Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 7 – Partie 4

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Chapitre 7 : Amis

Partie 4

« Ne t’inquiète pas, père. La prochaine fois que je vois trois personnes s’en prendre à quelqu’un qui ne veut pas se défendre, je l’ignorerai. En fait, j’interviendrai pour que ce soit un quatre contre un. Je m’assurerai que tout le monde sache que les Greyrats sont fiers d’intimider et de se liguer contre les faibles. Mais quand je serai grand et que je quitterai la maison, je n’utiliserai plus jamais le nom Greyrat. J’aurai trop honte pour dire à qui que ce soit que j’appartenais à une famille tellement horrible qu’ils ont ignoré la violence réelle et accepté les insultes verbales. »

Paul s’était tu. Son visage était devenu rouge, puis était devenu pâle, et il y avait un conflit dans son expression. Allait-il être furieux ? Ou ne l’avais-je pas encore poussé à bout ?

Tu devrais arrêter tant que tu as de l’avance, Paul. Je sais que je n’en ai pas l’air, mais j’ai passé plus de vingt ans à me défaire d’arguments contre lesquels je ne pouvais pas gagner. Si tu avais, ne serait-ce qu’un seul argument solide à faire valoir, cela pourrait se terminer par un match nul, mais la justice est de mon côté cette fois-ci. Tu n’as aucune chance de gagner cette fois-là.

« Je suis désolé. J’avais tort. Dis-moi ce qui s’est passé. », déclara Paul, la tête pendante.

Ouais, tu vois ? Camper dans nos positions ne faisait qu’empirer les choses pour nous deux.

Rappelez-vous, quand vous faites quelque chose de mal, la première chose que vous devez faire est de vous excuser.

Soulagé, j’avais expliqué les détails de la situation aussi objectivement que possible. J’étais en train de monter la colline quand j’avais entendu des voix. Il y avait trois garçons dans un champ vide qui jetaient de la boue sur un autre garçon qui marchait le long de la route. Je les avais frappés avec de la boue une ou deux fois jusqu’à ce qu’ils reculent, puis ils étaient partis en m’insultant. Puis, j’avais utilisé la magie pour nettoyer la boue présente sur le garçon, et nous avions joué ensemble.

« Alors, oui, si je dois m’excuser, ce Somal doit d’abord s’excuser auprès de Sylph. Quand tu es blessé physiquement, tu guériras assez rapidement, mais la douleur émotionnelle ne disparaît pas si vite. »

Les épaules de Paul tombèrent désespérément.

« Tu as raison. J’avais tout faux. Je suis désolé. »

Quand j’avais vu cela, je m’étais souvenu de ce que Laws m’avait dit plus tôt :

« Te parler nous donne l’impression d’être des parents sous-qualifiés. »

La tentative de Paul de me réprimander avait-elle été une tentative pour montrer plus de son côté paternel ?

Si c’était le cas, il avait perdu cette partie.

« Tu n’as pas besoin de t’excuser. À l’avenir, si tu penses que ce que j’ai fait est mal, n’hésite pas à me gronder comme tu le veux. Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter d’abord. Il y aura des moments où les mots ne suffiront pas, ou où j’aurai l’impression de trouver des excuses, mais si j’ai quelque chose à dire, essaye de voir ma version des choses. »

« Je m’en souviendrai. Je veux dire, je ne m’attends pas à ce que tu sois dans l’erreur en premier lieu, mais — »

« Quand je le serai, utilise ça comme une opportunité d’apprentissage pour discipliner le jeune frère ou la jeune sœur que tu finiras par me donner dans le futur. »

« Oui, je vais le faire », dit Paul en se dépréciant. L’homme était clairement de mauvaise humeur.

Avais-je été trop loin ? Je voulais dire, perdre une dispute contre ton fils de cinq ans ? Ça m’enlèverait le vent des voiles, c’est sûr. J’avais supposé qu’il était un peu jeune pour être père.

« Au fait, père, quel âge as-tu ? »

« Hm ? J’ai 24 ans. »

« Je vois. »

Donc, il avait 19 ans quand il s’était marié et m’avait eu ? Je ne connaissais pas l’âge moyen du mariage dans ce monde, mais avec des choses comme les monstres, la guerre et le fait qu’il s’agisse d’un événement quotidien, cela semblait plutôt approprié.

Un homme de plus de dix ans mon cadet s’était marié, avait un enfant et luttait maintenant pour savoir comment l’élever. Compte tenu de mes trente-quatre ans de chômage indolent, on ne penserait pas que je serais capable de faire mieux que lui sur à peu près n’importe quoi.

Ah, eh bien.

« Père, pourrais-je amener Sylph pour jouer avec moi un jour ? »

« Hm ? Oh, bien sûr. »

Satisfait de cette réponse, j’étais entré dans la maison avec mon père. J’étais content qu’il n’ait pas de préjugés contre les démons.

◇ ◇ ◇

Point de vue de Paul

Mon fils était en colère. Le garçon n’avait jamais été enclin à montrer beaucoup d’émotion, mais il était là, fumant silencieusement. Comment en était-on arrivé là ?

Ça avait commencé cet après-midi, quand Mme Eto était passée chez nous, furieuse. Elle avait amené son fils Somal, considéré comme l’un des galopins du quartier. Il y avait un bleu autour de l’un de ses yeux. En tant qu’épéiste qui avait pris part à de nombreuses batailles, j’avais tout de suite su qu’il avait pris un coup de poing.

L’histoire de sa mère était longue et incohérente, mais l’essentiel était que mon fils avait frappé le sien. Quand j’avais entendu cela, j’avais été intérieurement soulagé.

J’avais supposé que mon fils jouait dehors, qu’il avait vu Somal et ses amis jouer et qu’il avait essayé de les rejoindre. Mais mon garçon n’était pas comme les autres enfants, il était déjà à son âge un magicien d’eau de niveau Saint. Il avait probablement dit quelque chose de très dur, les autres enfants avaient riposté, puis ils s’étaient tous battus. Mon fils était plutôt intelligent et mature pour son âge, mais après tout il était encore un enfant.

Mme Eto avait continué à rougir, puis elle était devenue pâle en essayant de faire passer cela pour une grosse baston, alors qu’il ne s’agissait finalement que d’une querelle entre enfants. Et rien qu’en regardant, on pouvait dire que la blessure de son fils n’allait même pas laisser de traces. Je gronderais mon fils, et ce sera la fin de l’histoire.

Les enfants allaient forcément se bagarrer et se donner des coups à un moment donné, mais Rudeus était beaucoup plus puissant que les autres enfants. Non seulement il avait été le disciple de la jeune magicienne de niveau Saint, Roxy, mais je l’avais entraîné depuis l’âge de trois ans. Chaque bagarre dans laquelle il sera participant sera sûrement à sens unique.

Les choses s’étaient bien passées cette fois-ci, mais s’il devenait trop excité, il pourrait finir par en faire trop. Un gamin intelligent comme Rudeus devrait être capable de traiter avec quelqu’un comme Somal sans donner un coup de poing. J’avais besoin de lui apprendre que frapper quelqu’un était une chose téméraire à faire, et qu’il devait y réfléchir davantage avant d’y avoir recours.

J’avais besoin de le gronder un peu.

C’était le plan, de toute façon. Comment cela s’était-il si mal passé ?

Mon fils n’avait pas l’intention de s’excuser auprès de moi. Il m’avait plutôt regardé comme si l’on regardait un insecte.

Je suis sûr que, du point de vue de mon fils, ils se battaient sur un pied d’égalité. Mais quand quelqu’un a des pouvoirs comme les siens, il doit savoir à quel point il est fort. En plus, il ferait du mal à quelqu’un. J’avais besoin qu’il s’excuse. C’était un gamin intelligent. Il ne comprendra peut-être pas sur le coup, mais j’étais sûr qu’il trouverait la bonne réponse en temps voulu.

