Mushoku Tensei (LN) – Tome 10 – Chapitre 6

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Chapitre 6 : Fin de la réception de mariage

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Chapitre 6 : Fin de la réception de mariage

Partie 1

La réception fut un succès. Nous n’avions pas scellé notre promesse par un baiser ou échangé des alliances, mais nous avions passé tout le temps à manger, boire, discuter et nous amuser. J’avais apprécié la facilité et le caractère informel de tout cela.

Les gens s’étaient séparés en groupes de deux ou trois lorsqu’il fut le temps de rentrer chez eux. Les premières à nous dire au revoir avaient été Linia et Pursena. Peut-être les hommes bêtes considéraient-ils qu’il était de bon ton de ne pas s’attarder trop longtemps ?

« Eh bien, miaou… Amusez-vous bien, chef. »

« Vous êtes vraiment le patron de l’école maintenant. J’ai hâte d’être au prochain semestre. »

Après avoir dit cela, le duo commença à marcher péniblement dans la neige afin de rentrer chez elles.

La deuxième à partir était Nanahoshi, avec qui Luke avait engagé une conversation au hasard. La plupart du temps, il essayait de la draguer, bien qu’il ne soit pas complètement transparent à ce sujet. Il s’efforça de parler de nourriture et de vêtements, des sujets qui semblaient pouvoir intéresser Nanahoshi. Il était doué pour paraître intéressé par un sujet qui intéressait l’autre personne, même s’il était un peu hors de son élément ici. Quand même, c’était éducatif. Mais ce n’était pas comme si j’avais l’intention de faire usage de ces connaissances.

Nanahoshi, d’un autre côté, n’avait pas essayé de dissimuler le fait qu’elle était clairement dérangée par lui. Elle l’avait regardé avec agacement, elle soupirait avec agacement. Au final, elle avait couru vers la salle de bain juste pour lui échapper. Quand elle était réapparue, elle s’était approchée directement de moi, l’air agité.

« Il est temps pour moi de partir. Il m’énerve, celui-là. »

« Très bien, alors. Je suis sûr que tu es épuisée. Merci d’être venue aujourd’hui », avais-je dit.

« Je vais encore compter sur ton aide demain. Et encore une chose. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Dans le futur, pourrai-je utiliser ton bain ? »

Apparemment, elle avait jeté un coup d’œil à notre salle de bain en allant aux toilettes. En tant que compatriote japonaise, les bains lui manquaient probablement. Après tout, son nom était Shizuka.

« Bien sûr. Mais tu pourrais avoir Nobita qui te regarde… »

« Oublie ce que j’ai dit. »

« Non, je plaisante. Tu peux venir quand tu veux. »

Nanahoshi hocha la tête et commença à partir. Le soleil ne s’était pas encore couché, mais je me demandais si elle serait en sécurité en rentrant seule chez elle, même si elle était venue ici elle-même, et avait des objets magiques pour sa propre protection.

« Escortez Maître Silent jusqu’à sa résidence, s’il vous plaît. »

« Oui, Princesse. »

Alors que j’hésitais sur ce que je devais faire, la princesse avait décidé d’envoyer une de ses servantes comme escorte. J’aurais dû m’y attendre de la part d’une personne avec un tel charisme. Cependant, Nanahoshi avait obstinément refusé l’offre et était rentrée chez elle toute seule.

Les suivants étaient Zanoba et Julie, puis Badigadi. Badigadi, Zanoba et Ariel avaient tous partagé un verre en discutant joyeusement entre eux. Comme je connaissais l’affinité de Badi pour l’alcool, j’en avais préparé une quantité appropriée, juste pour être sûr. Mais apparemment, ce n’était pas suffisant. Avant même de m’en rendre compte, deux des trois fûts de vin que j’avais cachés au sous-sol étaient vides. J’avais envisagé d’aller en chercher, mais avant que je puisse le faire, Zanoba avait été frappé.

« Bwahaha ! Tu es vraiment faible pour un “enfant béni” », gloussa Badigadi.

« Ha ha ha… urgh, j’ai honte. On dirait que je me suis laissé emporter. »

« Maître, vous allez bien ? »

La petite Julie essayait de soutenir Zanoba qui trébuchait.

