Mushoku Tensei (LN) – Tome 10 – Chapitre bonus 2 – Partie 2

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Chapitre bonus 2 : L’affûtage des crocs

Partie 2

« Graaah ! »

Elle avait frappé sa mâchoire.

Auber avait essayé de l’arrêter en utilisant l’arme dans sa main gauche.

« Mrgh ! »

Sa main s’était emmêlée avec la sienne. Ses doigts s’étaient accrochés autour de la poignée. Auber sentit un frisson lui parcourir l’échine quand il réalisa qu’elle essayait de lui voler son épée. Cette bête ne s’arrêtera pas tant qu’il ne l’aura pas tuée.

Il donna alors un grand coup de pied à la femme enroulée autour de lui, l’envoyant dans les airs. Puis il réajusta sa prise sur son arme, de sorte que la lame soit maintenant face à elle.

Heureusement pour Éris, lorsqu’il l’avait lancée dans les airs, elle était tombée à l’endroit même où son épée avait atterri plus tôt. Sa respiration était irrégulière alors qu’elle prenait l’arme. Elle devait le tuer.

Ce fut au moment où Auber brandissait sa lame et commença à émettre une intention meurtrière qu’une voix se fit entendre.

« C’est assez. »

La soif de sang avait pris fin. Éris était déjà figée sur place, ayant perçu le changement de comportement de son adversaire. Le Dieu de l’épée était apparu sans qu’ils s’en rendent compte et se tenait maintenant à l’entrée de la salle d’entraînement. Auber rangea son épée et Éris se coucha sur le dos. Elle fixa le ciel, respirant toujours aussi fortement. Son visage était tordu de frustration.

Auber porta sa main droite à sa poitrine et inclina la tête.

« Cela fait trop longtemps, Maître Dieu de l’Épée. »

« Vous êtes donc venu, Empereur du Nord. »

« J’ai lu votre lettre. Et puis cette fille a attaqué. »

« Ahh, incroyable, n’est-ce pas ? »

« C’est la première fois que je vois un combattant à l’épée aussi acharné. Elle ressemblait presque à une bête. Ahh, c’est donc l’enfant qu’on appelle le Chien Fou. »

Éris écouta leur conversation en se levant. La façon dont elle avait dérivé de façon instable vers l’avant lui avait donné un air surnaturel. En la voyant, Auber avait préparé son épée à nouveau. Mais Éris se contenta de lui lancer un regard noir et entra dans la salle d’entraînement, disparaissant dans le bâtiment sans un regard pour l’homme qui resta abasourdi dans son sillage.

Elle essuya la blessure sur sa joue en se dirigeant vers sa chambre, sans prendre la peine d’enlever la neige qui lui collait au corps. Puis, une fois arrivée à destination, elle jeta son épée à la base de son oreiller et s’affaissa sur le lit dur. Ce fut ainsi qu’elle s’était endormie rapidement. Elle était frustrée d’avoir perdue, mais pour l’instant, c’était une question insignifiante.

◇ ◇ ◇

Ce soir-là, Ghislaine avait visité la salle éphémère. Le dieu de l’épée Gall Farion et son invité, l’empereur du Nord Auber, y étaient assis. Les sourcils de Ghislaine étaient légèrement froncés, mais elle n’avait montré aucun signe extérieur d’attention envers Auber. Elle s’était approchée du Dieu de l’Épée et lui avait demandé sans détour : « Maître, pourquoi n’apprenez-vous rien à Éris ? »

Le Dieu de l’épée écouta et gloussa : « Je l’ai déjà fait, non ? »

« Vous voulez dire, comment manier son épée ? »

« Non. Comment se tempérer », répondit-il comme si c’était évident.

La rudesse normale de sa voix était absente. C’était une réponse calme.

Ghislaine ne se souciait pas beaucoup de ce côté de sa personne. Ce fut pourquoi elle avait rassemblé ce qu’elle avait d’intelligent et choisi ses mots avec soin.

« Vous l’avez toujours dit vous-même : “Faites tout logiquement”. »

« Je l’ai dit. »

« Alors qu’est-ce que vous faites avec Éris ? Elle est là à brandir son épée tous les jours comme une idiote qui ne connaît rien d’autre. En quoi est-ce logique ? »

Il avait l’air ennuyé : « Hm ? Depuis quand es-tu devenu un tel casse-pieds ? »

« Depuis avant que je revienne ici ! »

« Alors tu ne vas plus écouter ce que ton maître te dit ? »

« Mais-ugh ! »

Ghislaine avait soudainement reçu un coup d’épée. Pour une personne ordinaire, il aurait semblé que l’arme soit apparue comme par magie dans la main du Dieu de l’Épée. Ghislaine, cependant, pouvait le voir la dégainer. Elle n’avait juste pas pu réagir à temps. Face à l’homme le plus rapide du monde, personne ne pouvait, pas même un Roi de l’Épée.

« Ghislaine. Je regrette un peu la façon dont je t’ai enseigné. »

« … »

« Tu étais comme un tigre affamé, mais maintenant tu es comme un chaton qui a perdu ses crocs. Si tu étais resté comme ça, tu serais déjà un Empereur de l’Épée. »

Ghislaine avait dégluti en entendant ses mots. Elle avait l’impression de s’être affaiblie récemment, mais elle ne pensait pas que c’était entièrement mauvais. Il était vrai que sa progression à l’épée avait stagné. Mais elle avait gagné des choses importantes en échange : l’intelligence et la sagesse. Des choses qu’elle n’aurait pas pu obtenir en maîtrisant l’épée.

