Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 8 – Partie 3

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Chapitre 8 : Insensible

Partie 3

Un jour, j’étais dehors en train de m’entraîner à l’épée avec Paul. Sans le vouloir, j’avais poussé un grand soupir.

Je pensais que mon père m’en voudrait d’être si manifestement essoufflé, mais il m’avait plutôt fait un sourire.

« Hehehehe. Qu’y a-t-il, Rudy ? Tu te sens déprimé parce que Sylphiette ne t’aime pas ? », demanda-t-il.

Mais ce n’était pas la raison pour laquelle j’avais soupiré. Certes, Sylphie était l’une des choses qui me pesaient à l’esprit.

« Eh bien, oui. L’entraînement à l’épée ne se passe pas très bien, Sylphie m’en veut. Oui, j’ai soupiré. »

Paul sourit de nouveau et enfonça son épée d’entraînement en bois dans le sol. Il s’était appuyé contre elle et m’avait regardé directement. Oh, s’il te plaît, dis-moi qu’il ne va pas se moquer de moi…

« Tu veux un conseil de ton père ? »

Je ne m’y attendais pas. J’y avais réfléchi un peu. Paul, mon père, était un type populaire avec les femmes. Zenith était vraiment ce qu’on pourrait appeler une beauté, en plus, il y avait toute cette histoire autour de Mme Eto. Parfois, il flirtait avec Lilia, et l’expression de son visage suggérait qu’elle s’en fichait. Il devait avoir quelque chose : un moyen d’empêcher les filles de te haïr.

Certes, Paul était plus le genre de personne qui agissait par intuition, donc je n’étais pas sûr de le comprendre, mais dans tous les cas, ce sera une matière à réflexion.

« Oui, s’il te plaît », lui avais-je dit.

« Hmm. Comment dire ça… ? »

« Dois-je aller lécher ses bottes ? »

« Non, c’est… tu deviendras servile tout d’un coup. »

« Si tu ne me le dis pas, je dirai à maman la manière dont tu regardais Lilia. »

« C’est une situation assez tendue donc, ouah, hey ! Tu as vu ça ? »

Paul hésita.

« D’accord, d’accord. Je suis désolé d’avoir agi haut et fort. »

Je n’avais parlé que de Lilia pour m’inciter à suivre ma voie, mais… avait-il vraiment une liaison ?

« Écoute, Rudy. Donc, à propos des femmes… »

« Ouais ? »

« Elles aiment ce qui rend les hommes puissants, mais elles aiment aussi certains de nos aspects plus faibles. »

« Ohh. »

J’en avais déjà entendu parler. Est-ce que ça avait quelque chose à voir avec l’instinct maternel ou quoi que ce soit ?

« Tu n’as fait que montrer à Sylphiette ce qui te rend fort, n’est-ce pas ? »

« Peut-être ? D’une façon ou d’une autre, je ne l’avais pas vraiment remarqué. »

« Penses-y. Si quelqu’un de clairement plus fort que toi te soumet à sa propre volonté, comment te sentirais-tu ? »

« Je suppose que j’aurais peur. »

« Exactement. »

Je ne pouvais que supposer qu’il parlait de ce qui s’était passé ce jour-là — le jour où j’avais appris qu’« il » était une femme.

« C’est pour ça que tu dois lui montrer aussi tes faiblesses. Utilise tes forces pour la protéger et elle protégera tes faiblesses. C’est comme ça qu’on entretient une relation. »

« Ohh ! »

C’était si simple à comprendre ! Je ne pensais pas qu’un type aussi vague que Paul était capable d’une telle explication !

Tu ne pouvais pas seulement être fort, mais tu ne pouvais pas non plus être faible. Ce n’était qu’en étant un peu des deux que tu avais pu attirer les filles.

« Mais comment lui montrer où je suis faible ? » avais-je demandé.

« C’est simple. Tu t’inquiètes pour des choses en ce moment, n’est-ce pas ? »

« Ouais. »

« Prends ce que tu ressens actuellement et partage-le avec Sylphiette. Dis-lui : “J’ai beaucoup de choses qui m’épuisent, et le fait que tu m’évites m’inquiète”, ou quelque chose comme ça. » Paul m’avait fait un large sourire. C’était un regard troublant.

« Si tout se passe bien, elle comblera l’écart. Elle pourra même te consoler. Alors, réconforte-toi. Tu as une amie qui arrangera les choses avec toi. N’importe qui sera heureux avec ça. »

« Aha! »

Maintenant, j’avais compris !

« Mais attends, et si ça ne marche pas ? »

« Si ça arrive, viens me voir. Je t’apprendrai ce que tu dois faire ensuite. »

Attends, est-ce un plan en plusieurs étapes ? Ce type est véritablement intrigant !

« Oh, d’accord. J’ai compris. Bref, je reviendrai ! »

« Bonne chance ! », dit Paul d’un geste de la main.

Incapable d’attendre plus longtemps, j’étais parti en courant. En partant, j’aurais juré l’avoir entendu dire une dernière chose.

« Qu’est-ce que je viens d’apprendre à mon fils de six ans ? »

◇ ◇ ◇

J’avais atteint l’énorme arbre trop tôt. Sylphie n’était pas encore là.