« Hee hee hee. Peut-être devriez-vous vous reposer dans l’une des chambres ici ? », suggéra Ariel.

Elle n’avait pas bu tant que ça elle-même — garder son sang-froid faisait probablement partie de sa formation de dame de haute naissance. Tout ce qu’elle faisait était fait avec élégance, de la façon dont elle inclinait sa tasse à la façon dont elle riait. Elle était probablement un peu pompette, mais le léger rougissement que l’alcool lui avait donné ne faisait que la rendre plus charmante.

« Non. En tant qu’élève et fier membre de la famille noble Shirone, j’ai déjà honte d’être aussi ivre dans la maison de mon propre maître. Je vais prendre congé tant que je peux encore marcher. »

Zanoba était venu me faire ses adieux. Personnellement, j’aurais été d’accord pour qu’il reste dans notre chambre d’amis… Enfin, peu importe ce qu’il voulait faire.

« Je suppose que je devrais aussi partir. Princesse d’Asura, portez-vous bien ! », dit Badigadi.

« Oui, votre altesse. J’espère que vous resterez en bonne santé vous aussi. »

« Bwahaha ! Je ne tombe pas malade et je ne me blesse pas ! »

Et ainsi, Zanoba et Badigadi avaient pris congé. Huh. J’étais persuadé qu’ils seraient les derniers à partir.

La réception avait pris fin lorsqu’Ariel et son groupe se préparaient à partir. Pendant qu’ils faisaient ça, j’avais décidé d’aller voir comment allait Elinalise. J’étais monté au deuxième étage et j’avais jeté un coup d’œil dans la chambre d’amis.

J’avais été accueilli par un spectacle excitant — non non, pas du genre sexuel. C’était simplement Elinalise qui utilisait les genoux de Cliff comme oreiller. Apparemment, il avait fini de la réconforter, et ils étaient passés à l’amour. J’étais un peu envieux. Je devrais faire la même chose avec Sylphie plus tard.

« Hum, Monsieur Cliff, j’aimerais parler à grand-mère, je veux dire, à Mlle Elinalise. Est-ce que ça te dérange ? » demanda timidement Sylphie tout en se glissant derrière moi.

Cliff me regarda comme s’il demandait de l’aide. Elinalise s’était redressée et m’avait fait un signe de tête. Je lui répondis par un signe de tête. À ce moment-là, Cliff s’était levé et avait quitté la pièce.

« Merci, Rudy. »

Sylphie avait souri doucement avant de se diriger vers l’intérieur.

Cliff et moi avions descendu les escaliers ensemble. Il avait l’air anxieux.

« Est-ce que ces deux-là vont s’en sortir ? »

« Si ce n’est pas le cas, nous devons juste être là pour elles après », avais-je répondu alors que nous nous dirigions vers le rez-de-chaussée.

Lorsque nous étions arrivés, Ariel et sa compagnie venaient de terminer leurs préparatifs de départ. Les deux préposées aidaient Ariel à enfiler son manteau. Quand elle me vit, elle inclina son menton.

« Seigneur Rudeus. Merci pour aujourd’hui. »

Le reste de son groupe s’était également incliné profondément.

Je m’inclinai à mon tour, à la japonaise, bien que je sois certain que je ne devais pas le faire dans cette situation.

« Comment va Sylphie ? », demanda Ariel.

« Elle est en train de parler à Elinalise. »

« Je vois. C’était une surprise de découvrir que Sylphie avait de la famille ici. Je pensais qu’elle les avait tous perdus. »

« En effet. Le monde est vraiment petit. »

Sans compter qu’Elinalise et Sylphie étaient aussi différentes que le jour et la nuit. Principalement en termes de chasteté.

« En tout cas, c’est l’occasion rêvée. Seigneur Rudeus, puis-je avoir un peu de votre temps ? »

Ses mots laissaient entrevoir une arrière-pensée, mais j’avais quand même hoché la tête.

« Très bien, alors. Venez par ici. »

Tout en parlant, Ariel traversa rapidement la pièce et se dirigea vers le couloir. De là, elle se dirigea vers l’entrée principale, ouvrit la porte et se dirigea vers l’extérieur. Comme si ça leur venait aussi naturellement que de respirer, les trois autres l’avait suivie. J’avais fait de même.

