Dans un autre monde avec un Smartphone – Tome 11 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Le rassemblement des dieux

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Chapitre 3 : Le rassemblement des dieux

Partie 1

« Très bien, c’est le dernier produit. »

« Ohoho… C’est quoi ce truc… ? Il y a quelque chose à l’intérieur ? »

Je parlais à Olba Strand dans l’immeuble de sa société à Brunhild.

La partie supérieure de l’appareil que je présentais était claire, remplie de marchandises. En dessous, il y avait une fente pour l’argent et une poignée que l’on pouvait tourner. En dessous, il y avait un trou où quelque chose pouvait sortir.

En bref, j’avais inventé le distributeur de capsules bien que les capsules à l’intérieur ne soient pas exactement sphériques.

« Je suppose qu’on pourrait appeler ça un appareil de loterie automatisé. Et si vous essayiez ? »

Olba avait mis une petite pièce de bronze dans l’ouverture et tourna la poignée. Un petit bruit provenait de la machine lorsqu’elle s’activa. En réponse, la machine libéra une petite capsule cylindrique à travers la trappe du prix.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Ouvrez-la et vous verrez. ».

Olba dénoua la ficelle attachée autour de la capsule enveloppée de cuir. Il en avait sorti un Frame Gear miniature. La figurine qu’il avait reçue était un petit Chevalier. Je l’avais fabriquée à partir d’une substance ressemblant à du caoutchouc, créée en cassant des cornes d’animaux. J’avais pris soin d’inclure tous les détails de la vraie figurine.

« Oho! C’est effectivement bien fait… Mais ne peut-on pas les vendre de la manière habituelle ? Pourquoi la machine ? »

« Les petites capsules n’ont pas seulement des Chevaliers à l’intérieur, c’est le hasard seul qui te dira ce que tu auras. Voici la liste complète. »

Olba regarda la liste que j’avais écrite, et il s’était rendu compte à quel point il y avait de nombreuses variétés. Mais il n’avait pas encore l’air de comprendre.

« Ah, eh bien… Je suis encore un peu confus à propos des petites boîtes… On ne peut pas les vendre dans les magasins ? Pourquoi tout ce raffut supplémentaire? »

« Eh bien, disons que vous voulez une figurine de Chevalier Baron, non ? Vous pourriez l’acheter dans un magasin pour une pièce de bronze si nous la vendons de manière classique. Mais si on la met dans une de ces machines, alors… »

« Oh ! Ohhh ! Je vois maintenant ! Vous ne l’aurez probablement pas au premier coup ! Il faudrait que vous continuiez à essayer jusqu’à ce que vous obteniez ceux que vous voulez ! Un profit potentiel maximum, vous êtes un génie ! »

En bref, nous jouions sur les impulsions de la masse. C’était encore assez bon marché pour ne ruiner personne, et cela nous assurait un flux régulier d’argent. De plus, nous encouragions les gens à en échanger dix contre une pièce de cuivre. Cela nous permettrait de recharger les machines plus régulièrement.

J’avais sorti un autre distributeur de capsules de mon [Stockage].

« Celui-ci contient des produits de meilleure qualité que l’ancien. Un essai coûte une pièce de cuivre. Il coûte dix fois plus cher que la machine précédente. Mais les prix dans celui-ci sont en métal. »

C’était comme comparer une machine d’enfant avec une machine d’adulte. Mais ce n’était pas comme si un enfant utilisait la machine à une pièce de cuivre ou un adulte celle à une pièce en bronze.

Olba tourna la poignée de la plus chère. Le prix qu’il avait reçu cette fois-ci était un Frame Gear Lune Bleu, le Chevalier bleu. C’était le Chevalier Baron spécialement modifié que le vice-commandant Norn utilisait.

Celui-ci était légèrement plus grand que celui en caoutchouc, et malgré son poids, il ferait bonne figure comme pièce décorative ou de collection.

La liste complète des prix potentiels était :

  • Gerhilde (Le Frame Gear d’Elze)

  • Schwertleite (Le Frame Gear de Yae)

  • Siegrune (Le Frame Gear d’Hilde)

  • Ortlinde (Le Frame Gear de Sue)

  • Helmwige (Le Frame Gear de Linze)

  • Grimgerde (Le Frame Gear de Leen)

  • Le Comte Souriant (Le Frame Gear du commandant)

  • Le Chevalier Baron (Le Frame Gear du vice-commandant)

  • La Lune Bleue (Le Frame Gear du vice-commandant)

  • Le Chevalier (équipement standard)

  • Dragoon (Le Frame Gear d’Ende)

  • Diverses armes miniatures

En outre, il y avait aussi des prix qui n’étaient pas basés sur les Frame Gears.

  • Dragon noir

  • Wyverne

  • Loup Snorra

  • Golem en Mithril

  • Scorpinas

  • Seigneur Démon

  • Crabe sanguinolent

  • Golem en bois

  • Roi des singes

  • Diverses petites bêtes magiques

Nous avions donc une collection de monstres et une collection de méchas.

J’avais ajouté la collection de monstres parce que je voulais qu’il y ait une variété décente pour commencer. Je ne voulais pas que les gens se disent « Oh mec, c’est encore un Chevalier… »

Quoi qu’il en soit, il y avait toujours une chance que quelqu’un puisse constamment avoir des Chevaliers… C’était simplement une question de chance.

Pour la troisième fois, j’avais sorti une machine à capsules de mon [Stockage]. Cette fois, c’était la vraie affaire. La pièce maîtresse. Elle était plus grande que les deux dernières, et beaucoup plus sophistiquée.

« Celle-ci n’a pas besoin d’argent pour tourner la poignée. Je me disais que quand quelqu’un dépensait assez d’argent dans votre magasin, il aurait droit à un tour de celle-ci gratuitement. Les articles à l’intérieur de celle-ci sont de bien meilleure qualité que les deux dernières. Ils sont fabriqués en os de dragon. Ils sont également de la bonne couleur et leurs membres sont entièrement articulés. »

C’était des figurines, entièrement articulé au point que certains modèles, comme le Frame Gear de Linze, pouvaient même faire une séquence de transformation complète.

