je n’étais même pas célibataire ! Elle n’allait pas me faire perdre la tête aussi facilement.

« Quel âge ont-elles ? », demanda Nanahoshi.

« Je pense qu’elles ont toutes les deux 10 ans. »

« Je vois. J’ai en fait un petit frère qui a à peu près le même âge. Mais je suppose qu’il est plus âgé que moi maintenant, si le temps passe au même rythme chez nous… »

C’était difficile à dire à travers le masque, mais elle avait l’air nostalgique. Elle se souvenait probablement de sa vie au Japon. Personnellement, je n’avais pas beaucoup de souvenirs agréables associés au mot frère.

« Eh bien, tu me donnes maintenant envie de pudding », marmonna Nanahoshi.

Quoi ? D’où est-ce que ça vient ?

« Euh, as-tu de bons souvenirs de pudding ? »

« Le petit con avait l’habitude de manger ceux que je mettais au frigo pour plus tard. Ces trucs étaient en plus vraiment chers… »

Un truc classique de petit frère. Ça ne m’avait pas semblé être le plus beau des souvenirs, mais Nanahoshi avait clairement le mal du pays. Elle regardait le plafond, retenant ses larmes. J’avais détourné les yeux pour ne pas l’embarrasser.

« Eh bien, de toute façon. Je repasserai bientôt, d’accord ? », avais-je dit.

« Très bien… Euh, au fait, désolée pour tous les problèmes de tout à l’heure. Tu as beaucoup amélioré l’opinion que j’ai de toi. »

« Heh. Mais ne tombe pas amoureuse de moi, petite. Tu vas te brûler… »

« Pardon ? Est-ce que tu t’entends bien là ? »

« Allez ! C’était censé être un trait d’humour ! »

Une fois que je lui avais expliqué cela, Nanahoshi gloussa un peu, mais ça semblait un peu forcé. Les enfants de nos jours ! Ils n’appréciaient pas les classiques.

En tout cas, la fille n’était clairement pas en état de mener des expériences aujourd’hui. Je n’avais pas non plus le temps d’aider. Nous devrons reprendre nos recherches plus tard, une fois que les choses se seront un peu calmées.

*****

Une fois la journée d’école terminée, j’avais retrouvé Sylphie et nous étions rentrées ensemble. Je voulais avoir son avis sur Norn et Aisha. Elle était beaucoup plus proche de leur âge, j’espérais donc qu’elle pourrait avoir quelques idées.

Mais avant que je puisse aborder le sujet, Sylphie prit la parole.

« Oh, c’est vrai. On va s’arrêter au marché, Rudy. Il y a plus de monde dans la maison maintenant, on va donc avoir besoin de plus de nourriture. »

Sa demande me semblant raisonnable, nous avions donc fait un petit détour.

Dès que nous avions mis le pied à l’intérieur du marché, la douce odeur des haricots m’avait frappé le nez de toutes parts. Le marché du quartier du commerce était toujours très animé le soir. Les gens avaient tendance à penser que les marchés étaient plutôt matinaux, mais ceux de ce quartier vendaient beaucoup de viande fournie par les chasseurs ou les aventuriers. Les chasseurs avaient des horaires imprévisibles, mais les aventuriers avaient tendance à passer leurs journées à tuer des monstres dans les forêts ou les plaines. Naturellement, la viande qu’ils ramenaient avec eux le soir avait tendance à être vendue la nuit.

Il n’y avait pas beaucoup de variété dans la nourriture disponible ici, et la plupart des ingrédients étaient assez chers. Mais le Royaume de Ranoa et les autres nations magiques étaient en fait mieux lotis que la plupart des pays de cette région. Si vous pouviez vous le permettre, il y avait au moins de la viande disponible ici. Si vous vous dirigiez plus à l’est, vous trouveriez des pays où il n’y avait que peu d’aliments frais à acheter à des prix hors d’atteinte.

En dehors du marché lui-même, vous pouviez également trouver quelques emplois pour les aventuriers postés dans cette zone de la ville. La plupart d’entre eux consistaient à congeler de la viande fraîche par magie — des emplois populaires auprès des jeunes étudiants universitaires qui avaient appris les rudiments de la magie et avaient besoin d’argent de poche.

Sylphie et moi nous étions promenés, choisissant les ingrédients pour le dîner. J’en avais profité pour lui raconter tout ce qui s’était passé aujourd’hui.

