Mushoku Tensei (LN) – Tome 10 – Chapitre 2 – Partie 1

***

Chapitre 2 : Les choses à préparer avant le mariage

Partie 1

Le mariage. C’était un domaine inexploré dans ma vie antérieure. Cette perspective me rendait anxieux. Aussi important que cela soit pour moi, pouvais-je vraiment le faire et me marier sans régler les choses avec ma famille ? Ils me pardonneraient probablement s’il savait que mon mariage était la raison de mon retard. De plus, je me réjouissais de tout ce qu’un mariage impliquerait. Rien que de penser à planter mes crocs dans cette douce jeune fille me mettait l’eau à la bouche… même si je laissais bien sur Sylphie donner le ton.

Il y avait juste un problème. Maintenant que j’y pense, je ne savais pas comment le mariage fonctionnait dans ce monde. Je n’avais jamais vu de cérémonie de mariage. Paul n’en avait pas eu quand il avait épousé Lilia. Ce fut juste une fête à laquelle tout le village avait été invité. Les nobles organisaient probablement des fêtes similaires à l’annonce de fiançailles, mais je n’avais jamais vu de véritable cérémonie de mariage.

Que signifiait le mot « mariage » ? Que devait faire un homme marié ? J’avais passé seize ans dans ce monde, et je ne savais toujours rien sur cette chose assez basique.

Non, attendez. Ne rien savoir était une bonne chose. Je pouvais apprendre. Si je ne connaissais pas les réponses moi-même, je pouvais simplement demander.

J’avais commencé par interroger Zanoba — vingt-six ans et déjà divorcé — à ce sujet pendant le dîner à la cafétéria.

« Le mariage, hein ? Quand je me suis marié, j’ai envoyé un cadeau sous forme de bétail, de troupes et de nourriture au foyer de mon partenaire », dit Zanoba.

Il était de coutume dans le Royaume de Shirone que l’homme envoie des cadeaux de célébration à la famille de la mariée.

« Mais tu es un prince. Ne devrais-tu pas être celui qui reçoit les cadeaux ? »

« Hm ? Que vous soyez de la famille royale ou non ne fait aucune différence. L’homme est évidemment celui qui devrait envoyer des cadeaux. »

Ce fut alors que Cliff mit son nez dedans.

« C’est l’inverse à Millis. La femme reçoit une dot à fournir à son mari. »

Il dînait avec nous assez souvent ces derniers temps. Il n’avait pas beaucoup d’amis, il devait donc se sentir seul.

« Hmm. La famille de la fille ne perd-elle pas trop ? », avais-je dit.

« En échange, l’homme est tenu de fournir une assistance si la famille de sa femme en a besoin. »

« C’est donc comme ça que ça marche. »

Millis et Shirone semblaient tous deux mettre en avant un lien fort entre les familles.

« Mais les coutumes de mariage varient selon les races », poursuivit Cliff.

« Et les elfes ? », avais-je demandé.

« Je n’ai pas encore épousé Lise, alors je ne sais pas. J’ai promis d’attendre jusqu’à ce que je lève sa malédiction. Mais elle n’est pas comme la plupart des elfes, donc je doute qu’elle soit trop pointilleuse sur le maintien de la tradition. »

Il allait donc avoir une longue attente devant lui.

On avait déjà beaucoup discuté, et toujours aucune mention d’une cérémonie. Je commençais à penser que le concept n’existait pas dans ce monde.

« Donc, si je devais me marier avec quelqu’un, de quoi aurais-je besoin ? »

« Voyons voir… Tout d’abord, une maison, non ? », suggéra Cliff.

« En effet. », acquiesça Zanoba.

« Quoi ? Une maison, dès le départ ? », avais-je demandé, un peu incrédule.

« Pourquoi te marier si tu n’as même pas de maison ? »

Un coup d’œil à Zanoba, qui acquiesçait aux paroles de Cliff, m’avait appris qu’il était du même avis. En y réfléchissant, Paul avait déménagé au Village Buena quand il s’était marié. Jusque-là, il était un aventurier vivant dans une auberge, et avait dû demander l’aide de Philip pour obtenir une maison et un travail stable.