« Dépense assez d’argent… Genre une pièce d’argent ? »

« Hm ! Et bien je n’en suis honnêtement pas sûr. Vous êtes l’expert financier ici, donc je vous laisse déterminer ça. »

Une pièce d’argent valait environ dix mille yens, donc je n’étais pas tout à fait sûr. Mais en fin de compte, c’était un cadeau, donc c’était son choix.

Les fabriquer n’avait pas été très difficile. Les pièces articulées demanderaient un peu plus d’efforts, mais Olba avait un artisan nain dévoué qui travaillait pour sa société, j’étais donc sûr que ça irait.

Nous avions installé la machine à sous en bronze à l’intérieur du magasin d’Olba, si nous l’installions à l’extérieur, il y aurait toujours un risque de vol. Un groupe d’enfants était immédiatement venu voir de quoi il s’agissait, et ils avaient commencé à tourner la poignée.

Oh, un dragon. C’est assez rare.

« C’est en effet intéressant… Si on alterne les contenus, je suis sûr qu’on fera des économies… » se marmonna Olba en regardant les gens autour de lui. Il faisait probablement déjà un tas de plans commerciaux.

J’avais passé les différents moules pour les figurines à Olba, puis j’avais quitté le magasin. J’étais persuadé qu’il pouvait s’occuper du reste.

J’avais descendu la rue principale quand une certaine agitation devant moi attira soudainement mon attention. Une petite foule s’était rassemblée. J’avais jeté un coup d’œil à travers les brèches et je vis quelqu’un procéder à une arrestation.

« Épinglez-le ! Il est en état d’arrestation ! »

Quatre de nos chevaliers étaient en train de retenir deux hommes turbulents. Ils avaient été rapidement attachés avec une corde, puis trois des chevaliers les avaient emmenés.

« Désolé pour le dérangement, tout le monde. Tout va bien maintenant ! »

Le dernier chevalier était resté derrière pour calmer les gens paniqués. Je l’avais reconnu.

« Yo ! Bon travail tout à l’heure. »

« Hm ? Ah… Votre Altesse ! »

Le chevalier aux cheveux blonds avait immédiatement tenté une génuflexion. C’était Lanz Tempest. Il s’agissait de l’une de nos nouvelles recrues qui venaient de Lestia.

« C’est bon, ne t’inquiète pas pour ça. Tu peux te lever. C’est un peu gênant si tu décides de faire ça chaque fois que tu me vois, alors ne t’inquiète pas. »

« T-Très bien… »

Il avait l’air un peu confus, mais il s’était levé. Son comportement était logique, il venait après tout d’un royaume de chevalerie.

« Alors, que s’est-il passé ? »

« Ah, bien. Une serveuse d’un restaurant voisin était harcelée. Son fils a accouru pour nous informer, nous avons immédiatement arrêté les coupables. »

Je vois… Donc, ils prenaient un peu trop de liberté avec une serveuse, hein. C’est méprisable. Je vais m’assurer qu’ils paient pour leurs crimes.

Une fois que je vis qu’ils retenaient les criminels avec une corde, j’avais été un peu perplexe. Ça ressemblait à un drame historique. J’étais sûr qu’il devait y avoir quelque chose de plus pratique que ça dans ce monde… N’avaient-ils pas de chaînes ou de fermoirs ?

« Tsk… Je suppose que je vais devoir en faire. »

« Hm ? »

J’avais fouillé dans mon [Stockage] et j’en avais sorti un lingot d’acier que j’avais rapidement transformé en une paire de menottes.

Ah oui, je dois aussi faire les clés… Ça avait pris quelques minutes, mais j’avais créé une belle paire de menottes.

« Votre Altesse, qu’est-ce que c’est ? »

« Des menottes ! Elles sont légères et plus faciles à transporter que des cordes ou des chaînes. Donne-moi tes mains. »

Il avait tenu ses bras et j’avais mis les menottes aux poignets.

« I… Incroyable… Elles sont aussi étonnamment résistantes… »

Lanz essaya de résister aux menottes, mais elles avaient refusé de bouger. J’avais utilisé la clé sur elles. Elles s’ouvrirent facilement.

« Tu peux les garder. Utilise-les au lieu d’attacher les gens, d’accord ? Je pense qu’on va en faire un standard pour la patrouille. Tu ne pourras cependant pas les déverrouiller sans la clé… Attends, je vais en faire un double. »

« Très bien ! »

Mec, tu es tellement coincé… Si je me souvenais bien, Logan était responsable de la patrouille. J’avais pris note d’aller vérifier les détails avec lui plus tard.

« Alors, comment se passe la vie à Brunhild ? »

« Très bien, monsieur. Tout ce que je vois ici est si vivant et intéressant. C’est un pays vraiment merveilleux et agréable. »

J’étais heureux que Lanz se sente ainsi. J’étais heureux de savoir que les gens venant de loin avaient une si haute opinion de Brunhild.

« Oh ? C’est toi, Touya ? Hmm, Lanz aussi ? »

J’avais soudainement entendu la voix de Micah, le propriétaire de la branche de Brunhild de l’auberge de la Lune d’Argent. Elle transportait beaucoup de choses avec elle. Elle devait être en train de faire des courses.

« Ça fait un moment que tu n’es pas passé à l’auberge. Comment ça va ? J’espère que tu te portes bien. »

« Je vais bien, merci. Je reste en bonne santé, c’est promis. »

J’avais souri à Micah, elle n’avait pas changé. Cela m’avait rappelé que je n’avais pas déjeuné à la Lune d’argent depuis longtemps.

« M-Mademoiselle Micah… Pourquoi parlez-vous si simplement à notre chef… ? ! »

« Ahaha, ne t’inquiète pas pour elle. C’est une vieille amie à moi. Je la connais même depuis plus longtemps que toutes mes fiancées. C’est très bien ainsi. »

Lanz avait l’air d’être sur le point de s’envoler dans la panique. En gros, c’était la première amie que je m’étais faite dans ce monde, à part le roi de la mode Zanac. Je ne l’avais rencontrée que quelques heures après lui.