Dehors, le soleil commençait à se coucher. Ariel s’était arrêtée le long du chemin où les gens avaient marché et où la neige avait à peine eu le temps de s’accumuler. Elle s’était retournée pour me regarder.

« Seigneur Rudeus. Je réalise qu’il pourrait être inapproprié de ma part de demander… »

Un moment d’hésitation suivit cela.

« Accepteriez-vous de vous battre en duel avec Luke ? Sans magie, juste épée contre épée. »

Ce fut une demande très soudaine. Incapable de répondre, je pinçai les lèvres. Luke avait l’air complètement calme, sa main reposant sur la poignée de son épée. Ce n’était clairement pas quelque chose qu’Ariel avait décidé sur un coup de tête.

« Pourriez-vous expliquer au moins votre raisonnement ? »

Elle avait juste souri doucement : « Juste pour le plaisir. »

« Pour le plaisir ? », avais-je dit.

Luke avait dégainé ce qui était une véritable épée. Vu qu’elle était à double tranchant, il n’allait pas me frapper avec le côté émoussé.

« Peut-on utiliser des épées en bois, au moins ? Je n’ai même pas une vraie épée. »

« Ça ne me dérange pas si vous en conjurez une pour vous », a-t-elle répondu.

« Je pensais que vous aviez dit pas de magie ? »

« Je suis d’accord pour que vous l’utilisiez pour créer une arme. »

Très bien, alors. J’avais utilisé ma magie de terre pour créer une lame de pierre. Je l’avais faite épaisse et durable, ce qui signifiait qu’elle était aussi lourde. Je m’entraînais à faire des coups tous les jours, donc je pouvais la manier sans problème, mais si elle touchait quelqu’un au mauvais endroit et que le pire arrivait, il pouvait mourir. Ce n’était pas quelque chose avec laquelle on devait frapper quelqu’un « pour le plaisir ».

« Ne vous inquiétez pas. C’est quelque chose que Luke a demandé. », dit Ariel.

« Luke l’a demandé ? »

« Ça ne me dérange pas si vous utilisez toute votre puissance pour le battre. »

Sans ma magie, je n’étais qu’un épéiste moyen. Il n’y avait aucune garantie que je puisse le battre à plates coutures.

« Pour référence, Luke est de niveau intermédiaire dans le style Dieu de l’épée et un débutant dans le style Dieu de l’eau. Son épée est un objet magique, fait pour couper des boucliers en acier aussi facilement que du beurre. Ses bottes sont les mêmes que celles de Sylphie, donnant un boost à la vitesse du porteur. Sa cape peut bloquer la chaleur, ses gants augmentent sa force, et sous son uniforme, il porte des vêtements à l’épreuve de l’épée. »

« C’est incroyable. »

***

Partie 2

Il était donc vêtu de la tête aux pieds de la tenue d’un héros fringant ! Même en vendant ma maison fraîchement rénovée, je n’aurais pas assez d’argent pour payer tout ça.

« En d’autres termes, je pourrais être celui qui se fera battre sans raison. »

« J’en doute. Mais si vous sentez que votre vie est en danger, n’hésitez pas à utiliser la magie. »

« Je vais juste prier pour qu’il ne me coupe pas en deux avant que je n’en aie l’occasion. »

Mais d’abord, pourquoi avait-il proposé ça ? Aucun de nous ne bénéficierait de la mort de quelqu’un ici.

« Avant de commencer, j’aimerais que vous me disiez pourquoi on fait ça. Ai-je fait quelque chose qui vous a contrarié ? », avais-je demandé.

« Non. C’est juste pour le plaisir. Bien sûr, vous pouvez refuser si vous le souhaitez. »

« Que j’accepte ou non, cela me trouble. Cette épée de pierre est même assez mortelle pour tuer quelqu’un si elle le touche au mauvais endroit. »

« Luke est préparé à cette éventualité. »

Eh bien, je ne l’étais pas. J’étais nouvellement marié et je ne voulais pas tué ou être tué.

« S’il vous plaît », dit Ariel. Sa voix était sombre.

Qu’est-ce que ce match allait prouver ? Peut-être que c’était une sorte de tradition du Royaume d’Asura. Je pouvais facilement imaginer le vieux Sauros me dire ceci : « Si tu veux prendre Éris comme épouse, tu dois d’abord me vaincre ! »

Mais Sauros était mort.

