Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 7 – Partie 1

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Chapitre 7 : Amis

Partie 1

J’avais décidé d’essayer de sortir. Après tout, Roxy m’avait montré que je pouvais le faire, et je n’allais pas laisser passer ça.

« Père, puis-je aller jouer dehors ? », dis-je, mon encyclopédie botanique d’une main.

Les enfants de mon âge étaient enclins à errer dès qu’on les quittait des yeux. Même si je restais dans la zone, je ne voulais pas inquiéter mes parents en m’échappant sans rien dire.

« Hmm ? Jouer dehors ? Je suppose que ce n’est pas simplement dans la cour ? »

« Oui. »

« Oh. Bien sûr que tu peux. »

Paul m’avait donné sa permission assez facilement.

« Maintenant que j’y pense, nous ne t’avons pas donné beaucoup de temps libre. C’est vrai, nous avons pris tout ton temps à t’enseigner l’art de l’épée et de la magie, mais il est aussi important pour les enfants de jouer. »

« Je suis vraiment heureux d’avoir de si bons professeurs. »

Je voyais Paul comme un père strict qui s’inquiétait trop de l’éducation de son enfant, mais sa façon de penser était en fait assez souple. Je m’attendais à ce qu’on me demande de travailler toute la journée sur mon art de l’épée. C’était presque une déception.

Paul était un homme d’intuition.

« Mais, hmm… tu veux vraiment sortir ? J’avais l’habitude de penser que tu étais un garçon si fragile, mais le temps passe vite, hein ? »

« Tu pensais que j’étais fragile ? »

C’était nouveau pour moi. Je n’avais jamais été malade.

« À cause du fait que tu ne pleurais jamais. »

« Oh. D’accord. Mais si je vais bien maintenant, ce n’est pas un problème, d’accord ? J’ai grandi pour devenir un garçon en bonne santé et charmant ! Vois-tu ? »

Je m’étais tiré les joues et j’avais fait une drôle de tête.

Paul fronça les sourcils.

« Ce qui m’inquiète le plus, ce sont les fois où tu ne te comportes pas comme un enfant. »

« Ne suis-je pas le fils premier-né que tu voulais que je sois ? »

« Non, ce n’est pas ça. »

« Vu la déception sur ton visage, serait-il préférable de dire que tu espérais que je devienne l’héritier idéal de la famille Greyrat ? », avais-je demandé.

« Je n’en suis pas fier, mais quand j’avais ton âge, ton père était un sale gosse qui courait toujours après les filles. »

« Tu étais un coureur de jupons ? »

Alors, y en avait-il aussi dans ce monde, hein ?

Et attendez, s’était-il traité de morveux ?

« Si tu veux vraiment être digne de la famille Greyrat, sors et ramène une petite amie à la maison. », dit-il.

Voici donc le genre de famille qu’on était ? Mon père n’était-il pas un chevalier chargé de protéger une ville frontalière en plus d’être un noble de bas rang ? N’avons-nous aucun statut social ? Non, je suppose qu’on était juste de bas rang.

« Compris. Je partirai donc au village à la recherche d’une jupe ou deux afin de leur courir après. », ai-je dit

« Hé maintenant. Tu dois être gentil avec les filles. Et ne te vantes simplement juste parce que tu peux utiliser une magie puissante. Les vrais hommes ne deviennent pas forts juste pour se vanter. »

C’était un bon conseil. J’aurais aimé que mes frères de ma vie antérieure puissent entendre ça.

Mais Paul avait raison, le pouvoir exercé pour lui-même n’avait aucun sens. Et même moi, j’avais pu comprendre ça, vu les termes dans lesquels il les avait dits.

« Je comprends, Père. Le pouvoir devrait être réservé pour les fois où tu peux montrer aux filles à quel point tu es cool. »

« Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire… »

Ce n’était pas le cas ? N’était-ce pas là l’objet de cette discussion ? Héhé. Oups !

« Ce n’était qu’une blague. Cela servait à protéger les faibles, non ? », avais-je dit.

« Oui, exactement. »

Cette conversation terminée, j’avais remis mon encyclopédie botanique sous un bras, j’avais suspendu la baguette que j’avais reçue de Roxy à ma hanche et j’étais sorti. Mais avant d’arriver loin, je m’étais arrêté et je m’étais retourné en me souvenant d’une dernière chose.