« Donc tu connais Lanz ? »

« Bien sûr que oui ! Sais-tu qu’il m’a beaucoup rendu visite ces derniers temps ? C’est un client régulier ! »

« A-Ah, uhm… que… C’est seulement parce que votre cuisine est si bonne, Mlle Micah ! C’est juste que le goût est unique, ça me rappelle presque la maison ! »

Lanz se tenait soudain rigide et se mit à bégayer. Son visage était aussi rouge qu’une betterave…

Hmm… Je me demande ce que c’est…

« Elle t’a ensorcelé, n’est-ce pas, Lanz ? »

« Qu… ?! V-Votre Altesse, je… Qu-Quoi ?! »

« … Ensorcelé par sa cuisine bien sûr. Pensais-tu que je voulais dire autre chose ? »

« Ngh… N-Non ! Pas du tout, monsieur ! »

***

Partie 2

Ahahaha… Ce type est complètement raide dingue… Micah avait simplement incliné la tête, incapable de comprendre ce qu’il se passait.

« Micah, ces sacs ont l’air lourds… Tu devrais l’aider à retourner à la Lune d’Argent en les portant, Lanz. »

« Oh, oui ! Ce serait d’une grande aide. »

« T-Très bien ! Je ferai de mon mieux ! »

Lanz, toujours avec le visage rouge, prit les sacs de Micah et commença à marcher vers l’auberge. Je leur avais fait signe de partir.

Micah avait environ vingt ans, tandis que Lanz en avait vingt-deux. Ils semblaient certainement être dans une tranche d’âge suffisante, mais… Le père de Micah était un géant musclé et barbu. Il lui faudrait beaucoup de chance pour affronter cette montagne de muscles.

« Sais-tu que leur relation devient assez intéressante ? »

« Whuh ? ! D’où viens-tu ? ! »

Karen était soudainement à mes côtés. Je n’avais pas du tout senti sa présence. D’où est-ce qu’elle pouvait venir?

« Ufufufu... Dès qu’une affection naissante se présente, tu m’y trouveras ! Sais-tu que c’est moi, la déesse de l’amour, Mochizuki Karen ?! »

Elle avait pris une pose élaborée et fit un signe de paix, mais je l’avais simplement regardée fixement.

« … Je surveillais juste un peu. »

« Bien sûr que tu le faisais… ! »

Bordel, tu vas avoir des ennuis un de ces jours. Pourtant, sa réputation de déesse de l’amour se répandait, elle donnait beaucoup de conseils aux gens, et ces gens finissaient souvent par se réunir.

Pourtant, il y avait ceux qui se séparaient après s’être réunis, et elle persuadait souvent ceux qui avaient une affection sans espoir de renoncer aux personnes qui leur étaient chères. Karen avait dit que renoncer à des choses malsaines était aussi une forme valable d’amour, et elle l’encourageait.

« Ne te mêle pas trop de tout, d’accord ? »

« Tu sais que tu ne devrais pas être si impoli ? Je n’interfère pas dans la vie amoureuse de quelqu’un à moins qu’il ne me le demande directement ! Sais-tu que l’amour n’est finalement rien de plus qu’un sentiment naturel ? On ne peut pas presser l’amour. »

Elle avait l’air plutôt raisonnable, mais j’avais quand même des doutes. Après tout, elle n’était pas le genre de personne qui se retenait souvent.

« Alors, qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu les as réunis ? »

« Mm… Oh, c’est vrai ! Sais-tu qu’il y avait quelque chose qui me tracassait un peu ? Je peux sentir une certaine divinité dans le sud-est ! »

« Attends, quoi ?! »

C’est encore le dieu servile ? Je n’en sens aucun pour l’instant, mais je suppose que Karen et Moroha sont bien plus douées pour ça.

« C’est le dieu servile… ? »

« Non ! Ça sent différent, tu sais ? Ça appartient à tous les coups à un dieu inférieur comme moi et Moroha. Je ne pensais pourtant pas que cela soit possible… »

Attends, quoi ? J’avais un mauvais pressentiment dans mes tripes…

« Ouais, on dirait qu’un troisième est venu se joindre à nous, tu sais ? »

Attends, quoi ? ! Lâchez-moi un peu ! J’avais soupiré doucement et j’avais pincé l’arête de mon nez. Quel genre de dieu aurait pu venir ?

◇ ◇ ◇

« Alors, où cherchons-nous ? »

« Je n’ai pas eu une lecture fiable parce que la divinité a disparu en quelques instants. »

Une fois de retour au château, j’avais ouvert une carte et j’avais demandé à Karen d’indiquer où elle ressentait le pic de divinité. Elle avait indiqué une zone au sud-est, au-delà de Ramissh et près du royaume de Ryle. C’était juste un peu dans la mer des arbres.

La région qu’elle indiquait était assez grande… J’avais honnêtement des doutes sur notre capacité à trouver le dieu. Moroha était aussi dans la Mer des Arbres quand nous l’avions rencontrée. Cela m’avait amené à penser qu’il devait y avoir une sorte de point de repère ou un aspect particulier de la région qui rendait la descente des dieux plus pratique.

« Donc, laisse-moi comprendre… Je suppose que cette personne, ou, euh, ce dieu… peut utiliser librement ses pouvoirs ? »

« Dans un sens, oui et non. Nous ne sommes pas autorisés à interférer avec les royaumes inférieurs en utilisant nos pouvoirs divins, mais nous pouvons utiliser ces pouvoirs pour nous faire paraître plus humains, d’accord ? Interférer ici est aussi possible tant que nous n’utilisons pas de divinité dans le processus. Les échappatoires sont assez pratiques. »

Je suppose que c’est logique… En quelque sorte. Après tout, aucune de mes sœurs n’a été capable d’utiliser sa divinité sauf pour traiter avec ce dieu servile… Même si Moroha est super puissante, je suppose qu’elle compte juste comme une humaine à son sommet plutôt qu’une divinité… Bien que je ne puisse pas m’empêcher de penser qu’elle doit tricher un peu.

