Mushoku Tensei (LN) – Tome 1 – Chapitre 4 – Partie 3

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Chapitre 4 : Un professeur

Partie 3

On passait les après-midi à pratiquer le maniement de l’épée avec Paul.

Nous n’avions pas d’épée d’entraînement en bois convenant à un enfant de ma stature, alors nous nous étions concentrés sur l’entraînement physique : course, pompes, redressements assis, ce genre de choses. Selon Paul, la priorité était d’habituer mon corps à bouger. Les jours où il était trop occupé pour s’entraîner avec moi, il m’avait dit de suivre les fondamentaux.

Je supposais que les pères étaient comme ça dans tous les mondes. Je devrais juste sourire et le supporter.

Un jeune enfant n’avait pas l’endurance nécessaire pour passer tout un après-midi à faire de l’exercice, alors nous finissions vers le milieu de l’après-midi. Cela étant, j’avais décidé de passer mon temps entre ce moment et le dîner à travailler sur les sorts.

Ajuster la taille d’un sort augmentait la quantité de pouvoir magique nécessaire pour l’alimenter. Il y avait la quantité de pouvoir par défaut qu’un sort devait consommer si vous n’y mettiez pas d’effort conscient une fois l’incantation terminée, et créer un sort plus grand que celui-ci consommait une plus grande quantité de pouvoir magique. C’était un peu comme la loi de conservation de masse.

Curieusement, faire un sort plus petit consommait aussi plus de pouvoir magique. Je n’étais pas tout à fait sûr du principe à l’œuvre, mais la création d’une boule d’eau de la taille d’un poing demandait moins d’énergie magique que la création d’une boule de la taille d’une goutte de pluie. C’était bizarre.

J’avais demandé à Roxy, mais elle m’avait dit : « Oui, c’est comme ça. »

Apparemment, cela n’avait pas encore été expliqué.

Je ne connaissais pas les mécanismes par lesquels la magie fonctionnait, mais par la pratique, la maîtrise des méthodes n’était pas si mauvaise. Mes réserves magiques s’étaient développées à tel point que je ne les épuiserais pas si je ne lançais pas de grands sorts. Si mon but avait été simplement d’utiliser mes pouvoirs magiques, j’aurais pu continuer à lancer les sorts les plus forts que j’avais jusqu’à ce que je sois épuisé.

Après un moment, cependant, je voulais passer aux applications réelles de la magie, alors j’avais décidé de me concentrer sur la pratique de la fabrication de sorts plus précis. Je voulais rendre leurs effets plus petits, plus étroits, plus complexes : par exemple, créer des sculptures en glace, faire briller mon doigt avec du feu pour écrire sur des planches de bois, enlever la saleté de la cour et la séparer en éléments constitutifs, verrouillage et déverrouillage des portes, etc.

Remodeler quelque chose qui était déjà robuste et solide était évidemment plus difficile. Travailler pour remodeler le métal, par exemple, coûtait plus de puissance magique. Travailler votre magie sur quelque chose de plus petit, de plus complexe, ou essayer de travailler à la fois avec rapidité et précision dépensait énormément plus de puissance. La concentration et l’effort qu’il avait fallu, c’était comme essayer de lancer une balle rapide et d’enfiler le chas d’une aiguille en même temps.

J’avais aussi essayé d’utiliser des sorts de différentes branches magiques en même temps. Cela consommait trois fois plus de puissance magique que d’utiliser deux sorts de la même branche. En d’autres termes, essayer d’être rapide et précis avec deux sorts d’écoles différentes en même temps était un excellent moyen de vider toutes vos réserves magiques à la fois.

Mon entraînement se déroulait ainsi, jour après jour, jusqu’à ce que je n’arrive plus à voir la fin de mes réserves même après avoir passé plus de la moitié de la journée à utiliser la magie. J’avais eu l’impression de les avoir suffisamment développées. Surtout pour un fainéant comme je l’étais.

Mais j’avais vite fait de me mettre en garde. Le corps se ramollit quand on s’assoupit de son entraînement physique. Pour autant que je sache, la magie pourrait être la même, et maintenant que j’avais constitué mes réserves, je voulais continuer à m’entraîner pour m’assurer qu’elles restent ainsi.

◇ ◇ ◇

Un soir, en pratiquant un peu de magie, j’avais entendu les sons lascifs d’un cadre de lit grinçant et des gémissements effrayants venant de quelque part. Eh bien, pas « de quelque part », en fait, ça venait de la chambre de Paul et Zenith. Et les sons étaient vigoureux. Dans un avenir pas si lointain, j’accueillerai peut-être un petit frère ou une petite sœur.