« De plus, les filles ne peuvent pas aller dans le dortoir des garçons. Normalement, les couples se marient et quittent les dortoirs, ou attendent d’avoir leur diplôme pour se marier. »

Maintenant qu’il le mentionnait, il était vrai que je n’avais pas entendu parler de couples mariés vivant dans les dortoirs. Il n’y avait pas non plus de dortoir spécial pour les couples mariés.

« Bien sûr l’histoire est différente si ta partenaire est une fille de haut rang qui a son propre logement, sinon c’est à l’homme de fournir le logement », ajouta Cliff.

Cela semblait un peu injuste, mais c’était peut-être simplement ce qui était considéré comme la norme dans ce monde. Dans ce cas, il était logique que je sois le pourvoyeur. En fait, ma partenaire pourrait être déçue si je ne l’étais pas.

« Compris. Donc, une maison d’abord. »

Cliff a eu un regard suspicieux au moment où j’avais dit ça.

« Attends. Rudeus, tu vas te marier ? »

« Eh bien, oui. »

« Avec qui ? »

Est-ce que je pouvais dire le nom de Sylphie ici ? Bien sûr, son identité finirait par être découverte, mais j’avais décidé de la cacher pour le moment.

« À la personne qui a guéri ma maladie. »

« … Ah, je vois. Et son nom ? »

« Hum, je dois le garder secret pour le moment. »

« OK. Eh bien, s’il s’avère que c’est une disciple de Millis, fais-le-moi savoir. Je connais l’évêque de la ville, nous pourrions donc organiser une cérémonie, du moment que tu es d’accord pour que ce soit informel. »

Donc la foi de Millis avait bien quelque chose comme une cérémonie de mariage ! Je n’étais cependant pas un adepte de Millis, et j’étais sûr que Sylphie ne l’était pas non plus.

« Maître, si tu manques de fonds, puis-je t’aider ? », proposa Zanoba.

« Non, non. L’idée de devoir compter sur toi pour ça me mettrait mal à l’aise. »

Même si je faisais bonne figure en disant cela, je n’avais aucune idée de ce qu’était le marché du logement par ici. J’espérais que mes économies seraient suffisantes.

« En tout cas, je vais aller voir les maisons en ville demain. Si j’ai l’impression de ne pas pouvoir le faire moi-même, je te demanderai peut-être ton aide. »

« Bien sûr. Je peux me permettre de même acheter la plus grande maison de la ville, alors tu n’as pas à t’inquiéter », dit Zanoba en souriant.

Même les royautés des petits pays étaient à un tout autre niveau que nous, les gens normaux.

◇ ◇ ◇

Le lendemain, je m’étais rendu à l’agence immobilière. Le seigneur féodal d’une région était généralement celui qui offrait des prêts immobiliers aux résidents, mais il n’y avait pas de seigneur féodal clair dans Charia. Au lieu de cela, les Trois Nations Magiques et la Guilde des Magiciens administraient conjointement le territoire en créant une agence immobilière chargée de résoudre tous les problèmes qui se posaient. Quant à ce que ces « problèmes » pouvaient être, je n’en avais aucune idée.

J’y faisais référence comme étant une agence immobilière, mais son nom officiel était le Bureau de gestion des terres. Il s’occupait de l’achat et de la vente de maisons vacantes, ainsi que de l’octroi de permis de construire sur des terrains vides. Lorsque j’avais dit à la réceptionniste que je voulais une maison, on m’avait remis une liste. Les informations sur les maisons disponibles étaient répertoriées sur chaque page : adresses, taille des terrains, taille des maisons, nombre de pièces et prix. Il y avait une grande variété de maisons, de la petite maison d’une pièce au véritable manoir.

« Hmm… »

Pour être honnête, je n’avais aucune idée de la taille de la maison que je devais acheter. Quelque chose avec un jardin et de la place pour un gros chien serait préférable… ou peut-être une maison de ville ? Ça ne me dérangeait pas de vivre dans un endroit petit, mais Sylphie était le garde du corps de la Princesse, et sa bonne amie par-dessus le marché. Cela signifiait que la Princesse viendrait la voir de temps en temps, et nous ne pouvions pas vivre dans un appartement miteux si une royauté venait nous rendre visite. Cela dit, mes économies actuelles ne suffiraient pas à couvrir le coût d’une résidence huppée du genre de celles conçues pour la noblesse.