« Même dans ton cas, Touya. Tu ne devrais probablement pas trop utiliser ta vraie divinité, sais-tu ? »

J’étais perdu. Je ne pouvais pas dire où était l’autre dieu. Il n’y avait donc rien à faire pour lui.

Peu importe, je suppose que c’est bon. J’espère quand même qu’aucun autre dieu ne va se montrer. Karen est déjà assez chiante comme ça… Mes pensées avaient été coupées par une douleur intense.

« Tu pensais à quelque chose d’impoli à l’instant même, pas vrai ?! »

« Ow, ow! Je suis désolé ! Lâche-moi ! »

Karen me serrait les joues. Cette fille avait un talent surnaturel pour savoir à quoi je pensais ! Mais elle était elle-même surnaturelle…

« Et c’est quoi toute cette agitation… ? »

« Ah ! Moroha ! »

L’autre sœur était apparue comme venue de nulle part, pour me sauver de ma souffrance. Il était logique qu’elle soit là aussi, elle avait probablement senti la divinité comme Karen.

« Tu l’as sentie aussi, hein ? »

« Bien sûr. On se demandait si on devait ou non aller à la rencontre du nouveau visiteur. »

« Hmm… J’aimerais bien moi-même leur rendre une petite visite. Je veux surtout savoir qui est descendu jusqu’ici. Ce ne sera pas un gros problème à moins que ce soit le dieu des apocalypses ou autre. »

Quoi ? ! Si c’est ce type, alors renvoyez-le tout de suite !

« Les gens ne peuvent venir ici que s’ils ont la permission du Dieu du Monde, donc je doute que ce soit quelqu’un d’hostile. Ça pourrait être le dieu de la forge, le dieu de l’agriculture, ou le dieu du commerce. »

« Aww… La forge et l’agriculture, c’est bien, mais vous savez… Je préférerai que ce ne soit pas le commerce ? »

« Vous ne vous entendez vraiment pas, hein ? »

J’avais écouté le duo parler et j’avais appris que certains dieux avaient juste de mauvaises affinités entre eux.

« Je serais personnellement assez contente si c’était le dieu des katanas, le dieu des lances ou le dieu de la guerre. Touya, ici présent, ne m’a pas beaucoup amusé ces derniers temps. »

Oh, lâchez-moi un peu. S’entraîner avec toi m’épuise même, pfft… La dernière fois que je me suis battu avec toi, j’ai dû me reposer toute une journée ! Bien sûr que je ne vais pas m’amuser avec toi si tu t’attaques à moi avec l’intention de me tuer, espèce de folle ! Sans parler du fait que je n’ai pas gagné un seul match contre toi. Cinquante-deux défaites ! Peux-tu me le reprocher ? Je ne savais rien du dieu des lances ou du dieu des katanas, mais j’avais le sentiment qu’ils seraient semblables à Moroha. Mais… Si c’était l’un d’entre eux qui descendait et qu’il acceptait d’être le partenaire d’entraînement de Moroha, ce serait en fait un grand soulagement.

« Eh bien, cela mis à part... Allons jeter un coup d’œil. Il y aura probablement une sorte de réaction si je lâche un peu de ma divinité dans la région. »

« Compris. Mais ils sauront pour toi aussi, Touya. Donc je ne pense pas qu’il y aura une réunion sur le problème, tu sais ? »

J’avais ouvert une [Porte] à la frontière du Royaume de Ryle. Plus précisément, c’était la grande étendue où j’avais combattu le Béhémoth Scorpinas. Après cela, nous avions marché vers la Mer des Arbres.

« Hm… Vous ne savez pas voler ? »

« Enfin, on pourrait, mais on ne devrait pas utiliser notre divinité. »

Moroha avait raison. Cependant, traverser la mer des arbres était problématique. J’avais donc décidé d’utiliser enfin quelque chose d’intéressant que j’avais trouvé dans l’entrepôt.

J’avais ouvert le [Stockage] pour révéler l’objet qui m’intéressait. Je l’avais répandu sur le sol. C’était un peu grand, suffisamment large pour que nous puissions nous asseoir tous les trois.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est apparemment un tapis magique. On va s’asseoir et voir comment ça se passe. »

J’avais dit à mes deux sœurs confuses de s’asseoir dessus, et elles avaient accepté. Puis, je m’étais assis devant elles. En un instant, le tapis s’était mis à flotter à un mètre dans l’air.

« D’accord, allons-y. »

Le tapis avait commencé à avancer lentement. Il y avait une barrière qui se déployait automatiquement autour de nous afin d’éviter la résistance au vent ou une chute accidentelle. C’était une fonction très pratique. J’avais aussi appliqué [Invisibilité] pour que personne ne me voie galoper comme si je sortais d’un film de Disney.

« Oh mon dieu… C’est vraiment sympa, tu sais ? »

« Le seul problème, c’est qu’il faut une tonne de pouvoir magique pour le faire fonctionner, donc c’est inutile pour la plupart des gens. »

Les deux s’étaient peu à peu habitués, alors j’avais accéléré d’un cran. Mais je n’avais pas pu faire de loopings sympas ou de tours acrobatiques.

Finalement, nous étions arrivés au-dessus de la mer des arbres. J’avais arrêté le tapis. Nous avions plané dans les airs en la regardant.

« Je vais donc libérer un peu de ma divinité. »

J’avais déclenché mon Apothéose très, très soigneusement, et presque immédiatement après, un éclair de divinité était venu de la forêt en réponse. On aurait dit qu’ils avaient senti le mien, puis qu’ils avaient renvoyé le sien en guise de signal.

« Hngh ?! »

« Hmph ?! »

Karen et Moroha eurent brièvement des expressions maladroites sur leur visage, comme si elles avaient été électrocutées pendant quelques secondes.