Une sœur, j’espère. Je ne désire plus avoir de petit frère. Dans mon esprit, je pouvais encore voir mon frère cadet de ma vie passée balancer sa batte et écraser mon PC bien-aimé en morceaux. Je n’avais pas besoin d’un jeune frère. Mais une petite sœur serait sympa.

« Oh, mec… »

Dans mon ancienne vie, je resterais sur place et je taperais sur le mur ou sur le sol pour faire taire les gens quand j’étais dérangé par des sons comme ceux-ci. À cause de ça, ma sœur aînée avait arrêté de ramener des mecs à la maison. Ça me rappelait des souvenirs.

En même temps, j’avais toujours pensé que les gens qui faisaient ce genre de choses étaient des fléaux pour le monde. Cela me rappelait les gens qui m’intimidaient, qui se moquaient de moi à partir d’une position hors de ma portée, et cela me remplissant d’une colère pour laquelle je n’avais aucun exutoire. Même si l’agresseur était ramené à mon niveau, il me regardait et me demandait :

« Quoi, tu es encore là ? »

C’était le pire.

Mais les choses n’étaient plus comme ça. Peut-être parce que j’étais maintenant un enfant, ou parce que c’était mes parents qui s’y mettaient, ou simplement parce que j’étais plus concentré sur mon avenir, les entendre faire leurs affaires avait en fait égayé mon humeur. Je pouvais dire à peu près ce qu’ils faisaient juste d’après les sons.

Il semblait que Paul était plutôt bon au lit. Même si Zenith était essoufflée, je l’avais entendu dire « Oh, je commence à peine à m’échauffer », avant qu’il ne recommence à pousser. On aurait dit le personnage principal d’une simulation de rencontre adulte assez explicite, avec une virilité illimitée et tout.

Hmm. En tant que fils de Paul, j’avais peut-être hérité de certaines de ces prouesses sexuelles ? Et un jour, ces pouvoirs se réveilleront en moi, je trouverais mon héroïne, et je me fraierais un chemin vers le rose.

Ce genre de chose m’avait d’abord excité, mais elle était récemment devenue périmée. Je me frayais un chemin dans le couloir jusqu’aux toilettes alors que les bruits de grincement résonnaient à travers les murs. De plus, les craquements et les gémissements s’arrêtaient dès que j’approchais de leur chambre, ce qui était très amusant.

Ce soir, c’était pareil. Je m’étais dirigé vers les toilettes, me demandant si je devais leur faire savoir que leur fils, maintenant capable de marcher, était là. Peut-être que cette fois, je devrais essayer de dire quelque chose. Peut-être quelque chose comme, « Maman ? Papa ? Qu’est-ce que vous faites tout nu ? »

Ce serait amusant d’entendre les excuses qu’ils trouveront. Heheheheh.

C’était dans cet esprit que j’étais sorti de ma chambre aussi silencieusement que j’avais pu, sauf que quelqu’un m’avait déjà battu sur le coup. La fille aux cheveux bleus était voûtée dans le couloir sombre, regardant dans la chambre à coucher par l’embrasure de la porte. Ses joues étaient rouge vif, et sa respiration s’était enfoncée jusqu’à un essoufflement bas et rugueux, son regard était enfermé à l’intérieur de la pièce.

Une de ses mains était à l’intérieur de sa robe, se déplaçant de façon assez suggestive. Je m’étais glissé tranquillement dans ma propre chambre. Roxy était en pleine adolescence, après tout, et j’avais eu la décence de prétendre que je n’avais rien vu.

Ou, eh bien, quelque chose comme ça. J’avais vraiment aimé ce que j’avais vu, de toute façon.

◇ ◇ ◇

Quatre mois plus tard, j’avais pu lancer des sorts de niveau intermédiaire. C’était à ce moment-là que Roxy avait commencé à me donner des leçons en classe le soir.

C’était une bonne enseignante. Elle était capricieuse à l’idée de s’en tenir à un programme d’études particulier, mais elle augmentait aussi le contenu de nos leçons en fonction de ma compréhension de ce que je faisais. Elle était douée pour répondre intuitivement à son élève. Elle avait un livre qui servait de supplément au manuel, à partir duquel elle me posait des questions. Si j’avais raison, on passerait à la suivante, et si je ne savais pas quelque chose, elle me l’expliquerait très poliment.

Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais je sentais mon monde s’ouvrir.

Dans mon ancienne vie, notre famille avait engagé un tuteur personnel lorsque mon frère aîné passait ses examens d’entrée. Une fois, sur un coup de tête, j’avais écouté une de leurs leçons, mais il me semblait que ce n’était pas différent de ce qui était enseigné à l’école. En comparaison, les leçons de Roxy étaient beaucoup plus faciles à comprendre et beaucoup plus amusantes. Son style d’enseignement résonnait en moi et j’en obtenais des résultats assez rapidement.