Je devrais peut-être accepter l’aide de Zanoba ? Non, le fait de l’utiliser comme porte-monnaie me rendrait mal à l’aise. Je pourrais quand même acheter une maison décente avec ce que j’ai.

J’aurais peut-être dû emmener Sylphie. Les gros achats comme celui-ci ne devraient-ils pas être discutés avec son partenaire ? Mais dans ce monde, c’était apparemment l’homme qui achetait la maison et accueillait la femme à l’intérieur. Sylphie pourrait me trouver pitoyable si je ne pouvais pas faire ça tout seul. Je devais au moins lui montrer que j’étais fiable.

« Donc une grande maison bon marché avec beaucoup de pièces. »

J’avais cherché dans la liste pour trouver une correspondance.

« Hm ? »

Une annonce tout en bas de la pile attira mon attention. Une page usée et décolorée annonçait ce qui ressemblait à une sorte de manoir. Il était situé dans un coin du quartier résidentiel, ce qui signifiait qu’il n’était pas trop loin de l’université. Au prix où il était vendu, je pouvais l’acheter et avoir encore un peu d’argent de côté. Le seul inconvénient était son âge.

« Et celle-là ? Pourquoi est-il si bon marché ? »

L’employé à qui j’avais posé la question me fit un sourire troublé.

« Pour être honnête, ce manoir est maudit. »

« Vous avez dit maudit ? »

« On dit qu’on peut entendre un craquement au milieu de la nuit, mais si on en cherche la source, on ne trouve rien. L’ancien propriétaire fit passer cela pour un simple bruit de maison causé par le vent… et le lendemain, les nouveaux résidents avaient été brutalement assassinés. »

Sérieusement ? Là encore, les histoires de manoirs maudits hantés par des esprits maléfiques étaient monnaie courante.

« Vous n’avez pas pratiqué d’exorcisme ? »

« Nous avons fait une demande auprès de la Guilde des Aventuriers, mais… les premières personnes qui ont voulu s’en occuper ont été elles aussi brutalement assassinées. Personne n’a voulu faire cette quête depuis. »

Il poursuivit en mentionnant que la demande qu’ils avaient soumise était de rang E. Ils voulaient augmenter son rang. Ils avaient voulu élever son rang, mais n’avaient pas reçu les fonds nécessaires. Ajoutez à cela l’existence d’une certaine discorde entre eux et la Guilde des Aventuriers… il semblerait qu’il y avait beaucoup de facteurs compliqués en jeu.

« Et la guilde des magiciens ? »

« Ils ont dit que l’immobilier n’est pas dans leur juridiction, que nous devrions nous débrouiller nous-mêmes. »

« Et si j’étais capable de nettoyer l’endroit avec succès ? Vous me le donneriez ? »

L’employé me jeta un regard comme s’il demandait : « Mais qu’est-ce que tu fumes ? »

« Désolé. Que diriez-vous donc d’un contrat provisoire ? Je visiterai l’endroit moi-même dans les deux prochains jours. Et si je trouve ce bien à mon goût, nous rendrons alors la vente officielle. Est-ce que ça marche ? », avais-je répondu.

« Dans ce cas, veuillez écrire votre nom ici. »

J’avais échoué dans ma tentative de marchandage, mais j’avais quand même continué, écrivant mon nom là où on me l’avait demandé. Il y avait un endroit où l’on pouvait inscrire un garant, et j’avais pris les devants en inscrivant les noms de la Princesse Ariel et de Badigadi. Je le lui avais alors remis.

Après avoir jeté un coup d’œil, l’employé pâlit et se retira à l’arrière. Presque immédiatement, quelqu’un qui ressemblait au directeur apparu, se frottant les mains. Je devais être assez célèbre pour qu’on me traite de la sorte rien qu’en écrivant mon nom. Attendez, peut-être que c’était en fait l’effet de l’utilisation des noms de la princesse Ariel et de Badigadi ? Ou peut-être une combinaison des trois ?

Après un peu de discussion, j’avais réussi à réduire le prix demandé de moitié. Apparemment, je m’étais transformé en client VIP exigeant alors que je n’avais aucune intention de l’être.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire