Mushoku Tensei (LN) – Tome 10 – Chapitre bonus 1  – Partie 2

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Chapitre bonus 1 : Maître baby-sitter

Partie 2

Attendez. Il y avait quelqu’un. Une personne qui avait croisé son regard désespéré, avait entendu ses excuses, et s’était arrêtée de bouger. Son expression montra des signes de colère tout en s’approchant de l’homme barbu.

« Qui es-tu, bon sang ? »

« … »

Le passant attrapa le bras de l’homme, celui qui maintenait Norn en suspension dans les airs. Il avait mis une telle force dans sa prise. Le bras de l’homme barbu était presque aussi épais que le torse d’une personne normale, et pourtant le passant l’avait tordu vers l’arrière comme s’il n’y avait aucune résistance.

« Aïe, aïe, aïe, aïe ! »

Incapable de résister à la pression, l’homme barbu relâcha sa prise sur Norn. Elle atterrit sur ses fesses, levant les yeux vers l’homme qui l’avait sauvée.

« Explique-toi. Qu’est-ce que cette fille t’a fait ? »

Le passant portait un protecteur frontal. Une cicatrice traversait en diagonale son visage, qui était maintenant tordu de colère.

Si ses cheveux et sa gemme avaient été visibles, il aurait été instantanément reconnaissable comme étant Ruijerd Superdia. Norn, bien sûr, n’avait aucune idée de qui il était. Cependant, dès qu’elle vit son visage, elle s’était instantanément levée et s’était abritée derrière lui.

« Cette gamine est entrée en collision avec moi sans crier gare et maintenant ma chemise… »

« Elle s’est excusée. »

« Ces excuses ne vont pas faire partir cette tache… Aïe ! »

Ruijerd renforça sa prise sur le bras de l’homme, qui s’était tendu de manière audible sous la pression.

« Espèce de salaud ! Lâche le patron ! »

L’homme mince essaya d’attraper le visage de Ruijerd, mais ce dernier l’avait facilement esquivé. Les doigts de l’homme avaient tout juste effleuré son bandeau.

« Abandonne la tache ou abandonne la vie. Que choisis-tu ? »

« Aïe, aïe, aïe ! Je suis désolé, c’est ma faute ! C’est moi qui ai tort ! »

Ruijerd le relâcha. Le plus petit homme avait rapidement couru aux côtés du barbu en demandant : « Tu vas bien ?! ».

« Toi, excuse-toi encore », dit Ruijerd en regardant Norn.

Norn sembla pendant un moment choquée, puis hocha rapidement la tête et s’inclina devant son accusateur.

« Je suis désolée. »

« Tch. C’est bon, c’était ma faute pour t’avoir dérangé. Allez, on s’en va. »

« Entendu, Patron ! »

Les deux hommes disparurent dans la foule. Norn glissa lentement sur le sol. Toutes les forces de son corps s’envolèrent lorsque le nuage de peur se dissipa enfin et qu’une vague de soulagement déferla.

« Vas-tu bien ? »

« Ah, oui. »

Norn leva les yeux vers Ruijerd. Son regard était un mélange de surprise et de familiarité. Elle se souvenait de lui. À l’époque où elle vivait à Millishion, avant qu’Aisha ou Lilia ne les rejoignent, elle avait failli trébucher et il avait tendu la main pour l’aider. Il lui avait tapoté la tête si gentiment et lui avait même donné une pomme. Elle ne pouvait pas l’oublier, cet homme chauve avec un protecteur de front et une grande cicatrice sur le visage.

Le soulagement fit déborder le vase, et bien que ce soit honteux pour quelqu’un de son âge, elle avait éclaté en sanglots.

Ruijerd paniqua quand il la vit pleurer. Les autres passants le dévisageaient, et à cause de son apparence effrayante, personne ne voulait s’approcher d’eux. Après avoir hésité, Ruijerd s’était accroupi, posa une main sur la tête de Norn et la caressa doucement. La chaleur de sa main et la façon dont il la manipulait aussi délicatement que de la porcelaine apportèrent à Norn un tel réconfort que ses sanglots commencèrent à se calmer.

◇ ◇ ◇

« Ils étaient si cruels. Tous autant qu’ils sont. Ils me disaient non, que je ne ferai que les ralentir. »

Très peu de temps après avoir dit ça, Norn s’était tue, bien qu’elle ait continué à renifler. Ruijerd pensait qu’il valait mieux la rendre à son père aussi vite que possible, mais quand il l’avait mentionné, elle avait fermement secoué la tête. Ruijerd pensait qu’il y avait peut-être un problème entre elle et Paul, il avait donc décidé d’écouter sa version des faits.

« Je vois. »

Après avoir entendu tous les détails, Ruijerd resserra sa prise sur sa lance.

L’histoire de Norn était unilatérale et manquait d’explications adéquates. Par conséquent, il y avait plusieurs choses qui nécessitaient des éclaircissements supplémentaires. Les points principaux, cependant, étaient suffisamment clairs pour que Ruijerd puisse déduire le reste. Et il pouvait comprendre le désir de Norn d’être avec son père.

« Ça doit être dur. »

Ruijerd savait ce que c’était d’être père. À un moment donné, il avait eu un enfant et une femme à lui. À l’époque, il servait dans la garde impériale de Laplace et avait traversé le Continent Démon. Il les avait laissés derrière lui pour se battre, poussé par un mélange d’ambition et de loyauté. Il ne les avait pas laissés derrière lui parce qu’ils l’empêchaient de satisfaire ses désirs, mais parce qu’ils étaient si précieux pour lui qu’il voulait qu’ils restent dans un endroit sûr.

