Chapitre 10 : Croissance retardée
Partie 2
Ugh. Le voilà encore une fois. Quel tas de conneries !
« Dans ce cas, peut-être que je n’irai pas à l’école. », avais-je dit.
Il y avait pour commencer encore beaucoup de choses que je voulais apprendre à Sylphie. Et je devrais être fou pour aller quelque part où j’étais sûr d’être victime d’intimidation. Je n’avais pas été enfermé pendant près de vingt ans pour rien.
« Bonne décision. Si tu n’as pas envie d’aller à l’école, tu peux devenir un aventurier et aller explorer des donjons. »
« Un aventurier ? »
« Ouais. Explorer des donjons est juste génial. Les dames ne se maquillent pas, donc on voit d’un coup d’œil qui est jolie et qui ne l’est pas. Et qu’elles soient épéistes, soldates ou sorcières, elles sont toutes en pleine forme. »
Si on met de côté certaines choses qu’il a dites, j’étais d’accord. D’après ce que j’avais lu, les donjons étaient eux-mêmes une sorte de monstre. Ce n’était au départ que de simple caverne, mais ils avaient été modifiés par des accumulations d’énergie magique, les transformant en donjons.
Au plus profond du donjon se trouvait un cristal magique que l’on pourrait considérer comme la source d’énergie, qui était protégée par un boss qui en était le gardien. Ce cristal magique était un appât, dégageant une énergie puissante et attrayante. Les monstres avaient été attirés par cette énergie et s’étaient frayé un chemin dans le donjon, où ils étaient tombés dans des pièges, étaient morts de faim, ou avaient été tués par le boss qui gardait le cristal. Le donjon avait ensuite absorbé l’essence magique de ces monstres morts.
Cependant, les cristaux magiques des donjons nouvellement formés avaient souvent été dévorés par des monstres. Le cristal était aussi souvent brisé par l’effondrement de la caverne. Entendre que certains d’entre eux avaient rencontré de telles fins les avait fait ressembler d’autant plus à des créatures vivantes.
Mais les monstres n’étaient pas les seuls à être attirés par ces cristaux magiques. Les humains les trouvaient aussi très tentants. Les cristaux pouvaient être utilisés comme catalyseurs pour certains sorts, et leur prix était assez élevé. Le prix augmentait en fonction de la taille, mais même un petit cristal rapportait assez pour permettre à quelqu’un de vivre une année complète dans l’abondance. Et si ces cristaux magiques étaient les seuls trésors auxquels les monstres tenaient, ce n’était pas le cas pour les humains.
Avec le temps, l’équipement qui appartenait aux monstres et aventuriers dévorés par le donjon allait s’imprégner d’une énergie magique. Ils étaient devenus une nouvelle sorte d’appât : c’était des objets magiques.
Les objets magiques différaient des instruments magiques en ce sens qu’ils pouvaient être utilisés sans puiser dans l’énergie magique de celui qui les utilisait. La plupart des objets magiques, cependant, n’avaient pas de capacités utiles, la majorité d’entre eux avaient des pouvoirs qui ne valaient rien. Pourtant, il y avait une chance que vous en trouviez un parmi eux qui donnait à l’utilisateur les capacités de quelqu’un qui était un magicien de niveau Saint. Des objets comme celui-ci se vendaient à un prix faramineux, et les gens allèrent dans des donjons avec le rêve de les trouver afin de devenir rapidement riche.
La plupart d’entre eux tombèrent avant d’avoir pu atteindre leur récompense, leur mort nourrissant ainsi le donjon, qui prenait leur essence magique et l’utilisait pour grandir et s’approfondir. C’était ainsi que les donjons les plus anciens avaient vu leurs profondeurs se remplir de trésors.
Le plus ancien et le plus profond donjon connu était la fosse du Dieu Dragon, située au pied de la montagne sacrée du Mont Dragon, dans la chaîne de montagnes Red Wyrm. D’après ce que j’avais lu, il existait depuis au moins dix mille ans, et on estimait qu’il comptait environ deux mille cinq cents étages.
Apparemment, ce donjon colossal était relié à un trou au sommet du mont Dragoncry lui-même. En sautant dedans, vous pourriez probablement plonger jusqu’à l’étage le plus profond, mais aucun de ceux qui avaient essayé cette cascade n’était jamais revenu vivant.
Ce « trou » n’était pas un cratère volcanique, d’ailleurs. Le donjon lui-même l’avait soi-disant créé pour consommer les dragons rouges, quand il passait par là, la fosse l’aspirait dans sa gueule.
Il n’y avait pas beaucoup de preuves à l’appui de ce mythe particulier. Mais cela n’aurait pas été trop surprenant, étant donné que la fosse était un monstre vraiment ancien.