« Oh, au fait, père, je pense que je sortirai probablement comme ça à l’occasion, mais je promets que je le dirai toujours à quelqu’un à la maison d’abord, et que je ne négligerai pas non plus mes études quotidiennes de magie et de l’épée. Et je promets d’être à la maison avant que le soleil ne se couche et qu’il fasse nuit, et que je n’irai dans aucun endroit de dangereux. »

Après tout, je voulais le rassurer.

« Ah, ouais. Bien sûr. »

Pour une raison ou une autre, Paul avait l’air un peu à côté de la plaque. Écoute, si tu me donnes la permission, dis-le-moi.

« D’accord, dans ce cas je m’en vais », avais-je dit.

« Reviens sain et sauf. »

Et c’était ainsi que j’avais quitté la maison.

◇ ◇ ◇

Plusieurs jours s’écoulèrent. Je n’avais plus peur du monde extérieur. Les choses allaient plutôt bien. J’avais même pu échanger des salutations avec les passants sans marmonner.

Les gens savaient pour moi — que j’étais le fils de Paul et Zénith, et le disciple de Roxy. Quand je rencontrais des gens pour la première fois, je les saluais correctement et je me présentais. Je souhaitais à tous les gens que je rencontrais une « bonne journée ». Tout le monde m’avait salué en retour, des sourires brillants sur leurs visages. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi ouvert et insouciant.

La gloire relative combinée de Paul et de Roxy représentait plus de la moitié de ce qui m’avait aidé à me sentir si à l’aise. Le reste étant dû à ce que Roxy avait fait pour moi. Ce qui voulait dire, je suppose, que je devais essentiellement cela à Roxy.

Il faudra que je prenne bien soin de cette culotte chérie.

◇ ◇ ◇

Mon but principal en sortant était d’aller explorer par moi-même et de me faire une idée de la région. Si je la connaissais, je ne me perdrais pas même si je me faisais virer de chez moi.

En même temps, je voulais aussi faire des recherches botaniques. J’avais mon encyclopédie, après tout, alors je voulais m’assurer de savoir quelles plantes étaient comestibles et lesquelles ne l’étaient pas, lesquelles pouvaient être utilisées comme médicaments et lesquelles étaient toxiques. De cette façon, si jamais je me faisais virer de chez moi, je n’aurais même pas à m’inquiéter de l’endroit où je pourrais trouver de la nourriture.

Roxy ne m’avait enseigné que les bases, mais d’après ce que j’avais compris, notre village cultivait du blé, des légumes et les ingrédients parfumés composant les parfums. La fleur de Vatirus, utilisée dans ces parfums, était très proche de la lavande : pourpre pâle et comestible.

Avec un spécimen aussi frappant visuellement que celui-là comme cas d’essai, j’avais commencé à utiliser l’encyclopédie botanique pour faire des références croisées avec les plantes qui m’intéressaient.

Il s’était avéré que le village n’était pas très grand et que nous n’avions pas une flore particulièrement remarquable. Après quelques jours sans avoir pratiquement rien acquis, j’avais élargi mon rayon de recherche et je m’étais rapproché de la forêt. Après tout, il y avait là-bas beaucoup plus de plantes.

« Si je me souviens bien, la magie s’accumule plus facilement dans les forêts, ce qui les rend plus dangereuses. »

Plus dangereuse parce que des concentrations plus élevées de magie signifiaient une plus grande probabilité que des monstres y voient le jour, les énergies magiques provoquant des mutations soudaines chez des créatures par ailleurs sans danger. Ce que je ne savais pas, c’était pourquoi la magie s’y accumulait plus facilement.

En plus d’être assez rares dans ces régions, nous avions aussi eu des chasses aux monstres régulières, ce qui rendait l’endroit encore plus sûr. Cette chasse au monstre portait bien son nom : Une fois par mois, un groupe de jeunes hommes, composé de chevaliers, de chasseurs et de miliciens locaux, se rendaient dans les bois pour chasser quelques monstres.

Néanmoins, des monstres assez terribles pouvaient soudainement apparaître dans les profondeurs de la forêt. Peut-être qu’une des raisons pour lesquelles j’avais appris la magie était pour me battre contre de tels monstres. Mais j’étais un ancien reclus qui ne pouvait même pas gérer les bagarres dans la cour d’école. Je ne pouvais pas me permettre d’être arrogant. Je n’avais aucune expérience du combat, et si j’avais merdé dans le feu de l’action, ce serait un désastre total. J’avais vu beaucoup trop de gens se faire tuer en faisant ce genre de choses, dans les mangas en tout cas.

Mais je n’étais pas du genre à avoir le sang chaud. En ce qui me concernait, le combat était quelque chose que je préférerais éviter le plus possible. Si je rencontrais un monstre, je rentrerais à la maison et je le ferais savoir à Paul.