« Quelque chose ne va pas ? »

« Ah, et bien… Cette divinité que nous venons de ressentir… »

« Elle venait de plusieurs sources, sais-tu ? »

De sources multiples ? ! Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire… Y a-t-il de multiples dieux là-bas ? Qu’est-ce qu’ils font… une putain de fête ? !

« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Je ne sais pas… Mais il n’y a qu’une seule façon de le savoir, tu sais ? Allons-y, Touya ! »

Je ne savais pas quoi dire, alors j’avais dû aller voir pour y croire. J’avais fait en sorte que le tapis magique se dirige vers la source.

Peu à peu, j’avais pu distinguer quelqu’un dans une petite clairière de forêt. Pas seulement quelqu’un, mais plusieurs personnes.

En s’approchant, on pouvait entendre une belle musique. En plus de cela, il y avait des rires et une délicieuse odeur.

« … Qu’est-ce que… ? »

« Bonté divine… »

« C’est incroyable, sais-tu… ? »

Ils le faisaient vraiment. Ils faisaient vraiment une putain de fête.

Un jeune homme jouait de la mandoline pendant qu’une petite fille au visage rouge était assise en train de boire de l’alcool. Et comme si cela ne suffisait pas, un homme d’âge moyen se trouvait à proximité, envoyant des baies et des noix dans sa bouche, tandis qu’une jeune femme faisait gaiement griller de la viande.

Mais qu’est-ce que c’est que ça ? J’avais sauté du tapis à l’atterrissage avant de me tourner vers Karen.

« C’est le dieu de la musique, le dieu de l’alcool, le dieu de la chasse et le dieu de l’agriculture, tu sais ? »

C’est quoi ce bordel ?! Ils sont quatre ?! Alors que la petite fille nous remarquait et nous faisait signe, je regardais cela dans une confusion abjecte.

 

 

***

Partie 3

« Heee ~ ! C’est la déesse des lames et la déesse de l’amour, hic ! Venez boire un verre, hic ! »

Il s’agissait d’une petite fille avec de longs cheveux bleus, et elle semblait avoir environ sept ans. Elle était clairement plus jeune que Sue en ce qui concernait les apparences. Mais le plus curieux, c’est qu’elle agitait maladroitement une bouteille d’alcool.

Bon sang, cette gamine est le dieu de l’alcool ! Celui qui jouait de la mandoline était clairement le dieu de la musique. Il avait l’air d’avoir la vingtaine, il avait aussi l’air d’un joli garçon. Il souriait doucement dans ma direction, ses cheveux blonds se balançant dans la brise, mais il n’arrêtait pas de jouer une seule seconde.

J’avais l’impression qu’il exprimait ses sentiments à travers ses notes. En fait, la mélodie qu’il jouait avait subtilement changé lorsqu’il nous avait remarqués.

L’homme d’un certain âge qui se bourrait de baies semblait être dans la fleur de l’âge. Il riait joyeusement. Ses yeux étaient un peu étroits et il avait l’air en général plutôt détendu. Ses cheveux étaient d’un brun uni et il avait un air assez simple. Je le prenais pour le dieu de l’agriculture, ce qui faisait que la fille aux cheveux verts avec la queue de cheval n’était autre que le dieu de la chasse. Elle avait quelques flèches improvisées à ses côtés, ainsi qu’un arc.

Elle grillait de la viande, probablement issue d’un gibier qu’elle avait elle-même chassé. Je m’étais demandé ce qu’elle cuisinait, car la viande était presque identique à celle des morceaux de viande sur l’os que l’on voyait dans les mangas. C’était vraiment bon !

« Eh bien, alors… Pourquoi vous êtes là, vous savez ? Vous êtes bien trop nombreux pour avoir été envoyés contre le dieu servile, vous savez… »

« Non, c’est pas ça. Mhhh… On n’est pas… Chomp… On n’est pas là pour le dieu servile. », murmura le dieu de la chasse tout en mangeant des morceaux de viande.

C’était vraiment une personne sauvage… euh, un dieu. Mais je me demandais ce qu’elle voulait dire par cette déclaration.

« Nous sommes là pour toi, mon garçon. En vérité, on t’a été affecté. »

« Hein ? ! »

L’homme âgé aux yeux étroits… euh, non une divinité… me pointait du doigt. J’ai aussi pointé mon propre doigt vers moi de manière distraite.

« Touya ? Qu’est-ce que tu veux dire par “tu lui es affecté” ? »

Moroha parla avant même que j’aie pu exprimer ma confusion.

« C’est comme ça, jeune fille. Le dieu du monde lui a donné la divinité, hein ? Et il va aussi atteindre la divinité avec la bénédiction du vieux. C’est notre devoir et notre honneur, en tant que dieux supérieurs, de nous assurer que la petite famille du petit suit nos traces en tant que dieu fier et puissant, n’est-ce pas ? »

« Ouais, ouais ! Hic… On a pensé à une histoire sympa pour la justifier, alors, hic, on va jouer un peu dans le monde des mortels, woohoo ! »

S’il vous plaît, ne soyez pas si franc ! Est-ce que vous avez sérieusement utilisé ma divinité naissante comme excuse pour faire une virée dans le monde des mortels ?!

Le dieu de la chasse avait soudainement laissé échapper un rire bruyant.

« Naaaw, c’est bon ! Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas mortellement fait plaisir, hein ? On doit juste s’habituer à notre corps pendant un moment, bwahaha… J’ai essayé de combattre deux de ces bêtes magiques et le faire en tant que mortel était sacrément rafraîchissant ! »

« Yahoo, hic ! Ça fait une éternité que je n’ai pas bu autre chose que du nectar sacré ! Je me saoule, hic ! Oh oui ! »

« Ouais, ça fait un bon moment que je ne suis pas venu et que je n’ai pas moi-même mangé la primeur du sol. C’est délicieux et pur. »

« ... ... »

Le dieu de la musique restait tout simplement silencieux alors que ses cordes semblaient transmettre le son du contentement. N’allait-il vraiment pas parler ?