« Rudeus. Acceptez, s’il vous plaît. Si vous êtes un homme, vous devriez comprendre », dit Luke.

C’était ça, la phrase « si vous êtes un homme ». C’était une remarque injuste. C’était presque comme s’il disait que je n’étais pas un homme parce que je ne comprenais pas.

Ah, bon. Ce n’était pas comme si on allait sérieusement se sauter à la gorge.

« Très bien. S’il vous plaît, soyez gentil avec moi. »

J’allais au moins utiliser mon Œil Démoniaque de la Prévoyance. Je ne voulais pas que quelqu’un meure accidentellement.

« Merci d’avoir accepté notre demande. »

Je ne comprenais toujours pas pourquoi ils faisaient ça, mais aux mots d’Ariel, Luke s’était préparé. Dès que Cliff vit ça, il m’avait appelé, confus.

« H-hey, Rudeus, tu es sûr de ça ? »

« Oh, Maître Cliff. Si les choses commencent à mal tourner, lance immédiatement un sort de guérison. »

« O-Oui. Je l’avais déjà prévu. »

L’épée de pierre en main, j’avais lentement pris une position de mon côté. Nous étions à environ trois pas l’un de l’autre. Cela signifiait qu’un pas de plus et nous pouvions nous frapper l’un et l’autre. C’était plus proche que la distance que je m’imposais normalement dans mes simulations.

« Êtes-vous prêt maintenant ? »

« Oui. »

Après avoir entendu ma confirmation, Ariel déclara brusquement : « Commencez ! »

« Haaaaah ! »

Luke hurla et donna un coup de pied dans le sol. Alors que la neige se dispersait, il lança son corps vers le mien.

Il était lent. Non, comparé à la moyenne des gens, il n’était probablement pas si lent. Il était probablement aussi rapide que Linia, mais quand même, assez lent pour que je puisse prédire ses mouvements. Il n’était pas du tout au niveau d’Éris ou de Ruijerd, sans parler de celui d’Orsted. Il était probablement aussi un peu plus faible que Soldat. C’était tout ce qu’il pouvait faire, même avec un objet magique ?

Luke s’était rapproché, en balançant son épée en diagonale.

« Hah ! »

Sa forme était techniquement correcte, et il mettait son poids dans son balancement. Il ne se fiait pas non plus trop à ses objets magiques. Mais il bougeait toujours beaucoup plus lentement que mes simulations mentales.

« Hah ! »

Je visais son avant-bras. Style du Dieu de l’épée - Frappe initiale, coupe du bras ! C’était une compétence que j’avais apprise il y a longtemps, un mouvement ancré en moi par des centaines de milliers de coups d’entraînement.

« Guh ! »

Le poids de ma lame brisa son bras en un seul coup. Il lâcha son épée qui disparut dans la neige.

« Ce n’est pas fini ! »

Luke avait immédiatement essayé de la ramasser avec sa main gauche.

« Non, c’est fini. »

Je l’avais empêché d’attraper l’épée en lui claquant un pied dans la poitrine, l’envoyant voler. Il avait roulé dans la neige. Quand il avait essayé de se relever, j’avais pointé mon épée sur lui.

« C’est assez ! »

L’exclamation d’Ariel mit fin au duel.

« Grr ! »

Luke frappa le sol avec sa main cassée, puis gémit de douleur et berça son bras.

« Ellemoi, guéris-le. »

Sur l’ordre de la princesse, une de ses assistantes se précipita vers lui. Elle tenait son bras cassé si près que ses énormes seins menaçaient de l’avaler tout entier, puis lança une magie de guérison.

« Incroyable », dit Cliff avec admiration.

Il ne connaissait rien au maniement de l’épée et ne savait donc pas que ce match n’avait rien de sérieux. Il y avait beaucoup d’épéistes et de guerriers plus doués que moi, comme Soldat ou Éris. J’étais sûr que je ne pourrais vaincre aucun d’entre eux sans utiliser la magie et mon Œil de Démon. Luke n’était qu’un épéiste normal. Si je n’avais pas utilisé mon Œil, nous aurions pu échanger quelques coups, mais c’était comme Ariel l’avait dit. Il n’était pas de taille pour moi.