« Je ne vais pas aussi laisser Éris perdre ses crocs. »

Gall rangea son épée comme pour dire : maintenant tu comprends, n’est-ce pas ?

Ghislaine bouda en répondant : « Je ne comprends pas. Pourquoi ne veux-tu pas qu’elle s’entraîne ? »

Le Dieu de l’épée poussa un soupir, se rappelant que Ghislaine était le genre d’enfant qui avait besoin d’explications approfondies pour comprendre.

« Écoute. Si quelqu’un veut devenir meilleur que moi, il doit être capable de comprendre les choses par lui-même. C’est après tout comme ça que je suis arrivé là où je suis. Bien sûr, il faudra qu’il ait le talent et fasse les efforts nécessaires pour mériter le titre de “Dieu de l’épée”, mais laissons cela de côté. L’objectif d’Éris est le Dieu Dragon Orsted. Son existence défie toute logique. C’est un monstre qui dépasse l’imagination. Elle ne peut pas le battre avec mes seuls enseignements. »

L’homme avait un regard nostalgique sur son visage alors qu’il finissait de parler. Il avait en fait combattu le Dieu Dragon lui-même, avant qu’il ne soit appelé le Dieu de l’Épée, lorsqu’il n’était qu’un Saint de l’Épée, fort, mais arrogant. Il avait perdu lamentablement, au point qu’il ne savait toujours pas pourquoi sa vie avait été épargnée, ou plus important encore, pourquoi tous ses membres étaient encore intacts.

Après avoir perdu son ego, il s’était fixé comme objectif de surpasser Orsted et s’était entraîné dans ce but depuis lors. Ce fut ainsi qu’il était devenu le Dieu de l’épée. C’était aussi exactement pourquoi il ne voulait pas que quelqu’un d’autre se mêle de cette affaire.

« Hé, Ghislaine, faire des exercices n’est pas la même chose que s’entraîner. Surtout si tu as un objectif à atteindre. Ça ne sert à rien d’agir comme un chien obéissant et de faire ce que quelqu’un d’autre te dit. Tu comprends ? »

« Maître, tu dis toujours des choses si compliquées. Je ne comprends pas. »

« Hah. »

Il ricana suite à sa réponse. C’est ça, cette idiote ne comprendra pas si je ne lui explique pas tout clairement.

« En d’autres termes, cela signifie que le fait d’apprendre de moi ne lui apportera rien de bon. C’est pourquoi j’ai préparé un tas de choses pour elle, en commençant par lui. »

Le Dieu de l’épée fit un geste en direction d’Auber, qui à son tour inclina le menton en guise de salutation.

« Je suis l’Empereur du Nord Auber Corbett. Dans les rues, on m’appelle la Lame Paon. »

Ghislaine fronça les sourcils. Il y avait une odeur indescriptible émanant de l’homme. Ce n’était pas une odeur corporelle, mais quelque chose de puissamment citronné. Très probablement de l’eau de Cologne. Une odeur désagréable pour un homme-bête comme Ghislaine.

« Et qu’est-ce qu’un membre du Style du Dieu du Nord fait ici ? »

« Je réponds à la demande du Dieu de l’Épée d’instruire un de ses élèves. »

Son expression était devenue plus suspicieuse alors qu’elle interrogeait le Dieu de l’Épée.

« Pourquoi quelqu’un du Style Dieu du Nord ? Je ne vois pas comment leurs trucs sournois pourraient convenir à Éris. »

« Parce que le Dieu Dragon les utilisera contre elle. »

Le doute sur le visage de Ghislaine ne faisait que s’accentuer. Elle n’avait jamais entendu dire que le Dieu Dragon était un épéiste du style Dieu du Nord.

« Qui est ce Dieu Dragon ? », demanda-t-elle.

« L’enfer si je le sais. Ce que je sais, c’est qu’il a tous les mouvements du Style du Dieu de l’Épée, du Style du Dieu du Nord — toutes ces écoles de combat à l’épée — dans son arsenal. Naturellement, cela signifie qu’il peut les utiliser, et qu’il sera capable de contrer tous les mouvements utilisés contre lui. Tu dois les apprendre aussi, parce que si tu ne le fais pas, tu ne te battras pas à armes égales. »

L’expression de Ghislaine avait perdu son tranchant. Apprendre les techniques que votre adversaire utiliserait contre vous, c’était logique.

« Je vois. Alors tu vas finir par convoquer quelqu’un du Style du Dieu de l’Eau aussi ? »

« Oui, j’ai déjà envoyé une lettre. »

« Vraiment ? »

Sa queue avait remué joyeusement.

Le Dieu de l’Épée avait souri ironiquement à cela. Ghislaine serait satisfaite tant que la réponse était quelque chose qu’elle pouvait facilement comprendre. Cette partie d’elle n’avait jamais changé.

« Bien, Maître Empereur du Nord, j’espère que vous passerez un séjour relaxant ici. »

Maintenant que les doutes de Ghislaine avaient été dissipés, elle se leva et présenta ses respects à l’Empereur du Nord. Elle s’était mise à genoux, comme le veut l’étiquette unique du style du dieu de l’épée.

« En effet, Maître Roi de l’Épée. J’espère que nous pourrons avoir une relation amicale durant mon séjour ici. »

Auber avait également mis une main sur sa poitrine et avait retourné le geste.

Avec cela, l’entraînement d’Éris passa à l’étape suivante. Un an plus tard, elle sera reconnue comme une Sainte du Dieu du Nord.

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