Bien sûr, ça ne faisait pas de mal que mon professeur soit une jolie fille ayant l’âge d’une lycéenne. C’était une situation plutôt géniale. Dans mon ancienne vie, j’aurais été complètement excité.

◇ ◇ ◇

« Mlle Roxy, comment se fait-il qu’il n’y ait que des sorts qui ne peuvent qu’être utiles au combat ? » demandai-je abruptement.

« Oh, eh bien, ce n’est pas vraiment le cas, » répondit Roxy.

« Voyons voir. Quelle est la meilleure façon de l’expliquer ? D’abord, on dit que la magie avait été créée à l’origine par les Hauts Elfes. »

Ouah, des elfes !? Aha! Ils existent donc !

Je pouvais les imaginer, avec leurs cheveux blonds et leurs habits verdâtres, des nœuds attachés sur le dos, des tentacules qui les maintenaient tous attachés.

Ahem. OK, je dois me calmer là-dessus.

D’après les caractères idéographiques utilisés pour écrire le mot « elfe », ils sembleraient qu’ils avaient de longues oreilles.

« Mlle Roxy, que sont les elfes ? », avais-je demandé.

« Permets-moi de te l’expliquer. Les elfes sont une race de gens qui vivent actuellement dans la partie nord du continent Millis. »

Selon Roxy, bien avant même la Grande Guerre Homme-Démon, alors que le monde était plongé dans la spirale incessante de la bataille et du chaos, les Hauts Elfes, afin de combattre leurs ennemis, supplièrent les esprits des forêts pour pouvoir contrôler le vent et la terre. C’était ainsi que les premiers sorts magiques étaient nés.

« Wôw, donc il y a toute une histoire dans tout ça et tout ? », avais-je demandé.

« Bien sûr que oui ! »

Roxy m’avait réprimandé d’un signe de tête.

« La magie moderne prit sa forme grâce à des humains qui imitèrent les sorts utilisés par les elfes au combat et les retravaillèrent. Les humains étaient après tout doués pour ce genre de choses. »

« On est doué ? »

« Pourquoi, bien sûr ? Ce sont presque toujours les humains qui poussent à l’innovation. Il n’y a que des sorts de combat parce que la plupart des gens n’ont utilisé la magie que pour le combat. Pour le reste, tu peux utiliser quelque chose à portée de main au lieu de compter sur la magie », explique Roxy.

« Quelque chose à porter de main ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Par exemple, si tu as besoin d’une source de lumière, tu peux utiliser une bougie ou une lanterne, non ? »

Ah, j’avais compris. Nous nous trouvions donc dans ce genre de situation, où les outils et les dispositifs étaient plus simples à utiliser que la magie. C’était assez logique.

C’était vrai, un lancement de sort silencieux serait encore plus facile.

« De plus, poursuit Roxy, la magie n’est pas toujours utilisée au combat. Par exemple, la magie d’Invocation te permet d’invoquer des démons ou des esprits puissants. »

« De la magie d’invocation ! Crois-tu que tu pourrais m’apprendre ça bientôt ? »

« J’ai bien peur que non. Je ne peux pas l’utiliser moi-même. Mais pour en revenir à mon point précédent, les instruments magiques existent aussi. », répondit Roxy.

Des instruments magiques ? J’étais presque sûr d’avoir une idée de ce qu’elle voulait dire, mais c’était encore un peu vague.

« Pourrais-tu m’expliquer en détail ? », avais-je demandé.

« Les instruments magiques sont des appareils qui ont des effets magiques spéciaux. Il y a un cercle magique inscrit quelque part en eux, donc même si quelqu’un n’est pas magicien, ils peuvent toujours s’en servir. Certains d’entre eux utilisent cependant de grandes quantités de pouvoirs magiques. »

OK, donc c’était à peu près conforme à ce que j’avais imaginé. Pourtant, c’était dommage que Roxy ne puisse pas utiliser la magie d’Invocation. Je comprenais assez bien les principes de la magie d’attaque et de la magie de guérison, mais je ne savais pas comment la magie d’invocation fonctionnait réellement.

Mais on m’avait présenté de nouveaux termes que je n’avais jamais entendus auparavant : La Grande Guerre Démons Humains, les démons, les esprits. Je les comprenais assez bien à première vue, mais je m’étais dit que ça ne ferait pas de mal d’en demander plus.

« Mlle Roxy, quelle est la différence entre un monstre et un démon ? »

« Les monstres et les démons ne sont pas très différents les uns des autres. »

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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