« Maître Luke, vous allez bien ? »

« Je vais bien. »

Une fois que j’avais entendu sa réponse calme, j’avais jeté mon épée de pierre de côté. Elle coula dans la neige.

Luke s’était levé et regarda dans ma direction. Son habituel sourire superficiel n’était nulle part. Il avait l’air sérieux.

« Prenez bien soin de Sylphie. »

« Bien sûr. »

Était-il en train de tester pour voir si j’étais assez fort pour protéger Sylphie ?

« Ça m’aiderait si vous expliquiez votre raisonnement. »

« Ce n’est pas très important. Luke avait juste ses propres sentiments sur la question. Certainement de la fierté masculine. », remarqua Ariel.

« La fierté masculine ? Quoi, il est aussi amoureux de Sylphie ? »

Je n’avais pas l’intention de me moquer de lui, mais Ariel avait froncé les sourcils à ma question. Merde. Peut-être que c’était une chose impolie à demander.

« Nous aimons tous Sylphie, mais pas dans le sens romantique du terme. En tant que camarades qui ont traversé des situations de vie et de mort ensemble, nous partageons un lien puissant. », dit-elle.

« Toutes mes excuses. C’était impoli de demander ça. »

« Tant que vous comprenez. »

L’expression d’Ariel retrouva son calme habituel. Elle regarda vers la maison, où Sylphie et Elinalise étaient probablement encore en train de parler.

« Je finirai par retourner au Royaume d’Asura. Il n’y a que deux chemins possibles à partir de là : soit je prends le trône, soit je meurs. Il y a une probabilité significativement plus élevée que la deuxième option se réalise et que le palais soit ma tombe. »

« Devez-vous y retourner ? »

« Si je ne le faisais pas, je trahirais la mémoire de ceux qui sont morts pour m’amener jusqu’ici. C’est mon devoir de retourner à Asura. »

Le privilège vient avec la responsabilité. Malgré ses paroles sinistres, il n’y avait aucune émotion sur le visage d’Ariel. Son visage était celui de quelqu’un qui ne doutait pas un seul instant qu’il faisait ce qu’il devait faire. Non pas que je sois en position de juger, mais en ce qui me concerne, cette conviction faisait d’elle une bonne candidate au trône.

« Sylphie, cependant, n’a pas un tel devoir », continua-t-elle.

C’était vrai. Sylphie n’était ni royale ni noble, c’était juste une étrangère qui avait été jetée dans le palais royal pendant l’incident de téléportation.

« Sylphie m’a sauvé la vie. Elle a été là pour moi en tant qu’amie pendant tout ce temps, même après avoir appris que ses parents étaient morts. J’ai tellement dépendu d’elle. Mais trop c’est trop. Il est temps que j’arrête de dépendre d’elle et que je la laisse suivre son propre chemin. »

Malgré cela, Sylphie avait bien l’intention de suivre la princesse. Elles avaient traversé tellement de choses ensemble. Je pouvais comprendre pourquoi Sylphie voulait aller jusqu’au bout. Si Ruijerd avait décidé de défier Laplace au combat, par exemple, je l’aurais probablement suivi, les jambes tremblantes tout le long du chemin.

Attendez, ce n’était probablement pas une bonne comparaison. Mais le sentiment de vouloir se battre aux côtés de son ami était le même. Si Sylphie choisissait de suivre Ariel, je serais fier d’elle. Mais si je pensais que c’était un combat qu’elle n’avait aucune chance de gagner, je voudrais l’en empêcher.

« Sylphie a l’intention de rester avec moi jusqu’à la fin. Mais elle est mariée maintenant, et si vous faites tous les deux de votre mieux, je suis sûre que vous finirez par avoir des enfants. Quand cela arrivera, je pense que sa détermination à me suivre s’émoussera d’elle-même. », dit Ariel

Je n’en étais pas si sûr. Quand ce moment arrivera, serais-je capable de l’arrêter ? Je ne le pensais pas. Au contraire, j’irais probablement avec elle pour l’aider.