« C’est génial, tu sais ? Bon travail pour avoir eu sa permission ! »

« Ouais, ce n’était pas grand-chose ! Nous lui avons dit que nous voulions y aller, et il a dit qu’il n’avait pas de problème. Il nous a demandé de surveiller le petit gars là-bas, alors c’est ce que nous allons faire… ! »

« … Le petit gars ? »

Laisse-moi tranquille… J’ai l’impression que le vieux essayait de faire quelque chose de gentil, mais il a envoyé un tas d’excentriques bizarres pour faire le boulot…

« Pshaaaw… Ce n’est pas un problème ! Allez, bois ! »

Le dieu de la chasse avait avancé une tasse en bois pleine d’alcool dans ma direction.

Je suppose que je peux légalement boire, bien sûr… mais ne soyez pas si arrogant !

« … Où avez-vous trouvé de l’alcool ? »

« Hmhmm ~ ? Hic, on a tabassé un tas de méchants venant d’une tribu de la région, et on a eu tous ces beaux verres comme récompense. Je suis le dieu de l’alcool, hic, mais boire dans le royaume supérieur ne fait rien pour moi, hic ! C’est pour ça que je suis heureuse ici, tu me comprends ? Je suis tout bourdonnante et tout ça ! Eeheheh ! »

Le visage du dieu de l’alcool était presque entièrement rouge, et elle riait comme une idiote.

T-Tu es déjà saoule ? Est-ce que ça va ? Le fait que tu aies l’air si jeune me déconcerte un peu… Tes yeux tournent, tu vas vraiment bien ?!

Elle trébucha vers moi et commença à tirer sur la jambe de mon pantalon. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle voulait.

« Hé, Grand Frère, hic… Donne-moi des snacks, des snacks ! Calamar… Edamame… Yakitoriii, hic ! Je sais que tu en as ! »

Comment... Comment sais-tu ça ? ! J’ai toutes ces choses dans mon [Stockage] en ce moment… Est-ce que sa divinité est au travail ?

« Oho, ça a l’air délicieux. On en prend un peu, hein ? On n’a pas beaucoup à manger ici, et on doit fêter ça ! Nous sommes des êtres célestes super-superbes, mais pour l’instant, oublions ça et faisons la fête ! »

« Aye, tu as raison ! Je veux essayer de voir un peu de ce que le monde terrestre a à offrir ! »

« ... ... .. »

Le dieu de l’agriculture acquiesça aux paroles du dieu de la chasse, et le dieu de la musique intensifia tout simplement son chant. Karen et Moroha s’étaient simplement regardées, puis moi. Leurs expressions étaient celles de la défaite.

« Bon sang, Louise… Je suppose que c’est juste un de ces moments. »

« Ça va aller, tu sais ? Apporte la nourriture, Touya. »

J’avais haussé les épaules et écouté ma sœur, en ouvrant mon [Stockage] pour sortir une table, plusieurs chaises, et beaucoup de nourriture et de boissons.

Le dieu de la chasse avait commencé à engloutir la nourriture tandis que le dieu de l’agriculture savourait lentement sa nourriture. Le dieu de l’alcool, par contre, faisait alterner des gorgées d’alcool avec des poignées de snacks. Le dieu de la musique jouait des airs lents et sombres et ne mangeait pas une seule bouchée. Au bout d’un moment, le dieu de l’alcool lui mit un yakitori dans la bouche et les airs devinrent joyeux. On aurait dit qu’il exprimait ses sentiments à travers les notes qu’il jouait, mais franchement, j’aurais aimé qu’il pose ce satané truc.

Même mes sœurs avaient commencé à se saouler et à se réjouir. Elles s’étaient jointes aux festivités. Je participais effectivement à un banquet divin.

Franchement, c’était vraiment bizarre…

Je m’étais éloigné du groupe principal et j’avais pris mon téléphone.

« Quelle était donc ta grande idée? »

« Ah, et bien… Ils ont travaillé très dur pendant très longtemps, vois-tu. J’ai pensé qu’un peu de temps libre leur ferait du bien. »

J’étais au téléphone avec le vieux, le grand Dieu lui-même. Franchement, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée que mon monde devienne une destination de croisière pour les dieux qui avaient besoin d’un peu de temps libre. Je m’étais demandé si les dieux pouvaient vraiment faire cela, avant de me rappeler que dans de nombreuses légendes terrestres anciennes, les dieux descendaient et faisaient aussi des choses imprudentes.

« C’est bon, mon garçon. Je suis sûr qu’ils ne poseront pas de problème. Traite-les bien, et ils se comporteront à merveille… je pense. »

Tu crois ? ! Tu sais très bien qu’ils vont être pénibles !

« Et rappelle-toi, un jour ta propre divinité dépassera même la leur. Il est important de s’y habituer le plus tôt possible. »

La situation était un peu compliquée à intérioriser pour moi, mais j’avais l’impression d’être un président d’entreprise qui disait à son fils de se mêler au personnel afin d’avoir une bonne idée du travail et des employés avant de prendre la relève, malgré le fait qu’il n’était pas du tout qualifié.

J’avais soupiré, puis j’avais fait mes adieux au vieux. Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire.

« Grand Frère ! Viens, hic, boire ! Buvons, il faut que tu te calmes et tout le monde sera content ! Oublie la nature transitoire de la déprime des mortels ! Allez, allez, allez ! »

Le dieu de l’alcool riait odieusement alors qu’elle s’enroulait autour de ma jambe comme un serpent.

C’est toi le problème, bon sang ! Et comment diable me traînes-tu comme ça ?! Ne me dis pas que tu es une sorte de maître du combat d’alcoolique… Après avoir été traînée de force à la table par une petite fille accablée, Karen me força à prendre une tasse en bois. Qu’est-ce que… Ton visage est tout…

« Hé, Touuuuuuuya. Et si tu disais à ta grande sœur jusqu’où tu es allé avec ces petites filles, tu sais ? Je meurs d’envie d’entendre ce que tu leur as fait, tu sais ?! »

Karen, complètement bourrée, s’était mise à jacasser et à sourire comme une idiote.