« Eh bien, je pense que tu as raison. On dirait qu’elles ne s’entendent pas très bien toutes les deux. »

« Franchement, je ne suis pas sûr de ce qu’elles pensent. Je suppose que je ne sais plus comment voir le monde à travers les yeux d’un enfant. »

« C’est dur, oui. »

« Aisha semble cependant déterminée à devenir notre bonne au lieu d’aller à l’école. Tu as une idée à ce sujet ? »

« Hmm. Je n’ai pas pu consacrer beaucoup de temps aux tâches ménagères, avec déjà tout ce que je dois faire… donc personnellement, j’apprécierais l’aide. »

Le sourire de Sylphie avait l’air sincère. C’était bien de savoir qu’elle ne voyait pas ça comme une intrusion dans son domaine.

« Le truc, c’est que nous sommes les adultes ici, et c’est une enfant. », avais-je dit

« Oui. »

« Crois-tu qu’on a la responsabilité de l’envoyer à l’école ? Elle pourrait finir par y découvrir de nouveaux centres d’intérêt, non ? »

« Hmm. Eh bien, tu dois avoir sans doute raison. On pourrait l’encourager à prendre toutes sortes de cours bizarres et voir si quelque chose l’attire… »

Sylphie avait fait une pause pensive et mit sa main sur son menton, semblant déchirée entre les options que j’avais placées devant elle.

Puis j’avais suivi son regard et réalisé qu’elle considérait deux morceaux de jambon de prix différents.

« Allez, Sylphie. Je suis sérieusement en conflit avec cette idée. Au moins, réfléchis-y avec moi. »

« J’y réfléchis ! Mais tu sais, Rudy, je suis sûre que tu sous-estimes un peu Aisha. C’est une fille très intelligente. »

« Je sais. Et alors ? »

« Je pense qu’elle s’en sortira très bien, qu’elle aille à l’école ou pas. »

« Hmm… »

« Cela dit, peut-être qu’on ne devrait pas trop y penser. La laisser faire ce qu’elle veut est l’option la plus simple, non ? »

Je ne m’attendais pas à une telle preuve de confiance envers ma sœur. Mais Sylphie les avait connues quand elles étaient beaucoup plus jeunes ? Elle avait dû voir de ses propres yeux ce dont Aisha était capable.

« Honnêtement, je suis plus inquiète pour Norn. Elle est manifestement anxieuse, et je pense que ton père et Ruijerd lui manquent. Nous devons nous assurer que nous prenons bien soin d’elle, d’accord ? », dit-elle.

« Oui… Tu as raison sur ce point. »

La voix de Sylphie était calme, ses mots raisonnables et mesurés. Cela me fit réaliser à quel point j’étais agité par contraste. Ma femme était vraiment une femme fiable. J’avais l’impression de recevoir des conseils de mon vieil ami, Maître Fitz. Ce qui était d’une certaine manière le cas.

« Donc, pour résumé, nous donnons à Aisha la liberté de faire ce qu’elle veut et mettons Norn sur les rails pour le moment ? », avais-je dit.

« Sur les rails ? »

« Euh, ça veut tout simplement dire qu’on lui trace un chemin à suivre. »

« Ah, ok. Ouais. Je pense que ça sonne bien. »

Était-ce vraiment bien de les traiter si différemment ? Eh bien, Aisha était beaucoup plus avancée que Norn en ce moment. Ignorer ce fait et les traiter exactement de la même façon n’aurait pas beaucoup de sens. Reconnaître leurs différences n’était pas la même chose que de jouer les favoris.

« Euh… Cela dit, Rudy, c’est finalement ta décision. Désolée si j’ai eu l’air un peu autoritaire. »

J’avais secoué ma tête.

« Non, tu m’as beaucoup aidé. Je pense que je sais comment je veux aborder ça maintenant. »

« Je ne pourrai cependant pas t’aider autant. J’ai encore mes fonctions avec la Princesse Ariel entre autres…, », répondit Sylphie en se grattant l’arrière de l’oreille avec une expression troublée.

Son travail l’éloignait souvent de la maison. Et elle semblait toujours coupable lorsque cela me causait le moindre désagrément. Parfois, j’avais l’impression que son travail lui causait plus de stress qu’elle ne le disait. Nous étions mariés maintenant, et il y avait la possibilité que je lui demande de démissionner.

Sur une impulsion, j’avais décidé de donner suite à cette pensée.