« Ceci étant dit, si vous maltraitez Sylphie, alors je la reprendrai. Je suis sûre que nous ne pouvons pas vous vaincre avec une démonstration de puissance brute, mais il y a beaucoup d’autres méthodes. Alors s’il vous plaît, ne me donnez pas l’impression qu’elle ferait mieux de venir avec nous. », continua Ariel.

« Je prendrai ces mots à cœur. »

« Bien, Seigneur Rudeus. Prenez bien soin de Sylphie. »

Ariel tourna les talons. Ses deux serviteurs s’étaient inclinés devant moi. Luke m’avait lancé un regard de reconnaissance en ramassant son épée. Puis les quatre partirent, traînant dans la neige jusqu’à ce qu’ils disparaissent, sans même attendre que Sylphie descende.

En les regardant partir, je m’étais dit : « Quand ce jour viendra, quoi qu’Ariel dise, nous serons là pour elle. »

***

Partie 3

Lorsque nous étions rentrés dans la maison, Elinalise et Sylphie venaient de descendre les escaliers. La première avait les yeux gonflés, mais on aurait dit qu’un poids avait été enlevé de ses épaules.

« Oh, Rudy. Où est la Princesse Ariel ? »

« Elle vient de partir. »

« Oh. Je suis désolée de ne pas avoir été là. A-t-elle dit quelque chose ? »

« Juste “Prends bien soin de Sylphie”. »

Je réfléchissais encore à la meilleure façon de mentionner le duel, mais Cliff m’avait devancé.

« Luke a soudainement défié Rudeus en duel ! Mais il laissa Rudeus faire. Il contra Luke d’un seul coup. Ahh, j’aimerais pouvoir te montrer comment cet insupportable crétin s’est recroquevillé en tenant son bras cassé. »

Tu ne déçois jamais, n’est-ce pas, Cliff ? Il semblerait que j’ai mal interprété le combat, avais-je pensé sèchement. Cela n’avait pas beaucoup d’importance, mais j’avais le sentiment qu’il n’aimait pas beaucoup Luke. Bon, peu importe.

Quand Sylphie entendit ça, celle-ci fronça les sourcils.

« Rudy, tu t’es disputé avec Luke ? »

« Non, je n’appellerais pas vraiment ça une bagarre. On m’a demandé de me battre en duel avec lui, et la princesse Ariel nous a regardés. »

« Je vois. Luke a probablement voulu voir par lui-même. »

« Voir quoi ? », avais-je demandé.

« Ta force. Jusqu’à présent, c’est Luke qui nous a protégés, la princesse et moi. »

Je comprenais ce qu’elle essayait de dire, mais j’étais surpris d’apprendre que son zèle était si profond. Je suppose qu’on ne connaît jamais vraiment le cœur d’une personne, hein ? Plus important encore, ma femme venait d’apprendre que j’avais participé à un duel, et elle ne s’inquiétait même pas pour moi ? Mon adversaire avait quand même utilisé une vraie épée.

« Mais merci, Rudy. »

« Pour quoi ? »

« D’y être allé doucement avec Luke. Il est faible. Tu le tuerais si tu utilisais ta vraie force. »

Apparemment, ça ne lui avait même pas traversé l’esprit que je puisse perdre.

Quand même, cela doit être terrible pour Luke.

« Bon, assez parlé de moi. As-tu fini de parler ? », avais-je dit.

« Oui. »

Sylphie hocha joyeusement la tête.

◇ ◇ ◇

Elinalise était donc bien la grand-mère de Sylphie. La mère de Laws, en d’autres termes. Elinalise avait donné naissance à des enfants demi-elfes dans le monde entier et, en raison de la malédiction et de sa propre personnalité, les problèmes la suivaient partout. Ses capacités à résoudre les conflits n’étaient maîtrisées que depuis quelques décennies. Auparavant, elle avait souvent laissé des tempêtes et des scandales dans son sillage, dont certains la hantaient encore.

Sa réputation était particulièrement mauvaise parmi les autres elfes, qui ostracisaient régulièrement ses enfants avec comme seul crime le fait d’être apparentés à elle. Nombre de ses enfants et petits-enfants la dénigraient, essayant de prendre leurs distances avec elle. Elinalise ne révéla plus son vrai nom aux enfants qu’elle eut par la suite. Elle les élevait jusqu’à l’âge adulte, puis coupait les ponts avec eux. Ce fut ainsi qu’elle avait vécu jusqu’à présent.