Cela dit, j’avais pris un ton ferme pour lui demander ce qui s’était passé, mais il avait répondu avec condescendance et sarcasme. Ça m’avait heurté, et dans le feu de l’action, je l’avais frappé. J’essayais de lui donner une leçon sur le fait que les détenteurs du pouvoir ne devraient pas recourir à la violence contre les gens plus faibles qu’eux.

Je l’avais frappé. Je savais que j’avais tort, mais je ne pouvais pas dire ça en essayant de donner une leçon à mon fils. Je ne pouvais pas lui dire de ne pas faire ce que j’avais fait moi-même quelques instants plus tôt. Pendant que je me débattais avec mon calme ébranlé, mon fils avait laissé entendre qu’il n’avait rien fait de mal et avait même dit que si j’avais un problème avec ça, il quitterait la maison.

Je lui avais presque dit d’y aller, mais j’avais réussi à résister. Je devais le faire. J’étais moi-même issu d’une famille stricte, avec un père autoritaire qui me frappait sans me donner une chance équitable. Mon ressentiment s’était accru au point où nous avions eu une énorme dispute qui s’était terminée par ma sortie en trombe de la maison.

Le sang de mon père coulait dans mes veines, le sang d’un rouspéteur têtu et inflexible. Et ça coulait aussi dans les veines de Rudeus. Regardez comme il pouvait être têtu. C’était définitivement mon fils.

Quand on m’avait dit de sortir, j’avais fait à mon père un beau pied de nez et j’avais fait exactement ce qu’il m’avait dit. Je pourrais aussi chasser Rudeus. Il avait dit qu’il attendrait d’avoir grandi avant de quitter la maison, mais si je lui disais de sortir tout de suite, je parierais qu’il le ferait. J’étais sûr que c’était dans sa nature.

J’avais entendu dire que, peu de temps après mon départ, mon père était tombé malade et en était mort. Et j’avais entendu dire que jusqu’à la fin il regrettait notre grande dispute. J’étais vraiment content de l’entendre.

Non, pour être honnête, je l’avais aussi regretté. Dans ce contexte, si je disais à Rudeus de partir et qu’il était vraiment parti, je le regretterais sûrement aussi.

J’avais dû être patient. Après tout, n’avais-je pas appris de mon expérience ? D’ailleurs, le jour de la naissance de mon enfant, j’avais décidé que je ne serais jamais un père comme le mien.

« Tu as raison. J’avais tout faux. Je suis désolé. »

Les excuses étaient venues naturellement.

L’expression de Rudeus s’était adoucie, et il avait poursuivi en expliquant ce qui s’était passé. Il m’avait dit qu’il avait vu le fils de Laws se faire intimider et qu’il était intervenu pour l’aider. Plutôt que de frapper n’importe qui, il avait jeté des boules de boue. On pouvait difficilement appeler ça un vrai combat.

Si ce que Rudeus avait dit était vrai, alors ce qu’il avait fait était une chose louable, quelque chose dont il devrait être fier. Mais au lieu d’être félicité pour ses actions, il n’avait eu qu’un père qui n’avait pas voulu l’écouter et l’avait frappé.

Quand j’étais jeune, mon père m’avait fait la même chose tant de fois, n’écoutant jamais ma version des choses et me reprochant toujours de ne pas être un fils parfait. Chaque fois que c’était arrivé, je me sentais si malheureux et impuissant.

Quelle que soit la leçon que j’avais essayé de donner ici, j’avais échoué. Ugh.

Mais Rudeus ne m’en avait pas voulu. Il m’avait même consolé à la fin. C’était un bon garçon. Presque trop parfait. Étais-je vraiment son père ? Non, Zenith n’était pas du genre à avoir une liaison, et en plus, il n’y avait pas de père assez bon pour produire un enfant comme lui. Je ne m’attendais pas à ce que ma graine puisse porter un fruit aussi fort.

Cependant, plus que de la fierté, ce que je ressentais était une douleur dans mes tripes.

« Père, pourrais-je amener Sylph jouer avec moi un jour ? »

« Hm ? Oh, bien sûr. »

Pour l’instant, je pourrais au moins être heureux que mon fils se soit fait son premier ami.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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