Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 4 – Partie 4

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Chapitre 4 : Un professeur

Partie 4

Elle avait expliqué que les monstres étaient le résultat de mutations soudaines chez des animaux normaux. S’ils avaient eu la chance de grandir en nombre, de s’établir comme une nouvelle espèce et de développer leur intelligence au fil des générations, ils allaient devenir des démons. Mais apparemment, beaucoup de créatures qui possédaient de l’intelligence, mais qui attaquaient encore les humains étaient appelées monstres. Il y avait aussi des cas de démon de plus en plus sauvages et brutaux au fil des générations, redevenant des monstres.

Il n’y avait donc pas de délimitation tout à fait concrète entre les deux. En général, cependant, les monstres attaquaient les humains et les démons ne le faisaient pas.

« Alors, les démons sont une version plus évoluée des monstres ? », avais-je demandé.

« Non, les démons sont complètement différents. Le nom de “démon” vient d’une époque lointaine où les races des hommes et des démons s’affrontaient. »

« Est-ce que c’est la Grande Guerre des Démons Humains dont tu as parlé tout à l’heure ? »

« Oui. Le premier conflit a eu lieu il y a environ sept mille ans. », dit Roxy

« Wôw, c’était il y a si longtemps que c’est presque étourdissant rien qu’a y penser. »

Ce monde avait évidemment une longue histoire.

« Oh, ce n’est pas si loin. Les humains et les démons étaient encore en guerre les uns contre les autres il y a à peine quatre cents ans. Ça a commencé il y a sept mille ans, et les deux parties sont en conflit depuis lors. »

Il y a 400 ans, on aurait dit que c’était il y a bien longtemps, mais sept mille ans de combats en cours ? Les humains et les démons ne devaient vraiment pas s’entendre.

« Ah, d’accord, j’ai compris. Alors, que sont les démons ? », avais-je dit.

« Eh bien, c’est un peu difficile à définir », avait dit Roxy.

La façon la plus simple de le dire, selon elle, était que les « démons » incluaient tous ceux qui avaient combattu du côté des démons dans le plus récent conflit. Mais là aussi, il y avait des exceptions.

« En fait, je suis moi-même un démon, » dit-elle.

« Oh. Es-tu un démon ? »

J’avais un démon comme tuteur à domicile. Ce qui voulait dire qu’il n’y avait pas de conflit en ce moment. Donner une chance à la paix…, était-ce vraiment la façon de faire ?

« Oui. Plus formellement, je suis de la race des Migurdes de la région de Biegoya, sur le continent Démoniaque. Tu as dû remarquer la surprise de tes parents quand ils m’ont vu pour la première fois, hein, Rudy ? », dit Roxy

« J’ai pensé que c’était parce que tu étais petite. »

« Je ne suis pas petite », souffla Roxy.

C’était clairement quelque chose de douloureux pour elle.

« Ils ont été surpris par la couleur de mes cheveux. »

« Tes cheveux ? »

J’avais trouvé personnellement que c’était une très jolie nuance de bleu.

« On dit que, pour les races démoniaques, plus nos cheveux sont verts, plus nous avons tendance à être sauvages. Selon l’éclairage, mes cheveux peuvent aussi être verts. »

Vert, hein ? Alors, était-ce la couleur du danger de ce monde ?

Les cheveux de Roxy étaient d’une couleur bleu ciel saisissante, et elle avait tortillé un doigt dans sa frange pendant qu’elle s’expliquait. Ses manières étaient adorables.

Au Japon, les cheveux bleus étaient le genre de choses que j’associais aux punks ou aux femmes plus âgées. Quand je voyais des gens comme ça, j’avais toujours trouvé ça inhabituel, mais il n’y avait rien d’inhabituel ou de rebutant dans les cheveux bleus de Roxy. Au contraire, j’avais pensé que ses yeux légèrement endormis avaient aidé à compléter l’image. Elle avait l’air d’être le premier personnage dont j’essaierais de compléter le parcours dans une simulation de rencontre pour adultes.

« Je trouve tes cheveux jolis », avais-je dit.

« Oh, merci beaucoup. Mais c’est le genre de chose qu’il faut dire à une fille qu’on aime quand on a grandi. »

Je n’avais pas raté mon ouverture.

« Je t’aime bien, mademoiselle ! »

Je n’avais pas pu m’en empêcher. Draguer des filles mignonnes, voilà ce que je ferais.

« Je vois. Dans 10 ou 15 ans, si tes sentiments n’ont pas changé, n’hésite pas à me le redire. »

Elle m’avait bien repoussé, mais j’avais tout de même vu l’air heureux qui se dessinait sur son visage.

Je ne savais pas à quel point les compétences que j’avais perfectionnées en jouant à des simulations de rencontres m’aideraient dans ce monde, mais la réponse n’était clairement pas « néant ». Les blagues et les tirades qui étaient anciennes et clichées au Japon pourraient bien être des façons uniques et passionnantes de gagner le cœur de quelqu’un ici.

OK, ouais, je ne savais pas moi-même où je voulais en venir. Le fait était que Roxy était mignonne et méchante et que je voulais la pousser à bout. L’écart d’âge considérable qui nous séparait était cependant un problème. C’était peut-être quelque chose à penser pour l’avenir.