Oui, c’était un bon plan.

C’était dans cet état d’esprit que j’avais gravi une petite colline. Au sommet se tenait un arbre solitaire, le plus grand des environs. Un point de vue surélevé comme celui-ci serait parfait pour confirmer l’aménagement de mon village. C’était aussi le plus gros arbre de la région, je voulais voir de quel type il s’agissait.

Et c’était à ce niveau que j’entendis ces voix.

« Nous n’avons pas besoin de démon dans notre village ! »

Au son de cette voix, des souvenirs douloureux étaient revenus. Je m’étais souvenu de l’époque où j’étais au lycée et de ce qui m’avait conduit à devenir un reclus. Je m’étais souvenu des cauchemars que je faisais quand on m’appelait « petite bite ».

Ces voix me rappelaient tellement les voix qui m’avaient appelé par ce terrible surnom. C’était les voix de quelqu’un qui utilisait la puissance de son groupe pour tourmenter quelqu’un de plus faible qu’eux.

« Foutez le camp d’ici ! »

« Prends ça ! »

« Ha, sympa ! Touché au premier coup, mec ! »

J’avais vu un champ, boueux à cause de la pluie de l’autre jour. Trois garçons, le corps dans la boue, jetaient de la boue sur un autre garçon qui marchait le long de la route.

« Dix points si tu peux le toucher sur la tête ! »

« Hngh ! »

« Je l’ai eu ! Est-ce que tu as vu ça !? En plein dans la tête ! »

La vache. Ce n’était pas bon. C’était de l’intimidation classique. Ces enfants pensaient que cet autre garçon n’était pas assez fort pour eux, alors ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient. S’ils avaient mis la main sur un fusil à air comprimé, ils l’auraient retourné contre ce gamin et ouvert le feu. Les instructions disaient toujours de ne pas pointer ces choses vers les gens et de ne pas tirer, mais les garçons comme eux ne voyaient pas leurs cibles comme des gens. Ils étaient odieux.

Leur cible aurait pu se faufiler rapidement sur son chemin, mais pour une raison ou une autre, il traînait. J’avais regardé de plus près et je vis qu’il avait quelque chose comme un panier coincé contre sa poitrine, et qu’il s’était penché pour garder son contenu à l’abri des boules de boue qu’on lui lançait sur le chemin. Ça l’empêchait de s’éloigner de l’attaque des brutes.

« Hé, il a quelque chose ! »

« C’est son trésor démoniaque !? »

« Je parie que c’est quelque chose qu’il a volé ! »

« Si tu peux faire ça, ça vaut cent points ! »

« Allons chercher ce trésor ! »

Je m’étais mis à courir en direction du garçon. En cours de route, j’avais utilisé ma magie pour former une boule de boue, et dès que j’étais à portée de tir, je l’avais lancée de toutes mes forces.

Whap!

« C’est quoi ce bordel !? »

J’avais frappé le gamin qui ressemblait à leur chef, un homme d’une taille remarquable, en plein visage.

« Gah, ça m’est entré dans les yeux ! »

Ses copains s’étaient tous tournés vers moi d’un seul coup.

« Qui diable es-tu ? »

« Ça n’a rien à voir avec toi ! Reste en dehors de ça ! »

« T’es quoi, un allié des démons ou quoi ? »

Je supposais que les gens comme ça étaient les mêmes dans chaque monde.

« Je ne suis pas l’allié des démons. Je suis un allié des faibles. », avais-je dit.

J’avais accompagné mes paroles d’un ricanement hautain.

Les autres garçons se raidirent, se dressant comme s’ils étaient dans le droit chemin.

« N’essaye pas de jouer les durs ! », l’un d’eux avait crié.

« Hé, c’est le fils du chevalier ! »

« Hah ! C’est juste un bébé ! »

Uh-oh. Ils avaient compris qui j’étais.

« Es-tu sûr que le fils d’un chevalier devrait faire ce genre de chose, hein ? »

« Tu vois, je t’avais dit que ce chevalier était du côté des démons ! »

« Allez, allons chercher les autres ! »

« Hé, les gars ! On a un taré ici ! »

Merde. Ces enfants appelaient leurs amis !

Mais personne n’était venu.

Mais quand même, mes jambes étaient bloquées sur place. Bien sûr, ils étaient trois, mais c’était tellement pathétique de voir des enfants me crier dessus. Étais-je vraiment destiné à être le héros de la saga du reclus intimidé ?

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

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