Mushoku Tensei (LN) – Tome 10 – Chapitre 10 – Partie 2

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Chapitre 10 : Trois têtes valent mieux qu’une

Partie 2

Le lendemain, j’avais emmené Nanahoshi dans sa salle de recherche. J’avais passé la journée précédente à mettre de l’ordre dans cette pièce en désordre, et c’était dans ces locaux, propres et pourtant encore désorganisés d’une certaine manière, que Zanoba et Cliff nous attendaient. Tous deux étaient en train d’examiner les données de recherche que Nanahoshi avait recueillies au fil des ans.

En les voyant, Nanahoshi avait poussé un petit rire de dérision.

« Qu’est-ce que c’est ? M’avez-vous amené ici pour que vous puissiez tous me ravir ? »

Vraiment ? Jusqu’où était-elle allée sur le chemin de l’auto-destruction ? Tout ça parce qu’elle avait échoué une fois ? Eh bien, je suppose qu’il suffisait d’un seul gros échec pour perturber la vie entière d’une personne.

« Comment osez-vous ? ! Je suis un fervent partisan de Millis ! »

Cliff était indigné. Les principes de la foi de Millis concernant la chasteté étaient similaires à ceux du christianisme. Monogamie, pas d’adultère, etc. etc. C’était très austère.

« Si vous le dites. »

Nanahoshi avait dérivé de façon instable et prit un siège. Puis elle s’était affaissée sur sa chaise.

« Maître Cliff, Zanoba, parlons de ce que nous avons trouvé hier. »

Nanahoshi avait écouté avec désintérêt tandis que je lui montrais une version de son cercle que Cliff avait corrigée au stylo rouge. Puis la proposition de Zanoba quant aux structures à plusieurs niveaux basées sur ses recherches. Et enfin, l’idée que j’avais trouvée : des cercles tridimensionnels. Elle avait écouté tout cela sans la moindre émotion sur son visage, restant parfaitement immobile comme si elle était figée.

Puis nos regards s’étaient croisés. Ce n’était pas qu’elle était désintéressée. Elle était juste sans expression, concentrée.

« Ah. »

Nanahoshi avait soudainement parlé.

« Ça pourrait marcher », avait-elle marmonné.

Puis elle avait bondi de son siège.

« Alors c’est ça, c’était donc ça le problème. Il n’y avait aucune raison pour que je m’attache à dessiner sur une surface plane. C’est logique, bien sûr. Le fait de le mettre sur papier va donner de la profondeur. Si je superpose ces papiers, je peux faire un cercle magique aussi grand que je veux. Pourquoi n’ai-je pas pu penser à une chose aussi simple plus tôt ?! »

Nanahoshi fit anxieusement les cent pas dans la pièce trois ou quatre fois. Elle prit un stylo et du papier sur son bureau et commença à dessiner. Elle écrivait quelque chose qui ressemblait à une formule, l’effaçait rapidement, puis recommençait.

« Urgh, non ! Ce n’est pas ça ! »

« Hé, ce n’est pas ce que vous voulez dire. »

Et voilà Cliff, béatement inconscient, qui insère sa tête dans la cage de l’ours qu’était Nanahoshi. Il avait sorti un stylo rouge de nulle part et annota son mémo. C’est bien Cliff, avais-je pensé sarcastiquement. L’air de la pièce a changé pour le mieux et lui, bien sûr, ne peut toujours pas le comprendre.

« Oh, c’est donc ça. Vous êtes plutôt intelligent », avait-elle félicité.

« Bien sûr que je le suis. Je suis un génie. »

« Alors que pensez-vous de ça ? Qu’est-ce que je dois faire ici ? J’ai été incertaine de cette partie pendant un certain temps. »

« Euh, attendez une seconde. »

Cliff et Nanahoshi… travaillaient bien ensemble. Ils se tenaient épaule contre épaule, notant des choses sur une feuille de papier. J’avais jeté un coup d’œil à leur travail, mais ça ressemblait juste à des gribouillages d’enfant pour moi.

« Zanoba, tu comprends ce qu’ils font ? »

« Cela va bien au-delà de ma compréhension. »

Nous étions tous les deux laissés pour compte. Pourtant, Cliff était vraiment étonnant. Il n’y avait pas si longtemps qu’il avait lui-même commencé à faire des recherches sur les cercles magiques. Eh bien, peu importe. Nanahoshi semblait être de bonne humeur. Même si elle ne réussissait pas cette fois, elle avait au moins un point d’appui et une raison d’espérer.