Quant aux labyrinthes les plus difficiles… vous aviez l’Enfer, le bien nommé, situé sur le Continent Divin, et la Grotte du Diable, qui se trouvait au milieu de la mer Ringus. Ces deux-la étaient extrêmement difficile d’accès, ce qui signifiait qu’il était pratiquement impossible de se réapprovisionner à votre arrivée. Compte tenu de leur grande profondeur et du fait que vous ne pouviez pas vraiment prendre votre temps pour les explorer, ils avaient acquis la réputation d’être les épreuves les plus difficiles auxquelles un aventurier pouvait être confronté.
C’était grosso modo l’étendue de mes connaissances sur le sujet à l’heure actuelle.
« J’ai lu un peu sur les donjons… »
« Ah. Les trois épéistes et le donjon, c’est ça ? Explorer un donjon légendaire comme celui-là est une façon sûre d’inscrire ton nom dans les livres d’histoire. N’as-tu jamais pensé à essayer toi-même ? »
Les trois épéistes et le donjon était l’histoire de trois jeunes combattants brillants qui allaient être connus comme le Dieu de l’Épée, le Dieu d’Eau et le Dieu du Nord. Le livre avait commencé par leur rencontre initiale et les avait suivis à travers une série de rebondissements qui les avaient amenés à défier un énorme donjon ensemble. Il y avait eu beaucoup de conflits, de rires et de liens entre ces hommes tout au long du chemin, ainsi que quelques adieux douloureux. À la fin, naturellement, ils avaient atteint leur but avec succès.
Le donjon de ce livre ne possédait qu’une centaine d’étages, mais c’était déjà assez dangereux.
« N’est-ce pas juste une histoire ? »
« Non, non. On dit que les trois grands styles que l’on nous avait transmis de génération en génération sont nés dans ce labyrinthe. »
« Hmm, vraiment ? Mais ces types étaient devenus des épéistes de classe Divin, et ils avaient eu toutes sortes de problèmes… Je ne pense pas que je tiendrais cinq minutes dans cet endroit. »
« Hé, j’avais l’habitude d’explorer des donjons tout le temps, OK ? Tu t’en sortiras très bien. »
Paul me raconta l’histoire d’un jeune Oni qui avait fait équipe avec un groupe de guerriers humains pour entrer dans un donjon rempli de poissons, et de leur victoire éventuelle au prix de plusieurs camarades.
Avant que j’aie eu le temps de m’en occuper, il avait raconté l’histoire d’un magicien incompétent qui était tombé accidentellement dans un donjon, s’était joint à un groupe qui avait perdu son propre magicien, et avait découvert ses talents latents dans le feu de l’action.
C’était comme si Paul avait répété cette conversation à l’avance.
Maintenant que j’y pensais… il voulait que je sois un épéiste, n’est-ce pas ? Je supposais que son plan était de me raconter des histoires d’aventure et de me remplir la tête de rêves de labyrinthes et de batailles dramatiques.
Je ne dirais pas que je n’étais pas désintéressé, surtout quand il s’agissait des donjons eux-mêmes. Mais dans l’ensemble, ça semblait beaucoup trop dangereux.
Les personnes dans ce livre avaient tendance à rencontrer leurs fins assez brusquement. Les trois épéistes n’étaient pas les seuls personnages, bien sûr, mais ils étaient les seuls à avoir survécu à leur expédition.
Un de leurs alliés s’était fait carboniser au milieu d’une conversation par une boule de feu qui était sortie de nulle part. Un autre était tombé à travers un trou dans le sol et s’était écrasé. Oh, et puis il y avait eu ce type qui s’était fait couper en deux au moment où il avait sorti la tête de sa couverture. Même des guerriers assez puissants pour abattre facilement des monstres redoutables avaient été massacrés par des pièges dès qu’ils étaient devenus un peu négligents.
En tant que protagonistes, nos trois héros avaient surmonté tous ces obstacles en restant indemnes, mais je doutais qu’un maladroit comme moi puisse y arriver. Après tout, j’étais du genre inconscient.
« Qu’en penses-tu ? L’aventure peut vraiment être amusante, n’est-ce pas ? »
« Allez, tu n’es pas sérieux. »
Pourquoi me mettrais-je délibérément dans des situations très risquées juste pour avoir un frisson ? Une vie détendue et pleine de femmes — tout comme celle de Paul — semblait beaucoup plus attirante.
« Je pense que je suis plus enclin à passer ma vie à courir après les jupes. »
« Oho. Je suppose que tu es vraiment mon fils ! »
« Idéalement, j’aimerais me construire un petit harem, comme mon cher vieux père. »
« Sans blague ? Tu ferais mieux de courir après une jupe à la fois, pour l’instant. »
Paul pointa du doigt quelque chose derrière moi en souriant. Je m’étais retourné pour me retrouver face à face avec une Sylphie très boudeuse.
Parfait timing, crétin.
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Merci pour le chapitre.