« Dis-moi quelque chose, Sylphiette, ma chère. »

« Qu’est-ce qu’il y a, mon très cher Rudeus ? »

« Supposons que je t’aurais demandé de démissionner de ton travail avec la princesse Ariel avant qu’on se marie. Qu’aurais-tu fait ? »

J’avais essayé de formuler la question le plus légèrement possible, mais lorsque Sylphie s’était tournée vers moi, son expression était très sérieuse.

« Je suppose que… je t’aurais peut-être refusé. »

Huh ? Hmm. En fait, ça pique un peu. Peut-être que j’aurais dû poser la question plus progressivement ou quelque chose comme ça. Bien. Ok, alors. Alors… elle choisirait Ariel plutôt que moi, hein ? C’est vrai…

« Oh ! »

Ayant perçu ma réaction, Sylphie s’était soudainement mise à s’agiter.

« Ne te fais pas de fausses idées, Rudy ! Je t’aime beaucoup, tu le sais ! Je veux dire, il y a plus que ça, même… Pour être honnête, je sais à peine comment l’expliquer. C’est ce grand et chaud mélange de sentiments… »

Elle était vraiment trop mignonne quand elle était déséquilibrée comme ça.

« Eh bien, je suppose que ce sont fondamentalement différents types d’amour. Je veux dire, euh… pour commencer, j’ai vraiment envie d’avoir un bébé avec toi… »

En disant ces mots, Sylphie frotta par réflexe une main sur son ventre.

Maintenant, elle me faisait rougir moi aussi. Avait-elle oublié que nous étions en public ?

« Mais j’aime aussi la princesse Ariel, tu sais ? D’une manière différente, bien sûr. Je suppose que c’est une amie très chère… »

Je ne l’avais pas encore entendue exprimer ses sentiments envers Ariel avec des mots. Mais maintenant qu’elle avait commencé, les mots continuaient à venir.

« La Princesse Ariel peut sembler parfaite de l’extérieur, mais elle a beaucoup de défauts et de faiblesses. Je sais que tu serais très bien sans moi, Rudy, mais si la princesse n’avait pas Luke et moi pour la surveiller, elle ne tiendrait pas une semaine. Je ne pourrais pas supporter de l’abandonner. »

Sylphie fit une pause pour reprendre son souffle et se gratter à nouveau derrière les oreilles, puis continua maladroitement.

« Uhm, mais tu sais… être mariée avec toi, c’est, eh bien… c’est un peu un rêve qui se réalise pour moi. Je ne veux pas y renoncer non plus. Tant que je resterais avec toi. »

Sylphie semblait avoir l’impression que c’était injuste de sa part de demander autant. Plutôt que de choisir entre moi et Ariel, elle avait l’impression de profiter de ma gentillesse pour avoir le beurre et l’argent du beurre. C’était peut-être pour ça qu’elle était toujours si… conciliante quand elle était avec moi.

C’était complètement ridicule, bien sûr.

Au lieu de répondre, je m’étais penché et j’avais déposé un baiser sur la joue de Sylphie, provoquant des huées d’amusement et quelques railleries autour de nous. Nous avions clairement attiré l’attention.

Rougissant jusqu’au bout des oreilles, Sylphie avait rapidement mis ses lunettes de soleil.

Maître Fitz était plus mignon que jamais ces jours-ci.

Au bout de quelques minutes, ma femme avait réussi à se calmer suffisamment pour que nous puissions reprendre notre course à l’épicerie. Nous nous étions éloignés du sujet principal à un moment donné, mais au moins j’avais obtenu son avis sur les problèmes les plus importants à court terme. Avec un peu de chance, elle s’entendrait avec Norn et Aisha. Ce serait d’une grande aide. Je ne pensais pas être capable de comprendre l’esprit d’une préadolescente.

« De toute façon, il se pourrait que je doive m’appuyer sur toi pour m’aider avec ces deux-là, Sylphie. Je ne suis pas très douée avec les filles. »

« Ce n’est pas grave. Tu te souviens qu’on est marié ? Je t’aiderai chaque fois que tu auras besoin de moi. »

Le sourire de Sylphie était carrément radieux. C’était agréable d’avoir une femme aussi charmante et fiable dans ma vie. Bien sûr, elle semblait penser que la Princesse Ariel serait perdue sans elle, alors que je me débrouillerais très bien toute seul. C’était… intéressant.

De la même manière, Sylphie pourrait sûrement se débrouiller sans moi. Sur ce point, au moins, les choses n’étaient plus comme avant.

Une semaine plus tard, Aisha passa son examen d’entrée comme prévu… et avait obtenu la note parfaite.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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