« Pour en revenir au sujet principal, » dit Roxy, « l’idée que plus les cheveux sont colorés, plus ils sont brillants, plus ils sont dangereux n’est qu’une superstition. »

« Oh. C’est vrai ? »

Maintenant, je me sentais bête d’avoir pris au sérieux toute cette histoire de « dangereuse couleur ».

« Oui, pendant la guerre, il y a quatre cents ans, les Superds, une race démoniaque aux cheveux verts de la région de Babynos, se sont brutalement déchaînée. C’est de là que vient l’association, la couleur des cheveux de quelqu’un n’a rien à voir avec ça. »

« Un déchaînement brutal, as-tu dit ? »

« En effet. Après seulement une décennie et un changement de guerre, ils étaient devenus craints par leurs amis et leurs ennemis, devenant aussi violents qu’ils étaient méprisés. Ils étaient si dangereux qu’après la guerre, la persécution les avait presque complètement chassés du Continent Démoniaque. »

Leurs propres alliés les avaient repoussés après la guerre ? Wôw.

« Les gens les détestent-ils à ce point ? », avais-je demandé.

« C’est le cas. »

« Qu’est-ce qu’ils ont fait de si mal ? »

« Eh bien, je ne peux te dire que ce que j’ai entendu. Des choses comme attaquer les colonies de démons alliés et massacrer les femmes et les enfants, ou anéantir tous leurs ennemis sur le champ de bataille et se tourner ensuite vers leurs alliés pour faire de même. Quand j’étais enfant, j’entendais tout le temps des histoires comme ça. “Ne reste pas debout trop tard, ou le Superd viendra te manger !” Ce genre de choses. »

On aurait dit qu’elle parlait du Putaway Man, le croque-mitaine de ce vieil anime.

Roxy avait continué.

« Les peuples migurd et superd sont étroitement liés, et j’ai entendu dire qu’on nous traitait à peu près de la même façon qu’eux. »

Elle avait fait une pause pour s’assurer d’avoir mon attention.

« J’imagine que tes parents te diront probablement quelque chose comme ça assez tôt, mais si jamais tu vois quelqu’un avec des cheveux vert émeraude et ce qui ressemble à un bijou rouge sur leur front, assure-toi de ne pas t’approcher de lui. Et si interagir avec l’un d’eux est inévitable, quoi que tu fasses, assure-toi de ne pas les mettre en colère. »

Des cheveux vert émeraude et un bijou rouge sur le front ? Elle avait dû me décrire un Superd.

« Que se passera-t-il si je l’énerve ? »

« Tu pourrais faire tuer toute ta famille. »

« Tu as dit vert émeraude, avec un bijou rouge sur le front, non ? »

« C’est exact. La chose sur leur front est leur troisième œil, ce qui leur permet de voir le flux de magie. »

« Toutes les Superds sont des femmes ? », avais-je demandé.

« Euh, non. Il y a aussi des hommes, comme on peut s’y attendre. »

« S’ils font quelque chose, le bijou sur leur tête deviendra-t-il bleu ou quelque chose comme ça ? »

Roxy avait incliné la tête dans l’incompréhension.

« Hum, non. Du moins, pas à ce que je sais. »

J’étais content d’avoir pu demander ce que je voulais.

« On dirait qu’ils se démarquent et qu’ils sont assez faciles à reconnaître, au moins », ai-je dit.

« C’est exact. Si jamais tu en vois un, fait comme si tu avais autre chose à faire et sors de là. Si tu t’enfuis tout d’un coup, tu pourrais les provoquer. »

Repérer un voyou et s’enfuir ne faisait que l’inviter à la chasse, hein ? Ouais, j’avais de l’expérience avec ça.

« Alors, si je dois parler à l’un d’eux, tout se passera bien si je parle poliment ? »

« Tant que tu ne dis rien de dégradant de façon flagrante, il ne devrait pas y avoir de problème. Cependant, il y a beaucoup de différences entre ce qui est communément accepté dans la culture humaine et la culture démoniaque, alors tu pourrais ne pas savoir quels mots vont déclencher une explosion. Il vaudrait mieux éviter les sarcasmes et ce genre de choses, c’est plus sur. »

Hmm. Ces types doivent avoir un tempérament incroyable. Roxy avait dit qu’ils avaient été victimes d’oppression, mais il semblerait que ces craintes étaient fondées. Car pour le dire franchement, leur colère semblait assez effrayante pour dire aux autres de rester loin d’eux.

Si je me faisais tuer, je ne pense pas que j’aurais la chance de vivre une troisième fois ma vie, alors j’avais pensé qu’il valait mieux faire tout ce que je pouvais pour m’en sortir. Il valait mieux donc éviter les Superds.

◇ ◇ ◇

Une autre année s’était écoulée. Mes leçons de magie avançaient vite. Je pouvais maintenant utiliser des sorts de niveau avancé de toutes les branches de la magie.

Le tout sans utiliser d’incantations, bien sûr.