« Désolé, Zanoba, mais je vais devoir te demander de rester pour surveiller ces deux-là. »

« Où vas-tu, Maître ? »

« Je vais chercher Elinalise. Elle n’aimerait pas que son homme soit si intime avec une autre femme quand elle n’est pas là. »

Je pouvais entendre l’excitation dans la voix de Nanahoshi au moment où j’avais quitté la salle de recherche. C’était la première fois que j’entendais une telle émotion de sa part.

◇ ◇ ◇

Une semaine plus tard, Nanahoshi avait terminé son cercle magique. Elle consulta Zanoba et Cliff pour résoudre les problèmes de la version précédente, et avec leur contribution, recréa le mécanisme sous-jacent. Dans une magnifique démonstration d’intense concentration, elle termina le cercle en quelques jours. Elle colla ensemble cinq couches de papier, créant un cercle magique qui semblait être fait de carton.

« Maintenant, commençons. »

Sous le regard de Cliff et Zanoba, j’avais commencé à verser mon mana dans le cercle.

Le cercle avait commencé à émettre une lumière vibrante qui illumina la pièce comme s’il était midi. Alors que le mana s’écoulait de moi, quelque chose avait progressivement commencé à prendre forme en son centre. Une fois la lumière dissipée, nous avions pu voir l’objet d’un autre monde que nous avions invoqué avec succès.

C’était une bouteille en plastique. Sans étiquette ni bouchon. Une simple bouteille en plastique.

« Ooh, très impressionnant. »

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Du verre ? Non, c’est plus mou que du verre. »

Zanoba et Cliff n’avaient pas pu cacher leur excitation de voir pour la première fois une bouteille en plastique de 500 ml. Elinalise et Julie l’avaient également regardée avec un intérêt intense. Nanahoshi regarda ce qu’elle avait invoqué, serra le poing et lâcha un « Oui, j’ai réussi » à peine audible.

Une bouteille en plastique. C’était à la fois insignifiant et significatif en même temps. À cet instant-là, notre monde précédent était devenu indéniablement connecté à celui-ci. Nous avions apporté un objet inanimé, et incomplet de surcroît, mais quand même… nous avions apporté quelque chose à ce monde qui n’existait pas auparavant.

« Tu as réussi », avais-je dit à Nanahoshi.

Elle hocha la tête fermement, semblant vraiment satisfaite d’elle-même.

« Oui, j’ai réussi. Maintenant, je peux enfin passer à l’étape suivante ! En m’enfonçant plus profondément dans les cercles magiques superposés, je devrais être capable d’invoquer à peu près n’importe quoi. Si je peux mieux organiser le cercle, alors en changeant juste deux ou trois des couches, je peux très probablement… »

Nanahoshi était soudainement revenue à la réalité. Elle détourna les yeux, l’air un peu mal à l’aise.

« Je suis désolée. Je vous ai causé beaucoup de problèmes. »

« C’est donnant-donnant, d’accord ? La prochaine fois que je suis dans le pétrin, donne-moi un coup de main, ok ? »

« Je l’avais déjà prévu. »

J’avais soudainement remarqué qu’Elinalise me regardait fixement.

« Vous êtes vraiment proches, hein ? »

« Tu es toujours prompte à supposer des histoires d’amour, Mlle Elinalise », avais-je répondu.

« Eh bien, vous êtes un homme et une femme. Mais ce n’est pas très approprié. »

Ses yeux ressemblaient à ceux d’une belle-mère réprobatrice.

Je n’avais pas l’intention de la tromper. De plus, Sylphie savait ce que nous préparions.

Nanahoshi avait volontairement mis de la distance entre nous.

« C’est vrai, tu es nouvellement mariée. Ce ne serait pas bien si ta femme l’interprétait mal. »

Elinalise rit joyeusement, en enroulant ses bras autour des épaules de Nanahoshi.

« Heh heh, tu n’as pas besoin de t’inquiéter pour ça. Ah, je sais ! Allons au pub aujourd’hui ! Ce sera sur ton compte, bien sûr ! »

Nanahoshi sourit ironiquement à la proposition d’Elinalise.