J’apportais habituellement une épée en bois et je m’essuyais le corps avant de venir ici, mais j’étais plein de sueur en ce moment. Que devrais-je faire ? Je n’avais pas le choix. Je devrais commencer à m’entraîner dans mon esprit. Je balançais mon épée de bois dans mon esprit, en faisant du combat. D’abord, je devrais montrer ma force, ensuite ce sera ma faiblesse. Montrer ma faiblesse, mais comment devrais-je faire ça ? C’était vrai, j’avais besoin de me donner un air abattu. Alors, quoi d’autre ? Choisir le bon moment, hm. Devrais-je le faire soudainement ? Non, ce serait trop brusque. Peut-être que je devrais m’adapter au flux de la conversation. Puis-je le faire ? Non, je devais le faire.

J’y avais réfléchi tout en balançant paresseusement mon épée. J’avais dû lâcher prise, parce que l’épée m’avait glissé hors de la main. « Oups ! » J’avais suivi sa trajectoire alors qu’elle glissait sur le sol, atterrissant aux pieds de Sylphie.

Mon esprit était devenu complètement vide. Merde ! Que dois-je faire ? Qu’est-ce que je devrais dire !?

« Qu’y a-t-il, Rudy ? »

Sylphie me regardait, les yeux grands ouverts. Qu’est-ce qu’il y avait ? Était-ce parce que j’étais arrivé super tôt ?

« Uhh… hmm… eh bien… tu es… tu es… tu es vraiment mignonne, et je, euh… voulais te voir, mais, euh… »

« Non, pas ça. La sueur. »

« Hmff… Ahhh… la sueur ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Je m’approchai, la faisant tressaillir et reculer. Comme d’habitude, elle ne me laissait pas m’approcher à une certaine distance d’elle. C’était comme si nous étions les mêmes pôles de deux aimants différents.

La sueur coulait de mon front. Ma respiration s’était stabilisée. Bien.

J’avais tendu la main vers le bas pour ramasser l’épée de bois, puis j’avais pris une pose pleine de remords, en me détournant d’elle. J’avais laissé mes épaules s’affaisser et j’avais poussé un grand soupir.

« J’ai l’impression que tu ne m’aimes plus, Sylphie. »

Pendant quelques instants, il y eut un silence.

Avais-je bien fait ? avais-je bien fait, Paul ? Aurais-je dû me rendre encore plus vulnérable ? Ou était-ce trop évident ?

« Ah ! »

Soudain, quelque chose m’avait saisi la main par-derrière. La sensation était chaude et douce, et j’avais regardé, juste pour voir que Sylphie était là.

Oho! Elle était proche. Sylphie ne m’avait pas approchée d’aussi près depuis longtemps. Paul ! Je l’ai fait !

« Tu sais, Rudy, tu agis bizarrement ces derniers temps », dit-elle, tout en ayant un visage un peu sec.

Ça m’avait ramené à la raison. Je voulais dire, elle avait raison. Elle n’avait pas besoin de le dire pour que je sache que je ne l’avais pas traitée de la même façon qu’auparavant. Du point de vue de Sylphie, ce changement avait dû venir de nulle part. Un changement aussi soudain que celui d’une jeune femme à la recherche d’un futur conjoint découvrant que vous aviez assez d’argent.

Je n’agissais pas comme ça parce que j’aimais ça. Mais comment pouvais-je m’occuper d’elle autrement ? Je ne pouvais pas la traiter comme avant. Il n’y avait pas moyen que je ne sois pas nerveux avec une jolie fille comme elle.

Une jolie jeune fille de mon âge. Je n’avais pas la moindre idée de la façon d’être ami avec quelqu’un comme ça.

Si elle était un garçon, j’aurais pu profiter des expériences de ma vie passée quand mon frère était plus jeune. Si j’avais été un adulte, ou Sylphie plus grande, j’aurais pu me débrouiller avec ma connaissance des simulations de rencontres adultes. Mais c’était une fille de mon âge. En plus, ce n’était même pas le genre de relation que je voulais avoir avec elle. Nous étions tous les deux beaucoup trop jeunes.

Pour l’instant, en tout cas. J’avais de grands espoirs pour l’avenir !

Tout cela mis à part, c’était une fille qui avait été intimidée. À l’époque où j’avais été intimidé, je n’avais personne de mon côté. Donc, je voulais être là pour elle. Garçon ou fille, ça n’avait pas d’importance. Ça n’avait pas changé. Pourtant, la traiter de la même façon était trop dur. J’étais un garçon, et je voulais forger une bonne relation avec une jolie fille.

Mais, genre, pour plus tard !

Ugh. Je ne savais pas quoi faire. J’aurais peut-être dû demander cela à Paul.

« Je suis désolée. Mais Rudy, je ne te déteste pas. », dit Sylphie.

« S,Sylphie… »

J’avais dû avoir l’air pathétique, parce qu’elle m’avait tapoté la tête. Puis, Sylphie m’avait montré un sourire merveilleux et insouciant. C’était si doux.

J’en étais presque ému jusqu’aux larmes.

J’avais clairement eu tort, mais c’était elle qui s’était excusée. J’avais pris sa main et l’avais serrée contre la mienne. Son visage rougit de surprise alors qu’elle me regardait et me disait :

« Alors, pourrais-tu faire comme si de rien n’était ? »

Ses yeux tournés vers le haut avaient donné du poids à ses paroles.

Caché au fond de moi se trouvait le pouvoir dont j’avais besoin pour prendre cette décision. Et c’était ce que j’avais fait.

C’était vrai. Ce qu’elle espérait, c’était la normalité. Une relation comme celle qu’on avait toujours eue. Donc, au mieux de mes capacités, je la traiterais normalement, et je ferais de mon mieux pour ne plus l’effrayer ou l’agacer.

En d’autres termes… je deviendrais l’un d’eux. J’avais supposé que je pourrais l’être.

Il était temps de devenir un protagoniste inconscient.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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