Elinalise avait su d’un seul regard que Sylphie était soit sa petite-fille, soit son arrière-petite-fille. Elle n’avait pas l’intention de le lui révéler, mais quand elle vit Sylphie si heureuse de son mariage, elle avait été submergée par l’émotion. C’était une histoire pleine d’émotions. J’avais moi-même eu les larmes aux yeux en la racontant. Mais Elinalise avait refusé toutes les tentatives pour la réconforter, affirmant que c’était le résultat de ses propres actions.

Une fois cette conversation terminée, Cliff m’avait appelé dans le coin de la pièce.

« Rudeus ? », avait-il dit.

« Oui, Maître Cliff ? »

« Arrête avec cette connerie de “Maître”, et ne parle plus de manière rigide. S’il te plaît, appelle-moi Cliff à partir de maintenant. Non, oublie-le s’il te plaît, fais-le. »

Il n’y avait donc pas besoin d’être respectueux, mais il me donnait des ordres comme une figure d’autorité ? Ah, ok. Je vais donc arrêter là pour cette fois.

« C’est à propos de Lise », avait-il continué.

« Ok. »

« Honnêtement, elle n’est pas la personne que je pensais qu’elle était. »

« Uh-huh. Et ? »

Je comprendrais qu’il se sente désillusionné. Après tout, la personne qu’il avait aimée tout ce temps avait non seulement des enfants, mais aussi des petits-enfants. À en juger par sa conversation, il était possible qu’elle ait même des arrière-petits-enfants. Même moi, j’aurais été considérablement choqué. Cependant, s’il allait dire « Aide-moi à rompre avec elle » après avoir entendu cette conversation, même moi je serais énervé. Ce n’était pas comme si Elinalise l’avait trompé. Cliff l’avait mal comprise et était tombé amoureux d’elle de son propre chef. Les gens dans des situations similaires se sentaient souvent désenchantés après avoir entendu la vérité, mais cela me dégoûtait quand même.

D’accord, je n’allais pas l’arrêter. Il valait mieux qu’Elinalise se débarrasse complètement d’un sale type comme celui-là et qu’elle vive avec nous. Ensuite, si Sylphie le permettait, nous pourrions avoir notre propre petite pseudofamille — attendez, non, je ne pouvais pas être avec quelqu’un d’autre que Sylphie. Attendez, on pourrait dire qu’on faisait ça pour le bien de Sylphie.

« Elle est encore plus tragique que je ne le pensais. Je vais me débarrasser de sa malédiction, quoi qu’il en coûte. Comme je suis un génie, je suis sûr que je finirai par trouver comment faire, mais juste pour être sûr, veux-tu bien m’aider ? »

Lequel d’entre nous était l’horrible tas de merde maintenant ? Moi. Désolé, Cliff.

« Donc tu ne te sens pas désillusionné après avoir entendu ce qu’elle a dit ? »

« Désillusionné ? Bien sûr que non. Pourquoi dirais-tu ça ? », répondit-il sans une once d’hésitation.

« M,-mais la femme que tu aimes a couché avec un tas d’autres personnes et a non seulement des enfants, mais elle a même des petits-enfants ? »

« Et alors ? Je suis un disciple de Millis. Quelles que soient ses circonstances ou la distance qui la sépare de mon idéal parfait, elle m’aime et j’ai le devoir de la rendre heureuse. », avait-il dit.

J’en tremblais. Oh, merde. Peut-être que je l’avais vraiment sous-estimé. Je devrais probablement l’appeler Seigneur Cliff à partir de maintenant. Eh bien, peut-être qu’il n’était pas nécessaire d’aller aussi loin. Je l’appellerai simplement Maître Cliff comme je l’avais toujours fait.

« Ok, je comprends. Je suis heureux de pouvoir être ton soutien et je t’aiderais autant que je le pourrais. »

« Oui, il est bon de savoir que j’ai ton soutien. »

Il prit fermement ma petite main dans la sienne lorsque j’avais tendu la main pour une poignée de main.

« Aussi, arrête d’être si formel. On est amis, non ? »

« Je refuse. »

J’étais rempli d’un profond sentiment de respect envers Cliff. Aussi maigre que soit mon aide, j’étais heureux de la lui apporter.