« … Tu es ivre. »

« Je ne le suis pas, tu sais ? Je ne le suis pas, je ne le suis pas, je ne le suis pas ! On ne peut pas le prouver, tu sais ? »

 

 

Je peux le sentir dans ton haleine ! Tu te comportes comme un ivrogne. En plus, tu respires aussi très fort…

Je m’étais tourné vers Moroha pour qu’elle m’aide, mais elle était déjà inconsciente.

Comment la déesse des épées peut-elle être aussi insouciante ?! Je m’étais dit que c’était bien mieux ça que si elle brandissait soudainement des couteaux et des fourchettes après s’être saoulée, mais je comptais un peu sur elle pour me sauver la mise.

Le dieu de l’alcool avait continué à boire, le dieu de la chasse avait continué à rire, le dieu de l’agriculture avait continué à manger et le dieu de la musique avait continué à jouer. Je n’avais personne pour m’aider.

Mon Dieu… Ces fous sont-ils vraiment nos dieux ?

***

Partie 4

Nous avions décidé que les nouveaux arrivants assumeraient les rôles de mon oncle et de ses enfants. Après tout, je ne voulais pas ajouter de frères et sœurs.

De toute façon, je ne voulais surtout pas que le dieu de l’agriculture, qui avait l’air d’avoir une quarantaine d’années, soit mon frère. Faire de lui mon père serait gênant d’un point de vue politique.

De cette façon, il était devenu mon oncle, et les trois autres étaient devenus mes cousins.

Mon oncle était Mochizuki Kousuke. (Dieu de l’agriculture).

Son fils aîné était Mochizuki Sousuke. (Dieu de la musique).

Sa fille aînée s’appelait Mochizuki Karina. (Dieu de la chasse).

Et enfin, la plus jeune fille était Mochizuki Suika. (Dieu de l’alcool).

Seul le dieu de l’alcool semblait plus jeune que moi, ce qui m’avait donné une excuse pour ne pas être aussi formel avec elle.

Quand je les avais présentés aux autres, tout le monde avait été moins surpris par mes nouveaux parents que par le fait que Suika était complètement bourrée. J’avais rapidement improvisé une excuse sur le champ, en prétendant que si elle ne buvait pas une tonne d’alcool, elle souffrirait de spasmes débilitants dus à sa mystérieuse maladie. J’étais presque sûr qu’ils y croyaient.

Selon Leen, les enfants nains commençaient à boire vers l’âge auquel Suika ressemblait. Donc, bien que je ne puisse pas la considérer comme une naine, je m’étais souvenu que sa mère était, en fait, une naine. Quelle étrange coïncidence !

« Hm… Ce sont donc encore des membres de votre famille ? »

« Ouais, désolé… C’est juste arrivé comme ça. »

Je marchais vers l’est en direction des terres agricoles avec Yumina au moment où elle avait soudainement parlé.

Elle et les autres filles savaient que je venais d’un autre monde, ce qui signifiait qu’elles savaient aussi que mes sœurs n’étaient pas liées par le sang. Et donc, il allait sans dire qu’elles comprenaient que ma relation avec mon oncle et mes cousins n’était pas non plus liée au sang. Mais je ne pouvais pas leur dire exactement la vérité.

« Alors… ces nouveaux parents sont les mêmes que tes sœurs, oui… ? »

« Ah… Eh bien… Je veux dire, au niveau des compétences, oui. Ils ont tous des talents individuels, mais ils ne sont pas tous liés au combat. Karina est une chasseuse sérieuse, elle est cependant presque inégalée avec un arc. »

C’était pourtant ce qu’il fallait attendre du dieu de la chasse. Elle ne laisserait jamais sa proie s’échapper. Elle semblait également douée pour les machettes, les fusils, les haches et les pièges à collets. Je m’étais brièvement demandé si cela la rendait vraiment meilleure que Moroha, mais ce n’était probablement pas le cas. Moroha était spécialisée dans le combat à l’épée, tandis que Karina était simplement plus polyvalente.

Le quatuor s’était rapidement habitué à la vie à Brunhild et avait commencé à travailler à leur façon. C’était pourquoi je m’étais rendu sur les terres agricoles. Je voulais voir comment ils s’en sortaient.

« Oh… Ce n’est pas ton oncle là-bas ? »

Yumina pointa vers un homme au loin, et elle avait raison. Il labourait un champ avec sa houe. Oncle Kousuke s’essuya le front, le chapeau de paille sur sa tête le protégeant du soleil. Mais il avait l’air d’avoir transpiré. Ses vêtements de ferme étaient tout en sueur. Le type avait l’air de bien aller. Mais cela allait de soi, il était après tout le dieu de l’agriculture.

« Bonjour Touya, Yumina. Comment allez-vous tous les deux ? »

Il nous avait accueillis avec un petit sourire. L’homme était vraiment apparu comme étant… sans aucune particularité.

« Tu laboures le champ tout seul ? Tu sais que tu peux engager des gens pour ça, hein… ? »

« Ce n’est pas comme ça que je fais, mon gars. Si un homme ne veut pas labourer le sol… alors il ne mérite pas de goûter à la générosité de la nature… Eh bien, pour être honnête, c’est une approche très dure à adopter… Vraiment, c’est juste ce que je veux faire, hein ? Je suis content qu’on réclame des terres sauvages et qu’on mette les graines en terre pour la récolte. »

S’il utilisait ses pouvoirs divins, il serait probablement capable de faire tout ça en une fois, mais il n’y aurait pas d’amour ou de plaisir là-dedans. De plus, il n’était pas autorisé, ce qui était aussi une bonne chose.

Il n’en demeure pas moins qu’il était à la hauteur de son titre. Je pouvais voir qu’il utilisait au mieux ses connaissances spécialisées. Il avait commencé à éparpiller quelques trucs dans les champs, et je lui avais demandé ce que c’était. Apparemment, c’était de la farine d’os faite à partir des os broyés de bêtes magiques. Il avait dit que les qualités magiques du corps des créatures faisaient euh… quelque chose pour promouvoir… je ne sais plus trop quoi. Je n’ai pas tout à fait compris. Lakshy l’Alraune, d’un autre côté, semblait faire très attention à ce détail.