Cependant…

Quand il avait quitté son village, son fils avait encore une queue attachée à son corps. Mais c’était au début de la guerre. Ruijerd avait combattu dans la garde personnelle de Laplace pendant des années. Au fur et à mesure qu’il gagnait des batailles et qu’ils commençaient à unifier le Continent Démon, son fils grandissait. Sa queue était devenue une lance, son corps s’était musclé, et il était devenu un magnifique jeune homme. Il avait suffisamment grandi pour que lorsque Ruijerd retourna à son village pour la dernière fois, son fils s’approche de lui et insiste avec arrogance : « Je suis un adulte maintenant. Emmène-moi à ta prochaine bataille ! »

À l’époque, son fils n’avait pas l’esprit à tenir compte de ce que son père lui disait. Alors Ruijerd avait plutôt utilisé sa force pour forcer son fils à reculer.

« Si c’est tout ce dont tu es capable, alors tu n’es pas encore un guerrier à mes yeux », avait-il dit à son fils avant de partir.

C’était un état d’esprit commun chez les guerriers. Ils essayaient de garder leurs proches loin de la bataille pour les protéger. Mais en fin de compte, Ruijerd était celui qui avait été indigne d’être un guerrier. Son fils était le véritable guerrier. Après tout, c’était son fils, qui avait vaincu Ruijerd lorsque la lance démoniaque qu’il brandissait l’avait rendu fou furieux. C’était son fils qui avait sauvé les autres guerriers.

Ruijerd ne savait toujours pas comment son fils avait pu le vaincre à l’époque. Il avait parcouru tout le Continent Démon en se posant cette question, mais il n’avait jamais trouvé de réponse satisfaisante. Maintenant, cependant, il avait une idée. Son fils avait sûrement travaillé dur pour devenir plus fort d’une manière que son père n’avait jamais connue. Il avait suivi les instructions de son père, et s’était entraîné avec détermination pour protéger sa mère et son village. Ruijerd ressentait une telle fierté.

Si Norn ressentait la même chose, alors elle n’écouterait pas, même si Paul lui disait qu’il était inquiet ou qu’elle était précieuse pour lui.

Si seulement elle était un peu plus âgée, un peu plus forte. Si seulement elle avait ce même sens du but et de la détermination et avait passé ses journées à s’entraîner. Si elle était aussi capable que Rudeus, alors Ruijerd aurait essayé de persuader Paul de la prendre. Mais pour l’instant, Norn n’était que jeune et fragile.

« Norn. »

« Oui ? »

Ruijerd regarda dans les yeux de la fille assise à côté de lui.

« Tu dois devenir plus forte. »

« Huh… ? »

« Si tu veux être avec quelqu’un, tu dois devenir plus grande, plus forte, plus impressionnante. Pour y arriver, tu vas devoir supporter les circonstances actuelles. »

Ses mots étaient maladroits. Il ne transmettait pas très clairement ce qu’il voulait dire.

Mais Norn avait compris. Aussi étrange que cela puisse être, elle avait trouvé un sens à ses mots. Ils résonnaient différemment de ce que Lilia, Aisha, et les autres adultes lui avaient dit auparavant, peut-être parce que ceux de Ruijerd venaient d’un lieu de positivité plutôt que de négativité.

« Ugh. »

Norn pinça ses lèvres et regarda vers le bas.

En réponse, Ruijerd avait juste souri et tendit sa main. Il caressa sa tête doucement.

« Ne t’inquiète pas. Je te protégerai à la place de ton père jusqu’à ce que tu y arrives. »

La façon dont il la touchait était si douce qu’elle était plus que suffisante pour la rassurer. Après un long silence, elle déclara d’une voix fluette : « D’accord. »

Satisfait, Ruijerd commença à retirer sa main.

« Ah ! »

Il s’était arrêté quand Norn s’était exclamé.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« S’il te plaît, caresse ma tête un peu plus longtemps. »

Ruijerd le fit. Norn se recroquevilla sur elle-même pour maintenir son corps parfaitement immobile tandis qu’il caressait doucement ses cheveux, comme s’il caressait un bébé poussin.

« C’est plutôt réconfortant », avait-elle expliqué.

« Je vois. »

Ruijerd continua à lui frotter la tête pendant un petit moment après cela. C’était un spectacle agréable pour quiconque les regardait tous les deux. Même le visage bouffi et couvert de larmes de Norn s’était finalement illuminé d’un sourire.

« Ah ! Elle est là ! Miss Lilia, je l’ai trouvée ! »

Une voix était venue du côté de la place. Ils avaient repéré une jeune fille aux cheveux bleus qui essayait de maintenir le chapeau sur sa tête en courant vers eux.

« On dirait qu’ils sont là pour toi », marmonna Ruijerd.

Il laissa tomber sa main sur son côté et se leva.

Norn se sentit un peu triste alors que sa chaleur disparaissait. Elle l’avait suivi et s’était aussi levée.

« Hum… »

Il lui avait déjà tourné le dos, mais elle l’avait interpellé d’une voix forte.

« S’il te plaît, dis-moi ton nom ! »

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Le nœud de son bandeau s’était desserré pendant leur échange avec les deux hommes plus tôt et il était maintenant complètement défait. En tombant, il révéla une pierre précieuse semblable à du rubis sur son front.

« Ruijerd. Ruijerd Superdia. »

C’était une scène tout droit sortie d’un roman fantastique. Un homme avec un magnifique bijou sur le front, éclairé par la lumière du soleil par-derrière, un sourire sur son visage alors qu’il la regardait directement. À cet instant, Norn se sentait comme une princesse de conte de fées dont le chevalier était venu la sauver.

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