◇ ◇ ◇

Cliff et Elinalise furent les derniers à rentrer chez eux. Il ne restait plus que Sylphie et moi. Nous avions commencé à nettoyer la pièce en désordre que nos invités avaient laissée derrière eux ensemble. Enfin, je dis « en désordre », mais nos invités étaient pour la plupart bien élevés, tout ce que nous avions à faire était d’essuyer le sol où ils avaient renversé de l’alcool. Il nous restait pas mal de nourriture, mais c’était probablement mieux que d’en avoir préparé trop peu. Nous mangerions à nouveau les restes pour le dîner.

Le temps que nous terminions le nettoyage, le soleil s’était couché et le ciel était devenu sombre. J’avais allumé l’endroit et j’étais retourné dans la salle de séjour. Lorsque j’avais pris place sur le canapé à trois places, Sylphie s’était installée à côté de moi. J’étais soudainement épuisé par les événements de la journée.

« Il s’est passé beaucoup de choses, mais je suis contente que ça se soit bien passé », dit Sylphie avec un sourire, en posant sa tête sur mon épaule.

« Oui. »

Lorsque j’avais enroulé mon bras autour de ses épaules, celle-ci s’appuya de tout son poids contre moi. J’avais enfoui mon visage dans ses cheveux et j’avais pris une profonde inspiration, pour respirer son odeur. Mmm, un parfum si doux.

« Rudy, ça chatouille. »

Mais elle ne m’avait pas repoussé. J’avais continué à renifler.

« Je pense que je vais me laisser pousser les cheveux », avait-elle soudainement déclaré.

Je lui avais suggéré de le faire plusieurs fois, il y a longtemps, et j’avais essuyé un refus à chaque fois. J’avais toujours pensé que des cheveux courts ou une queue de cheval lui conviendraient, mais je ne pensais pas que je le verrais un jour.

« Tu es sûre que c’est ce que tu veux faire ? »

« Pourquoi es-tu si formel ? »

« Parce que c’est une conversation sérieuse. »

« Hum, ce n’est pas vraiment si sérieux. C’est juste que, tu sais, mes cheveux ne sont plus verts, pas vrais ? La princesse Ariel m’a dit d’être plus féminine, mais je prévois toujours de porter des pantalons à l’école, alors j’ai pensé que je devrais au moins laisser pousser mes cheveux. »

C’était donc ça. Elle ne se sentait plus gênée par ses cheveux.

« Tu ne vas pas porter l’uniforme des filles ? », avais-je demandé par curiosité.

« Pas question. Ça ne m’irait pas. »

Allez, je me suis dit que si. Si elle doit le voir pour le croire, alors je lui en achèterai un quand j’en aurai l’occasion.

Cela mis à part…

« Eh bien, j’aimerais voir de quoi tu as l’air avec des cheveux longs. Tu seras certainement très mignonne. Bien que tu sois déjà mignonne en ce moment. »

« Hee hee, merci. C’est donc entendu. Je vais les laisser pousser. »

Je devais donc bientôt dire adieu à la Sylphie aux cheveux courts. J’avais besoin de graver cette image d’elle dans mon esprit tant que je le pouvais encore. Bien que je pense que je pourrais la revoir comme ça si elle se coupait les cheveux.

« Rudy, je vais travailler dur pour que ton amour pour moi reste fort. »

Pourquoi fallait-il qu’elle le dise comme ça ? Maintenant, j’avais les larmes aux yeux. Comment avais-je pu être autant aimé ? Je devais travailler dur aussi, pour que ses sentiments pour moi ne s’effacent jamais. Apparemment, le type de connard prétentieux n’était pas tout à fait ce qu’elle avait en tête, alors j’arrêterais d’être borné et je chercherais plutôt à être intelligent. Je n’étais pas sûr de pouvoir le faire, mais je devais au moins essayer.

« Sylphie, merci pour tout le travail que tu as fait aujourd’hui. »

« Merci aussi, Rudy. »

Comme nous étions tous les deux épuisés, j’avais décidé que nous allions prendre un bain et nous détendre.

Et ce fut ainsi que Sylphie et moi nous nous étions mariés.

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