Comparée à un entraînement ordinaire, la magie avancée était comme assez embêtante à utiliser. Je voulais dire par là qu’il y avait beaucoup d’attaques à distance et qu’elles étaient assez gênantes à utiliser. Qu’est-ce que j’allais faire avec la capacité de faire pleuvoir sur une grande surface ?

Mais je m’étais souvenu qu’après une sécheresse prolongée, Roxy avait fait pleuvoir sur les champs de blé, à la grande joie des villageois. J’étais à la maison à l’époque, alors c’était Paul qui m’avait appris tout cela.

Évidemment, Roxy avait traité de multiples demandes de la part des habitants de la ville et avait résolu leurs problèmes. Je pouvais presque les entendre maintenant :

« Je travaillais le sol et j’ai heurté un gros rocher enterré dans le sol ! Aide-moi, Roxyemon ! »

« Laisse-moi faire ! »

« Whoa! Qu’est-ce que c’était que cette magie ? »

« J’ai utilisé la magie de l’eau pour humidifier le sol autour de la roche, puis je l’ai utilisée de concert avec la magie de terre pour la transformer en boue ! »

« Wôw, c’est incroyable ! Le rocher est en train de couler au loin ! »

« Heeheeheehee ! »

Je devinais que c’était (probablement) comme ça que ça s’était passé.

« Je savais que tu étais le genre d’individu qui aime aider les gens, Mlle Roxy ! », avais-je dit.

« Ce n’est pas exactement ça. Je fais ça pour gagner de l’argent en plus. »

« Es-tu payé pour faire ce genre de choses ? »

« Bien sûr. »

Mon premier instinct avait été de la considérer comme avide, mais les habitants de la ville avaient semblé accepter ses conditions. Ils n’avaient jamais eu quelqu’un qui pouvait faire ce genre de chose pour eux auparavant, et ils avaient profondément apprécié Roxy pour cela. J’avais deviné que c’était ce qu’ils appelaient donner et recevoir.

J’y avais mal réfléchi. L’idée d’aider quelqu’un sans rien demander en retour était une idée très japonaise. C’était normal d’être indemnisé pour ce genre de choses. C’était tout simplement logique.

Certes, en étant l’enfermée comme je l’étais dans ma vie passée, non seulement je n’aidais personne d’autre à sortir d’une mauvaise situation, mais j’étais la mauvaise situation pour le reste de ma famille.

Hahahaha…

◇ ◇ ◇

Un jour, sans prévenir, j’avais décidé de demander à Roxy :

« Serait-ce mieux si je t’appelais “Maître” au lieu de “Mademoiselle” ? »

Roxy plissa son visage maladroitement.

« Non, il vaut mieux ne pas le faire. Je suis sûr que tu me surpasseras facilement bien assez tôt. »

Avais-je assez de talent pour être meilleur que Roxy ? C’était suffisant pour me faire rougir.

« Après tout, ce serait bizarre d’appeler quelqu’un dont les pouvoirs sont inférieurs aux tiens “Maître” », ajouta Roxy.

« Je ne trouve pas ça bizarre. »

« Eh bien, ce serait bizarre pour moi. Je ne survivrais jamais à la honte d’avoir quelqu’un qui est clairement meilleur que moi et qui me nommait “Maître”. »

Ah. Alors était-ce de ça qu’il s’agissait ?

« Tu dis ça parce que tu es devenue plus forte que ton propre maître, Mlle Roxy ? »

« Écoute, Rudy : Un maître est quelqu’un qui dit qu’il n’a rien d’autre à t’apprendre, mais qui s’immisce avec ses conseils sur tout ce que tu fais. »

« Mais tu ne feras pas ça, Mlle Roxy. »

« Je pourrais. »

« Même si c’était le cas, j’en serais honoré. »

Roxy avait toujours l’air plutôt satisfaite d’elle-même chaque fois qu’elle me conseillait des choses. J’avais probablement le sourire aux lèvres quand je lui faisais des compliments.

« Oh, non. Si je devenais aussi rancunière à l’égard des talents de mes élèves, je ne saurais dire ce que je pourrais dire. »

« Comme quoi ? »

« Je ne suis qu’une démon dégoûtante ou tu n’es qu’un péquenaud de la campagne. »

Wôw, est-ce que Roxy venait vraiment de me dire ça ? Je me sentais mal pour elle. Être victime de discrimination n’était après tout pas génial. Mais je supposais que c’était ce que vous obteniez quand il y avait une hiérarchie dans votre relation avec quelqu’un.

« Tout ira bien. Fait comme si tu valais mieux que moi ! », avais-je dit.

« Je ne vais pas faire l’arrogante et la supérieure juste parce que je suis plus vieille ! Je ne suis pas à l’aise d’avoir une relation maître-élève avec un tel déséquilibre de talent ! »

Elle m’avait abattu très vite. On aurait dit que mon lien avec mon maître s’était détérioré. Dans mon esprit, j’avais décidé que je la considérerais toujours comme mon maître. Après tout, c’était une fille qui avait encore quelques traces de jeunesse et qui pouvait m’enseigner correctement ce que je ne pouvais pas apprendre en lisant.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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