« Je suppose que je n’ai pas le choix. Mais je suis donc à égalité avec vous tous, alors. »

« C’est merveilleux, n’est-ce pas, Cliff ? »

Cliff, qui avait froissé la bouteille en plastique dans ses mains, s’était retourné vers nous.

« Hein ? Oui, bien sûr ! Nous sommes donc à égalité. Mais vous êtes vous-même assez exceptionnel, alors je ne serais pas contre le fait que vous m’aidiez à faire mes propres recherches la prochaine fois ! »

Elinalise gloussa.

◇ ◇ ◇

C’était une fête agréable. Quand de bonnes choses arrivaient, les gens se réjouissaient et buvaient. Je n’avais jamais participé à un tel rassemblement dans ma vie antérieure, pas même une fois. Même dans ce monde, je ne l’avais fait qu’une ou deux fois. Lorsque j’étais aventurier, il m’arrivait de boire aux côtés de ceux avec qui je travaillais, mais j’avais toujours un sentiment de cynisme à ce sujet. Je pensais que seuls les idiots s’enivraient, étaient bruyants et sauvages. Je me plaignais intérieurement de leur manque de considération pour ceux qui les entouraient. Mais maintenant que j’étais moi-même dans la mêlée, je comprenais enfin ce que ressentaient ces gens. Parfois, il fallait juste se laisser aller et s’amuser, me disais-je.

Cette conviction m’avait semblé particulièrement justifiée lorsque j’avais regardé Nanahoshi, qui caressait les oreilles de Linia en chantant des thèmes d’anime en japonais. Si on ne se détendait pas de temps en temps et qu’on n’oubliait pas ses problèmes, on ne pouvait pas continuer. La vie était après tout pleine de douleur. Si vous n’essayez pas de trouver le bon côté des choses, vous vous effondreriez. Elinalise et Badigadi le savaient probablement mieux que nous tous, vu le temps qu’ils avaient vécu.

Sylphie et moi allions boire jusqu’à plus soif aujourd’hui. Nous ne buvions jamais à la maison, ce n’était pas quelque chose que nous avions l’habitude. Et, bien que cela n’avait rien à voir avec la raison pour laquelle nous ne buvions pas à la maison, j’avais finalement compris à quel point Sylphie était une mauvaise buveuse.

Non, ce n’était pas qu’elle était mauvaise. Elle n’était pas mauvaise du tout. Elle était juste le genre d’alcoolique collante.

« Hey, Rudy, tapote ma tête. »

« Ok, ok. Gentille fille. »

« Tu peux aussi manger mes oreilles, non ? »

« Ça ne me dérange pas si je le fais. »

« Ha ha, ça chatouille. »

Quand elle était saoule, elle se transformait en une créature incroyablement adorable. C’était phénoménal. J’allais devoir l’approcher pour qu’elle boive plus souvent. Ah, mais son comportement me faisait craindre qu’elle boive toute seule. Peut-être que je devrais lui dire de ne pas boire en dehors de la maison, mais je m’étais demandé si cela ne serait pas trop contrôlant de ma part.

Non, ça n’a pas d’importance, avais-je décidé. Elle était à moi. Quel mal y avait-il à faire ce que je voulais de quelque chose qui m’appartenait ?

« Rudy, me fais-tu un câlin ? »

« Oui, oui, je vais serrer tes hanches très fort. »

« Hee hee. Je suis si heureuse. »

La façon dont elle riait semblait d’une certaine façon si vilaine. Ahh, rien que de penser à rentrer à la maison avec elle et lui faire l’amour, j’avais l’impression de comprendre pourquoi le monde était si plein de chansons d’amour.

« Rudy, tu sais quoi, dernièrement, je me suis senti jalouse. »

« Quoi, sérieusement ? De qui ? Je ne les approcherai plus. Je vais complètement couper les ponts. »

« En fait, c’est Monsieur Ruijerd. Tu m’as parlé de lui récemment, tu te souviens ? Quand tu parles de lui, tu as l’air tellement… tu sais ? »

« Oui, mais je l’admire vraiment. S’il te plaît, essaie de ne pas te laisser abattre. »

« Je n’aime pas ça. Je veux que tu ne fasses attention qu’à moi ! »

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