Il n’était pas seulement prêt à labourer ou à semer, il avait aussi dit qu’il s’occuperait des rizières. C’était un homme si simple qu’il était presque difficile d’imaginer qu’il était en fait un membre du panthéon divin.

Nous étions revenus des terres agricoles et nous avions remarqué un bruit inhabituel venant de la place centrale de la ville.

« Est-ce que quelque chose se passe… ? »

En nous approchant, nous avions déterminé que ce son était de la musique. J’avais une idée de qui c’était.

J’avais poussé à travers la foule et je vis le visage du dieu de la musique, mon cousin Sousuke. Il jouait habilement de la guitare devant une fontaine d’eau.

La guitare était l’un des instruments que j’avais fabriqués à la demande de Sakura. Il avait dû la prendre et l’apporter ici pour en jouer. J’avais d’abord fabriqué un piano, mais j’étais rapidement passé aux flûtes, aux trompettes, aux castagnettes et à toutes sortes d’autres choses. J’avais un peu exagéré et j’aurais bien pu me mettre au défi de fabriquer tous les instruments imaginables. Mais je ne savais pas comment en jouer. Ils s’étaient donc accumulés et étaient restés inutilisés. Je les avais laissés dans les casernes de l’ordre des chevaliers, car deux des recrues avaient fini par avoir plus qu’un intérêt passager.

La performance de Sousuke s’était terminée, ponctuée par des applaudissements enthousiastes. Certaines personnes avaient même été émues jusqu’aux larmes. J’avais été surpris par sa performance…

« Quel merveilleux spectacle… ! »

« Oui, je pense que personne ne peut le surpasser… »

Nous avions quitté Sousuke alors qu’il démarrait son rappel, et nous avions marché dans les rues en passant devant la guilde. J’avais tourné la tête et regardé vers le bar, pour voir…

« Mais qu’est-ce que… ? »

Il y avait une bande de gars à l’entrée du bar, tous complètement bourrés.

Ils étaient tous sur le sol. Je les avais donc enjambés et j’avais vérifié à l’intérieur. Comme je m’y attendais, Suika était là, buvant énormément.

Il y avait un homme assis en face d’elle, qui serrait son verre. Il était bourré.

« Oh, Grand Frère ! Tu veux faire un concours de dégrisement ? Quand je gagnerai, pose l’argent là, gahahaha ! »

« … Pourquoi ferais-je ça ? »

Suika balançait joyeusement son verre, mais j’étais tout simplement ennuyé.

Les autres clients étaient soit inconscients, soit en train de se diriger vers la porte. Ils avaient tous dû essayer de défier Suika, mais ils s’étaient vite retrouvés ivres sous la table. Je m’étais demandé combien de temps cela avait duré.

« Tu es en retard, alors on va commencer avec trois tasses, hic… »

« Je ne suis pas là pour boire, compris ? Assez de ça. »

« Aww… »

J’avais pris la boisson de Suika dans sa main. Des quatre personnes qui étaient arrivées, elle était vraiment la pire. Après ça, je l’avais emmenée avec moi et je m’étais excusé auprès du barman. Mais il avait l’air de bien le prendre. Apparemment, il avait tiré un bon profit de toute la boisson qu’il avait bue.

« Bon sang… S’il te plaît, ne bois pas autant. »

« Il y a longtemps que je n’ai pas bu, hic, sincesh, idiot ! Laisse-moi juste me lâcher un peu… Et si Yoomina et moi on se rapprochait pour boire un peu de whisky, hic ! »

« Je vais très bien, merci… »

Yumina avait souri très poliment et fit un signe de la main dédaigneux.

Je m’étais demandé ce que le bar pensait en laissant quelqu’un de si petit boire autant, mais apparemment, elle avait lâché le nom de Mochizuki et aucune question n’avait été posée.

Il semblerait qu’ils ne savaient pas si elle disait vrai ou non. Ils avaient donc dû appeler des chevaliers pour vérifier la situation. J’avais pris comme note de m’excuser auprès de ces gars plus tard…

« Oh, Touya, hein ? »

Karina était sortie de la guilde alors que nous sortions de la taverne voisine.

Elle s’était inscrite à la guilde assez rapidement et s’était immédiatement mise au travail en faisant des quêtes basées sur la chasse. Elle ne voyait pas la nécessité de fouiller dans les donjons ou de chercher un trésor. Pour elle, le frisson était dans la chasse… et dans le fait de manger les produits de ces chasses.

On aurait dit qu’elle venait de finir de chasser. Elle tenait un très gros oiseau dans ses mains.

« Je vous ai attrapés au bon moment. Voici le dîner de ce soir, c’est un truc savoureux. Donne-le à Crea pour moi, d’accord ? »

« Entendu »

Depuis peu, Karina n’arrêtait pas de ramener toutes sortes de gibier, et donc notre alimentation était devenue progressivement un peu plus variée. J’avais ouvert mon [Stockage] et j’avais rangé l’oiseau là-dedans.

« Je vais te le dire honnêtement, mais je veux chasser de plus grosses bêtes que celles-ci. Mais il n’y a rien d’aussi effrayant à Brunhild, alors tu ferais mieux de me faire visiter le monde plus tard ! »

« Bien sûr, pourquoi pas ? Je vais faire une petite enquête sur les terrains de chasse de Mismede pour toi. »

Brunhild n’avait pas beaucoup de grands monstres, mais j’étais certain que Mismede en aurait en abondance. La mer des arbres était également remplie de choses qui feraient hurler de joie n’importe quel chasseur de gros gibier.

Il semblerait que les quatre dieux s’étaient parfaitement installés à Brunhild… Je suis vraiment content qu’ils aident tous à leur manière. Sauf Suika. Suika est la pire.

« Hmph, hic ! Tu penses à quelque chose de grossier, Grand Frère ?! »

Merde. Elle peut lire mes pensées aussi bien que Karen. Je suppose que je ne peux vraiment pas traiter ces gars à la légère…

***

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